Une lettre de Truffaut à Godard

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Zelda Zonk
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Message par Zelda Zonk »

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Les films... c'est la mémoire... et François a choisi d'en faire... choisi, par la même occase, que je me souvienne de lui... donc, je me souviens de pas mal de choses... pas de Vigo avant qu'il commence... à propos de L'Atalante, les enchaînés de François, de surimpressions en surimpressions, le conduiront jusqu'à Hitchcock... pas de Vigo, puisque Gaumont l'avait assassiné, mais de son frère de sang... un samedi étouffant de juillet, on était parti de Clichy... Ia plus belle place de Paris, ça, François en était sûr... on avait acheté des cigares à côté de l'" Atomic "... puis continué jusqu'au " Pax Sèvres " où ma marraine nous a filé 10 000 balles, mon mois d'avance... on est allé voir L'Ange Rouge avec Tilda Thamar... " quelle belle femme ! ", disait régulièrement François... ensuite nous remontâmes à la première séance de l'avenue de Messine où l'affreux Rossif poinçonnait les billets... le grand rêve de François était alors de loger Hôtel Truffaut, rue idem, mais l'une et l'autre n'étaient pas dans le même quartier... cette adresse unique qu'aucun postier ne lira jamais... même dans un roman de Giraudoux qu'il aime un peu moins que Balzac, et il a raison... Truffaut, Paris... que François se console... car des centaines de millions de spectateurs... au Chili, à Singapour, à Montréal, à Yokohama, à Helsinki... car c'est un sacré vendeur à I'étranger... bref, pas mal d'hommes et de femmes l'ont vue écrite en filigrane, comme sur du papier à lettre de qualité, derrière les visages un peu graves, romantiques et charmants, de Jules et du Pianiste... d'où vient-il que la sauvagerie et la tendresse aient toujours partie liée... que la technique soit soeur d'émotion... et rigueur de liberté... pour l'apprendre... et ne jamais l'oublier, puisque les films sont la mémoire et qu'il n'y a pas de prescription pour les crimes envers le cinéma... il nous faut dire au revoir à Françoise Dorléac qui dégrafe ses bas dans une auberge normande... au revoir à Antoine Doinel qui court le long d'une plage, comme un cerf-volant d'Ophuls, ...ô enfants humiliés de Bernanos ! au revoir, c'est-à-dire que nous irons revoir, même par 451 degrés Fahrenheit... revoir sans cesse... exemple vivants du seul cinéaste de plus en plus sérieux.

(J.L Godard. - L'Avant-Scène Cinéma - numéro 48 - mai 1965).
Jean Claude Dus
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Message par Jean Claude Dus »

Vu le livre d'occaz y'a pas très longtemps à Gibert :wink:
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garcia
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Message par garcia »

Pour moi si l'on peut discuter de Godard comme cinéaste , comme personne c'ést vraiment un triste personnage : dans un débat c'est le stalinien type . Et il est allé loin dans la compromission avec des personnages peu recommendables ( Mao , Pol Pot) . Pour moi il ne vaut pas mieux qu'un Papon .
Le plus con des suisses prochinois d'aprés Debord.
Margo

Message par Margo »

garcia a écrit :Pour moi il ne vaut pas mieux qu'un Papon.
Plait-il ? :shock: :?

Le jour où Godard planifiera dans les grandes largeurs des rafles de juifs en Suisse, ta comparaison sera peut-être valable. C'est loin d'être le cas aujourd'hui, je trouve cette comparaison totalement hasardeuse... pour rester poli... :!:
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Ouf Je Respire
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Message par Ouf Je Respire »

En tout cas, vu la lettre de Truffaut à Godard, Truffaut était un saint homme. 8)
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Leopold Saroyan
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Message par Leopold Saroyan »

Pour info, cette lettre est aussi publiée il me semble dans le superbe recueil de textes et de critiques Truffaut par Truffaut, très bon bouquin sorti au début des années 80.
Pour parler de cette lettre, à vrai dire, son contenu ne m'a pas tant surpris que ça. Outre les caractères bien trempés des cinéastes de la Nouvelle Vague (en particulier Godard), il est guère surprenant que des prises de bec se soient souvent produites entre les compères, le seul s'étant toujours bien entendu avec tous étant Chabrol. Le père Jean-Luc est quand même réputé pour ses attaques assez futiles voire dénuées de sens, comme c'est le cas à mon avis ici.
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Jean-Luc Godard
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Message par Jean-Luc Godard »

