Hollywood's Horror movies : Les années 30 et 40

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Lord Henry
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She-Wolf of London (1946)

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A la veille de son mariage, Phyllis Allenby (June Lockhart) est hantée par la malédiction qui pèse sur sa famille, alors que d'étranges crimes sont perpétrés dans un parc avoisinant.

En 1946, les portes du passé s'étaient depuis longtemps refermées sur l'âge d'or du fantastique cinématographique. Certes, quelques années encore, Roy William Neill et Erle C. Kenton en assumèrent honorablement l'héritage, mais il incomba à des illustrateurs besogneux tel que Jean Yarbrough d'en parachever le déclin.

She-Wolf of London
égrène placidement son chapelet de poncifs noyés dans le brouillard artificiel. Symptôme de ce coupable affadissement, le scénario manque à donner ce que promettait le titre. Point d'effet surprise néanmoins, lorsque le voile du mystère se déchire; le spectateur désabusé avait depuis longtemps levé le lièvre.....ou plutôt le loup-garou.
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Lord Henry
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Message par Lord Henry »

The Mad Ghoul (1943)

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S'inspirant d'un rituel maya, le professeur Morris élabore un gaz dont les effets plongent le sujet dans une "mort éveillée". Le problème, c'est qu'il a besoin de cadavres frais pour fabriquer l'antidote.

Parcourir le générique de The Mad Ghoul, revient à arpenter une portion de la mythique "Poverty Row", cette allée miséreuse du cinéma, dont les résidents peuplèrent d'innombrables productions de genre aux budgets parcimonieux. Sous l'empire de la nécessité, le film parcourt à bride abattue un scénario qui fait œuvre de recyclage , et chacun se divertira à en démêler les emprunts. Et s'il ne succombe pas à l'oubli que lui promettait l'anonymat, le mérite en revient à la seule ambition artistique de son directeur de la photographie, Milton Krasner, auquel l'avenir devait réserver un compagnonnage plus flatteur.
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Lord Henry
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Message par Lord Henry »

The Mad Doctor of Market Street (1942)

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Après avoir tué un cobaye humain au cours d'une expérience d'animation suspendue, le docteur Benson embarque à bord d'un paquebot pour fuir la police. Victime d'un naufrage, il échoue en compagnie de quelques survivants sur les rives d'un archipel. A la suite d'un concours de circonstances, les indigènes du cru vont l'élever au rang de divinité.

En vérité, il ne faudrait s'attacher qu'au prologue de The Mad Doctor of Market Street et en ignorer le reste. Cette effervescence fugace suffit à témoigner de la maîtrise peu commune que Joseph H Lewis pouvait afficher dans l'art de la série B.
Mais, passé l'éblouissement des premières minutes, le réalisateur rend prématurément les armes devant l'indigence du scénario. Résigné, il se satisfait alors d'expédier sa tâche en attendant des jours meilleurs.
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Julien Léonard
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Re: Hollywood's Horror movies : les années 30 et 40

Message par Julien Léonard »

Tout cela c'est du remplissage de fin de période "horror movie" pour la Universal. Les scénarios ne veulent plus dire grand-chose ou se répètent inlassablement... En général, c'est de la série B correctement mise en boite, mais sans plus. Ce qui continue de me plaire dans ces films, c'est cette atmosphère que le studio arrive encore à produire, avec ce noir et blanc dont l'utilisation correspond à certaines attentes. Certes, le savoir-faire de la grande époque (quelques années plus tôt) s'est en majeure partie éteint, mais le charme perdure : c'est ce qui sauve ces quelques titres, plus indigents encore que les House of Frankenstein et autres House of Dracula qui ne volent pas extrèmement haut non plus.

Concernant Joseph H. Lewis, il trouvera sa voie avec le film noir, plus qu'avec le western. Son Gun crazy et son The big combo vont venir faire leur effet ! Auparavant, on lui doit aussi un Bela Lugosi made in Monogram (pas si mal quand on voit le niveau de carrière de Lugosi à ce moment là), Invisible ghost. Un tout petit film bénéficiant au moins un peu du talent de Lewis.
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Re: Hollywood's Horror movies : les années 30 et 40

Message par Jack Carter »

Julien Léonard a écrit :Concernant Joseph H. Lewis, il trouvera sa voie avec le film noir, plus qu'avec le western. Son Gun crazy et son The big combo vont venir faire leur effet !
sans oublier So dark the night et My Name is Julia Ross, moins connus et vus (je fais malheureusement partie de cette categorie), mais jouissant d'une bonne reputation :wink:
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Message par Federico »

