Le Chanbara

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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bruce randylan
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Message par bruce randylan »

Spike a écrit :Je ne sais pas si la division en deux parties du roman (La Pierre et le sabre / La Parfaite Lumière) est due à l'auteur ou bien résulte d'un choix éditorial occidental. Par ailleurs, la version française est traduite à parti de l'édition américaine tronquée (Ex. Les noms propres mis au pluriel sont légion dans l'édition J'ai Lu).
A la base, c'était un feuilleton qui apparaissait dans un périodique. :wink:
Spike a écrit : Il paraît que ce n'est pas terrible.
Je l'ai vu il y a une petite dizaine d'années, donc souvenir lointain (à l'époque sur YT en VOSTA) et j'avais trouvé que c'était une très bonne surprise. Adaptation assez libre (en inventant une péripétie alternative ?) tout en conservant l'esprit du roman. C'est sans doute pas un Mizoguchi personnel ou s'inscrivant dans ses thèmes mais la réalisation est inspirée, avec un seul combat mais réalisé intelligemment. Le film possède en tout cas une vraie noblesse dans sa forme qui dépasse facilement la simple commande.
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Message par Beule »

Spike a écrit : Tai Katô est coutumier de ce choix d'angles de prises de vues audacieux, et il pose assez fréquemment sa caméra au ras du sol. Parfois, c'est raté (comme l'affrontement final du Spectre de Dame Iwa, où l'on ne voit RIEN). Le livret dont j'avais mis le lien y consacre quelques explications (pp. 34-38).
Je n'ai vu que quatre de ses films mais j'avais noté cette tendance à filmer en contre-plongée depuis le ras du sol, façon Ozu mais en plus ostentatoire. Dans le cas de Miyamoto Musashi, j'ai trouvé ces options d'angles de prises de vue plus radicales encore. Ici il ne filme plus depuis le sol, mais en deçà de l'altitude zéro, ou, plus troublant encore, depuis un point situé en dessous de la ligne de flottaison quand il découpe des "strates" de fluide baignant la partie du cadre émergée. Je m'étais interrogé sur la manière dont il pouvait bien procéder pour obtenir ces compositions optiques. Ce document répond à mes interrogations Page 37 : À la Shochiku il recourait aux bulldozers pour creuser le sol et obtenir le niveau d'axe très bas qu'il désirait et "il avait même fait concevoir un caisson étanche pour la caméra, doté d'un panneau de verre à l'avant et qu'il appelait son caisson pour pouvoir filmer dans l'eau".
Je vais parcourir plus en détail ce doc, il semble constituer une inestimable mine d'informations. Grand merci pour le partage 8)

Cela étant le motif répété de l'eau, ainsi découpée, me laissait surtout perplexe quant à sa signification. L'un des premiers exemples frappants de ce type de composition mixte (immergée/émergée) intervient quand Akemi (Mitsuko Baishô) se jette dans le ruisseau pour se purifier des outrages du viol commis par l'aîné des Yoshioka. Je me demandais donc si ce cadrage itératif revêtait une connotation particulière. Apparemment non, c'est juste que Katô appréciait de tels plans....

Sinon, en lisant ta chronique de Samouraï réincarnation de Fukasaku, j'ai réalisé que j'en avais vu un remake (Samurai resurrection) assez pathétique, éhontément kitsch dans son décorum de fantasy et manifestement conçu pour une audience adolescente, dans lequel Amakusa arbore un look de Drag queen mort-vivant. Tout ce qu'il m'en reste est que Jubei ne devient borgne qu'après la confrontation avec son ectoplasme de père. Mais bon, du coup je l'ai rajouté à la liste dont j'ai esquissé une mise à jour en première page.
Dernière modification par Beule le 20 févr. 20, 10:30, modifié 1 fois.
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Message par Beule »

bruce randylan a écrit :
Je l'ai vu il y a une petite dizaine d'années, donc souvenir lointain (à l'époque sur YT en VOSTA) et j'avais trouvé que c'était une très bonne surprise. Adaptation assez libre (en inventant une péripétie alternative ?) tout en conservant l'esprit du roman. C'est sans doute pas un Mizoguchi personnel ou s'inscrivant dans ses thèmes mais la réalisation est inspirée, avec un seul combat mais réalisé intelligemment. Le film possède en tout cas une vraie noblesse dans sa forme qui dépasse facilement la simple commande.
Cette version est aussi défendue par Lourcelles et Simsolo, qui l'un et l'autre y décèlent le détournement voilé de l'esprit nationaliste qui avait présidé à sa mise en production et en louent conjointement les richesses plastiques.
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Message par Spike »

