Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méconnus

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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pak
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méco

Message par pak »

J'aurai pu en faire la remarque dans le topic "Avatars et signatures" mais je n'aime pas le ton de certains intervenants dans ce sujet aussi je le dis là : Federico, qu'as-tu fais à ton avatar ! ! !

Où est passée la Angie en couleur et souriante ? Qu'est-ce que c'est que cette photo en N & B au sourire forcé ? :wink:

Heu... Désolé kiemavel, ce n'est pas le genre de message qui va enrichir ton sujet hautement argumenté. Je :arrow:

Mais je reviendrai ! ! ! Mouah ah ah ah ! ! ! (mais qu'est-ce qui m'arrive... ? ) :oops:
Le cinéma : "Il est probable que cette marotte disparaîtra dans les prochaines années."

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Dave Bannion
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méco

Message par Dave Bannion »

kiemavel a écrit :Image

INFERNO. Roy Ward Baker. 1953

Avec Robert Ryan (Donald Carson III), Rhonda Fleming (Geraldine Carson), William Lundigan (Joe Duncan), Henry Hull (Sam Elby)

Donald Carson, un richissime homme d'affaires, est abandonné avec une jambe cassée au milieu du désert de Californie par Geraldine, sa femme et par l'amant de celle ci, Joe Duncan, par ailleurs associé de l'homme d'affaires. Ils étaient partis en excursion à la recherche de minerais et lorsque Carson s'était brisé la jambe, les 2 amants avaient profité de l'occasion pour laisser le mari encombrant au sommet d'une montagne isolée dans ce milieu inhospitalier. Bien que disposant de très peu de matériel, et presque sans eau ni nourriture, Carson, commence alors une lutte pour sa survie d'abord presque uniquement animé par la colère et le désir de vengeance. Pendant ce temps, les amants font tout pour orienter les recherches entreprises pour retrouver Carson dans de mauvaises directions, cherchant à gagner du temps afin qu'on ne retrouve plus que son cadavre...

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Un thriller en Technicolor plus qu'un film noir bien qu'il comporte en germe des éléments purement noirs. A l'origine, le film était en Technicolor...et en 3D -il faisait d'ailleurs partie d'un ensemble de films en relief projetés à la cinémathèque en 2010 -or, le film propose le genre de récit d'un intérêt relativement limité mais bourré de péripéties se déroulant de surcroit dans un milieu spectaculaire que le relief devait forcement servir. Même si le montage choisi fait alterner les scènes montrant tour à tour les 2 amants et les services de recherche lancés sur la piste de Carson, l'action se concentre essentiellement sur les faits et gestes du disparu. Presque tous les développements de cette histoire sont ultra prévisibles car les possibilités de montrer les moyens de survie d'un homme dans ce milieu sont relativement limités. De ce point de vue, le manuel de survie en plein désert s'il est mouvementé n'est guère passionnant : C'est du Bear Grylls (Man vs. Wild) en moins marrant (Bon, faut admettre...qu'il faut connaitre). Cependant, Roy Baker et ses scénaristes ne pouvaient guère faire mieux avec ces matériaux de base sauf sur un point. Ils commencent à exploiter une très bonne idée puis l'abandonne assez rapidement ou en tout cas ne l'exploite pas suffisamment.

Au moment ou la disparition de Carson est annoncée, son entourage, la presse, et de fait tout le monde, dresse un portrait peu flateur de Carson qui est montré comme un impitoyable homme d'affaires et de surcroit comme un alcoolique qui néglige sa femme. En grossissant à peine le trait, les commentaires serait presque "si on ne le retrouve pas ce ne sera pas une grosse perte". Or ce n'est pas cet homme tel qu'il nous est présenté que l'on voit et dont on entend les raisonnements en voix off et qui quelquefois parle pour lui même. Il est certes amer sur le sort qui lui a été réservé mais n'exprime pas une haine à la hauteur de la cruauté de sa situation. Il use même d'humour noir et semble prendre peu à peu conscience de l'importance toute relative de certaines valeurs. Alors même qu'on le présente comme un être cupide et impitoyable en affaire, il rira quand il retrouvera une liasse de dollars dans une sacoche qu'il avait pu conserver. Bref, sans que ce soit d'une originalité folle, le chemin "spirituel", cette remise en question des valeurs d'un homme à priori peu recommandable est très bien montrée par Baker... et admirablement joué par Robert Ryan, l'acteur rêvé pour exprimer des sentiments complexes avec peu de moyens. En chemin, et donc dans l'action, cette lutte physique se transforme discrètement en quête spirituelle involontaire car provoquée accidentellement et agissant pratiquement à l'insu de l'homme. Nul doute que Carson sortira transformé par ces épreuves...et qu'il cherchera la compagnie de femmes moins bien roulées mais plus gentilles que Rhonda ! :mrgreen: D'ailleurs la voilà...

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En contrepoint, on a les faits et gestes du couple d'amants criminels. C'est le point faible du récit. Le couple est assez mal caractérisé et leurs scènes sont beaucoup moins intéressantes. De plus, c'est joué mollement par le terne William Lundigan et plus inhabituellement sans plus de convictions par Rhonda Fleming qui se contente d'être aussi sexy que d'habitude. Tout deux s'obstinent à brouiller les pistes, a masquer la réalité des faits qui ont conduit à la disparition de Carson. Rhonda est tout de même un peu mieux servie que son amant. Elle a des états d'âme et demande à plusieurs reprises à Duncan si à son avis les souffrances de son mari sont enfin terminées. En réalité, on a plus l'impression d'assister à l'expression de la plus haute mauvaise foi. Une saleté, je vous dis... On assiste aussi aux recherches entreprises par les autorités pour retrouver cette célébrité du monde des affaires. Les recherches...et ses ratés, avec en contrepoint les tentatives de Carson pour être repéré par les secours. Le final est lui très réussi avec comme ultime péripétie une très longue et très bonne bagarre entre Carson et...suivit d'un incendie tout aussi spectaculaire.

