Tai Katô (1916-1985)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Beule
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Re: Tai Katô (1916-1985)

Message par Beule »

Colossal travail d'archiviste une fois de plus, Spike. Merci pour toutes ces infos.
Je prends le temps de dépouiller les liens que tu as fournis - ça prend un peu de temps ! - et j'y reviens.
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Beule
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Re: Tai Katô (1916-1985)

Message par Beule »

Spike a écrit : 7 août 21, 22:37
Beule a écrit : 6 août 21, 13:14l’obscur – en tout cas pour moi – Kiyoshi Nishimura.
Notre internaute finlandais le présente comme un réalisateur injustement tombé dans l'oubli, car il avait pourtant tourné des thrillers intéressants et des films d'action existentialistes. Voici les liens vers ses mini-critiques :

Hairpin Circus
Que tu aies glissé le lien de cette mini-critique tombe plutôt bien. C'est le film de Nishimura que j'ai choisi de visionner pour tenter d'identifier d'éventuelles accointances stylistiques avec Tai Katô.

Comme l'écrit l'internaute finlandais, cete évidente allégorie autour des aspirations nouvelles de la jeunesse japonaise trouve certainement son inspiration dans la vague de films du Nouvel Hollywood dont Vanishing Point serait le porte-étendard. Mais dans le cas présent, entre les réminiscences du tragique Grand Prix de Macao autrefois remporté par le personnage interprété par Kiyoshi Misaki et les très longues séquences de rallyes sauvages sur et autour des quais de Yokohama, les séquences de courses automobiles doivent facilement alimenter plus de la moitié du métrage. Malgré l'effort du cinéaste pour constamment rafraîchir les axes (plongées et obliques variées) et les valeurs de plan, pour exploiter au mieux aussi le potentiel lumineux offert par le mobilier urbain de la mégalopole nocturne, j'ai fini par trouver ça un peu lassant. Mais techniquement, c'est irréprochable. Et même plus stimulant qu'à son tour sur le plan plastique. Cinégénie réelle donc, renforcée par une bande son jazzy qui tend à réfuter la recherche du tour de force mécanique. Mais à la limite, ce savoir-faire indéniable convoque davantage chez moi le souvenir de la virée nocturne de Ryô Ikebe et Mariko Kaga dans Fleur pâle de Shinoda que celui du style visuel développé par Tai Katô. Du reste l'incessant mouvement ne se prête pas ici à l'arbitraire composition géométrique du cadre telle que la conçoit souvent le vieux routier. Je ne suis donc pas plus avancé.
Spike a écrit : 7 août 21, 22:37 Personnellement, je n'ai vu que The Creature Called Man (1970), donc je ne saurais pas m'exprimer au sujet de The Target of Roses. Bon, alors dans The Creature Called Man, un dictateur étranger vient se réfugier au Japon (car il avait participé autrefois à une guerre avec comme alliés les Japonais). Un contrat est placé sur sa tête et de nombreux tueurs à gages débarquent au Japon pour empocher la mise. Un policier qui est également un champion de tir olympique (Yûzô Kayama) est chargé de le protéger, mais officieusement. Néanmoins, le flic partage l'affiche avec un des tueurs à gages, interprété par Jirô Tamiya. Ce dernier a de nombreuses répliques en anglais, qu'il prononce parfaitement, sans accent. (Son personnage rencontre une Américaine qui devient sa petite amie). Certes, il se montre alors un chouïa plus raide dans son jeu, mais c'est relativement normal. Il suffit de comparer avec Mariko Kaga, qui se retrouve également avec plusieurs répliques dans la langue de Shakespeare, et qui reste intelligible, mais dont l'accent se remarque fort.
Je n'ai aucun problème avec les accents dans The Target of Roses. L'anglais est la langue qui permet aux différents protagonistes du film de communiquer. Ce n'est la langue maternelle de personne (quand bien même le personnage du tireur d'élite est censé avoir connu plusieurs années d'exil aux States). Et tous les acteurs restent parfaitement intelligibles. Mais ils semblent tellement concentrés sur leur diction qu'ils en oublient... le jeu, l'art dramatique. Ils ne sont même plus "raides", non, ils se contentent de débiter leurs répliques comme le ferait une boîte vocale. La palme à Kayama (ce que regrette aussi l'internaute finlandais) et à sa partenaire chinoise Zhen Zhen, mais les acteurs allemands sont à peine plus affûtés (Okada s'en tire quand même mieux). C'est pour cela que je pointais du doigt la faiblesse de la direction d'acteurs. Dans La Plaie de la Balle, Yûzô Kayama se confrontait déjà à ce jonglage linguistique. Et s'en acquittait bien mieux.
