François Truffaut (1932-1984)
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Re: François Truffaut (1932-1984)
Comme quoi, les goûts et les couleurs... pour moi, c'est juste la plus grande actrice du cinéma français. Affirmation de laudateur sincère.
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Re: François Truffaut (1932-1984)
Au contraire, elle m'a gâché presque tous les films que j'aurais pu trouver intéressant ou que j'aurais certainement apprécié sans elleDemi-Lune a écrit :
Comme quoi, les goûts et les couleurs... pour moi, c'est juste la plus grande actrice du cinéma français. Affirmation de laudateur sincère.
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Re: François Truffaut (1932-1984)
D'accord avec ça. En tout cas, elle l'était.Demi-Lune a écrit :
Comme quoi, les goûts et les couleurs... pour moi, c'est juste la plus grande actrice du cinéma français. Affirmation de laudateur sincère.
Pour Adèle H, c'est bizarre mais je n'en ai vu que le début (alors que j'ai quasiment tout vu de Truffaut) mais je n'ai pas accroché. il faudra qu'un jour je m'y remette dans de bonnes dispositions.
Truffaut ets mon cinéaste préféré avec Hitchcock
Les chef d'oeuvre:
Les 2 Anglaises et Le Continent
Les 400 Coups
La Peau Douce
Le dernier Métro
Baisers Volés
La Femme d'à Côté
L'Enfant Sauvage
La Nuit Américaine
Très bon:
L'homme qui aimait les femmes
Domicile Conjugal
La Mariée était en Noir
Vivement dimanche
Tirez sur le pianiste
Moyen
La Chambre Verte (à revoir et qui vaut sans doute mieux que ce classement)
Jules et Jim
L'amour en fuite
Fahrenheit 451
un seul gros ratage:
Une belle fille comme moi
Pas vu:
Adèle H
La Sirène du Mississipi
Les Mistons
L'Argent de Poche
Meilleur topic de l'univers
https://www.dvdclassik.com/forum/viewto ... 13&t=39694
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Re: François Truffaut (1932-1984)
Je les ai tous vu mais la plupart il y a de ça trop longtemps pour pouvoir objectivement dire ce que j'en pense. Reste que je me suis fait un mini-cycle entre 2009 et 2010 et le moins que l'on puisse dire est qu'il ne fut pas très convainquant n'ayant pas du tout accroché ni à La sirène deu Mississipi, ni à La Mariée était en noir ni aux Doinels post-400 coups. J'ai été déçu par L'enfant sauvage, Adèle H, la chambre verte et même par des films que j'adorais autrefois tels La Peau douce et L'homme qui aimait les femmes
Reste quand même de grands moments de bonheur devant Les 400 coups, Le Dernier métro, L'argent de poche ou Les Mistons.
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Re: François Truffaut (1932-1984)
Un post spécial Adjani et Adèle H.
N'oublie pas que dans ta chronique 2,3 pages avant tu disais toi-même :
C'est quand que tu vois d'autres Truffaut au fait ?
En l'occurrence, c'est un top Truffaut, pas Adjani.Demi-Lune a écrit :Je suis très étonné de voir L'Histoire d'Adèle H aussi mal classé dans vos tops. Adjani, les gars, nom d'une pipe !
N'oublie pas que dans ta chronique 2,3 pages avant tu disais toi-même :
Je pense que tout est dit, cela rejoint ce qu'on pense globalement du film, pas de l'interprétation de l'actrice au sein de celui-ci.Demi-Lune a écrit :Malgré une musique empruntée à Maurice Jaubert qui ne m'a pas semblé toujours convaincante et une mise en scène assez plate
C'est quand que tu vois d'autres Truffaut au fait ?
C'est un peu ça.homerwell a écrit : Ce n'est pas Adjani le problème dans L'histoire d'Adèle H. Ce film m'a rendu claustrophobe, je crois qu'il n'y a pas un seul plan avec un horizon (tout du moins c'est le sentiment que cela m'a donné), tout est bouché, on se balade de l'autre côté de la planète et on ne découvre pas un seul paysage. J'ai manqué d'air.
"Subjugué par la beauté et l'intensité d'Isabelle Adjani, Truffaut arrache la jeune actrice à la Comédie-Française, lui fait une cour effrénée qui, pour la seule fois de sa carrière, restera vaine. Le tournage est une épreuve partagée : coincée sur l'île de Guernesey comme l'était Adèle à Halifax, l'équipe travaille dans une tension religieuse, électrisée par la relation passionnelle du cinéaste et de son actrice. Truffaut découvre sur la table de montage un film vampirisé par le visage d'Adjani : "un gros plan d'une heure et demi".
