Vincente Minnelli (1903-1986)
Moderators: cinephage, Karras, Rockatansky
-
- Shérif adjoint
- Posts: 94368
- Joined: 12 Apr 03, 22:22
- Location: Contrebandier à Moonfleet
Vincente Minnelli (1903-1986)
L'envie me démange (maintenant que j'ai quasiment vu tous ses films et ce réalisateur s'étant hissé tout au sommet de mon panthéon), de vous demander votre top Vincente Minnelli par simple curiosité. Ce qui ne nous empêche pas de débattre de son oeuvre et de ses films.
Cliquer sur les titres pour accéder aux topics correspondants.
*******************************************
1943 - Cabin In the Sky - Un Petit Coin aux Cieux : 7.5/10
1943 - I Dood It : 3.5/10
1944 - Meet Me in St-Louis - Le Chant du Missouri : 9.5/10
1945 - Ziegfeld Follies : 3/10
1945 - The Clock - L'Horloge : 7/10
1945 - Yolanda and the Thief - Yolanda et le voleur : 8/10
1946 - Undercurrent - Lame de Fond : 1.5/10
1948 : The Pirate - Le Pirate : 8.5/10
1949 : Madame Bovary : 7/10
1950 : Father of the Bride - Le Père de la Mariée : 6/10
1951 : Father's Little Dividend - Allons donc Papa : 6/10
1951 : An American in Paris - Un Américain à Paris : 7.5/10
1952 : The Bad and the Beautiful - Les Ensorcelés : 8/10
1953 : The Band Wagon - Tous en scène : 7.5/10
1954 : The Long, Long Trailer - La Roulotte du Plaisir : 6.5/10
1954 : Brigadoon : 10/10
1955 : The Cobweb - La Toile d'araignée : 7/10
1955 : Kismet : 6.5/10
1956 : Lust for Life - La Vie passionnée de Van Gogh : 7/10
1957 : Tea and Sympathy - Thé et sympathie : 7/10
1957 : Designing Woman - La Femme modèle : 7.5/10
1958 : Gigi : 9/10
1958 : The Reluctant Debutante - Qu'est-ce que maman comprend à l'amour ? : 7.5/10
1959 : Some Came Running - Comme un torrent : 7.5/10
1960 : Home from the Hill - Celui par qui le scandale arrive : 8/10
1960 : Bells are Ringing - Un Numéro du tonnerre : 6/10
1962 : The Four Horsemen of the Apocalypse - Les 4 cavaliers de l'Apocalypse : 8.5/10
1962 : Two Weeks in another Town - Quinze jours ailleurs : 4/10
1963 : The Courtship of Eddie's father - Il faut marier papa : 9.5/10
1964 : Goodbye Charlie - Au revoir Charlie : 1/10
1965 : The Sandpiper - Le Chevalier des sables : 7.5/10
1970 : On a Clear Day, you can see Forever - Melinda : 6.5/10
1976 : A matter of Time
Ordre de préférence
1- Brigadoon
2- The Courtship of Eddie's Father
3- Meet Me in St-Louis
4- Gigi
5- The Pirate
6- The Four Horsemen of the Apocalypse
7- The Bad and the Beautiful
8- Yolanda and the Thief
9- The Sandpiper
10- Home from the Hill
11- An American in Paris
12- Designing Woman
13- Cabin in the Sky
14- Some Came Running
15- The Reluctant Debutante
16- The Band Wagon
17- Madame Bovary
18- The Clock
19- Tea and Sympathy
20- Lust for Life
21- The Cobweb
22- Kismet
23- On a Clear Day, you Can See Forever
24- The Long, Long Trailer
25- Bells are Ringing
26- Father of the Bride
27- Father's Little Dividend
28- Two Weeks in Another Town
29- I Doot It
30- Ziegfeld Follies
31- Undercurrent
32- Goodbye Charlie
Cliquer sur les titres pour accéder aux topics correspondants.
