Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méconnus

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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kiemavel
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méco

Message par kiemavel »

Cololi a écrit :Quelqu'un a vu Dos au mur de Molinaro paru récemment chez Gaumont découverte ?
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Désolé, je ne connais pas. Je commence à m'ouvrir à ces films "criminels" français des années 50/60 que je connais mal en dehors des "gros" titres. J'ai d'ailleurs fait l'acquisition de pas mal de DVD Gaumont mais pas celui ci...
franzgehl a écrit :Merci pour cette chronique, ca m'a donné envie de revoir Red light.
C'est fait pour…même si en l'occurrence, je l'ai un peu maltraité celui là (c'est quand même pas parce que j'en ai dit plutôt du mal que ça t'a donné envie de le revoir ? :evil: :wink: )

Encore au moins un ou deux George Raft à venir...
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Supfiction
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FILMS NOIRS, sans domicile fixe : Too late for tears (1949)

Message par Supfiction »

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Too Late for Tears (1949)
Réalisation : Byron Haskin
Scénario : Roy Huggins
Avec : Arthur Kennedy, Lizabeth Scott, Don DeFore, Dan Duryea


Originellement sorti sous le titre Too Late for Tears, ce film noir connaitra une seconde sortie en 1955 sous un nouveau titre, Killer Bait. C'est un nouveau scénario de Roy Huggins, auteur l'année précédente de I Love Trouble.

Fritz Lang au début de sa carrière américaine cherchait à prouver que le citoyen moyen devait toujours se méfier de ses désirs profondément enfouis et finalement ne valait pas beaucoup mieux qu'un criminel. Lizabeth Scott le prend au mot dans Too Late for Tears : alors qu'elle est au départ une femme mariée de la haute société, elle surpasse très vite dans les mauvaises intentions et l'avidité le criminel auquel elle se trouve un moment confronté. Le criminel, c'est pourtant pas n'importe qui puisqu'il s'agit de Dan Duryea qui joue ici une variante de son rôle de petit voyou qui a fait sa gloire chez Fritz Lang. Il est à l'origine d'une arnaque (pas très claire mais on s'en moque) et jette lors de la première scène une mallette pleine de billets (60000 dollars apprendra t-on par la suite) sur la plage arrière de la voiture du couple qu'il croise sur une petite route alors qu'ils se rendaient à un dîner. A la vue d'une telle somme d'argent tombée du ciel, la réaction du mari et de la femme sont opposées. Lui voudrait plutôt la ramener à la police alors que la femme (Lizabeth Scott) perd rapidement la tête et essaye de convaincre son mari de tout garder. Puis commence allégrement à se faire plaisir en s'achetant fourrure etc.
Finalement le mari et la femme conviennent de mettre l'argent dans un coffre à la gare, en attendant. C'est à ce moment que ressurgit le voyou Dan Duryea qui veut bien entendu récupérer son pognon. Ce qu'il ne se doute pas c'est qu'il va avoir affaire à une vraie tigresse (d’où le titre français La tigresse)..
Nous verrons par la suite que le mari de la belle avait lui-même quelques doutes sur sa propre femme.

L'acteur Don Defore alias Don Blake arrive dans la seconde partie du film. Il est un mystérieux chevalier blanc dont le spectateur n'apprendra la véritable identité que dans les dernières minutes.
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The girl is bad, the girl is dangerous...
Un mot sur Lizabeth Scott : née Emma Matzo, elle commença sa carrière comme doublure de Tallulah Bankhead, connue pour son "omnisexualité", et l'acheva après des accusations de mœurs douteuses (entendre sexualité débridée) durant la chasse aux sorcières.
Ce que l'on retient en premier lieu de Lizabeth Scott, c'est sa voix rauque et sexy, assez proche de celle de Lauren Bacall, et qu'on imagine (à tort ou à raison comme) le résultat de la consommation de cigarettes et alcools en tout genre.
Après avoir fait ses débuts, déjà glaciale, dans le noir dans The Strange love of Martha Ivers en 1946 face à Stanwyck, Kirk Douglas et Van Heflin, on la verra par la suite dans I walk alone, Dead Reckoning, The Racket, Stolen Face, Two of a kind, Desert Fury, Dark city, Pitfall et Too late for tears dans lequel elle ne passa jamais inaperçu.

