Richard Lester

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Rashomon
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Message par Rashomon »

Rick Blaine a écrit : J'ai découvert ce film hier soir, je suis assez d'accord avec toi. L'exemple typique du film qui a voulu faire moderne et qui sonne maintenant terriblement daté, tant le metteur en scène semble avoir voulu en rajouter. Il y a deux trois idées visuelles amusantes, surtout au début avec notamment la file des nanas qui attendent leur tour devant la porte du tombeur, mais ça ne sauve pas grand chose, le film s'enlisant progressivement. Même sentiment sur les dialogues, certes assez libéré mais finalement surtout très lourd. Ca se veut libre, jeune et moderne, mais à force de faire n'importe quoi c'est surtout lourd et ennuyeux. Je sauve deux trois moments de sourire et la musique de Barry qui lui semblait très inspiré. C'était bien le seul.
En même temps, une comédie qui remporte la Palme d'Or à Cannes... Ca inspire la méfiance. :mrgreen:
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Jeremy Fox
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Re: Richard Lester

Message par Jeremy Fox »

La Rose et le flèche n'est désormais plus pour ma part le seul chef-d'oeuvre de Lester. Il faudra désormais aussi compter sur le jubilatoire Butch and Sundance, The Early Days, un film tellement mésestimé qu'il n'a même pas son topic sur le forum de westernmovie :shock:

Un western aussi drôle -voire hilarant- que mélancolique (on a parfois les larmes aux yeux), aussi remuant qu'esthétiquement sublime, aussi étonnant dans ses situations et ses décors naturels que classique dans sa mise en scène d'une extrême efficacité. Les deux comédiens choisis pour cette préquel -surtout Tom Berenger- du film de George Roy Hill ne déméritent pas face à leurs aînés (le cinéaste parvient même de temps à autre à les faire ressembler à Newman et Redford à tel point qu'on pense parfois avoir à faire à ces derniers), la galerie de seconds rôles est savoureuse -notamment Brian Dennehy-, la photo splendide et le scénario est bien moins chaotique qu'on a bien voulu le dire. Le film se termine sur une scène d'anthologie de la comédie et de l'action, une inoubliable attaque de train aussi drôle que rythmée. Bref, un petit chef d'oeuvre pour lequel j'écrirais à l'occasion une chronique plus étoffée pour le site ; il mérite vraiment de faire oublier sa sale réputation. J'oserais dire que j'y ai pris bien plus de plaisir qu'à son célèbre original.
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Jeremy Fox
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Re: Richard Lester

Message par Jeremy Fox »

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Les Joyeux Débuts de Butch Cassidy et le Kid (Butch and Sundance: the Early Days) - 1979


Butch Cassidy (Tom Berenger) est libéré de prison après avoir promis au gouverneur et au shérif de ne plus commettre de larcins dans leur État. Dans un saloon il fait la connaissance de Sundance Kid (William Katt) qu’il aide à échapper aux hommes de loi qui le poursuivent pour avoir volé l’argent d’une partie de poker. Les deux outlaws finissent par se lier d’amitié et décident de s’associer pour dévaliser des banques. Blessé lors d’une rencontre avec un ex-coéquipier de Butch qui pense que ce dernier l’a dénoncé à la police, Sundance est soigné dans la famille de son ami qui se révèle être marié et père de deux jeunes garçons. Une fois sur pieds et après quelques douces et heureuses semaines de convalescence, Butch et Sundance décident de repartir sur les routes ; leur rêve, s’attaquer à un train… ce qu’ils parviendront à mettre en œuvre en toute fin de ce récit… volant vers de nouvelles aventures qui les conduiront jusqu’à… un film de George Roy Hill.

