Nagisa Oshima (1932-2013)

[Père Jules]

J'ai L'obsédé en plein jour et Le retour des trois soûlards que je n'ai toujours pas vus.
Si je me fie à toi, vaudrait mieux que je passe d'abord pas ceux-ci.

[gnome]

J'ai L'obsédé en plein jour et Le retour des trois soûlards que je n'ai toujours pas vus.
Si je me fie à toi, vaudrait mieux que je passe d'abord pas ceux-ci.

Oui

[monk]

Si je peux me permettre...
Pour moi L'Empire Des Sens a fonctionné en plein, j'ai trouvé ça magistral et d'une puissance rare. Il est vrai que je ne l'ai pas revu depuis des années, mais toujours est il que BAM !. Au delà de l'histoire qui a fait de ce film ce qu'il est, la Passion est quand même très puissante, jusqu'à l'obsession. Pour moi, il ne s'agit plus de sentiments à ce niveau là, mais d'oublie de soi, de passion extrème, d'obssession, jusqu'à une certaine folie donc. Et c'est très bien rendu. Un sacré film qu'on oublie pas.
Mais pour attaquer l'oeuvre d'Oshima, il n'est ni bon, ni mauvais parce qu'il est de sa "seconde période". Comme les films qui vont suivre, il n'est pas vraiment représentatif du gros de son oeuvre, même s'il pousse assez loin ses propres obessions pour le sex. C'est un film charnière, et un film important.
Tu peux donc le voir, indépendement du reste.
La "trilogie de la jeunesse" reste pour moi la meilleure porte d'entrée vers l'univers d'Oshima. Elle donne le ton de la majorité de son oeuvre, on sait alors à quoi s'attendre

[gnome]

Pour moi, il ne s'agit plus de sentiments à ce niveau là, mais d'oublie de soi, de passion extrème, d'obssession, jusqu'à une certaine folie donc. Et c'est très bien rendu.

Moi, j'ai du mal à comprendre et à adhérer à ça. Mais de fait, c'est une histoire d'obsession, de fixation qu'elle fait autour du sexe de son amant. Il y a de la folie dans son comportement et donc pas spécialement quelque chose qu'on peut expliquer par la raison. Et pour ça, c'est vrai, le film n'est pas trop mal réussi. Mais c'est filmé si froidement, qu'on s'en fout de bout en bout. C'est lent (et en général, j'aime les films lents), il n'y a pour ainsi dire aucune tension... Non, décidément, ça m'a laissé bien froid.

Un sacré film qu'on oublie pas.

Il y a de fait des scènes qu'on n'oublie pas. Je ne mangerai plus jamais les oeufs durs de la même façon...
Certains plans sont très beaux, mais c'est tout. Je trouve que la passion est bien mieux rendue dans La véritable histoire d'Abe Saada de Noboru Tanaka e ce même si je reconnais que les deux films ne jouent pas dans la même cour.

Mais encore une fois, ça n'engage que moi.

Mais pour attaquer l'oeuvre d'Oshima, il n'est ni bon, ni mauvais parce qu'il est de sa "seconde période". Comme les films qui vont suivre, il n'est pas vraiment représentatif du gros de son oeuvre, même s'il pousse assez loin ses propres obessions pour le sex. C'est un film charnière, et un film important.
Tu peux donc le voir, indépendement du reste.
La "trilogie de la jeunesse" reste pour moi la meilleure porte d'entrée vers l'univers d'Oshima. Elle donne le ton de la majorité de son oeuvre, on sait alors à quoi s'attendre

Tout à fait d'accord avec ce que tu dis là....

[magobei]

La "trilogie de la jeunesse" reste pour moi la meilleure porte d'entrée vers l'univers d'Oshima. Elle donne le ton de la majorité de son oeuvre, on sait alors à quoi s'attendre

J'abonde, particulièrement pour Une ville d'amour et d'espoir et L'enterrement du soleil: dans une veine "néo-réaliste", ils sont tous deux très accessibles. Contes cruel de la jeunesse peut à mon avis plus rebuter, de par le traitement de ses persos, éminemment antipathiques.