Enfin, un dernier point pour signaler que Baker et ses scénaristes ont ménagé quelques moments d'humour dans leur suspense. On peut voir en effet un peu d'humour noir dans cette succession de dialogues qu'on entend au tout début du film et dans lesquels tous expriment des doutes sur les capacités de survie de Carson, un homme plus très jeune et usé par l'alcool car évidemment, à chaque fois, la séquence suivante nous le montre luttant au contraire avec infiniment d'habilité et avec acharnement pour vivre. On pourrait presque y voir l'expression d'un souhait...Le scénario usait encore d'humour noir quand il faisait s'enchainer certaines scènettes assez malicieuses :

- Carson qui dispose d'un révolver dans lequel reste 2 balles réussit à abattre un lapin mais avant qu'il n'ai pu s'en saisir, il est emporté par un coyote...et Baker enchaine avec un gros plan sur l'assiette bien garnie des amants en train de diner dans un restaurant. Plus loin, alors que Carson est accablé de chaleur et crève littéralement de soif, Baker enchaine avec une séquence montrant le couple criminel, plongeant dans une piscine et allongé dans un transat avec chacun un cocktail à la main...et ainsi de suite. Plus largement, le savoir faire de Roy Ward Baker ( ici au générique, comme pour plusieurs autres films, uniquement Roy Baker) à la mise en scène est indéniable. Il tire aussi excellemment partie des splendides paysages semi-désertiques traversés par Carson. Un mot sur sa carrière. Il est connu pour avoir été très prolifique pour la tv anglaise. Il a en effet réalisé de nombreux épisodes de séries anglaises à succès, notamment " Le Saint ", "Chapeau melon..." et " Amicalement votre". Il a aussi réalisé en Angleterre les visibles " L'homme d'octobre", DVD zone 2 (en GB). " La nuit commence à l'aube " DVD zone 1 avec vost . " The House in the Square " DVD zone 1 avec vost (Coffret Tyrone Power Matinee idol). " L'évadé du camp 1 " DVD zone 2 ; " Atlantique Latitude 41° " DVD zone 2 (peut-être le meilleur film sur le naufrage du Titanic). " Les monstres de l'espace " DVD zone 2 et aux USA " Troublez-moi ce soir " DVD zone 2.
Vu en VOST
Ta chronique donne très envie de le regarder.
Je l'ai sans sous titres et jamais regardé.
Pourtant à te lire, c'est le type même de série B que je vais adorer.
Je regarde dés cette semaine.

Ravi que tu ai repris tes bonnes habitudes : ce topic est une mine d'or pour ceux (il y en a !!!!) qui ont envié de découvrir des films qui sortent des grands classiques mais qui procurent souvent presqu'autant de plaisir

Je reviendrai plus tard sur les autres films que tu as chroniqués cette semaine.
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méco

Message par Federico »

pak a écrit :J'aurai pu en faire la remarque dans le topic "Avatars et signatures" mais je n'aime pas le ton de certains intervenants dans ce sujet aussi je le dis là : Federico, qu'as-tu fais à ton avatar ! ! !

Où est passée la Angie en couleur et souriante ? Qu'est-ce que c'est que cette photo en N & B au sourire forcé ? :wink:
Spoiler (cliquez pour afficher)
Je me demandais si quelqu'un aurait remarqué ce léger changement... qui n'est nullement un retournement de veste. Je suis juste passé du sublime sourire d'Angie (qui était lui aussi en N&B :wink: ) à celui de Monica, toutes deux égales dans mon panthéon personnel. :oops:
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Meuh non, ce n'est pas forcé. Monica - tout comme Angie - a simplement le naturel souriant et le sourire naturel. :)
Dernière modification par Federico le 23 juin 13, 23:42, modifié 1 fois.
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méco

Message par pak »

:D

Ah elle me plait tellement sur ton précédent avatar que je la voyais en couleur... :uhuh:

Ceci dit sur la photo de ton nouvel avatar, il y a un côté Angie sur le visage de Monica.
Le cinéma : "Il est probable que cette marotte disparaîtra dans les prochaines années."

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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méco

Message par Federico »

pak a écrit :Ceci dit sur la photo de ton nouvel avatar, il y a un côté Angie sur le visage de Monica.
C'est voulu. :wink:
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méco

Message par kiemavel »

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LA CIBLE PARFAITE (THE FEARMAKERS). Jacques Tourneur. 1958

Avec Dana Andrews (Alan Eaton), Marilee Earle (Lorraine Dennis), Dick Foran (Jim McGinnis), Mel Tormé (Barney Bond), Kelly Thordsen (Hal Loder), Veda Ann Borg (Viv Loder) et Roy Gordon (Le sénateur Walder)

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Alan Eaton, un vétéran de la guerre de Corée, est rendu à la vie civile après une longue convalescence pour soigner les séquelles des mauvais traitements subis dans les prisons chinoises mais alors qu'il pense retrouver sa place à la tête de l'entreprise de relations publiques qu'il co-dirigeait avec un ami, il découvre, qu'à son insu, l'institut a été cédé par son associé et que celui ci ne peut plus lui rendre de comptes puisqu'il est mort accidentellement dès le lendemain de la vente. Mc Ginnis, le nouveau dirigeant lui propose de travailler pour lui, espérant récupérer une clientèle qui, en l'absence d'Eaton, avait rompu avec l'entreprise, notamment l'influent sénateur Walder, or depuis le rachat, les activités de relations publiques ont été nettement réorientées en direction du monde politique. Eaton refuse d'abord la proposition, mais après une conversation avec son ami sénateur qui soupçonne que l'institut est derrière les activités d'influence selon lui néfastes exercées sur les membres du congrès , puis en raison des doutes exprimés par un journaliste au sujet des circonstances de la mort de son associé, il accepte la proposition et commence a enquêter en secret avec l'aide de Lorraine, la secrétaire de McGinnis. Il tente de découvrir la vérité sur la mort de son ami et cherche à comprendre les véritables desseins de l'entreprise dont les nouvelles activités de marketing politique aux méthodes discutables intriguent Eaton...

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C'est un thriller politique qui appartient totalement, bien que venant assez nettement après la bataille, à la série des "policiers" anti-communistes des années 50. Son héros -déjà vu chez Tourneur- est un homme diminué, souffrant des séquelles de la guerre, sujet à des vertiges qui surviennent subitement et assailli de cauchemars qui tentera de contrecarrer les plans d'un petit groupe d'infiltrés communistes, appartenant à un réseau d'influence plus large de lobbyistes cherchant à populariser la cause pacifiste au congrès en vue de favoriser les intérêts des ennemis des États-Unis. On retrouve un certain nombre de figures "Tourneuriennes", mais pas autant que veux le voir Jacques Lourcelles, l'un des seuls grands défenseurs du film. Je le cite (ce n'est que le 1er round). Au sujet du personnage incarné par Dana Andrews, il affirme que ce sont " les défaillances psychologiques de Eaton qui lui font appréhender la réalité comme un cauchemar", alors que c'est davantage le cauchemar D'Eaton qui se poursuit dans la réalité. Les tortures subies en Corée qui lui occasionnent des troubles et le hantent dans son sommeil se répèteront tout à fait à l'identique, chez lui, sur le territoire américain. Une scène de tabassage renvoie explicitement aux traumatismes et aux tortures vécues par Eaton pendant la guerre. Le lavage de cerveau qu'il a subit en Chine est lui aussi "paraphrasé" dans ce qui est montré de son activité professionnelle dont le choix par les initiateurs du projet n'est en rien accidentel. Le spécialiste de l'opinion, le sondeur, en quelque sorte le spécialiste des desseins du plus grand nombre et de la persuasion pouvant aussi devenir, si ses méthodes sont dévoyées, un spécialiste du bourrage de crânes "en douceur".

