Billy Wilder (1906-2002)
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Re: Billy Wilder (1906-2002)
J'imagine qu'il faut être passé par là pour que persiste, quand bien même la reconnaissance est désormais effective, le sentiment que c'est l'issue d'une longue lutte.
C'est, mutatis mutandis, un peu comme quand je m'émerveille de pouvoir consulter mes e-mails sur mon téléphone au milieu d'une foret écossaise, voire envoyer des photos de ce que je vois à mes amis, alors que pour ma fille, c'est la chose la plus banale du monde (sous cet angle, l'exotisme consisterait en un lieu où l'on ne peut pas consulter son téléphone, mais ce serait un exotisme honni, comme l'absence d'eau chaude ou d'électricité). Elle ne comprend donc pas que je souligne lourdement l'avancée technologique pour désigner un phénomène avec lequel elle a toujours vécu...
Pour ma part, je perçois donc dans cette insistance de Michel Ciment l'illustration de ce qu'a pu être cette opposition ancienne entre les deux revues, qu'on qualifie aujourd'hui de guéguerre, mais qui me semble avoir été d'une autre intensité que cela pour ses protagonistes. Même aujourd'hui, alors que le monde de la critique a profondément évolué, il en reste quelque chose.
Cela dit, nous sommes d'accord sur le fait qu'aujourd'hui, Billy Wilder bénéficie d'une reconnaissance assez large, et que Certains l'aiment chaud ou Sunset Boulevard sont reconnus comme des classiques.
Cela ne retire en rien l'intérêt de cette discussion, qui a le mérite de me rappeler les difficultés qu'il a connu sur la fin de sa carrière, et combien la "liberté", l'affranchissement des studios, s'est accompagnée d'une précarité douloureuse...
C'est, mutatis mutandis, un peu comme quand je m'émerveille de pouvoir consulter mes e-mails sur mon téléphone au milieu d'une foret écossaise, voire envoyer des photos de ce que je vois à mes amis, alors que pour ma fille, c'est la chose la plus banale du monde (sous cet angle, l'exotisme consisterait en un lieu où l'on ne peut pas consulter son téléphone, mais ce serait un exotisme honni, comme l'absence d'eau chaude ou d'électricité). Elle ne comprend donc pas que je souligne lourdement l'avancée technologique pour désigner un phénomène avec lequel elle a toujours vécu...
Pour ma part, je perçois donc dans cette insistance de Michel Ciment l'illustration de ce qu'a pu être cette opposition ancienne entre les deux revues, qu'on qualifie aujourd'hui de guéguerre, mais qui me semble avoir été d'une autre intensité que cela pour ses protagonistes. Même aujourd'hui, alors que le monde de la critique a profondément évolué, il en reste quelque chose.
Cela dit, nous sommes d'accord sur le fait qu'aujourd'hui, Billy Wilder bénéficie d'une reconnaissance assez large, et que Certains l'aiment chaud ou Sunset Boulevard sont reconnus comme des classiques.
Cela ne retire en rien l'intérêt de cette discussion, qui a le mérite de me rappeler les difficultés qu'il a connu sur la fin de sa carrière, et combien la "liberté", l'affranchissement des studios, s'est accompagnée d'une précarité douloureuse...
I love movies from the creation of cinema—from single-shot silent films, to serialized films in the teens, Fritz Lang, and a million others through the twenties—basically, I have a love for cinema through all the decades, from all over the world, from the highbrow to the lowbrow. - David Robert Mitchell
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Re: Billy Wilder (1906-2002)
Pour revenir d'ailleurs sur ce point
Le fait qu'il ait longtemps été difficile à voir, le dernier chant du cygne en reprenant un canevas à la Sunset Boulevard, il n'en faut pas plus pour qu'on lui prête aujourd'hui beaucoup plus de qualités qu'il n'en a.
je suis un peu étonné de voir tant d'enthousiasme autour de la "redécouverte" de Fédora. A la dernière révision, le film m'est complètement tombé des yeux.N.T.B. : Il y a probablement également une réévaluation de la carrière de Wilder selon la tendance classique qui consiste à dire que ce qu’il y avait avant était forcément mieux. Quand Wilder faisait ses films tardifs, qui aujourd’hui sont considérés comme de grands films, on disait qu’ils étaient moins bons que ceux qu’il faisait avant. Quand Embrasse-moi, idiot sort, on dit que c’est beaucoup moins bien que Certains l’aiment chaud.
