Phil Karlson (1908-1985)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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bruce randylan
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Re: Phil Karlson (1908-1985)

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Le cobra de Shanghai (The Shanghai Cobra - 1945)

Après le décès mystérieux de trois personnes travaillant dans la même banque, le détective Charlie Chan est appelé pour résoudre l'affaire.

Premier des deux épisodes réalisés par Karlson, cette petite production Monogram demeure bien médiocre. Je connais très mal la série des Charlie Chan donc je ne peux pas juger de la qualité de cet opus vis à vis des autres. Dans l'état, c'est pas très passionnant, assez mollasson et malgré sa courte durée, on s'y ennuie rapidement. Il faut dire que le scenario est extrêmement basique et conventionnel avec une réalisation souvent plate et sans grande inspiration (ce qui ne devait pas être évident vu le budget alloué).
C'est dans le pur film noir que le cinéaste se réveille comme l'ouverture (qu'il reprendra et améliorera dans Behind the Mask avec son atmosphère nocturne et pluvieuse pour plusieurs cadrages très proches). Les séquences dans les égouts sortent un peu du lot aussi mais il faut le dire rapidement. En fait, on dirait que Karlson ne sait pas quoi faire de Charlie Chan. Il semble plus attaché aux side-kicks (le fils et le chauffeur) qui donnent plusieurs séquences humoristiques pas toujours réussies d'ailleurs. Mais la scène où ils s'infiltrent dans la laverie est assez amusante. Ce film m'a cependant paru meilleur que sa suite (Dark Alibi)où l'humour lourdingue prenait vraiment trop le pas sur l'enquête.
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bowery bombshell (1946)

Pour dépanner un ami restaurateur en manque d'argent, un groupe de jeunes cherche à vendre leur vieille voiture alors que des gangsters viennent d'attaquer banque. Suite a un quiproquo, un des adolescent est pris pour un malfaiteur

Un peu plus plus tôt dans cette même année 1946, Karlson avait tourné live wires, premier film avec les Bowery boys (qui succèdent aux Dead End Kids, The East Side Kid). Si ce film n'était pas présent dans cette rétrospective à la cinémathèque, on pouvait voir ce Bowery bombshell, troisième épisode de la série (qui compte 40 films quand même en 10 ans).
Je ne connaissais absolument pas cette série, seulement et uniquement de nom les Dead End Kids, mais ce n'est pas nécessaire pour se lancer dans le visionnage de cette une comédie juvénile qui ne brille pas par sa subtilité ni sa finesse mais demeure agréable par l'abattage de ses acteurs, à commencer par Leo Gorcey, véritable tornade d'énergie qui singe grandement James Cagney dont il reprend clairement plusieurs tics et la diction mitraillette. Son jeu fonctionne parce qu'il est dans un excès presque cartoonesque qui donne envie d'être indulgent.
Le film est de ce niveau, cherchant à masquer son ineptie par une frénésie de paroles, de gags et de situations dont la quantité compense la qualité. C'est donc d'une inspiration inégale : si l'humour est rarement gênant, elle n'atteint jamais des sommets. Mais plusieurs moments m'ont assez amusé, surtout quand les jeunes se déguisent en mafieux et se comportent comme des durs à cuire en se faisant passer pour une légende du milieu que personne n'a jamais vu. En tout cas, tout s'enchaîne très vite avec ses 65 minutes au compteur.

C'est vraiment pas du grand cinéma, la mise en scène est pour ainsi dire inexistante, mais j'ai toujours une sorte de bienveillance pour ce genre de nanar qui jouent à fond le jeu de la comédie bonne enfant; d'autant que le rythme est là.
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Message par kiemavel »

bruce randylan a écrit :Le cobra de Shanghai (The Shanghai Cobra - 1945)

Après le décès mystérieux de trois personnes travaillant dans la même banque, le détective Charlie Chan est appelé pour résoudre l'affaire.