Cette dénonciation ne dépasse jamais l'anecdotique. Les longues tirades de Dana Andrews sur le marketing politique se limitent à un discours boy-scout sur le thème : " On ne lance pas un homme politique comme une marque de dentifrice". On peut dire la même chose de ses propos sur les nouvelles méthodes employées par le cabinet pour sonder l'opinion. Plusieurs scènes didactiques expliquent néanmoins les possibilités offertes aux sondeurs pour orienter les résultats des enquêtes sensées exprimer l'opinion du plus grand nombre. Or, ce n'est pas tant les mauvaises intentions de sondeurs peu scrupuleux qui pourraient renvoyer un reflet erroné de l'opinion des masses qui représentent le vrai danger, c'est l'utilisation de ces résultats falsifiés pour venir appuyer le travail d'influence exercé par des lobbyistes mal intentionnés et peser ainsi sur les décisions des membres du congrès. En l'occurrence, les tentatives d'influence proviennent de lobbyistes pacifistes qui dissimulent en fait de vilains salopards de cocos. Un raccourci peu glorieux -mais un reflet de époque- que Lourcelles rejette dans un additif (honteux pour Tourneur ?…Mais non, Jacques) en le présentant comme un aspect secondaire alors que c'est la raison d'être du film. Le message martelé c'est que le discours pacifiste sert indirectement les intérêts de l'ennemi du moment, le communisme. Le sénateur, ami de Eaton , affirmera ainsi que ces discours du moment conduiront "à un nouveau Munich". Cet aspect sera véritablement et plus sérieusement quelques années plus tard au coeur d'un autre film : Tempête à Washington (Advise and consent), un très bon Preminger.

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J'ajoute que prétendre, comme le fait Lourcelles, que cette dénonciation d'une dérive possible des méthodes des instituts de sondage dès lors qu'elles s'appliquent au champ politique était nouveau c'est, comme le fait Tourneur, prendre le problème par un tout petit bout...car le rôle des lobbyistes avait lui déjà été évoqué et à plusieurs reprises. Pour être honnête, son texte est nuancé car Il parle aussi de film pauvre, traitant en mineur son sujet…pour aussitôt délirer sur le personnage d'un Eaton somnambulique et usé, paraphrase d'une société elle-même usée et guettée par le pourrissement, malade d'elle-même, évoquant même (en raison des séquences finales qui se déroule au Lincoln Memorial) l'image d'un Lincoln "assis qui ressemble à un spectre" ! Ben oui, Jacques mais ce film n'avait pas trop de moyens et il n'allait tout de même pas le faire se redresser sur ses pattes tout de même !!! Et puis, la figure de Lincoln est utilisée exactement comme elle l'est la plupart du temps, loin d'être un spectre, c'est au contraire l'image finale d'une Amérique sortie victorieuse d'un péril. C'est joli, mais c'est une facilité et rien d'autre qu'un gros symbole simpliste.

A la lecture de son texte, on a l'impression, malgré quelques nuances clairement exprimées ou à lire entre les lignes, que Lourcelles essaie de raccorder ce film assez mineur de Tourneur -et plutôt mal aimé- à ses grands films, ses grands thèmes et à ses figures stylistiques. C'est un grand admirateur du bonhomme et je le suis aussi mais pour le coup, je trouve qu'il monté un peu en épingle quelques qualités bien réelles...mais histoire d'en remettre une couche, je ne vois pas ou il est allé chercher "le talent dynamique et violent" du chef opérateur alors que ce film est un des plus pauvres visuellement de tous les films de son metteur en scène et ceci a été bien remarqué par Bertrand Tavernier dans "50 ans…". Pour moi, sur un point de départ très intéressant et même possiblement passionnant, on est surtout dans le cadre d'une enquête policière assez platement filmé et aux développements peu intéressants. Ainsi, cette histoire de fichier central (secret) du panel utilisé par l'institut qui est au coeur de l'intrigue et dont la recherche provoquera la confrontation des uns et des autres est pour le moins peu excitante. On peut dire la même chose des ultimes rebondissements qui sont directement conditionnés par les vrais et faux malaises de Eaton...On a tout de même droit à quelques figures assez typiques de Tourneur. On avait déjà vu chez lui ces mini sociétés du mal, organisations secrètes infiltrées au coeur d'un organisme malade sans le savoir. Le film le plus proche des Fearmakers, c'est à ce titre Berlin Express. Ici, on ne verra jamais les véritables responsables de la tentative d'infiltration des institutions américaines, ces lobbyistes qui agissent au coeur du congrès, on ne connaitra que les rouages de façade, les petites mains (sales) du complot communiste....qui sont au nombre de 4 ou 5. Les voici.

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En dehors de Dana Andrews, qui se ressemblait encore un peu et qui est encore une fois très bon, la plupart des autres interprètes sont assez peu connus, sans doute une des conséquences les plus visibles d'un budget à l'évidence très limité. Pour un homme d'affaires, le sondeur McGinnis, qui est interprété par le véréran Dick Foran a de drôles de manières et fait plus penser à Jack Lambert ou Mike Mazurki qu'aux méchants "de bureau" plus conventionnels les plus compétents, Claude Rains ou Vincent Price par exemple. Son second au sein de l'institut de sondage ( mais qui tient un rôle complexe dans le complot rouge) c'est Barney Bond. L'interprétation par l'acteur (et surtout chanteur) Mel Tormé est ultra caricaturale. Manifestement à la demande de Tourneur, dans chaque scène ou il apparait, pour bien faire comprendre que c'est lui le maillon faible du complot, on le voit suant, nerveux, rajustant systématiquement ses lunettes. Évidemment le maillon faible incarné par le petit, le complexé, le frustré (il est l'amoureux éconduit de Lorraine), çà aurait pu être un piège..mais finalement non ! Puis on a Loder, une montagne, une brute, l'homme de main, l'homme de frappe (pas à la machine, Hal est un manuel) de l'organisation...et sa femme...frappée mais qui -pas rancunière- participe au complot en tant qu'experte en fausses signatures. Et enfin, le chercheur, le professeur, caution scientifique de l'entreprise de bourrage des crânes, militant anti-nucléaire et relai de la parole des lobbyistes.