A titre d'anecdote, Denver Pyle (mais si, vous le reconnaissez!) apparait comme ultime proie de Lizabeth Scott.
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Dernière modification par Supfiction le 10 nov. 19, 11:34, modifié 1 fois.
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Re: FILMS NOIRS, sans domicile fixe : Too late for tears (19

Message par kiemavel »

Supfiction a écrit :
Too Late for Tears (1949)
Réalisation : Byron Haskin
Scénario : Roy Huggins
Avec : Arthur Kennedy, Lizabeth Scott, Don DeFore, Dan Duryea
Je me rappelle que je n'avais pas saisi non plus l'arnaque de Duryea (de mémoire : une histoire de chantage sur un homme d'affaires…) à l'origine de cet argent tombé du ciel qui va devenir un cadeau empoisonné pour un petit couple sans histoires…du moins le croit-on car en réalité Lizabeth Scott n'en est surement pas à son coup d'essai. Tu as eu raison de t'arrêter assez tôt dans la description de l'intrigue car c'est un film qui fonctionne en grande partie sur ses rebondissements. On peut quand même sans trop gâcher le plaisir du spectateur préciser que le personnage interprété par Lizabeth Scott n'est pas une garce intégrale. Elle bascule dans le crime à partir d'une scène clé non dénuée d'ironie. Alors qu'elle fixe un RDV à Duryea pour le supprimer, elle semble renoncer à son projet mais devient meurtrière quand même, mais par accident. On n'échappe pas à son destin…À partir de là, il n'y a plus de retour en arrière possible et elle va devenir de plus en plus dure, au point même d'écoeurer le petit escroc interprété par Duryea. Attention, même s'il est beaucoup question d'armes à feu, ce n'est pas l'arme favorite de notre héroïne !

Le film tient le coup surtout pour le duo de têtes d'affiche. Dan Duryea y est très bon mais il est dépassé par Lizabeth Scott dans la plus spectaculaire interprétation de sa carrière. Arthur Kennedy (le mari de Liz) est très bien aussi mais son rôle de type intègre et scrupuleux le fait moins briller. La seconde partie du film se complique avec le rôle plus actif joué par la soeur d'Arthur Kennedy (Kristine Miller) ; par l'arrivée de Don DeFore (qui se présente comme frère d'armes de Kennedy) et par Barry Kelley (qui ne joue pas un avocat comme dans bon nombre de films du genre mais un flic). Intrigue assez délirante mais bon film que je préfère aux autres contributions au genre de Byron Haskin : L'homme aux abois (I Walk Alone) 1948 avec déjà Lizabeth Scott et Kristine Miller et The Boss avec John Payne (1956)

DVD édité par Bach Films
A titre d'anecdote, Denver Pyle (mais si, vous le reconnaissez!) apparait comme ultime proie de Lizabeth Scott.
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Le père des deux débiles dans Shérif, fais moi peur ? :D
Tu sais que tout comme James Best (le fameux shérif), Denver Pyle est apparu dans nombre de westerns des années 50 mais dans des rôles souvent encore plus réduits.
Chip
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méco

Message par Chip »

Right ! Pyle a plus de 200 westerns à son actif, si l'on prend en compte ceux tournés pour de nombreuses séries TV, parmi les plus connus :
Johnny Guitare, le gaucher, les cavaliers, Alamo, l'homme qui tua Liberty Valance, les cheyennes. On n'oubliera pas le shérif de " Bonnie and Clyde".
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FILMS NOIRS, sans domicile fixe : Road House (1948)

Message par Supfiction »

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Road house / La Femme aux cigarettes (1948)
Réalisation : Jean Negulesco
Scénario : Edward Chodorov d'après une histoire de Margaret Gruen et Oscar Saul
Photographie : Joseph LaShelle
Avec : Ida Lupino (Lily), Richard Widmark (Jefty), Cornel Wilde (Pete), Celeste Holm


Tommy Udo never dies..

A la frontière du Canada, dans une petite ville qui se résume à un routier et ses allentours, le patron et potentat local est Jefty (Richard Widmark). Son ami d'enfance (Cornell Wilde) gère pour son compte le bar-restaurant-bowling. Mais tout se complique quand Jefty engage Lily Stevens comme chanteuse. Morgan voit son arrivée d'un mauvais oeil, et pousse Lily à partir, mais la jeune femme reste et grâce à elle, l'auberge trouve un nouveau souffle...