Beule a écrit :Sinon, en lisant ta chronique de Samouraï réincarnation de Fukasaku, j'ai réalisé que j'en avais vu un remake (Samurai resurrection) assez pathétique, éhontément kitsch dans son décorum de fantasy et manifestement conçu pour une audience adolescente, dans lequel Amakusa arbore un look de Drag queen mort-vivant. Tout ce qu'il m'en reste est que Jubei ne devient borgne qu'après la confrontation avec son ectoplasme de père. Mais bon, du coup je l'ai rajouté à la liste dont j'ai esquissé une mise à jour en première page.
Oui, le roman de Fûtarô Yamada a été adapté à plusieurs reprises (je n'ai pas vu les autres transpositions). Paghat the Ratgirl a écrit un petit topo dessus ici. Comme je l'indique moi-même dans ma critique, le film un peu décevant de Fukasaku appartient au genre fantastique : si tu veux un chambara pseudo-réaliste, passe ton chemin. Et chez Fukasaku, Amakusa Shirô est également très maquillé et porte un costume particulier. Enfin, j'avais omis de l'indiquer, mais ce film est à l'origine, avec Ninja Scroll (inspiré du roman Shinobi du même auteur, Fûtarô Yamada), du jeu vidéo Samurai Shodown :
- la prémisse est similaire (un Amakusa Shirô démoniaque ressuscite et veut se venger du shogunat) ;
- le design d'Amakusa Shirô est très ressemblant ;
- le jeu propose des affrontements entre de nombreux personnages historiques : Amakusa Shirô, donc, mais aussi Haohmaru et Ukyo (décalqués de Musashi Miyamoto et Kojirô Sasaki - les vrais ne pouvaient être présents pour des raisons de chronologie historique), Jûbei Yagyû, Hattori Hanzô, Charlotte de Colde (dont le nom provient de... Charlotte de Corday, la femme qui a assassiné Marat :shock: ), ...

Sinon, ce qui est drôle avec Jûbei Yagyû (le deuxième samouraï le plus célèbre après Musashi), c'est qu'il est souvent représenté dans la culture populaire avec un bandeau noir... alors qu'il possède toujours ses deux yeux dans les représentations d'époque. La manière dont il (a) perd(u) son œil varie même en fonction des œuvres de fiction (Ex. dans Shogun Samouraï et dans L’Ère des Shura).
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Puisqu'il est question des grandes figures de samouraïs de la mythologie japonaise je poste ça ici...

Dans April story, Uzuki (Takako Matsu) assiste à la projection d'un film de répertoire dans une salle d'art et essai, avant, paniquée, de prendre la fuite devant les approches pour le moins cheloues d'un jeune spectateur dans la travée. Il ne s'agit pas d'extraits d'un film existant : la nature des mouvements de caméra, les scratchs et autres effets de vieillissement de la pellicule sont éloquents sur sa facticité. Après recherches j'ai néanmoins compris que cette œuvre fictive, croisant film médiéval et kaidan eiga - à la façon des Contes de la lune vague... ou du Château de l'araignée - articulait son semblant d'intrigue autour de la légende du Shogun des treize jours. Dans les séquences qu'Iwai nous propose de voir à l'écran, le fantôme du daimyô Nobunaga Oda semble revenir se venger de la trahison de son général Mitsuhide Akechi. Quant à savoir si dans la chronologie historique, ce développement intervient après le coup d'état et le suicide de Nobunaga ou plus tard pour proposer une résolution fantastique au mystère qui entoure la mort du shogun Mitsuhide, je n'en ai pas la moindre idée...