A voir comme curiosité mais c'est selon moi un Tourneur assez mineur. 5,5/10
Dernière modification par kiemavel le 7 août 13, 01:09, modifié 1 fois.
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méco

Message par Federico »

Pas été non plus emballé par The fearmakers, malgré le binôme Tourneur-Andrews. Le discours est bien lourd. A voir comme reflet d'une époque, sans plus.
En matière de thriller politique lié à la guerre de Corée et à la paranoïa née du conflit Est-Ouest, on est à des années-lumière de l'efficacité diabolique d'Un crime dans la tête de Frankenheimer (1962).
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méco

Message par kiemavel »

Federico a écrit :Pas été non plus emballé par The fearmakers, malgré le binôme Tourneur-Andrews. Le discours est bien lourd. A voir comme reflet d'une époque, sans plus.
En matière de thriller politique lié à la guerre de Corée et à la paranoïa née du conflit Est-Ouest, on est à des années-lumière de l'efficacité diabolique d'Un crime dans la tête de Frankenheimer (1962).
Oui, entièrement d'accord pour faire le rapprochement avec le film de Frankenheimer sur les aspects que tu soulignes. Tenant des propos en partie similaire sur la propagande pacifiste dénoncée car faisant le jeu des ennemis de l'Amérique (une position d'ailleurs contredite ou plutôt contestée)- et plus largement sur le fonctionnement des institutions politiques américaines, je re(souligne) l'importance du film de Preminger déjà évoqué...et clairement ici on est très loin de l'ambition des 2 films cités mais je pense que même Tourneur -assez lucide sur son oeuvre- aurait convenu que l'on était avec ce film assez loin de ses meilleures performances bien que l'on reconnaisse tout de même parfois sa patte...

Il parait que c'est Dana Andrews - un ami personnel de Tourneur- qui avait sollicité le metteur en scène pour réaliser ce film qu'il n'avait pas initié. Si ma mémoire est bonne, c'est d'ailleurs le cas aussi pour la plupart de ses meilleurs films qui étaient aussi des secondes mains. Pour l'anecdote, après que Tourneur ait décidé de se retirer en France à Bergerac, Dana Andrews avait l'habitude de lui rendre visite à chaque fois qu'il devait venir en Europe pour tourner...et au cours des années 60 et 70 comme beaucoup d'autres acteurs américains, il y est venu assez souvent, tournant pas mal en Italie (Mal..mais pas mal. Y'a de ces daubes...). Par conséquent, pour qui se serait baladé à Bergerac au cours de ces années là, il y aurait eu moyen d'y voir Dana Andrews ! Qui a dit surement sous un tonneau ?


Un second chef d'oeuvre anti-rouge à suivre tout de suite :mrgreen:
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LE MIROIR AU SECRET (FIVE STEPS TO DANGER). Henry S. Kesler. 1957

Avec Sterling Hayden (John Emmett), Ruth Roman (Ann Nicholson), Werner Klemperer (Dr. Simmons) et Jeanne Cooper (Helen Bethke)

En route pour le Nouveau-Mexique ou il compte passer ses vacances, John Emmett tombe en panne dans le désert de Californie. Au garage ou son véhicule a été remorqué, Il rencontre Ann Nicholson, une jeune femme pressée d'atteindre la même destination et qui lui propose donc de conduire à tour de rôle sa voiture afin d'arriver plus rapidement à Santa Fe, le terme de leur voyage. En chemin, alors qu'il s'est arrêté prendre un café, seul au bar, il est approché par une jeune femme qui se présente comme une infirmière qui prétend que Mme Nicholson est en fuite et que la riche veuve est surveillée discrètement par son médecin qui la suit à distance pour s'assurer de sa sécurité car la jeune femme a subit récemment une grave dépression. L'infirmière tente même de convaincre Emmett de conduire Ann jusqu'à un hôtel de Santa Fe pour qu'elle y soit prise en charge par des psychiatres mais il refuse la mission et en raison des questions posées par Ann est même contraint de révéler à la jeune femme -qui avait de toute façon compris la situation- la surveillance dont elle est l'objet.
Le lendemain, la voiture est interceptée par la police qui prétend qu'Ann est recherchée pour un meurtre commis à Los Angeles. John s'indigne du fait qu'Ann ait été quelque peu malmenée par un des policiers, et à la suite d'une situation confuse au cours de laquelle Ann perd ses nerf, après une brêve lutte et bien que menotés, ils réussissent à prendre la fuite. A la suite de ces 2 évènements, involontairement mêlé à une affaire étrange et commençant à douter de la jeune femme, Emmett exige des explications. Ann Nicholson raconte alors son histoire…Ses origines allemandes, son récent séjour dans le pays d'origine de sa famille afin d'y retrouver son frère disparu, emprisonné dans Berlin est. C'est là qu'elle a appris la disparition de son frère et qu'un de ses compagnon lui a remis un "Miroir au secret" (volontairement énigmatique) qu'elle a été chargée de restituer au professeur Kissel, un scientifique allemand immigré aux États-Unis et qui enseigne à Santa Fe, révélant ainsi à Emmett le but de son voyage. Ils se remettent en route et parviennent à rejoindre le Nouveau-Mexique mais le doyen de l'université de Santa Fe affirme n'avoir jamais entendu parler d'un professeur Kissel aussi, doutant de plus en plus de la santé mentale de la jeune femme, Emmett se rend au RDV fixé plus tôt par l'infirmière et livre Ann à celle ci et au Dr. Simmons, son psychiatre qui demande aussitôt son internement. Emmett, de son coté, rejoint le lieu prévu pour passer ses vacances et y est aussitôt contacté par des agents du contre-espionnage américain…

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Je précise d'emblée que je goute peu ce sous genre, le film noir ou le thriller option espionnage et plus particulièrement ceux de la série anti-rouge. Après The Fearmakers, la série s'arrêtera là pour le moment. L'anti-communisme des années 50 a parfois motivé ou est présent en arrière plan dans d'assez nombreux classiques plus ou moins "sérieux " : Man on a Tightrope, The Iron Curtain, Diplomatic Courier ou Assignment : Paris et bien sûr dans des thrillers politiques ultérieurs esthétiquement et thématiquement très éloignés des films de la décennie précédente dont bien sûr The Manchurian Candidate, cité justement par Federico, est le meilleur exemple. La propagande a aussi été greffé au Film Noir dont la grande période coïncide avec l'hystérie anti-rouge qui a pris les USA durant les années 50. Les méchants cocos, une nouvelle espèce de vilains du genre, ont donc remplacés pour un temps et quelques films, les différentes sortes de méchants présents dans le genre, pris au sens large, depuis les gangsters des années 30 jusqu'aux psychopathes des polars des années 60 et 70. Cela posé, la plupart des films de ce sous genre sont selon moi très moyens. Voici les principaux (j'y reviendrais sans doute) :

L'un des 1er a été La grande menace (Walk a Crooked Mile) de Gordon Douglas…lequel récidiva quelques années plus tard avec I Was a Communist for the FBI. Je peux citer aussi le médiocre (qui a des admirateurs) Woman on Pier 13 de Robert Stevenson. Big Jim McLain d'Edward Ludwig n'est pas un film noir mais fait bien partie de la série des policiers anti-rouge…et c'est un des pires. Une série à laquelle on peut ajouter A Bullet for Joey de Lewis Allen (dans lequel l'identité communiste des affreux n'est pas précisé mais le message est clair)…et enfin (miracle) un pur chef d'oeuvre " Pickup on South Street" de Samuel Fuller qui doit être -sauf très bonnes surprises improbables- la seule pierre précieuse dans un sac de cailloux.