(François Truffaut par Cyril Neyrat - editions cahiers du cinéma/le Monde)
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Re: François Truffaut (1932-1984)
En somme, pour une fois, Truffaut s'est retrouvé dans la peau d'Hitchcock...Anorya a écrit : C'est un peu ça.
"Subjugué par la beauté et l'intensité d'Isabelle Adjani, Truffaut arrache la jeune actrice à la Comédie-Française, lui fait une cour effrénée qui, pour la seule fois de sa carrière, restera vaine. Le tournage est une épreuve partagée : coincée sur l'île de Guernesey comme l'était Adèle à Halifax, l'équipe travaille dans une tension religieuse, électrisée par la relation passionnelle du cinéaste et de son actrice. Truffaut découvre sur la table de montage un film vampirisé par le visage d'Adjani : "un gros plan d'une heure et demi".
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Re: François Truffaut (1932-1984)
Et quand on sait la relation entre les deux cinéastes, c'est pas faux.Federico a écrit : En somme, pour une fois, Truffaut s'est retrouvé dans la peau d'Hitchcock...
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Copié collé du topic qui porte le nom du film.
Vivement dimanche ! (Truffaut - 1983)
"Avons regardés avec Norman Mozzato un film de Truffaut avec une actrice admirable, Fanny Ardant. Le film est moyen mais les acteurs excellents. Franchement, avec des acteurs tels que Jean-Louis Trintignant et Fanny Ardant, on ne peut faire qu'un bon film..."
(Journal d'Andréï Tarkovski - 3/4 avril 1982. -éditions Cahiers du cinéma).
L'histoire : Julien Vercel, directeur d'une agence immobilière, est soupçonné du double meurtre de sa femme et de son amant. Contraint de se terrer dans l'agence il confie à sa secrétaire, il confie à sa secrétaire Barbara, le soin de mener l'enquête qui le disculpera.
Dernier film de son auteur, ce dernier, si il ne savait pas ce qui l'attendait, n'était néanmoins pas dupe vis à vis de sa création. Vivement dimanche ! n'est pas un grand film, plus une fantaisie voulue à la fois drôle et proche du film noir. Truffaut, voulant se faire plaisir, adapte à nouveau une série noire, The long saturday night de Charles Williams, tout en essayant d'éviter les erreurs commises sur La sirène du Mississippi. Son idée bien en tête, il doit batailler ferme pour imposer le noir et blanc, surtout vis à vis d'Antenne 2 qui coproduit avec Les films du Carrosse (la société de production crée par Truffaut, inspirée du Carrosse d'Or de Renoir) sa dernière création et demande à Nestor Almendros, son directeur photo, d'essayer de restituer l'ambiance nocturne et mystérieuse des films américains du passé.
"Vivement Dimanche ! est, selon l'aveu de son auteur, "un film du samedi soir, conçu pour faire plaisir". Un pur divertissement, enlevé et d'une grande beauté plastique, dans lequel il s'amuse à glisser des gages d'auteurisme : le visage de cire aux yeux grands ouverts d'une femme morte, réminiscence des mannequins de L'homme qui aimait les femmes, Ardant déguisée en prostituée, Trintignant hypnotisé par les jambes des femmes passant en ombre chinoise sur l'écran d'un soupirail..." (1)
"Vivement Dimanche ! est, selon l'aveu de son auteur, "un film du samedi soir, conçu pour faire plaisir". Un pur divertissement, enlevé et d'une grande beauté plastique, dans lequel il s'amuse à glisser des gages d'auteurisme : le visage de cire aux yeux grands ouverts d'une femme morte, réminiscence des mannequins de L'homme qui aimait les femmes, Ardant déguisée en prostituée, Trintignant hypnotisé par les jambes des femmes passant en ombre chinoise sur l'écran d'un soupirail..." (1)
Trintignant d'ailleurs, pas dupe du scénario assez maigre mais ne disant rien au réalisateur, accepte de jouer par pur plaisir, les deux personnages s'admirant sans jamais se l'être dit dans la réalité (2). Pour l'interprète féminin, c'est comme pour le précédent film, Fanny Ardant, la nouvelle compagne du réalisateur, son dernier grand amour. A l'écran elle fascine, distille un enthousiasme et un certain charme qui, mêlé à l'antipathie jubilatoire de Trintignant, renforcent un certain plaisir coupable au visionnage de ce petit film, mais fait néanmoins un peu regretter (pour ma part), que l'aventure s'achève là, sur cette petite note décalée et sympathique. Truffaut savait-il que ce serait son dernier film ? Malheureusement non.
4/6.
