Le cinéma finlandais naphta
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Le cinéma finlandais naphta
La cinémathèque diffuse actuellement un cycle sur Teuvo Tulio, qui est parait-il le maître du mélodrame finlandais.
Je suis allé tenter la croix de l'amour ( 1946 ) et pour un mélodrame, c'est mélodramatique ! Le problème c'est que c'est non l'histoire mais le film qui est à pleurer... de nullité
Ça raconte donc le destin d'une fille d'un gardien de phare qui, séduite par un diplomate échoué sur leur ilot, ira connaitre la déchéance dans la ville d'à coté.
C'est tellement consternant qu'on est à deux doigts du nanar avec quelques fous-rires qui ont été difficiles à contenir à coté des grincheux de la cinémathèque.
Il y a tellement de truc pathétique à aborder que je vais y aller en vrac :
- Des acteurs ridicules qui sont incapables de la moindre nuances dans le jeu : on est content alors on regarde le ciel bleu avec un sourire de niais ( ce que doit faire une douzaine de fois l'héroïne au début parfois juste parce qu'elle a vu une mouette ). Par contre quand ils sont tristes, ils font la boude à la grimace.
- la réalisation est approximative comme possible : le découpage et la continuité sont dans les plus catastrophiques que j'ai vu. Les caméras sont placés n'importe comment d'un plan à l'autre avec des faux raccords hallucinants et des acteurs qui n'arrivent pas garder la même expression durant les différentes prises ( les gros plans sont à ce titres mythiques ). Le budget très limité donne lieu aussi à quelques solutions qui touchent au génie : les personnages sont sensés parler et marcher tout en s'extasiant devant des vitrine de magasins. Pas de soucis, on filme les acteurs sur fond noirs où ils font sembler de marcher (en restant sur place) tout en prenant des poses de roman photo tandis qu'on insert régulièrement des photos de cuisines ou de bébés
- Les décors sont quand à eux dantesques : genre un mur de 3 mètres sur 3 avec un papier de nuage et ciel bleu pour représenter l'île du phare. Comme le cinéaste est un petit malin, il a l'idée de changer les cordes à linge par un tonneau pour avoir 2 décors différents, indécelable à l'œil nu.
- la musique est utilisée n'importe comment, à tout va et en bouche trou dès que cinéaste - qui est toujours resté coincé sur des influences du muet académique - ne sait pas comment meubler ses scènes.
- Et bien sur il y a l'histoire, du mélo de chez mélo tellement clichésque qu'il est impossible de prendre ça au sérieux et de sentir la moindre apathie pour les protagonistes qui sont en plus écrit avec les pieds et bourrés de contradiction.
Bon, le seul avantage ( à part l'actrice qui se dénude intégralement ! ), c'est que c'est tellement mauvais qu'on ne s'ennuie pas forcément. Si en tout cas, il est vraiment le maître du mélo finlandais, je suis curieux de savoir à quoi peuvent bien ressembler les sous-fifres.
Voilà, il y a d'autres qui ont essayé ou qui connaissent ?
Je suis allé tenter la croix de l'amour ( 1946 ) et pour un mélodrame, c'est mélodramatique ! Le problème c'est que c'est non l'histoire mais le film qui est à pleurer... de nullité
Ça raconte donc le destin d'une fille d'un gardien de phare qui, séduite par un diplomate échoué sur leur ilot, ira connaitre la déchéance dans la ville d'à coté.
C'est tellement consternant qu'on est à deux doigts du nanar avec quelques fous-rires qui ont été difficiles à contenir à coté des grincheux de la cinémathèque.
Il y a tellement de truc pathétique à aborder que je vais y aller en vrac :
- Des acteurs ridicules qui sont incapables de la moindre nuances dans le jeu : on est content alors on regarde le ciel bleu avec un sourire de niais ( ce que doit faire une douzaine de fois l'héroïne au début parfois juste parce qu'elle a vu une mouette ). Par contre quand ils sont tristes, ils font la boude à la grimace.
