Monte Hellman (1929-2021)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Kevin95
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Re: Notez les films naphtas - Mars 2010

Message par Kevin95 »

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(J'adore cette affiche mensongère ! :lol: )

Cockfighter (Monte Hellman) Image

Voila un film bien particulié, deuxième film que je découvre de Monte Hellman (après le génial The Shooting), Cockfighter est un étrange mélange entre un récit de "combat contre la vie par un looser", thème chère au cinéma américain et un style visuel et rythmique très 70's influencé par le cinéma européen.
Une fois cela dit, je dois bien avouer que le film ne m'a pas convaincu complètement. Peut être es-ce un rythme bizarre ou es-ce le sujet qui ne m'a pas enthousiasmé ? Pourtant dans la même veine (et alors qu'en général ça ne m'intéresse pas plus) quand le cinéma aborde le billard (The Hustler) ou encore le poker (The Cincinnati Kid) cela donne des films passionnants, mais ici le combat de coq... bof bof !
Cockfighter reste une curiosité, pas forcement inintéressante et surtout permet d'apprécier une fois n'est pas coutume le talent fou de Warren Oates, génial d'un bout à l'autre et certainement l'un des meilleurs acteurs des seventies.
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AtCloseRange
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Re: Monte Hellman

Message par AtCloseRange »

Je m'étonne que personne n'en ait encore parlé ici mais Monte Hellman sera à Paris demain.
« SOIREE MACADAM » Signature, Films, Expo Photos et Concerts

« À l’occasion de la sortie du premier livre d’entretien du cinéaste culte Monte HELLMAN et de son nouveau film ROAD TO NOWHERE (le 6 avril), le cinéma le Nouveau Latina et Capricci films vous proposent une soirée exceptionnelle avec Monte HELLMAN ».


– à partir de 19h : Signature du livre SYMPATHY FOR THE DEVIL
par Monte HELLMAN au SALON ROUGE du Nouveau Latina (1er étage)

- 20h : Projection de MACADAM A 2 VOIES
Présentation + Rencontre avec Monte HELLMAN et Emmanuel BURDEAU

- 22h10 : Projection de RESERVOIR DOGS
un film de Quentin TARANTINO produit par Monte HELLMAN

A partir de 22h SOIREE MACADAM au SALON ROUGE:

« Bikers, cowboys, fous du volant venez vous plonger dans l’univers du Road movie ! Il y aura de la bière, des santiags, et l’odeur des pneus chauds sur l’asphalte! Peter Fonda, Jack Nicholson, Dennis Hopper rêveraient d’être là ! Monte Hellman y sera ! »

Le SALON ROUGE vous accueillera dès 19h pour la signature du livre SYMPATHY FOR THE DEVIL par Monte HELLMAN, et toute la soirée avec en prime des concerts Folk !

- 20h30: ARCH WOODMANN

- 22h: Andreas BOOHOOS

Expo Photos: EVA E.DAVIER, STANLEY BLOOM, LEILA BERGOUGNOUX
Monte Hellman
SYMPATHY FOR THE DEVIL
entretien avec Emmanuel Burdeau
EN LIBRAIRIE LE 25 MARS 2011 (les éditions Capricci)

Premier livre d’entretien avec Monte Hellman en français, Sympathy for the Devil célèbre le retour tant attendu de l’auteur de Macadam à deux voies (1971). Road to Nowhere, son premier long métrage en vingt ans, a reçu un Lion d’Or d’honneur à la dernière Mostra de Venise.
Sympathy for the Devil est un ouvrage inédit. Hellman y raconte ses démêlés avec le diable, ses films, ses voyages, ses projets perdus et retrouvés – ainsi que quelques blagues. C’est à la fois un livre rétrospectif et un portrait au présent, complété par des interventions de Rudy Wurlitzer (écrivain, scénariste de Macadam à deux voies), de Steven Gaydos (scénariste d’Iguana et de Road to Nowhere), des poèmes, l’extrait d’un scénario jamais réalisé d’après Alain Robbe-Grillet, la recette de la margarita à la Hellman et des photos rares prises par l’auteur, dont un magnifique portrait de Jack Nicholson pris au début des années 1960.