Sinon, pour ce qui est de l'Empire des sens, même si on n'adhère pas au propos, on ne peut que s'incliner sur la forme: c'est un caviar. Tout aussi beau, Les plaisirs de la chair: par contre, j'avais trouvé ça un peu pontifiant, voire chiant. Un de ces plans sexe-fric-pouvoir dont les représentants de la "Nouvelle Vague" nippone (Oshima et Yoshida notamment) ont eu tendance à abuser...

Il y aussi Nuit et brouillard au Japon, très radical, complètement dans le "presentational" pour citer Richie (c'est en gros un set de théâtre), mais foutrement intéressant. Mais mieux vaut avoir quelques notions du contexte politique, sinon tu risques d'être largué. Un peu comme si tu te mates Anno Uno sans fiches de lecture (c'est du vécu)

[gnome]

Sinon, pour ce qui est de l'Empire des sens, même si on n'adhère pas au propos, on ne peut que s'incliner sur la forme: c'est un caviar

Ce n'est pas tellement une question d'adhérer ou non au propos. C'est au réalisateur de te faire adhérer au propos et là, pour moi, il loupe le coche, même si la forme est caviar.Je trouve personnellement que Tanaka fait beaucoup mieux ressentir la passion qu'Oshima sur le même sujet.

[magobei]

Sinon, pour ce qui est de l'Empire des sens, même si on n'adhère pas au propos, on ne peut que s'incliner sur la forme: c'est un caviar

Ce n'est pas tellement une question d'adhérer ou non au propos. C'est au réalisateur de te faire adhérer au propos et là, pour moi, il loupe le coche, même si la forme est caviar.Je trouve personnellement que Tanaka fait beaucoup mieux ressentir la passion qu'Oshima sur le même sujet.

Enfin, c'est un peu l'histoire de la poule qui a fait l'oeuf ou de l'oeuf qui a fait la poule. La véritable histoire d'Abe Sada est plus, comme son titre le suggère, dans la reconstitution d'un fait divers réel; Tanaka documente son film, nous fait croire, par les faits, à l'histoire. C'est une approche plus linéaire, du storytelling plus classique (sans jugement de valeur).

Ai no corrida est plus dans la métaphore, l'allégorie; c'est un cinéma hyper formaliste, plus physique aussi. Du coup, j'ai de la peine à établir une hiérarchie, les deux étant fondamentalement différents. Je dirai presque complémentaires.

[gnome]

Ai no corrida est plus dans la métaphore, l'allégorie

Métaphore ou allégorie de quoi? J'ai du^passer à côté de ça alors...

Du coup, j'ai de la peine à établir une hiérarchie, les deux étant fondamentalement différents. Je dirai presque complémentaires.

Tout à fait, c'est pour ça que je ne dis pas que l'un est meilleur que l'autre, mais que l'un me touche plus que l'autre...

[bruce randylan]

Le journal d'un voleur de Shinjiku (1969)

Dans le quartier de Shinjiku, un adolescent féru de littérature entame une relation avec une vendeuse de librairie qui l'a surprit en train de voler une œuvre de Jean Genet.

Un film typique d'un artiste de la nouvelle vague en roue libre. C'est sans doute le film le plus godardien de Oshima : expérimental et avant-gardiste jusqu'à l'outrance, c'est un manifeste où l'indigeste côtoie le sublime. Oshima reste pourtant dans ses thèmes de prédilections : la jeunesse, la sexualité, les femmes, politique ou encore la culture (musique, théâtre, livre...).
Mais c'est surtout un gros bordel désorganisé qui mélange un peu tout et n'importe quoi dans un grand patchwork sans queue ni tête. Oshima se fait clairement plaisir mais il est difficile de rentrer dans ce déballage qui ne parle pas de grand chose et survole des problèmes sans véritablement en parler préférant le symbolisme à tout va. C'est par moment très lourd (le couple faisant l'amour sur une pile de livre) et à d'autres moments c'est sublime et très fort comme quand l'héroïne reproduit le geste du hara-kiri avec le sang de ses menstruations. L'ouverture sur cette horloge dont on casse le cadran pour voler l'aiguille est également géniale.

