Fritz Lang : rétrospective personnelle

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Jeremy Fox
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Re: Fritz Lang : rétrospective personnelle

Message par Jeremy Fox »

M le maudit a écrit :"Le retour de Frank James" existe en Z1 et le diptyque indien aussi, donc je les couvrirai peut-être.

Mais les deux autres westerns ne sont dispos qu'en Z2 et je préfère ne pas dépenser aveuglément, d'autant que la qualité des transferts est semble-t-il assez moyenne.
Le somptueux zone 1 de Frank James a justement été chroniqué ce mois ci sur le site.
Concertant Rancho Notorious, le zone 2 est effectivement franchement décevant mais celui de Western Union s'en tire plutôt pas mal d'après mes souvenirs. Souvenirs qui ne vont pas tarder à être ravivés puisqu'il sera justement critiqué sur le site dans le courant du mois de juin :wink:
M le maudit
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Re: Fritz Lang : rétrospective personnelle

Message par M le maudit »

Bon ça y est, j'ai envie de voir le film maintenant. :)
M le maudit
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Re: Fritz Lang : rétrospective personnelle

Message par M le maudit »

Un petit saut d'un film, pour me laisser le temps de le télécharger.

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Secret Beyond the Door...

En 1948, Fritz Lang tourne "Le Secret derrière la porte". Insatisfait du chef opérateur imposé par son partenaire Walter Wanger, sentant que Joan Bennett se désintéresse de plus en plus de leur relation, le travail sur le film est une véritable corvée. Qui plus est, l'oeuvre se ramasse de manière monumentale et obtient les plus petites recettes de l'année pour Universal. Il faut bien le dire: voici un film qui a l'air quand même vachement plus cool quand on se fie au matériel promotionnel. Toutefois, la haute porte tordue à l'apparence expressionniste ne figure évidemment pas dans le film, et le "secret" que recèle son homologue ne frappe pas comme il devrait, suscitant plutôt chez le spectateur une sorte de "ah, d'accord."

Soyons quand même justes, si le film n'est pas mémorable au niveau du scénario (un émule du "Rebecca" de Hitchcock avec quelques éléments de Barbe-Bleue), Lang s'en tire quand même avec quelques bons moments au niveau de l'ambiance et de la direction photo, et ce surtout dans les scènes finales qui sont d'un esthétisme exemplaire. "Le Secret derrière la porte" souffre toutefois d'une tare si fréquente dans les films américains de Lang qu'elle en est presque devenue ludique: une finale décevante et précipitée. Le spectateur pourra toutefois pardonner le cinéaste qui se fait visiblement imposer des fins joyeuses par les studios. Celle-ci, baignée de psychanalyse à cinq sous, demeure particulièrement risible.
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Re: Fritz Lang : rétrospective personnelle

Message par M le maudit »

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House by the River

En 1950, hanté par la crainte de ne pas se trouver de travail, Fritz Lang tourne "House by the River" pour le compte de Republic Pictures, une petite maison de production hollywoodienne. Howard Welsch, son producteur, lui laisse une liberté artistique quasi-totale mais son budget est très restreint; or, cela se sent quand on regarde le film. Le minimalisme forcé des décors et le côté dépouillé du scénario contribuent toutefois, dans une certaine mesure, à la simplicité générale du long métrage qui se laisse regarder sans effort. Au niveau esthétique, "House by the River" est à cheval entre la série de films noirs que Lang venait de réaliser et le cinéma gothique affectionné par American International.

Le talent de Fritz Lang demeure bien présent et transpire à travers chacune des scènes. L'exploitation de l'ombre et de la clarté est impressionnante et se marie sans peine avec le travail de photographie soigné et la direction artistique minutieuse. La mélancolie des lieux n'a d'égale que celle du bon frère de l'histoire, tourmenté par un crime qu'il n'a pas commis. La relative obscurité du film, surtout en sol européen, s'explique davantage par des lacunes de distribution que par quelque défaut de qualité que ce soit. Bien au contraire, ce petit film a tout pour plaire aux enthousiastes langiens: un meurtre pulsionnel ("M", "Scarlet Street", "Secret Beyond the Door", ...), une population prompte à faire circuler des ragots ("Fury") et une utilisation judicieuse des techniques expressionnistes du clair-obscur.