Five Steps to Danger est un thriller d'espionnage qui prend la forme d'un road movie, au moins dans sa première moitié, dans une atmosphère qui elle appartient au film noir. Du début à la fin l'intrigue est ultra embrouillée et les personnages agissent en dépit du bon sens…parce qu'il fallait bien suivre le scénario. On est dans le flou complet, dans l'ambiguité généralisée quant aux motivations des personnages principaux et surtout des multiples personnages secondaires, or, il aurait tout de même fallu structurer un peu tout çà, donner au film un semblant de colonne vertébrale et surtout -même s'il était primordial dans une histoire d'espionnage de maintenir une certaine incertitude- il aurait tout de même fallu tisser une toile d'araignée un peu plus cohérente et mieux articuler les scènes présentant les différents personnages et les relations s'établissant entre eux.

Je commence par Ann Nicholson, joué de manière remarquable par la sous estimée Ruth Roman. On ne doute pas vraiment de sa sincérité ni de la véracité de son histoire invraisemblable et d'ailleurs c'est le seul personnage -c'est paradoxal après mes propos liminaires -qu'il aurait été intéressant de "maquiller" un peu plus. Son histoire familiale, ses origines allemandes expliquent et justifient le choix des agents de se servir d'elle, sa fragilité mentale également mais Kesler, après 3 ou 4 scènes pourtant réussies, abandonne l'idée de jouer sur l'ambiguité quant à l'état véritable de la santé mentale de Ann, née notamment des propos tenus à Emmett au tout début du voyage vers le Nouveau-Mexique par l'infirmière, puis en raison de son attitude hystérique dans la séquence suivante, lors de la tentative d'arrestation par la police. A partir de la, on ne doutera plus de la santé mentale de Ann même quand elle croisera des personnages, à priori pourtant dignes de foi, qui mettront en doute sa parole. Tout ceci est mené de telles façons que l'on ne peut que la croire victime d'une machination…Tous…Ben non, il y en a au moins un qui ne l'a croit pas, c'est John Emmet qui l'abandonne au milieu du parcours !

Je poursuis donc avec lui. Le rôle est interprété "économiquement" par un Sterling Hayden ici en mode "automatique". Contrairement à Ann dont le passé explique la manipulation dont elle est/se dit victime, on ne sait rien du personnage sinon qu'il part en vacances, qu'il doit ensuite rendre visite à sa famille vivant au Texas, famille qu'il n'a plus vu depuis longtemps. Dès le début, Il trouve l'histoire de la belle trop compliquée (…et nous aussi) mais on ne pense tout de même pas qu'il va se dérober et l'abandonner pour partir à la pêche ! Après quoi, au moment on ne s'y attend plus, Sterling a la révélation, Ruth est la femme de sa vie. C'est amené de manière totalement débile, dans une scène qui ne semble se raccrocher à rien de ce que nous avons vu précédemment. Au delà du scénario, cette impression d'invraisemblance est encore accentuée par l'absence d'alchimie entre les 2 acteurs, ou en tout cas une alchimie tellement fluctuante que l'on en aurait presque oublié la Love Story obligatoire.

Les développements de l'intrigue nous amèneront à rencontrer d'assez nombreux personnage secondaires. Le docteur Simmons ( Werner Klemperer ), le psychiatre d'Ann et Helen (Jeanne Cooper), l'infirmière qui l'assiste. Puis on croise le doyen de l'université Dean Brant (Richard Gaines), le professeur Kissel…les agents de la CIA , du FBI. Tous ces développements sont attendus avec tout de même quelques "trucs" caractéristiques du genre : Une double identité et même une usurpation d'identité qui brouillent plaisamment les pistes. En terme de mise en scène, dans ce film filmé avec une platitude constante et remarquable, Kesler a du faire appel à son beauf pour tourner la sympathique scène d'ouverture. On voit en gros plan Ruth Roman au volant de sa voiture. Puis on a un gros plan sur Sterling Hayden lui aussi filmé au volant d'une décapotable similaire…puis la caméra se décale et l'on s'aperçoit que le véhicule est en réalité tracté et remorqué jusqu'à un garage, celui ou les 2 principaux personnages vont faire connaissance.

On peut voir un peu d'ironie dans le choix de Sterling Hayden pour ce rôle. Il avait dans sa jeunesse filrté avec le parti communiste (il en avait été membre quelques mois) et il avait accepté bien plus tard de paraitre devant la (grosse) commission des activités anti-américaines en tant que témoin amical et il ne s'en était jamais vraiment remis, ne s'étant -parait-il- jamais pardonné d'avoir fléchi devant les injonctions de la dite commission… mais contrairement à ce qu'il affirmait parfois, on ne perçoit pas vraiment un avant et un après témoignage dans sa filmographie.

Vraiment pas indispensable. Je saque : 04/10

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kiemavel a écrit :Pour l'anecdote, après que Tourneur ait décidé de se retirer en France à Bergerac, Dana Andrews avait l'habitude de lui rendre visite à chaque fois qu'il devait venir en Europe pour tourner...et au cours des années 60 et 70 comme beaucoup d'autres acteurs américains, il y est venu assez souvent, tournant pas mal en Italie (Mal..mais pas mal. Y'a de ces daubes...). Par conséquent, pour qui se serait baladé à Bergerac au cours de ces années là, il y aurait eu moyen d'y voir Dana Andrews ! Qui a dit surement sous un tonneau ?
Meuh non, mauvaise langue... Juste un projet de Cinzano de Bergerac... :mrgreen: :arrow:
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méco

