Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méconnus

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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kiemavel
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méco

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Dave Bannion a écrit :
kiemavel a écrit :
Sup, c'est Martha Rivers avec Barbara Sandwick et Dan Hevlin :wink:

Film sympa effectivement. IL y avait quelques bonnes têtes (à claques) du Film Noir la dedans. A peu près à la même époque, Dieterle
avait réalisé un autre film noir qui vaiut le coup d'oeil : le cran d'arrêt. Pour rejoindre un sujet évoqué ailleurs, la encore voici 2 films
qui n'ont plus été diffusés à la TV depuis un bon moment.
La main qui venge passe actuellement sur parmount channel....
Super !
Mais pareil que d'habitude (à ce qu'on dit), faut bricoler soi-même la box pour recevoir le film avec les sous titres bien synchrones ? ou bien tu programmes pour l'avoir en vo, pis au final tu te retrouves avec la voix de Raymond Souplex et de Perrette pradier ?
çà y est, c'est reparti. Après TCM, c'est Paramount Channel qui prend un coup sur le museau... :P
Dernière modification par kiemavel le 16 déc. 13, 01:22, modifié 1 fois.
Federico
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Re: La main qui venge "Dark city" (1950, de William Dieterle

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Supfiction a écrit :Vu La main qui venge "Dark city" (1950, de William Dieterle)
Spoiler (cliquez pour afficher)
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Ce film noir à petit budget avec un tout jeune Charlton Heston mais déjà en vedette (c'est son troisième film seulement mais il dégage déjà un charisme exceptionnel qu'il est dommage de ne pas avoir davantage exploité dans le film noir avant La soif du mal) met du temps à vraiment démarrer mais la seconde partie du film est plutôt réjouissante et le suspense bien maintenue. Quelques artifices ont vieilli (comme la main tueuse, que l'on voit sans corps pendant presque tout le film, digne d'un film d'horreur des années 80). En revanche la photographie est superbe avec ses jeux d'ombres et de contre-jour. Pas de héros ici puis Heston joue un type nonchalant et sans scrupule qui cherche à plumer un gogo de passage au poker, avant que sa machination se retourne contre lui et sa bande de petits escrocs...

Ce film met également à l'affiche l'une des reines du film noir, Lizabeth Scott (qui débuta dans Strange love of Martha Ivers quelques années plus tôt) à la voix rauque si particulière. Ici elle chante même, enfin en playback plutôt (attention ne regardez surtout pas si possible le film en vf, les chansons sont atroces en français, doublées par un substitut de Line Renaud et ça ne passe plus du tout aujourd'hui). Lizabeth est là pour la partie sentimentale et attend patiemment que Charlton veuille bien enfin s'intéresser à elle sérieusement...
Image
Je l'ai trouvé bien anodin. Heston a déjà de la présence mais son personnage semble perpétuellement le cul entre deux chaises, scénaristiquement parlant. Les rares bonnes idées se trouvent au début du film, après j'ai un peu baillé (et puis désolé pour ses nombreux admirateurs mais Lizabeth Scott m'a toujours laissé froid). Mais en 1950, ça faisait aussi un bail que le meilleur de l'oeuvre de Dieterle était derrière lui. :?
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Re: La main qui venge "Dark city" (1950, de William Dieterle

Message par Supfiction »

Federico a écrit :
Supfiction a écrit :Vu La main qui venge "Dark city" (1950, de William Dieterle)
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Ce film noir à petit budget avec un tout jeune Charlton Heston mais déjà en vedette (c'est son troisième film seulement mais il dégage déjà un charisme exceptionnel qu'il est dommage de ne pas avoir davantage exploité dans le film noir avant La soif du mal) met du temps à vraiment démarrer mais la seconde partie du film est plutôt réjouissante et le suspense bien maintenue. Quelques artifices ont vieilli (comme la main tueuse, que l'on voit sans corps pendant presque tout le film, digne d'un film d'horreur des années 80). En revanche la photographie est superbe avec ses jeux d'ombres et de contre-jour. Pas de héros ici puis Heston joue un type nonchalant et sans scrupule qui cherche à plumer un gogo de passage au poker, avant que sa machination se retourne contre lui et sa bande de petits escrocs...