Premier des deux épisodes réalisés par Karlson, cette petite production Monogram demeure bien médiocre. Je connais très mal la série des Charlie Chan donc je ne peux pas juger de la qualité de cet opus vis à vis des autres. Dans l'état, c'est pas très passionnant, assez mollasson et malgré sa courte durée, on s'y ennuie rapidement. Il faut dire que le scenario est extrêmement basique et conventionnel avec une réalisation souvent plate et sans grande inspiration (ce qui ne devait pas être évident vu le budget alloué).
C'est dans le pur film noir que le cinéaste se réveille comme l'ouverture (qu'il reprendra et améliorera dans Behind the Mask avec son atmosphère nocturne et pluvieuse pour plusieurs cadrages très proches). Les séquences dans les égouts sortent un peu du lot aussi mais il faut le dire rapidement. En fait, on dirait que Karlson ne sait pas quoi faire de Charlie Chan. Il semble plus attaché aux side-kicks (le fils et le chauffeur) qui donnent plusieurs séquences humoristiques pas toujours réussies d'ailleurs. Mais la scène où ils s'infiltrent dans la laverie est assez amusante. Ce film m'a cependant paru meilleur que sa suite (Dark Alibi)où l'humour lourdingue prenait vraiment trop le pas sur l'enquête.
D'accord avec toi au sujet des deux Charlie Chan qu'a réalisé Karlson, c'est loin d'être les meilleurs épisodes de la série, Dark Alibi étant même le moins bon des 6 ou 7 que j'ai vu. En fait, ça sent la fin de série même si Sidney Toler tiendra encore le rôle dans quelques épisodes et si le studio lui trouva un remplaçant. Les meilleurs que je connais datent des années 30 et du début de la décennie suivante. Tous ou presque ont été édités en zone 1 avec sous titres français dans 5 coffrets édités par Fox plus quelques DVD édités par MGM dont d'ailleurs Le cobra de Shanghai (lui aussi en vost). Les meilleurs que j'ai vu : Charlie Chan at Treasure Island avec Cesar Romero qui se trouve dans le volume 4 ; Charlie Chan at the races, CC at the Olympics et CC at the opera avec William Demarest et Boris karloff qui se trouvent dans le volume 2. Par contre, au moins un coffret édité par Warner dans lequel on retrouve Dark Alibi et certains des derniers films de la série ne propose les films qu'en vo pure.
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Re: Phil Karlson (1908-1985)

Message par bruce randylan »

J'avais vu Dark Alibi dans ce coffret Warner :wink:
(Le seul coffret Charlie Chan que j'ai et le seul film vu du coffret au passage)
J'ai vu aussi castle in the desert que j'avais beaucoup plus apprécié grace à la réalisation très influencé par Citizen Kane sorti l'année d'avant.

Je préfère pour le moment les Mr Moto avec Peter Lorre ( :) )dont j'ai vu 3 épisodes signés Norman Foster.
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Le tueur de chicago (The Scarface Mob - 1959)

Durant la prohibition, un élite de policiers incorruptibles est mise en place pour lutter contre Al Capone

A la base, Karlson avait tourné deux téléfilms d'une heure qui ont été réunis et remontés pour former un long métrage d'1h40 qui eu droit à une sortie salle.
Et si on oublie la voix-off un peu trop didactique et parfois envahissante quand il s'agit de condenser l'histoire, rien ne laisser deviner l'origine du film tant l'histoire, l’interprétation et la mise en scène sont solides et rigoureuses.

