Mikio Naruse (1905-1969)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Tutut
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Re: Mikio Naruse (1905-1969)

Message par Tutut »

Oui, un custom DVD fait à partir d'un enregistrement TV et de sous-titres issus d'une VHS.
bruce randylan
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Re: Mikio Naruse (1905-1969)

Message par bruce randylan »

zybine a écrit :Pour l'instant, j'ai vu (et adoré) les Naruse suivants :

Le repas (1951)
Frère aîné, sœur cadette (1953)
Le grondement de la montagne (1954)
Nuages flottants (1955)
Nuages d'été (1958)
Quand une femme monte l'escalier (1960)
Courant du soir (1960)
Comme épouse et comme femme (1961)
Histoire de la femme (1963)
Tourments (1964)
Nuages épars (1967)

HELP : Que me conseillez-vous comme incontournable dans la programmation de la MCJP à venir ?
Dans ceux que j'ai vus, je rajoute aussi dans les incontournables La mère, à l'approche de l’automne et l'éclair. Pluie soudaine ainsi que fille, épouse et mère sont très recommandables aussi
Je garde un souvenir très sympathique d'Acteurs ambulants.
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tootpadu
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Re: Mikio Naruse (1905-1969)

Message par tootpadu »

bruce randylan a écrit :Les détails de la rétrospective qui se déroulera à la MCJP en avril comprenant 30 films :D

http://www.mcjp.fr/francais/cinema/retr ... kio-naruse
Et comme souvent pour les grands cycles à la MCJP, le Libre Pass de la Cinémathèque est accepté, voire donne droit à deux places par séance ! :D
bruce randylan
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Re: Mikio Naruse (1905-1969)

Message par bruce randylan »

Ah ouais ! C'est confirmé ?
C'est la fête ! :D
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Re: Mikio Naruse (1905-1969)

Message par Jack Carter »

Salauds de parisiens !

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:o :mrgreen:
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The Life and Death of Colonel Blimp (Michael Powell & Emeric Pressburger, 1943)
tootpadu
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Re: Mikio Naruse (1905-1969)

Message par tootpadu »

bruce randylan a écrit :Ah ouais ! C'est confirmé ?
C'est la fête ! :D
Oui, c'est indiqué sur le site de la Cinémathèque Française :

http://www.cinematheque.fr/fr/infosprat ... tml#naruse
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Re: Mikio Naruse (1905-1969)

Message par bruce randylan »

Jack Carter a écrit :Salauds de parisiens !

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:o :mrgreen:
Le problème, c'est qu'on peut pas tout voir du coup ! J'ai découvert hier qu'il y avait à partir d'aujourd'hui (et pour 5 jours), un festival de cinéma russe dédié à leurs comédies. :o

http://www.quandlesrussesrient.com/

Programme très alléchant mais aucune possibilité de pouvoir y aller entre les Olmi, la fondation Pathé et les Oshima (et un peu de boulot aussi). :(
tootpadu a écrit :
bruce randylan a écrit :Ah ouais ! C'est confirmé ?
C'est la fête ! :D
Oui, c'est indiqué sur le site de la Cinémathèque Française :

http://www.cinematheque.fr/fr/infosprat ... tml#naruse
Super !
Je vais peut-être en profiter pour aller voir ceux sortis en DVDs UK que je n'avais pas encore vu. :)
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Re: Mikio Naruse (1905-1969)

Message par bruce randylan »

L'étau / The stranger within the woman (1966)

Un homme marié est rongé par la culpabilité d'avoir étranglé, lors d'un jeu érotique, l'épouse de son meilleur ami.