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Le film de George Roy Hill dont il est question à la fin du pitch ci-dessus a en fait déjà dix ans d’âge lors de la sortie de la préquelle de Richard Lester puisqu’il date de 1969. Il s’agit bien évidemment du célèbre Butch Cassidy et le Kid avec dans les rôles titres Paul Newman et Robert Redford ; un western au ton léger voire décontracté qui cartonnera au box-office, tout autant que la chanson de Burt Bacharach qui accompagne l’une des premières séquences du film, ‘Raindrops keep falling on my head’ qui obtiendra d’ailleurs l'un des quatre Oscars que remportera ce long métrage. Devenu un grand classique du cinéma américain, il était d’autant plus risqué pour les gros pontes de la 20th Century Fox de produire cet 'antépisode' narrant les débuts de ‘carrière’ de ces sympathiques bandits, que d’une part le réalisateur se plaisait à pérorer qu’il n’avait aucune affinités avec le western voire même qu’il n’en avait jamais vu, de l’autre que les comédiens choisis pour interpréter la jeunesse de ces personnages véridiques étaient encore à l’époque de parfaits inconnus, William Katt le restant même par la suite malgré une imposante filmographie. Tom Berenger fut quant à lui distingué par les producteurs suite à sa prestation dans À la recherche de Mr. Goodbar (Looking for Mr. Goodbar) de Richard Brooks.

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Quoiqu’il en soit et même si toutes les craintes étaient permises, les deux comédiens au générique de ces joyeux débuts ne déméritent pas face à leurs aînés, le cinéaste parvenant même de temps à autre à les faire ressembler à Newman et Redford à tel point qu'on pense parfois avoir à faire à ces derniers, surtout en ce qui concerne Tom Berenger qui eut le rôle suite à une désaffection de Harrison Ford qui avait peur de devoir subir la comparaison avec Paul Newman. Quant à l’iconoclaste Richard Lester et contre toute attente, il nous délivre une petite pépite de la comédie westernienne qui fonctionne d'ailleurs tout aussi bien en tant que chronique humoristique qu’en tant que film d'action ; il décrivait d'ailleurs lui-même son film non pas comme un western mais comme une "Victorian Adventure". Jeune homme surdoué, Lester débute à la télévision dans les années 50 et devient réalisateur avant ses 20 ans. Américain d’origine, il décide néanmoins d’aller vivre à Londres et se spécialise dans l’humour anglais notamment avec Peter Sellers. Sa gloire, il l’acquière grâce aux Beatles qui le choisissent pour filmer A Hard Day's Night et Help! avant de remporter pas moins que la palme d’or à Cannes avec Le Knack... et comment l'avoir (The Knack... and How to Get It) immense succès commercial. Lester est alors l’un des artistes les plus en vue de la période du ‘Swinging London’. Il aura d’autres gros hits ou (et) réussites artistiques à son actif dont un dytique fantaisiste adapté d’Alexandre Dumas, Les Trois Mousquetaires (The Three Musketeers) et On l'appelait Milady (The Four Muskeeters), une version touchante de la vieillesse de Robin des bois, La Rose et la flèche (Robin and Marian) avec le duo Sean Connery/Audrey Hepburn -sans oublier un score mémorable de John Barry- ou encore un film catastrophe au ton assez unique, Terreur sur le Britannic (Juggernaut).

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Après le méconnu et pourtant passionnant Cuba sur la révolution cubaine de 1959 -à nouveau avec Sean Connery-, Lester met donc en scène cette suite/préquel du film de George Roy Hill. Il sera ensuite à nouveau en haut de l’affiche avec les deux premières suites du Superman de Richard Donner. Un cinéaste à la filmographie aussi éclectique que captivante dont ce mésestimé Les Joyeux Débuts de Butch Cassidy et le Kid (Butch and Sundance: the Early Days) pourrait être l’une de ses plus attachantes réussites. Le film débute alors que Butch sort de prison et qu’il rencontre dans un saloon celui qui va devenir son coéquipier de rapine : ils s’associent et continuent à commettre leurs méfaits malgré les menaces des hommes de loi dont le shérif Blesdoe interprété par Jeff Corey qui tenait déjà ce rôle dans le film précédent. L’on assiste ainsi aux prémices de leurs délits commis ensemble, les deux hors-la-loi évitant néanmoins au maximum violence et tueries, mais nous les verrons également allant délivrer à ski un vaccin à des mineurs coupés du monde, s’arrêtant quelques temps dans la famille de Butch le temps que Sundance se relève d’une blessure, devant se défendre contre un ex de la bande à Butch croyant dur comme fer que ce dernier l’a dénoncé, préparant enfin le coup de leur rêve, l’attaque d’un train. Le tout somptueusement photographié, filmé au sein de décors naturels assez impressionnants ou d’intérieurs victoriens luxuriants comme celui du saloon d’une richesse peut-être jamais vu dans un western.

