La Cible Humaine (Henry King - 1950)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Jeremy Fox
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La Cible Humaine (Henry King - 1950)

Message par Jeremy Fox »

Suite à un sujet posté sur l’ancien forum par Atticus Finch sur les films que nous rêverions de voir ou revoir, j’avais cité « La cible humaine » de Henry King que j’avais découvert émerveillé 20 ans auparavant à la ‘dernière séance’ et que je n’avais jamais plus réussi à trouver Un forumeur, que je remercie encore vivement, m’a fait une copie de ce film que j’ai maintenant en ma possession.

Et le film alors ? Et bien il est resté intact tel que je l’avais encore en tête : une pure merveille, un western sobre, émouvant, intelligent et généreux par l’un des réalisateur les plus discret de Hollywood malheureusement aujourd’hui un peu oublié.

C’est l’histoire d’un tireur d’élite, Jimmie Ringo, voulant se ranger mais n’y arrivant pas, trouvant toujours sur son chemin un jeune prétentieux voulant obtenir la gloire d’avoir réussi à être plus rapide que lui. Gregory Peck dans le rôle de ce ‘héros’ las de cette vie passée à fuir les duels, arrive dans la ville où il a laissé une épouse et un fils qu’il n’a pas vu depuis 8 ans, ceux-ci ne pouvant plus supporter cette vie d’angoisse et de violence. Le film se passe quasiment en temps réel, sans aucune musique, et nous avons un Gregory Peck absolument parfait, égal à lui-même et un personnage de shérif parmi les plus beaux de l’histoire du cinéma, shérif, ex-truand de la bande à Jimmie mais maintenant vieilli, honnête et foncièrement humain (sublime Millard Mitchell)

J’avoue que les dix dernières minutes du film m’ont, comme la première fois, fait venir les larmes aux yeux. Et ça, sans la moindre musique, sans la moindre volonté de forcer le côté dramatique, par la seule force de l’interprétation de Gregory Peck et de la mise en scène de Henry King. Leur duo avait déjà donné le formidable Un homme de fer (déjà découvert par l’intermédiaire du forum et bientôt le test sur le site) mais là, ils font encore plus fort.

Un chef d’œuvre du genre et du cinéma qu’il serait bon de voir sortir en DVD.
Fatalitas
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Message par Fatalitas »

Je me joins à toi pour demander une sortie DVD car le moins que l'on puisse dire c'est que tu m'as donné envie de voir ce film :D :wink:
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Roy Neary
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Message par Roy Neary »

Pfiou... que ça remonte à loin tout ça ! Moi aussi, j'ai d'excellents souvenirs de ce formidable western (je préfère le titre original The Gunfighter). :D
L'histoire de ce personnage entre deux âges, qui se trimballe avec son lourd passé, est très émouvante. Où qu'il aille, il doit supporter le poids des regards. Je me rappelle parfaitement de la fin tragique vécue quasiment comme une délivrance, c'était magnifique.
Pour ajouter aux commentaires justement dithyrambiques de Jeremy, je mentionnerai la superbe photographie NB de Arthur Miller, proche du film noir (si je me souviens bien, car je l'ai vu aussi à la cinémathèque).
Vivement le DVD !
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Jeremy Fox
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Message par Jeremy Fox »

Roy Neary a écrit :Je me rappelle parfaitement de la fin tragique vécue quasiment comme une délivrance, c'était magnifique.
Tu t'en rappellais exactement comme moi mais il n'en est rien ;-)

Si la fin avait été vécue comme une délivrance, ç'aurait été déjà émouvant mais la délivrance, il l'avait eu 1/4 d'heure auparavant en ayant la certitude de recommencer une nouvelle vie avec sa femme et son fils après s'être fait oublier une année pendant laquelle il aurait eu le temps de trouver un ranch pour s'y installer avec sa bien-aimée.
SPOILER Il meurt en fait alors qu'il avait retrouvé l'espoir et ce final est d'une infinie et accablante tristesse. Jimmie refuse qu'on lynche son assassin car en restant vivant, il connaitra l'enfer qu'il a connu jusque là FIN DU SPOILER