"Début juillet 1983, Truffaut s'installe pour l'été avec Fanny Ardant dans une maison près de Honfleur. Il prévoit de s'y reposer, d'y travailler à ses projets. Fanny attend un enfant pour fin septembre. Selon Depardieu, "Truffaut en avait fini avec son passé". Mais le 12 août au soir, il est victime d'un malaise. Un chirurgien identifie une tumeur au cerveau et prévient Madeleine Morgenstern que son ancien mari n'a plus que quelques mois, au plus un an à vivre. Truffaut ne connaît pas la gravité de son mal et, après son opération, croît entamer une longue convalescence. Il se remet au travail, commence par reconstituer avec Martine Barraqué, la version non mutilée des Deux anglaises et le Continent. Il consacre ses dernières forces à mettre en ordre ses archives, les dossiers qu'il constitue depuis son adolescence. La dernière visite est celle de son plus ancien ami, Robert Lachenay. Après trois semaines d'une douloureuse agonie, veillé par Fanny, Madeleine, Laura et Eva, il meurt le 21 octobre. Des milliers de personnes assistent à l'enterrement de ses cendres au cimetière Montmartre, dans le quartier de son enfance". (3)
4/6.
"Début juillet 1983, Truffaut s'installe pour l'été avec Fanny Ardant dans une maison près de Honfleur. Il prévoit de s'y reposer, d'y travailler à ses projets. Fanny attend un enfant pour fin septembre. Selon Depardieu, "Truffaut en avait fini avec son passé". Mais le 12 août au soir, il est victime d'un malaise. Un chirurgien identifie une tumeur au cerveau et prévient Madeleine Morgenstern que son ancien mari n'a plus que quelques mois, au plus un an à vivre. Truffaut ne connaît pas la gravité de son mal et, après son opération, croît entamer une longue convalescence. Il se remet au travail, commence par reconstituer avec Martine Barraqué, la version non mutilée des Deux anglaises et le Continent. Il consacre ses dernières forces à mettre en ordre ses archives, les dossiers qu'il constitue depuis son adolescence. La dernière visite est celle de son plus ancien ami, Robert Lachenay. Après trois semaines d'une douloureuse agonie, veillé par Fanny, Madeleine, Laura et Eva, il meurt le 21 octobre. Des milliers de personnes assistent à l'enterrement de ses cendres au cimetière Montmartre, dans le quartier de son enfance". (3)
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(1). François Truffaut par Cyril Neyrat, éditions Cahiers du cinéma/le Monde. p.85.
(2). L'acteur l'avouait dans le sympathique commentaire audio du dvd.
(3). François Truffaut par Cyril Neyrat, éditions Cahiers du cinéma/le Monde. p.87.
Dernière modification par Anorya le 25 nov. 10, 23:11, modifié 1 fois.
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Re: François Truffaut (1932-1984)
Ce film que j'ai vu à sa sortie et à l'époque plutôt aimé, me rend assez malheureux aujourd'hui parce que j'aurais à la fois voulu que Truffaut n'achève pas son oeuvre avec lui et bien sûr qu'il puisse en tourner encore une bonne dizaine et si possible, de meilleurs. C'est clair qu'il se fit plaisir et qu'après une histoire aussi dramatique que La femme d'à-côté, désirait offrir à sa nouvelle muse une comédie, certes policière et meurtrière, mais tout de même légère.
Alors il accumule les citations et auto-citations. Ce n'est pas la première fois mais jamais il n'en a placé autant. Fanny Ardant porte la tenue pied-de-poule* de Lauren Bacall dans Le port de l'angoisse et Trintignant reprend le célèbre tic de Bogart (se triturer le lobe de l'oreille). La brume très artificielle de la séquence d'ouverture lors de la partie de chasse ressemble à autant de scènes de fog du Hitchcock période anglaise (notamment dans Les 39 marches). D'une ouverture de cave, Trintignant mate les jolies chevilles de Fanny faisant littéralement le trottoir**. Une mise en abyme cinéphilique puisque cette citation de L'homme qui aimait les femmes (et aussi d'un des premiers Doinel, je crois) était elle-même un clin d'oeil à la scène du boucher dans La rue sans joie de Pabst.
La complicité passe bien entre les deux acteurs qui rejouent le classique des grandes comédies américaines (on se chamaille durant 1h30 en préférant se couper un bras plutôt que d'avouer qu'on s'adore mais ça finira par un mariage) et la caméra est sous le charme très particulier de Fanny Ardant. J'ai un peu honte de l'avouer : j'étais moi aussi sous son charme et avec le temps, il s'est évaporé (un peu moins, cependant, dans le cas de La femme d'à-côté). Et puis, comme je l'ai écris plus haut, je ne supporte plus ce noir et blanc clinique de Studio Harcourt. Parmi les autres points qui me déplaisent, toute la partie avec le personnage de Louison, le truand joué par le vieux pote de Truffaut Jean-Louis Richard (pourtant si bon en journaliste collabo dans Le dernier métro). Impression que le cinéaste s'est désintéressé du scénario. Globalement, je n'ai retrouvé le bon Truffaut qu'au générique de fin avec le jeu enfantin des pieds et la petite musique qui l'accompagne.