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Un western aussi drôle -voire hilarant- que mélancolique -on a parfois les larmes aux yeux notamment lors des adieux de Butch à son épouse et ses enfants-, aussi remuant qu'esthétiquement sublime, aussi étonnant dans ses situations et l’utilisation de ses décors naturels que classique dans sa mise en scène d'une extrême efficacité (voir le duel en centre-ville les pieds dans l’eau entre William Katt et l’excellent Brian Dennehy). La galerie de seconds rôles est savoureuse –notamment donc Brian Dennehy, mais également Peter ‘Robocop’ Weller ou Christopher 'Back to the Future' Lloyd-, la photo splendide et le scénario bien moins 'anedoctico-chaotique' qu'on a bien voulu le dire. Le film se termine sur une scène d'anthologie de la comédie et de l'action, une inoubliable attaque de train aussi drôle que dynamique. L'humour de ce western est réjouissant de bout en bout et ce dès la première scène de l'harmonica dans la chambre de prison et surtout dès la seconde de la délivrance au cours de laquelle Butch Cassidy, trop honnête pour mentir, ne parvient pas à se décider à promettre au gouverneur de ne plus être hors-la-loi mais finissant par obtenir gain de cause à condition qu’il aille commettre ses pillages dans d’autres États éloignés. On se souviendra également longtemps de ce bivouac totalement improbable au sommet d’un promontoire rocheux... que l’on ne découvre qu’au tout dernier plan de la scène, ou encore de cette séquence surréaliste qui suit immédiatement du croisement insolite en pleine région désertique de deux amis en fond de canyon dans un étroit couloir de gorges.

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Sans provocation aucune et même si le western de Lester semble assez peu apprécié par les aficionados du genre, il n’est absolument pas interdit de prendre autrement plus de plaisir à sa vision qu’à celle du célèbre film de George Roy Hill, à mon avis bien moins subtil dans ses situations et son humour, l'étonnant sens du pittoresque du second pouvant sembler bien plus digeste que les 'clowneries' de l’original. Ecrit et réalisé avec une souveraine et jubilatoire désinvolture mais paradoxalement rythmé à la perfection, dynamique, enjoué et plein de verve, un film aussi drôle que palpitant, aussi doux que vif, une comédie westernienne au mélange des tons assez unique dans l’histoire du cinéma, entre réalisme et fantaisie, ne sombrant jamais dans la bouffonnerie malgré quelques situations quasi loufoques, grâce aussi à une jolie science du dialogue et des répliques assez réjouissantes. A réhabiliter de toute urgence pour faire oublier ce cuisant échec au box-office international !
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manuma
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Re: Richard Lester

Message par manuma »

Alexandre Angel a écrit :
Jeremy Fox a écrit :J'ai du le voir comme toi lorsqu'il était passé en prime time au début des 80's ; je n'avais pas aimé mais l'adolescence et tout ça.. C'est bien ?
Oui, c'est pas mal : le film catastrophe le plus original de l'histoire du genre.
Assez d'accord pour dire que Juggernaut survole le genre, même si ce n'est pas ce que Lester a fait de mieux sur la période (je pencherai peut-être pour Cuba quant à sa plus belle réussite seventies).

Excellent souvenir de Royal Flash, puisqu'Alexandre en parle plus haut.

