Le cinéma finlandais naphta
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Re: Le cinéma finlandais naphta
LA JALOUSIE (Mustasukkaisuus) de Teuvo TULIO -1953
Avec Regina LINNANHEIMO et Eero PAGANUS
Après le décès accidentel de son fils, une femme plonge progressivement dans la folie. Aveugle à la suite d’un accident, elle recouvre la vue grâce à une opération mais se garde bien d’informer son mari et sa sœur de sa guérison pour mieux les surveiller (ils sont épris l’un de l’autre)…
Sept ans après amour défendu, Teuvo TULIO, toujours en panne d’inspiration, si l’on en juge par ces films qui reprennent toujours plus ou moins les mêmes thèmes de façon obsessionnelle, tourne le remake de son film, avec la même Regina Linnanheimo ; franchement, cela était-il vraiment nécessaire ? On a déjà parlé ici de cet incroyable film camp, qui poussait de façon presque jouissive les limites du grand Guignol. Pouvait-on faire pire (ou meilleur, tout dépend du point de vue) ? Le réalisateur n’a pas amélioré sa façon de réaliser et de monter les séquences avec ses gros plans incongrus surajoutés à postériori : la scène du sauvetage du début est particulièrement mal filmée. Il a voulu en rajouter encore au style mélo, n’hésitant pas à franchir toujours davantage les frontières du ridicule comme notamment l’accident du bambin qui glisse du pont avec le gamin suspendu par sa couche à un clou pendant une bonne minute avant de sombrer dans le torrent. Regina Linnanheimo ressemble à une sorcière des films de Walt Disney dans ses multiples tentatives pour tuer sa rivale (en sciant les cordes d’un pont suspendu notamment). Et pourtant, dans son rôle de détraquée qui commente en voix off toutes ses pensées les plus dérangées, elle captive moins que dans son personnage à la Bette Davis d’amour défendu. En effet, au bout d’un moment trop c’est trop !
Dernière modification par Music Man le 9 févr. 13, 14:44, modifié 2 fois.
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Re: Le cinéma finlandais naphta
Je viens de commencer les 3 coffrets DVD "Teuvo Tulio" finlandais par Amour Défendu pusique c'était ta suggestion, Music Man. Whaoh ! Ce film ne ressemble à rien de ce que j'ai pu voir dans le genre du mélodrame (ni d'autre genre d'ailleurs) : bizarement, malgré l'histoire échevelée, je n'ai ressenti aucune empathie pour les personnages, l'outrance de la mise en scène et du jeu des acteurs rapprochant le film d'un exercice de style aux frontières du post-modernisme (ce qui, en 194(, est totalement hors de propos et d'autant plus stupéfiant). Pas étonnant que Karismäki voue un culte au réalisateur. J'ai regardé le tout bouche bée, saisi. Cerise sur le gâteau, dans la dernière demi-heure, le débit rapide et saccadé de l'élocution des acteurs (qui frôlent alors l'hystérie) m'a fait croire qu'ils s'étaient brusquement mis à parler en japonais. Un sommet indépassable de camp. Génial ! Merci encore pour cette découverte majeure, Music Man !
... and Barbara Stanwyck feels the same way !
Pour continuer sur le cinéma de genre, visitez mon blog : http://sniffandpuff.blogspot.com/
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Re: Le cinéma finlandais naphta
J'étais sûr que ça t'intéresserait!! Bon visionnage!
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Re: Le cinéma finlandais naphta
LES RAPIDES DU DIABLE (HORNANKOSKI) de Teuvo TULIO-1949
Avec Regina LINNANHEIMO, William MARKUS et Ake LINDMAN
Deux frères sont amoureux de la même femme. L’un pense qu’il a tué un homme et s’enfuit en laissant sa fiancée enceinte. Pour éviter un scandale et donner un nom à son fils, la pauvre fille est contrainte d’épouser à contrecœur le frère de l’homme qu’elle aime.