S'inspirant du livre autobiographique d'Elliot Ness, le film est très documenté et évoque régulièrement les dates, les lieux ou les protagonistes mises en jeux. Il y ainsi une immersion très rapide qui permet de saisir les problématiques de l'intrigue et des personnages. Ce style réaliste est la base de la mise en scène fluide de Karlson, très direct et sans fioriture. Le trait est ainsi rarement forcé pour des personnages assez fouillés, y compris les criminels et les seconds rôles (vraiment touchants comme le couple de paumés qui côtoie la mafia sans se rendre vraiment compte du danger). Pas de romantisme, pas de glorification, pas d'exagération non plus dans le traitement dont le seul moment où le cinéaste "joue" avec les nerfs du spectateur est une excellente séquence de suspense autour d'une ligne de téléphone à mettre sur écoute dans un temps limité sans se faire repérer. De l'excellent travail, bien découpé, palpitante qui ne manque pas de tension.
Et à part une fulgurante fusillade finale, sèche, fugace et violente (à la conclusion amer), l'essentiel des scènes d'actions sont en réalité des confrontations verbales qui ne manquent pas d'intensité, avec dialogues sous-entendus qui soulignent autant la détermination de l'équipe de Ness que l'impunité sarcastique de la bande à Capone.

Je ne sais pas si la version de Brian de Palma est reparti du roman, mais ses incorruptibles est très, très proche de ce film-ci. On est vraiment dans le remake pur et dur avec de nombreuses séquences identiques (y compris dans les dialogues). La version Karlson est bien sûr moins spectaculaire et virtuose mais je la trouve plus crédible et cohérente (la scène où Costner jette l'assassin de Connery d'un toit m'a toujours gêné par exemple). Et le casting de la première version est tout autant impeccable.
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Re: Phil Karlson (1908-1985)

Message par bruce randylan »

Massacre pour un fauve (Rampage - 1962)

Un chasseur se voit proposer d'accompagner un couple traquer des fauves en Malaisie

Drôle de film que ce Rampage, initialement commencé par Henry Hathaway qui abandonna le tournage après seulement quelques jours de tournage. On peut comprendre que ce projet avait de quoi faire peur avec un trio amoureux grotesque sur fond d'exotisme. Je ne sais pas ce que Karlson a modifié au script (et s'il l'a pu !) mais il a réussi à sauver les meubles épisodiquement, sans pour autant en faire un faire un bon film.

La chose qui surprend pour un film tourné sur les lieux où se déroulent l'action, c'est le nombres de vaste mouvements de grue qui donne une belle ampleur à cette chasse en nature sauvage. Comme à l'époque de la fin de sa période Monogram, le cinéaste fait encore preuve d'un solide sens des extérieurs auquel il manque tout de même la force d'enracinement des personnages. C'est là, où on sent qu'il n'a sans doute pas eu l'occasion de retravailler pleinement le scénario. Les relations entre les personnages demeurent schématiques, artificielles et peu crédibles. Cependant, leurs caractères exacerbés qui se moquent de la morale et de la bienséance ont quelque chose de fascinant dans ses meilleurs moments ; une sorte de tension sexuelle mélangée à un jeu assez déviant sur la manipulation (et la domination sociale). Une perversité hypocrite qui s'oppose à la "pureté" des autochtones qui ne se soucient pas des conventions et possèdent une vie ouverte et épanouie (y compris dans le couple). L'occasion de retrouver l'acteur Sabu dans son avant-dernier rôle. Le duo qu'il forme avec son épouse est un peu trop idéalisée pour s'avérer satisfaisant mais le contraste fonctionne évidement sur la (bonne) vieille idée que les plus civilisés ne sont pas ceux forcément que l'on croit.
A côté de ça, Karslon réserve quelques scènes assez violentes, notamment 2 faces à faces avec un puma qui demeurent encore impressionnants.

