Justice est faite (1950)
Une jeune femme est accusée d'avoir euthanasier son compagnon. Le procès a lieu et les jurés doivent délibérer, est-elle coupable ou innocente.
André Cayatte réalise ici un de ses fameux films à thèse, avec à la fois le sujet qui est encore d'actualité à savoir l'euthanasie d'un malade condamné, mais aussi le fonctionnement d'un jury et finalement ses dysfonctionnements. Le film mélange donc cette histoire de femme qui a forcément tout le monde contre elle car elle est d'origine russe, donc l'étrangère, qu'elle vit en concubinage avec sa "victime", et qu'elle a donc abrégé les souffrances de son compagnon ! C'est aussi le portrait d'un jury (à l'époque, il n'y avait que sept jurés) et de ses personnalités sur lesquelles leur vie privée va influer sur leur ressenti. Car derrière tous ces jurés, il y a une histoire d'amour qui fait écho à celle qu'il juge, le fermier qui voit sa femme batifoler avec son ouvrier agricole, le militaire à la retraite donc la fille est amoureuse d'un jeune homme, le mari d'un couple dont l'enfant est atteint de troubles psychiques comportementaux graves, la femme qui se voit courtiser par un homme plus jeune et un autre membre du jury, le juré qui voit une jeune femme en secret de ses parents et le jury dont une ex-conquête tente absolument de lui parler... Toutes ces histoires secondaires jouent sur la mentalité des jurys, parfois à contre-courant, comme l'histoire du chien qui trouve un écho dans la seule femme du jury qui possède un bichon dont elle est folle, le père qui parfois a des envies de meurtre sur son fils malade... Il y a naturellement ceux qui vont trouver des excuses à l'accusée et ceux pour qui forcément elle est totalement coupable, car elle a tué, elle héritait, elle est étrangère,
- Spoiler (cliquez pour afficher)
Le film est prenant, et le casting bien que composé de "seconds rôles" tient formidablement la route. Les débats sont menés par Antoine Balpetré, Noel Roquevert est évidemment parfait en ancien militaire facho, Raymond Bussières prête sa bonne humeur au juré sans doute le plus impliqué dans le déroulement du procès, Jacques Castelot prête sa nonchalance naturelle à cet homme qui refuse de voir son ancienne maîtresse... Claude Nollier est l'accusée dont le rôle est finalement assez restreint tout comme Michel Auclair excellent dans son rôle de faux gigolo. Un film passionnant, très caractéristique du réalisateur.