*******************************************
1943 - Cabin In the Sky - Un Petit Coin aux Cieux : 7.5/10
1943 - I Dood It : 3.5/10
1944 - Meet Me in St-Louis - Le Chant du Missouri : 9.5/10
1945 - Ziegfeld Follies : 3/10
1945 - The Clock - L'Horloge : 7/10
1945 - Yolanda and the Thief - Yolanda et le voleur : 8/10
1946 - Undercurrent - Lame de Fond : 1.5/10
1948 : The Pirate - Le Pirate : 8.5/10
1949 : Madame Bovary : 7/10
1950 : Father of the Bride - Le Père de la Mariée : 6/10
1951 : Father's Little Dividend - Allons donc Papa : 6/10
1951 : An American in Paris - Un Américain à Paris : 7.5/10
1952 : The Bad and the Beautiful - Les Ensorcelés : 8/10
1953 : The Band Wagon - Tous en scène : 7.5/10
1954 : The Long, Long Trailer - La Roulotte du Plaisir : 6.5/10
1954 : Brigadoon : 10/10
1955 : The Cobweb - La Toile d'araignée : 7/10
1955 : Kismet : 6.5/10
1956 : Lust for Life - La Vie passionnée de Van Gogh : 7/10
1957 : Tea and Sympathy - Thé et sympathie : 7/10
1957 : Designing Woman - La Femme modèle : 7.5/10
1958 : Gigi : 9/10
1958 : The Reluctant Debutante - Qu'est-ce que maman comprend à l'amour ? : 7.5/10
1959 : Some Came Running - Comme un torrent : 7.5/10
1960 : Home from the Hill - Celui par qui le scandale arrive : 8/10
1960 : Bells are Ringing - Un Numéro du tonnerre : 6/10
1962 : The Four Horsemen of the Apocalypse - Les 4 cavaliers de l'Apocalypse : 8.5/10
1962 : Two Weeks in another Town - Quinze jours ailleurs : 4/10
1963 : The Courtship of Eddie's father - Il faut marier papa : 9.5/10
1964 : Goodbye Charlie - Au revoir Charlie : 1/10
1965 : The Sandpiper - Le Chevalier des sables : 7.5/10
1970 : On a Clear Day, you can see Forever - Melinda : 6.5/10
1976 : A matter of Time
Ordre de préférence
1- Brigadoon
2- The Courtship of Eddie's Father
3- Meet Me in St-Louis
4- Gigi
5- The Pirate
6- The Four Horsemen of the Apocalypse
7- The Bad and the Beautiful
8- Yolanda and the Thief
9- The Sandpiper
10- Home from the Hill
11- An American in Paris
12- Designing Woman
13- Cabin in the Sky
14- Some Came Running
15- The Reluctant Debutante
16- The Band Wagon
17- Madame Bovary
18- The Clock
19- Tea and Sympathy
20- Lust for Life
21- The Cobweb
22- Kismet
23- On a Clear Day, you Can See Forever
24- The Long, Long Trailer
25- Bells are Ringing
26- Father of the Bride
27- Father's Little Dividend
28- Two Weeks in Another Town
29- I Doot It
30- Ziegfeld Follies
31- Undercurrent
32- Goodbye Charlie
Last edited by Jeremy Fox on 6 Jul 08, 08:46, edited 10 times in total.
-
- Bête de zen
- Posts: 38662
- Joined: 12 Apr 03, 21:58
-
- Monteur
- Posts: 4933
- Joined: 12 Apr 03, 22:11
Yes!
1 Brigadoon
_ Tous en scène
3 Le chant du Missouri
4 Thé et sympathie
5 Yolanda et le voleur
Mais vraiment de peu devant une bonne dizaine de pépites parmi lesquelles Qu'est-ce que maman comprend à l'amour, Les ensorcelés, Le pirate, Les quatre cavaliers de l'apocalypse, Madame Bovary, Celui par qui le scandale arrive, Il faut marier papa, La vie passionnée de Vincent Van Gogh, La femme modèle... pfiuhh
et le ballet d'Un Américain à Paris (mais le ballet seulement
)

