Le cinéma espagnol

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky

Music Man
Assistant opérateur
Messages : 2297
Inscription : 16 févr. 06, 21:23

Le cinéma espagnol

Message par Music Man »

Image
DE L’OR DANS LA VALLEE (cuatro en la frontera) de A SANTILLAN -1959
Avec Franck LATIMORE, Claudine DUPUIS, Danielle GODET

Un policier est chargé d’infiltrer un groupe de contrebandiers espagnols qui trafiquent de l’or.

Avec un titre pareil, on pourrait s’attendre à un western. C’est un polar pâlichon et ennuyeux, qui s’anime un peu vers la fin. L’affiche française insiste sur la présence de deux jolies créatures des séries B des années 50 à savoir Claudine Dupuis, vulgaire en diable, comme souvent et Danielle Godet. Elles sont très bien toutes les deux, mais le film est trop quelconque et trop platement réalisé pour décoller.
Dernière modification par Music Man le 11 avr. 09, 18:46, modifié 1 fois.
Music Man
Assistant opérateur
Messages : 2297
Inscription : 16 févr. 06, 21:23

Re: Cinéma espagnol naphta

Message par Music Man »

Image
SOLEDAD (ESA MUJER) de Mario Camus -Espagne- 1969
Avec Sara MONTIEL, Ivan RASSIMOV

Monument de romantisme kitsch à l’espagnole, ce film aurait donné envie au jeune Pédro Almodovar de faire du cinéma (et un extrait figure d’ailleurs dans sa mauvaise éducation).
L’intrigue est édifiante : Lors d’un procès pour assassinat, les différents témoins se succèdent pour retracer le passé tumultueux de l’accusée, une ancienne religieuse missionnaire qui a été violée par des autochtones. Enceinte, elle a été plus ou moins abandonnée par les religieuses qui ne l’ont pas du tout aidée pendant son accouchement : elle a perdu son bébé, puis s’est enfuit du couvent. L’imprimeur dont elle était amoureuse l’a plaquée quand il a appris son passé. Un soldat dont elle était éprise a voulu l’utiliser comme gage au poker . grâce au soutien d’un homme politique, elle est devenue star de la chanson. Finalement, elle s’éprend d’ un homme marié …mais il va être assassiné.. ;par qui?
Au départ, on a du mal à en croire ses yeux, quand après avoir chanté à des gosses une sorte de mélodie du bonheur, la jolie religieuse Sara Montiel et toutes ses consoeurs sont sauvagement agressées et violées dans la paille. Après ce délire fantasmagorique, le film s’enlise vite dans un récit long et froid comme la cote Atlantique où il a été tourné.
Cependant sur un plan plastique, la richesse des costumes et la reconstitution de l’Espagne du début du siècle sont admirables. Si la belle Sara se contente de se balader dans le film, comme un fantôme magnifique, sans conviction, l’opérateur a vraiment tout fait pour la mettre en valeur, particulièrement lors des passages chantés : dans certaines scènes, elle est vraiment belle à couper le souffle. Sara dont la voix est devenue beaucoup plus grave que dans ses succès des années 50, chante fort bien (notamment le superbe contigo aprendi)
Vers la fin, le film gagne enfin en chaleur et en flamboyance avec une forte tension romantique et érotique qu’on parvient à ressentir entre Sara et son partenaire Ivan Rassimov. Au final, c’est sans doute le meilleur film de la star de sa dernière période.
Music Man
Assistant opérateur
Messages : 2297
Inscription : 16 févr. 06, 21:23

Re: Cinéma espagnol naphta

Message par Music Man »

Image
LE ROSSIGNOL DE CASTILLE (LA NUEVA CENICIENTA) de George SHERMAN- Espagne – 1964
Avec MARISOL, Robert CONRAD, ANTONIO, Fernando REY

Le papa de la jolie Marisol a bien du mal avec sa pension d’artistes de cirque, criblée de dettes ; alors que la belle adolescente esquisse quelques pas de danses devant l’affiche publicitaire du show d’Antonio, le grand danseur remarque la jeune fille, mais apeurée, elle s’enfuit en perdant sa chaussure. La chasse est ouverte pour retrouver la jolie ballerine.

