P'tain, j'avais écrit un post fourni que j'ai perdu en faisant une fausse manip'.
Bon alors, (un peu) plus rapidement du coup. Chacun a exposé ses arguments de toute façon, et le débat risque de devenir stérile.
Peut-être que la fin de
Stromboli est "inoubliable" en raison de sa nature abrupte, mais elle aura toujours un peu chez moi le goût de l'insatisfaction. Et ça, ce n'est pas parce que son contenu n'est pas sur-explicité, rationalisé, que le cinéma américain Stabilo m'a mangé le cerveau ou que sais-je.

Au contraire, j'attends d'être embarqué par quelque chose qui me paraisse habile, intelligent, et c'est ce à quoi Rossellini s'était magistralement employé depuis 1h40, avec toute la subtilité psychologique dont il fait preuve pour croquer ce portrait de femme. Je vais me répéter mais je suis perplexe parce que la précipitation avec laquelle le réalisateur traite cette conclusion jure, justement, avec la finesse et le temps qu'il a pris pour raconter l'histoire de Karen.
J'ai bien compris que cette rudesse vous séduit parce qu'elle pousse à votre réflexion, voire parce qu'elle constitue une entorse étonnante (et donc stimulante) aux lois dramaturgiques. En ce qui me concerne, cela provoque avant tout chez moi une drôle d'impression, une impression de "faux", de quelque chose qui ne fonctionne pas, quoi. Je me répète, mais mon problème se situe dans le fait que j'ai du mal à accepter qu'on nous fasse côtoyer un si beau personnage, qu'on nous raconte son parcours, pour tout urger dans les dernières secondes et proposer cette conclusion dont le caractère hasardeux me conduit à la trouver très boiteuse, très bâclée. Peut-être qu'inconsciemment espérais-je trop une résolution dramatique en bonne et due forme, mais n'empêche, même si je me place ailleurs que dans des considérations de structure, il y a quand même quelque chose qui ne me convainc pas là-dedans. C'est de l'ordre de l'instinctif. En fait, c'est plus un problème de tempo que de fond. Rossellini traite le point culminant de son film en trente secondes chrono... une prière à Dieu sortie de nulle part et puis basta. Y a de quoi rester interdit ! Sans doute que cette réserve aurait été balayée si la scène avait été pour moi le théâtre d'une émotion forte, si j'avais de meilleures armes pour comprendre toute la portée spirituelle de la supplique de Karen (je crois que c'est en fait le point sous-jacent du débat

), si j'avais mieux ressenti la force de cet instant. Cette fin aurait sans doute pu rester "ouverte" quant au devenir de Karen sans pour autant aller dans cet extrême du couperet, pour reprendre ton image, Strum. Un couperet qui me laisse avec un goût d'inachevé.