Memento a écrit :Image

Les films... c'est la mémoire... et François a choisi d'en faire... choisi, par la même occase, que je me souvienne de lui... donc, je me souviens de pas mal de choses... pas de Vigo avant qu'il commence... à propos de L'Atalante, les enchaînés de François, de surimpressions en surimpressions, le conduiront jusqu'à Hitchcock... pas de Vigo, puisque Gaumont l'avait assassiné, mais de son frère de sang... un samedi étouffant de juillet, on était parti de Clichy... Ia plus belle place de Paris, ça, François en était sûr... on avait acheté des cigares à côté de l'" Atomic "... puis continué jusqu'au " Pax Sèvres " où ma marraine nous a filé 10 000 balles, mon mois d'avance... on est allé voir L'Ange Rouge avec Tilda Thamar... " quelle belle femme ! ", disait régulièrement François... ensuite nous remontâmes à la première séance de l'avenue de Messine où l'affreux Rossif poinçonnait les billets... le grand rêve de François était alors de loger Hôtel Truffaut, rue idem, mais l'une et l'autre n'étaient pas dans le même quartier... cette adresse unique qu'aucun postier ne lira jamais... même dans un roman de Giraudoux qu'il aime un peu moins que Balzac, et il a raison... Truffaut, Paris... que François se console... car des centaines de millions de spectateurs... au Chili, à Singapour, à Montréal, à Yokohama, à Helsinki... car c'est un sacré vendeur à I'étranger... bref, pas mal d'hommes et de femmes l'ont vue écrite en filigrane, comme sur du papier à lettre de qualité, derrière les visages un peu graves, romantiques et charmants, de Jules et du Pianiste... d'où vient-il que la sauvagerie et la tendresse aient toujours partie liée... que la technique soit soeur d'émotion... et rigueur de liberté... pour l'apprendre... et ne jamais l'oublier, puisque les films sont la mémoire et qu'il n'y a pas de prescription pour les crimes envers le cinéma... il nous faut dire au revoir à Françoise Dorléac qui dégrafe ses bas dans une auberge normande... au revoir à Antoine Doinel qui court le long d'une plage, comme un cerf-volant d'Ophuls, ...ô enfants humiliés de Bernanos ! au revoir, c'est-à-dire que nous irons revoir, même par 451 degrés Fahrenheit... revoir sans cesse... exemple vivants du seul cinéaste de plus en plus sérieux.

(J.L Godard. - L'Avant-Scène Cinéma - numéro 48 - mai 1965).

C'est beau, hein?... En même temps, j'ai pas de mérite... J'ai chié dans la bouche à JP Léaud, parce qu'il ne conçoit pas que nous sommes tous des putes de Gaumont et de Publicis...Parce que Gaumont, c'était Luc Besson pendant le grand Bleu... Et voir les dauphins façon Ophuls ou Liechtenstein... Luc Besson a donc assassiné Vigo par voie anale... Parce que le système de production français est comme ça... Tout est dans l'anus... C'est Freudien, le Cinéma est un pilier de la PMP (Pensée Maoiste Psychanalytique)... C'est ainsi que j'ai découvert que j'étais né pour le Cinéma et commenter en 3510 lignes un plan-séquence de Godzilla 2000... Une nuit j'ai rêvé que Mao me mettait une langue dans mon anus... Du coup, j'ai lu Freud, qui disait notamment "quand un dictateur chinois vous fait une léchouille anale, c'est que vous êtes fait pour le Cinéma" (haïku authentique)... Ou pas...d'où vient-il que la sauvagerie et la tendresse aient toujours partie liée... que la technique soit soeur d'émotion... et rigueur de liberté... pour l'apprendre... et ne jamais l'oublier, puisque les films sont la mémoire et qu'il n'y a pas de prescription pour les crimes envers le cinéma... Ou non... En fait je sais plus, car ce n'est pas de moi... Je suis un étron cinématographique... Je suis dans le Cycle de la Merde... Je suis un Salo, ou un Freak de la technique du montage qui est l'essence du Cinéma qui est mort aussi... Merci Pasolini et Besson pour m'avoir tué techniquement et émotionnellement... Ou pas...

