Paul Leni (1885-1929)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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The Eye Of Doom
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Paul Leni (1885-1929)

Message par The Eye Of Doom »

Paul Leni n’ayant pas de topic apparement, j’en cree un, à l’occasion de la vision de :

Le cabinet des figures de cire (1924)

C’est un film celebre dont on questionne les raisons en le découvrant.
En effet, il cumule plusieurs défauts rédhibitoires.
Tout d’abord, on nous promet 4 sketchs et on en aura que trois.
Ensuite le premier, sur Haroun ar Rachid est trop long, laborieux, pas tres drôle alors qu’il se veut plutôt comique, et il faut supporter Emil Jannings qui meme méconnaissable arrive a cabotiner. A peine sauve t’on les decors et quelques plans.
Le troisième est bien trop court et le fil rouge leger..

De fait, la seule vrai raison de voir le film est le sketch avec Ivan le terrible, remarquable. Porté ici par un Conrad Veidt au sommet, qui incarne littéralement le tyran. Les decors sont superbes, dédales de couloirs trop bas, de caves, de chambres etouffantes, d’escaliers sombres, officines malefiques. Peuplés de brutes sanguinaires, de tortionaires, d’empoisonneurs, de fous.
Tout est dit dans le premier plan où on voit Ivan et son ame damnée avancer courbés dans un conduit trop petit. On est sous terre, proche de l’enfer, ... voir le plan superbe sur le 1er condamné avec l’escalier en arrière plan.
Le passage où Ivan, jusqu’ici vetu d’une longue robe blanche, contrastant avec la noirceur de son enfer privé, vas revetir de ses habits d’apparat et se transformer en icone est impressionnante.
Tout le passage au mariage est aussi superbe, avec
Spoiler (cliquez pour afficher)
Le cadavre du pere abandonné sur le seuil
On comprend pourquoi ce segment a fait et fait toujours forte impression. Il est un sommet du cinema expressionniste.
A noter que le film sort la meme année que Les Nibelungen.

J’ai adoré.

Le final moins impressionnant autour de Jack L’eventeur est toutefois fort interessant dans sa recherche formelle. Leni reprends le principe des decors peints de Caligari mais les transcende par une double exposition de la pellicule, formidable effet spécial, provoquant flottements, irréalités, tension, panique.
Virtuose.

Voila donc un bilan mitigé. Le film en tant que tel n’est pas reussi mais ceux qui tiendront le coup durant le 1er sketch seront largement récompensés.

La copie du bluray Eureka reflete la qualité des sources disponibles mais est globalement tres belle sur les parties les les plus passionnantes du film.
A noter un tres beau travail sur les différents tonalités de teints utilises, notamment pour le sketch d’Ivan.

J’ai préféré, comme souvent pour ce type de film, l’accompagnement « contemporain » a celui au piano: il est tres bien.

Les deux supplements sont d’intérêt inégal. Celui sur la restauration donne quelques pistes sur les scenes manquantes dans la version disponible aujourd’hui. L’interview du « spécialiste » est assez creux.
Pas lu le booklet ou écouté le commentaire.

Je ne regrette pas mon acquisition.
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