Ce film met également à l'affiche l'une des reines du film noir, Lizabeth Scott (qui débuta dans Strange love of Martha Ivers quelques années plus tôt) à la voix rauque si particulière. Ici elle chante même, enfin en playback plutôt (attention ne regardez surtout pas si possible le film en vf, les chansons sont atroces en français, doublées par un substitut de Line Renaud et ça ne passe plus du tout aujourd'hui). Lizabeth est là pour la partie sentimentale et attend patiemment que Charlton veuille bien enfin s'intéresser à elle sérieusement...
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Je l'ai trouvé bien anodin. Heston a déjà de la présence mais son personnage semble perpétuellement le cul entre deux chaises, scénaristiquement parlant. Les rares bonnes idées se trouvent au début du film, après j'ai un peu baillé (et puis désolé pour ses nombreux admirateurs mais Lizabeth Scott m'a toujours laissé froid). Mais en 1950, ça faisait aussi un bail que le meilleur de l'oeuvre de Dieterle était derrière lui. :?
Oui, dans ce film en tous cas, Lizabeth Scott n'a pas un rôle très intéressant. Ce n'est pas non plus une actrice qui m'a marqué d'une manière générale (je suis loin il est vrai d'avoir vu tous ses films). Une actrice qui me fait penser à Bacall, en moins piquante.

Marrant, j'ai trouvé la seconde partie plus prenante que la première. Comme quoi..
Heston a déjà de la présence mais son personnage semble perpétuellement le cul entre deux chaises
N'est ce pas le propre des personnages des films noirs ?
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Re: La main qui venge "Dark city" (1950, de William Dieterle

Message par Federico »

Supfiction a écrit :
Federico a écrit :Heston a déjà de la présence mais son personnage semble perpétuellement le cul entre deux chaises
N'est ce pas le propre des personnages des films noirs ?
Tout a fait mais là, c'est aussi le scénario qui ne sait sur quel pied danser, du coup l’ambiguïté du personnage incarné par Heston ressemble à une valse-hésitation comme si lui-même ne savait ce qu'il devait en faire (OK, j'suis un truand mais pas trop méchant quand même...).
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Re: La main qui venge "Dark city" (1950, de William Dieterle

Message par kiemavel »

Federico a écrit :
Supfiction a écrit : N'est ce pas le propre des personnages des films noirs ?
Tout a fait mais là, c'est aussi le scénario qui ne sait sur quel pied danser, du coup l’ambiguïté du personnage incarné par Heston ressemble à une valse-hésitation comme si lui-même ne savait ce qu'il devait en faire (OK, j'suis un truand mais pas trop méchant quand même...).
C'est juste un demi bon/demi méchant dont la morale fluctuante influence les actes dans un sens ou dans l'autre…comme il y en a eu pas mal quelque soit le genre. Parfois, les atermoiement étaient plus simplement guidés par l'évolution des intérêts du personnage. Parfois c'est une femme qui était de la partie. Tu vas me dire, ben justement faudrait un peu renouveler le bazar. Ce à quoi je répondrais avec un peu de mauvaise foi : tu deviens blasé Federico :wink: . Pareil, je trouve que tu mollis concernant Lizabeth Scott. çà viendrait d'un autre je pencherais pour une libido défaillante mais là, non, faut chercher autre chose. Alors d'accord, ce n'est pas dans La main qui venge ni d'ailleurs dans Two of a Kind qu'il faut chercher ses meilleures apparitions dans le genre mais froid ? L'emprise du crime, Pitfall, Too Late for Tears…Dans ces 3 là, elle propose à chaque fois quelque chose de différent et de "vibrant". En dehors du Noir, je te conseille aussi The Company She Keeps de John Cromwell, une suite (non officielle) de Caged qui ne vaut pas ce dernier mais dans lequel on retrouve deux de mes glaçons préférés : Jane Greer et Lizabeth Scott.