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kiemavel a écrit :On peut voir un peu d'ironie dans le choix de Sterling Hayden pour ce rôle. Il avait dans sa jeunesse filrté avec le parti communiste (il en avait été membre quelques mois) et il avait accepté bien plus tard de paraitre devant la (grosse) commission des activités anti-américaines en tant que témoin amical et il ne s'en était jamais vraiment remis, ne s'étant -parait-il- jamais pardonné d'avoir fléchi devant les injonctions de la dite commission… mais contrairement à ce qu'il affirmait parfois, on ne perçoit pas vraiment un avant et un après témoignage dans sa filmographie.
Elle est tellement inégale avec quelques chefs-d'oeuvre mais aussi beaucoup de films moyens et oubliables... Est-ce par désintérêt, mépris pour le milieu hollywoodien ou vis-à-vis de lui-même qu'il se saborda en partie, lui qui fut un temps à deux doigts d'être une des plus grandes figures du métier ? Certainement un type complexe, en tout cas, mi-Tchum mi-Marvin. :wink: Heureusement que Kubrick, puis Coppola, Altman et Bertolucci étaient là. Si il avait connu les années 90, Jarmush et Tarantino se seraient aussi souvenus de sa colossale présence.
Il y a quand même comme une revanche ironique dans son personnage de général parano qui voit des complots soviétiques jusque dans l'eau du robinet de Dr Folamour, non ?
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Federico a écrit :
kiemavel a écrit :Pour l'anecdote, après que Tourneur ait décidé de se retirer en France à Bergerac, Dana Andrews avait l'habitude de lui rendre visite à chaque fois qu'il devait venir en Europe pour tourner...et au cours des années 60 et 70 comme beaucoup d'autres acteurs américains, il y est venu assez souvent, tournant pas mal en Italie (Mal..mais pas mal. Y'a de ces daubes...). Par conséquent, pour qui se serait baladé à Bergerac au cours de ces années là, il y aurait eu moyen d'y voir Dana Andrews ! Qui a dit surement sous un tonneau ?
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Federico a écrit :
kiemavel a écrit :On peut voir un peu d'ironie dans le choix de Sterling Hayden pour ce rôle. Il avait dans sa jeunesse filrté avec le parti communiste (il en avait été membre quelques mois) et il avait accepté bien plus tard de paraitre devant la (grosse) commission des activités anti-américaines en tant que témoin amical et il ne s'en était jamais vraiment remis, ne s'étant -parait-il- jamais pardonné d'avoir fléchi devant les injonctions de la dite commission… mais contrairement à ce qu'il affirmait parfois, on ne perçoit pas vraiment un avant et un après témoignage dans sa filmographie.
Elle est tellement inégale avec quelques chefs-d'oeuvre mais aussi beaucoup de films moyens et oubliables... Est-ce par désintérêt, mépris pour le milieu hollywoodien ou vis-à-vis de lui-même qu'il se saborda en partie, lui qui fut un temps à deux doigts d'être une des plus grandes figures du métier ? Certainement un type complexe, en tout cas, mi-Tchum mi-Marvin. :wink: Heureusement que Kubrick, puis Coppola, Altman et Bertolucci étaient là. Si il avait connu les années 90, Jarmush et Tarantino se seraient aussi souvenus de sa colossale présence.
Il y a quand même comme une revanche ironique dans son personnage de général parano qui voit des complots soviétiques jusque dans l'eau du robinet de Dr Folamour, non ?
D'accord pour la revanche ironique au sujet du second Kubrick, et le "mi-Tchum, mi-Marvin" est bien vu et juste. A ceux que tu cites par leurs metteurs en scène, si tu ajoutes Quand la ville dort, Chasse au gang, Johnny Guitare, L'ultime Razzia, çà fait effectivement peu de chefs d'oeuvre. Il a aussi tourné d'autres films plus qu'honorables mais dans lesquels lui-même est déjà très inégal : quelques westerns, l'homme au chewing-gum, The Star, Mon Grand et j'en oublie sans doute quelques uns. Pour expliquer les raisons de ce "score" relativement faible par rapport à sa personnalité et sa présence parfois fascinantes, il y a toutes les raisons que tu évoques mais la principale est tout de même sans doute un grand mépris pour le cinéma américain de l'âge d'or. Très peu de films tournés au cour de la première partie de sa carrière trouvaient grâce à ses yeux. Au sujet du "Chasse au gang" de De Toth, un de ses films préférés, il disait que c'était la première fois qu'il avait eu l'impression de tourner quelques chose de "vrai". Cela dit, s'il ne s'est senti vrai qu'en raison de l'aspect effectivement documentaire de ce policier, il avait une vision tout à fait parcellaire des possibilités offertes par le cinéma...mais évidemment çà se respecte.

Il tenait des propos similaires, affirmant avoir tourné essentiellement des conneries abracadabrantes dans ces années là dans le trop court entretien qu'on retrouve dans le coffret "Cinéma, Cinémas"...dans lequel je lui trouve une présence toujours extraordinaire. Je sais que tu as l'objet (de culte) en question...
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MEURTRES À RESPONSABILITÉ LIMITÉE (Chicago Syndicate). Fred F. Sears. 1955

Avec Dennis O'Keefe (Barry Amsterdam), Paul Stewart (Arnie Valent), Allison Hayes (Joyce Kern, alias Sue Morton) et Abbe Lane (Connie)

Les autorités de Chicago : le maire, le procureur, les services de police et les notables de la ville se réunissent après l'assassinat d'Oscar Kern, le comptable secret présumé du milieu de Chicago, et notamment celui de Arnie Valent, le très habile grand patron de la pègre de la ville. Ils proposent une prime de 60000 $ à Barry Amsterdam, un expert comptable un peu aventurier qui devra gagner la confiance de Valent afin de mettre la main sur ses véritables livres comptables, ceux sur lesquels apparaissent les ressources provenant de toutes les activités illégales de la pègre avant leurs blanchiment dans des entreprises de façade. Amsterdam entre en contact avec Valent, il est engagé comme comptable et gagne peu à peu sa confiance après qu'il ait passé avec succès quelques rudes examens de passage. Il rencontre ainsi les 2 femmes qui gravitent autour de Valent. D'abord l'énigmatique Sue qui fréquente assidûment la salle de jeu et le cabaret qui est aussi le siège de l'organisation du parrain et surtout Connie, une chanteuse qui est sa petite amie...et se rapproche du but.

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Une histoire peu originale d'enquêteur infiltré chez les affreux afin de les faire plonger. Ce scénario de base avait déjà bien servi en 1955. On l'avait vu avec les G-Men (les agents du FBI), avec les T-men (les agents du trésor), avec ceux des stup, avec un inspecteur des postes, etc… Ici ce n'est pas un agent de l'état qui parvient à s'infiltrer mais çà ne bouleverse pas la donne. 1. S'introduire au sein de la bande. 2. Gagner la confiance du boss. 3. Réunir les preuves pour le faire tomber 4. En sortir vivant. Point facultatif ? Non, car dans ces années là le happy end était encore de rigueur. L'identité de la taupe est cependant ici un peu singulière. Ce n'est pas du tout un agent de l'état désintéressé, c'est une sorte d'aventurier débrouillard qui refuse d'abord la mission qu'on lui propose mais qui finit par l'accepter lorsqu'on lui promet une très forte récompense s'il réussit à confondre Valent. Pour le reste, si l'identité du détenteur des fameux cahiers secrets connait quelques rebondissements intéressants, le reste de l'intrigue à base de chantage, de trahisons, de manipulations diverses, y compris chez les gentils (un des protagoniste a une double identité)...et les péripéties attendues : la taupe qui manque d'être démasquée à plusieurs reprises, etc...Tout ceci est très conventionnel mais un certain nombre de scènes méritent néanmoins d'être signalées.