Spike a écrit : 7 août 21, 22:37 A ce propos, on sent une volonté d'acquérir une dimension internationale, avec cette histoire de dictateur étranger, ces dialogues en anglais, cette actrice gaijin, ... Du point de vue formel, le film évoque pas mal les productions d'espionnage anglophones de l'époque, comme les James Bond des années 60. .
Ça me fait plutôt penser aux Harry Palmer, avec toutes ces petites touches existentialistes, mais c'est du pareil au même dans l'esprit d'internationalisation. La scène de torture du (faux) transfuge chinois dans Dankon , que l'internaute pointe négativement du doigt, démarque d'ailleurs assez ouvertement Icpress. Nos avis quant aux mérites respectifs des deux films sont d'ailleurs assez diamétralement opposés. Sans doute parce que lui attend de cette série qu'elle taille dans le vif de l'action, alors que moi, séduit par l'ancrage politique et le tempo si réfléchi de Dankon j'ai été amèrement déçu par le côté "serial/B movies" bien plus prononcé du Nishimura.
Spike a écrit : 7 août 21, 22:37 D'ailleurs, le film, avec ce récit de policier et de tueur à gages (tombé amoureux) obsédé l'un par l'autre, cette fusillade finale au ralenti, ... donne à penser que John Woo s'en est inspiré pour The Killer. L'intérêt du réalisateur hongkongais pour le cinéma nippon est bien connu : la dernière grosse demi-heure du Syndicat du crime 2 est calquée sur le déroulement d'un ninkyô.
Déjà le 1er, que je viens de découvrir, me paraît presque entièrement calqué sur la structure du ninkyô le plus... basique. Et il n'est pourtant pas de bon ton de lui tomber dessus à bras raccourcis :fiou: :arrow:
Et je ne savais pas que le mal reçu Manhunt, que je n'ai pas vu, était un remake du Jun'ya Satô. Encore moins envie de le découvrir, du coup :mrgreen:
Spike a écrit : 7 août 21, 22:37 Alors, malheureusement, je ne pourrais pas t'aider à confirmer / infirmer une éventuelle participation de Taï Katô. La ressemblance ne proviendrait-elle pas du recours au même chef-opérateur (que tu mentionnes toi-même) ?
Non justement. Je n'ai relevé aucune entrée préalable commune aux filmographie de Katô et du chef op Kazutami Hara.
Spike a écrit : 7 août 21, 22:37 Ou alors, ce que tu associes au style personnel de Taï Katô était peut-être plus répandu à l'époque que tu ne le crois.
C'est bien possible, ma connaissance du cinéma japonais étant ce qu'elle est : des plus fragmentaires. Mais après avoir vu une quinzaine de films de lui, je tenais désormais Katô pour l'un des (rares) cinéastes (avec, mettons, De Palma) dont la signature visuelle me paraissait éloquente. Pas sur tous les plans bien évidemment, mais sur certains assurément. Je vais sans doute tomber de haut, si ça se trouve je pollue ce beau topic Tai Katô pour des nèfles :uhuh:
Spike a écrit : 7 août 21, 22:37 C'est difficile de juger sur captures, mais la similitude ne me saute pas aux yeux. Après, peut-être que j'ai de la m... dans les yeux :mrgreen: ou que Nishimura s'est étalé avec The Target of Roses...
Même pas sur le plan dont l'axe est situé en dessous de la ligne de flottaison de la rivière ? Parce que, à cette date, je n'ai vraiment croisé ce type de plan que chez Katô, C'est d'ailleurs grâce aux infos que tu avais fournies que j'avais pu comprendre comment il obtenait ces plans divisés en strates aqueuses et émergées : grâce à un caisson amphibie qu'il avait fait spécialement construire à cette fin. Et ce sont des plans dont il use - et je dirais même abuse - encore dans son dernier film de fiction, Flames of Blood, que je viens de découvrir.

The Target of Roses (1972)
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versus Miyamoto Musashi (1973)
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versus Flames of Blood (1981)
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Je vais suivre ton conseil et tenter de consulter l'internaute finlandais du Japon. On verra bien. :wink:

EDIT : Bon et bien chou blanc. Il envisage une possible influence mais doute que Katô ait participé de quelque manière. Tout en précisant qu'il n'est pas spécialiste du réal.
Dernière modification par Beule le 14 août 21, 01:05, modifié 1 fois.
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El Dadal
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Re: Tai Katô (1916-1985)

Message par El Dadal »

Oui, merci Spike pour tout ce taf d'archivage, et merci d'avoir remis en lumière les pérégrinations nippo-cinéphiliques du "forumeur finalandais". J'avais essayé de retrouver certains de ses comptes rendus l'année dernière mais sans succès !

Bon, par contre, ça serait bien qu'un éditeur occidental se penche sur le cinéaste, assez frustrante situation.
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