Evolution de la cinéphilie française
Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky
- Jeremy Fox
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Ce n'est peut-être pas une question de qualités personnelles ou d'individus mais plutôt une question structurelle. Il y a quand même eu une profonde transformation des structures économiques à Hollywood dans la fin des années 70 (approximatif : je laisse les plus connaisseurs préciser) qui, par ricochet, a transformé les modes de production. A leur arrivée, les multinationales ont introduit de nouvelles formes de management, considèrant qu'un film c'est un produit comme un autre et qu'il doit faire l'objet du même traitement industriel. La vision "dernier nabab" est sans doute caricaturale - mais il y a certainement dans l'histoire des studios des éléments qui la confirme, ne serait-ce qu'en partie.Jeremy Fox a écrit :
Oui mais regardez à la RKO, il n'y a jamais eu un seul connaisseur (si, un seul pour un passage éclair) et pourtant le nb de chef d'oeuvre qui est sorti de ce studio est impressionnant.
I would prefer not to
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D'acc avec toi: la notion d'art industriel ou d'industrie artistique, fortement inmplanté dans l'esprit des nababs, a été abandonné au profit de la seule notion d'industrie. Seuls des Harvey Weinstein essayent d'essayer de conjuguer les deux et encore (plus depuis un certain temps)... Dreamwork à la rigueur en ayant fait emerger Sam Mendès et son American Beauty par ex...
- Jeremy Fox
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je généralisais à l'ensemble de l'histoire du studio : va acheter les cahiers du cinéma, tu en sauras plusSergius Karamzin a écrit :Vous avez tous fumé la moquette !!!
A la RKO il y a eu un ovni à la production, c'est Val Lewton, qui donna naissance aux plus beaux films de Tourneur (La Féline et Vaudou) mais aussi à l'Invasion des Profanterus de sépultures de Wise.
Ce type était un génie.
- Beule
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Je ne jurerais pas non plus que vous-même tirez de votre long fume-cigarettes des substances parfaitement licites, cher ComteSergius Karamzin a écrit :Vous avez tous fumé la moquette !!!
A la RKO il y a eu un ovni à la production, c'est Val Lewton, qui donna naissance aux plus beaux films de Tourneur (La Féline et Vaudou) mais aussi à l'Invasion des Profanterus de sépultures de Wise.
- Jeremy Fox
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Nan c'est pas ça . Le Siegel n'est pas produit pas Lewton. Wise a bien réalisé un Body snatcher produit par Lewton mais qui n'a rien à voir avec le classique de la SF. C'est une adaptation de la nouvelle de Stevenson. Sergius s'est juste trompé dans la traduction française. Le titre français est le Récupérateur de cadavres.Jeremy Fox a écrit :Et puis en plus c'est Siegel et non Wise
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- Jeremy Fox
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Merci pour vos contributions.
mais vraiment.
vos idées sont très pertinentes.
d'ailleurs, je suis d'accord avec celui qui affirme qu'il n'y a plus autant de talents dans les studios qu'auparavant.
c'est vrai que dans les années 40, il n'y avait quasiment pas de cinéma US en dehors d'Hollywood. Maintenant, bon nombre de films américains se font en dehors des grands studios.
d'autre part, Hollywood a aussi attiré bon nombre de grands réa européens parce qu'à l'époque peut-être qu'on leur laissait plus de libertés. Ainsi, ils pouvaient bénéficier des moyens financier extraordinaires des studios sans se laisser marcher sur les pieds car les nababs reconnaissaient leurs talent.
ce n'est plus vraiment le cas aujourd'hui.
Beule me corrigera si je me gourre encore une fois.
mais vraiment.
vos idées sont très pertinentes.
d'ailleurs, je suis d'accord avec celui qui affirme qu'il n'y a plus autant de talents dans les studios qu'auparavant.
c'est vrai que dans les années 40, il n'y avait quasiment pas de cinéma US en dehors d'Hollywood. Maintenant, bon nombre de films américains se font en dehors des grands studios.
d'autre part, Hollywood a aussi attiré bon nombre de grands réa européens parce qu'à l'époque peut-être qu'on leur laissait plus de libertés. Ainsi, ils pouvaient bénéficier des moyens financier extraordinaires des studios sans se laisser marcher sur les pieds car les nababs reconnaissaient leurs talent.
ce n'est plus vraiment le cas aujourd'hui.
Beule me corrigera si je me gourre encore une fois.