Teuvo TULIO nous propose encore un drame passionnel rural, en utilisant des copier-coller de ses précédents films : de bucherons qui remontent le courant sur un radeau en chantant la même chanson, un cheval emballé, une bagarre sur un pont de bois enjambant sur un torrent bouillonnant…le cinéaste ressasse ses obsessions et thèmes favoris jusqu’à épuisement total.
Toujours aucune amélioration concernant le montage, des plus aléatoires…
Si Tulio parvient quand même à faire un peu grimper l’adrénaline à la fin du film avec la tyrannique maman qui meurt d’effroi et manque de mettre le feu pendant que son fils, dans une crise de jalousie, grimpe l’escalier avec son couteau, le film m’a paru ennuyeux et pénible. La musique ridicule qui accompagne les scènes d’action est au mieux digne d’un Bugs Bunny ou d’un Bip Bip et Coyotte.
Dernière modification par Music Man le 9 févr. 13, 14:41, modifié 1 fois.
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Re: Le cinéma finlandais naphta
LE RENNE BLANC (Valkoinen Peura) de Erik BLOMBERG (1952)
avec Mirjami KUOSMANEN
Pirita, une jeune femme douée, à son insu, de pouvoirs magiques, épouse Aslak, un lapon gardien de rennes. Souvent délaissée par son mari, elle va voir un sorcier qui lui ordonne un sacrifice au dieu de pierre, afin de jouir pleinement de son pouvoir de femme. Une nuit, Pirita immole un petit renne blanc que lui avait offert Aslak. Aussitôt, s’éveillent en elle les puissances endormies. Ensorcelée, elle se mue la nuit en renne blanc, attirant un à un les chasseurs, qu’elle égorge dans une étreinte de vampire…
Avis de Johell
Bien que Jean Cocteau lui-même lui ait décerné le « Prix Légendaire » au Festival de Cannes en 1953, LE RENNE BLANC reste un long-métrage relativement méconnu et c’est bien dommage. Ce petit bijou est un film particulier du fait de son décor assez unique perdu dans le Grand Nord finlandais. La trame scénaristique rappelle un autre film en noir/blanc très atmosphérique, LA FELINE de Jacques Tourneur (1942). D’ailleurs il se dégage aussi de cette vieille légende laponne une certaine poésie contemplative très envoûtante. Les images sont immédiatement séduisantes, élégamment porté par une entêtante musique qui en renforce le lyrisme. Dès sa première séquence, illustré par un doux chant lapon, on tombe s’immisce immédiatement dans ce tragique conte d’une malédiction qui présente quand même de petites similitudes avec le vampirisme.
Epoque oblige et petit budget à l’appui, le film d’Erik Blomberg n’est pas aussi explicite qu’il pourrait l’être pour sa légendaire histoire de sorcière. Aux différents moments horrifiques du long-métrage, le réalisateur joue de la suggestion et de l’ellipse pour les actes commis par cette femme-animal. Malgré un nombre de cadavres conséquents dans son histoire, tant au niveau des humains que des bêtes, LE RENNE BLANC n’est pas un film sanglant. Ce qu’il n’a pas en violence graphique, les créateurs le gagne en ambiances étranges, à commencer par le troublant visage de son interprète principal Mirjami Kuosmanen. Son personnage est particulièrement intéressant, entre son désir d’être aimé par les hommes et son ensorcellement qui la torture, elle y est superbe de bout en bout. Le travail avec les rennes, de véritables bêtes utilisées par troupeaux entiers dans des étendues désertiques est tout aussi magnifique à contempler.
Bien aidé par ces décors naturels couverts de neige qui lui donne une aura très spéciale, LE RENNE BLANC est une belle tentative de cinéma fantastique scandinave. Sa relative courte durée - à peine un peu plus d’une heure! - en fait une œuvre cinématographique curieuse et très étonnante devant laquelle on ne peut que tomber sous le charme. A la fois unique et poétique. Un petit chef-d’œuvre à découvrir toutes affaires cessantes!