- la réalisation est approximative comme possible : le découpage et la continuité sont dans les plus catastrophiques que j'ai vu. Les caméras sont placés n'importe comment d'un plan à l'autre avec des faux raccords hallucinants et des acteurs qui n'arrivent pas garder la même expression durant les différentes prises ( les gros plans sont à ce titres mythiques ). Le budget très limité donne lieu aussi à quelques solutions qui touchent au génie : les personnages sont sensés parler et marcher tout en s'extasiant devant des vitrine de magasins. Pas de soucis, on filme les acteurs sur fond noirs où ils font sembler de marcher (en restant sur place) tout en prenant des poses de roman photo tandis qu'on insert régulièrement des photos de cuisines ou de bébés
- Les décors sont quand à eux dantesques : genre un mur de 3 mètres sur 3 avec un papier de nuage et ciel bleu pour représenter l'île du phare. Comme le cinéaste est un petit malin, il a l'idée de changer les cordes à linge par un tonneau pour avoir 2 décors différents, indécelable à l'œil nu.
- la musique est utilisée n'importe comment, à tout va et en bouche trou dès que cinéaste - qui est toujours resté coincé sur des influences du muet académique - ne sait pas comment meubler ses scènes.
- Et bien sur il y a l'histoire, du mélo de chez mélo tellement clichésque qu'il est impossible de prendre ça au sérieux et de sentir la moindre apathie pour les protagonistes qui sont en plus écrit avec les pieds et bourrés de contradiction.
Bon, le seul avantage ( à part l'actrice qui se dénude intégralement ! ), c'est que c'est tellement mauvais qu'on ne s'ennuie pas forcément. Si en tout cas, il est vraiment le maître du mélo finlandais, je suis curieux de savoir à quoi peuvent bien ressembler les sous-fifres.
Voilà, il y a d'autres qui ont essayé ou qui connaissent ?
"celui qui n'est pas occupé à naître est occupé à mourir"
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Le cinéma finlandais naphta
AMOUR DEFENDU de Teuvo TULIO - 1946
Avec Regina LINNANHEIMO
Après le décès accidentel de leur fils unique, un docteur et sa femme connaissent de graves problèmes de couple. Très déprimée, l’épouse fait une tentative de suicide. Sauvée in extremis, elle perd la vue.
Surgit alors la belle sœur qui a toujours été amoureuse du docteur. Sous les yeux de l’épouse aveugle, ils vivent une folle passion, tout en ignorant qu’elle a recouvré entre temps la vue grâce à une délicate opération et qu’elle voit toutes leurs turpitudes. Ivre de jalousie, elle sombre dans la démence la plus totale.
Amateurs de cinéma camp et de curiosa, ne cherchez pas plus loin, nous atteignons ici peut être l’apothéose du genre avec ce mélodrame complètement délirant.
Certes l’histoire est invraisemblable et l’interprétation pas toujours crédible (surtout dans la première partie du film, ternie par des dialogues impossibles), mais le réalisateur Teuvo Tulio a le don d’installer une atmosphère parfaitement macabre et malsaine dans ce film qui mêle adultère, mensonge, mort, folie et masochisme, avec ses gros plans des actrices principales et ses images morbides (enterrement du petit garçon…). Il fallait vraiment l’inventer ce personnage de fausse aveugle qui devient totalement démente.
[
A coup sûr Bette Davis se serait délectée en incarnant le personnage détraqué interprété magistralement par la belle Regina Linnanheimo. L’actrice finit d’ailleurs par ressembler physiquement à la vedette de Jezebel notamment dans l’impressionnante scène où cigarette aux lèvres, et chaussée de ses fameuses lunettes noires, elle roule à tombeau ouvert. Les 15 dernières minutes, où elle menace les amants coupables tout en riant comme une démente, sont des purs moments de grand guignol. On se demande si Robert Aldrich connaissait ce film et son réalisateur tant leur inspiration semble avoir des similitudes!
L’aspect amoral de l’histoire et de quelques scènes très osées pour l’époque((quand sylvi dénude sa soeur devant son mari pour qu'il l'osculte alors qu'elle sait bien qu'ils ont une liasion.) en font une production très originale qui n’aurait jamais pu voir le jour à Hollywood.