Malheureusement, je n'ai pas réussi à identifier de film se proposant d'illustrer cette page d'histoire ou ce mythe de l'ère Sengoku. L'un d'entre vous en connaîtrait-il ?
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Message par k-chan »

Beule a écrit :Puisqu'il est question des grandes figures de samouraïs de la mythologie japonaise je poste ça ici...

Dans April story, Uzuki (Takako Matsu) assiste à la projection d'un film de répertoire dans une salle d'art et essai, avant, paniquée, de prendre la fuite devant les approches pour le moins cheloues d'un jeune spectateur dans la travée. Il ne s'agit pas d'extraits d'un film existant : la nature des mouvements de caméra, les scratchs et autres effets de vieillissement de la pellicule sont éloquents sur sa facticité. Après recherches j'ai néanmoins compris que cette œuvre fictive, croisant film médiéval et kaidan eiga - à la façon des Contes de la lune vague... ou du Château de l'araignée - articulait son semblant d'intrigue autour de la légende du Shogun des treize jours. Dans les séquences qu'Iwai nous propose de voir à l'écran, le fantôme du daimyô Nobunaga Oda semble revenir se venger de la trahison de son général Mitsuhide Akechi. Quant à savoir si dans la chronologie historique, ce développement intervient après le coup d'état et le suicide de Nobunaga ou plus tard pour proposer une résolution fantastique au mystère qui entoure la mort du shogun Mitsuhide, je n'en ai pas la moindre idée...

Malheureusement, je n'ai pas réussi à identifier de film se proposant d'illustrer cette page d'histoire ou ce mythe de l'ère Sengoku. L'un d'entre vous en connaîtrait-il ?
Si mes souvenirs son bons, ce film est un faux film dans le film.
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Message par Beule »

Oui, j'ai pas dû être très clair...

C'est bien un film fictif. Mais articulé autour d'une page célèbre de l'histoire japonaise. Et je me demande s'il existe des films réels qui illustrent ce mythe ou cette histoire. :wink:
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Message par k-chan »

Bon, J'avais préparé un message que j'avais mis en brouillon, et entre temps d'autres camarades sont intervenus. Je le poste ainsi, mais les autres ont déjà presque tout dit :

kiemavel a écrit :IL faut attendre le retour de bruce, pour ce soir 23 h ou minuit :wink:
Eh oh, ya pas que Bruce dans le coin ! :mrgreen:
Il y a au moins Blue, Best, moi, et quelques anciens qui ne sont sûrement plus là.

Beule, pour être franc, tu me sembles loin d'être un bleu vu la liste des films que tu as déjà vu, donc je ne suis pas certain que tu aies besoin de réel conseil. Je pense que l'idéal est de continuer ta route tel un vaillant sabreur solitaire, et d'aller où bon te semble. Mais saches que si tu veux affiner ton sabre, tu devras sortir du droit chemin. :fiou:

Il faudrait définir ce que tu recherches, car parler de chanbara, ou plus noblement ken-geki (film de sabre), sa restreint le choix, alors que ton champs semble assez large (Les sept samourais n'est effectivement pas un ken-geki). Après, j'ai envie de dire aussi : le cinéma nippon c'est comme le cochon... pioche là ou tu veux.

Spike cite bon nombre de films recommandables. Je te conseille de creuser les filmographies des auteurs déjà cités. Eiichi Kudo, Tai Kato. Kenji Misumi. Mais aussi Tokuzo Tanaka, Kazuo Ikehiro, Kazuo Mori ou Kimoyoshi Yasuda (ce dernier est souvent moins bon). La série de film Kyoshiro Nemuri par exemple. Et la trilogie Mikogami. The Devil's Temple, Shinsengumi Chronicles, Magoichi Saga... Samurai Vendetta.
La serie TV Mute Samurai est superbe, avec Tomisaburo Wakayama (pour les fans de Zatoichi et Baby Cart).
Si tu remontes aux sources, tu peux essayer de voir (je ne sais pas comment) des films de Daisuke Ito : Le journal de voyage de Chuji et Le sabre pourfendeur d'hommes et de chevaux. Les scènes de sabre dans ses films sont particulièrement impressionnants. Je suis fan. Beaucoup plus tard, il est resté un réalisateur très fiable. La tête du serviteur est excellent.. Bakumatsu, son dernier film il me semble, est très bon aussi.
Hiroshi Inagaki est un réalisateur à creuser je pense. J'ai adoré sa version de Daibosatsu Toge (l'histoire du col du grand bouddha), mais seule la première partie est encore visible. Plus tardivement, j'aime bien la trilogie Samourai (Musashi Miyamoto), que certains dénigrent. Après il y a les films qui étaient dans le coffrets Mifune sortis chez Pathé... Bon courage pour le choper.