Concernant Butch & Sundance, précisons que la photo de Laszlo Kovacs, et que c'est en effet l'un des gros atouts du film.
Dernière modification par manuma le 1 mai 18, 11:20, modifié 1 fois.
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Alexandre Angel
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Re: Richard Lester

Message par Alexandre Angel »

J'ai vu Cuba il y a hyper longtemps (sur la Suisse Romande, c'est dire) mais j'ai repéré qu'on le trouve encore pour pas cher en dvd chez MGM au format 1:85 (je vais craquer) alors que Juggernaut, que j'ai chez le même éditeur, est en 1:66 non anamorphique :?
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

m. Envoyé Spécial à Cannes pour l'Echo Républicain
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Jeremy Fox
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Re: Richard Lester

Message par Jeremy Fox »

Alexandre Angel a écrit :J'ai vu Cuba il y a hyper longtemps (sur la Suisse Romande, c'est dire) mais j'ai repéré qu'on le trouve encore pour pas cher en dvd chez MGM au format 1:85 (je vais craquer) alors que Juggernaut, que j'ai chez le même éditeur, est en 1:66 non anamorphique :?
Effectivement assez bon souvenir de Cuba. 1.66 non anamorphique, je passe et guetterais une diffusion TV
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Jeremy Fox
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Re: Richard Lester

Message par Jeremy Fox »

mannhunter
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Re: Notez les films naphtas - janvier 2011

Message par mannhunter »

Et Alexandre a raison! :wink:
Profondo Rosso a écrit : 12 janv. 11, 19:12 Petulia de Richard Lester (1968)

Médecin à San Francisco, Archie Bolen est en instance de divorce. Lors d'un gala de charité, il rencontre Petulia Danner, jeune et charmante jeune femme qui lui annonce qu'elle désire l'épouser.

Américain d'origine, Richard Lester s'était pourtant fait connaître par ses films pop délirant qui des oeuvres pour les Beatles (A Hard Day's Night, Help...) en passant par Le Knack...Et comment l'avoir était des photographies du Swinging London exubérant des 60's. Petulia est le film du grand retour au pays et Lester va y déployer toutes les expérimentations des films précédents dans un but moins futile avec ce mélodrame puissant.

Tout commence par une rencontre en apparence anodine lors d'une soirée mondaine entre la pétillante et fraîchement mariée Petulia Danner et le médecin Archie Bolen. Tombée sous son charme dans des circonstances douloureuses qu'il ignore, Petulia va dès lors s'immiscer dans le quotidien de George C. Scott qui tombe succombe peu à peu à cette femme perturbée. Petulia cache un lourd secret qui va progressivement se révéler dans une déroutante narration en kaléidoscope. Des inserts en flashback et flashforwards s'insèrent ainsi de manière toujours inattendue dans le récit au présent formant un puzzle dont l'émotion va croissante lorsque les évènements se révèlent. Richard Lester fait preuve d'une inventivité constante pour illustrer le chassé croisé de son couple. La brutale et oppressante réalité alterne avec les atmosphères les plus oniriques et psychédéliques, portées par une photographie inventive de Nicolas Roeg. Le montage de Anthony Gibbs, habitué à ce type de narration alambiquées dans Tom Jones ou Le Knack déjà pour Lester accentue l'étrangeté du propos par ses transitions quasi expérimentales par instants, où le sens se devine plus par le ressenti que le vrai lien des séquences entre elles. La description de ce San Francisco en pleine vague acid rock (le film s'ouvre d'ailleurs sur un concert de Big Brother and The Holding Company dont la chanteuse n'est autre que Janis Joplin encore inconnue) évoque bien sûr le traitement que Lester infligea à Londres mais ce n'est qu'un emballage superficiel pour une description de la ville pliée à la psychologie de Julie Christie.

