Quo Vadis (Mervyn LeRoy - 1951)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Profondo Rosso
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Re: Quo Vadis (Mervyn LeRoy - 1951)

Message par Profondo Rosso »

Ah je n'avais pas vu le topic je remet ici ça fera du boulot en moins pour Nestor :mrgreen:

Quo Vadis de Mervyn LeRoy (1951)

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L'empire romain est à l'apogée de sa gloire. De retour de campagne, l'un des chefs des légions victorieuses, Marcus Vinicius(Robert Taylor), revient à Rome pour recevoir les honneurs de Neron dont le nom est synonyme de tyrannie. Il va s'éprendre d'une chrétienne (Deborah Kerr) alors que Néron fomente de réduire Rome en cendres. C'est bientôt le chaos dans la capitale du plus grand empire du monde...


Troisième du roman de Henry Sienkiewicz (qui lui valu le prix nobel en 1905) après une adaptation italienne à succès en 1913 et une hollywoodienne en 1925. Cette nouvelle version fut une production de longue haleine pour la MGM puisqu'elle fut mise en oeuvre dès les années 30 avant que la crise, puis la seconde guerre mondiale (le tournage fut toujours envisagé en Italie) en recule le tournage. Entre temps John Huston se vit confier la réalisation, Gregory Peck le rôle du général romain et Elizabeth Taylor (qui abordera finalement le genre avec éclat pour le monumental "Cléopatre). Peck souffrant jete l'éponge, Huston avec et c'est le grand Mervyn LeRoy qui reprend les rêne et aborde pour la première fois la fresque historique (plus connu pour des films de gangsters secs et nerveux comme "Little Caesar avec Edward G. Robinson) tandis que Robert Taylor (déjà sensé jouer le rôle lors de la tentative des années 30) remplace Peck.

Grande prise de risque pour la MGM avec un budget colossal et un tournage à Cinecitta (en ruine durant l'après guerre et reconstruit par la MGM pour le film ce qui contribuera à aux renouveaux de ses studios mythique), le film est le précurseur de toutes la vague de fresques épique et bibliques qui vont envahir Hollywood durant les années 50, notamment "La Tunique" en 1953,calqué sur son modèle mais en moins réussi.

Récit de l'émergence des premiers chrétiens durant le règne du cruel Neron, le film malgré ses moyens énormes, adopte finalement un ton assez intimiste. Le récit nous narre la rencontre entre le chef romain Marcus Vinicius et la chrétienne Lygie. Marcus Vinicius est présenté pendant un long moment de la manière la plus antipathique, étendard de la fierté et de l'arrogance romaine. Méprisant envers les autres races, coureur de jupons il est cependant ébranlé par Lygie qui refuse ses avances et ne trouvera rien de mieux que de la racheter de force pour s'assurer ses faveurs. Un très belle prestation de Robert Taylor qui restera hermétique à la chrétienté pratiquement jusqu'au bout, ne mettra sa situation en danger que pour Lygie et n'invoquera le christ que lorsque celle ci semblera perdue. Un charisme parfait et une fière allure en armure romaine confère toute l'assurance nécéssaire avant que ses certitudes se fissurent lentement. Face à lui Deborah Kerr incarne la pureté et l'innocence virginale, à la beauté troublante (belle dernière scène sacrificielle en toge transparente) et qui expriment parfaitement le déchirement de son personnage entre l'amour (et l'attirance sexuelle) qu'elle ressent pour Marcus et sa foi inébranlable. Mais bien sûr celui qui vole presque le film, c'est Peter Ustinov en Neron, à la frontière entre le gros cabotinage et le génie. Pitoyable, monstrueux, ridicule, terrifiant, c'est un Neron haut en couleur se croyant au dessus des hommes, croisement entre amusement enfantin et pulsion sanguinaire, qui va faire brûler Rome par seule vocation artistique. N'oublions pas également un excellent Leo Genn, point d'équilibre du film en observateur cynique et distancié des évènements qui se voit offrir une scène de mort émouvante et pleine de panache.

