Cinéma muet français
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Re: Cinéma Muet Français
Découverte d’un trésor du muet à la Cinémathèque - Norbert le Vampire
http://www.1kult.com/2010/09/02/decouve ... ematheque/
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"Mad Max II c'est presque du Bela Tarr à l'aune des blockbusters actuels" Atclosetherange
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Re: Cinéma Muet Français
Cette pierre angulaire du cinéma sera disponible en exclu mondiale demain sur 1Kult...
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Re: Cinéma Muet Français
André Antoine
Les Frères Corses (1915-17, André Antoine) avec Romuald Joubé, Henry Krauss et Henry-Roussell
Henry Krauss dans le rôle de Dumas
Alexandre Dumas (H. Krauss), en voyage en Corse, reçoit l'hospitalité de la famille de Franchi. Le fils Lucien de Franchi (R. Joubé) lui raconte une histoire de vendetta ancestrale. De retour à Paris, Dumas rencontre son frère jumeau Louis de Franchi (R. Joubé)...
Ce court roman d'Alexandre Dumas est unique en ce que le romancier lui-même est l'un des protagonistes de l'histoire. Ce faisant, il donne au récit une véracité et un style documentaire qui font oublier la fiction. André Antoine est ici à son coup d'essai en tant que réalisateur et il fait merveille. La qualité de la distribution ainsi que la direction d'acteur montrent l'énorme apport de ce grand metteur en scène de théâtre au cinéma. Henry Krauss en Dumas Père semble sortir littéralement d'un portrait de Nadar et prendre vie devant nos yeux. Romuald Joubé joue le rôle des jumeaux avec son charme habituel et Henry Roussell est un méchant de grande classe. La qualité des éclairages est proche des meilleurs films russes de Bauer. Cette histoire de vendetta avec un élément surnaturel est parfaitement adaptée, sans emphase. Les angles de caméra sont déjà fort élaborés comme lors de ce bal à l'opéra où nous découvrons les danseurs à l'orchestre en plongée, une sorte de vue subjective, ce qui était tout à fait novateur en 1915. Le récit est ponctué par un flashback où un des frères Franchi lui raconte l'histoire de son ancêtre, une autre technique de récit moderne pour l'époque. Il est intéressant de noter que le film s'ouvre sur un gros plan du metteur en scène, comme pour confirmer son importance à une époque où il n'est pas toujours reconnu. Une très jolie adaptation de Dumas.
Les Frères Corses (1915-17, André Antoine) avec Romuald Joubé, Henry Krauss et Henry-Roussell
Henry Krauss dans le rôle de Dumas
Alexandre Dumas (H. Krauss), en voyage en Corse, reçoit l'hospitalité de la famille de Franchi. Le fils Lucien de Franchi (R. Joubé) lui raconte une histoire de vendetta ancestrale. De retour à Paris, Dumas rencontre son frère jumeau Louis de Franchi (R. Joubé)...
Ce court roman d'Alexandre Dumas est unique en ce que le romancier lui-même est l'un des protagonistes de l'histoire. Ce faisant, il donne au récit une véracité et un style documentaire qui font oublier la fiction. André Antoine est ici à son coup d'essai en tant que réalisateur et il fait merveille. La qualité de la distribution ainsi que la direction d'acteur montrent l'énorme apport de ce grand metteur en scène de théâtre au cinéma. Henry Krauss en Dumas Père semble sortir littéralement d'un portrait de Nadar et prendre vie devant nos yeux. Romuald Joubé joue le rôle des jumeaux avec son charme habituel et Henry Roussell est un méchant de grande classe. La qualité des éclairages est proche des meilleurs films russes de Bauer. Cette histoire de vendetta avec un élément surnaturel est parfaitement adaptée, sans emphase. Les angles de caméra sont déjà fort élaborés comme lors de ce bal à l'opéra où nous découvrons les danseurs à l'orchestre en plongée, une sorte de vue subjective, ce qui était tout à fait novateur en 1915. Le récit est ponctué par un flashback où un des frères Franchi lui raconte l'histoire de son ancêtre, une autre technique de récit moderne pour l'époque. Il est intéressant de noter que le film s'ouvre sur un gros plan du metteur en scène, comme pour confirmer son importance à une époque où il n'est pas toujours reconnu. Une très jolie adaptation de Dumas.