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Re: Cinéma naphtaliné de Scandinavie
J'ai déjà créé sur ce forum un topic sur le cinéma naphta finlandais (de même que d'autres sur le cinéma naphta norvégien, suédois et danois...) où on a déjà commenté plusieurs films.
http://www.dvdclassik.com/forum/viewtop ... =2&t=31858
Je dis ça pour une meilleure organisation du forum et regrouper au même endroit les sujets qui pourraient intéresser et donner envie de discuter aux cinéphiles.
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- Jeremy Fox
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Re: Cinéma naphtaliné de Scandinavie
Music Man a écrit :J'ai déjà créé sur ce forum un topic sur le cinéma naphta finlandais (de même que d'autres sur le cinéma naphta norvégien, suédois et danois...) où on a déjà commenté plusieurs films.
http://www.dvdclassik.com/forum/viewtop ... =2&t=31858
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Il me semblait bien mais ne l'avait pas retrouvé ce matin : je rapatrie
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- Mogul
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Re: Teuvo Tulio (1912-2000)
Et voilà, 7 ans plus tard, je redécouvre le cinéma de Teuvo Tulio "grâce" à l'Etrange Festival et Guy Maddin qui a choisi dans ca carte blanche son ultime réalisation Sensuela (1973).bruce randylan a écrit :La cinémathèque diffuse actuellement un cycle sur Teuvo Tulio, qui est parait-il le maître du mélodrame finlandais.
Je suis allé tenter la croix de l'amour ( 1946 ) et pour un mélodrame, c'est mélodramatique ! Le problème c'est que c'est non l'histoire mais le film qui est à pleurer... de nullité
Ça raconte donc le destin d'une fille d'un gardien de phare qui, séduite par un diplomate échoué sur leur ilot, ira connaitre la déchéance dans la ville d'à coté.
C'est tellement consternant qu'on est à deux doigts du nanar avec quelques fous-rires qui ont été difficiles à contenir à coté des grincheux de la cinémathèque.
Il y a tellement de truc pathétique à aborder que je vais y aller en vrac :
- Des acteurs ridicules qui sont incapables de la moindre nuances dans le jeu : on est content alors on regarde le ciel bleu avec un sourire de niais ( ce que doit faire une douzaine de fois l'héroïne au début parfois juste parce qu'elle a vu une mouette ). Par contre quand ils sont tristes, ils font la boude à la grimace.
- la réalisation est approximative comme possible : le découpage et la continuité sont dans les plus catastrophiques que j'ai vu. Les caméras sont placés n'importe comment d'un plan à l'autre avec des faux raccords hallucinants et des acteurs qui n'arrivent pas garder la même expression durant les différentes prises ( les gros plans sont à ce titres mythiques ). Le budget très limité donne lieu aussi à quelques solutions qui touchent au génie : les personnages sont sensés parler et marcher tout en s'extasiant devant des vitrine de magasins. Pas de soucis, on filme les acteurs sur fond noirs où ils font sembler de marcher (en restant sur place) tout en prenant des poses de roman photo tandis qu'on insert régulièrement des photos de cuisines ou de bébés
- Les décors sont quand à eux dantesques : genre un mur de 3 mètres sur 3 avec un papier de nuage et ciel bleu pour représenter l'île du phare. Comme le cinéaste est un petit malin, il a l'idée de changer les cordes à linge par un tonneau pour avoir 2 décors différents, indécelable à l'œil nu.
- la musique est utilisée n'importe comment, à tout va et en bouche trou dès que cinéaste - qui est toujours resté coincé sur des influences du muet académique - ne sait pas comment meubler ses scènes.
- Et bien sur il y a l'histoire, du mélo de chez mélo tellement clichésque qu'il est impossible de prendre ça au sérieux et de sentir la moindre apathie pour les protagonistes qui sont en plus écrit avec les pieds et bourrés de contradiction.