Julien Léonard a écrit :Concernant Joseph H. Lewis, il trouvera sa voie avec le film noir, plus qu'avec le western. Son Gun crazy et son The big combo vont venir faire leur effet !
Lewis aura quand même aussi réussi un western peu banal (c'est un euphémisme) : Terror in a Texas town, même si on pourrait presque autant le considérer comme un film noir à la campagne.
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Re: Hollywood's Horror movies : les années 30 et 40

Message par hellrick »

Juste pour signaler que The Strange Case of Dr Rx, quoique repris dans les encyclopédies de l'horreur et classé comme tel est en fait une comédie policière bien vieillote aux gags lourdingue (le majordome noir est insupportable), au scénario confus (les explications finales sont du pur n'importe quoi) et à l'aspect fantastique minimal (le méchant veut, comme souvent, transférer le cerveau du gentil dans le corps d'un gorille). Heureusement que ça ne dure qu'une heure car c'est assez pénible

2/6
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Message par Federico »

hellrick a écrit :Juste pour signaler que The Strange Case of Dr Rx, quoique repris dans les encyclopédies de l'horreur et classé comme tel est en fait une comédie policière bien vieillotte aux gags lourdingue (le majordome noir est insupportable), au scénario confus (les explications finales sont du pur n'importe quoi) et à l'aspect fantastique minimal (le méchant veut, comme souvent, transférer le cerveau du gentil dans le corps d'un gorille). Heureusement que ça ne dure qu'une heure car c'est assez pénible
2/6
Je ne le connais pas mais ça ressemble (dans sa médiocrité également) à The Ape (1940 William Nigh) :

http://www.dvdclassik.com/forum/viewtop ... 9#p2031514
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Re: Hollywood's Horror movies : les années 30 et 40

Message par Bugsy Siegel »

hellrick a écrit :Juste pour signaler que The Strange Case of Dr Rx, quoique repris dans les encyclopédies de l'horreur et classé comme tel est en fait une comédie policière bien vieillote aux gags lourdingue (le majordome noir est insupportable), au scénario confus (les explications finales sont du pur n'importe quoi) et à l'aspect fantastique minimal (le méchant veut, comme souvent, transférer le cerveau du gentil dans le corps d'un gorille).
Je n'ai rien compris au film, mais la scène avec le gorille
Spoiler (cliquez pour afficher)
ce n'était pas une mise en scène pour rendre fou le héros ?
Je crois qu'il n'y a rien de fantastique dans ce film.
Federico a écrit :Je ne le connais pas mais ça ressemble (dans sa médiocrité également) à The Ape (1940 William Nigh) :
http://www.dvdclassik.com/forum/viewtop ... 9#p2031514
On est plus dans le style de films tournés dans la foulée de The Gorilla en 1939 avec les Ritz Brothers.
on faisait queue devant la porte des WC comme au ciné lors du passage de l'Atlantide à l'écran. Jean Ray, Hôtel de Famille, 1922
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Re: Hollywood's Horror movies : les années 30 et 40

Message par hellrick »

Bugsy Siegel a écrit :
hellrick a écrit :Juste pour signaler que The Strange Case of Dr Rx, quoique repris dans les encyclopédies de l'horreur et classé comme tel est en fait une comédie policière bien vieillote aux gags lourdingue (le majordome noir est insupportable), au scénario confus (les explications finales sont du pur n'importe quoi) et à l'aspect fantastique minimal (le méchant veut, comme souvent, transférer le cerveau du gentil dans le corps d'un gorille).
Je n'ai rien compris au film, mais la scène avec le gorille
Spoiler (cliquez pour afficher)
ce n'était pas une mise en scène pour rendre fou le héros ?
Je crois qu'il n'y a rien de fantastique dans ce film.
Je ne crois pas non plus qu'il y ait un véritable argument fantastique dans ce film (mais d'autres cités ici fonctionnent aussi "à la manière de Scooby Doo", je ne cites pas de titres pour ne pas spoiler :wink:
Sinon rien compris au final non plus
Spoiler (cliquez pour afficher)
Oui apparemment c'est une machination pour rendre fou le héros en lui faisant croire qu'on va transférer son cerveau dans un gorille, mais comme il s'évanouit ça ne marche pas (?!!) et quand il revient à lui il comprend tout (???!!!) et arrête le méchant à cause d'une histoire de stylo j'avoue n'avoir pas bien suivi vu le manque d'intérêt du film
Sinon ça ne ressemble pas vraiment à The Ape (ma chronique ici: http://bis.cinemaland.net/html/movies/ape.htm :wink: ) car l'histoire du singe est vraiment anecdotique dans le DrX, c'est juste une scène de 2 minutes dans un ensemble très comédie policière peu passionnante...Ca ne vaut pas la vision à mon avis :fiou:
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Message par hellrick »