Pour Dieterle, oui, çà sent la fin de carrière mais son dernier Noir Le cran d'arrêt tourné 2 ans plus tard est pour moi son meilleur. Il réunissait Edmond O'Brien en procu qui retournait dans sa ville natale pour y faire la traque au crime organisé…il retrouvait un William Holden en journaliste cynique ne croyant pas à la réussite de l'entreprise. L'histoire mêlait la famille de l'un des deux à l'enquête plus classique. Parmi les seconds rôles, on retrouvait quelques noms bien connus des familiers du genre : Neville Brand, Whit Bissell et ton pote Ted de Corsia (qui n'était pas vraiment corrrrse mais qui était teigneux comme …pas deux). Celui là est pour moi assez nettement au dessus de l'autre.
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Dave Bannion a écrit :La main qui venge passe actuellement sur parmount channel....
Ah ben c'est cool ça, parce que moi aussi j'ai une forte tendance à oublier au fur et à mesure...
Vendredi 20 à 22h30

Rq :
Appointment with danger / Echec au hold-up (L. Allen, 1951) passe également mercredi 19 à 19h
Souhaits : Alphabétiques - Par éditeurs
- « Il y aura toujours de la souffrance humaine… mais pour moi, il est impossible de continuer avec cette richesse et cette pauvreté ». - Louis ‘Studs’ Terkel (1912-2008) -
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Alphonse Tram a écrit :
Dave Bannion a écrit :La main qui venge passe actuellement sur parmount channel....
Ah ben c'est cool ça, parce que moi aussi j'ai une forte tendance à oublier au fur et à mesure...
Vendredi 20 à 22h30

Rq :
Appointment with danger / Echec au hold-up (L. Allen, 1951) passe également mercredi 19 à 19h
Oui et pour ce dernier je pense que c'est la (les) premières fois qu'il est diffusé en vost (si çà fonctionne :fiou: )
Et puis tiens, tant qu'à exprimer des souhaits et des regrets, Paramount ferait bien de ressortir des placards des trucs invisibles dont d'autres Ladd :
-Les corsaires de la terre. Tay Garnett
-Sa dernière course. Raoul Walsh (déjà diffusé celui la)
-Meurtres à Calcutta. John Farrow
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méco

Message par Dave Bannion »

kiemavel a écrit :
Alphonse Tram a écrit : Ah ben c'est cool ça, parce que moi aussi j'ai une forte tendance à oublier au fur et à mesure...
Vendredi 20 à 22h30

Rq :
Appointment with danger / Echec au hold-up (L. Allen, 1951) passe également mercredi 19 à 19h
Oui et pour ce dernier je pense que c'est la (les) premières fois qu'il est diffusé en vost (si çà fonctionne :fiou: )
Et puis tiens, tant qu'à exprimer des souhaits et des regrets, Paramount ferait bien de ressortir des placards des trucs invisibles dont d'autres Ladd :
-Les corsaires de la terre. Tay Garnett
-Sa dernière course. Raoul Walsh (déjà diffusé celui la)
-Meurtres à Calcutta. John Farrow
Ça fonctionne. Je l'ai récupéré en vostf avec des sous titres (jusqu'au bout du film.....). Belle copie.
C'est la première fois sur Paramount channel que je récupère un film avec des sous titres entier (comme quoi cela sert de partir 3 semaines....)
Ds les Alan ladd/Paramount, ils seraient bien inspirés de nous passer chicago Deadline (Enquète à chicago) un bon petit polar de Lewis Allen. Les copies qui circulent entre collectionneurs sont en VONST et de médiocres qualité.
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Message par Dave Bannion »

Supfiction a écrit :
kiemavel a écrit :Il est difficile de parler des autres Karlson car même si certains sont tout de même intéressants, il présente de méchants défauts. L'interprétation de Ginger Rogers dans Tight Spot. Dans 5 Against the House, une bande de malfrats inhabituels (des étudiants) organise un casse spectaculaire entrainé par un Brian Keith qui fait très (trop) bien le fêlé un peu mégalo. mais les autres jouent presque tous comme des cochons, à commencer par Guy Madison et Kim Novak ( j'aurais mieux fait de me taire, y'a des fans. Moi aussi parfois ( vertigo ) mais comme disait Hitch. "C'est moi qui ai tout fait" :mrgreen: " )