"Hey, you son of a gun"

Le mythique et effrayant Tommy Udo (rôle emblématique de Richard Widmark du Carrefour de la mort qui valu à l'acteur la reconnaissance et une nomintation aux Oscars) est bien caché derrière le sympathique pote "Jefty", patron d'un routier au début de Road House. Le film démarre lorsque celui-ci fait venir une chanteuse engagée pour attirer la clientèle du piano bar. Mais plus le film avance, plus on se rapproche du dénouement et plus Tommy Udo et son gloussement nerveux et sadique refont surface. Jusqu'au feu d'artifice final. Richard Widmark a déjà atteint une puissance de jeu supérieure faisant de son Jefty davantage que le sociopathe/psychopathe sadique auquel il était abonné, et créant un personnage complexe et imprévisible, tantôt jovial et magnanime, tantôt tyrannique et capricieux. Il est d'ailleurs presque "normal" (juste un peu tyranique sur les bords) jusqu'à ce qu'il découvre que Lily (Ida) le rejette au profit de Pete (Cornel Wilde) qui avait pourtant tout fait pour se débarasser d'elle (il l'a ramène même à la gare pour qu'elle reparte d'où elle venait) et se faisant prier avant d'accepter de lui donner des cours de bowling.
Il est délectable de voir Ida Lupino et Cornel Wilde jouer au chat et à la souris. En dépit de manières peu aimables, et sans doute aussi parce qu'il la rejette, elle est irrémédiablement attirée et finit par voir en lui une bouée de sauvetage, un échappatoire vers une autre vie après de longues années d'errance.
Pour lui, elle est l'occasion de relever la tête alors qu'il semble avoir renoncé à toute ambition, se contentant de gérer les affaires pour le compte de son patron.

Ida Lupino tient ici l'un des rôles les plus mémorables et sensuels de sa carrière.
Son visage est prématurément vieilli (elle a à peine trente ans) par une probable vie dissolue, trop de cigarettes et de scotch, mais c'est parfait pour ce rôle de baroudeuse à la fois fragile (l'actrice est sans doute l'une des plus petites et menues des années 40) et en même temps au caractère bien trempé, même endurcie. Avec elle on est constamment tiraillé par deux instincts : la protéger ou se cacher sous sa jupe. Ida Lupino c'est ça, une figure maternelle forte et une petite brindille qui semble devoir s'envoler au moindre coup de vent.
Jouant de cette ambivalence, le scénario la présente d'ailleurs comme une femme fatale typique de film noir, mystérieuse et provocante (le premier plan sur elle s'ouvre sur ses jambes posées sur le bureau) qui boit et fume beaucoup (et sacage les pianos en y posant ses cigarettes, formidable idée de mise en scène utilisé pour signifier le temps passé). Mais à la surprise des habitués du genre, son personnage devient progressivement une fille bien, loyale à l'homme qu'elle aime même lorsqu'il a des ennuis, et qui ne demande qu'à vivre une vie calme et rangée.

On ne peut la quitter des yeux dans la scene du lac lorsqu'elle improvise un bikini de bain à base de bouts de tissus et de foulards. Elle transforme au final un enième role cliché de chanteuse ringarde en quelque-chose d'unique et d'attachant. La sensualité qu'elle dégage doit autant à son physique qu'à sa voix grave si reconnaissable. Elle n'en a jamais aussi bien usé. Elle chante d'ailleurs avec sa propre voix pour la première fois ("One for My Baby And One More for the Road" sur une partition de Harold Arlen, paroles de Johnny Mercer), alors qu'elle était précemment doublée dans le très moyen The Man I Love (1947) notamment.

Cornel Wilde est impeccable dans son rôle d'homme quelque-peu résigné et bourru (quelque-chose de Mitchum) et a l'occasion lors d'une bagarre de montrer qu'il est également un acteur "physique".
Enfin, il y a le personnage joué par Celeste Holm, pour qui on a un peu de peine et qu'on aurait imaginé jalouse mais qui s'avère au final un personnage trop gentil et conciliant, du genre à se faire tirer dessus à la place du héros.

Road House est-il vraiment un film noir ou plutôt un drame ? On est en droit de ne pas le considérer comme un vrai film noir car on ne retrouve pas ici la totalité des éléments caractéristiques du genre. Le début du scénario pose pourtant les éléments, la femme fatale et deux hommes potentiellement en conflit pour le sexe et le pouvoir. Mais le scénario bifurque rapidement, s'éloignant des stéréotypes du genre même si la fatalité semble planer sur le destins des amoureux.
C'est une réalisation soignée de Jean Negulesco dont c'était ici le premier travail pour la Fox. Son approche psychologique des personnages est nuancée et délicate et c'est appréciable : on a jamais affaire à des caricatures de film noir mais à de vrais personnages complexes.

La photographie de LaShelle, l'un des meilleurs directeurs photo de l'époque (il gagna un Oscar en 1944 pour Laura et fut nominé régulièrement), raccroche le film au noir. Elle est impeccable, en particulier toute la séquence finale se déroulant de nuit dans la forêt.

