L'homme qui tua Liberty Valance (John Ford - 1962)

[JamesCicero]

Tout simplement l'un des plus grands films de tous les temps.

[Lylah Clare]

Exhumons ce topic° pour l'un des meilleurs films de Ford (un de mon "top 3" de cet immense cinéaste, avec La prisonnière du désert et My darling Clementine), donc du monde.
°(c'est normal, le début est un hommage à un défunt qui représentait une certaine idée de l'Ouest).

Cela rentre dans la thématique du film. L'homme qui tua Liberty Valance raconte un changement de civilisation (et aussi la fin d'une certaine idée du western). La loi régalienne et la justice civilisée remplace la loi du talion et la justice du plus fort. Valance représente la violence et l'injustice du viel Ouest, Stewart le progrès moral et politique (ce n'est pas aussi simple, mais c'est un autre débat). Valance s'essaie à la politique mais il est l'homme d'un monde fini et c'est donc tout à fait voulu qu'il n'ait pas sa place dans ce contexte. Stewart est un personnage d'un monde moderne censé remplacé l'ordre ancien représenté par Doniphon (Wayne) et Valance (sa part sombre) dont le décalage avec l'institution politique (ce qu'elle est censée représenter) est ainsi parfaitement retranscrit.

Assez d'accord avec cette analyse, avec une nuance : il y a un paradoxe flagrant dans ce film : c'est que la Loi (James Stewart) finit par s'imposer, de fait, grâce à la Force (la Force juste que représente Tom Doniphon-John Wayne, fabuleux), qui seule, peut combattre la Force (brutale, celle de Valance). Le titre lui-même révèle cette ambiguïté : L'Homme qui tua Liberty Valance, qui est-il ? Pour la légende, c'est le personnage de Stewart, et "quand la légende dépasse la réalité, on imprime la légende".
Et puis, davantage sur le plan de la petite histoire, j'aime ces petites vignettes douces-amères, comme Tom Doniphon qui apporte toujours des cactus à Vera Miles pour lui montrer sa flamme... Le genre de détails qui tuent, et auxquels Ford excellait
ça me rappelle le titre d'un article dans Télérama il ya de cela fort longtemps, lors d'une reprise en salles du film : quelque chose du genre : Le bon, la brute et le sacrifié

Qu'est-ce que ça me donne envie de le revoir...

[someone1600]

Ca me donne envie aussi de revoir ce film ce topic. Magnifique western de John Ford, fait aussi parti des préférés.

[Strum]

Mon film de Ford préféré, mon western préféré et mon film préféré, depuis bien 15 ans. Les choses sont simples pour moi, quand on parle de L'Homme qui tua Liberty Valance, et je peux enfin laisser libre cours à mon enthousiasme sans scrupule ou hésitation ultérieurs.

Un film sur l'Histoire et les perdants de l'Histoire ; et j'ai toujours aimé les films sur les perdants, les oubliés, les sacrifiés. Le mythe du western, démythifié par celui-là même, Ford, qui lui a érigé ses plus beaux temples ; car c'est l'architecte qui sait le mieux déconstruire. Un film sur la démocratie et son inhérente ambiguité ; c'est par la force qu'elle est née, ce qui doit rester un secret aux yeux du monde, mais c'est de la force qu'elle doit nous protéger. Aussi, un film sur les non-dits au sein d'un couple entrant dans la vieillesse. Un film sur le temps et la vie, avec ceux qui sont laissés derrière, et ceux qui avancent avec elle en enterrant en chemin quelques souvenirs. Aussi, un film drôle et grotesque ; mais c'est le grotesque du pudique, qui cache sa profondeur. Un film où l'élégiaque et la nostalgie le disputent à la lucidité d'un metteur en scène déterminé à regarder en face la réalité. Enfin, une grâce, une sensibilité et une pensée souveraine qui transcendent ces contradictions dont le film rend compte et qui sont celles de la vie. Que demander d'autre du cinéma ?... (il faudra que je mette toutes ces pensées désordonnées en ordre un de ces jours. )

[Lylah Clare]

Mon film de Ford préféré, mon western préféré et mon film préféré, depuis bien 15 ans. Les choses sont simples pour moi, quand on parle de L'Homme qui tua Liberty Valance, et je peux enfin laisser libre cours à mon enthousiasme sans scrupule ou hésitation ultérieurs.