Key Witness est selon moi très mauvais mais je sais que certains aiment bien ce thriller (la encore, l'interprétation de quelques acteurs réputés est exécrable, en l'occurrence, celle de Dennis Hopper, en revanche Jeffrey Hunter ne s'en sort pas mal alors qu'on lui demandait plus que ce qui faisait son ordinaire.

Bref, pour moi, rien qui valent les 5 ou 6 titres évoqués précédemment.
Ce qui confirme ce que je disais dans mon texte sur L'affaire de la 99ème rue. Phil Karlson aurait probablement gagné en notoriété en faisant moins de films mais de qualité plus égal. On pourrait en dire autant d'Allan Dwan, il me semble (énorme production et également un déficit de notoriété).
Charles Laughton n'a eu besoin que d'un film (et sa carrière d'acteur il est vrai) pour passer dans la postérité..
Pour ne parler que des polars, Je trouve que Lewis et Karlson ont pas mal de points communs ;
Qq grands films ;
Gun crazy et association criminelle chez Lewis ds les polars.
L'affaire de la 99 ème rue, le quatrième homme, the Phenix city story chez Karlson

Plusieurs polars biens fichus et assez sympas ;
Le mystère des bayous, la dame sans passeport, le maître du gang chez Lewis.
Brother Rico, le dernier passage, l'épisode des incorruptibles chez Karlson

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The Sleeping City

1950
Réalisation : George Sherman
Scénario : Jo Eisinger
Image : William Miller
Musique : Frank Skinner
Production : Leonard Goldstein
Universal

Durée : 83 min

Avec :

Richard Conte (Fred Gilbert)
Coleen Gray (Ann Sebastian)
Alex Nicol (Le docteur Steve Anderson)
Richard Taber ('Pop' Ware)
John Alexander (L'inspecteur Gordon)
Peggy Dow (Kathy Hall)

Alors qu'il vient d'amener un blessé jusqu'à l'hôpital ou il exerce, un médecin sorti faire une courte pose est assassiné par un tireur invisible. L'enquête de la police commence. En raison du manque de pistes, les responsables de l'enquête demandent à un inspecteur qui possède des connaissances médicales d'infiltrer l'hôpital et de s'y présenter pour remplacer le médecin assassiné dans le service qu'il occupait, celui de traumatologie. Il y rencontre Ann Sebastian, la charmante infirmière en chef du service ; un interne dépressif, Steve Anderson ainsi que 'Pop' Ware, un brave type qui sert de bookmaker aux médecins...

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Un film noir très étrange, qui est frustrant car très imparfait mais qui présente en germe tous les ingrédients d'un très bon film du genre. Tout d'abord, le milieu qu'il montre, le milieu hospitalier, est très inhabituel mais l'atmosphère qui habite le film est tout à fait conforme au genre. Le film baigne en effet dans une atmosphère pesante assez radicale. Il nous montre des professionnels de santé déprimés, mal payés, soumis à des pressions très fortes, à la maladie, à la mort et ainsi affaiblis, rendus perméables à des tentatives de manipulation dont les conséquences étaient graves. Le chantage et les manipulations permettaient à un trafic de drogue de se mettre en place au sein d'un célèbre hôpital New-yorkais et ceci avait pour conséquence que des blessés et des malades subissaient de mauvais traitements...D'ailleurs, le sujet et son traitement ont tellement plu que la production a été contrainte d'inclure un avertissement en préambule du film. Richard Conte annonce lui-même que "toute resemblance avec des évènements, etc…". Bref, ce n'est pas à l'hôpital Bellevue et ce n'est pas à New-York que l'on verrait çà. L'atmosphère inquiétante, elle commence même avec l'hôpital lui même que l'on ne quittera presque pas. De l'extérieur, il semble gigantesque et ressemble à une forteresse écrasante ou à une prison mais c'est dans ses murs que nous verrons essentiellement les personnages déambuler dans des couloirs presque vides qui font la aussi davantage penser à une prison qu'à un hôpital, ce qui renforce l'atmosphère claustrophobique et pesante qui baigne tout le film. On peut même considérer que la figuration et les seconds rôles insuffisants viennent involontairement servir le film.