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Dernière modification par Supfiction le 24 juin 16, 20:02, modifié 2 fois.
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The Brasher Doubloon

Message par kiemavel »

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La pièce maudite - The Brasher Doubloon (1947)
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Le détective privé Philip Marlowe est convoqué par la secrétaire d'une riche veuve demeurant à Pasadena qui envisage de l'engager. Arrivé au manoir, il fait la connaissance de Merle, la jolie secrétaire de Mme Murdock qui le met en garde contre l'excentricité et le caractère difficile de la vieille dame. Celle ci le reçoit et lui expose la raison de sa venue : le vol d'une pièce de monnaie rarissime disparue de la collection de son défunt mari. L'affaire semble simple puisque seulement 3 personnes avaient accès au coffre : Mme Murdock, son fils et sa secrétaire mais Marlowe ne semble pas particulièrement intéressé par l'affaire en dépit des 100 dollars d'avance qui arrangeraient sa situation financière. C'est qu'il se méfie du manque de franchise de Mme Murdock qui affirme soupçonner quelqu'un en particulier mais refuse d'en dire plus. D'autre part, l'atmosphère régnant dans le manoir est étrange. Après une conversation assez vive entre Merle et Leslie, le jeune fils de la maison, ce dernier a essayé de se débarrasser du détective en affirmant qu'on n'avait pas besoin de ses services et surtout l'acariâtre et tyrannique Mme Murdock semble avoir une grande emprise sur Merle, une jeune femme fragile et perturbée…Marlowe accepte l'affaire et exploite l'une des rares informations données par sa commanditaire : un expert numismate nommé Elisha Morningstar s'était il y a quelques jours enquis de la pièce et l'avait sollicité pour en faire l'acquisition…
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The High Window, le 3ème roman écrit par Raymond Chandler avait déjà été adapté à l'écran en 1942 sous le titre Time to Kill mais en changeant le nom du détective Philip Marlowe afin d'intégrer le film dans la série des enquêtes d'un autre détective privé de la littérature puis de l'écran : Michael Shayne, interprété avec succès à 7 reprises par Lloyd Nolan entre 1940 et 1942. Or, l'univers des "Michael Shayne" qui apparente la série davantage à la comédie policière plus qu'au film noir est très éloigné de celui voulu par Chandler. On peut donc comprendre le désappointement de l'auteur à la sortie du film et Il a du être à peine plus satisfait de cette seconde adaptation même si elle est tout de même nettement moins parodique que la première. Cependant, pour apprécier ce film, il faut oublier Adieu, ma belle (Murder my Sweet) ou Le grand sommeil (The Big Sleep) et les deux grands interprètes du rôle de Marlowe, Dick Powell et Humphrey Bogart, dans ces deux films qui avaient précédé celui de John Brahm. Mais de mon point de vue, The Brasher Doubloon n'est cependant pas un film noir raté mais un noir allégé tant son esthétique l'éloigne des canons du genre (alors que le metteur en scène avait su au cours des années précédentes donner de "vrais" films noirs) mais c'est surtout son traitement d'une histoire embrouillée "à la Chandler" qui dénature les intentions de l'auteur car Brahm et/ou les auteurs du scénario ont semblé traiter par dessus la jambe cette histoire en accentuant notamment le coté grotesque de certains personnages secondaires et surtout en exploitant les troubles de Merle, l'un de ses personnages clés, de manière plutôt drôle. Il est aussi possible que John Brahm ai eu conscience qu'il n'avait pas non plus une distribution capable de donner toute la mesure de cette histoire à cause des deux têtes d'affiche dont il disposait, l'une inexpérimentée (Nancy Guild), l'autre peu prédisposé pour le genre (Montgomery).
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De fait, le Marlowe de George Montgomery est bien plus léger que ses prédécesseurs. Ce n'est pas un de ces durs à cuire portant sur eux leur connaissance des bas fonds qu'ils ont assidûment fréquenté et on ne perçoit nulle lassitude chez ce Marlowe là. Il est plus jeune (Montgomery avait 30 ans), plus optimiste, plus souriant et plus charmeur (Ah cette moustache !). Nul cynisme ni de sarcasmes chez lui mais il manie l'ironie et use de son sourire pour enjôler (ou engeôler ; comme on veut) ses adversaires plus ou moins déclarés. Un charme juvénile et une gaité coupables ? Son Marlowe est-il trop confiant et trop optimiste ? Peu (m')importe tant ce personnage est cohérent dans l'univers montré par le metteur en scène. Mais certes, ses manières douces, sa nonchalance et même son usage occasionnel de la force pourront déconcerter car même quand il passe à l'action, sa manière de désarmer ses agresseurs ou bien sa façon de se battre (il pratique davantage le coup de pied au cul que le coup de poing rageur) sortent des canons du genre. L'intrigue est en revanche totalement "film noir" ; sous genre "à la Chandler" car même si l'intrigue a été simplifiée par rapport à celle du roman et même par rapport à la 1ère adaptation à l'écran, on croise tout de même de nombreux personnages mystérieux dans une intrigue incluant : vol, chantage, meurtres (3) sur fond de secret de famille. Mais, parallèlement à son enquête, Marlowe s'assigne une mission secondaire qui m'a semblé plus intéressante et amusante que la première : décoincer Merle, une jeune femme terrifiée par les hommes…car le moins qu'on puisse dire, c'est que le traitement des troubles névrotiques de la demoiselle est pour le moins facétieux.
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On découvre une belle jeune femme vulnérable et au comportement énigmatique car elle semble toute dévouée à une vieille dame qui semble pourtant exercer sur elle une pression constante. Merle semble trembler au son de la voix de Mme Murdock qui use d'elle comme d'une esclave virtuelle. Mais c'est surtout son comportement avec Marlowe qui intrigue ce dernier. Lors de leur rencontre, elle se crispe quand il la touche "accidentellement" et avoue fuir tout contact avec les hommes. Notre expert Marlowe se propose aussitôt pour tenter de guérir la phobie de Merle !..et cela occasionne quelques séquences amusantes même si le personnage n'est pas exploité totalement car la fragile jeune femme pourra aussi représenter une menace…à laquelle on ne croit guère en raison du jeu relativement limité de la jeune Nancy Guild qui joue ça en ayant l'air d'avoir en permanence les yeux pris dans les phares. Dommage car le traumatisme enfoui en elle est la clé de l'énigme et cet aspect aurait peut-être mérité d'être traité avec un peu plus de sérieux…