Donc, encore plus émouvant que ce que tu t'en rappellais Ronny : un chef d'oeuvre ;-)
Judex
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Message par Judex »

un bien beau film en effet d'Henry King à qui l'on doit aussi un merveilleux jesse james : "le brigand bien aimé " ou un " prince noir" (prince of FOXes) avec un Orson Welles en tres grande forme.
Bref encore beaucoup de dvd a acheter :shock:
Atticus Finch
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Message par Atticus Finch »

Alors là Jeremy, je mets la Cible Humaine directement numéro Un de ma liste de films à voir au plus vite !
Viiiiite un cycle Gregory Peck aux Actions :lol:
Atticus
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Jeremy Fox
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Message par Jeremy Fox »

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La Cible Humaine - L'Homme aux Abois (The Gunfighter, 1950) de Henry King
20TH CENTURY FOX



Avec Gregory Peck, Helen Westcott, Millard Mitchell, Jean Parker, Karl Malden, Skip Homeier, Richard Jaeckel...
Scénario : William Bowers & William Sellers
Musique : Alfred Newman
Photographie : Arthur C. Miller (Noir et blanc)
Une production de Nunnally Johnson (20th Century Fox)
Noir et blanc - 84 mn - 1950


Sortie USA : 23 juin 1950

Le hors-la-loi Jimmie Ringo (Gregory Peck), connu pour être le tireur le plus rapide de l'Ouest, cherche désormais à fuir ce passé violent. C'est loin d'être évident car où qu'il se rende, il se trouve toujours sur son chemin des jeunes hommes avides de gloire qui le provoquent pour tenter de l'éliminer. C'est dans cette situation que Jimmie se voit contraint d'abattre Eddie (Richard Jaeckel), un jeune excité qui venait de le défier. Il quitte la ville mais les trois frères du jeune homme le poursuivent avec pour intention de le venger. Jimmie réussit momentanément à s'en débarrasser en faisant fuir leurs chevaux. Il se rend ensuite tout droit jusqu’à la petite ville de Cayenne où il espère revoir son épouse Peggy (Helen Westcott) et son jeune fils âgé de huit ans qui ignore qui est son père. Jimmie souhaite pouvoir convaincre Helen de tout quitter pour recommencer ensemble une nouvelle existence paisible dans une région où personne n’aurait entendu parler de lui. Mais à Cayenne, c'est l'effervescence depuis que l'on sait qu'un homme aussi tristement célèbre s'y trouve ; d'ailleurs on ne comprend pas pourquoi le shérif Mark Street (Millard Mitchell) ne le chasse pas immédiatement. Ce dernier demande à son ex-complice de quitter sa ville au plus vite mais lui accorde néanmoins le temps d'essayer d’entrer en contact avec son épouse qui, par l'intermédiaire de Molly (Jean Parker), la chanteuse du saloon, va finalement accepter une rapide entrevue. Mais alors que les trois frères d’Eddie se rapprochent dangereusement de la ville, Jimmie doit dans le même temps contrer un pistolero au sang chaud qui ne rêve que de se mesurer à lui et un père fou de douleur qui croit dur comme fer qu’il se trouve en face de l’assassin de son fils…

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Le tireur d'élite qui décide de se ranger définitivement en raccrochant ses armes, fatigué d'être sans arrêt pris à parti par de jeunes chiens fous voulant se prouver qu’ils peuvent le défier en duel pour savoir s’ils seront plus rapides que lui, voilà un thème dont on entend souvent qu’il est archi-rebattu. Et pourtant en y regardant bien, avant La Cible Humaine, un seul western en avait fait son sujet principal, La Vallée Maudite (Gunfighters, 1947) de George Waggner avec Randolph Scott dans le rôle du pistolero ; et après le film de King, je pense qu’on peut les compter sur à peine les doigts d’une main concernant tout du moins le western américain. Que cette thématique ait marqué les esprits par la tension sourde et le suspense qu’elle fait nécessairement naître, certes, mais que l’on affirme qu’elle soit convenue me parait non seulement exagéré mais de plus erroné surtout en 1950 où le film innovait au contraire. Et puis si la mise en scène de Georges Waggner pouvait à la limite être taxée de conventionnelle, on ne peut pas en dire autant de celle de Henry King. Les ‘westerners’ de l’époque ont d’ailleurs du avoir du mal à retrouver leurs marques devant un film aussi austère et aussi noir, sans aucun folklore et au contraire d’une étonnante modernité ; beaucoup ont du se retrouver dans la même position qu’à l’époque de la sortie du non moins rêche L’Etrange Incident (The Ox-Bow Incident) de William Wellman, western qui curieusement partage avec La Cible Humaine les mêmes décors concernant la ville dans laquelle se déroule la majeure partie de leurs intrigues respectives.

