- LE MOULIN DES SUPPLICES -
Coproduction franco-italienne de 1960, Il Mulino Delle Donne Di Pietra est l'adaptation d'une courte nouvelle, Mill Of The Stone Women, parue dans le recueil Flemish Tales de l'écrivain flamand Pieter van Weigen.

Suite au double succès internationaux orchestrés par la société Hammer avec les superbes œuvres de Terence Fisher que sont Frankenstein S'est Échappé ! (1957) et Le Cauchemar De Dracula (1958), le réalisateur italien Giorgio Ferroni se voit marcher sur les traces du cinéaste britannique pour aboutir à un métrage que n'aurait certainement pas renié la fameuse firme au marteau. Et si Pieter van Weigen s'était largement inspiré du célèbre Masques De Cire (Michael Curtiz - 1933), que l'on peut visionner en bonus sur l'édition BR de son remake en 3D, L'Homme Au Masque De Cire (André de Toth - 1953), pour créer le cadre macabre de son moulin, les scénaristes du long-métrage ont vraisemblablement été influencés par Le Sang Du Vampire (Henry Cass - 1958) et la sublime production française Les Yeux Sans Visage (Georges Franju - 1960), sortie sur les écrans quelques mois plus tôt.

Nous sommes en 1912, en plein cœur de la campagne avoisinant Amsterdam. Hans van Arnim (Pierre Brice), un étudiant, se voit confier la tâche de recueillir une documentation détaillée pour célébrer le centenaire du "carillon aux femmes de pierre" dans un moulin que le professeur Wahl (Herbert Boehme) a métamorphosé en un musée de cire des plus macabres puisqu'il ne présente que des héroïnes de l'Histoire suppliciées. Lors de son séjour et ce malgré la proche présence de sa petite amie, Liselotte (Dany Carrel), Hans tombe sous le charme d'Elfi (Scilla Gabel), la fille leucémique et mourante du professeur Wahl qui tombe éperdument amoureuse de notre étudiant. Ce dernier la rejette finalement avant qu'elle ne succombe dans ses bras. Rongé par la culpabilité après s'être enfui du moulin, Hans décide de tout avouer à Wahl mais se retrouve nez à nez avec Elfi, bel et bien vivante. Témoin d'étranges hallucinations de plus en plus régulières, Hans commence à douter de sa propre raison...

De la direction photo, en passant par les décors ou la jolie musique de Carlo Innocenzi, Le Moulin Des Supplices fait indéniablement penser à du Fisher de la même époque. Souterrains embrumés et jeunes demoiselles sacrifiées visent ainsi à l'évidence le renouveau gothique en mode Hammer, même si le réalisateur esquisse un certain déjà-vu avec quelques clins d’œil au Frankenstein de Whale (1931) ou au Vampyr de Dreyer (1932). Tout un pan de la culture Fantastique que Giorgio Ferroni a parfaitement assimilé pour en proposer ici une vision macabre personnelle et plutôt rafraîchissante.
Ma note : 7/10