Merle n'est pas le seul personnage étrange que va croiser Marlowe. Dans le manoir, il fait donc la connaissance de la sinistre Mme Murdock (Lucille Bates, dans un rôle assez proche de celui qu'elle tenait dans Rebecca) et de son jeune fils Leslie (Conrad Janis), un enfant gâté (pourri ?) et arrogant auquel sa mère est très attachée. Puis Marlowe va rencontrer une troupe bigarrée de personnages louches, mais pour moi au moins aussi inquiétants qu'amusants. Elisha Morningstar (Housely Stevenson) un expert numismate retrace notamment, sourire au lèvre, la sinistre histoire des possesseurs de la "pièce maudite". Puis Eddie Prue (Alfred Linder), accent allemand prononcé et une paupière lui tombant sur l'oeil, rend visite à Marlowe pour l'intimider. On retrouve aussi Marvin Miller (en tenancier d'un tripot). Fritz Kortner est le photographe d'actualités Rudolph Vannier (et son rôle de maitre chanteur aurait pu convenir à un Peter Lorre) et enfin Roy Roberts interprète le flic qui suit également l'affaire pour la police ; sans rien y comprendre, arrivant toujours trop tard, comptant les morts et donc perpétuellement exaspéré. À signaler aussi, l'épilogue assez vieillot au cours duquel Marlowe réunit tous les acteurs du "crime" dans son bureau…Sympathique mais John Brahm a donné de bien meilleurs films au genre et surtout en respectant totalement le programme. Passé au moins une fois sur une chaine française. DVD gravé (vost) À suivre, la 1ère version du même roman : Time to Kill
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Re: FILMS NOIRS, sans domicile fixe : Road House (1948)

Message par kiemavel »

Nancy Guild -une actrice dont federico avait dit du bien par ici il me semble- avait été lancé par la Fox comme une alternative à Gene Tierney mais sa carrière a tourné court. Après avoir obtenu les 1er rôles féminins de Quelque part dans la nuit (Mankiewicz), La pièce maudite puis Cagliostro (Ratoff et Welles), elle se retrouva vite au coté de Francis (le mulet parlant) ou des Deux nigauds (à peine plus malins que le précédent) mais elle tournera encore un film au coté de Mark Stevens et Rhonda Fleming : Little Egypt

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Supfiction a écrit :Image
Road house / La Femme aux cigarettes (1948)
Réalisation : Jean Negulesco
Ton texte est ce que j'ai lu de plus fin sur ce film…
Il a été édité en zone 1 avec vost (ça doit encore se trouver). Pas grand chose à ajouter, si ce n'est que la voix d'Ida Lupino m'a toujours paru un peu faible mais je préfère ça aux filles doublées même si c'est un aspect très secondaire. Quant à Cornel Wilde, acteur physique (non doublée ? :wink: ), oui, on l'a même retrouvé au générique de pas mal de films d'aventure de série B, et c'est peut-être même le genre dans lequel il s'est le plus illustré. Je viens d'ailleurs de revoir le plaisant : Le trésor du Guatemala.
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Message par Supfiction »

A signaler une vente privée Taschen aujourd'hui, avec ce gros livre à 17 euros.
Comme d'habitude chez Taschen, c'est surtout pour les photos.