Un film sur l'Histoire et les perdants de l'Histoire ; et j'ai toujours aimé les films sur les perdants, les oubliés, les sacrifiés. Le mythe du western, démythifié par celui-là même, Ford, qui lui a érigé ses plus beaux temples ; car c'est l'architecte qui sait le mieux déconstruire. Un film sur la démocratie et son inhérente ambiguité ; c'est par la force qu'elle est née, ce qui doit rester un secret aux yeux du monde, mais c'est de la force qu'elle doit nous protéger. Aussi, un film sur les non-dits au sein d'un couple entrant dans la vieillesse. Un film sur le temps et la vie, avec ceux qui sont laissés derrière, et ceux qui avancent avec elle en enterrant en chemin quelques souvenirs. Aussi, un film drôle et grotesque ; mais c'est le grotesque du pudique, qui cache sa profondeur. Un film où l'élégiaque et la nostalgie le disputent à la lucidité d'un metteur en scène déterminé à regarder en face la réalité. Enfin, une grâce, une sensibilité et une pensée souveraine qui transcendent ces contradictions dont le film rend compte et qui sont celles de la vie. Que demander d'autre du cinéma ?... (il faudra que je mette toutes ces pensées désordonnées en ordre un de ces jours. )

C'est déjà très clair et tu exprimes très bien ce que je ressens devant ce film.

[someone1600]

Tres beau texte Strum.

[Ethan]

Vous me donnez très envie de le revoir!
Difficile de faire un classement dans les films de Ford mais entre:
"Les raisins de la colère",
"Young mister Lincoln",
"My darling Clementine",
" La prisonnière du désert",
"Le soleil brille pour tout le monde" (oui, je sais, je recase ce film à chaque fois, mais c'est un des plus beaux, je vous assure!!!),
"La dernière fanfare"
et sûrement quelques uns que j'oublie ou que je ne connais pas, on a tout de même avec ce réalisateur un nombre de chefs d'oeuvre incroyable, non?
Et "Valance", malgré ces petites imperfections en est un! Je pleure à chaque fois que je vois ce film, je vous l'avoue.... Et je me fous complètement que Stewart et Wayne soient trop vieux pour les rôles, qu'ils soient trop maquillés; peut-être que le film aurait pu être un peu resseré, peut-être... Mais quel film!!!!
Pour moi, c'est un film aussi important que "La règle du jeu". Il n'est peut-être pas très pertinent de les comparer, mais je ne peux pas voir l'un sans penser à l'autre. Renoir et Ford nous racontent tous les deux la fin d'un monde sans jamais être dans la démonstration. Ils défendent chacun de leurs personnages, sans jamais les juger; il y a chez l'un et l'autre ceux qui s'en sortent et ceux qui ne sauront pas s'adapter au "nouveau monde", les personnages cultivés ont toujours besoin de ceux qui eux connaissent la nature...
Enfin pour finir, et rejoindre un autre post, dans ce film il y a, comme d'habitude chez Ford de merveilleux seconds rôles, Lee Van Cleef par exemple et le magnifique Woody Stroode...

[someone1600]

Je ne connais pas la Regle du jeu...

Par contre Liberty Valance est réellement un des western les plus réussi de Ford. Deja avec le casting, le film avait tout pour me plaire. Mais l'histoire est fantastique et le final est un coup de punch quand meme.

[topinrouen]

Bonjour
je l'ai visionné hier et ca a été un réel bon moment: on est vraiment emporté par le souffle de et par l'intrigue. Tout en connaissant la fin (l'homme qui tua liberty valance), on se demande bien comment James Stewart va s'en sortir... Le scénario est ciselé et la psychologie des personnages cohérente tout au long de l'histoire.
un seul élément m'a un peu gêné: je trouve que John Wayne se vante un peu trop souvent qu'il tire plus vite que Liberty, alors pourquoi ne règle-t-il pas le problème plus tôt ?
Sinon, film magnifique et une conclusion mythique "si la légende est plus forte que la vérité, imprimez la légende"

[Watkinssien]

La magnificence, l'intelligence, la subtilité sont montrées avec une force peu commune dans ce western monumental et légendaire.

[Ethan]

"un seul élément m'a un peu gêné: je trouve que John Wayne se vante un peu trop souvent qu'il tire plus vite que Liberty, alors pourquoi ne règle-t-il pas le problème plus tôt ? "

Mon sentiment là-dessus:

1. parce que c'est vrai. Doniphon sait qu'il tire plus vite que le pied tendre; ce n'est pas très difficile d'ailleurs! C'est le savoir d'un homme simple, c'est une évidence. Pour moi, ce n'est pas tellement de la prétention, c'est quasi une donnée technique....