Dernière modification par Music Man le 31 oct. 10, 00:10, modifié 2 fois.
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Re: Le cinéma finlandais naphta
Ce film a l'air complètement génial !
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Re: Le cinéma finlandais naphta
Par ces excès, c'est en effet un film absolument délirant!
Dernière modification par Music Man le 21 oct. 10, 18:46, modifié 2 fois.
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Re: Le cinéma finlandais naphta
La Cinémathèque avait proposé il y a deux ou trois ans une rétrospective de ce cinéaste.J'ai vu "Comme si tu me voulais" (je ne suis plus sûre à 100% que ce soit le titre exact) film tourné peu de temps auparavant (44/45),et assez gratiné aussi .Mais sans de tels excès,toutefois.
La comparaison avec Aldrich (..Baby Jane? et Chut,chut,Chère Charlotte) me semble pertinente.De quoi donner envie de découvrir ce film-là...
La comparaison avec Aldrich (..Baby Jane? et Chut,chut,Chère Charlotte) me semble pertinente.De quoi donner envie de découvrir ce film-là...
Dernière modification par riqueuniee le 21 oct. 10, 15:47, modifié 1 fois.
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Re: Le cinéma finlandais naphta
Moi, j'avais pu y voir la croix de l'amour, un grand moment d'hallucination... j'avais même crée un topic sur le Tulio
http://www.dvdclassik.com/forum/viewtop ... 9#p1735759
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Re: Le cinéma finlandais naphta
Ah oui,je viens de lire ça (merci pour le lien).Finalement,j'ai peut-être vu le moins pire des trois films évoqués ici.Mais peut-être (autre supposition)avons-nous vu les films les moins réussis de Teuvo Tullio?
La réputation dont il semble jouir auprès de certains (ça serait une référence pour Kaurismäki) me laisse quand même perplexe.
La réputation dont il semble jouir auprès de certains (ça serait une référence pour Kaurismäki) me laisse quand même perplexe.
Dernière modification par riqueuniee le 21 oct. 10, 15:49, modifié 2 fois.
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Re: Le cinéma finlandais naphta
Je n'avais jamais entendu parler de ce réailsateur ni de ses films. J'ai vu qu'il existait 3 coffrets DVD de ses films en Finlande (avec s/t anglais). Youpi ! Rien n'est plus comme avant. Merci Music Man !
... and Barbara Stanwyck feels the same way !
Pour continuer sur le cinéma de genre, visitez mon blog : http://sniffandpuff.blogspot.com/
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Re: Le cinéma finlandais naphta
Comme toi, je dois reconnaître que le découpage et la continuitébruce randylan a écrit :Moi, j'avais pu y voir la croix de l'amour, un grand moment d'hallucination... j'avais même crée un topic sur le Tulio
http://www.dvdclassik.com/forum/viewtop ... 9#p1735759
manquent de rigueur. Les décors en carton pâte sont également ridicules: la scène finale de l'accident de voiture a été tournée avec un jouet pour enfant qui tombe d'un tas de sable;
on pense à Ed Wood par moment !
Mais toutes ces faiblesses font la force de ce film
Surtout qu'on y change rien, dans son genre, il est parfait comme il est !
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Re: Le cinéma finlandais naphta
LA CRIMINELLE (RIKOLLINEN NAINEN) de Teuvo Tulio – 1952
Avec Regina LINNANHEIMO, Tauno MARUJI
Après une dispute avec son mari, le directeur d’une prison, une femme quitte le foyer conjugal. Le lendemain, on la retrouve morte, écrasée par un train. Le mari, fou de chagrin et de culpabilité, finit par retrouver l’amour auprès d’une jolie peintre. A la prison, le directeur accueille de nouvelles pensionnaires dont une criminelle, à peine sortie de l’asile, amnésique et démente : c’est sa femme !
