Billy Wilder (1906-2002)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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allen john
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Re: Billy Wilder (1906-2002)

Message par allen john »

yaplusdsaisons a écrit :
allen john a écrit :

Ayé. On n'a qu'à laisser ce petit échange, il ne manque pas de sel.
A nos âges on a quand même bien le droit de rigoler un peu!
Pour sur, avant qu'on ne soit "poétiquement altérés".
allen john
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Re: Billy Wilder (1906-2002)

Message par allen john »

AVANTI! (1972)

Avanti, ou l'art de rebondir d'une façon inattendue. l'échec public de The private life of Sherlock Holmes avait de quoi rendre bougon, et le tour de cochon joué à Wilder par ses producteurs aurait pu le terrasser de façon durable, mais deux ans après cette douloureuse expérience, voici un film drôle, sentimental, impertinent, et léger, en dépit de sa longueur. Situé entre la gravité du précédent, et la frénésie du suivant (The front page, 1974), c'est une halte bienvenue...

"Permesso?" Cette demande à la fois polie et obligée, c'est bien sur ce que dans un hôtel le personnel demande au client afin de savoir s'il a ou non le droit d'entrer. "Avanti!": voilà la réponse à donner, et voilà donc ce que nous dit Wilder, et de fait le rythme du film est au début du moins, apparemment rapide: Avanti! Wendell Armbruster Jr (Jack Lemmon) a un avion à attrapper, et le voilà, sur l'écran, qui quitte le jet privé de la compagnie qui porte le nom de son père. On le distingue bien même à distance, il porte un gilet rouge par dessus une tenue de golf. Il prend donc l'avion, avec si peu de bagages, et trouve un homme avec lequel échanger ses vêtements. on apprendra, à la douane Italienne, qu'il est venu en quatrième vitesse, parce qu'il a eu une mauvaise nouvelle. On apprend, en même temps, que le monsieur est un type pressé, manquant totalement d'humour, et assez franchement désagréable, ce que les fonctionnaires Italiens commencent gentiment à lui faire payer dès l'aéroport. Il doit donc se rendre à Ischia, dans la baie de Naples, ou son père qui prenait ses vacances annuelles a eu un accident de voiture, et est décédé. Comme il va devenir sous peu le remplaçant de son père, et que la situation de l'entreprise n'est pas brillante, il faut faire vite.

Seulement Wendell Armbruster n'est pas seul: dans le même train, dans le même bateau, et bientôt dans le même hôtel, une jeune Anglaise, Pamela Piggott semble le suivre. Armbruster apprend la raison: son père n'était pas seul dans l'accident, il y avait aussi une femme, Katherine, la mère de Katherine. Par ailleurs, Armbruster apprend que les deux tourtereaux en étaient à leur dixième période de vacances ensemble...

A coté de la rencontre entre miss Piggott, l'Anglaise complexée et minée par son obsession du surpoids (Juliet Mills), et Wendell Armbruster, l'homme pressé et conservateur qui n'a jamais pris le temps d'apprécier la vie, on fera la connaissance aussi de signor Carlucci, un gérant de l'hôtel particulièrement arrangeant pour les enfants de ceux qu'il considérait comme ses amis; on verra aussi Bruno, maitre d'hôtel et maître chanteur, qui possède un certain nombre de photos compromettantes, ainsi qu'une maitresse encombrante; sinon, il y aura la famille Trotta, Napolitaine pur jus, qui a une vision de la vie qui implique l'abduction éventuelle des êtres chers, en échange de rétribution, et tout ce petit monde est mené au pas de charge dans une intrigue sans temps mort, du moins le croit-on tant que Wendell Armbruster, éternel homme pressé, tient la barre. Seulement, de la découverte de la double vie de son père, à la désagréable habitude des habitants de la région de prendre leur temps, en passant pas les désirs de Miss Piggott, qui vont à l'encontre de siens en ce qui concerne les arrangements funéraires, Armbruster voit vite que la partie est loin d'être à son avantage... En dépit donc de son obsession d'imposer son rythme personnel à tout ce qui passe autour de lui, Armbruster va finalement, comme Miss Piggott, se laisser aller, et succomber au charme de l'endroit, comme l'avaient fait avant eux leurs parents...