Image

Et bien l’intrigue est nulle et même pas amusante. En revanche, les numéros musicaux sont excellents et chorégraphiés avec talent par le merveilleux danseur de flamenco qu’était Antonio (à ne pas confondre avec Antonio Gades autre génie du flamenco et futur époux de Marisol). On ne peut qu’être subjugué par ses talents de ce danseur, sa fougue et sa grâce dans le beau numéro onirique où il quitte l’affiche publicitaire pour se livrer à un merveilleux duo avec Marisol. La célèbre gamine du cinéma espagnol est ici une adolescente ravissante, et quelle voix mature pour une si jeune personne! ses interprétations d’Andeo Jaleo de Federico Gracia Lorca ou du plus festif mascara sont impeccables. Sans égaler Antonio (c’est impossible) elle se débrouille dans les quelques ballets y compris un grand numéro final, avec une choré qui évoque d’abord west side story puis se transforme en boléro pour aboutir à un numéro jazz-rock un brin guindé mais très rythmé. Quel charme et quelle présence : dommage que dès que la musique s’arrête, le film soit si dépourvu d’intérêt.
On est un peu surpris par cette intrigue où Robert Conrad (oui, le play-boy de poche des mystères de l’ouest et des têtes brulées) drague une si jeune fille. En tant que crooner, il ne risque pas de faire de l’ombre aux grands chanteurs de charme.
Ce film remporta un succès incroyable au Japon (plus gros succès de l’année 1965), notamment à cause du slow-rock Me conformo qu’y chantonnent Marisol et Robert Conrad et qui fera un malheur au pays du soleil levant.

Dernière modification par Music Man le 10 avr. 12, 23:40, modifié 1 fois.
Music Man
Assistant opérateur
Messages : 2297
Inscription : 16 févr. 06, 21:23

Re: Cinéma espagnol naphta

Message par Music Man »

Image
BUENOS DIAS CONDESITA de Luis Cesar Amadori – Espagne- 1967
Avec Rocio DURCAL, Vicente PARRA

Une vendeuse de disques dans un marché aux puces, qui rêve de devenir vedette de la chanson, est engagée par un jeune homme fortuné qui a besoin de présenter une fiancée officielle pour recevoir son oncle d’Amérique.

Il est amusant de constater que durant toute la décennie 60, on a continué à tourner en Espagne des comédies musicales-conte de fée, inspirés des films de Deanna Durbin (qui fut en Espagne incroyablement populaire) et de Jane Powell, avec romances, chansons et histoires de jeune fille, alors que le genre était tombé en désuétude aux USA et dans le reste de l’Europe.
Comme dans Eve a commencé, Rocio Durcal joue les fausses fiancées au cours d’une comédie téléphonée mais somme toute regardable.
De sa voix perçante, la jeune vedette interprète de nombreuses chansons dans tous les genres possibles, de la bossa nova jusqu’à l’opéra (encore un clin d’œil aux musicals produits par Pasternak). Si elle a du mal avec certaines notes, son interprétation de sempre libera n’est pas si mauvaise.
Evidemment, Miss Durcal est plus dans son élément dans la chanson traditionnelle espagnole. (Même si sa voix un peu stridente peut agacer quelques oreilles sensibles). En tous, les cas, elle a une présence certaine et un talent sûr pour la comédie, et j’ai vraiment aimé son interprétation de viejo Madrid à la fin du film ainsi que les œillades qu’elle échange avec Vicente Parra. Vieux routier du cinéma argentin, Luis Cesar Amadori mène le spectacle de façon bien conventionnelle (à noter deux jolis ballets typiques).
Dernière modification par Music Man le 10 avr. 12, 23:42, modifié 1 fois.
Avatar de l’utilisateur
Commissaire Juve
Charles Foster Kane
Messages : 24537
Inscription : 13 avr. 03, 13:27
Localisation : Aux trousses de Fantômas !
Contact :

Re: Cinéma espagnol naphta

Message par Commissaire Juve »

Marrant l'extrait du Zorongo gitano... c'est peut-être la première fois que je me rends compte à quel point cette musique espagnole-là sonne "arabo-andalouse" ! Parfois, on croirait presque entendre du Oum Kalsoum ! (à titre perso, ce n'est pas ma tasse de thé)