Délaissant les chroniques sociales et familliales, Naruse adapte un roman Edouard Atiyah qui sera à son tour porté à l'écran par Chabrol en 1971 dans Juste avant la nuit.
On tend donc un peu vers le film noir, mais le film noir psychologique et intériorisé, jamais le thriller. Il s'agit avant tout de décrire les dilemmes moraux et les remords existentialistes non seulement de l'assassin mais aussi de son épouse, et par ricochet du veuf.
De ce point de vue, le film est admirable et Naruse traite chaque plan pour que le décor représente ces troubles émotionnelles pour un "expressionnisme du quotidien". Il utilise à ce titre beaucoup les lignes diagonales : de nombreuses traînées d'ombre viennent déchirer le cadre, une figures géométriques qui se retrouvent aussi dans des escaliers présents à l'arrière-plan ou dans le lambris mural.
De la même manière, il va beaucoup exploiter les cadres dans le cadres typique de l’aménagement intérieur japonais pour littéralement enfermer mentalement ses personnages. On a même parfois que c'est le mobilier qui change d'une scène à l'autre. Tout ceci décrit une sorte de contamination visuelle à leur déchirure intérieur, à un mal-être profond d'un façon assez subtile et intelligente, ce qui ajoute beaucoup à la mélancolie ambiante.
A l'inverse malheureusement, il lui arrive aussi de trop en faire et de surligner lourdement certains artifices dans la construction des scènes, notamment la gestion du son. Par exemple, lors d'une scène clé entre les 2 amis, de jeunes voisins font une soirée festive avec de la musique enlevée qui se pose en contre-point dramatique. Mais contrairement, par exemple, à la scène de l'anniversaire de Vivre de Kurosawa, on sent vraiment l'artifice avec des cadrages, un montage et un mixage trop significatifs. C'est un peu la même chose plus tard avec le feu d'artifice.
L'étau n'évite pas non plusieurs répétitions inutilement appuyées telle certaines voix-off redondantes et des dialogues trop explicatifs.

Ce manque de finesse, qui casse par moment la beauté vénéneuse de l'ensemble, est d'autant plus étonnante qu'à l'inverse certains points parsèment l'histoire pour qu'on puisse y voir plus que des simples informations secondaires. Des éléments qui pourraient donner un regard très différent sur l'intrigue et les rapports entre les personnages.
Spoiler (cliquez pour afficher)
Je me suis par exemple demandé si le meurtrier ne fantasmait pas tout simplement son geste dans une sorte de fascination morbide pour la mort (il va notamment se promener sur les lieux où un homme s'est suicidé en sautant d'un pont et il y a une véritable surenchère progressive dans sa crise de culpabilité). Il aurait certes étranglé sa maîtresse mais celle-ci se serait seulement évanouie ; le véritable assassin étant un collègue, homme à femmes réputé, qui vient curieusement de prendre la fuite.
Et encore plus intéressant, un ami me faisait remarquer que le personnage du veuf pourrait bien être le véritable père du fils de son ami (il a l'air vraiment très concerné par une maladie, le veille à l’hôpital et ramène souvent des cadeaux). On sent bien qu'il y a quelque chose en tout cas plus qu'une simple amitié entre cette épouse et cet ami qui se connaissent depuis plus de 20 ans.
Il va sans dire que cela bouleverse beaucoup la lecture du film avec une culpabilité qui ronge tous les personnages.

En tout cas, la richesse incroyable des personnages, l'atmosphère pesante, la qualité magistrale de l’interprétation et le fabuleux travail de la réalisation lui donne une sacrée force qui ne s'éteint pas quand la salle se rallume et j'y pense encore souvent depuis 4 jours. Il faut dire que les séquences marquantes ne manquent pas (rien que cette fin sur la plage avec à ce moment là une voix-off très bien écrite !).

J'avais découvert le Chabrol il y a deux ans et les deux films sont passionnants à mettre en parallèle. Dans les deux cas, le travail d'adaptation est très personnel. Je suis loin d'être fan de Chabrol mais j'avais trouvé celui-ci excellent. Par rapport au Naruse, il m'a parut mieux rythmé, plus fétichiste, plus pervers peut-être... Mais sa réalisation ne peut rivaliser avec celle du japonais et son ambiance tortueuse.
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bruce randylan
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Re: Mikio Naruse (1905-1969)

Message par bruce randylan »

Epouse (1953)

Après plusieurs années de mariage, un couple a sombré dans une inéluctable routine qui a désormais crée une incompréhension eux.

Aouch ! Il est particulièrement rude celui-là. Un film pessimiste et grave sur le délitement d'un couple, filmé avec une simplicité et un refuse des gros effets qui rend son histoire encore plus déprimante. Il ne semble avoir aucune issue à cette relation en forme d'impasse. L'homme et la femme sont désormais devenus des inconnus l'un pour l'autre et ne parviennent plus à se mettre à la place de l'autre pour essayer de se redonner une chance.
Aucun jugement de la part du cinéaste qui se garde bien de désigner un coupable ou un responsable. Chacun ont leur travers, leurs égoïsmes et leurs lâchetés. L'épouse, à force d'ennui au foyer, est devenu une personne froide, négligée et méprisante envers son mari. Celui-ci, incapable d'aider sa femme, se réfugie dans l'alcool et les sorties avec les collègues avant de se trouver une maîtresse. Une situation qui va encore plus envenimer leurs relation, puisque par narcissisme et pression sociale, l'épouse va refuser que son mari la quitte tandis que ce dernier n'a même pas le courage d'essayer de traiter le problème et préfère le silence et la fuite.