Le fait qu'il ait longtemps été difficile à voir, le dernier chant du cygne en reprenant un canevas à la Sunset Boulevard, il n'en faut pas plus pour qu'on lui prête aujourd'hui beaucoup plus de qualités qu'il n'en a.
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Re: Billy Wilder (1906-2002)
Pareil pour Fedora et la surestimation. Mais bon la surenchère se généralise tellement que je n'y prête plus attention. J'estime avoir assez de cinéphilie pour ne plus dépendre de l'avis des autres. Et les avis sont souvent des interprétations personnelles, pas des faits.AtCloseRange a écrit :je suis un peu étonné de voir tant d'enthousiasme autour de la "redécouverte" de Fédora. A la dernière révision, le film m'est complètement tombé des yeux.
Le fait qu'il ait longtemps été difficile à voir, le dernier chant du cygne en reprenant un canevas à la Sunset Boulevard, il n'en faut pas plus pour qu'on lui prête aujourd'hui beaucoup plus de qualités qu'il n'en a.
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Re: Billy Wilder (1906-2002)
J'ai revu Fedora il y a peu et je me suis faich... dans les grandes largeurs.AtCloseRange a écrit :Pour revenir d'ailleurs sur ce pointje suis un peu étonné de voir tant d'enthousiasme autour de la "redécouverte" de Fédora. A la dernière révision, le film m'est complètement tombé des yeux.N.T.B. : Il y a probablement également une réévaluation de la carrière de Wilder selon la tendance classique qui consiste à dire que ce qu’il y avait avant était forcément mieux. Quand Wilder faisait ses films tardifs, qui aujourd’hui sont considérés comme de grands films, on disait qu’ils étaient moins bons que ceux qu’il faisait avant. Quand Embrasse-moi, idiot sort, on dit que c’est beaucoup moins bien que Certains l’aiment chaud.
Le fait qu'il ait longtemps été difficile à voir, le dernier chant du cygne en reprenant un canevas à la Sunset Boulevard, il n'en faut pas plus pour qu'on lui prête aujourd'hui beaucoup plus de qualités qu'il n'en a.
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Re: Billy Wilder (1906-2002)
pas mieux.Federico a écrit :J'ai revu Fedora il y a peu et je me suis faich... dans les grandes largeurs.AtCloseRange a écrit :Pour revenir d'ailleurs sur ce point
je suis un peu étonné de voir tant d'enthousiasme autour de la "redécouverte" de Fédora. A la dernière révision, le film m'est complètement tombé des yeux.
Le fait qu'il ait longtemps été difficile à voir, le dernier chant du cygne en reprenant un canevas à la Sunset Boulevard, il n'en faut pas plus pour qu'on lui prête aujourd'hui beaucoup plus de qualités qu'il n'en a.
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Re: Billy Wilder (1906-2002)
Même sentiment que vous quatre, en moins radical.
Je me souviens avoir été emballé par Fedora lorsque je l’avais découvert à la télé au milieu des années 80. Revu 10 ans plus tard, ce fut une petite déception. Ca m’avait paru très inégal, un peu cheap et assez rocambolesque.
Néanmoins, je trouve que ça reste à voir. Le sujet est quand même magnifique, élevé par le regard acéré que porte Wilder sur son art. Et puis William Holden assure.
Je me souviens avoir été emballé par Fedora lorsque je l’avais découvert à la télé au milieu des années 80. Revu 10 ans plus tard, ce fut une petite déception. Ca m’avait paru très inégal, un peu cheap et assez rocambolesque.