MACADAM A 2 VOIES (TWO LANE BLACKTOP)
– USA, 1971, 102 mn, un film de Monte Hellman avec James Taylor, Warren Oates, Laurie Bird, …

Deux garçons taciturnes traversent le Sud-Ouest américain à bord de leur Chevy 55 grise. Une jeune fille un peu perdue les rejoint dans leur périple, jusqu’à ce que leur chemin croise une rugissante GTO 70 jaune conduite par un quadragénaire. Ils lui proposent un marché : le premier d’entre eux qui atteint Washington gagne le véhicule de l’autre…

L’un des plus grands road-movies de l’histoire du cinéma. Macadam à deux voies marque, aux côtés d’Easy Rider, la rupture entre le cinéma classique et celui des années 70, indépendant, ultra réaliste et engagé. Largement imprégné de la Nouvelle Vague française, Monte Hellman s’inscrit comme l’un des réalisateurs majeurs de la contre-culture américaine ; celle-là même qui donnera naissance, quelques années plus tard, au Nouvel Hollywood et au cinéma de Martin Scorsese, Francis Ford Coppola ou encore Brian De Palma.

RESERVOIR DOGS – USA, 1992, 99 mn, un film de Quentin Tarantino, produit par Monte Hellman avec Harvey Keitel, Michael Madsen, Tim Roth, …

Après un hold-up manqué, des cambrioleurs de haut vol font leurs comptes dans une confrontation violente, pour découvrir lequel d’entre eux les a trahis. On ne présente plus le film culte Quentin Tarantino. Mais ce qu’on le sait moins, c’est qui est l’homme derrière Reservoir Dogs, un certain Monte Hellman …

- Signature + Soirée au SALON ROUGE > Entrée libre
– Séances de 20h et 22h10 > Tarif plein 8eur, Tarif réduit 6.50eur, Cartes UGC et LE PASS acceptées
http://www.lenouveaulatina.com/films/843
wontolla
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Re: Monte Hellman

Message par wontolla »

AtCloseRange a écrit :Je m'étonne que personne n'en ait encore parlé ici mais Monte Hellman sera à Paris demain.
Et qui sera à Bruxelles samedi soir (hélas, je ne serai pas libre) aux Beaux-Arts, lors de deux projections: outre le célèbre Two-Lane Blacktop son nouveau Road to nowhere.
ballantrae
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Re: Monte Hellman

Message par ballantrae »

Heureux Parisiens!!! Courez-y vous qui pouvez y aller!
7swans
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Re: Monte Hellman

Message par 7swans »

AtCloseRange a écrit :Je m'étonne que personne n'en ait encore parlé ici mais Monte Hellman sera à Paris demain.
Parce que c'est ici : http://dvdclassik.com/forum/viewtopic.php?f=3&t=31252
...qu'on avait évoqué sa "tournée" française.
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Logan
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Re: Monte Hellman

Message par Logan »

The shooting

Roh le supplice, je sas pas si c'est la fatigue ou si je ne m'attendais pas à ce genre de film mais c'est pas du tout passé et malgré sa longueur peu conséquente (1h17) j'ai trouvé la seconde partie interminable.
En gros c'est un peu le Valhalla Rising du western avec ses gens qui chevauchent des paysages désertiques avec un sous texte métaphysiques bien présent et un scénario compréhensible visiblement que pour ses protagonistes et ou le spectateur n'ai guère invité. Alors oui c'est bien réalisé, y a une ambiance assez spéciale mais bienvenue qui donne un ton particulier au film mais il n'y a absolument rien derriére malgré un début prometteur qui laissait présager un parti pris mystérieux et envoutant mais le probléme c'est que ça bascule trop vite dans l'ennuie le plus totale. Je parle même pas de la fin que j'ai trouvé ridicule avec une réalisation de Hellman bien lourde.
Si vous vous attendez un film avec Nicholson comme le laisse présager l'affiche passez votre chemin il arrive dans la derniére partie du film, Oates sauve le tout face à une Millie Perkins très mignonne mais qui joue gentimment comme un pied la moitié du temps.
Premier film du bonhomme mais ça donne pas envie de découvrir le reste en tout cas.