- Beule
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Puisque tu me tends la perche, je vais me gêner tiens
Ta vision de l'industrie du cinéma hollywoodien me paraît bien utopique quand même.
Oui les directeurs des studio étaient généralement de vrais pionniers passionnés de cinéma, oui ils étaient capables pour certains d'entre eux de produire certains projets dont ils questionnaient le potentiel commercial (ie le célèbre exemple de Zanuck pour The Ox Box Incident), mais en général c'était donnant donnant. Ils ne s'agissait ni de mécènes , ni à fortiori de philanthropes mais bien de directeurs de studios devant répondre des résultats financiers devant le comité directeur et les actionnaires.
Quant à nier l'ingérence de producteurs tels que Zanuck, Harry Cohn, Selznick ou Thalberg sur les plateaux, il y a un pas que je ne franchirai pas, au regard du caractère souvent despotique de ces figures légendaires.
Il n'y a probablement pas une dizaine de réalisateurs qui aient pu bénéficier d'une telle carte blanche au regard du respect qu'ils auraient inspiré à ces moguls. Peut-être même pas un seul en dehors de DeMille. Même Ford dut batailler 10 ans pour mener à bien L'homme tranquille, et dut capituler sous les pressions de Selznick quant au montage de La poursuite infernale...
Alors la renommée des immigrés européens, je pense qu'elle ne valait pas bien lourd. Il ne faut pas se leurer. L'influence de la vague d'immigration de cinéastes européens sur le cinéma hollywoodien des 40s est réelle mais elle est plus subie qu'initiée par Hollywood. C'est la conjoncture européenne qui est le déclic. Pour un Hitchcock, un Tourneur, un René Clair, combien d'immigrations forcées?
La réputation d'un Renoir ne vaut pas bien lourd à son arrivée à Hollywood. Celle d'un Duvivier non plus, et pour exister ce dernier doit reconduire le schéma de son succès français le plus patent, Un carnet de bal, transposé dans un contexte américain (Lydia). Comme liberté d'expression artistique, il y a mieux . Et jamais ces deux réalisateurs français mythiques ne trouveront à Hollywood la liberté dont ils bénéficiaient en France...
Certains réalisateurs immigrés d'origine germanique parmi les plus talentueux (Sirk par exemple, une semaine de tournage entre 1940 et 1942 pour Hitler's madman en tout et pour tout) ne trouveront d'emploi que grâce aux indépendants tels que Arnold Pressburger ou Edward Small. Les moguls des grands studios les ignorent superbement et les ignoreront souvent pendant toute la décennie.
D'autres comme le génial Siodmak de Mollenard ou Pièges doivent multiplier les panades pour la Universal avant d'être enfin remarqués dans le film noir, sans y gagner leur indépendance créative pour autant. Et encore ceux là travaillent-ils et pourvoient-ils par le fond d'entraide créé à la subsistance de certains de leurs confrères, au génie reconnu en Europe mais sans emploi durant sept ans lors de leur arrivée forcéee aux US (Ophüls!).
Non, je pense que le tableau que tu brosses est vraiment très idéalisé. Au contraire il me semble que l'indépendance créative est beaucoup plus facilement accordée aujourd'hui dans le Hollywood du tout financier. Burton obtint carte blanche en 1992 pour Batman returns sur la simple foi du raz-de marrée de son premier opus. Aujourd'hui n'importe quel studio tirerait un cheque en blanc pour un projet mené par Cameron.
Je reste même persuadé que les financiers d'aujourd'hui sont plus ouverts sur le monde et donc aux talents extérieurs (voire le courant d'exportation des talents anglais dans les 90s, ou les exemples des Frenchies comme Jeunet ou Siri)
Par contre en cas d'échec impromptu, le retour de baton est, c'est vrai, bien plus terrible.La confiance ne se mesure qu'en termes de tiroir caisse.
Ta vision de l'industrie du cinéma hollywoodien me paraît bien utopique quand même.
Oui les directeurs des studio étaient généralement de vrais pionniers passionnés de cinéma, oui ils étaient capables pour certains d'entre eux de produire certains projets dont ils questionnaient le potentiel commercial (ie le célèbre exemple de Zanuck pour The Ox Box Incident), mais en général c'était donnant donnant. Ils ne s'agissait ni de mécènes , ni à fortiori de philanthropes mais bien de directeurs de studios devant répondre des résultats financiers devant le comité directeur et les actionnaires.