1 Brigadoon
_ Tous en scène
3 Le chant du Missouri
4 Thé et sympathie
5 Yolanda et le voleur
Mais vraiment de peu devant une bonne dizaine de pépites parmi lesquelles Qu'est-ce que maman comprend à l'amour, Les ensorcelés, Le pirate, Les quatre cavaliers de l'apocalypse, Madame Bovary, Celui par qui le scandale arrive, Il faut marier papa, La vie passionnée de Vincent Van Gogh, La femme modèle... pfiuhh


-
- Shérif adjoint
- Posts: 94368
- Joined: 12 Apr 03, 22:22
- Location: Contrebandier à Moonfleet
-
- Shérif adjoint
- Posts: 94368
- Joined: 12 Apr 03, 22:22
- Location: Contrebandier à Moonfleet

Lassée du conformisme ambiant ainsi que des innombrables relations qu'elle a eu avec des hommes qui ne l'aimaient que pour son corps, Laura Reynolds (Liz Taylor), une artiste peintre, a décidé de vivre retirée dans une maison isolée de la région paradisiaque de Big Sur avec son jeune fils d'une dizaine d'années. Mais les services sociaux voient d’un mauvais œil le fait qu’elle veuille elle-même totalement éduquer son fils ; ils l'obligent à confier son instruction à un établissement scolaire. Edward Hewitt (Richard Burton), le directeur de l’institution, est un pasteur marié et heureux en ménage. Aimant toujours son épouse (Eva Marie Saint), il n'en va pas moins tomber amoureux de Laura et vivre avec elle une relation passionnée et charnelle. Son épouse va pourtant finir par prendre connaissance de cet adultère…
Après le ratage de son précédent Goodbye Charlie, une comédie vulgaire et laborieuse avec le couple Tony Curtis et Debbie Reynolds, Vincente Minnelli, de retour à la MGM pour la dernière fois de sa carrière après lui avoir fait une infidélité qui s’est donc soldé par un de ses rares mauvais film, se rattrape de la plus belle des manières ; il nous offre avec The Sandpiper non seulement l’une de ses œuvres dramatiques les plus émouvantes mais également un sommet de sa filmographie, un drame adulte d’une fulgurante intelligence même s’il ne jouit pas nécessairement d’une flatteuse réputation. Un film magnifique à réévaluer de toute urgence après qu'il ait été dans l’ensemble assez mal considéré par une majorité de critiques, surtout à l’époque de sa sortie et y compris par ses plus ardents thuriféraires comme Dominique Rabourdin qui parlait d’un film "peut-être trop ambitieux" et par Minnelli lui-même qui était toujours réticent à son égard dans son autobiographie. Quant à ceux (les plus nombreux) qui comparaient le film à un vulgaire roman-photo, j'en reste bouche bée et j’aurais vraiment du mal à pouvoir leur rétorquer quoi que ce soit tellement - surtout connaissant parfaitement bien l’œuvre du réalisateur - il en est au contraire totalement antinomique notamment et surtout de par la profondeur de son scénario.
A la suite du superbe mais dispendieux Cléopâtre de Joseph Mankiewicz pendant le tournage duquel s’est formé le sulfureux couple constitué par Richard Burton et Liz Taylor – véritable aubaine pour la presse à scandales - la réunion de ces deux immenses comédiens aura à nouveau lieu à une dizaine de reprises : le film de Minnelli sera le plus mémorable avec également mais dans un tout autre ton, Qui a peur de Virginia Woolf (Who's Afraid of Virginia Woolf) de Mike Nichols. Mais en 1965 ce sera le producteur Martin Ransohoff, encouragé par les deux stars, qui pensera à adapter une nouvelle qu’il avait lui-même écrit. C’est à William Wyler que l’on en fera la demande en premier mais celui-ci déclinera la proposition après que Richard Burton ait lui aussi été envisagé pour réaliser le film. C'est donc entre les mains de Minnelli qu’échoit le projet malgré le fait qu’il ait été moyennement séduit par le scénario qu’il jugeait simpliste. L’enthousiasme de Taylor et Burton ainsi que l’attrait pour le magnifique site sauvage de Big Sur lui font néanmoins changer d’avis. Et bien sûr les deux vedettes restent au casting après que d'autres noms aient été avancés comme ceux d'Arlene Dahl, Deborah Kerr, Burt Lancaster ou encore Christopher Plummer.