3/10
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Grimmy
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Re: Monte Hellman

Message par Grimmy »

Je partage completement cet avis ! :wink:
Je crois bien que Monte Hellman ce n'est pas pour moi. Après avoir découvert, moi aussi, Hellman avec "The shooting", j'ai quand même poursuivi avec "L'ouragan de la vengeance" (à peine, je dis bien à peine, moins pénible), puis "Macadam à deux voies" (rien panné du tout) et enfin, quel maso quand j'y repense, "Cookfighter" (le moins pire, mais une belle purge quuand même). Je suis passé complétement à côté de ses 4 films. Rien compris de rien. Pour moi, aucun interêt, à part, peut être, un certain talent dans ses cadrages. Faut bien se raccrocher à quelque chose.
Bon, ben voilà. Après avoir remballé le coffret dvd, je me suis "Ca, c'est fait." Et revendu aussi sec.
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Re: Monte Hellman

Message par Federico »

The shooting

J'ai enfin découvert ce western si particulier que je ne connaissais que de réputation et mon impression est mitigée. Entre admiration pour une tentative culottée de renouvellement d'un genre* et le sentiment d'assister à une démonstration maligne, limite arty avec l'ennui parfois inhérent au style. Ça commence fort avec une belle recherche de composition des plans et des détails (j'ai rarement vus des chevaux cadrés ainsi) et tout le long du film un soin constant apporté dans des décors naturels eux aussi peu vus dans le western (ces paysages d'éboulis de rochers ressemblant à de gigantesques morceaux de silex !).
Mais aussi, au fil du récit, l'incompréhension grandissante. Hellman fait dans l'énigmatique mais sans donner la clé**... à moins qu'il n'ait simplement filmé à l'instinct en se foutant du synopsis pour faire sa Nouvelle Vague à lui tout seul.

Reste un western étonnant et bizarre et, bien sûr l'interprétation du grand Warren Oates, plus sobre que chez Peckinpah (ou complètement paumé ?), un Nicholson (co-producteur) déjà très inquiétant et la figure très originale de Millie Perkins, croisement de Twiggy et de Marie Laforêt.

Un film qui demande pas mal d'indulgence - ou de patience - et nécessite probablement plusieurs visions.
Peut-être pas un western extra mais sûrement, comme on peut parler d'extra-terrestres, un extra-western.

(*) Hellman réussit quand même à placer des ingrédients-types comme le gunfighter, le chasseur de prime, l'Indien, le golddigger, l'idiot, la poursuite, les chevaux fourbus et la vengeance.

(**)
Spoiler (cliquez pour afficher)
Je me fourre sans doute le canon dans l'oeil mais tout ce que j'ai cru capter, c'est que l'un des potes de Oates a provoqué la mort de l'enfant de Millie Perkins, celle-ci se payant les services d'un tueur professionnel (Nicholson) pour se venger.
The difference between life and the movies is that a script has to make sense, and life doesn't.
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Re: Monte Hellman

Message par AtCloseRange »

Monte Hellman sur FB :)
I'M STARTING TO GET AN INFERIORITY COMPLEX
ROAD TO NOWHERE has only a 5.6 score on IMDB, while a piece of doo-doo like TWO-LANE BLACKTOP scores 7.3. If any of you like ROAD, please go to IMDB and vote. There are very few votes so far, so if all my FB friends press the button it could make a huge difference.
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ed
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Re: Monte Hellman

Message par ed »

AtCloseRange a écrit : a piece of doo-doo
c'est choubidounet
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Re: Monte Hellman

Message par AtCloseRange »

Pour lire l'ensemble de la conversation (et pour ceux qui sont sur FB) et essayer de cerner un peu le personnage
https://www.facebook.com/monte.hellman
lecoinducinéphage
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Re: Monte Hellman

Message par lecoinducinéphage »

Entretien avec Monte Hellman par Simon Liberati : http://purple.fr/article/monte-hellman/
"Jamais je ne voudrais faire partie d'un club qui accepterait de m'avoir pour membre." (Groucho Marx)
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Kevin95
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Re: Monte Hellman

Message par Kevin95 »