Je te recommande également de voir chez les 2 fils de Shozo Makino, à savoir Masahiro Makino et son frère par adoption Sadatsugu Matsuda. Ce sont 2 pointures dont les savoirs faire sont rarement mi à défaut.

Immense réalisateur souvent oublié : Tadashi Imai > essaye de voir Vengeance, et Contes cruels du Bushido

Toshio Matsumoto : Shura (Les démons), il faut s'accrocher lors du premier tiers, mais après c'est totalement enragé.

En animé : Ninja Scroll de Kawajiri : une tuerie !

Si tu débordes sur le ninkyo eiga, je pense que tu seras également open pour du shinobi-eiga : il y a bien sur la série Shinobi no mono, avec Raizo Ichikawa, démarrée par Satsuo Yamamoto. Warring Clans de Kihachi Okamoto. La guerre des espions de Shinoda. Castle of Owls et La série Shadow Warriors (Sonny Chiba) réalisée Par Eiichi Kudo...
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Message par k-chan »

Evidemment, mon message ci-dessus ne tient pas compte des interventions qui ont eu lieu entre temps
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Message par k-chan »

Beule a écrit :Oui, j'ai pas dû être très clair...

C'est bien un film fictif. Mais articulé autour d'une page célèbre de l'histoire japonaise. Et je me demande s'il existe des films réels qui illustrent ce mythe ou cette histoire. :wink:
Ah ok, difficile à dire, là, comme ça.
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Message par Spike »

Beule a écrit :Et je me demande s'il existe des films réels qui illustrent ce mythe ou cette histoire. :wink:
Si j'ai bien compris, les événements historiques en question sont l'incident du Honnôji (suicide forcé d'Oda Nobunaga) et la bataille de Yamazaki (qui aboutit à la mort d'Akechi Mitsuhide).

Le Samurai Archives Wiki liste une petite série de films et téléfilms consacrés à Mitsuhide.
Il existe également une pièce de théâtre pour marionnettes, Ehon Taikoki, qui traite des 13 derniers jours de cette figure historique (des photos ici). La pièce a ensuite été adaptée pour le kabuki.

La mort d'Oda Nobunaga survient au cours des premiers Shinobi no Mono, mais d'une manière différente de la réalité historique.
Par ailleurs, étant donné que Nobunaga était impitoyable et qu'il avait déclaré être un "Roi-Démon du Sixième Ciel", il est également souvent représenté dans la culture populaire comme étant littéralement un être démoniaque (comme dans la série de jeux vidéos Onimusha, par exemple, où il est tué par Samanosuke Akechi avant d'être ressuscité par des démons). Donc tu trouveras plus rarement une représentation historiquement conforme de sa mort.
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Message par Beule »

k-chan a écrit : Il faudrait définir ce que tu recherches, car parler de chanbara, ou plus noblement ken-geki (film de sabre), sa restreint le choix, alors que ton champs semble assez large (Les sept samourais n'est effectivement pas un ken-geki). Après, j'ai envie de dire aussi : le cinéma nippon c'est comme le cochon... pioche là ou tu veux.
Je m'en suis maladroitement expliqué en première page. L'idée première était de rassembler un certain nombre de pistes susceptibles d'étancher ma soif en film de genre autour des figures du samouraï, du rônin ou, par extension, du yakuza chevaleresque : en gros tous les films historiques susceptibles d'apporter leur lot de chorégraphies de combats au sabre.