HOUSE OF HORRORS

Les œuvres du sculpteur Marcel DeLange sont régulièrement raillées par les critiques new yorkais et, en particuliers, par le vénéneux Holmes Harmon. Ce-dernier ruine d’ailleurs une importante vente de l’artiste en décrivant sa dernière œuvre en termes peu élogieux.
Désespéré et ruiné, le pauvre songe à se suicider en se jetant du haut d’un pont mais, à la place, sauve de la noyade un individu à moitié mort. Le sculpteur découvre rapidement l’identité de cette personne, un célèbre tueur en série souffrant d’acromégalie surnommé The Creeper. Raillés par la bonne société, DeLange et le Creeper deviennent rapidement amis et le premier se sert du second comme modèle pour sa prochaine sculpture. Mais, par un habile jeu d’influence, l’artiste suggère également au meurtrier de se venger des critiques ayant dénigré son travail, à commencer par Harmon.

HOUSE OF HORRORS constitue un des véhicules produits par la Universal pour le comédien Rondo Hatton, lequel, empoisonné par le gaz durant la première Guerre Mondiale, souffrait d’acromégalie. Cette maladie dégénérative fut utilisée par les producteurs peu scrupuleux qui y virent l’opportunité de disposer d’un « phénomène de foire » propre à terrifier le public sans recourir aux maquillages. Cantonné aux seconds rôles, souvent non crédités, Hatton connaît cependant un certain renom à la fin de sa vie. Il affronte Sherlock Holmes, en 1944, dans LA PERLE DES BORGIA et y incarne « the creeper », un personnage qu’il reprend, mais sensiblement modifié, dans HOUSE OF HORRORS et THE BRUTE MAN. Hatton, malheureusement, ne récolta pas les fruits de cette célébrité tardive puisqu’il décéda avant la sortie de ces deux titres, victime d’une crise cardiaque le 2 février 1946, à seulement 51 ans.

Réduit à un peu plus d’une heure de projection, HOUSE OF HORRORS parait, cependant, un brin longuet même si le scénariste effectue le méritoire effort de donner un minimum de background aux personnages principaux, à l’exception notable du « creeper » lui-même. Celui-ci est simplement un fou criminel assassinant des prostituées avant de tomber sous la coupe de l’inévitable artiste cherchant à se venger des inconscients critiques incapables de reconnaître son génie. Un scénario banal exploité à maintes reprises, avec de minimes variations, capable d’aboutir à une œuvre savoureuse (comme, par exemple, THEATRE DE SANG) ou de stagner dans la routine, à l’image de cette mal nommée HOUSE OF HORRORS. Centré sur le « creeper », le métrage se refuse, pourtant, à lui conférer la moindre épaisseur et il faut attendre le dernier épisode de la « saga » (THE BRUTE MAN) pour que ses origines soient, enfin, révélées. Dans HOUSE OF HORRORS, le « creeper » se contente de tuer quelques victimes paralysées par la terreur. Pour ceux qui se demandent « mais pourquoi est il aussi méchant » le scénariste semble répondre un simple « parce que ! » et le spectateur devra s’en contenter. Parfois, le métrage joue la carte de l’émotion et laisse penser que cet assassin est davantage un incompris, rejeté par la société, qu’un véritable tueur sadique. Quelques moments intimistes, par exemple lorsqu’il tend la main au sculpteur en déclarant « tu es mon ami », rapproche le tueur acromégalique d’un monstre pathétique comme la Créature de Frankenstein. HOUSE OF HORRORS aurait, sans doute, gagné à développer cet aspect ou à insister sur la relation de pouvoir qui s’établit progressivement entre le sculpteur et le « creeper », l’un intelligent mais incapable d’agir, l’autre puissant mais stupide et facilement manipulable. Trop complexe, sans doute, pour le public visé par HOUSE OF HORRORS dont l’objectif premier est de proposer un spectacle horrifique sans prétention distillant quelques frissons bon marchés.
Aux cotés de Rando Hatton, le casting inclut un amusant Alan Napier (rendu plus tard célèbre par son rôle de Alfred dans la série télévisée Batman) en critique jamais avare de sentences assassines et un convaincant Martin Kosleck (LA MALEDICTION DE LA MOMIE) en sculpteur détraqué avide de vengeance. Si l’intrigue n’a rien de remarquable, quelques notes d’humour fonctionnent toutefois avec bonheur. Ainsi la journaliste indépendante déclare à son soupirant « tu devrais te trouver une bonne femme de maison, elle t’ennuierait à mourir mais au moins tu saurais toujours où la trouver ». Cette attitude féministe se voit néanmoins démentie par un final, typique de l’époque, au cours duquel la demoiselle renonce à sa carrière et à son attitude frivole pour rentrer sagement préparer les petits plats de son futur mari. Amusant et, aujourd’hui, gentiment anachronique.