RIDE IN THE WHIRLWIND - Monte Hellman (1966) découverte

Après un film de guerre smicard (Back Door to Hell), Monte Hellman et Jack Nicholson ne se perdent pas de vue et se lancent dans un western à peine plus friqué. Adapté d'un scénario d'un Nicholson qui ne sait pas encore qu'il est Nicholson, Ride in the Whirlwind permet à son réalisateur de tenir en laisse son style très particulier, fait de lenteur, d'une violence hors-champ, de personnages au bout de tout (du rouleau comme du parcours qu'ils se sont tracé) et d'une place écrasante d'un paysage quasiment désertique. En 1965, le western crépusculaire n'est même pas encore inventé et le Nouvel Hollywood tâtonne encore, autant dire que le film d'Hellman fait figure d'ovni même si son approche mélancolique le rattache à la tradition du "sur-western" bazinien et des films de Anthony Mann, Samuel Fuller ou Robert Aldrich. Mais le ton y est moins nerveux que chez ces réalisateurs, beaucoup plus dans une contemplation et un rapport neutre à son sujet (comme chez Robert Bresson). La première demi-heure se cherche, entre le suspense de la situation, la multitude de personnages et un endroit exigu, Hellman ne sait pas vraiment s'il doit jouer le jeu du western B ou celui sans préambule du western moderne. Les silences forcés et l'action sorti d'un chapeau, n'aident pas le film a décoller, juste à lui donner une tonalité. Mais une fois l'intrigue clarifiée et la narration réduite à des poursuivants (une milice aveugle) et des poursuivis (de braves cow-boys accusés à tord), Ride in the Whirlwind s'envole, touche au sublime comme lorsque Cameron Mitchell et Jack Nicholson s'affairent autours d'une table et marquent, pas de petits gestes, leur fatigue et leur désarroi. Nicholson en jeune tête brulée ne parle que de pendaison quand Cameron Mitchell s'empiffre en regardant la table garnie d'une famille prise en otage comme on regarde une vie gâchée, loupée à force de galoper à droite à gauche. Une simple partie de dames enfonce le clou et met en lumière deux êtres blessés. Tout cela sans rien d'autre qu'un cadre fixe, des regards d'acteurs et un dialogue réduit au maximum. La chevauchée vire au tragique, le film n'a même pas le temps pour une fin spectaculaire. Les derniers plans sont sublimes, pris entre l'héritage du John Ford de The Searchers et la prémonition des derniers plans de Two-Lane Blacktop du même Hellman. Nicholson et le réalisateur se retrouveront deux ans plus tard pour une autre merveille, le fascinant The Shooting.
Dernière modification par Kevin95 le 23 août 16, 16:12, modifié 1 fois.
Les deux fléaux qui menacent l'humanité sont le désordre et l'ordre. La corruption me dégoûte, la vertu me donne le frisson. (Michel Audiard)
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Thaddeus
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Re: Monte Hellman

Message par Thaddeus »

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The shooting
Le western selon Hellman. Soit l’aventure tragique de deux prospecteurs embauchés par une mystérieuse jeune femme et poursuivis par un tueur à gages dans un paysage nu, un désert de calcaire et de rochers. Durée ramassée sur un scénario impeccablement épuré, où les lieux communs du genre sont décrassés de toute enluminure pour ne laisser transparaître qu’une matérialité terrienne, un réalisme cru, une esthétique de la silhouette, du soleil et de la poussière. Et tandis que ces personnages s’enfoncent dans une traque de plus en plus absurde, qu’ils sont gagnés par l’épuisement et l’hébétude, la mort fait son œuvre, qui offre aux derniers plans une résonance métaphysique étrangement onirique. Le film suivant, tourné et sorti en même temps, lui est parfaitement jumeau. 4/6

L’ouragan de la vengeance
Il y a des jours comme ça. On se réveille un beau matin, parfaitement honnête, et on se retrouve pris pour des bandits, pourchassé par la justice approximative de l’Ouest afin d’être pendu, contraint de fuir pour survivre, de tout abandonner, de prendre une famille en otage, de tuer à son tour. Cela se passe dans une lente et lourde atmosphère de fatalité immuable, d’inquiétude en aboi, de perplexité hagarde. Aucune fioriture stylistique, pas d’ajout factice pour dramatiser des situations sèches et élémentaires qui s’étirent, et où la plus absurde des méprises enclenche un engrenage infernal. Aussi loin de la plénitude romanesque que du cynisme grinçant, cet autre western décharné affirme une voix propre et singulière, même s’il s’inscrit parfaitement dans un certain courant de son époque. 4/6