Mais en postulant ainsi ma recherche j'ai bien conscience qu'un certain nombre de titres initialement recensés (la liste désormais bien plus conséquente est un agrégat de ce que je connaissais déjà et des recommandations de Spike, Bruce et David Locke) débordent du cadre du strict film de genre.
Que les Sept samouraïs, parmi beaucoup d'autres, ne relève pas stricto sensu du chanbara ou du film de sabre (ken-geki), je le pressens mais sauf à m'accorder sur la définition précédemment proposée par Spike (...)
Spoiler (cliquez pour afficher)
"D'après ce que j'ai pu lire, au départ, le chambara est un genre théâtral dont le thème est le sabre. Tout tourne autour du sabre, les personnages vivent par/pour le sabre, ... Il n'y a de combat qu'à la fin de la pièce. L'ajout de combats au fil du récit s'est produite postérieurement. Si l'on s'en tient à cette définition, Le Sabre de Misumi compte".
(...) j'avoue que je ne parviens pas à mettre le doigt sur ce qui, précisément, l'en exclut. Au demeurant quand j'explore les liens proposés par Spike, je constate que le Kurosawa y figure régulièrement en bonne place, quand ce ne sont pas La Forteresse cachée ou Kagemusha :| ...
Et a contrario, si je respecte scrupuleusement cette définition, je peux certes intégrer Le Sabre de Misumi, mais il serait logique que j'exclue par exemple la grande majorité des Zatôichi (en fait tous ceux qui ne confrontent pas Ichi à un rônin ascétique ou dévoyé) !

Voilà pourquoi, en l'absence d'une définition suffisamment précise et/ou satisfaisante pour identifier le ken-geki (si tu es en mesure de l'apporter, ne t'en prive pas !), j'ai choisi d'en retenir l'esprit plutôt que la lettre. Et donc, oui, je ratisse volontiers assez large :wink:
k-chan a écrit : Spike cite bon nombre de films recommandables. Je te conseille de creuser les filmographies des auteurs déjà cités. Eiichi Kudo, Tai Kato. Kenji Misumi. Mais aussi Tokuzo Tanaka, Kazuo Ikehiro, Kazuo Mori ou Kimoyoshi Yasuda (ce dernier est souvent moins bon). La série de film Kyoshiro Nemuri par exemple. Et la trilogie Mikogami. The Devil's Temple, Shinsengumi Chronicles, Magoichi Saga... Samurai Vendetta.
J'ajoute les Mushukunin Mikogami no Jôkichi à ma wishlist. Je n'en avais jamais entendu parler (preuve que ma démarche n'est pas si inutile que ça)

Magoichi saga de Misumi fait partie de la liste des quelques films que je ciblais déjà. Ton conseil ne tombe donc pas dans l'oreille d'un sourd.

The Devil's temple, je connais, c'est l'une de mes très belles découvertes de 2019, mais je dois dire que je ne vois pas du tout en quoi il peut se rattacher à ma recherche.
La serie TV Mute Samurai est superbe, avec Tomisaburo Wakayama (pour les fans de Zatoichi et Baby Cart).
Les séries TV façon Mute Samurai, je note, mais pour le moment ça m'intéresse moins. Ce n'est pas sur cette série que Gosha est aussi intervenu ? Je confonds sans doute.
Après il y a les films qui étaient dans le coffrets Mifune sortis chez Pathé... Bon courage pour le choper.
Il me semble avoir repéré certains titres à ma médiathèque locale. Je vais regarder ça de plus près.
Immense réalisateur souvent oublié : Tadashi Imai > essaye de voir Vengeance, et Contes cruels du Bushido
Ces deux-là comme le coffret 1 des Nemuri Kyôshirô sont déjà commandés suite aux recommandations préalables de Bruce et Spike. J'en attends effectivement beaucoup !
Si tu débordes sur le ninkyo eiga, je pense que tu seras également open pour du shinobi-eiga :
Shinobi-eiga = Film de ninja, c'est ça ?