Loin des grands classiques produits par la Universal au cours des années ’30, HOUSE OF HORRORS reste, en dépit de ses défauts criants et de son scénario prévisible, une aimable série B raisonnablement divertissante qui saura intéresser les « archéologues » nostalgiques de l’épouvante rétro.
3,5/6
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Message par hellrick »

VOODOO MAN

Toute petite série B, VOODOO MAN provient de la fameuse société Monogram, un des piliers du cinéma à petit budget (en opposition aux grands studios, on les a surnommés la « Poverty Row »), actif de 1930 au début des années ’50. Inutile par conséquent d’espérer des moyens décents pour illustrer cette histoire réalisée par le redoutable William Beaudine. Surnommé « One Shot » pour son habitude de ne jamais refaire une deuxième prise, ce cinéaste débute en 1915, tourne quelques classiques muets avec Mary Pickford et poursuit sa carrière jusqu’à sa mort, en 1970. Bref, plus d’un demi-siècle au service du cinéma tendance bis, sa filmographie comptant plus de 350 titres dont la moitié de longs-métrages! Ici, Beaudine dirige trois stars de l’épouvante de l’avant-guerre, à savoir George Zucco, John Carradine et, bien sûr, Bela Lugosi. Le premier a été vu, entre autre, dans trois épisodes de la saga « The Mummy » (LA TOMBE DE LA MOMIE, LA MAIN DE LA MOMIE et LE FANTOME DE LA MOMIE), le second a joué plus de trois cents rôles, dont celui de Dracula (LA MAISON DE DRACULA, LA MAISON DE FRANKENSTEIN). Lugosi, enfin, est déjà sur le déclin, étant passé du statut de star de l’horreur made in Universal avec DRACULA à celui de « vedette invitée » dans LE FILS DE FRANKENSTEIN ou LE LOUP GAROU. Dès le début des années ‘40, l’acteur se voit contraint d’accepter des séries Z comme GHOST ON THE LOOSE ou THE APE MAN. Ed Wood n’est plus très loin…

L’intrigue de VOODOO MAN reprend un argument déjà vu et revu dans le fantastique de cette époque, à savoir les tentatives d’un savant, le docteur Marlowe, pour ramener à la vie son épouse décédée. Par un subtil dosage de science et de rituels vaudous, Marlowe espère puiser l’énergie vitale de jeunes demoiselles, enlevées par ses soins, afin de l’injecter dans le corps de sa femme.

Classique et emballé en moins de soixante minutes, VOODOO MAN tente d’apporter à une intrigue convenue quelques touches parodiques bienvenues. Ainsi, le héros se révèle un scénariste de film d’horreur à la recherche d’une bonne histoire qu’il finira, bien évidemment, par trouver de manière involontaire. Le clin d’œil est complet lors d’un final où le scribouillard suggère pour le rôle du méchant (incarné par Lugosi !) d’engager… Bela Lugosi. Un humour sympathique d’autant que les invraisemblances d’un script absolument délirant et dénué de toute crédibilité demandaient cette distanciation pour être acceptées des spectateurs. Difficile cependant de déterminer si ce côté parodique était complètement volontaire car, à ces quelques gags évidents, s’ajoute une série de scènes grotesques et outrées. Les performances de Zucco et Carradine, par exemple, sombrent dans le ridicule le plus achevé mais Lugosi, pour sa part, compose sérieusement son personnage et parvient même à rester relativement sobre.