Enfin dans l'ensemble, ça reste un objet trop prisonnier de son époque (y compris dans son émulsion artistique et créative) qui cherche une nouvelle manière de « raconter » une histoire ou une situation en mettant en avant les private jokes, les amis et les gouts du cinéaste. Jean Genet y est cité dans tout les sens du terme, un (vraie) psychanalyste donne un cours sur la sexualité adolescente (belle brochette de lieux communs freudiens), on y voit des groupes de musiques et des troupes de théâtre en vogue du quartier de Shinjiku...
La aussi, l'inspiration est en dent de scie.

En gros, la partie histoire d'amour est la plus pertinente là où les parties sur Shinjiku me laisse vraiment perplexe.
Dans la première partie, Oshima s'amuse avec un humour curieux entre le graveleux (la poursuite avec un god ; toute la séquence de la course nocturne autour d'une passerelle circulaire) avec des gimmicks typiquement du réalisateur de Pierrot le fou (les différents sons/voix-off se superposant). Comme beaucoup de films indépendant de cette époque (Wakamatsu, Adachi), Oshima doit intégrer quelques passages en couleurs pour faire plaisir aux distributeurs. Ils choisit avec beaucoup d'intelligence les moments abandonnant le noir et blanc pour que l'arrivée des couleurs apportent un vrai sens.
Le tout souvent filmé dans de long plans à l'épaule loin d'être fluides ou naturels.

Par contre la parie « documentaire » est moins heureuse même si la chanson Ali Baba a son charme et qu'elle colle parfois bien aux images. Par contre toute la partie théâtre m'a vraiment beaucoup ennuyé. Je n'ai vraiment pas compris où il voulait en venir.

Bon, cet avis est bien brouillon mais toujours moins que le film
Comme on disait avec mon pote d'1kult, des fois, avoir la rigueur et les contraintes d'un vrai studio et d'un producteur derrière un cinéaste, c'est pas mal : les délires où un réalisateur jouit de toute les libertés posent bien des problèmes. C'est le cas clairement ici.

[gnome]

Moi, j'avais adoré ce film...

Puis, elle est craquante...

[bruce randylan]

Puis, elle est craquante...

Ca, je dit pas... Mais ca n'a pas suffit

Bon, ce soir : Il est mort après la guerre

[gnome]

Puis, elle est craquante...

Ca, je dit pas... Mais ca n'a pas suffit

J'avais voulu en faire des chroniques plus détaillées tellement j'avais été emballé, puis le temps m'a manqué.

Bon, ce soir : Il est mort après la guerre

J'avais adoré aussi celui-là.
Mes deux préférés de l'époque. Ce sont vraiment les deux films qui m'ont réconcilié avec Oshima.
Il est mort après la guerre est beaucoup moins brouillon que Journal d'un voleur de Shinjuku. Personnellement, je l'ai trouvé passionnant. Avec toujours les interventions un peu documentaires...

[bruce randylan]

Oui, ça m'a l'air pas mal du tout sur le papier (ce qui ne veut rien dire avec Oshima). C'est surtout la pendaison que j'attends dans cette rétro ATG

[gnome]

Oui, ça m'a l'air pas mal du tout sur le papier (ce qui ne veut rien dire avec Oshima). C'est surtout la pendaison que j'attends dans cette rétro ATG

La pendaison a été mon film du mois en mai 2010. Tu ne seras pas déçu !

[monk]

J'avais été aussi très emballé par le voleur de shinjuku, à l'époque, il y a quelques années maintenant (ça me fait même drôle de penser que je l'ai vu "il y a quelques années" déjà ) Son souvenir s'efface un peu, reste la sensation. J'avsi consigné mes avis sur Oshima dans un thread dédié sur feu-DVDrama, tout est perdu maintenant... J'aimerais beaucoup tout me refaire de manière chronologique, un jour sans doute.

Quand à la pendaison, vu à la même époque, les souvenirs sont beuacoup plus précis, parce que le film est bien meilleur je pense. Un des titres phares d'Oshima, indéniablement.