Hormis Samurai spy que je n'identifiais pas comme tel, je n'y connais rien. Enfin si, puisque les Baby cart leur font une place assez large. Donc oui pourquoi pas, sous réserve que ça ne se transforme pas trop en festival de pirouettes en tous genres... Parce que jusqu'ici pour moi le film de ninja c’était plutôt Sho Kosugi, Dudikoff et autres productions scandinaves improbables que je pouvais consommer sans discernement à l'adolescence :mrgreen:

Cela dit la version Shinoda de Owls' castle me faisait de l'œil depuis quelque temps. C'est celle-là qu'il faut privilégier ou plutôt l'original de Kudô ?
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Message par Beule »

Spike a écrit :
La mort d'Oda Nobunaga survient au cours des premiers Shinobi no Mono, mais d'une manière différente de la réalité historique.
K-chan mentionnait aussi les Shinobi no mono . Je tâcherai d'y jeter un coup d'œil. La réalité historique semble de toute façon assez floue, les raisons invoquées pour expliquer tant le coup d'état de Matsuhide que les conditions présidant aux décès respectifs des deux figures historiques fluctuant sensiblement d'une source à l'autre. Il est manifestement malaisé de distinguer mythe et véracité historique.

Et décidément, l'étendue de ta culture en matière de jeux vidéo ne laisse pas de me surprendre :wink:
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Message par Spike »

Beule a écrit :Shinobi-eiga = Film de ninja, c'est ça ?

(...) Donc oui pourquoi pas, sous réserve que ça ne se transforme pas trop en festival de pirouettes en tous genres... Parce que jusqu'ici pour moi le film de ninja c’était plutôt Sho Kosugi, Dudikoff et autres productions scandinaves improbables que je pouvais consommer sans discernement à l'adolescence :mrgreen:
J'avais moi aussi au départ une vision préconçue type "nanar" de ce genre, mais les Shinobi no Mono sont des films très sombres* (dans tous les sens du terme), que l'on peut rattacher au genre "film en costumes cruel" (zankoku jidai-geki) comme Hara-Kiri ou Contes cruels du bushido. Les différents épisodes consacrent beaucoup de temps aux daimyôs et à leurs intrigues/stratégies/manipulations, au point que l'on pourrait presque les qualifier de "films de seigneurs" ! Ce n'est d'ailleurs pas une mauvaise chose de posséder de très vagues notions historiques de la période des guerres féodales (en gros, savoir qui sont Shingen Takeda, Nobunaga Oda, Hideyoshi Toyotomi, Ieyasu Tokugawa et quels sont les liens qui les unissent ou les opposent). Je dois d'ailleurs reconnaître avoir été complètement perdu par l'intrigue du 6ème opus.

Néanmoins, ces films n'oublient pas d'être des divertissements, présentant continuellement de nouvelles techniques ninjas et faisant à chaque fois sauter un bâtiment. :mrgreen: Si le premier épisode était supervisé par un véritable maître-ninja, par la suite, la série va progressivement s'éloigner du "réalisme" (dans le 8ème et dernier film, les ninjas utilisent des pratiques qui paraissent à la limite de qu'un être humain semble capable d'exécuter).

Petite particularité : tout comme dans les sagas Lady Yakuza et Combat sans code d'honneur, bien qu'il y ait une continuité narrative entre les épisodes, un même acteur peut interpréter différents rôles au fur et à mesure des films. Ainsi, par exemple, Raizô Ichikawa joue toujours le protagoniste, mais il s'agit successivement de 4 ninjas différents. Ou encore : Tomisaburô Wakayama interprète Nobunaga Oda dans les premiers films, puis un autre seigneur féodal (mais cette fois-ci allié au héros).

Pour l'anecdote, cette saga a indirectement contribué à l'image du ninja en Occident, puisque Roald Dahl s'est inspiré des premiers pour le James Bond On ne vit que deux fois.

Enfin, voici un top d'un site spécialisé ainsi qu'un lien vers un mémoire universitaire en français consacré à la figure du ninja au cinéma. Je n'ai pas (encore) lu ce dernier, mais il a été rédigé par quelqu'un d'actif dans le monde de l'édition vidéo.