Proposé par Artus dans le cadre d’un coffret intitulé « Bela Lugosi l’immortel », la copie offerte a malheureusement beaucoup souffert des ravages du temps : griffée, rayée, usée, l’image fait peine à voir et la bande son n’est guère moins à plaindre mais comme il s’agit de l’unique manière de déguster cette rareté on pardonnera (comme nous y invite un carton prégénérique) ces défaillances techniques pour nous concentrer sur le métrage lui-même.

Dans la masse des productions minimalistes des années ’40, VOODOO MAN reste divertissant, en raison de sa durée restreinte et de quelques velléités comiques rendant acceptable sa profonde absurdité. A réserver, toutefois aux fins gourmets.
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Message par hellrick »

LE MYSTERIEUX Mr WONG

Réalisé au milieu des années ’30 et parfois classifié comme un « film d’épouvante », LE MYSTERIEUX Mr WONG appartient à cette vague, fructueuse durant l’entre deux Guerres, de métrage destinés à alerter les Américains du Péril Jaune naissant.

Un diabolique chef de la pègre chinoise, Mr Wong, tente de réunir les légendaires douze pièces d’or ayant jadis appartenus à Confucius et qui apportent, parait-il, la richesse et la puissance à leur possesseur. Le journaliste Jason Barton croise le chemin du Chinois et aura fort à faire pour rester en vie…

Devenu star suite au triomphe de DRACULA, Bela Lugosi se trouve déjà, en 1934, sur une pente descendante qui explique sa participation, probablement purement mercantile, à cette pathétique série B. Dans le rôle d’un Chinois avide de pouvoir, l’acteur, grimé piteusement, ne se départit même pas de son accent hongrois incongru mais garde les yeux plissés pour tenter de donner le change. Peine perdue, Lugosi ne parvient jamais à rendre crédible cet ersatz de Fu Manchu réduit à élaborer de bien minables plans de conquêtes dans des décors minimalistes. Peu réputée pour les moyens investis dans ses productions, la Monogram se montre, en effet, plus pingre que jamais et limite au maximum la dépense, donnant au métrage un côté fauché exaspérant. Une consigne d’économie sans doute également suivie par le réalisateur William Nigh, lequel explose les limites de la paresse en se contentant de poser sa caméra et d’enregistrer mollement « l’action ». Aucune tentative de mise en scène, aucune innovation, aucun élément visant à donner ne serait ce qu’un semblant de rythme à ce MYSTERIEUX Mr WONG ne seront tenté par Nigh, lequel dirigea plus de 120 films en trente-cinq ans de carrière, dont plusieurs épisodes d’une saga (sans lien avec le titre qui nous occupe) dans lequel Boris Karloff incarne un autre Mr Wong.

Suggérée par une nouvelle de Harry Stephen Keeler, l’intrigue, pour sa part, se limite à une succession de rebondissements sans imagination essayant, dans leurs meilleurs moments, de singer le serial alors en vogue. Confiné sur une petite heure (ce qui est bien suffisant !), le scénario ne se développe jamais et s’attarde longuement sur des séquences insignifiantes en éludant, par contre, d’autres aspects plus intéressants. Ponctué de passages humoristiques (le plus souvent involontairement) et d’une attitude méprisante envers les Orientaux (comme en témoigne la scène située dans un restaurant de Chinatown), LE MYSTERIEUX Mr WONG file droit vers un final bâclé rendu possible par l’irruption inopinée des « gentils », lesquels débusquent l’infâme Wong suite à un concours de circonstances aberrant et, on l’espère, volontairement stupide.

Très plat, LE MYSTERIEUX Mr WONG s’adresse essentiellement aux inconditionnels de Bela Lugosi, lesquels seront ravis de le retrouver dans une interprétation très cabotine et ridicule mais, parfois, amusante. Il s’agit probablement là du seul intérêt de ce métrage de série…
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MURDERS IN THE RUE MORGUE

Réalisé au début des années ’30, MURDERS IN THE RUE MORGUE constitue la première adaptation sous forme de long-métrage de la nouvelle homonyme d’Egdar Allan Poe, laquelle sera à nouveau plusieurs fois portée à l’écran au cours des décennies suivantes (en 1954 et 1971). Comme souvent, pourtant, le résultat cinématographique entretien peu de liens avec la source littéraire citée et n’en retient que l’argument de base.