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Golfeur au début du film, un homme comme Wendell ne pouvait faire que ce sport de riches. Le vêtement en est d'ailleurs aussi codé que ridicule en toute autres circonstances, ce qui permet aux premières scènes de charger le pauvre Lemmon de tout un poids satirique: voilà bien un Américain de la bonne société; comme il s'appelle Armbruster, on sent l'homme habitué à diriger: son nom est doté d'un suffixe (Er) qui l'identifie comme un actif. De fait, il se comporte au début en véritable dictateur, ou comme une armée en conquête. Le seul autre Américain vivant du film, le diplomate-barbouze qui vient en hélicoptère pour chercher le corps paternel, se comporte de façon encore pire: il passe son temps à pester contre les Italiens, qu'il appelle "Foreigners", soit etrangers, assure que c'était mieux sous Mussolini, et n'a aucune ouverture d'esprit. On juge d'autant mieux de la transformation du personnage principal...

Miss Piggott, quant à elle, est affublée d'un nom qui la condamnait en effet à cultiver des complexes, et les allusions à son poids sont nombreuses; mais au moins, elle vient préparée: c'est elle, dans le bateau, qui rappelle à un Armbruster indifférent qu'en Italien, le simple fait de demander du savon, revient à chanter un opéra... Elle succombera d'autant plus vite à la magie des lieux. d'autant que contrairement à Wendell, elle savait ce qui se passait tous les étés. A ce sujet, Roger Ebert à la sortie du film se plaignait que le personnage de Lemmon mette si longtemps à comprendre la nature des vacances de son père, et estimait que ça mettait le personnage en porte-à-faux vis-à-vis du public; il me semble que c'est justement le but de Wilder.

Cette délicieuse comédie qui se laisse vite porter par le rythme particulier du lieu, et ralentit considérablement sur la dernière heure, a bénéficié de la permissivité du début des années 72, ce qui apparait dans un certain nombre de scènes. La première est un gag splendide, entièrement visuel, qui repose sur le fait qu'Armbruster doit se changer une fois dans l'avion. Il trouve un homme auquel proposer un échange de vêtements, et ils vont tous les deux dans les toilettes. Pas un mot n'est prononcé, mais la réaction de tout le monde dans l'avion est hilarante. Sinon la fameuse scène de la baignade, durant laquelle les deux acteurs sont totalement nus, à l'exception des chaussettes noires de Lemmon, est justement célèbre; certains commentateurs du film se plaignent de ces scènes de nudité pour leur manque d'érotisme! C'est vrai quà notre époque de silhouettes calibrées, ces scènes détonnent. Tant mieux: de fait, les acteurs, aussi peu habitués à se déshabiller que leurs personnages, révèlent une peau peu habituée à être si exposée. Il me semble que cette franchise sert plutôt bien le film... Sinon, on est définitivement dans le monde magique des comédies de Wilder, avec ses personnages de conte de fée, soin Carlucci-bonne fée, qui arrange tout en avance. C'est la deuxième fois que Clive Revill joue pour Wilder; la fois précédente, c'était pour incarner un Russe, ici, c'est avec l'accent Italien que le maitre de cérémonies arrange tout, à la façon dont Moustache tirait quelques ficelles dans Irma la douce. les dialogues, toujours aussi riches, nous gratifient des passages obligés de tout film de Wilder qui se respecte: on a droit aux sous-entendus, à des allusions vachardes à la culture de l'époque (Lemmon, en particulier, dont le personnage cherche à se montrer au gout du jour, mais montre surtout qu'il est à coté de la plaque, lorsqu'il fait l'éloge de la libérationde moeurs, tant qu'elle n'est pas entachée d'amour. Mais Miss Piggott nous montre une photo assez ridicule de son ex-fiancé Bertram, guitariste dans un groupede rock progressif... ).