Quant à nier l'ingérence de producteurs tels que Zanuck, Harry Cohn, Selznick ou Thalberg sur les plateaux, il y a un pas que je ne franchirai pas, au regard du caractère souvent despotique de ces figures légendaires.
Il n'y a probablement pas une dizaine de réalisateurs qui aient pu bénéficier d'une telle carte blanche au regard du respect qu'ils auraient inspiré à ces moguls. Peut-être même pas un seul en dehors de DeMille. Même Ford dut batailler 10 ans pour mener à bien L'homme tranquille, et dut capituler sous les pressions de Selznick quant au montage de La poursuite infernale...
Alors la renommée des immigrés européens, je pense qu'elle ne valait pas bien lourd. Il ne faut pas se leurer. L'influence de la vague d'immigration de cinéastes européens sur le cinéma hollywoodien des 40s est réelle mais elle est plus subie qu'initiée par Hollywood. C'est la conjoncture européenne qui est le déclic. Pour un Hitchcock, un Tourneur, un René Clair, combien d'immigrations forcées?
La réputation d'un Renoir ne vaut pas bien lourd à son arrivée à Hollywood. Celle d'un Duvivier non plus, et pour exister ce dernier doit reconduire le schéma de son succès français le plus patent, Un carnet de bal, transposé dans un contexte américain (Lydia). Comme liberté d'expression artistique, il y a mieux . Et jamais ces deux réalisateurs français mythiques ne trouveront à Hollywood la liberté dont ils bénéficiaient en France...
Certains réalisateurs immigrés d'origine germanique parmi les plus talentueux (Sirk par exemple, une semaine de tournage entre 1940 et 1942 pour Hitler's madman en tout et pour tout) ne trouveront d'emploi que grâce aux indépendants tels que Arnold Pressburger ou Edward Small. Les moguls des grands studios les ignorent superbement et les ignoreront souvent pendant toute la décennie.
D'autres comme le génial Siodmak de Mollenard ou Pièges doivent multiplier les panades pour la Universal avant d'être enfin remarqués dans le film noir, sans y gagner leur indépendance créative pour autant. Et encore ceux là travaillent-ils et pourvoient-ils par le fond d'entraide créé à la subsistance de certains de leurs confrères, au génie reconnu en Europe mais sans emploi durant sept ans lors de leur arrivée forcéee aux US (Ophüls!).
Non, je pense que le tableau que tu brosses est vraiment très idéalisé. Au contraire il me semble que l'indépendance créative est beaucoup plus facilement accordée aujourd'hui dans le Hollywood du tout financier. Burton obtint carte blanche en 1992 pour Batman returns sur la simple foi du raz-de marrée de son premier opus. Aujourd'hui n'importe quel studio tirerait un cheque en blanc pour un projet mené par Cameron.
Je reste même persuadé que les financiers d'aujourd'hui sont plus ouverts sur le monde et donc aux talents extérieurs (voire le courant d'exportation des talents anglais dans les 90s, ou les exemples des Frenchies comme Jeunet ou Siri)
Par contre en cas d'échec impromptu, le retour de baton est, c'est vrai, bien plus terrible.La confiance ne se mesure qu'en termes de tiroir caisse.
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Impressionnante synthèse, Mr Beule... Tu confirmes (et précises considérablement) le sentiment confus que j'en avais.Beule a écrit : Au contraire il me semble que l'indépendance créative est beaucoup plus facilement accordée aujourd'hui dans le Hollywood du tout financier.
(...)
Par contre en cas d'échec impromptu, le retour de baton est, c'est vrai, bien plus terrible.La confiance ne se mesure qu'en termes de tiroir caisse.
Une petite question me taraude (je dévie un peu du sujet), concernant la tutelle politique. Certains parlent d'un retour en force de l'idéologie dans ce Hollywood ultra-libéral (depuis Reagan et plus encore depuis Bush 2). Peut-on dire là encore qu'il s'agit d'une vision faussée ? Autrement dit, la logique du tiroir caisse trouve-t-elle une limite dans la tutelle politique - et, surtout, cette emprise a-t-elle changé de nature ?
Mon sentiment, c'est que l'on est passé d'une logique de censure (avec la mise en avant d'un corps de valeurs, d'une moralité, d'un mode de vie etc.) à une logique de régulation gouvernementale (des contraintes plus strictement politiques voire politiciennes). Ca vous paraît juste ?
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