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http://fromtheavenue.blogspot.fr/2014/0 ... rites.html
Dernière modification par Supfiction le 8 janv. 16, 11:13, modifié 1 fois.
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Time to Kill

Message par kiemavel »

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Time to Kill (1942)
Le détective privé Michael Shayne est convoqué par Mme Murdock, une riche veuve, afin de retrouver une pièce de monnaie très rare qui lui a été dérobé. Elle soupçonne ouvertement Linda, sa belle-fille, une ex chanteuse de night-club d'avoir perpétré le vol. La vieille dame semble vouloir en profiter pour se débarrasser définitivement de sa belle fille qui vit séparée de son fils Leslie et elle charge le détective d'obtenir son consentement afin d'aboutir rapidement à un divorce. Shayne retrouve la trace de la jeune femme et découvre que Linda semble très éloignée du portrait peu flatteur dressé par sa belle-mêre…

Première adaptation du roman de Raymond Chandler, The High Window…Elle est par certains aspects plus respectueuse du roman que la version de John Brahm car certains personnages, absents de la version ultérieure sont bien présents dans cette adaptation. Mais d'un autre coté, elle est bien moins respectueuse de l'esprit du roman puisque l'ensemble est d'un bout à l'autre traité dans l'esprit d'une comédie policière. Si l'intrigue est donc plus compliquée et embrouillée que dans la version de 1947, en partie en raison des personnages supplémentaires, cela n'empêche nullement le metteur en scène de galoper puisqu'il boucle son affaire en 61 minutes ! Autant dire que le film ne souffre pas de longueurs…cependant même s'il est très plaisant en l'état, pour une adaptation de Chandler, c'est court et il est quand même dommage que la Fox ai envisagé ce film comme un complément de programme et plus largement n'ai pas cru davantage à cette série car comme je l'expliquais dans le texte précédent, la Fox avait "retiré" l'enquête à Philip Marlowe, le détective privé crée par Chandler, pour la confier à Michael Shayne, afin d'intégrer le film à la série à succès interprété par Lloyd Nolan entre 1940 et 1942, Time to Kill étant le dernier titre de la série.

Je ne reviens pas sur l'intrigue générale (voir le texte précédent). Je vais me contenter essentiellement de souligner les différences avec la version de 1947. Cette fois, 3 personnages féminins sont au centre de l'intrigue : Mme Murdock (Ethel Griffies) qui signale le vol du Brasher Doubloon ; Merle (Heather Angel), sa secrétaire toujours aussi tourmentée et Linda (Doris Merrick) la belle fille de Mme Murdock….et deux d'entre elles sont impliquées dans le secret de famille et la manipulation (je schématise) qui va réapparaitre à la faveur de l'enquête que l'on a confié à Shayne. Tous les personnages principaux et secondaires de la version de 1947 sont bien présents : Leslie Murdock, plus seulement fils de…mais aussi mari… L'expert numismate douteux (à qui on a donné une secrétaire "gentille" qui est un peu maltraitée par le scénario mais c'est pour la bonne cause car elle est assez amusante)….Un mystérieux maitre chanteur (qui n'est plus un cameraman d'actualités mais un photographe amateur). Et enfin, on retrouve à nouveau un lieutenant de police qui ne comprend rien à l'affaire et qui est de plus en plus exaspéré à mesure que les cadavres s'accumulent dans le sillage de Shayne. Les milieux de la nuit, du jeu, du gangstérisme (avec cette fois des gangsters donnant aussi dans la fausse monnaie) sont bien encore là mais cette fois c'est encore plus imbriqué avec la vie privé de certains des principaux personnages.

On les retrouve autour de Linda, la belle-fille de Mme Murdock, qui est redevenu chanteuse depuis la quasi séparation d'avec son mari (et elle chante deux fois). Elle travaille au Idle Valley Club qui appartient à Alex Morny, le mari de Lois, la meilleure amie de Linda…laquelle est toujours flanquée d'un type bien carré, Louis Venter qui se fait maltraiter par à peu près tout le monde. Tous ces personnages n'apparaissaient pas dans le film de John Brahm…mais ce n'est pas tout. Je signale aussi George Anson Philips, un concurrent de Shayne, lui aussi détective privé…et un dentiste (qu'est ce qu'il vient faire là, lui ? ). Donc je résume…Faut me faire rentrer : 14 personnages impliqués dans une histoire ou se conjugue : secret de famille, emprise psychologique/manipulation, vol, crimes, jeux clandestins, contrefaçon, chantage, milieu de la nuit….et faut que ce soit marrant...Vous avez une heure ! Ben, le petit Herbert I. Leeds a réussi … un film plus que sympathique mais encore une fois, avec ce film là, on s'éloigne quand même beaucoup du film noir. Passé à la télévision chez nous (DVD gravé - vost). Herbert Leeds a réalisé quelques films que l'on peut voir. Un Mr. Moto (Monsieur Moto en péril) avec Peter Lorre et Jean Hersholt. Un Charlie Chan, City in Darkness avec Sidney Toler et Lynn Bari. Et trois autres Michael Shayne : Blue, White and Perfect ; The Man Who Wouldn't Die et Just Off Broadway. (presque) tout ceci a été édité aux USA…avec vost ; 2 des Michael Shayne (4 titres en tout) dans un coffret intitulé : Michael Shayne Mysteries.
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méco