La bonne chère, la musique Napolitaine, la douceur de la Méditerrannée, le charme de Miss Piggott... tout comme Pamela qui "devient sa mère" en jouant la manucure de l'hôtel lorsqu'il faut dissimuler à un visiteur intempestif la nature de leur relation, Wendell Armbruster Junior devient enfin son père. Si on en revient à l'importance du dernier mot dans un film de Wilder, on constatera que la dernière chose importante ici, c'est Lemmon qui la dit: "Miss Piggott, si vous perdez ne serait-ce qu'un gramme, c'est fini entre nous", lui dit-il avant de partir. Lui qui lui disait, lorsqu'elle mentionnait ses kilos en trop lors de leur premier échange: "Oui, j'ai remarqué.". Lui qui l'a appelé d'un terme insultant qui faisait allusion à l'imposante taille de son arrière-train, d'ailleurs surestimée à mon avis. Bref, de butor, goujat, détestable personnage, il se laisse enfin aller et devient un brave homme, nous permettant au bout de deux heures et vingt minutes de l'aimer. Si The private life of Sherlock Holmes était à bien des égards un testament noir pour Wilder et Diamond, Avanti! et sa célébration de l'amour simple, son plaidoyer pour ralentir et prendre le temps, ressemble à une résurrection. Les deux films n'ont peut-être pas la même importance par rapport à la carrière de leur auteur, mais celui-ci nous permet de nous laisser aller complètement.
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Re: Billy Wilder (1906-2002)

Message par someone1600 »

J'avais bien aimé ce film moi aussi... loin d'etre parmis les meilleur Wilder, mais ca se laisse regarder avec plaisir et sans ennui. :wink:
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Demi-Lune
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Re: Billy Wilder (1906-2002)

Message par Demi-Lune »

La Garçonnière (1960)
Préparez vos cailloux : je n'ai pas trouvé ce film formidable, du moins, à la hauteur de sa réputation prestigieuse. J'aime Wilder pourtant, mais La Garçonnière m'a plus provoqué un gentil ennui qu'une extase de cinéphile. Rien à dire sur la mise en scène, c'est du haut de gamme, un Scope superbe. Rien à dire sur la photographie en NB, c'est très beau. Le minois de Shirley MacLaine assure le spectacle. C'est bien sur le fond que je n'adhère que moyennement. Entre comédie et drame, le film ne sait pas sur quel pied danser et l'alternance de registre m'est plus apparue comme un moyen de dissimuler l'étroitesse du scénario (beaucoup de surplace et de longueurs à mon goût) que comme un véritable parti pris narratif. En outre, je crois - cela n'engage que moi - qu'il n'y a rien qui passe plus mal l'épreuve du temps que l'humour. Et la face drolatique du film, incarnée par Jack Lemmon, me paraît désormais franchement désuète. Reste l'acidité sous-jacente de l'histoire, qui rappelle que Wilder est un petit malin en la matière, et un fin observateur des relations humaines. Il n'en demeure pas moins qu'à mes yeux, cette histoire de garçonnière n'exploite pas toutes les potentialités qui lui étaient offertes. Le film est trop timoré, il lui manque les éclairs de génie d'un 7 ans de réflexion ou d'un Certains l'aiment chaud, bien plus provocateurs à leur niveau. Je ne sais pas si c'est le cas mais je penserais presque que Wilder s'est auto court-circuité tout seul, passée sa petite jubilation face au postulat. Je me l'imagine bien, avec son scénariste I. A. Diamonds, en train de répéter, penchés sur la mouture du scénario : "Non, non, ça, on ne peut franchement pas le mettre. Trop choquant, la censure va nous bouffer tout crus. On enlève. Ça aussi, on enlève". Résultat, cette satire de la société qu'est La Garçonnière a peut-être fait grincer des dents en 1960, mais apparaît maintenant bien sage selon moi.
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Jeremy Fox
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Re: Billy Wilder (1906-2002)

Message par Jeremy Fox »

Demi-Lune a écrit :La Garçonnière (1960)
Le film est trop timoré, il lui manque les éclairs de génie d'un 7 ans de réflexion ou d'un Certains l'aiment chaud, bien plus provocateurs à leur niveau. .
Je le trouve supérieur à eux à tous niveaux ; pour moi, sans conteste son film qui au contraire me touche le plus notamment à cause de ces ruptures de ton.
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Re: Billy Wilder (1906-2002)