Folie, univers malsain, couples tentés par l’adultère, assassinat, personnes handicapées, nudité (l’examen médical des prisonnières) , sans oublier d’inévitables ballades au cimetière ; on retrouve tous les ingrédients de l’étrange univers macabre de Tulio dans ce film qui n’est pas très réussi, il faut bien l’avouer. Les mêmes faiblesses techniques marquent le film : quelle drôle d’idée d’intégrer d’immenses gros plans des acteurs, tournés après coup au studio ! par exemple, alors que l’actrice dévale la colline à vélo, on la filme ensuite en gros plan dans un décor de carton pâte sans aucun rapport. Cela traduit-il un manque cruel de moyens financiers ou une volonté marquée de ne pas retranscrire la réalité. L’histoire est une fois de plus absolument invraisemblable, mais on y prend goût ! Le film s’anime dans sa seconde partie, avec une Régina Linnanheimo, exsangue , aux yeux exorbités par la folie et au visage déformé par les tics nerveux…comme dans amour défendu. Elle est très bien, une fois de plus, dans son rôle de folle. Du cinéma bis à la Jess Franco, avec ses faiblesses nombreuses, mais aussi un cachet, un style particulier et un sens aigu du divertissement, qui permet toutefois de passer un bon moment.
Dernière modification par Music Man le 9 févr. 13, 14:48, modifié 1 fois.
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Re: Le cinéma finlandais naphta
Les découvertes que je dois à Music Man sont inombrables ... celle de ce cinéaste (beaucoup de choses existent en DVD st en anglais) semble en être une belle
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Re: Le cinéma finlandais naphta
J'ai un peu hésité mais après avoir lu le commentaire de Music Man sur le deuxième Tulio, je viens de commander les 3 coffrets DVD finlandais.
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Re: Le cinéma finlandais naphta
Franchement, je pense qu'Amour défendu devrait énormément te plaire : dans le genre, c'est un sommet!
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Re: Le cinéma finlandais naphta
ENVOUTE PAR LA PASSION (INTOHIMON VALASSA) de Teuvo TULIO - 1947
Avec Regina LINNANHEIMO
Un riche fermier oblige sa fille à épouser un homme issu d’une riche propriété, alors qu’elle est amoureuse d’un forgeron. Malgré la naissance d’un petit garçon, le couple connaît de graves problèmes ; Le mari sombre dans la boisson. Aigrie par sa vie insatisfaisante et la crainte que sa propriété ne périclite, la jeune femme devient une mégère autoritaire. Son mari décide de l’empoisonner.
Connaissant l’univers invraisemblable de Tulio, on est d’abord surpris par le prologue : ce film a été inspiré par une histoire vraie.
Moins camp et délirant que la criminelle ou amour défendu, c’est une chronique rurale avec une belle atmosphère et de superbes images de la Finlande en clair obscur (aie, le DVD ne leur rend pas toujours justice avec des pixels par ci par là !) et une atmosphère fantastique (bossu ricanant, chevaux au galop) qui présente des parentés avec les vielles légendes scandinaves et certains films muets suédois ; Par ces gros plans inquiétants et son éclairage particulier, le film emprunte aussi à l’expressionisme allemand et nordique du cinéma muet.
Hélas, il est desservi par une interprétation pas toujours convaincante (on a du mal à comprendre pourquoi la douce Régina Linnanheimo, bien meilleure dans d’autres films, se transforme en véritable furie), des effets ratés ou mal exploités. Par mesure d’économie, le réalisateur utilise fréquemment les mêmes plans de chevaux…et cela en devient grotesque. Il semble également qu’il ait intégré des scènes coupées dans d’autres films, histoire de ne rien perdre ! La scène où le forgeron, ivre, conduit sa carriole à rythme d’enfer, bousculant les passants, pour finir sa course folle dans une taverne, aurait pu avoir un bel aspect dramatique, si elle avait été correctement exploitée. On a l’impression que le pire côtoie le meilleur, et que des fragments de belles scènes soignées visuellement et semblant extraites d’un muet, sont parsemées par ci par là. C’est déroutant. Personnellement je reste sur ma faim.