Et puis si, il y a UNE séquence d'anthologie : la confession téléphonique de Philippe Laudenbach, s'allumant plusieurs clopes à la chaîne et partant dans un long délire d'érotomane. Ce remarquable acteur (dont le phrasé est la troublante copie de celle de son oncle Pierre Fresnay) est trop peu employé au cinéma.
Quelque temps après, j'apprenais par une amie qui travaillait dans le milieu du cinéma que Truffaut était gravement malade, puis il y eut le choc de le voir, terriblement marqué mais toujours animé par sa passion*** dans l'émission Apostrophes. Et j'ai même failli accomplir un geste inutile et idiot : me rendre à ses funérailles, alors que je déteste autant jouer les fans que les enterrements.
(*) Ce motif rétro appartenant aux années 40 était revenu à la mode au début des années 80, de même que les coiffures choucroutes (cf Pascale Ogier), les épaules cintrées, les futals larges ceinturés très haut (à la Chirac ) et j'en passe et pas des meilleurs...
(**) En version Albert Simonin, ça donne : "Arquer sur le trimard, c'est la fatalité des pas bidards" et, en version Truffaut : "Les jambes des femmes sont les compas qui arpentent le monde, lui donnant sa forme et son équilibre", ce qui est quand même plus joli.
(***) Au moment de sa disparition, un article avait très joliment titré "L'homme qui aimait les flammes".
Alors il accumule les citations et auto-citations. Ce n'est pas la première fois mais jamais il n'en a placé autant. Fanny Ardant porte la tenue pied-de-poule* de Lauren Bacall dans Le port de l'angoisse et Trintignant reprend le célèbre tic de Bogart (se triturer le lobe de l'oreille). La brume très artificielle de la séquence d'ouverture lors de la partie de chasse ressemble à autant de scènes de fog du Hitchcock période anglaise (notamment dans Les 39 marches). D'une ouverture de cave, Trintignant mate les jolies chevilles de Fanny faisant littéralement le trottoir**. Une mise en abyme cinéphilique puisque cette citation de L'homme qui aimait les femmes (et aussi d'un des premiers Doinel, je crois) était elle-même un clin d'oeil à la scène du boucher dans La rue sans joie de Pabst.
La complicité passe bien entre les deux acteurs qui rejouent le classique des grandes comédies américaines (on se chamaille durant 1h30 en préférant se couper un bras plutôt que d'avouer qu'on s'adore mais ça finira par un mariage) et la caméra est sous le charme très particulier de Fanny Ardant. J'ai un peu honte de l'avouer : j'étais moi aussi sous son charme et avec le temps, il s'est évaporé (un peu moins, cependant, dans le cas de La femme d'à-côté). Et puis, comme je l'ai écris plus haut, je ne supporte plus ce noir et blanc clinique de Studio Harcourt. Parmi les autres points qui me déplaisent, toute la partie avec le personnage de Louison, le truand joué par le vieux pote de Truffaut Jean-Louis Richard (pourtant si bon en journaliste collabo dans Le dernier métro). Impression que le cinéaste s'est désintéressé du scénario. Globalement, je n'ai retrouvé le bon Truffaut qu'au générique de fin avec le jeu enfantin des pieds et la petite musique qui l'accompagne.
Et puis si, il y a UNE séquence d'anthologie : la confession téléphonique de Philippe Laudenbach, s'allumant plusieurs clopes à la chaîne et partant dans un long délire d'érotomane. Ce remarquable acteur (dont le phrasé est la troublante copie de celle de son oncle Pierre Fresnay) est trop peu employé au cinéma.
Quelque temps après, j'apprenais par une amie qui travaillait dans le milieu du cinéma que Truffaut était gravement malade, puis il y eut le choc de le voir, terriblement marqué mais toujours animé par sa passion*** dans l'émission Apostrophes. Et j'ai même failli accomplir un geste inutile et idiot : me rendre à ses funérailles, alors que je déteste autant jouer les fans que les enterrements.
(*) Ce motif rétro appartenant aux années 40 était revenu à la mode au début des années 80, de même que les coiffures choucroutes (cf Pascale Ogier), les épaules cintrées, les futals larges ceinturés très haut (à la Chirac ) et j'en passe et pas des meilleurs...
(**) En version Albert Simonin, ça donne : "Arquer sur le trimard, c'est la fatalité des pas bidards" et, en version Truffaut : "Les jambes des femmes sont les compas qui arpentent le monde, lui donnant sa forme et son équilibre", ce qui est quand même plus joli.