Néanmoins, je trouve que ça reste à voir. Le sujet est quand même magnifique, élevé par le regard acéré que porte Wilder sur son art. Et puis William Holden assure.
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Re: Billy Wilder (1906-2002)
Totalement en phase avec ça...AtCloseRange a écrit :Pour revenir d'ailleurs sur ce pointje suis un peu étonné de voir tant d'enthousiasme autour de la "redécouverte" de Fédora. A la dernière révision, le film m'est complètement tombé des yeux.N.T.B. : Il y a probablement également une réévaluation de la carrière de Wilder selon la tendance classique qui consiste à dire que ce qu’il y avait avant était forcément mieux. Quand Wilder faisait ses films tardifs, qui aujourd’hui sont considérés comme de grands films, on disait qu’ils étaient moins bons que ceux qu’il faisait avant. Quand Embrasse-moi, idiot sort, on dit que c’est beaucoup moins bien que Certains l’aiment chaud.
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Re: Billy Wilder (1906-2002)
Pardon, j'avais raté la discussion ; au départ, ma question évoquant le "regain d'intérêt" n'était pas tant de savoir si Wilder est mieux considéré aujourd'hui qu'à l'époque, mais pourquoi en 2013, 5 distributeurs, indépendamment les uns des autres, ressortent simultanément des films de Wilder en salles, dont certains pour la première fois depuis leur première.AtCloseRange a écrit :Surtout si c'est pour revenir à chaque fois à la réception à la sortie des films, c'est complètement dépassé ce discours "réhabilitation de Wilder".
Pour avoir débuté ma cinéphilie dans les années 80, à l'époque, il n'y a déjà plus vraiment de discussion sur les qualités de Wilder et sur tous ses grands films. Alors en reparler encore aujourd'hui et en parlant de "regain d'intérêt" pour lui, je ne sais vraiment pas d'où ça sort.
Bon, ils ont répondu sur le premier point, ce que je peux comprendre aussi, dans la mesure où il existe encore des gens (plutôt issus des Cahiers, d'où la gueguerre récurrente) qui dédaignent un peu Wilder : lors de l'émission Projection privée consacrée au cinéaste, Dominique Païni disait que "ce n'était quand même pas un styliste et qu'en terme de mise en scène, c'était plutôt faible" ; et d'autre part, parce que ces derniers temps, ce ne sont pas les "grands films" unanimement considérés qui sont "réhabilités", mais ceux qui avaient été mal reçus et qui ont progressivement tendance à être mieux vus depuis (Le Gouffre aux chimères, Spéciale Première, Irma la douce, Stalag 17... dont on ne peut pas dire que, jusqu'à maintenant, ils aient souvent été cités dans les "incontournables" de Wilder).
Ensuite, concernant ceci :
vous serez ravis de constater que DVDClassik n'est pas spécialement tombé dans cet écueil :monfilm a écrit :Pareil pour Fedora et la surestimation. Mais bon la surenchère se généralise tellement que je n'y prête plus attention.AtCloseRange a écrit :je suis un peu étonné de voir tant d'enthousiasme autour de la "redécouverte" de Fédora. A la dernière révision, le film m'est complètement tombé des yeux.
Le fait qu'il ait longtemps été difficile à voir, le dernier chant du cygne en reprenant un canevas à la Sunset Boulevard, il n'en faut pas plus pour qu'on lui prête aujourd'hui beaucoup plus de qualités qu'il n'en a.
on peut ainsi comprendre ceux qui affirment que Fedora est un film raté : ce qui le rend fascinant ne réside ainsi pas toujours autant dans ses intentions que dans ce qu’il permet d’y projeter (et l'on pourra alors toujours se réfugier dans un autre adage cinéphile bien connu - plus contestable - qui prétend que les films ratés des grands cinéastes valent aussi le coup d’œil). En tout état de cause, il nous semble que Fedora mérite mieux que cela ; mais ceux qui l’ont longtemps fantasmé, notamment suite à cet interminable passage dans le purgatoire de l’invisibilité, et qui attendent en conséquence le "chef d’œuvre maudit" de Billy Wilder, doivent toutefois être prévenus qu’il n’en est rien. Il s’agit d’un film bancal, probablement trop théorique et dès lors un peu froid, parsemé de fulgurances romantiques comme de véritables maladresses, mais qui a surtout le précieux mérite de témoigner du regard vieillissant d’un maître sur son art.