Dit comme ça, le bilan pourrait être vraiment positif mais c'est oublier un histoire très mal structurée, aux personnages sans grandes subtilités avec à la clé un final dans une grande ville allemande qui dénote avec le reste du film dans une conclusion loin de l'intelligence de la Féline de Tourneur (les deux films ayant plusieurs points communs, notamment le désir refoulé).
Mais j'ai toujours un peu d'affection pour ce genre de film bancal, hybride, qui tente de sortir du lot quitte à se planter (plus ou moins volontairement)
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Message par kiemavel »

bruce randylan a écrit :Massacre pour un fauve (Rampage - 1962) Un chasseur se voit proposer d'accompagner un couple traquer des fauves en Malaisie

Drôle de film que ce Rampage, initialement commencé par Henry Hathaway qui abandonna le tournage après seulement quelques jours de tournage. On peut comprendre que ce projet avait de quoi faire peur avec un trio amoureux grotesque sur fond d'exotisme. Je ne sais pas ce que Karlson a modifié au script (et s'il l'a pu !) mais il a réussi à sauver les meubles épisodiquement, sans pour autant en faire un faire un bon film.
Pour moi ça s'arrête là. C'est en tout cas l'impression qu'il m'en reste bien après un unique visionnage datant d'il y a une dizaine d'années. Je m'y étais copieusement em…...malgré le gros Bob qui n'a lui même pas l'air tout le temps pleinement concerné par ce qui se passe. Alors, certes, ce n'était pas la 1ère fois et parfois c'était inclassable et irrésistible mais ici ça ne fonctionne pas. Dans la suite de ton texte, tu vas chercher des choses potentiellement intéressantes que je n'avais pas vu ou dont je n'ai pas le souvenir et qui pourraient toutefois sauver les meubles alors j'y reviendrais peut être….
bruce randylan a écrit :Le tueur de chicago (The Scarface Mob - 1959)

Durant la prohibition, un élite de policiers incorruptibles est mise en place pour lutter contre Al Capone

A la base, Karlson avait tourné deux téléfilms d'une heure qui ont été réunis et remontés pour former un long métrage d'1h40 qui eu droit à une sortie salle.
Et si on oublie la voix-off un peu trop didactique et parfois envahissante quand il s'agit de condenser l'histoire, rien ne laisser deviner l'origine du film tant l'histoire, l’interprétation et la mise en scène sont solides et rigoureuses.
Content pour celui là. J'en avais dit du bien ici et j'avais recueilli deux réactions assez sceptiques : Quoi, le pilote des incorruptibles ? :o. Avec 2 des 3 John Payne (car Les iles de l'enfer est loin de valoir les 2 autres), The Phoenix City Story et Les frères Rico c'est l'un de ses très bons films de la famille policier/thriller.
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Message par bruce randylan »

Thunderhoof (1948)

Deux amis, accompagnés de l'épouse de l'un d'eux, parcourent le désert du Nouveau Mexique pour trouver un cheval sauvage légendaire, Thunderhoof. Ils espèrent le capturer pour le dompter et le revendre ainsi très cher.

L'un des grandes révélation de cette rétrospective Phil Karlson. Une révélation tout court en fait. :D

Tourné un an avant The big cat qui lui fit lui ouvrir les portes des grands studios, on se demande bien où les producteurs avaient les yeux lors de la sortie de ce Thunderhoof qui est beaucoup plus aboutit sur tous les points.
Aucun artifice dans l'histoire, aucune facilité, aucun élément en trop ou rajouté maladroitement. La rigueur de cette série B est exemplaire : seulement 3 acteurs en tout et pour tout et l'intégral du récit se déroule à ciel ouvert et en extérieur (à quelques séquences près – nocturne ou intérieur).
A l'instar des futurs grandes réussites de Budd Boetticher, le scénario multiplie les sous-entendus et les différents niveaux de lecture du film. On est d'ailleurs plus proche de l'adaptation de Mody Dick que d'un western classique. Avec une économie de moyen, Karslon parvient en tout cas à rendre tendu et étouffant les séquences de dialogues dans ce ménage à trois complexe. Et plutôt que de lui donner un seul visage, les comportement des protagonistes peuvent s’interpréter de différentes manières : leur comportement est-il le naturel ? Est-il dû à l'obsession de cette traque ? Au délire dû à une blessure ou à empoisonnement dû à de l'eau croupie ? C'est aussi le cas du personnage féminin, là aussi beaucoup plus riche qu'on pourrait croire. Loin de jouer les quotas, ses motivations correspondantes à de vrais dilemmes moraux et personnelles ; tout en demeurant le seul caractère ayant du recul sur les événements.

