William Wyler (1902-1981)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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joe-ernst
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Message par joe-ernst »

Histoire de détective (Detective Story, 1951), de William Wyler.

McLeod (Kirk Douglas), un flic psycho-rigide aux méthodes parfois peu orthodoxes, va voir ses problèmes conjugaux mêlés à ceux d'une enquête en cours...

Admirable film du grand Wyler, servi par une distribution sans faille, où dominent Kirk Douglas, fascinant, Eleanor Parker, dans le rôle de son épouse, William Bendix, dont l'humanité contraste avec la dureté de son collègue Douglas, Cathy O'Donnell, émouvante, et Lee Grant, très drôle dans celui d'une voleuse à l'étalage. A noter également dans un très court rôle, mais qui vaut son pesant de cacahuètes, de la grande Gladys George.

Presque toute l'action se passe au sein d'un commissariat et se déroule sur quelques heures, dans une mise en scène très réussie. Plusieurs thèmes y sont abordés, dont celui, délicat, de l'avortement. L'humanisme de Wyler envers les personnages s'y ressent et donne une note émouvante à ce film, malgré une fin quelque peu mélodramatique.
L'hyperréalisme à la Kechiche, ce n'est pas du tout mon truc. Alain Guiraudie
Nestor Almendros
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Message par Nestor Almendros »

L'HERITIERE (THE HEIRESS) - 1949 (TCM)

SPOILERS
Encore une belle réussite de Wyler avec ce mélodrame riche et bien troussé qui offre à Olivia de Havilland un rôle complexe, qui lui valut l'Oscar. Face à elle, on a Montgomery Clift (tout juste sorti de LA RIVIERE ROUGE et 2 ans avant UNE PLACE AU SOLEIL) et surtout Ralph Richardson impeccable en père froid et presque calculateur.

La richesse du récit vient des 2 intrigues parallèles qui nous sont proposées. Elles représentent, en fait les 2 types de relations qui interviennent dans cette histoire. D'abord il y a celle entre le père (riche, froid, perdu dans le passé avec le souvenir de sa femme décédée) et sa fille (physiquement très anodine, à la personnalité effacée, très en deçà de l'image que son père pouvait espérer). Evidemment cette relation dominant-dominé, en quelque sorte au départ, finira par s'inverser et le personnage de la fille (Olivia de Havilland) se transformera sous nos yeux, victime d'un amour tragique qui la renforcera.

L'autre pilier de l'histoire c'est le couple Havilland-Clift qui garde longtemps une imagerie optimiste, honnête. Et qui n'oublie jamais un certain suspense quant aux intentions véritables du garçon. En effet, quand il n'est pas présent et que c'est le père qui en parle, on nous le fait soupçonner. Mais quand il apparait et que les 2 tourtreaux se retrouvent, les doutes s'envolent l'espace de quelques minutes. C'est un bel exemple de personnage sur lequel notre regard change sans arrêt.

Ce sont surtout des relations où l'argent est au centre (consciemment ou pas). Ces relations, quelles qu'elles soient, sont perverties par l'argent. Il est si présent, provoque une telle inégalité, que les rapports ne peuvent qu'être faussés, et c'est ce qui arrive que ce soit entre le père et sa fille (désaccords) ou entre les 2 amoureux (perte de confiance).

Une histoire romanesque du meilleur effet, un très bon moment en tout cas.
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Watkinssien
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Message par Watkinssien »

Un cinéaste que j'apprécie beaucoup, que je suis en train de réévaluer !

Et je ne me lasserai jamais de Ben Hur !
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santiago
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Message par santiago »

Tout a fait d'accord : Wyler est un cinéaste à redécouvrir. Pas tout évidemment et surtout pas l'horrible Funny lady. Parmi ses réussites, je citerais Le cavalier du désert, Madame Miniver, Les plus belles années de notre vie, L'héritière (presque aussi beau que Lettre d'une inconnue d'Ophüls), Histoire de détective, Un amour désespéré, Vacances romaines (c'est la midinette qui s'exprime), La loi du seigneur, Les grands espaces, Ben Hur, La rumeur, L'obsédé....Pas mal quand même.
Une alimentation saine dirige l'énergie sexuelle dans les parties concernées
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cinephage
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Message par cinephage »