Du coup, pour méditer sur le Cinéma, je descends de mon chalet... Je dis bonjour à personne... Car personne n'est réellement et cinématographiquement humain... En plus ils n'aiment pas Mao... Mais ils élisent un parti populiste... C'est ça, la Démocratie... Avoir le Pouvoir de faire accéder légalement un groupe extrémiste au Pouvoir et à l'autorité qu'ils vont appliquer sur nous... Là c'est plus du Cinéma, car c'est bien vivant, bien réel... Qu'il fasse 451°F ou pas... C'est une bonne température pour mon café du matin... Alors je le bois vite et je fais semblant d'aller travailler... Parce que je ne travaille pas, je fais du (mon) Cinéma... Je prends mon camescope JVC analogique et je filme les bergers pendant la transhumance... Parce que la transhumance, c'est le Cinéma... La transhumance est mère de technique, donc mère de montage... La transhumance me donne envie de revoir Lauren Bacall dans le Port de l'Angoisse... Parce qu'un berger est Angoisse... Perdre une brebis, c'est comme perdre un spectateur... Moi je n'ai pas d'angoisse, parce que je n'ai pas de spectateur...
Je ne suis pas fini... J'ai encore des choses, donc des films, à dire... J'irai donc donner un cours de théâtre conceptuel à la Starac' en guest star... Le seul endroit télévisuel qui respire encore un peu le montage mixé et qui rappelle que Welles était comme notre Dieu Lelouch, c'est à dire un intermittent parasite maqué par TF1. Nous sommes des putes, autant l'assumer jusqu'au bout... Ou pas... Godard ou la neutralité et le ground zero du montage et mixage de crêpes... Godard, Mao... Mao, col... Col, chemise... Chemise, manche... Manche, outre... Outre manche, UK... UK, Ecosse... Ecosse, chardon... J'ai donc un lien fusionnel avec les chardons... Mais ça n'a pas d'intérêt... Mais le prisme du Cinéma ne transforme pas une chose inintéressante en chose intéressante... Regardez mes films, et vous comprendrez... Peut-être... Alors nous sommes perdus, aucun plan ne pourra sauver le Monde et toutes ces choses, et aucun spectateur ne pourra comprendre et aimer mes films, car mes films ne peuvent être aimés... Je n'ai plus besoin d'amour... Parce que... J'ai fait l'Eloge de l'Amour, et personne ne me l'a rendu... Tant mieux ou tant pis...Ou pas...

Ah mais c'est pas grave du tout si vous n'avez rien compris....






P.S.: pour mon prochain film, je recherche des figurantes qui soient nues et blondes, avec en premier rôle un boeuf charolais et un mulet (hommage à Bresson) bien membré et un cheval de labour, et en second rôle Tabatha Pouf et ou tamanoir... Ca s'appellera "Eloge de la profondeur"... Avis aux intéressées... Et aux autres aussi... Ou pas...
Le Cinéma est mort, ce qui compte c'est l'application du montage sur les neuro-émetteurs. Tout est question d'électricité. Le cinéma, c'est tapiner.
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Zelda Zonk
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Message par Zelda Zonk »

:lol: Grandiose ! :lol:

JLG plus vrai que nature !

A quand un top des "posts" ? Celui-ci y trouvera une excellente place.

Encore bravo :D
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Billy Budd
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Message par Billy Budd »

Margo a écrit :
garcia a écrit :Pour moi il ne vaut pas mieux qu'un Papon.
Plait-il ? :shock: :?

Le jour où Godard planifiera dans les grandes largeurs des rafles de juifs en Suisse, ta comparaison sera peut-être valable. C'est loin d'être le cas aujourd'hui, je trouve cette comparaison totalement hasardeuse... pour rester poli... :!:
Je ne crois pas que Papon ait planifié quoi que ce soit, cela est même ressorti de son procès
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Margo

Message par Margo »

Nikita a écrit :
Margo a écrit :
Plait-il ? :shock: :?

Le jour où Godard planifiera dans les grandes largeurs des rafles de juifs en Suisse, ta comparaison sera peut-être valable. C'est loin d'être le cas aujourd'hui, je trouve cette comparaison totalement hasardeuse... pour rester poli... :!:
Je ne crois pas que Papon ait planifié quoi que ce soit, cela est même ressorti de son procès
Sorry pour le mauvais choix sémantique... Sinon planifié, du moins participé, sorry :wink:
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Ouf Je Respire
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Message par Ouf Je Respire »

:shock: JLG est sorti de sa tanière! Opportuniste. Dès qu'on parle de lui, il la ramène, ça devient pathologique, son affaire. :lol:
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