Je remets ici quelques avis et passages trouvés sur le topic du polar italien des années 1970.
Julien Léonard a écrit :Effectivement, poussé par ces avis à propos de La mala ordina, je l'ai regardé. Blu-ray très solide, au passage.
Une claque monstrueuse... je n'en n'attendais pas autant. Le film ne cesse de monter en puissance, ne se contentant jamais d'une excellente scène passée. Il enchaîne les moments insensés et anthologiques avec une rythmique impensable. La scène de poursuite centrale est d'une efficacité incroyable, tout étant basé sur un montage sec et une très grande tension nerveuse qui met le spectateur sous pression. L'acteur Mario Adorf est remarquable dans ce rôle, et très inattendu lui aussi. Il a sans aucun doute dû beaucoup donner de lui-même lors du tournage. Difficile d'en faire ressortir une vision globale pour le moment, il faut que l'enthousiasme retombe un peu. Reste probablement l'un des films neo noirs les plus impressionnants que j'ai pu découvrir, jamais en-dessous de ce qu'il devrait être, toujours au-dessus des attentes.
Essentiel, exceptionnel. Fernando Di Leo est décidément l'auteur primordial du neo polar. Un auteur à redécouvrir d'urgence. Un film à redécouvrir d'urgence.
manuma a écrit :Un film que j'aime bien également, analysant à sa façon la fin des utopies soixante-huitardes, à rattacher au plus mineur Brucia, ragazzo, brucia dans sa carrière.Shin Cyberlapinou a écrit :J'en profite pour évoquer (si ça n'a pas déjà été fait) ici et faute de mieux Avere vent'anni
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pas un polar, ni même un giallo, mais une espèce de chronique de moeurs libertaire. Comme une andouille j'avais lancé le montage US du double DVD Raro Video et ça m'a bien abimé l'impact du film, qui se présente comme une oeuvre légère et joyeuse (en gros les escapades de deux jeunes filles bien décidées à profiter de la vie) avant de nous montrer le côté sombre du machisme à l'italienne. Je ne tiens pas nécessairement Fernando di Leo pour un immense cinéaste (même dans sa catégorie) mais il avait indéniablement des choses à dire. 7/10.
Di Leo, je le trouve un peu à part dans le genre Poliziottesco. A la différence des Umberto Lenzi, Mario Caiano, Marino Girolami, Stelvio Massi et autres Castellari, tous plus ou moins habiles faiseurs cherchant avant tout à exploiter la mode du polar urbain à la Dirty Harry, lui est un cinéaste ouvertement engagé aimant à faire passer des messages dans ses films. Par ailleurs, il me semble que ses plus célèbres travaux se rapprochent davantage du film noir social que du pur poliziottesco.
Et une vidéo d'un cours donné par Jean-Baptiste Thoret à propos du neo polar italien :Julien Léonard a écrit :Je me note ce film, cela me donne envie.
Tout à fait, Fernando Di Leo réalise du polar, très nerveux, très noir... De fait, il s'agit souvent de film noir. Jean-Baptiste Thoret (qui est l'une de mes idoles) le classe néanmoins dans le genre poliziottesco, mais en différenciant son appartenance au genre. De fait, il n'y a pas un polar italien dans les années 1970, mais bien des polars italiens. Difficile de connecter un Fernando Di Leo, un Massimo Dallamano et un Maurizio Merli (notez que là je cite l'acteur) au même arbre de genre, et pourtant on peut. Il s'agit selon moi de différentes visions de ce que le genre peut apporter, et de ce qu'il peut utiliser comme souche dramatique. J'aurais tendance à penser (mais l'avenir dans mes visionnages me démontrera peut-être mon tort) que le neo polar est multiple, et que ses incessants changements de directions au travers d'une production frénétique (bien plus soutenue qu'aux USA) ne sont que le fruit d'une société italienne sur le point d'imploser. Le genre répond aux besoins et aux souhaits du public, et tergiverse, fonce sur un coup de tête, reprend son souffle, prend une carrure humaniste (Dallamano et La lame infernale peuvent en témoigner) pour enfin s’enraciner dans une nature droitière à base de simili-Dirty Harry retors et sans problème de conscience. C'est passionnant, justement parce que le neo polar ne cesse de prendre le pouls de son pays et de ses populations.
Quant à Fernando Di Leo, je dirais personnellement qu'il s'agit d'un grand cinéaste. Je n'ai vu que six films de ce réalisateur, et même quand l'ensemble est plus mineur, cela reste passionnant. Il n'y a qu'à voir Milan calibre 9, mélange de cinéma Melvillien, de violence à l'italienne, de rebondissements assumés avec la rage du désespoir, sans oublier des acteurs remarquables et une musique inoubliable... le tout menant à une fin parmi les plus sèches et violentes que j'ai jamais vu :Di Leo a l'art de soulever son spectateur et de lui offrir un spectacle unique et tendu, avec une matière à la base vue et revue. C'est un enragé, intellectuel et très sensible à la fois. Il ne négocie pas avec ses films, il tourne comme il en a envie et livre l'uppercut dont il a envie. Pour ma part, je reste totalement secoué par La mala ordina, un modèle de film noir comme on n'en voit plus. Et Mario Adorf, quel acteur...
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Enfin, Di Leo a l'art d'ouvrir ses films. Ses séquences pré-génériques sont souvent essentielles pour intégrer le film, son idée et son fond.
L'Italie à main armée par Jean-Baptiste Thoret