Profondo Rosso a écrit :Les Grands Espaces de William Wyler (1958)
Mention spéciale à une bande originale particulièrement inspirée (les envolées du générique de début !), et atypique de ce type de westerns. Le compositeur en est un certain Jerome Moross.
I love movies from the creation of cinema—from single-shot silent films, to serialized films in the teens, Fritz Lang, and a million others through the twenties—basically, I have a love for cinema through all the decades, from all over the world, from the highbrow to the lowbrow. - David Robert Mitchell
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Kevin95
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Message par Kevin95 »

santiago a écrit :Tout a fait d'accord : Wyler est un cinéaste à redécouvrir. Pas tout évidemment et surtout pas l'horrible Funny lady. Parmi ses réussites, je citerais Le cavalier du désert, Madame Miniver, Les plus belles années de notre vie, L'héritière (presque aussi beau que Lettre d'une inconnue d'Ophüls), Histoire de détective, Un amour désespéré, Vacances romaines (c'est la midinette qui s'exprime), La loi du seigneur, Les grands espaces, Ben Hur, La rumeur, L'obsédé....Pas mal quand même.
Étonnant que tu ne cites pas l'un de ses plus beaux films : The Letter ! :wink:
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Profondo Rosso
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Message par Profondo Rosso »

ah je n'avais pas vu le topic je remet mon avis ici du coup

Les Grand Espaces (The Big Country) de William Wyler (1958)

Image

Un marin débarque dans les "grands espaces" du Middle West pour y épouser la fille d’un grand propriétaire terrien. Homme intelligent et adepte de la non-violence, il va se trouver mêlé à la lutte que se livrent deux clans rivaux convoitant le même point d’eau : d’un côté les Terrill, sa future belle-famille, de l’autre les Hannassey que dirige un patriarche à poigne de fer.

Le début laisse un peu à penser à un "Chien de Paille" avant l'heure avec un Gregory Peck homme instruit et calme (ce qui est assez amusant quand on se souvient de son rôle de brute épaisse dans "Duel au Soleil") découvrant les rudesses de l'ouest et qui se fait malmener et mépriser par tous. On quitte assez vite ces sphères puisque bien au contraire, c'est son tempérament mesuré et sa force de caractère qui semble être la seule issue au conflit familial et d'intérêt au centre du film. Le titre original "The Big Country" n'est pas usurpé la réalisation de Wyler jouant à fond la carte de la démesure : plan d'ensemble grandiose à la profondeur de champ inouïe dans un scope de toute beauté appuyant bien la thématique de la vacuité des conflits personnels face à l'immensité de la nature. Les personnages apparaissent souvent minuscule dans les vastes plaines arides notamment une scène de bagarre entre Gregory peck et Charlton Heston vu à distance et de manière elliptique appuyant bien ainsi le propos de Wyler. Gregory Peck s'avère parfait en marin applicant ses préceptes maritimes dans l'ouest, toujours mesuré et loin du paraitre et des fanfaronnades de ceux qui l'entourent, s'avérant aussi capable qu'eux dans tout les domaines sans chercher à le montrer, entrant ainsi e conflit avec sa fiancée (Caroll Baker bien détestable) pure fille du cru fonctionnant sur ces rapports de forces et du paraitre. Tout les personnages en apparence forts du film s'avéront ainsi faible de caractère comme l'affreux fils Hannasey (bonne grosse ordure campé par cette vieille trogne de Chuck Connors) ou encore le personnage de Charlton Heston sous influence.Burl Ives bouffe l'écran en patriarche rugueux opposé à Charles Bickford et Jean Simmons compose un personnage d'institutrice des plus attachant avec son talent habituel. Malgré le propos intelligent et la réussite plastique indéniable ce n'est pas parfait non plus, le côté antispectaculaire (ça s'emballe vraiment sur la toute fin et brièvement) et la durée (2h40 quand même encore merci à la jaquette dvd mgm qui annonce 1h30 pas la première fois que ça me le fait) peuvent refroidir mais le spectacle est tout à fait convaincant. 4,5/6
someone1600
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Message par someone1600 »

De Wyler je n'ai encore vu que Ben-Hur et Roman Holiday. Inutile d'ajouter que je suis fan des deux films. :wink: :lol:
Pecos Bill
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Re:

Message par Pecos Bill »

Kevin95 a écrit :
Étonnant que tu ne cites pas l'un de ses plus beaux films : The Letter ! :wink:
Et Jezebel?
someone1600
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Re: William Wyler

Message par someone1600 »

En y repensant j'ai aussi vu How to steal a million que j'aime beaucoup aussi. :wink:
Jipi
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L'héritière

Message par Jipi »

« Plaisir d’amour ne dure qu’un moment, chagrin d’amour dure toute la vie »

Catherine Sloper sans être laide n’est pas attirante. Timide, un peu gauche, portant mal la robe cerise elle alimente indifférences et courtoisies forcées chez un père caustique et des chevaliers servants improvisés prenant la fuite à la moindre occasion.