Même si on se retrouve plongé dans un cadre hospitalier au milieu de personnages au statut social supérieur à celui que l'on côtoie habituellement dans le genre, on est loin d'avoir l'impression d'évoluer dans un milieu favorisé. On perçoit même une grande détresse chez ces gens eux aussi fragilisés par un travail harassant et déprimant et malgré tout sous payé. Celui pour qui les problèmes d'argent tournent même à l'obsession, c'est Steve Anderson, un interne qui partageait la chambre du médecin assassiné et qui devient celui du "docteur" Gilbert. C'est un type amer qui se plaint de ses conditions de travail et qui est plein de hargne envers ses collègues bien installés qui gagnent très bien leur vie alors que lui rêve de s'installer à son compte mais ne le peut pas en raison d'un traitement insuffisant et peu en rapport avec son niveau d'étude. C'est aussi pour cette raison qu'il renonce pour l'instant à épouser sa petite amie Kathy (Peggy Dow), une élève infirmière.

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Le second personnage important, c'est l'infirmière en chef du département de traumatologie, la charmante et mystérieuse Ann Sebastian. Elle avait la réputation d'être la petite amie de l'homme abattu mais elle s'en défend éveillant par la même les soupçons des enquêteurs avec lesquels Gilbert est en contact secret permanent. Gilbert est d'emblée très séduit par la jeune femme mais elle semble sur la réserve et une certaine gravité émane d'elle. Cela renforce le trouble né chez le faux médecin mais leur histoire d'amour est pour ainsi dire clouée sur place par la part de culpabilité de l'infirmière. Malgré tout, même si cet aspect est peu satisfaisant, cette histoire d'amour contrariée -morte avant même d'avoir débutée- est elle aussi originale. Le dernier personnage important, c'est 'Pop' Ware, un inquiétant vieux bonhomme qui vit dans les entrailles de l'hôpital et qui fait office de gardien et surtout de garçon d'ascenseur. Il est également le bookmaker du personnel de l'hôpital et éveille les soupçons de Gilbert quand celui ci s'aperçoit que Pop ne réclame jamais les dettes des parieurs malchanceux.

Comme je le disais en préambule, le film n'est pas sans défauts. Peu de personnages, çà signifie aussi un suspense (quasi) inexistant quant à l'identité du ou des coupables. D'autre part, les bavardages entre policiers sont trop longs et trop nombreux mais leurs dialogues sont très bien écrits. Ils sont aussi déprimés et déprimants que les cadres hospitaliers ! Plus grave, les développements de l'intrigue sont assez faibles. Le fait que la mission du faux docteur est demeurée secrète entraine une méprise et après l'assassinat d'un second médecin, les soupçons se porteront sur Gilbert mais c'est un artifice de scénario, un rebondissement qui ne sert en rien le sujet traité. Même chose pour les développements de l'idylle entre les 2 personnages principaux. Cette non histoire d'amour est originale mais comme pour les non…n'importe quoi, çà signifie qu'il ne se passe pas grand chose.