(***) Au moment de sa disparition, un article avait très joliment titré "L'homme qui aimait les flammes".
Dernière modification par Federico le 1 févr. 11, 00:53, modifié 1 fois.
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Re: François Truffaut (1932-1984)
J'ai très envie de réhabiliter Une belle fille comme moi, vu que c'est le vilain petit canard apparemment ! J'adore Truffaut, il est parmi mes cinéastes préférés, et je préfère largement des films comme Une belle fille... ou (surtout) Vivement dimanche ! (je ne comprends pas le rejet sur ce film) que, par exemple, Jules et Jim, qui m'a toujours un peu gonflé, ou Les Deux anglaises et le continent (mais celui-là, il faudrait que je le revoie, car je suis resté sur une - très - mauvaise impression, qui commence à dater, là, cela dit).
Vive Une belle fille comme moi et Vivement dimanche !, donc ! Pas mes préférés, donc, mais loin d'être les pires, pour moi. J'adore leur fantaisie, surtout. Alors bien sûr, ça en fait peut-être des oeuvres moins profondes que La Femme d'à côté ou La Peau douce (encore que), mais en tout cas pas moins importantes, je trouve. Et Bernadette Lafont, quand même, quel abattage !!
Vive Une belle fille comme moi et Vivement dimanche !, donc ! Pas mes préférés, donc, mais loin d'être les pires, pour moi. J'adore leur fantaisie, surtout. Alors bien sûr, ça en fait peut-être des oeuvres moins profondes que La Femme d'à côté ou La Peau douce (encore que), mais en tout cas pas moins importantes, je trouve. Et Bernadette Lafont, quand même, quel abattage !!
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Re: François Truffaut (1932-1984)
J'ajoute que le DVD d'Une belle fille comme moi est à 6,41€ sur le tout nouveau site d'Amazon Italie : http://www.amazon.it/Mica-Scema-Ragazza ... 89&sr=1-14
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Re: François Truffaut (1932-1984)
Sortie le 11 Janvier
Réaliser par Emmanuel Laurant et écrit par Antoine de Baecque
Biographies croisées de François Truffaut et Jean-Luc Godard, les deux piliers de la Nouvelle Vague.
En mai 2009, lors du 62e festival de Cannes, le cinéma mondial célèbrera les 50 ans de la Nouvelle Vague qui a éclaté au grand jour lors avec la présentation officielle en compétition à Cannes, des Quatre Cents Coups de François Truffaut.
Grâce aux nombreuses archives existantes alliées à des séquences choisies, Deux de la Vague retrace l’émergence, l’impact et l’influence toujours palpable de ce mouvement artistique sur le cinéma mondial et nous invite à redécouvrir la richesse esthétique de ce cinéma intemporel.
Photos :
http://www.ecranlarge.com/movie_image-list-19853.php
Vidéo:
http://www.wat.tv/video/098-deux-vague- ... i6qd_.html
Trailer :
"Mad Max II c'est presque du Bela Tarr à l'aune des blockbusters actuels" Atclosetherange
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Re: François Truffaut (1932-1984)
...ça démarre fort : l'affiche est horrible.Akrocine a écrit :
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Re: François Truffaut (1932-1984)
Ayant vu le film en avant première, bien avant les vacances (il était en finition mais je pense que le résultat se rapproche de ce qu'il y aura à l'écran), et étant donné qu'il sort très prochainement, voici une mini-chronique du documentaire Deux de la vague. A défaut de proposer des captures, je prends mes propres scans et copie-colle ce post aussi bien dans ce topic que le topic de Jean-Luc Godard pour un certain souci d'équité.
Eh oui je suis d'accord avec Amarcord, cette affiche est immonde.
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Eh oui je suis d'accord avec Amarcord, cette affiche est immonde.
Deux de la vague est l'histoire d'une amitié, une vraie amitié, de celles qui finissent mal.
1950. Jean-Luc Godard a vingt ans, François Truffaut deux ans de moins, ils se rencontrent par amour du cinéma. Bientôt ils fréquentent les mêmes ciné-clubs, écrivent dans les mêmes revues, les Cahiers du Cinéma et Arts. Quand le cadet devient cinéaste avec Les quatre cents coups, qui triomphent à Cannes en 1959, il aide son aîné à passer à la réalisation, lui offrant son scénario, déjà intitulé A bout de souffle...