The Sandpiper (qui est aussi le nom d’un fragile oiseau de la région dont l'un d'entre eux va être soigné par Laura ; sorte de symbole de la fragilité du libre arbitre et de la difficulté à prendre son envol) commence par le plus beau générique de la carrière du cinéaste avec - sur un magnifique thème de Johnny Mandel, le célèbre The Shadow of your Smile - de sublimes plans d’hélicoptères sur cette sorte de bout du monde paradisiaque que représente la région de Big Sur, côte californienne entre Los Angeles et San Francisco avec ses plages, plateaux et grosses vagues déferlantes caressées amoureusement par la caméra du cinéaste, ses maisons acrobatiquement accrochées sur ou sous les falaises au bord de la Pacific Road Highway. Le regretté Bertrand Tavernier décrivait d’ailleurs ainsi ce pré-générique : "petit poème de l'eau, du sable et de la nature sauvage". Et Minnelli ne s’était effectivement jamais autant arrêté sur les paysages naturels que dans ce film même s’il nous avait déjà fait pressentir ses immenses talents de ‘paysagistes’ avec par exemple le tout aussi mésestimé La Roulotte du plaisir (The Long, Long Trailer), œuvre certes mineure mais néanmoins étonnante de la part d’un cinéaste qu’on avait du mal à imaginer signer une pareille comédie qui ne ménageait aucun de ses protagonistes et qui se révélait redoutablement grinçante.
Mais revenons-en à notre Chevalier des sables - dont il est cocasse de savoir que les intérieurs ont eux été tournés pas loin de chez nous, aux studios de Boulogne-Billancourt - et surtout aux trois protagonistes qui occupent le devant de la scène dans cette bouleversante et difficile histoire d’amour et d’adultère entre un homme d’église et une femme aux idées larges totalement libre. La femme c’est Laura Reynolds que campe admirablement une Liz Taylor au faîte de sa pulpeuse beauté. Une artiste sans tabous et d’une rare franchise, une féministe convaincue qui a décidé de quitter le père de son enfant une fois son fils né pour ne pas avoir à supporter ni la mainmise d’un mari machiste ni un quelconque conformisme social et ainsi pouvoir rester libre de vivre comme elle l’entend, de gagner sa vie de sa passion (la peinture) et d’éduquer son enfant à sa manière, c’est-à-dire en dehors du système scolaire traditionnel bien trop formaté à son goût : "Oh, aside from raising Danny, most of all I want to know myself, to be myself". Une vie de bohème qui convient aussi bien à la mère qu’à son fils mais qui est évidemment assez mal vue de la bonne société d’autant que Laura a de nombreuses aventures et notamment avec des hippies. Abondantes relations qu’elle commence à regretter d’autant qu’elle est totalement lucide sur le fait qu’elles sont purement charnelles et que pour les hommes elle ne représente au final qu’un objet sexuel. Après que son fils ait commis en toute innocence quelques légères infractions à la loi, Laura se voit obligé par la justice de confier son jeune garçon d’une dizaine d’années à une institution religieuse. "My son is not disturbed! He's not disturbed at all! He's a healthy, normal boy because he hasn't been brainwashed yet! And I aim to see that he stays that way!"
Cette école est dirigée par un pasteur tout à fait respectable mais dont la foi n'est pas exempte de doute, Edward Hewitt, remarquablement interprété par un Richard Burton qui avait déjà revêtu les habits ecclésiastiques l’année précédente dans La Nuit de l’iguane de John Huston, savoureuse adaptation de Tennessee Williams. Mais alors que dans ce dernier Burton cabotinait avec jubilation, il montre dans le film de Minnelli qu’il pouvait au contraire aussi faire preuve d’une étonnante sobriété lorsque le rôle l'exigeait. Hewitt, un homme qui a tout pour être heureux d’autant que marié avec une femme non seulement aimante et aidante mais également belle et intelligente (excellente Eva-marie saint, l’inoubliable héroïne de La Mort aux trousses d’Hitchcock) ; très bonne idée des auteurs de ne pas avoir fait de cette femme une bigote ou une femme laide ou acariâtre auquel cas l’adultère à venir aurait été plus "compréhensible" ou "excusable" par les spectateurs. Mais on en est conscient depuis bien longtemps : le manichéisme et la facilité n'ont jamais fait partie de l'ADN des deux scénaristes ni de Vincente Minnelli ; et tant mieux ! Malgré donc ce mariage qui semble tout à fait harmonieux, la personnalité de Laura - sans que cette dernière ne cherche à le séduire - va totalement envoûter l’homme d’église au point de le faire vaciller non seulement dans ses croyances que Laura met sans arrêt à mal en considérant la religion comme du "surnaturel irraisonnable" mais va également faire se briser son vœu de fidélité envers son épouse.