Macadam à deux voies
Ils sont quatre solitaires qui se permettant de tout échanger (véhicules, positions, affections) sauf leur rapport au monde : le conducteur et le play-boy dans une Chevrolet trafiquée, le mécano dans une Pontiac vrombissante et une auto-stoppeuse passant d’une bagnole à l’autre. Des nomades marginaux qui filent à toute berzingue sur la route, sans autre raison que celle de réinventer sa vie à chaque course. Pas d’anecdote ni de structure, seulement le culte de la voiture, la passion de la vitesse, l’ivresse de la liberté. Enroulé dans une temporalité cyclonique qui fait tournoyer les hiatus visuels et sonores, réfutant autant la convention sentimentale que le pittoresque du road-movie, ce film grisant et insaisissable épouse comme peu d’autres l’idée d’un certain cinéma de la liberté et de l’affranchissement. 5/6

Cockfighter
Hellmann pousse toujours plus loin le bouchon d’une approche fictionnelle erratique, relâchée, anti-dramatique, réfutant l’idée même de structure au profit d’une indolence invertébrée qui frise volontairement le dilettantisme. Un tel mépris des règles a son charme et ses qualités, ne serait-ce que celle de parvenir à préserver l’intérêt pour la trajectoire maussade de ce grognon et crasseux dresseur de coqs de combat dérivant de patelins minables en bleds paumés et faisant vœu de silence le jour, plus cafardeux que les autres, où trépasse son galliforme favori. Inutile évidemment de chercher quelconque marivaudage gracieux dans cette chronique de l’Amérique des bas-fonds, où la petitesse des aspirations et la trivialité des milieux décrits le disputent au renvoi de Budweiser bien gras. 4/6

Road to nowhere
De retour après vingt ans d’absence, le réalisateur goûte aux délices de la mise en abyme en faisant le récit d’un tournage de fiction parasité par l’intrusion du réel extra-filmique. Vue en coup de l’acte créatif donc, en même temps que miroir aux alouettes où la passion se donne rendez-vous avec la mort et où l’art éclaire d’une lumière maladive les turpitudes d’un thriller délibérément réduit à peau de chagrin. Plus qu’à tous les épigones du post-modernisme cérébral, ce puzzle méta évoque la réflexion sur l’image développée par Wenders dans L’État des Choses, à ceci près qu’il se situe dans une autarcie plus fétichiste, légèrement anachronique, non sans charme mais de moindre portée. Tout en jeux de miroir, zones d’ombre, glissements sinueux, l’exercice n’est pas déplaisant mais un peu trop théorique. 4/6


Mon top :

1. Macadam à deux voies (1971)
2. L’ouragan de la vengeance (1966)
3. The shooting (1966)
4. Road to nowhere (2010)
5. Cockfighter (1974)

Peu de cinéastes américains sont aussi marginaux que cet auteur sans antécédent ni héritier, dont les films ne firent l’affaire de personne si ce n’est de deux ou trois exégètes inventifs. C’est bien sûr dans cette inspiration errante, iconoclaste, volontairement relâchée, qu’il a su trouver sa voie.
Dernière modification par Thaddeus le 4 août 23, 15:52, modifié 3 fois.
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Alexandre Angel
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Re: Monte Hellman

Message par Alexandre Angel »

Thaddeus a écrit : Peu de cinéastes américains sont aussi marginaux que cet auteur sans antécédent ni héritier
Je dirais qu'il a une dette spirituelle envers Budd Boetticher, surtout dans L'Ouragan de la vengeance dont l'ambiance m'évoque celle de The Tall T. Il y a comme un ton erratique, une obsession de l'épure, ainsi qu'un accablement moral ambiant qui lient les deux réalisateurs (pour Boetticher, je pense surtout à toute la série des Randolph Scott).
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

m. Envoyé Spécial à Cannes pour l'Echo Républicain
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