Les séquences intimistes se trouvent transcendées par ce traitement hors normes. L'entrevue de Scott avec son ex femme et les échanges amer qui en résultent offre un beau moment tout comme les échanges entre Julie Christie et Richard Chamberlain (loin des rôles de bellâtre à venir il est aussi doux que menaçant en mari abusif) chargés de tension. Alors que le début laisse à supposer à un personnage futile dans la lignée du Darling de Schlesinger, Julie Christie (brune pour l'occasion) se mue en grande figure tragique et résignée plus la conclusion approche pour un de ses rôles les plus poignants. Lester et Roeg semblent vraiment envoûtés par elle tant l'objectif semble magnétisé par son regard mutin et mélancolique. On n'attendait pas le rugueux George C. Scott en héros romantique sa prestation tout en sobriété intense est surprenante. L'alchimie entre eux est palpable et fait magnifiquement décoller certaines séquences où tout passent dans leurs jeu de regard comme lorsque Scott est contraint la mort dans l'âme de la laisser aux mains de son mari et surtout cette entrevue muette lors d'un spectacle de pingouin. La musique de John Barry, superbe accompagne le tout par un thème entêtant et mélancolique. Le cachet 60's offre au films un charme certains dans son cadre et son esthétique, mais c'est la force des grands mélodrames universels qui le guide. Le spleen et le désenchantement du Robin and Marian à venir ne seront pas une surprise finalement, tout était déjà dans Pétulia. 5,5/6
Pas de blu ray/dvd à conseiller pour ce Lester-là?
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Profondo Rosso
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Re: Notez les films naphtas - janvier 2011

Message par Profondo Rosso »

mannhunter a écrit : 30 août 20, 19:02 Et Alexandre a raison! :wink:
Profondo Rosso a écrit : 12 janv. 11, 19:12 Petulia de Richard Lester (1968)

Médecin à San Francisco, Archie Bolen est en instance de divorce. Lors d'un gala de charité, il rencontre Petulia Danner, jeune et charmante jeune femme qui lui annonce qu'elle désire l'épouser.

Américain d'origine, Richard Lester s'était pourtant fait connaître par ses films pop délirant qui des oeuvres pour les Beatles (A Hard Day's Night, Help...) en passant par Le Knack...Et comment l'avoir était des photographies du Swinging London exubérant des 60's. Petulia est le film du grand retour au pays et Lester va y déployer toutes les expérimentations des films précédents dans un but moins futile avec ce mélodrame puissant.

Tout commence par une rencontre en apparence anodine lors d'une soirée mondaine entre la pétillante et fraîchement mariée Petulia Danner et le médecin Archie Bolen. Tombée sous son charme dans des circonstances douloureuses qu'il ignore, Petulia va dès lors s'immiscer dans le quotidien de George C. Scott qui tombe succombe peu à peu à cette femme perturbée. Petulia cache un lourd secret qui va progressivement se révéler dans une déroutante narration en kaléidoscope. Des inserts en flashback et flashforwards s'insèrent ainsi de manière toujours inattendue dans le récit au présent formant un puzzle dont l'émotion va croissante lorsque les évènements se révèlent. Richard Lester fait preuve d'une inventivité constante pour illustrer le chassé croisé de son couple. La brutale et oppressante réalité alterne avec les atmosphères les plus oniriques et psychédéliques, portées par une photographie inventive de Nicolas Roeg. Le montage de Anthony Gibbs, habitué à ce type de narration alambiquées dans Tom Jones ou Le Knack déjà pour Lester accentue l'étrangeté du propos par ses transitions quasi expérimentales par instants, où le sens se devine plus par le ressenti que le vrai lien des séquences entre elles. La description de ce San Francisco en pleine vague acid rock (le film s'ouvre d'ailleurs sur un concert de Big Brother and The Holding Company dont la chanteuse n'est autre que Janis Joplin encore inconnue) évoque bien sûr le traitement que Lester infligea à Londres mais ce n'est qu'un emballage superficiel pour une description de la ville pliée à la psychologie de Julie Christie.