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Re: Cinéma Muet Français
Tu as vraiment l'art de nous faire rêverAnn Harding a écrit : Les Frères Corses (1915-17, André Antoine) avec Romuald Joubé, Henry Krauss et Henry-Roussell
Alexandre Dumas (H. Krauss), en voyage en Corse, reçoit l'hospitalité de la famille de Franchi. Le fils Lucien de Franchi (R. Joubé) lui raconte une histoire de vendetta ancestrale. De retour à Paris, Dumas rencontre son frère jumeau Louis de Franchi (R. Joubé)...
Ce court roman d'Alexandre Dumas est unique en ce que le romancier lui-même est l'un des protagonistes de l'histoire. Ce faisant, il donne au récit une véracité et un style documentaire qui font oublier la fiction. André Antoine est ici à son coup d'essai en tant que réalisateur et il fait merveille. La qualité de la distribution ainsi que la direction d'acteur montrent l'énorme apport de ce grand metteur en scène de théâtre au cinéma. Henry Krauss en Dumas Père semble sortir littéralement d'un portrait de Nadar et prendre vie devant nos yeux. Romuald Joubé joue le rôle des jumeaux avec son charme habituel et Henry Roussell est un méchant de grande classe. La qualité des éclairages est proche des meilleurs films russes de Bauer. Cette histoire de vendetta avec un élément surnaturel est parfaitement adaptée, sans emphase. Les angles de caméra sont déjà fort élaborés comme lors de ce bal à l'opéra où nous découvrons les danseurs à l'orchestre en plongée, une sorte de vue subjective, ce qui était tout à fait novateur en 1915. Le récit est ponctué par un flashback où un des frères Franchi lui raconte l'histoire de son ancêtre, une autre technique de récit moderne pour l'époque. Il est intéressant de noter que le film s'ouvre sur un gros plan du metteur en scène, comme pour confirmer son importance à une époque où il n'est pas toujours reconnu. Une très jolie adaptation de Dumas.
Merci Ann
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Re: Cinéma Muet Français
Merci du compliment, Major ! Malheureusement, le film suivant n'est pas du même calibre...
Gaston Ravel
L'Avocat (1925, Gaston Ravel) avec Rolla-Norman, Sylvio de Pedrelli et Mme Miralès
Le vicomte du Coudrais (S. de Pedrelli), un homme violent, alcoolique et jaloux, est retrouvé mort assassiné. On soupçonne son épouse Louise (Mme Miralès) qui subit ses violences depuis des années. L'avocat Martiny (Rolla-Norman) décide de la défendre...
C'est le troisième film de Gaston Ravel que j'ai pu voir et c'est certainement le plus faible. Ravel est un réalisateur peu imaginatif qui se contente de suivre le scénario. Pour peu que le script vaille quelque chose, on obtient quelques scènes intéressantes comme dans Jocaste (1924) ou pour une reconstitution historique comme Madame Récamier (1927). Mais, cet Avocat est une adaptation d'une pièce poussièreuse d'Eugène Brieux, un dramaturge maintenant bien oublié. Il fut pourtant un auteur à succès qui s'exportait à l'étranger. Sa pièce pourrait être plus intéressante si elle avait développé l'opposition de classe et créé un vrai suspense comme l'aurait fait un Georges Simenon. Hélas, l'intrigue est très mince et le 'mystérieux assassin' ne le reste pas longtemps. On a affaire à du théâtre filmé, du travail solide et bien terne. C'est dommage d'autant plus que l'intrigue se déroule dans le Poitou avec quelques beaux extérieurs le long d'une rivière. De même ce milieu de hobereaux de province avec ses tares aurait été un terreau fertile pour un autre auteur que Brieux. On ne peut guère sauver que le récit de la domestique qui nous raconte en flashback les frasques de son défunt patron qui frappait sa femme, buvait plus que de raison et partait s'encanailler dans les bouges. Rolla-Norman que j'avais énormément apprécié dans L'île Enchantée (1927, Henry-Roussell) surjoue son roi du barreau et Sylvio de Pedrelli est un aristocrate débauché sans grand relief. Lucien Bellavoine réalise une belle cinématographie. Mais, cela ne suffit pas à sauver cet Avocat de la banalité.