On peut cependant arguer que Lang réalise l'oeuvre les yeux fermés, par expérience, en appliquant les formules qui ont fait sa renommée. Le suspense général est un peu mou, attendu que nous connaissons d'emblée l'identité du meurtrier et que son gentil frère n'est peut-être pas interprété avec la passion nécessaire pour susciter l'intérêt soutenu du spectateur. L'ensemble est digne d'être vu, contient quelques bons moments, quelques motifs très langiens, mais force m'est d'avouer qu'il n'a pas le panache des grands classiques américains du réalisateur.
M le maudit
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Re: Fritz Lang : rétrospective personnelle

Message par M le maudit »

Jeremy Fox a écrit :
M le maudit a écrit :"Le retour de Frank James" existe en Z1 et le diptyque indien aussi, donc je les couvrirai peut-être.

Mais les deux autres westerns ne sont dispos qu'en Z2 et je préfère ne pas dépenser aveuglément, d'autant que la qualité des transferts est semble-t-il assez moyenne.
Le somptueux zone 1 de Frank James a justement été chroniqué ce mois ci sur le site.
Concertant Rancho Notorious, le zone 2 est effectivement franchement décevant mais celui de Western Union s'en tire plutôt pas mal d'après mes souvenirs. Souvenirs qui ne vont pas tarder à être ravivés puisqu'il sera justement critiqué sur le site dans le courant du mois de juin :wink:
J'ignore si c'est un problème avec mon téléviseur, mais le R1 de "Return of Frank James" que j'ai visionné avait quelques petits soucis au niveau de la colorisation, notamment un certain "voile" de teinte légèrement verdâtre qui apparaissait parfois au centre de l'image. Cela ne compromettait jamais le visionnement mais je suis resté avec de légers doutes sur le sujet. Est-ce que l'image est réellement supposé être parfaite?
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Jeremy Fox
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Re: Fritz Lang : rétrospective personnelle

Message par Jeremy Fox »

M le maudit a écrit :
J'ignore si c'est un problème avec mon téléviseur, mais le R1 de "Return of Frank James" que j'ai visionné avait quelques petits soucis au niveau de la colorisation, notamment un certain "voile" de teinte légèrement verdâtre qui apparaissait parfois au centre de l'image. Cela ne compromettait jamais le visionnement mais je suis resté avec de légers doutes sur le sujet. Est-ce que l'image est réellement supposé être parfaite?
Il ne s'agit aucunement de colorisation ceci dit :wink: En revanche, tellement soufflé par la qualité de la copie que je n'ai pas fait attention à ce voile verdâtre au centre de l'image. En cherchant bien et en étant pointilleux, il reste bien évidemment quelques petits "désagréments" dus à l'âge du film mais en ce qui me concerne, c'est du quasi parfait.

D'ailleurs en me relisant, je n'ai pas parlé de perfection
Il faut donc se reporter sur le DVD américain qui est tout bonnement superbe concernant l’image : hormis quelques variations de colorimétrie et une tendance à virer un poil sur le jaune, la copie est étonnament propre et belle ; la définition est à tomber à la renverse et la photographie de George Barnes peut briller de tous ses feux d’autant que la compression ne souffre d’aucuns défauts.
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Re: Fritz Lang : rétrospective personnelle

Message par M le maudit »

Oui oui, je ne vous accusais pas, je me demandais simplement si c'était un problème avec ma télé.
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Jeremy Fox
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Re: Fritz Lang : rétrospective personnelle

Message par Jeremy Fox »

M le maudit a écrit :Oui oui, je ne vous accusais pas.
Je n'en ai jamais douté :wink:
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Re: Fritz Lang : rétrospective personnelle

Message par M le maudit »

J'ai bien aimé "Le retour de Frank James" mais ne ferai pas de petit texte car celui sur le site est déjà fort complet. C'est un western compétent mais à mon sens ce n'est pas vraiment du Lang. On reconnaît légèrement sa griffe çà et là mais il faut le savoir. Plutôt une commande qu'autre chose.
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Jeremy Fox
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Re: Fritz Lang : rétrospective personnelle

Message par Jeremy Fox »