* Un peu trop d'ailleurs sur le DVD Z1 du premier... :mrgreen:
Beule a écrit :Il est manifestement malaisé de distinguer mythe et véracité historique.
Je me souviens avoir lu un ouvrage en anglais consacré à Musashi Miyamoto (le titre m'échappe). L'auteur y effectue notamment une comparaison des sources historiques avec La Pierre et le Sabre / La Parfait Lumière. Avant la parution de ce roman, Musashi était considéré comme le méchant dans des pièces de théâtre fort peu attachées à l'historicité, réduit à un voyou hirsute et sale, sans foi ni loi, qui avait tué ce grand héros qu'était Kojirô Sasaki. Eiji Yoshikawa s'est documenté et a ensuite produit le livre qu'on connait.

Nénamoins, il a eu une approche romanesque. Trois exemples :
1) Dans la réalité, un disciple de Musashi a noté que son maître avait rencontré le moine Takuan et s'est longuement entretenu avec lui, comme s'il s'agissait d'un vieil ami qu'il n'avait pas vu depuis longtemps. A partir de là, Eiji Yoshikawa a supputé que le moine Takuan était le mentor de Musashi.
2) Dans la réalité, il est vaguement fait mention à une reprise d'une fille dont Musashi était épris, mais leur relation resta lettre morte à cause de la famille de la fille. A partir de là, Eiji Yoshikawa a extrapolé le personnage d'Otsu.
3) Dans ses oeuvres littéraires, Musashi a indiqué qu'il n'avait jamais eu aucun maître. Eiji Yoshikawa a interprété cela comme signifiant "aucun maître d'arts martiaux / de kendo". En effet, dans son roman, il lui invente des "maîtres à penser" (la prostituée de luxe, le grand bourgeois, ...) qui lui donnent des leçons de vie... qui sont en réalité des paraphrases de ce que le véritable Musashi a écrit dans Le Traité des Cinq Roues.

Le roman a connu un tel retentissement que désormais, persque toutes les versions fictionnelles de Musashi s'en inspirent, tel un document historique.
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Re: Le Chanbara

Message par Beule »

Spike a écrit :
Petite particularité : tout comme dans les sagas Lady Yakuza et Combat sans code d'honneur, bien qu'il y ait une continuité narrative entre les épisodes, un même acteur peut interpréter différents rôles au fur et à mesure des films. Ainsi, par exemple, Raizô Ichikawa joue toujours le protagoniste, mais il s'agit successivement de 4 ninjas différents. Ou encore : Tomisaburô Wakayama interprète Nobunaga Oda dans les premiers films, puis un autre seigneur féodal (mais cette fois-ci allié au héros).
Oui cette distribution en vase clos des acteurs sous contrat avec le studio est parfois perturbante. A fortiori lorsqu'on enchaîne les visionnages sur une période temporelle resserrée. Somme toute, j'accepte assez facilement qu'un même comédien soit casté dans plusieurs emplois one shot, même lorsqu'il s'agit de protagonistes de premier plan (Takakura, Tsuruta et Sugawara dans les Hibotan bakuto). Mais je l'intègre moins facilement lorsque ce jeu des chaises musicales s'applique à un acteur ayant incarné un personnage récurrent de la série. Je pense en particulier à Kyôsuke Machida qui est Fujimatsu "l'immortel", le fidèle compagnon d'armes d'Oryû, dans les quatre premiers volets de la Pivoine rouge et dont le personnage est soudain abandonné sans crier gare pour que l'acteur puisse se glisser dans le kimono d'un personnage essentiel de Chronique des joueurs (il endossera d'ailleurs encore deux autres identités par la suite).
Il reste donc à voir comment ces emplois sont gérés dans les Shinobi no Mono...
Enfin, voici un top d'un site spécialisé
Lequel m'a définitivement convaincu. Je vais tester les quatre premiers films, qui comptent parmi les moins exubérants si je m'en réfère à ce que tu précisais. Ça me laisse le temps d'ici là de me documenter plus avant sur la fin de l'ère Sengoku pour éviter de me noyer dans la complexité des contextes politiques.

En passant, j'avais recensé non pas 8 mais 9 films dans cette série, le dernier plus tardif (Shinobi no Shû, 1970) de Kazuo Mori :?:
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