Le cinéma Fantastique italien (1956-1979)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky

Répondre
Invité1
Electro
Messages : 779
Inscription : 19 déc. 21, 11:09

Le cinéma Fantastique italien (1956-1979)

Message par Invité1 »

Comme je n'ai pas trouvé de topic à ce sujet, je me permets d'en ouvrir un qui pourrait éventuellement finir par regrouper tous les films du genre. Des plus célèbres aux plus obscurs. Des chefs-d’œuvre aux gros nanars. Je pense qu'il y a de quoi échanger...


- LE MOULIN DES SUPPLICES -

Image


Coproduction franco-italienne de 1960, Il Mulino Delle Donne Di Pietra est l'adaptation d'une courte nouvelle, Mill Of The Stone Women, parue dans le recueil Flemish Tales de l'écrivain flamand Pieter van Weigen.

Image

Suite au double succès internationaux orchestrés par la société Hammer avec les superbes œuvres de Terence Fisher que sont Frankenstein S'est Échappé ! (1957) et Le Cauchemar De Dracula (1958), le réalisateur italien Giorgio Ferroni se voit marcher sur les traces du cinéaste britannique pour aboutir à un métrage que n'aurait certainement pas renié la fameuse firme au marteau. Et si Pieter van Weigen s'était largement inspiré du célèbre Masques De Cire (Michael Curtiz - 1933), que l'on peut visionner en bonus sur l'édition BR de son remake en 3D, L'Homme Au Masque De Cire (André de Toth - 1953), pour créer le cadre macabre de son moulin, les scénaristes du long-métrage ont vraisemblablement été influencés par Le Sang Du Vampire (Henry Cass - 1958) et la sublime production française Les Yeux Sans Visage (Georges Franju - 1960), sortie sur les écrans quelques mois plus tôt.

Image

Nous sommes en 1912, en plein cœur de la campagne avoisinant Amsterdam. Hans van Arnim (Pierre Brice), un étudiant, se voit confier la tâche de recueillir une documentation détaillée pour célébrer le centenaire du "carillon aux femmes de pierre" dans un moulin que le professeur Wahl (Herbert Boehme) a métamorphosé en un musée de cire des plus macabres puisqu'il ne présente que des héroïnes de l'Histoire suppliciées. Lors de son séjour et ce malgré la proche présence de sa petite amie, Liselotte (Dany Carrel), Hans tombe sous le charme d'Elfi (Scilla Gabel), la fille leucémique et mourante du professeur Wahl qui tombe éperdument amoureuse de notre étudiant. Ce dernier la rejette finalement avant qu'elle ne succombe dans ses bras. Rongé par la culpabilité après s'être enfui du moulin, Hans décide de tout avouer à Wahl mais se retrouve nez à nez avec Elfi, bel et bien vivante. Témoin d'étranges hallucinations de plus en plus régulières, Hans commence à douter de sa propre raison...

Image

De la direction photo, en passant par les décors ou la jolie musique de Carlo Innocenzi, Le Moulin Des Supplices fait indéniablement penser à du Fisher de la même époque. Souterrains embrumés et jeunes demoiselles sacrifiées visent ainsi à l'évidence le renouveau gothique en mode Hammer, même si le réalisateur esquisse un certain déjà-vu avec quelques clins d’œil au Frankenstein de Whale (1931) ou au Vampyr de Dreyer (1932). Tout un pan de la culture Fantastique que Giorgio Ferroni a parfaitement assimilé pour en proposer ici une vision macabre personnelle et plutôt rafraîchissante.

Ma note : 7/10
Avatar de l’utilisateur
HAL 9000
Doublure lumière
Messages : 689
Inscription : 4 oct. 06, 18:10

Re: Le cinéma Fantastique italien naphta (1956-1979)

Message par HAL 9000 »

J'ai revu Le Moulin des supplices (et quelques-unes de ses multiples versions) avec grand plaisir sur le Blu-ray Artus, puis sur le Blu-ray Arrow. Quel film somptueux ! la restauration Arrow est un bon cran au-dessus de celle proposée par Artus, cela dit les éditions sont complémentaires. Celle d'Artus proposant une version "intégrale", qui est en fait la version italienne de Ferroni agrémentée de la séquence dans laquelle Dany Carell confie à Marco Guglielmi son amour pour Pierre Brice, séquence spécifique à la version française. La version française étant la seule à placer Dany Carell en premier au générique, ceci expliquant peut-être cela. Le Blu-ray Arrow, quant à lui, propose 4 montages différents, présentés séparément : la version italienne, la version anglaise "Export", la version française et la version US, cette dernière étant la plus différente, des scènes étant réagencées lors du cauchemar de Pierre Brice, avec des effets spéciaux où l'image se déforme pour bien faire comprendre que la scène n'est pas réelle. Cette version a également un autre doublage anglais, la musique étant par moment différente des autres versions. Le film s'ouvre d'ailleurs sur une voix-off totalement à côté de la plaque.

Malgré la mention au générique d'un certain Pieter Van Wergen, dont la nouvelle aurait inspiré le scénario, c'est en réalité à Ferroni (entre autres) que l'on doit la paternité de l'histoire. Les actrices et les acteurs sont très beaux, bien éclairés et habillés. L'ambiance est macabre à souhait, entre la musique hantée de Carlo Innocenzi, l'intérieur du moulin et ses pièces remplies de sculptures aux visages déformées par la douleur. Les rouages du moulin sont également bien mis en valeur par l'éclairage et les mouvements de caméra. Le film, tourné en studio à Cinecitta, et offrant aussi quelques plans d'extérieur tournés en Hollande et en Belgique, n'est pas exempt de défauts pour autant. Les personnages n'ont de cesse de répéter leurs noms avec lourdeur pour que le spectateur s'en souvienne, Les plans de la maquette du moulin ne fait pas vraiment illusion, et Elfie tombe amoureuse un peu vite de ce pauvre Hans (le ténébreux Pierre Brice, avec son physique à la Alain Delon) qui n'a rien demandé. Il témoigne d'ailleurs d'une force de caractère exceptionnelle pour résister ainsi à Scilla Gabel ! Il faut dire que Dany Carell, tout aussi charmante mais dans un genre plus discret, se pâme -aussi- d'amour pour lui... Un grand film du genre !
Répondre