2. parce qu'il se raccroche à cela: de sa capacité à dégainer plus vite, il est sûr! Le monde de l'avocat est un univers où il n'a pas sa place: et il le réalisera clairement au cours du film (la scène du disours de Stewart, si mes souvenirs -lontains- sont bons). Par contre le monde de Valance est le sien, il le connaît et en accepte les chaos; et de ce monde, il n'a pas peur (il ne craint pas Valance). Par contre il ne saura pas évoluer au contraire de sa fiancée qui, elle, saura y accéder: dans la douleur, voir les scènes de lecture humiliantes pour elle, et dans l'amour pour Stewart. Mais pour accèder à ce monde, ele va devoir abandonner, renoncer à l'ancien, donc au personnage de Wayne..

3. il ne peut pas tuer Valance plus tôt, il n'en a aucunement besoin! Doniphon fait partie de son monde, mais il n'est pas un assassin comme lui; il tuera Valance pour sauver l'avocat et non pas parce que lui en a besoin. Valance et Doniphon sont deux animaux qui n'ont pas besoin de s'affronter: la scène du steack en est pour moi une démonstration, cela ne va pas plus loin que "Ne franchis pas la ligne!".. ils peuvent l'un et l'autre "cohabiter" dans la même ville. Ce qui n'est pas le cas avec le personnage de Stewart qui est une menace ET pour Valance ET pour Doniphon. D'ailleurs il tue l'un (avec l'aide de Wayne, évidemment) et il tue l'autre, Wayne, symboliquement.

Avec sa logique, primaire peut-être, Wayne veut faire comprendre à Stewart que ce n'est pas avec son code civil qu'il vaincra les Liberty Valance; ce que Stewart refuse jusqu'au "faux" duel final.... Voilà pourquoi, à mon sens Wayne lui répète qu'il tire plus vite que Lee Marvin: il en va de sa survie, de sa liberté peut-être.
Alors Ford veut-il nous faire comprendre que dans un monde où la barbarie règne, nous aurons toujous besoin d'un Doniphon pour appuyer l'avocat....? C'est un autre débat.

[NotBillyTheKid]

J'adore ce film. C'est un film qui porte en lui la question de l'héroïsme, celle du courage (face à l'Histoire), de la vérité (face à cette même Histoire). C'est un film qui interroge. C'est un film qui me fait réfléchir sur de nombreux points fondamentaux. C'est un film très important pour moi (si bien que, avec Pat Garrett & Billy the Kid, un des films dont je parle ds mon bouquin, mais là n'est pas le propos, du tout)

[Strum]

Merci Lylah et someone.

NotBillyTheKid, pourquoi ne pas nous faire un résumé de ce que tu en dis dans ton livre ?

[Ouf Je Respire]

J'adore ce film. C'est un film qui porte en lui la question de l'héroïsme, celle du courage (face à l'Histoire), de la vérité (face à cette même Histoire). C'est un film qui interroge. C'est un film qui me fait réfléchir sur de nombreux points fondamentaux.

Tu t'es planté de topic. Va dans celui de "Fleg of our fathers".

[andrino]

Un jour, on posa à Orson Welles cette question: quels sont pour vous les plus grands realisateurs que vous connaissiez; Welles repondit: 1- Ford, 2- Ford, 3- Ford!!
Partageant tout à fait cet avis, je ne peux qu'aimer L HOMME QUI.......;
Si, cependant je devais donner un classement, il viendrait apres LA PRISONNIERE DU DESERT, SHE WORE A YELLOW RIBBON,MY DARLING CLEMENTINE? STAGECOATCH..;, vous allez me dire, ça fait beaucoup ,et bien non, c'est simplement un chef d'oeuvre parmi d'autres, beaucoup d'autres, et peut etre cette nostalgie du temps qui passe, me rappelle - t- elle que pour moi aussi, le temps passe et cet amour muet, celui de Wayne, remue-t-il en moi des souvenirs enfouis, un peu comme cette chanson de Brassens LES PASSANTES ...Là on s'eloigne de Ford et du film...en fait, de Ford, excepté MOGAMBO, j'aime tout, et si je ne place pas Valence en premier, c'est, peut etre, parcequ'il soulève en moi un peu trop de nostalgie!....