(extrait du livret de presse que je scanne en partie par la suite pour les intéressantes correspondances entres les deux cinéastes)
Deux de la vague est un documentaire passionnant réalisé par Emmanuel Laurent, écrit par Antoine de Baecque et porté par la figure d'Isild Le Besco, tourneuse de page aussi bien que témoin actuel d'un passé révolu et pourtant si proche de nous. Il faut dire que depuis tout ce temps, La Nouvelle Vague et ses pères fondateurs n'ont jamais vraiment été bien loin de nous, ne serait-ce que par les préceptes qu'ils ont développés et essayés de tenir et que le monde entier a par la suite redécouvert. Truffaut et Godard sont les deux grandes figures de ce mouvement court qui, par la suite, s'est étiolé au gré de ses créateurs. Mais les deux cinéastes étaient aussi des cinéphiles amis, liés par une profonde estime mutuelle envers leurs goûts et leurs relations.
Le documentaire retrace aussi bien leur correspondances que leurs films et démontre adroitement une amitié faite de clins d'oeils envers une conception du cinéma comme une éthique. Emmanuel Laurent comme Antoine de Baecque démontrent une certaine passion envers des auteurs qui les ont complètement lancés, qui ont été des sortes de détonateurs, sans jamais les juger, préférant livrer à l'écran cette nouvelle vague, son impact sur le public d'alors (cf, la bande annonce, plus bas), et ce qui l'entretenait secrètement par le biais de ses deux figures principales. Jusqu'aux soubresauts de 68 avec la destitution de Langlois de la Cinémathèque française par Malraux, mais aussi Mai 68, la politique, les relations de chacun, qui vont fatalement fissurer l'amitié jusqu'aux violentes querelles du début des 70's où les deux cinéastes ne se parleront plus du tout.
"Je n'ai jamais connu Truffaut, mais c'est sous ses auspices que je suis devenu critique de cinéma. Quand il disparaît, le 21 octobre 1984, comme tous les cinéphiles, comme tous les jeunes gens de 20 ans, je suis sous le choc. Alors j'écris un texte sur le cinéma, comme pour dire ma peine et son influence. Je l'envoie à ce qui me semble naturellement sa "boîte aux lettres", les Cahiers du Cinéma. Le texte est publié deux mois plus tard, et me voilà lancé aux Cahiers..., commençant à écrire régulièrement. C'est là que j'ai rencontré Godard, plus tard, une première fois pour préparer un numéro spécial de la revue, "Godard, 30 ans depuis", à l'automne 1990." (Antoine de Baecque se livrant dans le livret de presse)
Par la suite, Antoine de Baecque va écrire de nombreux livres, notamment deux biographies, une sur Truffaut, puis, en 2010, une sur Godard. Autant dire qu'en allant le contacter pour travailler avec lui suite à cet amour des archives cinématographiques (je confirme personnellement que j'adore son style), l'autodidacte Emmanuel Laurent a frappé à la bonne porte. Le documentaire se suit sans déplaisir et constitue au final une pièce de choix pour les passionnés de La Nouvelle Vague comme des cinéastes en question. Il sort dans quelques jours, le 12 janvier 2011 et je vous encourage vivement à le voir.
1950. Jean-Luc Godard a vingt ans, François Truffaut deux ans de moins, ils se rencontrent par amour du cinéma. Bientôt ils fréquentent les mêmes ciné-clubs, écrivent dans les mêmes revues, les Cahiers du Cinéma et Arts. Quand le cadet devient cinéaste avec Les quatre cents coups, qui triomphent à Cannes en 1959, il aide son aîné à passer à la réalisation, lui offrant son scénario, déjà intitulé A bout de souffle...
(extrait du livret de presse que je scanne en partie par la suite pour les intéressantes correspondances entres les deux cinéastes)
Deux de la vague est un documentaire passionnant réalisé par Emmanuel Laurent, écrit par Antoine de Baecque et porté par la figure d'Isild Le Besco, tourneuse de page aussi bien que témoin actuel d'un passé révolu et pourtant si proche de nous. Il faut dire que depuis tout ce temps, La Nouvelle Vague et ses pères fondateurs n'ont jamais vraiment été bien loin de nous, ne serait-ce que par les préceptes qu'ils ont développés et essayés de tenir et que le monde entier a par la suite redécouvert. Truffaut et Godard sont les deux grandes figures de ce mouvement court qui, par la suite, s'est étiolé au gré de ses créateurs. Mais les deux cinéastes étaient aussi des cinéphiles amis, liés par une profonde estime mutuelle envers leurs goûts et leurs relations.
Le documentaire retrace aussi bien leur correspondances que leurs films et démontre adroitement une amitié faite de clins d'oeils envers une conception du cinéma comme une éthique. Emmanuel Laurent comme Antoine de Baecque démontrent une certaine passion envers des auteurs qui les ont complètement lancés, qui ont été des sortes de détonateurs, sans jamais les juger, préférant livrer à l'écran cette nouvelle vague, son impact sur le public d'alors (cf, la bande annonce, plus bas), et ce qui l'entretenait secrètement par le biais de ses deux figures principales. Jusqu'aux soubresauts de 68 avec la destitution de Langlois de la Cinémathèque française par Malraux, mais aussi Mai 68, la politique, les relations de chacun, qui vont fatalement fissurer l'amitié jusqu'aux violentes querelles du début des 70's où les deux cinéastes ne se parleront plus du tout.