Tout ceci pourrait être larmoyant, lourd, démonstratif, accumuler les scènes de disputes. Il n'en est quasi rien, le cinéaste porte un regarder légèrement en recul, sans parti pris, préférant l'observation. Il se sert justement de l'incommunication entre les 2 personnages pour nourrir cette approche.
Nous sommes un peu comme les locataires de cette grande maison dont le couple loue plusieurs chambres : des témoins en retrait un peu gêné de la situation qui n'osent pas réellement interférer. C'est aussi cela qui participe à ce climat sombre et triste : les autres protagonistes ne valent pas forcément mieux et chacun ont leurs propre défauts. Là aussi, Naruse sait à tout moment éviter de sombrer dans la misanthropie grossière et appuyée. Si le film donne une impression si marquante, c'est qu'il est d'une sobriété réaliste (et loin du naturalisme à la Pialat/Cassavetes).

Il faut dire que si l'Epouse fonctionne si bien, c'est que Naruse exploite une nouvelle fois le décor, le mobilier, l'ameublement ou les costumes pour traduire cette déliquescence du mariage : un carreau fissuré, un vieux torchon suspendu, un motif dépareillé, un tatami tâché, des vêtements mal ajustés, une manière de se curer les oreilles... Tous ces éléments cassent ainsi l'équilibre et l'harmonie de chaque plans qui suintent ainsi le laisser-aller, le mépris, le mal-être.
Ce n'est sans doute pas aussi abouti que dans l'éclair ou l'étau mais l'intelligence de la réalisation de Naruse est vraiment admirable et d'une retenue d'autant plus percutante même si c'est avant tout la qualité de l'écriture et de l’interprétation qui en font la grande force. La fin est à ce titre d'une grande réussite ; contrairement à la majeure partie de l'oeuvre du cinéaste, celle-ci n'est pas une fin ouverte optimiste, elle est une prison construite involontairement mais surement par ses protagonistes. Le pire étant qu'ils ne comprennent ni ne l'assument pas, ils sont passifs de leur propre décision. Ils ont eux-mêmes laisser infuser doucement un lent poison.

Avec son regard amer, sans être complaisant, L'épouse est un constat terriblement déprimant sur le mariage en même temps qu'une cinglante critique d'une société japonaise vivant sur l'hypocrisie et les apparences. Son visionnage n'en pas confortable car il renvoie à des questions et des peurs universelles, il le fait avec lucidité, sans éclat, sans manichéisme, sans moralité, ni facilité. Les douleurs existentialistes de ses personnages n'en deviennent que de plus en plus profondes, scènes après scènes. Contrairement à tous les cinéastes de la modernité qui pouvait traiter de ce même sujet (Antonioni le premier), le trait de Naruse est pure, presque invisible. C'est pour cela que son impact est d'autant plus prégnant : il y a un effet miroir qui ne propose aucun effet déformant. Il renvoie au spectateur quelque chose de terriblement intime. :cry:

Il aurait été sympa que David Fincher regarde ce Naruse avant de s'atteler à son Gone Girl :mrgreen:
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Re: Mikio Naruse (1905-1969)

Message par bruce randylan »

Les larmes d'une femme (1937)

Bien que déjà amoureuse, une jeune fille se sent obligée d'accepter un mariage arrangé espérant y trouver malgré tout le bonheur. Vivant désormais chez sa belle-famille, elle ne tarde pas à être rapidement exploité comme femme à tout faire.