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A la mise en scène, le travail de George Sherman est très statique et anonyme. Les très longues scènes au cours desquelles les policiers devisent sur l'enquête sont filmées de manière ennuyeuse en longs plans fixes qui trahissent un manque d'imagination flagrant. Cependant, Sherman réussit quelques très bonnes scènes : Celle d'ouverture qui montre la promenade de l'interne puis son assassinat aux abords de l'hôpital ; la course poursuite (presque) finale dans les entrailles de l'hôpital puis au dehors et enfin les adieux des 2 personnages principaux ou Sherman parvient à montrer avec finesse et sensibilité la complexité des sentiments du policier qui malgré le devoir accompli éprouve de la compassion pour le/les coupables. Gilbert/Conte est à ce titre le seul personnage "humain" du récit. En tant qu'interprète aussi, il se détache largement du lot. Son regard notamment était un des plus expressif de tous les héros de film noir. Il faut aussi le voir se raidir, devenir compact et hermétique à une tentative de rapprochement amené par Ann. L'interprète du rôle, Coleen Gray -que j'aime bien- n'est pas très bien servie par un scénario qui ne semble pas savoir quoi faire des éléments préalablement intéressants qui avaient été exposé plutôt habilement. Elle n'a pas non plus Laura de mystère qu'aurait apporté une Gene Tierney dans un tel rôle mais ce n'est pas non plus la femme fatale conventionnelle de tant de films du genre.
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Mention spéciale au vétéran Richard Taber sur lequel je ne dirais rien, sinon qu'il aurait pu jouer auprès de Lon Chaney sans maquillage (il avait débuté au cinéma en 1915 mais a eu une toute petite carrière). IL jouait l'inquiétant et bien glauque gardien et avait du taper dans l'oeil de Richard Conte car on le retrouvait quelques mois plus tard à l'affiche d'un autre film noir dans lequel Conte jouait le 1er rôle : Under the Gun de Ted Tetzlaff. Pour l'anecdote, je devrais peut-être me taire en raison de l'actualité récente qui a vu disparaitre quelques grandes dames du cinéma américain, mais je signale tout de même que les 2 filles du film sont toujours vivantes. Peggy Dow, 85 ans, a arrêté sa carrière pour épouser un millionnaire du pétrole après seulement 9 films mais des bons et elle y était très bien ( Une balle dans le dos. L'araignée. Shakedown. Harvey. La nouvelle aurore. Face à l'orage). Quant à Coleen Gray, 91 ans, de sa filmographie abondante, je retiens ses films noirs ( Le carrefour de la mort. Le charlatan. I'll Get you for This. Le 4ème homme) .
Ce film n'était pas du tout prévu au programme mais...çà vient comme çà vient. Le suivant n'était pas plus annoncé d'ailleurs :mrgreen:

(x) Au cours d'une des rares scènes tournées en extérieur, on voit Richard Conte et Coleen Gray déjeuner dans une cafétéria sans caisses ni personnels en salle puisque le système de distribution des plats étaient "automatique". Ils étaient accessibles en glissant une ou des pièces de monnaie dans un distributeur. On voyait déjà une cafét. semblable dans The More the Merrier ainsi que dans un film de Preston Sturges mais j'ai oublié lequel. L'inventivité des américains pour le meilleur et pour le pire trouvait la encore une belle illustration.
Dernière modification par kiemavel le 8 janv. 14, 21:23, modifié 2 fois.
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méco

Message par kiemavel »

Dave Bannion a écrit :
Oui et pour ce dernier je pense que c'est la (les) premières fois qu'il est diffusé en vost (si çà fonctionne :fiou: )
Et puis tiens, tant qu'à exprimer des souhaits et des regrets, Paramount ferait bien de ressortir des placards des trucs invisibles dont d'autres Ladd :
-Les corsaires de la terre. Tay Garnett
-Sa dernière course. Raoul Walsh (déjà diffusé celui la)
-Meurtres à Calcutta. John Farrow