"Je n'ai jamais connu Truffaut, mais c'est sous ses auspices que je suis devenu critique de cinéma. Quand il disparaît, le 21 octobre 1984, comme tous les cinéphiles, comme tous les jeunes gens de 20 ans, je suis sous le choc. Alors j'écris un texte sur le cinéma, comme pour dire ma peine et son influence. Je l'envoie à ce qui me semble naturellement sa "boîte aux lettres", les Cahiers du Cinéma. Le texte est publié deux mois plus tard, et me voilà lancé aux Cahiers..., commençant à écrire régulièrement. C'est là que j'ai rencontré Godard, plus tard, une première fois pour préparer un numéro spécial de la revue, "Godard, 30 ans depuis", à l'automne 1990." (Antoine de Baecque se livrant dans le livret de presse)
Par la suite, Antoine de Baecque va écrire de nombreux livres, notamment deux biographies, une sur Truffaut, puis, en 2010, une sur Godard. Autant dire qu'en allant le contacter pour travailler avec lui suite à cet amour des archives cinématographiques (je confirme personnellement que j'adore son style), l'autodidacte Emmanuel Laurent a frappé à la bonne porte. Le documentaire se suit sans déplaisir et constitue au final une pièce de choix pour les passionnés de La Nouvelle Vague comme des cinéastes en question. Il sort dans quelques jours, le 12 janvier 2011 et je vous encourage vivement à le voir.
- Profondo Rosso
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Re: François Truffaut (1932-1984)
La Peau Douce (1964)
Un écrivain à succès, directeur d'une revue littéraire et dont le mariage est miné par les petits mensonges, rencontre une hôtesse de l’air. Ils ont une liaison à Lisbonne qui perdure par la suite.
La Peau Douce est avec le bien plus tardif La Femme d'à côté le grand film de Truffaut sur l'adultère. Malgré cette base commune les deux films sont antinomiques dans leurs traitement comme dans leur influence. Film fiévreux et tumultueux sur l'amour passion La femme d'à côté est une des oeuvres les plus célébrée de Truffaut qui engendrera foule de descendant plus (le beau Les Sentiments de Noémie Lvosky en 2003) ou moins (le catastrophique Les Regrets de Cédric Kahn vraie film clone raté) convaincants. La Peau Douce n'aura pas le même impact et sera un échec public cuisant à sa sortie après un accueil glacial à Cannes.
Les raisons se trouvent dans l'approche de Truffaut, cinéaste du romanesque littéraire qui dépeint là l'adultère dans sa trivialité quotidienne la plus sordide. Cet aspect se manifeste d'emblée dans le héros incarné par Jean Desailly, intellectuel bourgeois un peu falot embarqué dans une histoire qu'il s'avère incapable d'assumer. Faisant constamment tout les mauvais choix par manque de courage ou témérité déplacée, il snobera lamentablement Françoise Dorléac lors d'une longue et triste séquence de voyage à Reims puis ne saura ménager la sensibilité de sa femme une fois son écart découvert avec cet instant presque comique où il accepte sans ménagement la séparation qu'elle lui propose par dépit. Les rencontres des deux amants se font ainsi furtives, coupables et dans la crainte du regard d'autrui au point d'émousser toute passion lorsqu'un amour au grand jour sera enfin possible.
La facette charnelle du film est dont finalement à chercher à travers ses deux héroïnes, la femme et la maîtresse. Françoise Dorléac trouve peut être là son meilleur rôle, Truffaut réfrénant ses ardeurs et son jeu pour jouer sur sa présence sensuelle, son élégance et le mystère qu'elle dégage pour Jean Desailly dans la première partie, renforçant ainsi l'extériorisation de ses émotions dans la seconde comme la très belle scène où elle font en larmes à Reims suite au comportement de Lachenay. A l'inverse Nelly Benedetti en épouse légitime affirme un charme beaucoup plus agressif et un bouillonnement bien plus manifeste qui crée d'ailleurs un déséquilibre inhabituel dans le film d'adultère puisqu'aucune des deux n'est désavantagée dans le triangle amoureux et rend plus fort le dilemme du mari. Malheureusement la conclusion passionnelle jure un peu avec le côté volontairement terne et retenu de l'ensemble du film (et pour le coup annonce La Femme d'à côté) et ne fonctionne pas complètement.