Un petit côté l'éclair avant l'heure dans ce drame qui manque un peu de caractère.
Connaissant très mal le cinéma d'avant guerre du cinéaste, j'ai un peu de mal à situer celui-ci qualitativement. C'est loin de la plénitude et la maîtrise qui viendra une quinzaine d'année plus tard mais on trouve en tout cas plusieurs éléments sous une forme embryonnaire déjà passionnant : cet art de la narration qui ne s'attarde jamais plus qu'il ne faut, des ellipses toujours adroitement placées, un talent certain pour l'observation et nous glisser dans le point de vue de sa protagoniste. Car évidement, il s'agit bien-sûr du portrait d'une femme en prise avec une société égoïste et patriarcale. Dès les années 30, le cinéaste prônait l'émancipation, l'indépendance, les mariages d'amour, une place des femmes dans la vie active et salariale... Le traitement est plutôt moderne et ne souffre à aucun moment de son âge, si ce n'est quelques moments où l'héroïne se referme dans un silence indignée un peu trop appuyé pour ne pas éviter un didactisme démonstratif. En tout cas, la réalisation est assez alerte et dynamique avec plusieurs travellings accompagnés de rapides panorama qui passent d'un membre de la famille à l'autre. Son découpage est également très précis, avec des inserts parfois fulgurants qui apportent un véritable plus à la scène (un fugace gros plans sur une démarche accélérée exprime plus qu'une ligne de dialogue ou un gros plan de visage).

Le film se suit avec un plaisir grandissant : si le début manque un peu de fluidité, la suite s'améliore rapidement une fois que l'épouse rejoint sa nouvelle famille et qu'on se prend à partager sa révolte et sa rage grandissante qu'on attend de voir exploser.
Il va sans dire que la fin ne prend pas trop de risque là dessus pour une conclusion jolie et optimiste qui fait souffler un beau vent de liberté. :)
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Re: Mikio Naruse (1905-1969)

Message par bruce randylan »

Le sifflement de Kotan (1959)

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A Hokkaido, une famille d'Aïnous se trouve confronter au racisme quotidien des Japonais. Si le père et les oncles se sont résignés à la pauvreté et aux moqueries, les enfants qui découvrent à peine ce genre de brimades ou d’humiliations sont révoltés par cette injustice.

Naruse affronte directement les discriminations subies par les Aïnous sur leur propres terres et il le fait avait beaucoup plus de finesse et d'intelligence que dans Serment rompu réalisé deux ans plus tard par un Kon Ichikawa se laissant aller au mélodrame lourdingue et larmoyant.
Le scénario de Naruse est à ce titre autrement plus riche et complexe, refusant le manichéisme, pour des personnages réalistes aux comportements crédibles. Il évoque sans détour ni fard, les Aïnous qui ont finis par accepter en silence leur sort, ceux qui préfèrent le cynisme et joue le jeu du folklore exotique pour touristes sans oublier les japonais hypocrites qui se donnent bonnes consciences mais qui sont incapables d'appliquer leurs jolis discours à leur propre famille. Au milieu de ça, il y a donc ces 2-3 enfants qui ne comprennent pas pourquoi ils devraient courber l'échine ou tourner le dos à leur ambitions de grandes études ou de carrières artistiques. En face d'eux, les écoliers semblent eux-mêmes ne pas comprendre vraiment les raisons de leur racisme et on sent que c'est quelque chose désormais d'ancré dans la société, presque d'inné.

Comme souvent chez le cinéaste, les troubles des personnages, leur rejet du comportement de leur proches, leur mépris pour leur condition de vie etc. est évoqué par le décor, le choix des couleurs et le cadrages : couleurs ternes ou monochrome pour l'intérieur de leurs maisons, extérieur ouvert et saturé d'un vert rassurant tandis que l'école propose des cadrages plus resserré et étouffant. Même la cour de l'établissement (où se déroule une scène clé) est un environnement oppressant, cerné de hautes herbes et d'industries polluantes.

Celà dit plus que la réalisation, qui n'est pas la plus concise et marquante de son auteur, ce sont vraiment les personnages des enfants/jeunes adolescent qui marquent les esprits : leur regards, leurs incompréhensions, leurs évolutions, leurs volonté de se révolter ou au contraire de s'en sortir avec optimisme. D'où plusieurs séquences très réussies et ne manquant pas d'intensité dramatiques et/ou émotionnelle : le désarroi de la fille à voir partir son prof d'art, le décision de son jeune frère de se suicider après une correction donnée à un "camarade" de classe, la gêne du proviseur de devoir justifier un refus pour un mariage, un cortège funéraire qui s'arrête pour laisser le cercueil jeter un dernier regard à la vallée... Des moments emplis d'une violence contenue sur le point d'exploser mais toujours traiter avec tact et délicatesse.
Toutefois, malgré ces nombreuses et évidentes qualités, le film est un peu desservi par quelques péripéties dramatiques qui ont l'air plaquées pour ne pas dire prévisibles (et pas si loin du mélodrame) avec notamment deux décès pas très subtilement amenés. Mais la qualité d'écriture des personnages (et leurs réactions) évite de s'appesantir pour mieux tirer la tonalité vers quelque chose d'autre. La fin, en particulier, s'en sort avec les honneurs malgré une tournure qui laissait craindre le pire.