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LeRoy décrit avec un beau pouvoir d'émerveillement la foi chrétienne émergente, avec un bel usage de l'iconographie chrétienne lors des flashback de Pierre sur Jesus Christ avec ses cadrages inspiré et sa lumière divine (magnifique photo de Robert Surtees), lors des scène de sermons où il saisit le regard habité des croyants, occasionnant certains des plus beaux moments du film. Croyant ou pas, on ne peut qu'être captivé, porté par le score parfait de Miklos Rosza. LeRoy parvient à trouver le ton juste et éviter l'emphase qui peuvent gâcher d'autres films biblique un peu trop pieux pour le cinéphile qui n'en demande pas tant.
A l'opposé, toute l'imagerie spectaculaire et luxueuse (avec des palais gigantesque et saisissant de détails) se fait dans la description de Rome avec son lot de moments impressionnants : l'arrivée triomphale de Marcus dans Rome, le final dans le colisé et bien sûr l'incendie de Rome par Neron. Ce dernier un sans doute la scène la plus marquantes, une pures vision d'apocalypse avec ses milliers de figurants brûlés vif ou ensevelis sous des édifices gigantesque, très grande scène.

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Le final est également d'une puissance incroyable avec ses chrétiens livrés en pâture à des fauves dans les arènes, conservant chantant pour se donner du courage dans leurs derniers instants. Malgré la brutalité de la scène, on reste quand même loin du sadisme et de la sauvagerie extrème qu'offrait De Mille dans "Le Signe de La Coix" . Le pic d'intensité est atteint lorsque Deborah Kerr se retrouve seule dans l'arène attaché face à un taureau et héroïquement défendu par son serviteur Ursus, Taylor s'abandonnant enfin à la foi parallèlement.

Très grand film donc, même si on a fait mieux dans un registre similaire quelques années plus tard avec "les Dix Commandements", "Quo vadis" reste un film marquant du genre. 5,5/6


Et encore quelques jolies capture attention les yeux !

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Frank Bannister
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Re: Quo Vadis (Melvyn LeRoy, 1951)

Message par Frank Bannister »

Boubakar a écrit :J'ai l'impression que, de plus en plus, les magasins ne respectent plus les dates de sortie en les vendant 4 à 5 jours plus tôt.
C'est peut-etre vrai pour les petits magasins qui échappent à certains controles mais pas pour les grandes enseignes qui sont obligés de respecter les dates de sortie officielle.
someone1600
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Re: Quo Vadis (Mervyn LeRoy - 1951)

Message par someone1600 »

Ca a l'air plutot intéressant comme film. :wink:
Droudrou
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Re: Quo Vadis (Mervyn LeRoy - 1951)

Message par Droudrou »

Puisque je parcourais l'index des films de DVD Classik, j'ai été surpris de ne pas y trouver une critique du SPARTACUS de Kubrick... Surprenant ! D'autant qu'il y a une excellente analyse d'EXODUS et qu'on y retrouve Dalton Trumbo au niveau du scénario...
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frédéric
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Re: Quo Vadis (Mervyn LeRoy - 1951)

Message par frédéric »

Je l'ai revu récemment, c'est vraiment magnifique, le technicolor est à tomber et les scènes de foules vraiment spectaculaire. Un poil longuet au début, mais le jeu de Peter Ustinov et la deuxième partie emporte le tout.

Par contre, personne n'a signalé et c'est étrange que ce film était un quasi remake du Signe de la croix de De Mille ? Où c'est De Mille qui a fait une adaptation officieuse du roman ?
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Cathy
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Re: Quo Vadis (Mervyn LeRoy - 1951)

Message par Cathy »

D'après Imdb effectivement l'auteur de Quo Vadis a inspiré le Signe de la Croix mais Sienkiewicz n'a pas été crédité au générique.
frédéric
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Re: Quo Vadis (Mervyn LeRoy - 1951)

Message par frédéric »

Cathy a écrit :D'après Imdb effectivement l'auteur de Quo Vadis a inspiré le Signe de la Croix mais Sienkiewicz n'a pas été crédité au générique.