C'est également un des films les plus plastiquement réussi de Truffaut, notamment dans toute les scènes d'amours. Le jeu de regard fuyant dans l'ascenseur entre Desailly et Dorléac est très réussi, et surtout surtout les mouvements de caméra caressant, le jeu d'ombre et la gestuelle des acteurs lors de la première nuit où on sent l'influence du mentor Hitchcock sur Truffaut. Superbe moment également lorsque Jean Desailly caresse langoureusement les jambes de Françoise Dorléac endormie puis lui enlève ses bas, la délicatesse se mêle à la sensualité la plus prononcée. Volontairement glacial et peu attrayant, un très beau film qui dissimule sous sa froideur une vraie force dans l'expression de ses amours quelconques. 4,5/6
Un écrivain à succès, directeur d'une revue littéraire et dont le mariage est miné par les petits mensonges, rencontre une hôtesse de l’air. Ils ont une liaison à Lisbonne qui perdure par la suite.
La Peau Douce est avec le bien plus tardif La Femme d'à côté le grand film de Truffaut sur l'adultère. Malgré cette base commune les deux films sont antinomiques dans leurs traitement comme dans leur influence. Film fiévreux et tumultueux sur l'amour passion La femme d'à côté est une des oeuvres les plus célébrée de Truffaut qui engendrera foule de descendant plus (le beau Les Sentiments de Noémie Lvosky en 2003) ou moins (le catastrophique Les Regrets de Cédric Kahn vraie film clone raté) convaincants. La Peau Douce n'aura pas le même impact et sera un échec public cuisant à sa sortie après un accueil glacial à Cannes.
Les raisons se trouvent dans l'approche de Truffaut, cinéaste du romanesque littéraire qui dépeint là l'adultère dans sa trivialité quotidienne la plus sordide. Cet aspect se manifeste d'emblée dans le héros incarné par Jean Desailly, intellectuel bourgeois un peu falot embarqué dans une histoire qu'il s'avère incapable d'assumer. Faisant constamment tout les mauvais choix par manque de courage ou témérité déplacée, il snobera lamentablement Françoise Dorléac lors d'une longue et triste séquence de voyage à Reims puis ne saura ménager la sensibilité de sa femme une fois son écart découvert avec cet instant presque comique où il accepte sans ménagement la séparation qu'elle lui propose par dépit. Les rencontres des deux amants se font ainsi furtives, coupables et dans la crainte du regard d'autrui au point d'émousser toute passion lorsqu'un amour au grand jour sera enfin possible.
La facette charnelle du film est dont finalement à chercher à travers ses deux héroïnes, la femme et la maîtresse. Françoise Dorléac trouve peut être là son meilleur rôle, Truffaut réfrénant ses ardeurs et son jeu pour jouer sur sa présence sensuelle, son élégance et le mystère qu'elle dégage pour Jean Desailly dans la première partie, renforçant ainsi l'extériorisation de ses émotions dans la seconde comme la très belle scène où elle font en larmes à Reims suite au comportement de Lachenay. A l'inverse Nelly Benedetti en épouse légitime affirme un charme beaucoup plus agressif et un bouillonnement bien plus manifeste qui crée d'ailleurs un déséquilibre inhabituel dans le film d'adultère puisqu'aucune des deux n'est désavantagée dans le triangle amoureux et rend plus fort le dilemme du mari. Malheureusement la conclusion passionnelle jure un peu avec le côté volontairement terne et retenu de l'ensemble du film (et pour le coup annonce La Femme d'à côté) et ne fonctionne pas complètement.
C'est également un des films les plus plastiquement réussi de Truffaut, notamment dans toute les scènes d'amours. Le jeu de regard fuyant dans l'ascenseur entre Desailly et Dorléac est très réussi, et surtout surtout les mouvements de caméra caressant, le jeu d'ombre et la gestuelle des acteurs lors de la première nuit où on sent l'influence du mentor Hitchcock sur Truffaut. Superbe moment également lorsque Jean Desailly caresse langoureusement les jambes de Françoise Dorléac endormie puis lui enlève ses bas, la délicatesse se mêle à la sensualité la plus prononcée. Volontairement glacial et peu attrayant, un très beau film qui dissimule sous sa froideur une vraie force dans l'expression de ses amours quelconques. 4,5/6
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Re: François Truffaut (1932-1984)
Et quelle superbe musique de Delerue...
La scène dont tu parles, lorsque Jean Desailly retire les bas de Françoise Dorléac, est d'une beauté et d'une sensualité qui me scie à chaque fois. Et avec la musique de Delerue en fond sonore, ça devient une splendeur absolue.
La scène dont tu parles, lorsque Jean Desailly retire les bas de Françoise Dorléac, est d'une beauté et d'une sensualité qui me scie à chaque fois. Et avec la musique de Delerue en fond sonore, ça devient une splendeur absolue.