Un jeune étudiant en médecine, Pierre Dupin, emmène sa chère et tendre Camille au cirque de Paris où ils rencontrent le docteur Mirakle et son gorille, Erik. Le médecin affirme comprendre le langage anthropoïde mais, en secret, poursuit des recherches moins avouables visant à prouver ses théories évolutionnistes. Pour cela, il injecte du sang simiesque à des jeunes femmes mais, hélas, ses expériences échouent sans cesse et aboutissent à la mort des cobayes. Or, Mirakle devient obsédé par la belle Camille.

Publiée en 1941, la longue nouvelle de Poe posait les bases du roman policier à énigme teinté de fantastique (une recette ensuite popularisée mondialement par Arthur Conan Doyle et, plus tard, par John Dickson Carr) en présentant le personnage de Dupin, un détective aux étonnantes capacités de déduction confronté à une énigme en apparence insoluble, proche du « mystère en chambre close ». Au final, le coupable des meurtres brutaux ensanglantant Paris se révélait être…un singe ! MURDERS IN THE RUE MORGUE, version cinéma, ne retient pas grand-chose de cette trame mais se montre cependant un poil plus fidèle à Poe que d’autres adaptations sorties à la même époque comme THE BLACK CAT et LE CORBEAU. Refusant l’enquête policière pure, le réalisateur opte pour la trame, alors classique, du savant fou s’essayant à des expériences contre nature en compagnie d’un serviteur poilu. Une seconde intrigue concerne, pour sa part, un couple d’amoureux confronté à différents crimes et il faut attendre la seconde moitié du métrage pour voir ces deux histoires se rejoindre. Seule la séquence menant à découvrir l’identité, simiesque, du criminel s’avère décalquée de la nouvelle de Poe : chacun des témoins affirment en effet avoir entendu l’assassin s’exprimer dans une langue différente (danois, italien, allemand,…) avant que Dupin mette tout le monde d’accord : c’étaient des cris animaux et non humains. Il s’agit sans doute du meilleur moment d’un film fort plaisant à suivre en dépit de son côté outré et peu crédible, les prémices du scénario étant, il faut l’avouer, particulièrement stupides. Heureusement, la mise en scène de Robert Florey (se consolant d’être passé à côté de FRANKENSTEIN et ensuite responsable de l’intéressant LA BETE AUX CINQ DOIGTS et du désastreux TARZAN ET LES SIRENES) s’avère de bonne tenue et illustre les leçons apprises via l’expressionisme allemand. Il transforme ainsi avec une jolie force évocatrice les rues de Paris en lieux sinistres baignés par des ombres menaçantes et déforme les décors pour proposer des demeures macabres dont les toits s’étirent et se tordent vers un ciel sinistre. La photographie de Karl Freund, célèbre pour ses travaux sur METROPOLIS ou DRACULA, accentue l’impresion de bizarrerie. Si les choix du cinéaste se révèlent audacieux, ils confèrent au métrage son identité et ses caractéristiques propres, l’élevant au-dessus de nombre de titres similaires (LE SINGE TUEUR, etc.) qui se révèleront, pour leur part, tristement dépourvu d’atmosphère.
Le film possède en outre un humour plaisant et parfois irrévérencieux. Devant un parterre de beautés exotiques et sauvages un Parisien distingué s’interroge « Est-ce qu’elles mordent ? » A quoi on lui répond malicieusement « Si vous le souhaitez mais c’est plus cher ».
Dommage par contre que la musique ne soit pas plus intéressante, MURDERS IN THE RUE MORGUE réutilisant par exemple, sans beaucoup d’imagination, le « Lac des Cygnes » déjà employé par Dracula. Au niveau du casting, Bela Lugosi domine une interprétation inégale et se détache clairement en composant un personnage maléfique et intéressant dont il a le secret, rendant plus manifeste la caractérisation schématique de ses antagonistes.

Sans prétendre se hisser au rang des meilleures réussites horrifiques de la Universal, MURDERS IN THE RUE MORGUE demeure toutefois un plaisant petit « classique », bien servi par quelques jolis effets de mise en scène, des décors surprenants, un rythme alerte (conséquence d’une durée ramassée) et le jeu délectable de Bela Lugosi. En dépit de ses manifestes faiblesses (en particulier de scénario), le film de Robert Florey mérite donc d’être redécouvert par un large public.
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Si l'on met à part le film de Gordon Hessler, qui utilise l'oeuvre de Poe comme un prétexte, la meilleure adaptation est celle réalisée par Jacques Nahum pour la télévision française avec Daniel Gélin dans le rôle de Dupin.

Les premières images sont mises en ligne sur le site de l'Ina.
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