Je n'ai peut-être pas été touché autant que j'aurais voulu mais c'est une très belle oeuvre sur un sujet toujours tabou au Japon (à l'époque de sa réalisation et même encore aujourd'hui).
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Message par Commissaire Juve »

Désolé du parasitage, mais tu devrais indiquer (à la fin de tes présentations par ex) de quelle manière tu vois tous ces films (vu en salle, vu à la cinémathèque, vu sur DVD, vu sur Youtube...).
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Re: Mikio Naruse (1905-1969)

Message par bruce randylan »

En général je le fait mais comme on évoquait le cycle quelques posts plus haut
bruce randylan a écrit :Les détails de la rétrospective qui se déroulera à la MCJP en avril comprenant 30 films :D

http://www.mcjp.fr/francais/cinema/retr ... kio-naruse
Dernière modification par bruce randylan le 28 mars 16, 12:03, modifié 1 fois.
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Re: Mikio Naruse (1905-1969)

Message par Commissaire Juve »

Je n'avais pas pensé à remonter le topic.

Mine de rien, si je me bougeais un peu les fesses, je pourrais en voir des choses intéressantes.
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Re: Mikio Naruse (1905-1969)

Message par bruce randylan »

Toujours à la MCJP
Tsuruhachi et Tsurujiro (1938)
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La joueuse de Shamisen forme un duo répété avec le chanteur Tsuruhachi qui fut le disciple de sa mère. Si le succès critique et public est présent, leur relation est souvent orageuse.

Une fois n'est pas coutume, c'est le personnage masculin qui se trouve au cœur du film, même si le partage sa partenaire est tout à fait équilibrée. C'est en tout cas autour du caractère impulsif et coléreux de Tsuruhachi que se construit l'intrigue, créant la tension avec son binôme lorsqu'il lui reproche fréquemment de jouer faux ou différemment de sa mère. Ce qui conduit à d'inéluctables ruptures de leur formation. Comme on s'en doute rapidement, ces disputes cachent aussi un amour que les deux héros ont du mal à exprimer.
Tout cela conduit à un film plaisant mais un peu trop répétitif puisqu'on assiste au moins à 4 scènes de brouilles/réconciliations en 90 minutes d'autant que les scènes de concerts sont elles aussi trop similaires (musicalement et formellement) pour ne pas échapper à une certaine lassitude. On peut d'ailleurs avancer qu'il ne s'agit pas de la réalisation la plus mémorable de Naruse qui manque un peu de fluidité.

C'est toujours regrettable car l'introduction était fort alléchante ; comme le rapprochement qui annonce le mariage et qui donnait de jolis moments, tendres, chaleureux et complices.
Le dernier quart remonte heureusement le niveau en approfondissant la psychologie de Tsuruhachi qui a connu la déchéance dans une carrière solo et qui a la possibilité de revenir sur le devant de la scène. Si le déroulement est forcément prévisible, la manière dont les séquences évoluent sont joliment écrites et amenées avec un "sacrifice" typiquement Narusien (à la différence qu'il provient d'un homme donc).


A l'inverse, un film comme la fille dont on parle (1935) que j'ai découvert en parallèle sur youtube à la MCJP est une très jolie réussite. Un film très court (à peine 54 minutes même si on se demande si certaines scènes ne sont pas manquantes) qui ne manque de richesse avec des personnages très rapidement esquissés pour un scénario concis et dense, portée par une réalisation alerte et précise qui décrit avec habilité la petite vie d'un quartier, sa galerie de personnage et les problèmes d'argents de cette famille vendeuse de saké. L'héroïne vaillante et courageuse est ainsi coincée entre deux époques, représentés par un grand-père dépensier et une petite fille trop émancipée, tous deux égoïstes à leur manière...

C'est certes un peu moralisateur mais jamais conservateur dans son traitement avec un personnage féminin là aussi typique de l'univers du cinéaste puisqu'elle décide de porter sur elle toute les responsabilités que sa famille ne veulent pas gérer au quotidien.
Les graves dernières minutes sont assez poignantes à ce titre sans que Naruse ne tire jamais sur la corde du pathos, juste une conclusion tristement logique à un délitement honteux et collectif sous le regard curieux des voisins.
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