Gaston Ravel
L'Avocat (1925, Gaston Ravel) avec Rolla-Norman, Sylvio de Pedrelli et Mme Miralès
Le vicomte du Coudrais (S. de Pedrelli), un homme violent, alcoolique et jaloux, est retrouvé mort assassiné. On soupçonne son épouse Louise (Mme Miralès) qui subit ses violences depuis des années. L'avocat Martiny (Rolla-Norman) décide de la défendre...
C'est le troisième film de Gaston Ravel que j'ai pu voir et c'est certainement le plus faible. Ravel est un réalisateur peu imaginatif qui se contente de suivre le scénario. Pour peu que le script vaille quelque chose, on obtient quelques scènes intéressantes comme dans Jocaste (1924) ou pour une reconstitution historique comme Madame Récamier (1927). Mais, cet Avocat est une adaptation d'une pièce poussièreuse d'Eugène Brieux, un dramaturge maintenant bien oublié. Il fut pourtant un auteur à succès qui s'exportait à l'étranger. Sa pièce pourrait être plus intéressante si elle avait développé l'opposition de classe et créé un vrai suspense comme l'aurait fait un Georges Simenon. Hélas, l'intrigue est très mince et le 'mystérieux assassin' ne le reste pas longtemps. On a affaire à du théâtre filmé, du travail solide et bien terne. C'est dommage d'autant plus que l'intrigue se déroule dans le Poitou avec quelques beaux extérieurs le long d'une rivière. De même ce milieu de hobereaux de province avec ses tares aurait été un terreau fertile pour un autre auteur que Brieux. On ne peut guère sauver que le récit de la domestique qui nous raconte en flashback les frasques de son défunt patron qui frappait sa femme, buvait plus que de raison et partait s'encanailler dans les bouges. Rolla-Norman que j'avais énormément apprécié dans L'île Enchantée (1927, Henry-Roussell) surjoue son roi du barreau et Sylvio de Pedrelli est un aristocrate débauché sans grand relief. Lucien Bellavoine réalise une belle cinématographie. Mais, cela ne suffit pas à sauver cet Avocat de la banalité.
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Re: Cinéma Muet Français
Comme promis...Akrocine a écrit :Découverte d’un trésor du muet à la Cinémathèque - Norbert le Vampire
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Du coup, je sais que c'est hors sujet... (encore que c'est bien un film muet français)... En espérant que l'effet fonctionne (j'ai voulu rendre hommage au genre, plusieurs détails comme un ou deux cadrages, un flou ou encore le logo Continental). Pour info, j'ai filmé le tout au 5D.
Bon week end !
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Re: Cinéma Muet Français
Ann nous avait parlé de Dimitri Kirsanoff à propos de son film Les Berceaux. Je viens pour ma part de découvrir Ménilmontant, un muet de 1926 avec Nadia Sibirskaia, visible sur internet à l'adresse suivante : http://www.zappinternet.com/video/QeBvR ... nstream.tv.
Il s'agit d'un court-métrage d'un peu moins d'une quarantaine de minutes. L'intrigue se résume à une trame mélodramatique qu'il serait facile de tourner en dérision : la petite fille orpheline dont la mère est morte tragiquement et qui, devenue adulte, est séduite puis abandonnée avec son bébé par l'homme qu'elle aime. Mais outre l'histoire, touchante, c'est surtout la réalisation de Kirsanoff et l'interprétation de Nadia Sibirskaia qui retiennent l'attention. L'influence de l'expressionnisme et du surréalisme se conjuguent dans une manière de filmer digne des autres cinéastes d'avant-garde des années 1920. Le réalisateur a par ailleurs tourné en décors "naturels", dans le vrai Ménilmontant, ce qui confère à son film une touche documentaire aussi émouvante qu'instructive. Enfin, comment ne pas parler de Nadia Sibirskaia, dont le visage irradie l'écran ? Pour une fois, ce n'est pas une façon de parler ou une expression éculée, car c'est littéralement vrai ! Cette comédienne, qui a tourné dans bien d'autres œuvres de Kirsanoff au cours des années 20 et 30, a aussi joué chez Duvivier (Au bonheur des dames, 1929), Renoir (Le Crime de Monsieur Lange, La Vie est à nous, La Marseillaise), fascine d'emblée, et reste longtemps en mémoire.