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L’idée du film aurait germé dans l’esprit d’André De Toth, auteur de l’histoire, alors qu’il était dans un bar : « J'ai constaté que dans ces établissements on essayait toujours de provoquer des gens comme Errol Flynn ou Clark Gable. Chaque fois qu'ils entraient dans un bar ou dans un restaurant, il y avait toujours quelqu'un, un petit jeune qui voulait crâner, qui les traitait de dégonflés. Je me suis dit que dans l'Ouest, ce devait être la même chose. » Quant au scénariste William Bowers, c’est lors d’un diner avec Jack Dempsey qu’il se serait fait la même réflexion, le boxeur lui expliquant qu’il n’arrêtait pas d’être importuné par des gêneurs voulant prouver qu’ils étaient plus forts que lui. L’histoire prend donc forme grâce à la collaboration des deux hommes et accouche d’un premier scénario intitulé ‘The Big Gun’. William Bowers essaie de convaincre sans succès John Wayne d’incarner le tireur d’élite. C’est alors qu’il rencontre Nunnally Johnson (grand scénariste, notamment de John Ford ainsi que du Jesse James de Henry King) qui, enthousiasmé par le projet, fait le forcing auprès de la Fox pour le monter. Le studio accepte qu’il le produise et qu’il mette son nez dans le scénario. C’est Gregory Peck (lui aussi passionné par le sujet) qui est engagé pour le rôle principal et qui sera dirigé par le réalisateur discret de son film précédent, le superbe Un Homme de Fer (Twelve O’Clock High).

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Dans un souci de plus grand réalisme, Henry King demande à l’acteur de se faire pousser la moustache, de se faire coiffer au bol tout en lui imposant une tenue vestimentaire ayant le plus de ressemblances avec les photographies de l’époque. Lors de la vision des rushes au bout de quinze jours de tournage, Spyros Skouras et Darryl F. Zanuck, les pontes du studio qui ne s’attendaient pas à un tel manque de ‘glamour’, à une telle insipide allure concernant le héros, demandent à ce que les séquences soient retournées avec un Gregory Peck imberbe. En connivence, l’acteur et le metteur en scène font tout pour faire croire que le coût s’élèverait dans ce cas à 300.000 dollars ; devant l’énormité de la dépense annoncée, la Fox se voit contrainte de laisser le tournage se poursuivre avec la moustache à qui on a d’ailleurs souvent imputé l’insuccès du film. Toujours pour l’anecdote, le personnage de Ringo aurait bien existé ; ce fut un cousin éloigné des frères Younger, ces derniers ayant fait partie à un moment de la bande à Jesse James. Ce fut également l’un des survivants du fameux règlement de comptes à OK Corral qui eut lieu contre les frères Earp, Wyatt étant cité à de nombreuses reprises dans le courant de ce film dont Bob Dylan a tiré l’histoire de sa chanson ‘Brownsville Girl’. Ceux qui ne connaitraient pas la fin et souhaiteraient ne toujours pas la savoir avant de découvrir le film, je leur conseille de ne plus lire la suite car difficile de parler de cette œuvre sans ouvrir quelques spoilers.

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L’histoire est donc celle d’un pistolero entre deux âges souhaitant ne plus avoir à être pris à parti toutes les cinq minutes par des imbéciles prétentieux voulant se prouver leur dextérité au pistolet, et qui décide de s’exiler pour trouver enfin la sérénité auprès de sa femme qui, ne supportant plus cette vie d’angoisse et de violence, avait décidé de le quitter pour élever seul le fils qu’elle avait eu de lui. L’intrigue se déroule quasiment en temps réel à partir du moment où Ringo arrive dans la ville de Cayenne (mais de toute manière en pas plus d’une journée si on prend le film dès la première séquence). Unité de temps mais aussi quasi unité de lieu car dès l’instant où Ringo entre dans le saloon tenu par un tout jeune Karl Malden, il n’en sortira quasiment plus si ce n’est pour se faire tuer. Pressé par le temps, sachant que les hommes à ses trousses ne devraient pas tarder à le rattraper, il n’aura de cesse que d’essayer de faire venir au plus vite son épouse mais à chaque fois ils seront empêchés de se retrouver par quelques éléments perturbateurs, notamment les habitants de la ville qui n’admettent pas qu’un bandit puisse s’arrêter paisiblement en ces lieux. Alors que pour les enfants, la venue de Ringo est presque un spectacle excitant et euphorisant, les adultes en ont peur, notamment les dames patronnesses respectables qui préfèreraient le voir se faire pendre sans même connaître les méfaits qu’il a pu commettre et surtout sans jugement. La séquence où ces dernières parlent de cette idée de lynchage devant Ringo sans savoir que c’est lui est assez cocasse ; l’ironie pointe son nez chez le doux Henry King qui, malgré sa ‘gentillesse’ légendaire, ne peut pourtant pas s’empêcher de fustiger la lâcheté, la mesquinerie, la bonne conscience et la méchanceté d’une partie de la population.