Sympa comme topic... Mais j'espérais des équivalent espagnols de nos Duvivier, Grangier, Delannoy, Verneuil, Becker et Cie ! ça existe, du reste ? :mrgreen:
La vie de l'Homme oscille comme un pendule entre la douleur et l'ennui...
Music Man
Assistant opérateur
Messages : 2297
Inscription : 16 févr. 06, 21:23

Re: Cinéma espagnol naphta

Message par Music Man »

Des grands cinéastes comme nos Duvivier, Grangier, Clouzot, Clair....euh....comme on le sait, les dictatures n'ont jamais été des terreaux très florissant sur un plan artistique (ou sur n'importe quel plan).
Parmi les cinéastes réputés du cinéma naphta espagnol figure Bardem réalisateur de grand rue (1955)dont Ducdame a venté les mérites il me semble. Mais ce cinéaste a réalisé aussi bien des navets. :|
Music Man
Assistant opérateur
Messages : 2297
Inscription : 16 févr. 06, 21:23

Re: Cinéma espagnol naphta

Message par Music Man »

Image
MASCARADE D’AMOUR ( Dona Francisquita) –1953 de Ladislao VAJDA – Espagne
Avec Mirtha LEGRAND, Armando CALVO, Emma PANELLA

Diffusé à la cinémathèque de Bercy dans le cadre d’un cycle consacré aux différents procédés de couleurs au cinéma, ce film espagnol de 1953 est l’adaptation d’une célèbre Zarzuela de la fin du 19ème siècle, composée par Amadeo Vives. La zarzuela est le nom donné à une sorte d'opérette ou opéra-comique espagnol, née au milieu du XVIIe siècle, qui connut son 'âge d'or deux siècles plus tard. Ce genre musical , un assemblage particulier de chant "savant" et populaire, de danse et de passages parlés, représente la plus importante contribution de l'Espagne au théâtre lyrique, avec une histoire presque aussi longue et variée que sa sœur aînée l'opéra.
Si j’imagine que certains airs figurent dans la mémoire collective des espagnols, je n’en connaissais aucun. Ils étaient en tous cas admirablement chantés (notamment par la cantatrice à la voix de contralto qui doublait la pétulante Emma Pannella). Musicalement, j’ai surtout apprécié certains passages plus typiques.
Comme souvent au cinéma (Kiss me Kate, Zauber der Boheme…), plutôt que de coller directement à l’histoire, l’intrigue se noue autour d’une comédienne qui répète le rôle de la zarzuela « Dona Francisquita » et dont la vie va vite se fondre avec le livret de la pièce qu’elle joue (une pâtissière amoureuse d'un séducteur qui courtise une comédienne). A priori, on pourrait s’attendre à une sucrerie très mièvre, alors que mis à part un ou deux ballets oniriques de style bonbonnière, ce n’est pas du tout le cas. Sous ses airs à ne pas y toucher, l’héroïne principale se révèle manipulatrice et tente différents stratagèmes pour séduire le garçon qui lui plait (et qui partage pourtant la vie d’une autre). C’est vraiment plaisant, parfois drôle et beaucoup moins vieillot qu’on pourrait s’y attendre.
S’agissant de l’aspect technique, signalons que le système Cinéfotocolor n’a été utilisé que pour 14 films (tous espagnols au début des années50). Pour le moment, les rares que j’avais vus à la TVEI (El duende de Jerez et Estrella de la Sierra morena) étaient terriblement délavés et endommagés qu’il était difficile de sa faire une idée : el duende de Jerez avait même perdu toutes ses couleurs et ressemblait à un film en noir et blanc, complètement flou. Ici, on est frappé par la dominante des teintes turquoises et rouges. On se croirait presque dans un film en technicolor bichrome des années 20. En tout les cas, la scène où Mirtha Legrand ivre imagine qu’elle est poursuivie, en plein carnaval, par une troupe de gnomes aux masques effrayants, est tout simplement splendide.
Image

Signalons que la tête d’affiche Mirtha Legrand, élégante comédienne au jeu subtil, dont c’est le seul film européen, a été une grande star du cinéma argentin dans les années 40-50, dans un style proche de Michèle Morgan (passeport pour Rio, filles de joie) avant de devenir l’animatrice télé la plus populaire et la plus influente de son pays. Poursuivant à près de 80 ans, une carrière qu’on pourrait comparer à celle de Michel Drucker, elle continue d’animer des talks shows où elle reçoit des artistes internationaux, people, et politiques.
Quant au réalisateur hongrois Vajda, son film le plus connu est "Marcelin pain et vin" une comédie dans laquelle un orphelin est recueilli dans un monastère, un des plus gros succès du cinéma espagnol sous Franco.
Dernière modification par Music Man le 10 avr. 12, 23:35, modifié 2 fois.
Joe Wilson
Entier manceau
Messages : 5463
Inscription : 7 sept. 05, 13:49
Localisation : Entre Seine et Oise