Jusqu’au jour ou se présente Morris Townsend prétendant tenace au discours grisant, élégant, beau garçon mais oisif sans situation ni fortune.

Un personnage complètement asymétrique en comparaison de cette mijaurée à la coiffure sommaire boutonnée jusqu'à la gorge. Tout cela semble trop beau pour être vrai.

« L’héritière « est un parcours initiatique menant suite à une énorme désillusion un personnage sans intérêt, complexé en absence totale de détermination personnelle vers l’éveil réaliste mais salutaire d’une compréhension rationnelle de la vraie vie celle écrite hors de romans faisant frissonner des jeunes filles révant de se faire enlever.

Filmé dans des décors somptueux hélas sans couleurs, ce film magnifiquement réalisé métamorphose par l'expérience une bourgeoise insignifiante déçue par un amour inespéré en femme responsable tenant tête à un père égoïste et dominateur sentant sa fin prochaine.

Magnifiquement interprétée par Olivia de Havilland justement oscarisée, l’héritière esquisse parfaitement l’école des espérances et des amertumes léguées à une héroïne nantie de traits entre laideur et beauté.

Elevée par l’absence et le manque d’affection Catherine passe de l’espoir à la déception arômes d'une cruauté déterminée assouvie dans un escalier gravi en femme maître de son destin.
Chaque individu a le devoir de se réaliser par l'esprit dans le contexte historique de son époque.
GORT
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Re: William Wyler

Message par GORT »

Concernant l'Héritière que nous avons eu la chance de revoir dernièrement à la télévision, je serais plutôt nuancé quant aux sentiments mis en avant dans cet huis-clos intimiste...

Le père, la fille et le prétendant montrent une psychologie en demi-teinte... Le père (interprété magistralement par Sir Ralph Richardson) veut le bonheur de sa fille, tout en respectant les bases d'une morale traditionnelle basée sur l'honneur et le travail)... Aucun énervement de sa part pour amener l'héritière à la raison... des termes choisis dans le calme et le couperet final qui tombe inéxorablement (deshéritement).

Montgomery Clift en amoureux éconduit, ne force nullement le jeu... Est-il complétement intéressé par la fortune qui se profile à l'horizon ?... Certes, il avoue aimer une vie désinvolte, mais paraît tomber sous le charme de cette jeune-fille qui le change des mondanités quotidiennes !.... Il s'éloigne d'ailleurs pendant plusieurs années, alors qu'il apparaît clairement que l'objet de ses sentiements n'est pas dans le dénument, même si une partie de l'héritage semble lui échapper !

Quant à Olivia de Havilland : il est certain que son physique assez neutre et sa personnalité effacée, lui collent à la peau dans un rôle où l'on assiste progressivement à une transformation radicale... "effacée" ne veut pas dire "sans personnalité"... et l'on peut supposer que sa retenue pendant le vivant de son père n'était que "respect"... jusqu'au jour où ses sentiments ont pris le dessus !... Sa décision finale de rester seule est une marque de volonté qui justifie l'appellation d'héritière... tant elle rejoint par cet acte décisif le jugement familial...
La "petite lucarne" ne remplacera jamais la "Grande Toile" !
villag
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Re: William Wyler

Message par villag »

J'aimerais trouver en dvd MRS MINIVER avec W Pidgeon et Greer Garson....( en dvd z2, car il existe z1)
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Re:

Message par villag »

Jeremy Fox a écrit :Funny girl est en effet assez mauvais mais moi aussi je recommanderais quand même l'un des plus beau péplum de l'histoire du cinéma, Ben Hur, un western inégal mais néanmoins très intéressant, Les grands espaces, le sympathique Vacances romaines (mais qui a pris un sacré coup de vieux surtout quand on le compare aux comédies de Wilder).
Pas revu depuis une éternité Les plus belles années de notre vie

Bilan mitigé mais de là à dire qu'il n'a fait que des daubes, il y a un gouffre que je n'aurais même jamais osé penser :roll:

A propos de VACANCES ROMAINES; d'accord, le film a pris un petit coup de vieux; les moeurs ont, disons, evoluées, les princesses ne sont plus ce qu'elles etaient!.....Cependant, film tjs aussi adorable, drôle ( j'ai revu le dvd hier), et quel beau couple!
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Re: William Wyler

Message par someone1600 »

C'est clair. C'est toujours aussi intéressant comme film. J'aime particulierement voir les acteurs évoluer dans un endroit que j'ai moi-meme visiter 50 ans plus tard. Et comme en plus Audrey est mon actrice préférée et que j'aime beaucoup Gregory Peck, je suis aux anges avec ce film. :roll: :wink:
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