Dimitri Kirsanoff, russe né dans l'actuelle Lettonie en 1899, a effectué toute sa carrière cinématographique en France, de 1923 à la fin des années des cinquante (il est mort en 1957 à Paris). On peut le qualifier d'indépendant, dans la mesure où il s'est toujours situé en marge de l'industrie cinématographique courante. J'avoue très mal connaître son œuvre, et Ménilmontant m'a vraiment donné envie de découvrir ses autres réalisations, surtout celles de la période muette. Je m'arrête là, car je parle beaucoup moins bien de ce patrimoine qu'Ann (encore bravo, je la lis toujours avec grand intérêt !) ou que bien d'autres membres de ce forum...
Il s'agit d'un court-métrage d'un peu moins d'une quarantaine de minutes. L'intrigue se résume à une trame mélodramatique qu'il serait facile de tourner en dérision : la petite fille orpheline dont la mère est morte tragiquement et qui, devenue adulte, est séduite puis abandonnée avec son bébé par l'homme qu'elle aime. Mais outre l'histoire, touchante, c'est surtout la réalisation de Kirsanoff et l'interprétation de Nadia Sibirskaia qui retiennent l'attention. L'influence de l'expressionnisme et du surréalisme se conjuguent dans une manière de filmer digne des autres cinéastes d'avant-garde des années 1920. Le réalisateur a par ailleurs tourné en décors "naturels", dans le vrai Ménilmontant, ce qui confère à son film une touche documentaire aussi émouvante qu'instructive. Enfin, comment ne pas parler de Nadia Sibirskaia, dont le visage irradie l'écran ? Pour une fois, ce n'est pas une façon de parler ou une expression éculée, car c'est littéralement vrai ! Cette comédienne, qui a tourné dans bien d'autres œuvres de Kirsanoff au cours des années 20 et 30, a aussi joué chez Duvivier (Au bonheur des dames, 1929), Renoir (Le Crime de Monsieur Lange, La Vie est à nous, La Marseillaise), fascine d'emblée, et reste longtemps en mémoire.
Dimitri Kirsanoff, russe né dans l'actuelle Lettonie en 1899, a effectué toute sa carrière cinématographique en France, de 1923 à la fin des années des cinquante (il est mort en 1957 à Paris). On peut le qualifier d'indépendant, dans la mesure où il s'est toujours situé en marge de l'industrie cinématographique courante. J'avoue très mal connaître son œuvre, et Ménilmontant m'a vraiment donné envie de découvrir ses autres réalisations, surtout celles de la période muette. Je m'arrête là, car je parle beaucoup moins bien de ce patrimoine qu'Ann (encore bravo, je la lis toujours avec grand intérêt !) ou que bien d'autres membres de ce forum...
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Re: Cinéma Muet Français
Ne sois pas si modeste, ton texte est très intéressantCinéfil31 a écrit :Je m'arrête là, car je parle beaucoup moins bien de ce patrimoine qu'Ann (encore bravo, je la lis toujours avec grand intérêt !) ou que bien d'autres membres de ce forum...
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Re: Cinéma Muet Français
Merci Cinefil31 pour ta critique de Ménilmontant. Je voudrais juste signaler que le film est disponible en DVD aux USA dans la boîte Avant-Garde: Experimental Cinema of the 1920s and ’30s publiée par KINO.
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Re: Cinéma Muet Français
Ann, Major, merci à vous deux ! Cela m'encourage à tenter d'enrichir ce topic dèjà bien fourni, d'autant que le patrimoine du cinéma muet français est un territoire vaste et très peu exploré finalement...