Re: Cinéma espagnol naphta

Message par Joe Wilson »

Mort d'un cycliste (Bardem)

Beau film sur la culpabilité, où le portrait désabusé d'un couple en fuite perpétuelle devient la vision d'une Espagne qui s'étouffe. Chaque protagoniste exprime une fébrilité qui s'épuise à lutter contre le poids d'un conformisme et des apparences.
Juan Antonio Bardem parvient grâce à sa mise en scène à révéler une fièvre, une folie particulièrement intenses. Peu à peu, les traces d'une passion poussée dans l'ombre par l'histoire ne suffisent plus à combler un manque, à soutenir une fierté et des aspirations.
Mort d'un cycliste dessine les contours d'une rébellion ensevelie par l'échec : le constat est douloureux mais souvent poignant.
Le film n'est pas sans fautes de goût : dans son ensemble, le scénario, parfois alambiqué ou maladroit, peine à se montrer à la hauteur des personnages. Si certaines séquences sortent du lot, Bardem semble parfois hésiter dans son cheminement dramatique, ce qui affaiblit la portée du récit. A ce titre, le final, bien que jusqu'au boutiste et contrôlé, apparaît trop rigide et abrupt pour émouvoir.
Malgré tout, l'impression reste forte...et parmi des performances d'acteurs et d'actrices très convaincantes, je retiens l'amertume et la beauté de Lucia Bosè. Elle retrouve un rôle comparable à celui de Chronique d'un amour d'Antonioni...enfermée entre deux mondes, subissant avec impuissance sa déchéance. Encore une fois, elle n'interprète que par l'intermédiaire d'un visage...ici fragile et fatigué, il contient à la fois une résistance et un épuisement, avec une dignité magnifique.
Image
Music Man
Assistant opérateur
Messages : 2297
Inscription : 16 févr. 06, 21:23

Re: Cinéma espagnol naphta

Message par Music Man »

Image

EL TREN EXPRESO - de Leon KLIMOVSKY-1955
Avec Laura HIDALGO, Jorge MISTRAL, Evangelina ELIZONDO

La rencontre de deux âmes désespérées : un célèbre pianiste las des mondanités et une femme malade, traumatisée par un mauvais mariage. Il intervient à temps alors qu’elle tente de se suicider en se jetant du train express. Un amour fou va unir brièvement les deux passagers du train. Mais hélas, le destin est parfois cruel et tout s’achèvera bien tristement.

Premier film espagnol de Leon Klimovsky, réalisateur argentin, ce mélodrame sentimental comporte vraiment tous les ingrédients du genre. Des extraits de symphonies de Listzt et de Tschaikowsky viennent illustrer une histoire d’amour désespérée et ma foi plutôt bien filmée et photographiée.
La grande beauté et le charisme du couple formé par Jorge Mistral et Laura Hidalgo (surnommée l’Hedy Lamarr argentine) apporte un peu de lumière dans ce film lacrymal qui plaira aux âmes sensibles et romantiques. Du mélo mais du beau.
Music Man
Assistant opérateur
Messages : 2297
Inscription : 16 févr. 06, 21:23

Re: Cinéma espagnol naphta

Message par Music Man »

Image
GRAND RUE (Calle Mayor) de Juan Antonio BARDEM – 1956
Avec Betsy BLAIR, Jose SUAREZ, Yves MASSARD, Dora DOLL et Luis PENA

Une petite ville espagnole dans les années 1950. Isabelle, vieille fille de trente-six ans, croît que Juan l'aime et qu'il est prêt à l'épouser. En fait, il a fait un pari avec ses copains : la désillusion sera rude…