Les séquences intimistes se trouvent transcendées par ce traitement hors normes. L'entrevue de Scott avec son ex femme et les échanges amer qui en résultent offre un beau moment tout comme les échanges entre Julie Christie et Richard Chamberlain (loin des rôles de bellâtre à venir il est aussi doux que menaçant en mari abusif) chargés de tension. Alors que le début laisse à supposer à un personnage futile dans la lignée du Darling de Schlesinger, Julie Christie (brune pour l'occasion) se mue en grande figure tragique et résignée plus la conclusion approche pour un de ses rôles les plus poignants. Lester et Roeg semblent vraiment envoûtés par elle tant l'objectif semble magnétisé par son regard mutin et mélancolique. On n'attendait pas le rugueux George C. Scott en héros romantique sa prestation tout en sobriété intense est surprenante. L'alchimie entre eux est palpable et fait magnifiquement décoller certaines séquences où tout passent dans leurs jeu de regard comme lorsque Scott est contraint la mort dans l'âme de la laisser aux mains de son mari et surtout cette entrevue muette lors d'un spectacle de pingouin. La musique de John Barry, superbe accompagne le tout par un thème entêtant et mélancolique. Le cachet 60's offre au films un charme certains dans son cadre et son esthétique, mais c'est la force des grands mélodrames universels qui le guide. Le spleen et le désenchantement du Robin and Marian à venir ne seront pas une surprise finalement, tout était déjà dans Pétulia. 5,5/6
Pas de blu ray/dvd à conseiller pour ce Lester-là?
Dispo en zone 2 anglais (édition que j'ai sans sous-titres) ou en Warner Archives et pas sûr pour les sous-titres.

https://www.amazon.co.uk/Petulia-Region ... dvd&sr=1-2

https://www.amazon.com/Petulia-Julie-Ch ... 423&sr=1-1
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Re: Richard Lester

Message par manuma »

FINDERS KEEPERS (1984)
Pour échapper à la colère des pigeons qu'il a plumés, un sympathique escroc déguisé en militaire saute en voltige à bord d'un train où il va se trouver malgré lui plongé dans une aventure loufoque. Car dans ce train se trouve aussi un cercueil bourré de cinq millions de dollars qui intêresse fort toute une bande de foldingues.
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Jolie découverte que ce Finders keepers (Cash-cash, en VF), dans lequel le caustique Richard Lester raille à sa façon les travers de l’Amérique capitaliste, sur un mode ouvertement burlesque. On pense par moment à du Elmore Leonard du côté de cette intrigue policière à personnages multiples, tous plus ou moins ridicules, mais en plus fou et plus léger, tandis que flotte sur l’œuvre un parfum de duperie et corruption généralisée s’abreuvant au contexte particulier de l’époque investie (l’action se situe en 1973, et l’on croise Woodward et Bernstein le temps d’une séquence). Ca va vite, parfois un peu trop loin dans la déconne comme de coutume chez Lester, mais la matière est dense, stimulante et l’on s’amuse de bout en bout
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harry
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Re: Richard Lester

Message par harry »

Revu hier soir Juggernaut, très bon "vrai faux film catastrophe" ou l'on étudie plus les caractères et personnages que de mettre en avant le spectaculaire (bien que cet aspect ne soit pas absent).
Un cast solide avec déjà pas mal de noms connus ou qui vont l'être (Hopkins, Holm, Sharrif, Harris, etc...) et beaucoup de 2nd rôles british que l'on reverra pendant toute les 70s/80s; au pif un sheriff James Bondien, beaucoup d'officiers impériaux d'une galaxie très, très lointaine... Avec en plus un joli thème de Ken Thorne (compo récurent de Lester)

Le pitch du film a même été réutilisé si je me souviens bien dans un épisode de McGyver (des bombes a désamorcer sur un bateau).

Et en plus un supporter de Chelsea meurt dans une explosion, que demander de plus? :mrgreen:
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Re: Richard Lester

Message par Courleciel »

Rétrospective Richard Lester à la cinémathèque Française printemps 2023 :D
"- Il y avait un noir a Orly, un grand noir avec un loden vert. J'ai préféré un grand blond avec une chaussure noire a un grand noir avec un loden vert
- Dites-moi, mon petit vieux, pour faire de la littérature, attendez la retraite. Bonne appétit."
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Jeremy Fox
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Re: Richard Lester

Message par Jeremy Fox »

Petulia, le film anglais du vendredi proposé par Justin.
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