Ça fonctionne. Je l'ai récupéré en vostf avec des sous titres (jusqu'au bout du film.....). Belle copie.
C'est la première fois sur Paramount channel que je récupère un film avec des sous titres entier (comme quoi cela sert de partir 3 semaines....)
Ds les Alan ladd/Paramount, ils seraient bien inspirés de nous passer chicago Deadline (Enquète à chicago) un bon petit polar de Lewis Allen. Les copies qui circulent entre collectionneurs sont en VONST et de médiocres qualité.
Ah non, je l'ai dans une version sous titrée en anglais..mais ma copie est pourrie. Je l'avais oublié alors que c'est surement le meilleur du lot et en tout cas celui ou il est le meilleur en journaleux sans scrupules mais l'intrigue est assez embrouillée. Les différents personnages du fameux carnet révélant l'identité des relations douteuses de la victime qui mentent les uns derrière les autres, qui se dérobent…puis le fait que l'on découvre que la pauvre fille n'avait vraiment pas de bol avec les gars qu'elle avait pu rencontrer…c'est un peu too much. Surtout pour une telle fille dont on a quand même du mal à comprendre comment elle avait bien pu susciter tant de passion ? Surement un secret de fille :mrgreen: Néanmoins un film très intéressant qui aurait nécessité un scénario plus au carré pour organiser un peu mieux le puzzle. Il est programmé pour le topic celui là mais j'ai encore rien foutu...
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Dave Bannion a écrit :Pour ne parler que des polars, Je trouve que Lewis et Karlson ont pas mal de points communs ;
Qq grands films ;
Gun crazy et association criminelle chez Lewis ds les polars.
L'affaire de la 99 ème rue, le quatrième homme, the Phenix city story chez Karlson

Plusieurs polars biens fichus et assez sympas ;
Le mystère des bayous, la dame sans passeport, le maître du gang chez Lewis.
Brother Rico, le dernier passage, l'épisode des incorruptibles chez Karlson

Qq daubes que je ne citerai pas
Pour moi, les mêmes, et classés pareil, à ceci près que Le dernier passage est plus un thriller d'espionnage qu'un polar/film noir

Pour Karlson, dans les + que sympas, j'ajoute L'inexorable enquête malgré mon pote John Derek qui n'est pas mal pour le coup.
Pour Lewis, d'autres auraient ajoutés : So Dark the Night et My Name is Julia Ross...mais pas moi.
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Message par Supfiction »

Comment ai-je pu jusqu'à présent ne pas retenir cette actrice alors qu'elle a joué ni plus ni moins dans Le charlatan, Le carrefour de la mort, La rivière rouge, Le quatrième homme, Le mariage est pour demain ou encore L'ultime razzia ?!!

Coleen Gray

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Pour les anglophones, j'ai trouvé cet interview de la dame de 80 ans passé.
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Now in her 80s, Gray spoke recently about her career.

Q: What's known as film noir wasn't seen that way at the time.

A: Of course not. I was just going to work and was grateful for it. "Kiss of Death" was a semi-documentary. That was the buzzword at the time. It was filmed on location. That was the big thing.

Q: Were the other films of that type that you did also considered semi-documentaries?

A: They were something else. "Nightmare Alley" was a drama. It was a film that Tyrone Power wanted to do so badly and (Fox head) Darryl Zanuck didn't want him to do it because it destroyed his pretty-boy image. But Ty was interested in being an actor. And, of course, Victor Mature in "Kiss of Death," that was his best part. He also didn't want that pretty-boy image, that gorgeous hunk of man.

Q: He looks big.

A: Oh, massive. His hands. If I put my hands next to his, it looked like a doll's hands next to a grizzly-bear paw.

Q: Was it different working with Kubrick?

A: No. He was very quiet. I was frustrated. I wanted him to tell me something. He spent a lot more time with (co-star) Marie Windsor. As far as my part was concerned, they wanted a Coleen Gray type.

Q: What is a Coleen Gray type?

A: I don't know. Goody Two-shoes. I always wanted to be a sex goddess, but I never was one.

Q: Was that up to you or the studio?

A: It certainly wasn't up to me. I had nothing to say. I took everything that was thrown at me because I thought I'd never work again. I was very fearful.

Q: Weren't you under contract?

A: Yes, but I was grateful to get it (the work) because being under contract doesn't mean you are going to be used. If you're lousy and they don't use you, then they let your contract lapse and you're out on the street. There's no security in a contract.

Q: How long were you under contract?

A: From 1947 to 1950. It was a seven-year contract, but they did not pick up the option. I couldn't have broken the contract with them, but they could not pick up my option. It was a one-way street. People ask my advice these days. I say, "Get a job."