Dans son film le plus célèbre (il sera primé au festival de Venise en 1956), avec Mort d’un cycliste, Juan Antonio Bardem s’attache à une description amère et corrosive de la bourgeoisie espagnole et de la vie de province durant la période franquiste, sa lacheté et son hypocrisie.
Dans cette bourgade sans nom, dont le rythme est marqué par le son des cloches de l’église, les jeunes gens oisifs s’ennuient mortellement. Pour tromper le vide de leur existence, les jeunes hommes se livrent à des blagues d’un gout douteux : livrer un cercueil à un vieil homme ou ridiculiser une célibataire un peu guindée en quête du grand amour. Après ils partent se souler et s’amuser avec les prostituées du café. Quant aux femmes leurs sort n’est pas plus enviables : « condamnées à attendre leur homme, au coin d’une rue ou derrière une fenêtre » pour reprendre les mots de la fille de joie facile jouée par Dora Doll : car dans cette société machiste, elles ne sont rien sans un homme, la situation de la vieille fille étant considéré comme le comble du ridicule.
Betsy Blair est fort émouvante voire bouleversante dans le rôle de la pauvre fille naïve et idéaliste qui croit avec trouver l’amour de sa vie : elle illumine se son sourire béat et tendre tout le film et le film atteint vraiment une dimension poignante quand ses rêves s’écroulent dans cette salle de bal vide où le pianiste écorchent quelques notes sur un piano désaccordé. Celle qui adore les films américains car « les cuisines y sont toujours spacieuses et bien blanches », va cruellement déchanter. Au lieu d’une fuite ou d’un suicide, le film a l’intelligence de proposer la fin la plus plausible et la plus réaliste : Isabel retourne vivre seule chez elle et pour longtemps tandis que la cloche de l’église sonne avec encore plus d’intensité :
Franchement j’ai été très ému par le travail du cinéaste et la composition de Miss Blair : Everhard, je t’envie d’avoir eu la chance de la connaître et de sympathiser avec elle : elle avait diablement du talent...et je recommande le film aux classikiens
Image
Music Man
Assistant opérateur
Messages : 2297
Inscription : 16 févr. 06, 21:23

Re: Cinéma espagnol naphta

Message par Music Man »

Image
EL GOLFO (the poster boy) de Vicente ESCRIVA - 1968
Avec RAPHAEL, Shirley JONES et Pedro ARMENDARIZ Jr

Cadre dans une compagnie d’assurance à New-York, Mary supporte mal sa solitude et fait une dépression : elle s’offre un voyage à Acapulco où elle fait l’objet d’une cour assidue par des gigolos sans scrupules. Elle noue finalement une amitié amoureuse avec un jeune chanteur débonnaire, de 15 ans son cadet, qui a posé pour des affiches publicitaires. Mais cette histoire est-elle durable ?

Cette carte postale d’Acapulco, conçue comme un véritable show du chanteur espagnol Raphael (une méga star de la variété depuis maintenant 50 ans dans tous les pays latins, à ne pas confondre avec le jeune chanteur français Raphael (Haroche)). Toutes les 5 minutes, nous avons droit à des clips au bord de la plage, en bateau, avec coucher de soleil, du chanteur à l’ample voix qui nous décline tout son répertoire : l’amour est bleu (un tube international de Vicky Léandros), going out of my head (un autre tube partagé par Petula Clark, Cilla Black, Sinatra et Dionne Warwick), hava naguila, etc…
Il excelle surtout dans les chansons très tristes qu’il interprète avec emphase, mais un talent certain.
Sinon, le thème du film est assez déprimant (des femmes de la quarantaine en proie à la solitude et à la dépression qui se prennent des gigolos plus jeunes pour passer le temps) et colle mal avec le sujet d’un musical. Il n’y a pas beaucoup d’alchimie dans le couple formé par Raphael au sourire juvénile et une Shirley Jones bien lasse (la vedette américaine des années 50 – Carousel, Oklahoma, Elmer Gantry…) et le flot de jolies chansons empêche de se plonger davantage dans la psychologie des personnages.
Les dix dernières minutes du film sont de loin les meilleures : les retrouvailles du couple à New York, à la station de métro, où Raphael guète patiemment et presque désespérément la femme qu'il aime.
riqueuniee
Producteur
Messages : 9706
Inscription : 15 oct. 10, 21:58

Re: Cinéma espagnol naphta

Message par riqueuniee »