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Il n’est pas tendre non plus envers les jeunes hâbleurs voulant éprouver leur virilité en risquant leur vie sur un duel. Les personnages interprétés par Richard Jaeckel et Skip Homeier sont croqués avec virulence et le réalisateur ainsi que les scénaristes semblent s’être fait plaisir à insérer cette séquence au cours de laquelle le shérif envoie un coup de poing magistral dans la figure du jeune imbécile prétentieux après que ce dernier se soit vanté d’avoir enfin tué une légende. Quant au message final, il est assez ambigu (œil pour œil) à moins que ce soit une séquence de délivrance ou la démonstration de la bêtise et de l’absurde destinée de l’homme ; quoiqu’il en soit, elle demeure efficace et plutôt émouvante : Jimmie, mourant, demande à ce que son assassin ne soit pas arrêté mais qu’il puisse subir ‘la malédiction’, endurer à son tour l’enfer qu’il a vécu en tant que ‘cible humaine’. La mort tragique de Ringo, même si elle se faisait grandement pressentir, n’en est pas moins attristante d’autant plus qu’un regain de naïveté avait fait espérer au Gunfighter, l’espace de quelques minutes, la réalisation possible de son rêve de bonheur auprès de sa famille recomposée. Une fin désenchantée à l’image du film dans son ensemble, une des probables raisons de son semi-échec (comme ceux de The Ox-Bow Incident ou, plus proche de nous, de Yellow Sky qui détonaient déjà par leur noirceur), les aficionados n’étant pas encore prêts à un tel pessimisme, à une telle maturité et à un fatalisme déprimant au sein d’un genre faisant à l’époque souvent la part belle au folklore et au divertissement. Concession au studio ou volonté de sortir un peu de la grisaille qui prévalait, quoiqu’il en soit, on regrette la séquence finale au sein de l’église et la surimpression qui s’ensuit faisant entrer Ringo dans la légende alors qu’il n’y avait vraiment pas lieu d’être au vu du ton général de l’œuvre.

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Les amateurs de sensations fortes seront peut-être déçus par ce film qui s’attarde plus sur le portrait psychologique de son héros et sur d’abondants (mais excellents) dialogues que sur quelconque séquence mouvementée. Une certaine austérité de ton mais un traitement de la dramaturgie d’une redoutable efficacité et une mise en scène constamment remarquable, peu avare de travellings latéraux, d’amples et beaux mouvements de caméra, utilisant magistralement la profondeur de champs destinée à faire ressentir encore plus fortement la solitude de Ringo ; on le voit souvent seul en avant plan avec au fond de l’immense bar, toujours avec autant de netteté, la silhouette de quelques personnes rassemblées ne voulant pas se mêler à cette incarnation du mal. Sans esbroufe mais avec une efficace gestion de l’espace et du suspens, Henry King prouvait qu’il en était arrivé à une sorte de perfection dans la sobriété et la délicatesse tout de suite après le non moins splendide Twelve O’Clock High avec déjà un Gregory Peck impérial. Ici, au bout d’à peine 13 films, l’acteur possède dès lors une remarquable filmographie et son Jimmie Ringo pourrait être l’une de ses plus fabuleuses interprétations.