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Re: Cinéma Muet Français
(René Hervil)
Le Crime de Lord Arthur Savile (1922, René Hervil) avec André Nox, Cecil Mannering et Catherine Fonteney
Lors d'une soirée mondaine, un chiromancien nommé Podgers (A. Nox) prédit à Lord Arthur Savile (C. Mannering) qu'il deviendra un assassin. Affolé, celui-ci repousse son mariage avec Sybil Merton. Puis, il décide de prendre les devants et d'agir. Il achète un poison violent qu'il propose à sa vieille cousine (C. Fonteney) qui souffre de l'estomac...
Ce conte signé Oscar Wilde a été tourné pratiquement entièrement à Londres. Le rôle principal est tenu par un acteur britannique, Cecil Mannering ce qui ajoute à l'authenticité. Cette histoire de chiromancien qui prédit le pire fait penser à Kind Hearts and Coronets (Noblesse Oblige, 1949). Lord Arthur décide de supprimer quelqu'un rapidement pour faire un sort à la prédiction. Il tente de supprimer sa vieille cousine en lui présentant un soit-disant médicament pour son estomac. C'est un échec. Il se tourne alors vers un homme d'église de son entourage, le Doyen de Chichester auquel il fait livrer une horloge qui explose. Ce sera aussi un échec, mais fort amusant car l'horloge au lieu d'exploser révèle un 'Bobby' qui sort de sa boîte. Cette adaptation très -trop- sage de Wilde manque d'humour. Cependant, il y a une excellente utilisation des extérieurs londoniens et pas seulement des monuments célèbres. On peut voire une rue des quartiers pauvres de l'East End avec une grappe d'enfants sales et mal nourris qui dansent au rythme d'un orgue de barbarie. De même, on voit des musiciens de rues qui parcourt les beaux quartiers. Ils s'installent sur un trottoir devant les riches propriétés d'Hampstead et attendent de recevoir quelques oboles. La meilleure scène du film est celle où Arthur ayant fait livrer l'horloge explosive chez le Doyen est forcé de rester déjeuner avec lui. Il avale son repas avec un lance-pierre en surveillant la pendule pendant que le Doyen lui se resert sans arrêt. Et c'est que le film pêche le plus: l'humour de Wilde n'est pas suffisament présent. Evidemment, nous sommes très loin du superbe Lady Windermere's Fan (1925) de Lubitsch. Ce n'est qu'une adaptation honnête et un petit peu plate.
Le Crime de Lord Arthur Savile (1922, René Hervil) avec André Nox, Cecil Mannering et Catherine Fonteney
Lors d'une soirée mondaine, un chiromancien nommé Podgers (A. Nox) prédit à Lord Arthur Savile (C. Mannering) qu'il deviendra un assassin. Affolé, celui-ci repousse son mariage avec Sybil Merton. Puis, il décide de prendre les devants et d'agir. Il achète un poison violent qu'il propose à sa vieille cousine (C. Fonteney) qui souffre de l'estomac...
Ce conte signé Oscar Wilde a été tourné pratiquement entièrement à Londres. Le rôle principal est tenu par un acteur britannique, Cecil Mannering ce qui ajoute à l'authenticité. Cette histoire de chiromancien qui prédit le pire fait penser à Kind Hearts and Coronets (Noblesse Oblige, 1949). Lord Arthur décide de supprimer quelqu'un rapidement pour faire un sort à la prédiction. Il tente de supprimer sa vieille cousine en lui présentant un soit-disant médicament pour son estomac. C'est un échec. Il se tourne alors vers un homme d'église de son entourage, le Doyen de Chichester auquel il fait livrer une horloge qui explose. Ce sera aussi un échec, mais fort amusant car l'horloge au lieu d'exploser révèle un 'Bobby' qui sort de sa boîte. Cette adaptation très -trop- sage de Wilde manque d'humour. Cependant, il y a une excellente utilisation des extérieurs londoniens et pas seulement des monuments célèbres. On peut voire une rue des quartiers pauvres de l'East End avec une grappe d'enfants sales et mal nourris qui dansent au rythme d'un orgue de barbarie. De même, on voit des musiciens de rues qui parcourt les beaux quartiers. Ils s'installent sur un trottoir devant les riches propriétés d'Hampstead et attendent de recevoir quelques oboles. La meilleure scène du film est celle où Arthur ayant fait livrer l'horloge explosive chez le Doyen est forcé de rester déjeuner avec lui. Il avale son repas avec un lance-pierre en surveillant la pendule pendant que le Doyen lui se resert sans arrêt. Et c'est que le film pêche le plus: l'humour de Wilde n'est pas suffisament présent. Evidemment, nous sommes très loin du superbe Lady Windermere's Fan (1925) de Lubitsch. Ce n'est qu'une adaptation honnête et un petit peu plate.