OK, merci pour l'info.
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Jeremy Fox
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Re: Quo Vadis (Mervyn LeRoy - 1951)

Message par Jeremy Fox »

Même si ce péplum n'atteint certes pas la puissance d'un Spartacus il s'agit néanmoins d'un des sommets du genre. D'abord pour les amoureux du Technicolor qui en prennent plein les yeux car la débauche de couleurs est absolument hallucinante ; rarement costumes et décors auront paru si riches et chatoyants. Ensuite pour les amateurs de Peter Ustinov qui trouve ici en Néron l'un de ses rôles les plus grandioses et savoureux, les dialoguistes l'ayant grandement gâté ; Deborah Kerr aura rarement été aussi divinement belle, Marina Berti n'étant pas en reste ; Robert Taylor magistral en odieux personnage durant presque les 2/3 du film avant de se racheter dans les grandes largeurs ; Leo Genn excellent en Petrone (superbe séquence de sa mort). Mervyn LeRoy filme le tout avec beaucoup de professionnalisme et bénéficie d'un excellent scénario -ne sombrant presque jamais dans le prêchi-prêcha- et de superbes dialogues. Des choses ont un peu mal vieilli mais dans l'ensemble c'est du très bon.
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Re: Quo Vadis (Mervyn LeRoy - 1951)

Message par Supfiction »

Jeremy Fox a écrit :Même si ce péplum n'atteint certes pas la puissance d'un Spartacus il s'agit néanmoins d'un des sommets du genre. D'abord pour les amoureux du Technicolor qui en prennent plein les yeux car la débauche de couleurs est absolument hallucinante ; rarement costumes et décors auront paru si riches et chatoyants. Ensuite pour les amateurs de Peter Ustinov qui trouve ici en Néron l'un de ses rôles les plus grandioses et savoureux, les dialoguistes l'ayant grandement gâté ; Deborah Kerr aura rarement été aussi divinement belle, Marina Berti n'étant pas en reste ; Robert Taylor magistral en odieux personnage durant presque les 2/3 du film avant de se racheter dans les grandes largeurs ; Leo Genn excellent en Petrone (superbe séquence de sa mort). Mervyn LeRoy filme le tout avec beaucoup de professionnalisme et bénéficie d'un excellent scénario -ne sombrant presque jamais dans le prêchi-prêcha- et de superbes dialogues. Des choses ont un peu mal vieilli mais dans l'ensemble c'est du très bon.
As-tu trouvé Sophia Loren parmi les figurantes ?
Le film passera sur ARTE dimanche soir pour ceux qui veulent le voir. Je trouve que les péplums ont d'une manière générale assez mal vieilli, beaucoup plus que les autres genres. Mais rien que pour Deborah Kerr, ça vaut le coup d’œil.
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Jeremy Fox
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Re: Quo Vadis (Mervyn LeRoy - 1951)

Message par Jeremy Fox »

Supfiction a écrit :
As-tu trouvé Sophia Loren parmi les figurantes ?
Non mais je n'étais même pas au courant. S'il s'agit d'une copie HD lors de sa diffusion, ça devrait être un régal pour les yeux.
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hellrick
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Re: Quo Vadis (Mervyn LeRoy - 1951)

Message par hellrick »

Jeremy Fox a écrit : Des choses ont un peu mal vieilli mais dans l'ensemble c'est du très bon.
+1.

Voir les grands péplums en HD c'est du bonheur.
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frédéric
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Re: Quo Vadis (Mervyn LeRoy - 1951)

Message par frédéric »

Diffusion le 23 Juin à 21h05 sur ... C8 :shock: .
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