Ben si. On peut avoir un avis en pensant que tel ou tel cinéaste est plus grand qu'un autre.Jeremy Fox a écrit :Ah.Strum a écrit :Ah oui, les grands Mizoguchi (Les contes de la lune vague après la pluie, Les Amants Sacrifiés, L'Intendant Sancho, Miss Oyu) figurent parmi les Everests du cinéma. Les réalisateurs cités plus haut (Pialat, Michael Mann) ne boxent pas dans la même catégorie.
Attention à ce genre d'affirmations qui ne veulent strictement rien dire d'autant que comparer ces cinéastes aussi différents...
L'Intendant Sansho (Kenji Mizoguchi - 1954)
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Re: L'Intendant Sansho (Kenji Mizoguchi - 1954)
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Re: L'Intendant Sansho (Kenji Mizoguchi - 1954)
Sur le fond, je serais assez d'accord, pourtant, dans mon parcours cinéphile, peu de films m'ont autant plombé, et aussi durablement, que le gout du saké...Alexandre Angel a écrit :De toutes façons, puisque tu cites les deux plus grands cinéastes japonais à mon sens, s'il y en a un qui pourrait t'emporter, ce serait Mizoguchi qui pouvait s'adonner au déchainement émotionnel via des travellings soudains accompagnés d'emballement de koto (sauf erreur, le nom de cet instrument traditionnel si moderne dans ses sonorités). Ozu n'est pas fait pour emporter : il se déguste sereinement, hypnotiquement. Il ne t'emportera pas mais éventuellement te rendra addictif. Wait and seeDemi-Lune a écrit : A vrai dire, si je me tiens à l'écart du cinéma de Mizoguchi, c'est parce qu'une intuition me porte à croire que ça ne va pas m'emporter.
Je suis un peu dans la même configuration vis-à-vis d'Ozu.
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Re: L'Intendant Sansho (Kenji Mizoguchi - 1954)
Un avis oui ; mais là ça ressemblait plutôt à une affirmation à propos de laquelle il n'était pas possible de discuter et à propos de laquelle je n'étais évidemment pas d'accord.Strum a écrit :Ben si. On peut avoir un avis en pensant que tel ou tel cinéaste est plus grand qu'un autre.Jeremy Fox a écrit :
Ah.
Attention à ce genre d'affirmations qui ne veulent strictement rien dire d'autant que comparer ces cinéastes aussi différents...
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Re: L'Intendant Sansho (Kenji Mizoguchi - 1954)
D'après ce que je crois deviner dans tes posts, j'aurais au contraire tendance à penser que Mizoguchi, en tout cas dans ses grands films, a tout pour t'emporter : le lyrisme, les émotions exacerbées, la grande maitrise technique de l'ensemble, les plans séquences où le mouvement se fait dans le cadre, le fait que ses films échappent à leur époque par leur présence bouleversante, le rapport aux éléments (et plus précisément aux eaux dormantes). Ozu, je ne sais pas pour toi, c'est très différent de Mizoguchi, avec une mise en scène plus statique, des émotions plus souterraines et retenues, moins de lyrisme. Personnellement, je préfère Mizoguchi à Ozu.Demi-Lune a écrit :A vrai dire, si je me tiens à l'écart du cinéma de Mizoguchi, c'est parce qu'une intuition me porte à croire que ça ne va pas m'emporter.
Je suis un peu dans la même configuration vis-à-vis d'Ozu.
Dernière modification par Strum le 10 juin 16, 10:52, modifié 1 fois.
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Re: L'Intendant Sansho (Kenji Mizoguchi - 1954)
Bizarrement, je ne ressens aucune émotion chez Mizoguchi que je trouve être un cinéaste extrêmement froid ; alors que les films de Ozu me touchent profondément.
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Re: L'Intendant Sansho (Kenji Mizoguchi - 1954)
Pour moi, c'est une question de mise en scène. Je suis plus sensible à mise en scène lyrique et vaste de Mizoguchi, qui est un maitre du mélodrame, un créateur de monde. Chez Ozu, tout est en retenu, et le cadre est davantage fixé sur un personnage.Jeremy Fox a écrit :Bizarrement, je ne ressens aucune émotion chez Mizoguchi ; alors que les films de Ozu me touchent profondément.
Dernière modification par Strum le 10 juin 16, 10:55, modifié 1 fois.
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Re: L'Intendant Sansho (Kenji Mizoguchi - 1954)
...et en poésie du quotidien ; un élément qui a tendance à facilement me toucher.Strum a écrit :Chez Ozu, tout est en retenu...
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Re: L'Intendant Sansho (Kenji Mizoguchi - 1954)
Oui, Ozu parle du quotidien. Pas Mizoguchi, qui aborde frontalement de grandes questions sur la condition humaine, la place de l'artiste, le destin de la femme, celui des enfants, etc.Jeremy Fox a écrit :...et en poésie du quotidien ; un élément qui a tendance à facilement me toucher.