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Re: Cinéma Muet Français
Ann Harding a écrit :
Mauprat (1926, Jean Epstein) avec Sandra Milowanoff, Maurice Schutz et Nino Costantini
A la fin du XVIIIème siècle, dans le Berry, la famille Mauprat composée de brigands terrorise les habitants. Edmée de Mauprat (S. Milowanoff), issue d'une autre branche de la famille, se retrouve captive de la Roche Mauprat. Elle y rencontre son cousin Bernard de Mauprat (Nino Costantini), un être fruste et violent...
Cette belle adaptation du roman de George Sand a pour cadre sa région d'élection, le Berry. Le film d'Epstein a tourné essentiellement en extérieurs et on retouve dans ses images l'amour de Sand pour la nature. Les grandes forêts ombragées, les chênes centenaires et les immenses fougères entourent de vieilles forteresses. Edmée de Mauprat est une jeune femme courageuse qui ne doit son salut qu'à son esprit vif. Sandra Milowanoff se révèle à nouveau remarquable en aristocrate fière et libre. Face à elle, son cousin Bernard est un petit voyou sans éducation qui la désire immédiatement et souhaite la prendre de force s'il le faut. Petit à petit, il se transforme sous l'influence de sa cousine. Mais, celle-ci refuse de lui avouer son amour. Il faudra un drame pour que leurs sentiments s'expriment enfin. Autour des deux personnages principaux gravitent les membres de la famille Mauprat et ses brigands. Et c'est là que le film péche un peu. Les personnages secondaires manquent de relief. Epstein a bien choisi des 'trognes' très intéressantes ; mais, il n'arrive pas à conduire son récit avec suffisamment de vigeur. Si la cinématographie est remarquable avec la lumière qui filtre entre les arbres et les intérieurs en clair-obscur, par contre les relations entre les personnages restent floues (à part celles d'Edmée et de Bernard). On ne peut que le regretter car la trame aurait permis d'apporter certainement plus d'atmosphère qu'il n'y en a. Néanmoins, un joli film.
Bonjour Ann harding,
Merci pour ta critique très intéressante comme toujours. Ca m'avait rudement donné envie de voir ce film.
Vu en DVD (hélas) à la Cinémathèque française. Je ne sais pas si ça vient de la pellicule originale mais la copie DVD n'est quand même pas terrible : il y a de grosses lignes verticales et la définition est vraiment très faible (par exemple il est extrêmement difficile de déchiffrer la lettre déchirée écrite par Edmée), et les magnifiques scènes extérieures sont un peu gâchées car le mouvement n'est pas rendu à sa juste valeur.
Il est donc fortement possible que ces conditions aient pu jouer sur mon ressenti.
C'est d'autant plus dommage que je me faisais une joie de découvrir ce film, et finalement ce fut une déception.
Les extérieurs sont formidables mais les costumes d'époque et la "préciosité" générale ont fini par m'achever. Côté mise en scène et interaction entre les personnages, c'est assez pauvre, et les intertitres n'aident pas beaucoup à donner du rythme et de la consistance. On notera aussi que le flash-back final est très mal fichu et n'apporte aucun suspens (mais y avait-il matière à suspens ?). Pour la fluidité du récit on repassera. Sans compter qu'avec toutes ces perruques et ces visages poudrés il est parfois difficile d'identifier les personnages.