En plus de cette histoire d’amour, le film brasse dans le même temps - sans prêchi-prêcha et grâce à de magnifiques dialogues - d’innombrables autres thématiques comme la foi, la religion, l’art, la place de la femme dans la société ("Look, a man is always a husband, and a father, and something else, like a doctor. A woman is a wife, and a mother, and what else? A nothing. The "nothing" is the thing that kills her. And you don't care. You want her to stay just the way she is. Fertile and unfulfilled, then in her place"), la sexualité ou l’éducation ; le scénario aurait pu sembler vouloir en faire beaucoup trop à la fois mais le duo blacklisté Dalton Trumbo et Michael Wilson - à l’exception de quelques séquences paraissant parfois un peu trop chargées sans néanmoins que ça ne plombe jamais l’ensemble - ont réussi à écrire un script constamment passionnant, riche de par ses thèmes sans jamais paraître indigeste, et émouvant de par sa Love Story même si l’omniprésence du couple de stars finit par faire que certains personnages se retrouvent sacrifiés au passage comme celui du jeune fils de Liz Taylor. Mais ceci s’avère une broutille face à ce modèle de construction dramatique, ce scénario aussi dense que fluide. Et puis ressentir à nouveau ces relents de doux anarchisme chez un cinéaste aussi raffiné fait toujours autant de bien : jugez par ce dialogue entre Laura et le juge après que son fils ait commis quelques infractions à la loi :
Laura: “As he grows up, he'll learn that there are good laws, and bad ones. He'll respect the good ones.”
Judge Thompson: “And disobey the bad ones!”
Laura : “At least I hope he does.”
La direction d’acteurs juste et précise mérite tout autant les éloges : le couple Taylor-Burton est constamment crédible, l’alchimie qui s’en dégage est prégnante et Eva Marie Saint dans le rôle de la femme trompée est également admirable. Parmi les seconds rôles, on retrouve avec plaisir un Charles Bronson dans personnage inhabituel pour sa part d’un hippie athée aux idées avancées, ou encore Robert Webber dans un rôle à peu près équivalent à celui de Walter Matthau dans le sublime Liaisons secrètes (Strangers when we Meet) de Richard Quine (l’autre chef d’œuvre hollywoodien sur le thème de l’adultère), à savoir celui d'un monstrueux phallocrate voire même d'un prédateur sexuel qui se cache sous une apparente bonhomie. Enfin, à ses personnages, on pourrait en rajouter un autre presque tout aussi essentiel, la région de Big Sur, cette zone côtière de la Californie qui donne au film un ton mélancolique tout à fait particulier et dont Minnelli semble très certainement être tombé amoureux, tout comme le directeur de la photographie Milton R. Krasner qui nous offre à l'occasion des images somptueuses. Minnelli filme d’ailleurs tout ceci avec un lyrisme élégiaque, avec élégance, délicatesse et discrétion ; car The Sandpiper ne fait pas partie de ses mélodrames flamboyants du style Celui par qui le scandale arrive (Home from the Hill) même si la passion est belle et bien présente mais comme en sourdine. Il s’agit plutôt ici, plus que d'un mélo, d'un drame intimiste plein de tact, doux et assez sobre comme pouvait l’être Thé et sympathie, l’autre film de Minnelli dont il se rapproche le plus par le ton, l’atmosphère, la peinture des sentiments et la douceur de la mise en scène.
Car, cette histoire passionnelle d’une sensibilité à fleur de peau, qui aura ébranlé les convictions de chacun de ses protagonistes et qui aurait pu tourner à la tragédie, finira néanmoins sur une note ‘apaisée’ même si on ne peut pas vraiment parler de happy end. Dans ce drame d’une grande pudeur et d’une remarquable finesse, l’émotion est constamment présente malgré les innombrables thèmes abordés et la gravité du propos sans que ces deux éléments n’amènent une quelconque pesanteur ; et puis on ne va quand même pas se plaindre d’un scénario aussi riche alors que c’est souvent le contraire qui est pointé du doigt. Revoir aujourd’hui cette ode à la liberté et ce monument de progressisme, ce film d'une intelligence exceptionnelle, d’une intense mélancolie, d'une extrême tendresse et d'une incomparable et envoûtante douceur qu'est Le Chevalier des sables me conforte encore aujourd’hui dans le fait de considérer Minnelli comme étant l’un des plus grands réalisateurs de l’histoire du cinéma. Et pour en terminer avec ce film d’une modernité et d’une humanité toujours aussi incroyables 60 ans après, François Guérif écrivait à son propos : "Il me paraît être un témoignage de sérénité : les êtres les plus exaltés y apprennent à vivre en tenant compte des autres, le rêve donnant au monde réel la beauté nécessaire pour que l’homme puisse y vivre."
-
- Monteur
- Posts: 4933
- Joined: 12 Apr 03, 22:11
Il ne reste rien du monde de rêve minnellien dans Bells are ringing/ Un numéro du tonnerre. C'est une comédie très terre à terre due à Comden et Green pourtant, sans onirisme et qui ne compense même pas par son caractère satirique. Une franche déception, déservie par deux interprêtes qui s'inserrent mal dans l'univers minnellien, du moins celui du musical (Dean Martin était très bien dans Some came running). Pourtant, le temps d'une party, la magie renaît
(un peu comme dans Quinze jours ailleurs d'ailleurs).
Jeremy: Tu as vu I dood it (Mademoiselle ma femme)
? Il ne passe jamais 