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Re: L'Intendant Sansho (Kenji Mizoguchi - 1954)
Pareil que Strum. Chez Mizoguchi, au-delà du fait que le fond correspond la plupart du temps à mon idée du mélodrame parfait (des portraits féminins forts), je scrute le moindre mouvement d'appareil, la profondeur de champ, les compositions des cadres, etc. Pour moi c'est du cinéma qui s'exprime totalement par la mise en scène, et ça me stimule de tous les côtés.
Ozu c'est tellement aux antipodes. Ce cinéaste me plait à la limite plus quand il fait de la comédie (excellent directeur d'acteurs enfants) que du drame. Mais j'admets que si Ozu a un style moins "stylé" que Mizoguchi, il faut reconnaître qu'il a un style absolument unique, donc rien que ça mérite mon respect et le fait que je considère sa place au panthéon mondial comme largement acquise.
Ozu c'est tellement aux antipodes. Ce cinéaste me plait à la limite plus quand il fait de la comédie (excellent directeur d'acteurs enfants) que du drame. Mais j'admets que si Ozu a un style moins "stylé" que Mizoguchi, il faut reconnaître qu'il a un style absolument unique, donc rien que ça mérite mon respect et le fait que je considère sa place au panthéon mondial comme largement acquise.
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Re: L'Intendant Sansho (Kenji Mizoguchi - 1954)
Mizoguchi subjugue, Ozu émerveille : pourquoi choisir?
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Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.
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Re: L'Intendant Sansho (Kenji Mizoguchi - 1954)
Ozu a vite atteint une espèce de système, d'épure visant à une simplification des dispositifs de mise en scène pour tout miser sur ses comédiens et son récit. C'est d'autant plus sobre que ceux-ci renferment leurs émotions, doivent sourire quoi qu'ils disent, et ne pipent jamais un mot plus haut que l'autre. Le drame est dans l'implicite, dans le non-dit, dans l'acceptation paisible. Ca met d'autant plus en valeur les moments où jaillit la mise en scène (les fameux plans de coupe, les passages musicaux...), et leur confère une force et un lyrisme poignant.
Mizoguchi est plus "normal", mais sa maitrise technique de la grammaire conventionnelle lui permet d'en tirer des choses magnifiques. Ses cadrages/recadrages sont d'une précision admirable, son sens du timing lui permet de mettre en place des travellings long, étudiés, et d'une grande force, tant visuelle que narrative. Et ses sujets mélodramatiques sont toujours poignants. Mais il me parait beaucoup plus proche du cinéma classique, dont il a acquis une maitrise remarquable, qu'Ozu, qui demande sans doute plus d'efforts.
Du coup, si je préfère -légèrement- Ozu, j'ai du mal à convaincre autrui quand je prête des films, alors que Mizoguchi plait à chaque fois que je montre un de ses films (encore récemment, un parterre de 6 camarades, cinéphiles mais peu habitués au cinéma japonais, s'est extasié devant la rue de la honte).
Mizoguchi est plus "normal", mais sa maitrise technique de la grammaire conventionnelle lui permet d'en tirer des choses magnifiques. Ses cadrages/recadrages sont d'une précision admirable, son sens du timing lui permet de mettre en place des travellings long, étudiés, et d'une grande force, tant visuelle que narrative. Et ses sujets mélodramatiques sont toujours poignants. Mais il me parait beaucoup plus proche du cinéma classique, dont il a acquis une maitrise remarquable, qu'Ozu, qui demande sans doute plus d'efforts.
Du coup, si je préfère -légèrement- Ozu, j'ai du mal à convaincre autrui quand je prête des films, alors que Mizoguchi plait à chaque fois que je montre un de ses films (encore récemment, un parterre de 6 camarades, cinéphiles mais peu habitués au cinéma japonais, s'est extasié devant la rue de la honte).
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Re: L'Intendant Sansho (Kenji Mizoguchi - 1954)
De toute façon le meilleur des deux, c'est Naruse
"celui qui n'est pas occupé à naître est occupé à mourir"
- Jeremy Fox
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Re: L'Intendant Sansho (Kenji Mizoguchi - 1954)
Pas assez vu de ses films pour être ou non d'accord avec toi mais en tout cas il est le réalisateur de mon film japonais préféré, Nuages d'étébruce randylan a écrit :De toute façon le meilleur des deux, c'est Naruse
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Re: L'Intendant Sansho (Kenji Mizoguchi - 1954)
Quel coup basbruce randylan a écrit :De toute façon le meilleur des deux, c'est Naruse
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.
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Re: L'Intendant Sansho (Kenji Mizoguchi - 1954)
J'espère qu'un jour tu auras la chance de découvrir un Couple, Histoire de la femme, l'éclair, le grondement de la montagne ou la mèreJeremy Fox a écrit :Pas assez vu de ses films pour être ou non d'accord avec toi mais en tout cas il est le réalisateur de mon film japonais préféré, Nuages d'étébruce randylan a écrit :De toute façon le meilleur des deux, c'est Naruse
"celui qui n'est pas occupé à naître est occupé à mourir"