Pour ce qui est du scénario, à la base il est sans doute cohérent mais il est totalement desservi par un récit trop rapide qui ne s'embarrasse guère d'étoffer la psychologie de ses personnages. Du coup je n'ai pas adhéré une seconde au revirement d'Edmée qui jette son fiancé pour se consacrer à son amour secret, Bernard ! (celui-là même qui voulait la prendre de force deux secondes après leur rencontre). Pourtant, globalement, le personnage d'Edmée se révèle très intéressant.
Autre chose qui m'a beaucoup embêté : une fois qu'Edmée sauve in-extremis Bernard de la pendaison, il est évident que ce geste la libère totalement de son serment de se donner à lui (promesse donnée sous la contrainte pour être épargnée par les bandits). Et pourtant, Edmée est plus que jamais liée à sa parole, même si cela la dégoute. Puis il se fait qu'elle tombe amoureuse de ce rustre. De la façon dont c'est présenté, c'est peu crédible.
Bernard de son côté s'accroche à sa cousine et exige d'elle monts et merveilles sans avoir la moindre reconnaissance à son égard. C'est assez déroutant, car il semble avoir de l'amour propre et une certaine considération pour Edmée.
Un autre problème est le traitement de la relation entre Edmée et son fiancé, c'est vraiment trop rapide. Le triangle amoureux est donc assez confus, et peu passionnant à vrai dire.
Malgré tous ces éléments trop vite expédiés, le film arrive à trainer en longueur par la faute d'une absence totale d'atmosphère et d'un manque de tension dramatique assez rédhibitoire. Et chose assez triste à constater, pour un film avec autant d'extérieurs, il n'y a guère de poésie. Là où Abel Gance réussit à transcender la nature pour en faire un élément dramatique dans Barberousse (1917), ici la photographie est juste superbe et ça s'arrête là, et c'est assez frustrant, car visuellement c'est un beau film.
Quant aux personnages, difficile de s'allier à leur cause. Heureusement, Sandra Milowanoff est très bien en Edmée, elle nous évite ainsi un Anna Boleyn bis (une catastrophe signée Lubitsch, qui a pourtant de très jolies teintes et de beaux extérieurs). J'ai aussi beaucoup aimé le rôle de Marcasse, sorte d'ange gardien de Bernard tout au long du film. Autrement tous les autres rôles masculins sont plutôt insignifiants.
Même si c'est loin d'être un désastre, j'ai trouvé tout de même ça bien raté.
Bref, pour un film de 1926, difficile d'être indulgent, même si ça ne me fait pas plaisir de descendre un film.
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Re: Cinéma Muet Français
Merci pour ta critique, Garbitsch. En fait, les écrans vidéo de la médiathèque de la cinémathèque sont vraiment médiocres. (Ceux du Forum des Images offrent une toute autre qualité) Pour ce qui est de la qualité des restaurations de la cinémathèque, les films reconstitués dans les années 80-90 n'offrent jamais un beau contraste et une belle finesse de grain. Crois-en mon expérience, j'ai déjà vu au moins une bonne douzaine de films Albatros sur grand écran ou sur vidéo, et je n'ai jamais vu une très belle copie impeccable. Pour ce qui est de Mauprat, il me semble que la vitesse de transfert est un peu trop rapide.
Jean Epstein est un réalisateur révéré par la critique française, mais, il me semble qu'il n'était pas très doué pour la direction d'acteur, ni la narration. En voyant Mauprat, j'ai trouvé qu'il s'en sortait pas trop mal avec cependant pas mal de déficiences narratives (que tu as remarquées toi aussi). Je n'avais peut-être pas des espérances aussi élevées que les tiennes en la matière. Et puis, j'ai vu aussi beaucoup d'autres films français des années 20 d'une grande platitude...
Au fait, la copie 35 mm de Mauprat sera projetée le jeudi 30 septembre à 20h30 à la Cinémathèque.