Le retour aux sources de Arnie Valent qui, en toute confiance emmène celui qui est devenu son second dans le quartier populaire de son enfance ou vit encore sa mère, laquelle ignore à peu près tout des activités de son fils, permet de dévoiler un aspect plus humain du parrain. Sears (et son dialoguiste) nous préviennent un peu de leurs intentions en faisant dire à Valent qu'une certaine impasse de ce quartier est l'impasse des meurtriers...et à la fin de cette parenthèse, Barry Amsterdam fera une nouvelle fois la preuve de son intelligence et de sa grande capacité d'improvisation lorsque la police fera irruption sur les lieux manquant ainsi de faire échouer toute l'opération patiemment montée pour piéger le parrain.

Les scènes finales sont elles aussi plutôt bonnes. Une poursuite commencée dans une rue déserte, se poursuit dans une usine désaffectée puis dans les souterrains utilisés par les employés de la ville pour évacuer les ordures de Chicago….Mais pas Valent, qui en sort vivant…O'Keefe traverse alors un couloir encombré de sacs poubelles et au sol couvert d'immondices qui très momentanément fait ressembler ce film davantage à un policier des années 70 qu'à un Noir des années 50…Puis la scène se termine dans les rues au contraire très animées -que l'on identifie pas tout de suite- du quartier ou Valent à passé son enfance. Un retour aux sources convenu mais plutôt efficace et habilement réalisé. Cependant, Sears aurait pu se permettre d'ajouter un peu de lyrisme à ce final que je ne dévoile qu'en partie. Avec un peu d'imagination et d'ambition, en préparant le terrain (potentiellement fertile) lors du retour du parrain dans le quartier déshérité de son enfance que l'on avait visité une 1ère fois dans le récit, ce final aurait pu rivaliser avec les fins les plus lyriques de certains grands modèles du genre.

En dehors de ces quelques séquences marquantes, une scène, un grand moment, nous sort plus particulièrement du récit routinier, c'est la proposition stupéfiante faite par Valent à son désormais " homme de confiance " Barry Amsterdam. On assiste à la première proposition échangiste de toute l'histoire du cinéma américain. Hein ? Vous pouvez répéter ? Parfaitement, lorsque Barry Amsterdam et Sue Morton sont contraints de faire croire qu'ils entretiennent une liaison afin de se protéger, Valent qui ne doute pas de la loyauté de son subordonné lui fait une proposition tout à fait explicite. Il n'avait jamais caché son intérêt pour la jeune femme mais il propose à Amsterdam un échange de petites amies en des termes tout à fait stupéfiants…Ce qui sert d'ailleurs Amsterdam et sa fausse petite amie qui ont identifiés depuis peu un 4ème personnage comme étant celui qui pourrait fournir les informations décisives pour faire chuter Valent. En tout cas, je persiste…et confirme. Cette scène entre les 2 hommes qui s'isolent à une table filmée au 1er plan, avec en arrière plan celle ou les 2 petites amies sont restées et ou on les voient se disputer, en dehors du fait qu'elle est intelligemment filmée, est dialoguée de manière sidérante.

Pour finir, un mot sur les interprètes et le metteur en scène. Dennis O'Keefe n'était jamais vraiment enthousiasmant mais jamais mauvais non plus, ici il est dans sa moyenne cad un peu moins bien que dans ses meilleurs rôles, les 2 polars d'Anthony Mann et quelques uns de ses westerns mais c'est peut-être qu'il vaut ce que valent les films dans lesquels il parait. En revanche, Paul Stewart, s'il avait déjà servit ce plat, il le servait bien. Il est excellent en truand aux manières raffinées, affable et souriant mais évidemment derrière cette façade l'homme est en réalité cynique et impitoyable. Quant à Fred F. Sears, un de ses seuls titres de gloire est d'avoir réalisé un classique de la SF des 50th, Les soucoupes volantes attaquent. A part çà, on lui doit quelques westerns visibles : Utah Blaine (avec Rory Calhoun), Badman's Country (avec George Montgomery) et Fury at Gunsight Pass. Je n'en connais qu'un, un de ses très rares films en couleurs, Ambush at Tomahawk Gap (avec John Hodiak, John Derek et David Brian), un casting 3 étoiles pour Sears (je n'ai pas dit que c'étaient les plus brillantes). Enfin, il a aussi réalisé 2 autres polars que "Shame on me" je ne les connais pas, mais cela dit çà commence à être rare (T'arrêtes ta frime !) : Meurtres à Miami (Miami Exposé) avec Lee J. Cobb, Patricia Medina et Edward Arnold (lorsqu'il a lu ces noms sur le contrat, il a du faire sauter un bouchon), ainsi que Meurtres sur commande (The Miami Story) avec Barry Sullivan, Adele Jergens et Luther Adler.

Pas exceptionnel mais se regarde sans ennui et rendu un peu meilleur encore par quelques très bonnes séquences…et l'audace de la scène évoquée plus haut. 6/10
Dernière modification par kiemavel le 8 août 13, 11:27, modifié 1 fois.
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Fear in the Night

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Fear in the Night - Angoisse dans la nuit. Maxwell Shane. 1947

Avec De Forest Kelley (Vincent Grayson), Paul Kelly (Cliff Herlihy), Ann Doran (Lil Herlihy), Kay Scott (Betty) et Robert Emmett Keane (Belknap, alias Byrd)

Dans une pièce dont toutes les portes sont couvertes de miroirs, un homme surprend un couple en train de forcer un coffre. Une lutte s'engage entre les 2 hommes. La femme tend un tournevis que les mains des 2 hommes effleurent. L'un d'eux s'en saisit alors, s'en sert comme d'un poignard et frappe l'autre qui s'effondre. La femme prend immédiatement la fuite et le survivant enferme le cadavre dans un des placards qu'il referme, emportant la clé avec lui. Brutalement, Vincent Grayson, cet homme qui vient de se voir en tuer un autre, se réveille en sursaut dans son lit. D'abord rassuré de constater qu'il ne s'agissait que d'un cauchemar, il se rend compte qu'il porte sur lui les traces d'une lutte et retrouve ce qui semble être la clé de son cauchemar et le bouton arraché à la veste de son rival sur un meuble de sa chambre. Affolé, il annonce son absence au travail, erre dans les rues puis court se confier à Cliff, son beau-frère, un inspecteur de police qui ne le prend pas au sérieux et ne veut pas arrêter un homme qui semble avoir commis un crime dans son sommeil après une journée un peu trop arrosée…