Message par kiemavel »

Cololi a écrit :Quelqu'un a vu Dos au mur de Molinaro paru récemment chez Gaumont découverte ?

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Découvert hier (DVD) Merci Noz...quelques jours après la découverte d'un autre film criminel "à la française" réalisé également par Molinaro : Un témoin dans la ville (Blu-Ray)
:shock: Les deux films sont remarquables. Je vais surement en dire un mot mais ailleurs. Grosse envie de découvrir ses autres films criminels notamment celui évoqué par Supfiction dans ce sujet : Des femmes disparaissent
S'il y en a d'autres des perles méconnues comme celle ci dans le polar français, je suis preneur :o :wink:
Cololi

Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méco

Message par Cololi »

J'ai acheté les 2 films, mais vu encore aucun, c'est encourageant :D (et c'est au prix Gaumont Découverte :D )
Cololi

Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méco

Message par Cololi »

Je viens de voir Un témoin dans la ville, c'est vraiment génial :D
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Jack Carter
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méco

Message par Jack Carter »

kiemavel a écrit :
Cololi a écrit :Quelqu'un a vu Dos au mur de Molinaro paru récemment chez Gaumont découverte ?

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Découvert hier (DVD) Merci Noz...quelques jours après la découverte d'un autre film criminel "à la française" réalisé également par Molinaro : Un témoin dans la ville (Blu-Ray)
:shock: Les deux films sont remarquables. Je vais surement en dire un mot mais ailleurs. Grosse envie de découvrir ses autres films criminels notamment celui évoqué par Supfiction dans ce sujet : Des femmes disparaissent
S'il y en a d'autres des perles méconnues comme celle ci dans le polar français, je suis preneur :o :wink:
Essaye Le Monte-charge de Marcel Bluwal, egalement sorti en blu-ray decouverte chez Gaumont.

Sinon, un que j'aime beaucoup, decouvert cette année lors du prix Jacques Deray à l'Institut Lumiere, c'est Symphonie pour un massacre, excellent polar à la distribution exceptionnelle (Rochefort, Vanel, Auclair, Giovanni, Mercier, Dauphin). Il me semble que le film a reçu une aide du CNC pour restauration, c'est un film Pathé (j'espere qu'il sortira dans leurcollection blu-ray de classiques français)
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The Life and Death of Colonel Blimp (Michael Powell & Emeric Pressburger, 1943)
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méco

Message par kiemavel »

Cololi a écrit :Je viens de voir Un témoin dans la ville, c'est vraiment génial :D
:D
En ce qui concerne Le dos au mur, j'en dis le minimum mais c'est quand même peut-être un cran en dessous. Le scénario et l'atmosphère appartiennent encore beaucoup au cinéma criminel "à la française", notamment pour ce personnage central de grand bourgeois cocu. L'atmosphère fait un peu penser à du Chabrol. C'est un peu l'ancêtre de certains de ses meilleurs films mais avec une mise en scène plus carré, déjà un sens du cadre étonnant et plus largement une maitrise étonnante de la part d'un type dont c'était le premier long métrage. La facture est classique et c'est comme la tournée du facteur : "à l'américaine". L'influence du film noir américain se fait sentir, notamment pour la voix off sinon omniprésente mais primordiale qui nous donne à entendre les commentaires sarcastiques du personnage central qui s'amuse des effets produits par ses tentatives de manipulation sur son entourage. À cela s'ajoute un personnage de détective privé mais pour le coup ce n'est pas un ingrédient de plus pour le rattacher au film noir puisqu'il est traité avec humour (tout comme son épouse) ; une french touch sans doute due à F. Dard, co-scénariste du film. Ma seule réserve, ce serait pour les amants, surtout à cause du personnage joué par Philippe Nicaud mais je ne veux pas en dire plus. Si tu fais un retour sur le film, je préciserais mes raisons. Mais cela dit, je mettrais un 9 à celui que tu as vu et un 8 à ce premier long de Molinaro.
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méco