Jean Epstein est un réalisateur révéré par la critique française, mais, il me semble qu'il n'était pas très doué pour la direction d'acteur, ni la narration. En voyant Mauprat, j'ai trouvé qu'il s'en sortait pas trop mal avec cependant pas mal de déficiences narratives (que tu as remarquées toi aussi). Je n'avais peut-être pas des espérances aussi élevées que les tiennes en la matière. Et puis, j'ai vu aussi beaucoup d'autres films français des années 20 d'une grande platitude...
Au fait, la copie 35 mm de Mauprat sera projetée le jeudi 30 septembre à 20h30 à la Cinémathèque.
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Re: Cinéma Muet Français
Merci pour l'info, j'y serais allé avec plaisir pour ne pas rester sur cet avis mitigé, mais ça tombe en même temps que la dernière projection de Montmartre avec Pola Negri.
D'ailleurs c'est dommage, la programmation de la salle Jean Epstein a l'air plutôt alléchante avec quelques films muets en soirée, mais les horaires sont assez mal fichus, à chaque fois ça interfère avec 2 séances de la retrospective Lubitsch (qui me tient énormément à coeur ).
Par exemple vendredi et samedi dernier il y a avait Hara-Kiri et Jalma la double, ça m'aurait bien intéressé d'aller les voir, et c'est aussi comme ça que fin août j'ai raté L'Homme à la caméra.
Sinon suite à ton bel article sur Sandra Milowanoff j'ai poursuivi ma découverte de sa filmographie avec La Comtesse Marie (1927) de Benito Perojo, est-ce que tu l'as déjà vu ? Pour ma part ce fut réellement une très bonne surprise, à la fois un film très simple et très soigné, avec notamment de longues scènes de fête (bal, feux d'artifice, manèges), une très jolie poursuite à cheval, et une Sandra Milowanoff au talent bien mieux exploité que dans Mauprat avec de nombreux gros plans. Le scénario est peut-être un brin convenu mais cela se suit agréablement et la fin réserve un joli petit retournement de situation, sans compter une scène exceptionnelle et très indécise où Sandra Milowanoff, à cours de ressources, se présente avec son fils caché auprès de la Comtesse Marie, la mère de son amant disparu à la guerre.
D'ailleurs c'est dommage, la programmation de la salle Jean Epstein a l'air plutôt alléchante avec quelques films muets en soirée, mais les horaires sont assez mal fichus, à chaque fois ça interfère avec 2 séances de la retrospective Lubitsch (qui me tient énormément à coeur ).
Par exemple vendredi et samedi dernier il y a avait Hara-Kiri et Jalma la double, ça m'aurait bien intéressé d'aller les voir, et c'est aussi comme ça que fin août j'ai raté L'Homme à la caméra.
Sinon suite à ton bel article sur Sandra Milowanoff j'ai poursuivi ma découverte de sa filmographie avec La Comtesse Marie (1927) de Benito Perojo, est-ce que tu l'as déjà vu ? Pour ma part ce fut réellement une très bonne surprise, à la fois un film très simple et très soigné, avec notamment de longues scènes de fête (bal, feux d'artifice, manèges), une très jolie poursuite à cheval, et une Sandra Milowanoff au talent bien mieux exploité que dans Mauprat avec de nombreux gros plans. Le scénario est peut-être un brin convenu mais cela se suit agréablement et la fin réserve un joli petit retournement de situation, sans compter une scène exceptionnelle et très indécise où Sandra Milowanoff, à cours de ressources, se présente avec son fils caché auprès de la Comtesse Marie, la mère de son amant disparu à la guerre.
- Ann Harding
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Re: Cinéma Muet Français
Non, je n'ai pas vu ce film-là. Mais, j'ai déjà vu 8 films avec Sandra Milowanoff : Parisette, La Légende de Soeur Béatrix, Pêcheur d'Islande, Jocaste, le Fantôme du Moulin-Rouge, Les Misérables, Mauprat et Dans la nuit. C'était une des meilleures actrices du cinéma muet français des années 20. Sa Fantine/Cosette dans Les Misérables est bouleversante. Il va falloir que je vois La Comtesse Marie.