J'attends maintenant des chroniques des films avec Joselito (l'enfant à la voix d'or, titre d'un de ses films). Des mélos familiaux (dans le sens "film pour toute la famille") qui passaient à la télé française dans les années 60. Je ne suis pas sûre que ce soit très regardable aujourd'hui .
Music Man
Assistant opérateur
Messages : 2297
Inscription : 16 févr. 06, 21:23

Re: Cinéma espagnol naphta

Message par Music Man »

riqueuniee a écrit :J'attends maintenant des chroniques des films avec Joselito (l'enfant à la voix d'or, titre d'un de ses films). Des mélos familiaux (dans le sens "film pour toute la famille") qui passaient à la télé française dans les années 60. Je ne suis pas sûre que ce soit très regardable aujourd'hui .
Image


il va falloir que j'exhume une ou deux VHS du gamin : j'en avais visionné il y a 10-15 ans et vraiment, ça ne m'avait pas plu du tout! (y compris sa façon de chanter pourtant si appréciée à l'époque). Il a mal tourné en grandissant.
Music Man
Assistant opérateur
Messages : 2297
Inscription : 16 févr. 06, 21:23

Re: Cinéma espagnol naphta

Message par Music Man »

Image
DITES LE AVEC DES FLEURS (Diselo con flores) de Pierre GRIMBLAT – France/Espagne - 1974
Avec Rocio DURCAL, Fernando REY, Delphine SEYRIG, Francis BLANCHE et John MOULDER BROWN

En 1944, un officier nazi (Frédéric Mitterrand) qui a tenté d’assassiner Hitler est poursuivi par la gestapo. Sans aucun espoir, il envisage de se suicider et tue auparavant sa femme et ses enfants. Néanmoins, il n’arrive pas à mettre son acte final à exécution. Victime d’un grave accident, il perd la mémoire.
30 années passent et l’on retrouve dans une luxueuse villa, envahie de fleurs, l’officier devenu amnésique (Fernando Rey) mais assailli par de fugaces visions. La venue d’une jeune fille au pair allemande (Rocio Durcal) va déclencher une série de drames : les enfants meurent les uns après les autres dans des circonstances tragiques…La jolie blonde est-elle la meurtrière et quels sont ses mobiles ?

Le film fantastique n’est vraiment pas une spécialité française (mais un peu plus exploité en Espagne), aussi on ne peut qu’être intrigué par ce film étrange à l’atmosphère inquiétante. Pierre Grimblat, connu surtout pour ses réalisations pour le petit écran, a le mérite de proposer un film troublant et original, fort bien mis en scène. Il ne s’agit pas d’un film de cinéma bis, mais d’une œuvre envoutante et déconcertante, que j'aurais du mal à comparer avec une autre.
Au fur et à mesure de la disparition des membres de la famille et surtout après la mort de la maîtresse de maison Delphine Seyrig, jardinière émérite (excellente comme souvent), le manoir végétal où se focalise l’action se transforme en enfer déliquescent avec ses fleurs pourries et ses plantes noircies. La beauté des paysages et de la flore confèrent une étrange poésie aux scènes qui pourraient être violentes. La manière dont est filmée la mort de la fillette (qui tombe dans un précipice, tout en appuyant un coquillage contre son oreille) est notamment particulièrement réussie. Quant à l’assassinat du vieux vicelard incarné par Francis Blanche (dans son dernier film), égorgé d'un coup sec par la belle Rocio (plus connue pour ses comédies musicales espagnoles), c’est franchement un grand moment de film d’épouvante, à faire bondir de son fauteuil.
Je n’ose pas aller plus loin dans les descriptions pour laisser un peu de suspens, mais ce film est tellement réussi dans son genre et surtout d’une telle originalité qu’il mériterait amplement une sortie en DVD en France.
Image
julien
Oustachi partout
Messages : 9039
Inscription : 8 mai 06, 23:41

Re: Cinéma espagnol naphta

Message par julien »

Music Man a écrit :un officier nazi (Frédéric Mitterrand)
Au passage, je l'ai trouvé très convaincant dans le rôle de l'officier nazi. Sur le coup, je l'ai même pas reconnu même si sa tête me disait forcément quelque chose. Dommage qu'il ait pas tenu plus souvent de rôles au cinéma. Il aurait pu sans doute faire une belle carrière d'acteur.
Image
"Toutes les raisons évoquées qui t'ont paru peu convaincantes sont, pour ma part, les parties d'une remarquable richesse." Watki.
Répondre