Bon, le seul avantage ( à part l'actrice qui se dénude intégralement ! ), c'est que c'est tellement mauvais qu'on ne s'ennuie pas forcément. Si en tout cas, il est vraiment le maître du mélo finlandais, je suis curieux de savoir à quoi peuvent bien ressembler les sous-fifres.
Voilà, il y a d'autres qui ont essayé ou qui connaissent ?
Et bien le moins que je puisse dire, c'est qu'en 30 ans, Tulio n'a toujours pas mis les pieds dans une école de cinéma et le film est d'un amateurisme désarmant. A part l'ajout de la couleur (très jolie), son cinéma n'a absolument pas évolué d'un pouce. L'impression est encore plus troublante puisque ce Sensuela est un gros décalque de Croix d'Amour où une jolie Laponie, candide et pure, est pervertie par un ancien officier nazi (!) qui la débauchera dans la grande ville au grand désespoir de son papa (dont la profession est de castrer les rennes avec les dents ).
J'avoue ne pas savoir si ce mec était le Ed Wood du mélodrame finlandais ou s'il avait un (minimum) conscience de ce qu'il faisait et en jouait. Si mes amis penchent vers la deuxième solution, je privilégie la première. Faut dire que la réalisation est à la ramasse avec un mixage catastrophique, un découpage calamiteux (aucun plan ne raccorde avec le précédent), une direction d'acteur affligeante, un scénario d'une bêtise abyssale (et bourré d'invraisemblances), des choix de musique ringarde et une hypocrisie savoureuse (discours moralisateur mais on dénude tout le monde le plus souvent possible). Il y a moment surréalistes de racolage gratuit totalement inutile comme le long passage dans le Sauna. Bon delà dit, Marianna Mardi est plus que craquante donc je vais pas me plaindre.
Tout ça pour dire que ça devient très rapidement un plaisir coupable extraordinaire et fascinant. Un ovni total qui ne semble pas se questionner sur ce qu'est le bon gout, un monument de "Camp" kitsch. Ça été projette le même jour que la nuit excentrique et on peut avancer sans crainte qu'on tenait le meilleur film de la soirée.
Dernière modification par bruce randylan le 22 sept. 15, 14:16, modifié 1 fois.
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Re: Teuvo Tulio (1912-2000)
bruce randylan a écrit :... si ce mec était le Ed Wood du mélodrame finlandais
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Le cinéma naphta du Nord
Teuvo Tulio, vous connaissez ? Si ce n'est pas le cas, Tamasa vous permet de découvrir deux des films du cinéaste finlandais en salles dès aujourd'hui : Le Chant de la fleur écarlate ainsi que Le Rêve de la hutte bergère. C'est par ici que Pierre Charrel vous en parle.
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Re: Le cinéma naptha du Nord
tu as créé ce topic pour rien, il existait deja : http://www.dvdclassik.com/forum/viewtop ... 5#p2508935
The Life and Death of Colonel Blimp (Michael Powell & Emeric Pressburger, 1943)
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Re: Le cinéma naptha du Nord
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Re: Le cinéma naptha du Nord
Rigole, rigole... Un jour, en faisant un remplacement avec des CP, j'avais demandé si quelqu'un savait comment on appelait les gens qui habitaient au pôle Nord (pour simplifier). Il y a eu un long silence et puis une main s'est levée... et un gosse à proposé : "Les Ch'tis ?"Dale Cooper a écrit :Moi qui m'attendais à ce qu'on évoque les films ch'tis...
C'était en 2008, on était en plein boum Ch'tis à l'époque.
Coq-à-l'âne : il y a quand même des topics cinéma suédois, cinéma norvégien, cinéma danois...
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Re: Le cinéma naptha du Nord
Jack Carter a écrit :tu as créé ce topic pour rien, il existait deja : http://www.dvdclassik.com/forum/viewtop ... 5#p2508935
Il me semblait bien mais ne l'avais pas trouvé ; allez, je rapatrie