Q: How did you get into acting?

A: I was seen by accident at Fox while sitting on a bench waiting for my agent. I signed a contract for no money. All it said was that I could not go to any other studio. I had to wait for a test. This was in July, and I waited until October. I got a job as a cashier for 25 cents an hour (in the meantime).

Q: Why did they make you wait so long?

A: They have their own schedules. They don't give a rat's rear end.

Q: Did you have any sense that they were grooming you for something?

A: Well, everybody who was under contract went to tap-dancing school (makes a snoring sound). And we had an acting class. The teacher was only happy if you mimicked her exactly. So that was a grim experience. And there was some effort to groom you, because I was a Minnesota farm girl. I knew nothing about style, hair, makeup. They turned a pumpkin into a Cinderella. And I had to change my name, Doris Jensen. I was glad to change it. All my life, "Hello, Doris." That's Minnesota. I came from Lake Wobegon.

Q: And you were above average, would you say?

A: Oh, yes. Summa cum laude. The gods have smiled on me. I'm grateful because a lot of people who were more talented than me didn't have the breaks that I had. I have nothing but gratitude for all of the years that I worked, in spite of all the anxiety I felt. It was a PAT experience: pain, agony and torture.

Q: Can you tell me of anything that you went out for that you didn't get that I would have heard of?

A: Not that I know of. Many times I got things that I didn't audition for. I'll tell you the things that I auditioned for that I didn't get: commercials. Who gives a rip?
Dave Bannion
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méco

Message par Dave Bannion »

kiemavel a écrit :
Dave Bannion a écrit :Pour ne parler que des polars, Je trouve que Lewis et Karlson ont pas mal de points communs ;
Qq grands films ;
Gun crazy et association criminelle chez Lewis ds les polars.
L'affaire de la 99 ème rue, le quatrième homme, the Phenix city story chez Karlson

Plusieurs polars biens fichus et assez sympas ;
Le mystère des bayous, la dame sans passeport, le maître du gang chez Lewis.
Brother Rico, le dernier passage, l'épisode des incorruptibles chez Karlson

Qq daubes que je ne citerai pas
Pour moi, les mêmes, et classés pareil, à ceci près que Le dernier passage est plus un thriller d'espionnage qu'un polar/film noir

Pour Karlson, dans les + que sympas, j'ajoute L'inexorable enquête malgré mon pote John Derek qui n'est pas mal pour le coup.
Pour Lewis, d'autres auraient ajoutés : So Dark the Night et My Name is Julia Ross...mais pas moi.
Tu as raison sur l'inexorable enquête : bon polar avec B crawford impérial.
Pour Lewis, d'accord avec toi sur so dark the night, caricatural comme bcp de films Américains qui se passent en france. par contre, je suis un peu moins sévère que toi sur My name is julia Ross que j'avais trouvé bien fichu avec une atmosphère oppressante assez bien rendue.
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Supfiction
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méco

Message par Supfiction »

kiemavel a écrit :
Dave Bannion a écrit :Pour ne parler que des polars, Je trouve que Lewis et Karlson ont pas mal de points communs ;
Qq grands films ;
Gun crazy et association criminelle chez Lewis ds les polars.
L'affaire de la 99 ème rue, le quatrième homme, the Phenix city story chez Karlson

Plusieurs polars biens fichus et assez sympas ;
Le mystère des bayous, la dame sans passeport, le maître du gang chez Lewis.
Brother Rico, le dernier passage, l'épisode des incorruptibles chez Karlson

Qq daubes que je ne citerai pas
Pour moi, les mêmes, et classés pareil, à ceci près que Le dernier passage est plus un thriller d'espionnage qu'un polar/film noir

Pour Karlson, dans les + que sympas, j'ajoute L'inexorable enquête malgré mon pote John Derek qui n'est pas mal pour le coup.
Pour Lewis, d'autres auraient ajoutés : So Dark the Night et My Name is Julia Ross...mais pas moi.
So Dark the Night .. un "grand film malade" comme disait Truffaut! :wink:

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