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Comme de nombreux héros de King, il s’agit d’un homme inquiet, solitaire, sans véritable charisme ("He don’t look so tough to me"), pas spécialement héroïque mais tout simplement humain car dans son ambition de changer de vie, il n’y a aucun désir de rédemption ou de pardon, seulement, égoïstement, de paix. Il aspire simplement, après de nombreuses années de crime et de rapine, à se poser et à tourner la page. Il ne s’agit plus d’un tireur d’élite flamboyant et racé mais d’un homme fatigué et désabusé ( "Voilà où j'en suis à 35 ans, et je ne possède même pas une bonne montre !"), portant sur le monde un regard assez pessimiste, ne désirant plus que conjurer un passé obsédant par la dépose de ses armes et l’exil loin des regards devenus difficiles à supporter. Sans trop en faire, Gregory Peck est constamment juste tout comme son partenaire Millard Mitchell qui interprète un personnage de shérif parmi les plus touchants de l’histoire du cinéma, ex-truand de la bande à Jimmie mais maintenant vieilli, honnête et foncièrement humain. Une troublante tendresse se fait jour entre les deux hommes, ainsi que dans les deux rencontres finales, celle entre Ringo et son épouse (Helen Westcott, pas plus glamour que l’ensemble du film) ainsi qu’entre Ringo et son jeune fils qui nous font remonter quelques belles bouffées d’émotion. Et puis le film a beau posséder une tonalité sombre, il n’en oublie pas quelques touches d’humour bienvenues ; outre la séquence sus citée de la ligue féminine, il faut parler de celle où un homme n’ose pas déranger la conversation entre le shérif et le bandit alors qu’il est venu pour prévenir qu’on est en train d’incendier sa maison ou encore celle au cours de laquelle des adultes, pas plus matures que les gamins excités par les évènements, se battent comme des chiffonniers au milieu de la rue. Le shérif les enjambe comme si de rien n’était ; au retour, agacé de les voir toujours se crêper le chignon, il rempli un seau d’eau qu’il leur renverse sur la tête continuant son chemin sans piper mot.

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Un western sobre et dépouillé mais dramatiquement très dense, dépourvu de toute emphase, à la beauté grave et poignante, évitant avec intelligence tous les lieux communs, empreint d’une tristesse nostalgique et d’une belle sensibilité. Et tout ceci, sans la moindre musique, sans la moindre volonté de forcer le côté dramatique, par la seule force de l’interprétation de Gregory Peck et de la mise en scène de Henry King. Une histoire tragique qui pourrait plaire même à ceux que le western aurait tendance à rebuter et notamment aux amateurs de films noirs, genre auquel il aurait pu se rattacher notamment au travers de la superbe photographie en noir et blanc d’Arthur C. Miller. Peut arriver à ennuyer quelques secondes si l'on s'attendait à un western remuant mais sinon, c'est du tout bon.
Sergius Karamzin
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Message par Sergius Karamzin »

Jeremy, il y a deux ans environ, je t'avais demandé ce qu'il fallait penser de The Bravados, qui passait à la TV. Et j'en suis quasiment sûr, tu m'avais dit "bof", et je ne l'avais pas vu.

L'aurais-tu revu récemment, et réévalué ?
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Jeremy Fox
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Message par Jeremy Fox »

Sergius Karamzin a écrit :Jeremy, il y a deux ans environ, je t'avais demandé ce qu'il fallait penser de The Bravados, qui passait à la TV. Et j'en suis quasiment sûr, tu m'avais dit "bof", et je ne l'avais pas vu.

L'aurais-tu revu récemment, et réévalué ?
Moi bof pour Bravados, ça m'étonnerait mais peut-être étais-je mal réveillé ce jour là, ça m'arrive.

J'ai revu le début récemment (je n'avais pas vu que mon enregistrement avait planté au bout d'une demi heure :( ) et j'ai trouvé ça magnifique. Je veux voir la suite maintenant car très bon souvenir de jeunesse.

C'est sur, les films de King prennent leur temps et je les apprécie plus maintenant qu'avant (comme Ford d'ailleurs)
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Message par JaimzHatefield »

Jeremy Fox a écrit :Si la fin avait été vécue comme une délivrance, ç'aurait été déjà émouvant mais la délivrance, il l'avait eu 1/4 d'heure auparavant en ayant la certitude de recommencer une nouvelle vie avec sa femme et son fils après s'être fait oublier une année pendant laquelle il aurait eu le temps de trouver un ranch pour s'y installer avec sa bien-aimée.
SPOILER Il meurt en fait alors qu'il avait retrouvé l'espoir et ce final est d'une infinie et accablante tristesse. Jimmie refuse qu'on lynche son assassin car en restant vivant, il connaitra l'enfer qu'il a connu jusque là FIN DU SPOILER
SPOILERS