L'entourage de Grayson constate néanmoins qu'il semble véritablement obsédé par cet événement. Il s'évanoui en effet à plusieurs reprises à la suite de chocs émotionnels lui rappelant son cauchemar. Pour lui changer les idées, l'inspecteur de police organise une sortie à la campagne avec leurs petites amies, sortie écourtée en raison d'un violent orage. Cherchant un refuge, ils s'arrêtent devant une villa que Grayson semble, d'abord confusément, trouver familière mais quand il parait effectivement connaitre des particularités que seul un habitué des lieux serait sensé savoir et qu'il s'avère qu'un crime y a été commis 2 jours auparavant, l'inspecteur de police est bien obligé de prendre l'affaire au sérieux…

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Ce film singulier, écrit par le scénariste Maxwell Shane dont c'était la première réalisation, était l'adaptation d'une nouvelle de William Irish tout à fait typique des fantasmagories imaginées par cet auteur ici au meilleur de sa forme. Cette toute petite production de William H. PIne et William C. Thomas, 2 roitelets des films de genre à petits budgets des années 40 et 50, souffre d'un manque de moyens évidents et il est notamment encombré par quelques interprètes incompétents mais il ne manque néanmoins pas de charme. L'histoire, pour peu que l'on accepte un postulat de départ assez délirant, est cohérente dans son délire.

Le film s'ouvre donc sur un cauchemar commenté en voix off par un homme qui cherche à comprendre à chaud les évènements qui se produisent. A son réveil, effrayé, il constate que ce qu'il croyait être un cauchemar a tout l'air de s'être réellement produit au cours de la nuit. Assailli par des images terrifiantes qui l'obsèdent comme si son cerveau était menotté (… If my brain was handcuffed) et ne trouvant provisoirement aucun secours en expliquant les raisons de son trouble à son entourage puisqu'il n'est pas cru, Il se retrouve dans une situation pire que s'il était livré à lui-même ou en fuite comme tant d'autres victimes du film noir. Victime ou coupable d'ailleurs ? Lui même ne le sait pas. Totalement perdu, il cherche d'abord à démêler de manière totalement irrationnelle l'énigme. Grayson passe ainsi une annonce dans les journaux afin de retrouver l'étrange pièce octogonale aux murs couverts de miroirs entrevue dans son cauchemar…Sans résultat…Toujours seul, n'étant pas cru ni entendu, c'est à lui qu'il parle. La voix off de l'homme est omniprésente dans cette première partie remplie de recherches visuelles qui apparente "lointainement" le film au courant expressionniste, notamment dans la mise en scène du rêve ou dans les scènes qui seront des réminiscences de ces premières images traumatisantes.
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Bientôt, une sortie à la campagne est organisée par l'inspecteur (et parent) qui cherche à offrir un moment de détente à Grayson qu'il croit surmené. Les 2 couples partent pique-niquer mais un violent orage éclate. Ils sont même contraints de trouver refuge dans leur voiture et reprennent la route. Shane multiplie alors les plans filmés de l'intérieur du véhicule dont les vitres sont partiellement embuées et recouvertes d'eau. Dans le ciel, les éclairs se multiplient et des coups de tonnerre stylisés semblent claquer comme des coups de feu rendant encore plus inquiétants les paysages flous qui défilent. Puis il montre les 4 personnages, de vagues silhouettes méconnaissables ; cette fois ci de l'extérieur du véhicule. C'est d'ailleurs dans le prolongement de cette scène qui rappelle stylistiquement la scène de cauchemar qui ouvrait le film que, comme dans un rêve, Grayson semble se rappeler une route qu'il affirme pourtant n'avoir jamais empruntée et c'est au bout de cette route que l'on découvre la maison qu'il croit être celle du crime de son cauchemar, réel ou imaginaire ?

C'est ici que commence la seconde partie du film. La rupture de ton et de style a donc lieu après la découverte et la visite de la villa déserte. Grayson n'est plus moralement seul puisque l'inspecteur le prend enfin au sérieux et commence véritablement son enquête mais très vite, après avoir mis en doute la véracité de l'histoire de Grayson, il va en venir à le soupçonner d'un meurtre et il va penser avoir été manipulé par son beau frère qui aurait voulu se faire passer pour fou.
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Alors à nouveau, Grayson va être un homme perdu ; pas cru par un homme de confiance, un proche pourtant, qui agira surtout en professionnel pour démêler les fils d'une machination complexe et envoutante pour le spectateur ... comme elle est vécu par la victime, tout à la fois coupable sans le savoir et sans en être pleinement responsable. La suite, je la laisse dans le flou. Quoique…(On est pas obligé de lire la suite…). Les interrogations sont multiples. Réalité du crime ? Fou ou simulateur ? Machination ? Sur la suite des évènements, je jette des mots en vrac : État second, hypnose, drogue, vrai et faux suicide, double identité d'un des personnages et double manipulation (du méchant d'abord, puis de la victime). Et c'est tout ?

L'interprète principal, De Forest Kelley qui porte le film sur ses épaules, est selon moi plutôt convaincant dans ce qui était son premier rôle au cinéma ; 1er rôle de 2 façons : c'était après un téléfilm et un court métrage son 1er long et d'autre part ce film est resté un de ses très rares rôles en tant que tête d'affiche. Je pense qu'il avait du bien regarder Peter Lorre : regard halluciné de hibou pris dans les phares, respiration haletante, débit saccadé et voix étouffée. Ça colle parfaitement au film.

Maxwell Shane était surtout un scénariste qui avait participé à l'écriture d'environ 70 scénarios et adaptations mais presque uniquement pour des productions à très petits budgets. Il a cependant aussi écrit, réalisé et le plus souvent coproduit 5 films, appartenant tous à la famille polar. Celui ci, le premier film réalisé par Maxwell Shane - mais à plus de 40 ans - est peut-être son meilleur. Sa mise en scène, au moins dans la première partie du film, ne manque pas d'inventions et conjointement, la photographie très contrastée de l'obscur directeur de la photographie Jack Greenhalgh est parfaitement adaptée à cette histoire. Une curiosité.

Le film sera refait par Maxwell Shane lui même en 1956 dans ce qui restera son dernier film pour le cinéma. Son titre : Nightmare (Le cauchemar) avec Kevin McCarthy et Edward G. Robinson.

Avec De Forest Kelley (Vincent Grayson), Paul Kelly (Cliff Herlihy), Ann Doran (Lil Herlihy), Kay Scott (Betty) et Robert Emmett Keane (Belknap, alias Byrd)
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Dernière modification par kiemavel le 6 nov. 16, 16:11, modifié 1 fois.
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