En préférant cette ambiguïté, Thunderhoof possède un climat assez unique, une sorte de parabole ou de conte (noir) en plein air mais claustrophobe.
Loin des studios (et sans doute des producteurs), Karlson se montre très inspiré dans sa manière de filmer la nature et d'y intégrer ses personnages. Certaines séquences sont saisissantes à ce titre (comme le combat au bord d'une falaise, le thunderhoof harnaché en pied d'une colline aride ou la plaine désertique).
Il y a ici une assurance et une maturité formelle qu'on ne retrouvera que très rarement dans la carrière du cinéaste. Il intègre pleinement les techniques d'Orson Welles par exemple mais son cadre comme son histoire lui permettent de s'approprier naturellement ces procédés (notamment les compositions de cadres et les contre-plongés).
Le cinéaste déploie là un force minérale, un lyrisme dépouillé et une fable existentielle qui le hisse au même niveau que le trésor de la Sierra madre, mais avec une narration encore plus condensée et épurée. Epatant.

Il était jusque là inédit mais un DVD vient tout juste de sortir en zone 1 :) (mais sans sous-titres :( )

Voilà, plus qu'un avis et j'en aurais fini avec cette rétrospective :mrgreen:
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Message par bruce randylan »

A wave, a mac and a marine (1944)

Un imprésario est sensé recruter deux vedettes de broadway. Mais il se trompe et engage leurs 2 remplaçantes qui rêvent de monter sur scène

Par une petite ironie, j'ai conclu cette rétrospective par la première réalisation de Karslon. :)
De l'aveu du cinéaste lui-même, ce film est l'un des pires jamais fait, si ce n'est le pire. Plutôt injuste, le père Karlson... Non, seulement il existe bien pire et il a lui-même commis bien pire par la suite.
J'ai même presque envie de dire qu'il s'agit d'une de ses meilleures comédies. Certes, ça ne veut pas dire grand chose vu qu'il n'a jamais brillé dans le genre mais il y a l'ambition des débuts, un désir de générosité et une volonté de bien faire. Des qualités pas forcément payantes mais touchantes au vu de l'énergie de la réalisation : quelques jolis mouvements de caméra (certains travellings arrières sont vraiment amples) et un tempo frénétique qui confond certes vitesse et précipitation. La surcharge de gags et de dialogues permet de faire oublier la qualité par la quantité. Dans ses beaux moments, ça crée des situations absurdes et presque surréalistes comme le début étourdissant dans le taxi où l'imprésario n'arrive pas à descendre où il demande, des nouveaux clients rentrant et sortant à chaque moments. A l'inverse le passage dans les couchettes du train ne fonctionne absolument pas comme si l'absence de mouvement handicapait totalement son travail de mise en scène.
L’interprétation est du même ordre : maladroite et jamais dans la retenue mais régulièrement attachante.

Pour un début dans une petite société de production réputée pour ses budgets dérisoires et ses scénario médiocres, A wave, a mac and a marine est plutôt une plaisante surprise qui manque quoiqu'il en soit d'unité (le petit virage mélodramatique de la conclusion est mal amenée mais l'élan et la vitalité de la séquence font passer la pilule pour lui donner une étonnante tonalité douce-amer).