C'est étrange. Dans mon souvenir, je le voyais qui s'en sortait et qui se faisait passer pour mort (avec sa tombe). Ou alors je dois me tromper de film.
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Message par Alex Blackwell »

JaimzHatefield a écrit :
Jeremy Fox a écrit :Si la fin avait été vécue comme une délivrance, ç'aurait été déjà émouvant mais la délivrance, il l'avait eu 1/4 d'heure auparavant en ayant la certitude de recommencer une nouvelle vie avec sa femme et son fils après s'être fait oublier une année pendant laquelle il aurait eu le temps de trouver un ranch pour s'y installer avec sa bien-aimée.
SPOILER Il meurt en fait alors qu'il avait retrouvé l'espoir et ce final est d'une infinie et accablante tristesse. Jimmie refuse qu'on lynche son assassin car en restant vivant, il connaitra l'enfer qu'il a connu jusque là FIN DU SPOILER
SPOILERS

C'est étrange. Dans mon souvenir, je le voyais qui s'en sortait et qui se faisait passer pour mort (avec sa tombe). Ou alors je dois me tromper de film.
Toi, je te connais, tu es sur rama aussi :D
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Message par Jeremy Fox »

JaimzHatefield a écrit :
Jeremy Fox a écrit :Si la fin avait été vécue comme une délivrance, ç'aurait été déjà émouvant mais la délivrance, il l'avait eu 1/4 d'heure auparavant en ayant la certitude de recommencer une nouvelle vie avec sa femme et son fils après s'être fait oublier une année pendant laquelle il aurait eu le temps de trouver un ranch pour s'y installer avec sa bien-aimée.
SPOILER Il meurt en fait alors qu'il avait retrouvé l'espoir et ce final est d'une infinie et accablante tristesse. Jimmie refuse qu'on lynche son assassin car en restant vivant, il connaitra l'enfer qu'il a connu jusque là FIN DU SPOILER
SPOILERS

C'est étrange. Dans mon souvenir, je le voyais qui s'en sortait et qui se faisait passer pour mort (avec sa tombe). Ou alors je dois me tromper de film.
Tu te trompes de film. Ce ne serait pas La première balle tue avec Glenn Ford ou Le pistolero de la rivière rouge toujours avec Glenn Ford ?
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Message par JaimzHatefield »

Alex Blackwell a écrit :Toi, je te connais, tu es sur rama aussi :D
Enchanté. :D
Jeremy Fox a écrit :Tu te trompes de film. Ce ne serait pas La première balle tue avec Glenn Ford ou Le pistolero de la rivière rouge toujours avec Glenn Ford ?
Je ne saurais dire... :?:

En décrivant le pitch, on pourra sûrement me renseigner. Il est question du tireur le plus rapide qui, las des défis et duels entend mener une vie paisible. Mais sa réputation le précède, et un homme vient le défier à nouveau...

SPOILERS:

Il s'en tire en enterrant son opposant dans une tombe sur laquelle il inscrit son propre nom, abandonant ainsi son honneur et sa légende trop lourde à porter.
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Message par Alex Blackwell »

JaimzHatefield a écrit :
Alex Blackwell a écrit :Toi, je te connais, tu es sur rama aussi :D
Enchanté. :D
Tout le plaisir est pour moi :)
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Message par Jeremy Fox »

JaimzHatefield a écrit :
Alex Blackwell a écrit :Toi, je te connais, tu es sur rama aussi :D
Enchanté. :D
Jeremy Fox a écrit :Tu te trompes de film. Ce ne serait pas La première balle tue avec Glenn Ford ou Le pistolero de la rivière rouge toujours avec Glenn Ford ?
Je ne saurais dire... :?:

En décrivant le pitch, on pourra sûrement me renseigner. Il est question du tireur le plus rapide qui, las des défis et duels entend mener une vie paisible. Mais sa réputation le précède, et un homme vient le défier à nouveau...

SPOILERS:

Il s'en tire en enterrant son opposant dans une tombe sur laquelle il inscrit son propre nom, abandonant ainsi son honneur et sa légende trop lourde à porter.
La première balle tue de Russel rouse (1956) avec Glenn Ford
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