Jeremy: Tu as vu I dood it (Mademoiselle ma femme)


-
- Bête de zen
- Posts: 38662
- Joined: 12 Apr 03, 21:58
je t'avoue qu'à part les 2 premiers que je possede en dvd, les autres sont assez lointain dans mon souvenirJeremy Fox wrote:Pour quelqu'un qui n'en a pas vu beaucoup, que du bonfatalitas wrote:Pas vu des masses
1 Brigadoon
2 Les Ensorcelés
3 Yolanda et le voleur (vu il y a longtemps au cinema de minuit, j'avais adoré à l'epoque donc tres bon dans mon souvenir)
4 Tous en scene
5 Mme Bovary
Le Pirate, excellent egalement

Par contre, Lame de Fond



-
- Shérif adjoint
- Posts: 94368
- Joined: 12 Apr 03, 22:22
- Location: Contrebandier à Moonfleet

La Roulotte du plaisir (The Long, Long Trailer) - 1954
Juste avant de convoler en juste noce, Tacy (Lucille Ball) réussit à convaincre Nicky (Desi Arnaz) d’acheter une immense et luxueuse caravane, lui faisant miroiter une vie plus facile. En effet Nicky étant toujours parti par monts et par vaux pour son travail, Tacy ne supporte plus les incessants changements de domicile et pense qu’une maison itinérante serait de loin la meilleure solution pour le bien-être de leur couple. Et les voilà partis en lune de miel avec ‘maison’ et voiture neuve, la précédente n’étant pas assez puissante pour remorquer un tel ‘monstre’. Non seulement la conduite ne s’avère pas très aisée mais entre la Californie et le Colorado le couple va vivre un véritable enfer d’autant plus quant il prend à Tacy la lubie de collectionner des pierres pour se souvenir de tous les endroits où ils ont fait une halte. Le passage d’un col situé à 2500 mètres d’altitude va se révéler pour le moins dangereux. L'entente du couple va-t-elle résister à tant de situations cauchemardesques ?!