Message par kiemavel »

Un témoin dans la ville

Une femme est tuée par son amant qui la précipite hors du train à bord duquel ils voyageaient. Verdier, l'amant, est acquitté faute de preuves mais peu après Ancelin, le mari, s'introduit de nuit au domicile du meurtrier et le tue avant de maquiller son crime en suicide. Mais au moment où il pense s'évanouir dans la nuit, il est vu par un "témoin dans la ville", un chauffeur de taxi dont il ne réalise pas immédiatement le danger qu'il représente. Un petit retard à l'allumage grave de conséquence car une suite de petits contretemps, de ratés…et un renoncement vont rendre longtemps insaisissable le témoin gênant entrainant une longue chasse à l'homme qui va nous faire visiter Paris par tous les moyens : à pied, en métro, en voiture. Pendant que le personnage interprété par Ventura rate tous les rdv avec son témoin gênant, Molinaro ne perd pas de temps et nous montre une histoire d'amour débutante ; l'univers d'une profession, chauffeur de taxi de nuit ; la solidarité et la camaraderie régnant dans ce milieu populaire. Tout ceci revêtant une grande importance pour la suite…

Tout est parfait dans ce film. Il s'ouvre brutalement, directement par le crime commis impunément par l'amant de Mme Ancelin et c'est une scène déterminante puisqu'elle va conditionner la complexité des sentiments que va éprouver le spectateur à l'égard d'Ancelin (Lino Ventura) car malgré son statut de chasseur, on est aussi un peu avec lui. L'arrogance du coupable et de son avocat ; les propos tenus par Verdier avant de mourir dans lesquels il tentait de renverser les culpabilités ; plus tard, un renoncement d'Ancelin qui a une occasion de supprimer le radio-taxi…tout ceci contribue à ne pas éprouver de répulsion pour ce personnage. Et d'autant plus quand le prédateur deviendra chassé...

Mais on est bien sur aussi avec le taxi dont on suit notamment l'histoire d'amour débutante avec une standardiste de la compagnie qui l'emploie (jouée magnifiquement par Sandra Milo…si je trouve son adresse, elle va recevoir une lettre enflammée ). Molinaro trouve le moyen -alors que ce n'est pas son sujet- de nous montrer un couple 50th aussi touchant qu'Antoine et Antoinette (Becker) ! Le metteur en scène utilise aussi à merveille le métier du témoin, prétexte à nous balader dans un Paris nocturne admirablement mis en valeur. Dans les petits bars où le traqué retrouve ses camarades (dont son meilleur ami joué par un très bon Robert Dalban), on comprend la solidarité des prolos du bitume…et pas de bol pour Ancelin, les taxi sont plus solidaires que les gars de la CGT !

Ce 3ème long métrage du réalisateur est plus "américain" que le précédent et on y sent encore davantage l'influence du film noir que Molinaro a du bien regarder jusqu'aux petites séries B car cette idée de la standardiste de la société de radio-taxi amoureuse du chauffeur traqué provient sans doute de personnages semblables que l'on voyait dans Traqué dans Chicago ou De minuit à l'aube mais Molinaro rend avec intérêts puisque c'est très intelligemment exploité y compris dans la partie finale. Les deux amants continuent de se séduire par radio interposée tant que le chauffeur ignore le danger qui le guette…avant que la radio ne soit utilisée comme un instrument pour rester en vie...

Les déambulations dans Paris sont aussi bien filmées que dans le film précédent et elles sont bien sûr encore plus nombreuses et "poursuite" oblige, le rythme est plus soutenu (et il ne va pas cesser de s'accélérer). On sent aussi que le métier est rentré : la précision des cadres et des mouvements de caméra ; les petites idées de mise en scène qui enrichissent presque chaque séquence ; tout respire le travail bien fait du solide professionnel…On retrouve quelques signes d'une identité bien française dans de petites trouvailles scénaristiques, notamment pour la présence de nombreux petits personnages par lesquels passent souvent des notes humoristiques plus discrètes que dans Le dos au mur. Ces petits personnages fugaces sont interprétés par des comédiens bien connus (Sacha Briquet, client saoul d'une boite de nuit exclu par le videur Guy Piérault. Dora Doll apparait quelques secondes en prostituée et quelques "gêneurs" viennent perturber le drame en train de se jouer. On voit Billy Kearns en soldat américain s'imposant dans un taxi ou bien Daniel Ceccaldi en client italien ; entre autres)

NB : Bien que différent, pour sa force, le final m'a rappelé celui d'un polar français pas vu depuis au moins 20 ans, le bien nommé La traque de Serge Leroy.
Dernière modification par kiemavel le 29 déc. 15, 19:09, modifié 2 fois.
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