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Re: Le cinéma finlandais naphta
LA CROIX DE L’AMOUR/CALVAIRE D’UN AMOUR (Rakkauden Risti) de Teuvo TULIO – 1946
Avec Regina LINNANHEIMO, Oscar Tengström
Je reposte d'abord l'avis de Bruce Randylan :
Je suis allé tenter la croix de l'amour ( 1946 ) et pour un mélodrame, c'est mélodramatique ! Le problème c'est que c'est non l'histoire mais le film qui est à pleurer... de nullité
Ça raconte donc le destin d'une fille d'un gardien de phare qui, séduite par un diplomate échoué sur leur ilot, ira connaitre la déchéance dans la ville d'à coté.
C'est tellement consternant qu'on est à deux doigts du nanar avec quelques fous-rires qui ont été difficiles à contenir à coté des grincheux de la cinémathèque.
Il y a tellement de truc pathétique à aborder que je vais y aller en vrac :
- Des acteurs ridicules qui sont incapables de la moindre nuances dans le jeu : on est content alors on regarde le ciel bleu avec un sourire de niais ( ce que doit faire une douzaine de fois l'héroïne au début parfois juste parce qu'elle a vu une mouette ). Par contre quand ils sont tristes, ils font la boude à la grimace.
- la réalisation est approximative comme possible : le découpage et la continuité sont dans les plus catastrophiques que j'ai vu. Les caméras sont placés n'importe comment d'un plan à l'autre avec des faux raccords hallucinants et des acteurs qui n'arrivent pas garder la même expression durant les différentes prises ( les gros plans sont à ce titres mythiques ). Le budget très limité donne lieu aussi à quelques solutions qui touchent au génie : les personnages sont sensés parler et marcher tout en s'extasiant devant des vitrine de magasins. Pas de soucis, on filme les acteurs sur fond noirs où ils font sembler de marcher (en restant sur place) tout en prenant des poses de roman photo tandis qu'on insert régulièrement des photos de cuisines ou de bébés
- Les décors sont quand à eux dantesques : genre un mur de 3 mètres sur 3 avec un papier de nuage et ciel bleu pour représenter l'île du phare. Comme le cinéaste est un petit malin, il a l'idée de changer les cordes à linge par un tonneau pour avoir 2 décors différents, indécelable à l'œil nu.
- la musique est utilisée n'importe comment, à tout va et en bouche trou dès que cinéaste - qui est toujours resté coincé sur des influences du muet académique - ne sait pas comment meubler ses scènes.
- Et bien sur il y a l'histoire, du mélo de chez mélo tellement clichésque qu'il est impossible de prendre ça au sérieux et de sentir la moindre apathie pour les protagonistes qui sont en plus écrit avec les pieds et bourrés de contradiction.
Bon, le seul avantage ( à part l'actrice qui se dénude intégralement ! ), c'est que c'est tellement mauvais qu'on ne s'ennuie pas forcément. Si en tout cas, il est vraiment le maître du mélo finlandais, je suis curieux de savoir à quoi peuvent bien ressembler les sous-fifres.
A mon tour, j'ai eu l'occasion de visionner ce film qui est un des plus connus du réalisateur et un des seuls qui fut exporté à l'époque
Difficile de comparer cette libre adaptation de la nouvelle de Pouchkine « le maître de poste » avec l’excellent film de Gustav Ucicky. Ici, Teuvo Tulio reprend le thème du mélodrame en l’exploitant dans son univers macabre et bizarre. Comme le souligne fort justement Bruce, la réalisation laisse beaucoup à désirer, le montage est catastrophique. Autant se concentrer plutôt sur l’atmosphère dérangeante du film et le sort de cette pauvre fille qui doit faire croire à son papa qu’elle est toujours pure et sur le point de faire un beau mariage avec un riche consul, au point de monter un simulacre de noces alors qu’elle s‘est prostituée et que son beau consul l’a laissée sur le trottoir dès le lendemain de leur liaison . Comme la femme infidèle crucifiée sur la peinture (au passage, quelle image audacieuse pour l’époque quand on se souvient du vacarme qu’avait causé l’affiche du film Ave Maria de Godard il y a 20 ans !), la belle Regina se sacrifie pour ne pas blesser son cher papa. Un mélo très noir, complètement invraisemblable, mal fagoté mais c'est du Tulio, on reconnait sa touche!