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Re: Billy Wilder (1906-2002)
Oui, le problème n'est pas tant de savoir si Wilder est ou non un grand cinéaste puisque la plupart des cinéphiles s'accordent au moins sur le fait qu'il fut un réalisateur qui compta. Ce qui me gène, c'est que certains admirateurs (souvent très éclairés) donnent l'impression que parce qu'un artiste a conçu des oeuvres majeures, toute sa production est obligatoirement digne d'intérêt. Remarque valable pour Wilder comme pour d'autres, hein ? Je ne fais pas une fixation.
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Re: Billy Wilder (1906-2002)
C'est la conséquence fâcheuse (et effectivement un peu pénible) de la politique des auteurs.Federico a écrit :Oui, le problème n'est pas tant de savoir si Wilder est ou non un grand cinéaste puisque la plupart des cinéphiles s'accordent au moins sur le fait qu'il fut un réalisateur qui compta. Ce qui me gène, c'est que certains admirateurs (souvent très éclairés) donnent l'impression que parce qu'un artiste a conçu des oeuvres majeures, toute sa production est obligatoirement digne d'intérêt. Remarque valable pour Wilder comme pour d'autres, hein ? Je ne fais pas une fixation.
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Re: Billy Wilder (1906-2002)
Je m'étais pas mal emmerdé moi aussi devant ce Fedora. L'impression d'assisté aux derniers soupirs de l'âge d'or du cinéma américain avant qu'il ne soit définitivement balayé par la nouvelle génération de cinéastes comme Cimino, Friedkin, Coppola, Scorsese etc.. C'était un type de cinéma qui était déjà plus tellement en phase avec son époque.
Dernière modification par julien le 16 sept. 13, 14:34, modifié 1 fois.
"Toutes les raisons évoquées qui t'ont paru peu convaincantes sont, pour ma part, les parties d'une remarquable richesse." Watki.
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Re: Billy Wilder (1906-2002)
Où le mot le plus fâcheux fut davantage celui de politique que celui d'auteur.Jeremy Fox a écrit :C'est la conséquence fâcheuse (et effectivement un peu pénible) de la politique des auteurs.Federico a écrit :Oui, le problème n'est pas tant de savoir si Wilder est ou non un grand cinéaste puisque la plupart des cinéphiles s'accordent au moins sur le fait qu'il fut un réalisateur qui compta. Ce qui me gène, c'est que certains admirateurs (souvent très éclairés) donnent l'impression que parce qu'un artiste a conçu des oeuvres majeures, toute sa production est obligatoirement digne d'intérêt. Remarque valable pour Wilder comme pour d'autres, hein ? Je ne fais pas une fixation.
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Re: Billy Wilder (1906-2002)
Pas convaincu non plus par le deuxième terme si c'est pour mépriser d'un autre côté les "artisans"Federico a écrit :Où le mot le plus fâcheux fut davantage celui de politique que celui d'auteur.Jeremy Fox a écrit : C'est la conséquence fâcheuse (et effectivement un peu pénible) de la politique des auteurs.
Bref, elle a eu du bon certes mais a fait aussi quelques dégâts et continue encore à en faire :
Ex : J'adore Michel Ciment (mon critique préféré) mais il ne peut s'empêcher d'adorer absolument tous les films de ses cinéastes fétiches. Et franchement, parfois je ne crois guère à sa sincérité.
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Re: Billy Wilder (1906-2002)
ça tombe bien, c'est exactement le sujet du filmjulien a écrit :C'était un type de cinéma qui était déjà plus tellement en phase avec son époque.
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Re: Billy Wilder (1906-2002)
C'est un sujet annexe mais pas le réel coeur je trouve.