Pas évident que ce soient de purs produits de commandes. C'est la 20th Century Fox qui lui a proposé ses deux premiers westerns mais elle lui a octroyé de gros moyens et semble lui avoir donné toute lattitude pour faire ce qu'il voulait. Le western était d'ailleurs un genre qu'il respectait grandement et qu'il n'a jamais eu l'air renier. Dans un entretien aux Cahiers du cinéma, il disait : "J'aime les Westerns. Ils possèdent une éthique très simple et très nécessaire. C'est une éthique que l'on ne signale plus parce que les critiques sont devenus trop sophistiqués"

On reconnait au moins sa griffe dans la sécheresse du ton, la thématique de la vengeance et dans la gestion de la lumière et des ombres (l'éclairage des séquences en intérieur dans la quasi obscurité lui doivent certainement beaucoup)
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Re: Fritz Lang : rétrospective personnelle

Message par M le maudit »

Petite parenthèse:

Est-ce que quelqu'un ici a eu la chance de se procurer l'édition allemande des "Boureaux meurent aussi" sous le label e-m-s? On dit qu'elle est largement supérieure à celle de Carlotta et j'aimerais obtenir des avis et peut-être des captures d'écran avant de me lancer dans la dépense.
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Re: Fritz Lang : rétrospective personnelle

Message par M le maudit »

Est-ce que cette version du coffret Lang de Wild Side contient bien 9 DVD comme semble l'indiquer le côté du boîtier? http://video.fnac.com/a2725810/Coffret- ... n=-1&Ra=-3

L'ancienne version n'en contenait il me semble que quatre.

Celle-ci contiendrait-elle donc les éditions collector de chacun des titres?
M le maudit
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Re: Fritz Lang : rétrospective personnelle

Message par M le maudit »

J'ai écrit à Wild Side à ce sujet, sans réponse.

Je me passerai donc de commander ce coffret.
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Demi-Lune
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Message par Demi-Lune »

M le maudit a écrit :J'ai écrit à Wild Side à ce sujet, sans réponse.
Il faut attendre un peu. Dans les trois ou quatre jours, la team Wild Side répondra à ce mail ; c'est ainsi qu'ils ont toujours fait avec moi.
M le maudit
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Re: Fritz Lang : rétrospective personnelle

Message par M le maudit »

[img]http://auteurs_production.s3.amazonaws.com/stills/68917/cloak-and-dagger-1946.jpg[/img]

Cloak and Dagger

Tourné pour Warner Brothers entre Scarlet Street et Secret Beyond the Door, Cloak and Dagger est probablement l'épitomé du massacre des films de Lang par les exécutifs d'un grand studio. L'histoire est simple: Alvah Jasper, un scientifique de renom travaillant à reculons au développement de la bombe atomique, est envoyé en mission secrète en Europe pour retrouver son collègue Polda, retenu contre son gré par les Nazis pour travailler à leur compte sur la même bombe. De fil en aiguille, Jasper fait la rencontre de militants pour la résistance, groupe dont fait partie la farouche Gina avec qui il finit par développer une amourette. Avec leur aide, il localise Polda et entreprend de le ramener sain et sauf en sol américain.

Ce qui devait être un thriller engagé à saveur anti-atomique est devenu sous les ciseaux des producteurs l'un des films les plus mièvres de Lang. De larges morceaux de dialogue contenant des attaques en règle contre la bombe H ont été retirés au montage, et la finale éminemment pessimiste remplacée par une promesse romantique dans la plus banale tradition hollywoodienne. D'entrée de jeu, les prémices de l'intrigue sont peu crédibles: il est douteux de voir que le gouvernement américain n'a personne d'autre à envoyer en mission secrète qu'un physicien n'ayant aucune expérience. Les choses ne vont définitivement pas en s'améliorant. Les dialogues sont fades, les scènes de drague entre Jasper et Gina ralentissent le rythme de l'intrigue et alourdissent le visionnement et le récit passe du coq à l'âne de manière peu crédible.

Il est difficile de déceler ce qui reste de la vision originale de Lang dans l'oeuvre telle qu'on peut la voir aujourd'hui. Quelques moments de réalisation sont toutefois très langiens, de la scène d'étranglement d'un vilain par Jasper à l'excellente fusillade finale. Mais force m'est d'admettre que Cloak and Dagger est sans doute l'un des moins bons films du réalisateur. Des pans de l'intrigue sont carrément laissés sans suite et le film paraît n'avoir aucune direction. Il est difficile de blâmer Lang pour cet échec mais il est également difficile de recommander une oeuvre qui ne contient que très peu de traces de son habituel panache.
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