- About 31 years.
- Have many fights?
- Nope.
- Then take my advice: don't buy a trailer.”
Et en effet, à moins que ça ait été ironique, les distributeurs français n’ont probablement pas eu le temps de voir le film avant de décider d’un titre comme La Roulotte du plaisir pour ce 15ème opus de Vincente Minnelli ; car si le spectateur pourra probablement y prendre du plaisir, ce n’aura pas été le cas de notre couple à l’écran comme à la ville, celui formé par Lucille Ball et Desi Arnaz, duo très populaire Outre-Atlantique mais qu’une grande majorité du public français ne connait probablement pas.





-
- Bête de zen
- Posts: 38662
- Joined: 12 Apr 03, 21:58
-
- Monteur
- Posts: 4933
- Joined: 12 Apr 03, 22:11
Ouais. Le plus mauvais des Minnelli que j'ai vus avec Melinda. Qu'allait-il faire dans cette galère?fatalitas wrote:
Par contre, Lame de Fond![]()

Il me reste à découvrir I dood it, donc, Goodbye Charlie, et parmi les titres à priori majeurs La toile d'araignée et L'horloge. Et son sketch de The story of three loves aussi

-
- Shérif adjoint
- Posts: 94368
- Joined: 12 Apr 03, 22:22
- Location: Contrebandier à Moonfleet
Brigadoon

Au cours d’un voyage dans les Highlands d’Ecosse, deux chasseurs américains, le doux rêveur Tommy Albright (Gene Kelly) et le plus matérialiste Jeff Douglas (Van Johnson), s’égarent en forêt. Ils découvrent pourtant, sorti de la brume matinale, Brigadoon, un village qui ne se trouve sur aucune carte. Ils s’y rendent et y trouvent une foule en liesse ; ils apprennent qu’un mariage doit s’y dérouler le jour même, unissant Jean Campbell et Charlie Dalrymple. Tommy fait la connaissance de la sœur de la mariée, Fiona (Cyd Charisse), dont il s’éprend aussitôt. La curiosité de nos deux "touristes" est cependant aiguisée par l’anachronisme des coutumes et costumes des habitants. Un étrange mystère semble entourer ce village qui parait vivre hors du temps et de l’espace, un mystère qui va leur être révélé par le maître d’école après que Tommy ait inopportunément découvert la date de naissance ahurissante de sa dulcinée. Un jour de 1754, il y a deux cents ans, le Pasteur, redoutant des actions néfastes des sorcières sur le village qu’il administrait, a conclu un pacte avec Dieu : pour échapper aux sortilèges de ces harpies, le village s’endormirait pour un siècle et ne se réveillerait, miraculeusement et comme si de rien n’était, qu’une journée tous les cent ans. C’est lors de sa deuxième "résurrection" que nos deux amis sont tombés nez à nez avec Brigadoon. Une condition doit pourtant être respectée pour que le village ne retourne pas au néant définitif : aucun des habitants ne doit franchir les frontières qui ont été définies lors de ce "pacte". Et pourtant ce jour là, en pleine cérémonie du mariage, le premier soupirant de Jean, Harry Beaton, malheureux et désespéré d’avoir été préféré par un rival, menace de franchir le pont qui marque l’une des limites de Brigadoon. Une chasse s’organise alors afin que tout ce petit monde ne disparaisse pas à jamais et que Tommy puisse continuer à convoler avec la douce Fiona.









-
- Monteur
- Posts: 4933
- Joined: 12 Apr 03, 22:11
-
- Bête de zen
- Posts: 38662
- Joined: 12 Apr 03, 21:58
-
- Shérif adjoint
- Posts: 94368
- Joined: 12 Apr 03, 22:22
- Location: Contrebandier à Moonfleet
Beule wrote:Ouais. Le plus mauvais des Minnelli que j'ai vus avec Melinda. Qu'allait-il faire dans cette galère?fatalitas wrote:
Par contre, Lame de Fond![]()
![]()
Il me reste à découvrir I dood it, donc, Goodbye Charlie, et parmi les titres à priori majeurs La toile d'araignée et L'horloge. Et son sketch de The story of three loves aussi
Melinda, erreur grave en effet, un ratage monumental
L'horloge est par contre une petite merveille de sensibilité avec une Judy Garland une nouvelle fois craquante (film que je possède en VHS