Voilà, c'est donc la fin de cette rétrospective (ouais, je suis à la bourre) mais j'en ai encore 3 en DVD à regarder au calme chez moi sans oublier plusieurs dispo en zone 1 dont certains n'étaient d'ailleurs pas programmé ici comme Kilroy was here ou Swing Parade of 1946. En revanche je regrette que la rétro ai fait l'impasse sur Louisiana , film politique qui a l'air excellent (comme je regrette d'avoir rater le très rare the iroquois trail dont on m'a dit du bien)
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Re: Phil Karlson (1908-1985)

Message par Jack Carter »

Kevin95 a écrit :
bruce randylan a écrit :l'assaut des jeunes loups (Hornests nest - 1970)
Celui-ci, je suis un poil dégouté de l'avoir raté tant le score de Morricone est si beau qu'il me tarde de découvrir le film à l'origine. :evil:
sur TCM fin janvier :wink:
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Re: Phil Karlson (1908-1985)

Message par Kevin95 »

Jack Carter a écrit :
Kevin95 a écrit :
Celui-ci, je suis un poil dégouté de l'avoir raté tant le score de Morricone est si beau qu'il me tarde de découvrir le film à l'origine. :evil:
sur TCM fin janvier :wink:
Je viens tout juste de la découvrir (dans un rip VHS d'une diffusion sur Action donc copie passable et VF imposée) et c'est effectivement une belle réussite.

Bien que le projet est avant tout pensé pour faire suite au carton du film de Robert Aldrich (The Dirty Dozen) et que (coproduction italienne oblige) le budget n'est pas pharamineux (un petit coté film de guerre italien... ce qui n'est absolument pas une critique dans ma bouche) Karlson réussit haut la main à rendre passionnante cette histoire finalement assez ambiguë (tous hormis peut-être l’infirmière ne sont pas blanc bleu) et à ne pas tomber dans la pièges de son intrigue de départ. Comme pour Walking Tall, le réalisateur prend au premier degrés tous ce qui aurait pu faire sourire et n'utilise pas les enfants pour leur photogénie mais en les replaçant dans un contexte dur avec des personnalités plus proches d'un film de Rossellini ou De Sica que d'une série B lambda (des enfants martyrs capables d'être tout aussi cruel que leurs bourreaux comme lors de cette séquence ultra tendue de quasi viol sur Sylva Koscina). J'aurai juste une petite réserve quand à la séquence finale, un poil trop psychologique (et rassurante) mais hormis ce détail, Hornets' Nest est un vrai bon film de guerre (je l'ai déjà dit mais ça ne mange pas de pain, la musique d'Ennio Morricone est à se damner d'ailleurs Tarantino n'est pas sourd et l'a replacé dans son Django Unchained).

Pas sur que la Warner le sorte un jour en DVD donc j'espère qu'un éditeur type Wild Side se penchera un jour sur ce film.

Petite parenthèse mais moi qui (comme beaucoup) trouvait Rock Hudson assez fade ("aussi peu expressif qu'une buche" dixit Tavernier) je commence petit à petit à lui trouver de nombreuses qualités au gaillard et pour tout dire, je ne pensais pas qu'il pouvait être crédible en soldat sec et violent comme dans le film de Karlson.
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Re: Phil Karlson (1908-1985)

Message par AtCloseRange »

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Une série B qui mérite bien sa réputation. Au début, ça ne paie pas tellement de mine mais il suffira de la scène du théâtre pour que le film prenne une autre dimension et enchaîne les retournements de situation assez jubilatoires. Même si la mise en scène nerveuse de Karlson joue son rôle, c'est vraiment l'astuce de son scénario à tiroirs qui donne tout son sel au film. John Payne y trouve un de ses meilleurs rôles en ex-champion de boxe déprimé.
Une satisfaction de plus dans la carrière de Phil Karlson.
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Re: Phil Karlson (1908-1985)

Message par Jeremy Fox »

Ca fait envie ; d'autant lorsqu'on admire John Payne. Je ne connaissais pas ce film.
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Re: Phil Karlson (1908-1985)

Message par Jack Carter »

Tres bon film, en effet, si Sidonis pouvait le sortir dans sa collection "Films noirs" :)
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Re: Phil Karlson (1908-1985)

Message par Jeremy Fox »

Jack Carter a écrit :Tres bon film, en effet, si Sidonis pouvait le sortir dans sa collection "Films noirs" :)

Ils le sortiront peut-être dans leur collection western. Rick vous expliquera... ou pas :lol:
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