Message par joe-ernst »

Jeremy Fox a écrit :
Demi-Lune a écrit :La Garçonnière (1960)
Le film est trop timoré, il lui manque les éclairs de génie d'un 7 ans de réflexion ou d'un Certains l'aiment chaud, bien plus provocateurs à leur niveau. .
Je le trouve supérieur à eux à tous niveaux ; pour moi, sans conteste son film qui au contraire me touche le plus notamment à cause de ces ruptures de ton.
La garçonnière est un des plus mauvais Wilder pour moi... :|
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Re: Billy Wilder (1906-2002)

Message par Rick Blaine »

Jeremy Fox a écrit :
Demi-Lune a écrit :La Garçonnière (1960)
Le film est trop timoré, il lui manque les éclairs de génie d'un 7 ans de réflexion ou d'un Certains l'aiment chaud, bien plus provocateurs à leur niveau. .
Je le trouve supérieur à eux à tous niveaux ; pour moi, sans conteste son film qui au contraire me touche le plus notamment à cause de ces ruptures de ton.
Je n'ai pas vu 7 ans de refléxion, mais je trouve également La Garçonnière supérieur à Certains l'aiment chaud, même si ce dernier est très drôle, il souffre effectivement d'un ton un peu monocorde par rapport à La Garçonnière, très touchant justement par cette approche toujours à mi-chemin entre rire et drame.
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Re: Billy Wilder (1906-2002)

Message par Watkinssien »

Demi-Lune a écrit :La Garçonnière (1960)
Préparez vos cailloux : je n'ai pas trouvé ce film formidable, du moins, à la hauteur de sa réputation prestigieuse.
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:mrgreen:

A mes yeux, La garçonnière est l'un des tous meilleurs films de Wilder. Là où je ne te rejoins pas, c'est que ce film est un modèle pour alterner la comédie et le drame. C'est ce qui rend ce film si impeccable à mes yeux, en plus d'une mise en scène superbe (mais là on est d'accord).

La structure scénaristique est parfaitement huilée. J'aime la manière dont Wilder filme les petits riens (Lemmon se servant d'une raquette de tennis pour égoutter les spaghettis en est un merveilleux exemple), et ce que tu appelles des "surplaces" et des "longueurs" deviennent des éléments fondamentaux pour comprendre le parti pris du cinéaste de ne pas faire un couple ordinaire entre le personnage de Lemmon (que je trouve génial) et Shirley MacLaine, alors que nous spectateurs nous croyons à cette hypothétique romance. La satire bureaucratique, des gens du pouvoir est un contexte judicieux pour montrer ce qui anime vraiment Wilder : les rapports entre les deux sexes, dans une société sclérosée, où les naïfs, les rêveurs n'ont pas leur place...
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Re: Billy Wilder (1906-2002)

Message par Miss Nobody »

Demi-Lune a écrit :La Garçonnière (1960)
Préparez vos cailloux : je n'ai pas trouvé ce film formidable, du moins, à la hauteur de sa réputation prestigieuse. J'aime Wilder pourtant, mais La Garçonnière m'a plus provoqué un gentil ennui qu'une extase de cinéphile. Rien à dire sur la mise en scène, c'est du haut de gamme, un Scope superbe. Rien à dire sur la photographie en NB, c'est très beau. Le minois de Shirley MacLaine assure le spectacle. C'est bien sur le fond que je n'adhère que moyennement. Entre comédie et drame, le film ne sait pas sur quel pied danser et l'alternance de registre m'est plus apparue comme un moyen de dissimuler l'étroitesse du scénario (beaucoup de surplace et de longueurs à mon goût) que comme un véritable parti pris narratif. En outre, je crois - cela n'engage que moi - qu'il n'y a rien qui passe plus mal l'épreuve du temps que l'humour. Et la face drolatique du film, incarnée par Jack Lemmon, me paraît désormais franchement désuète. Reste l'acidité sous-jacente de l'histoire, qui rappelle que Wilder est un petit malin en la matière, et un fin observateur des relations humaines. Il n'en demeure pas moins qu'à mes yeux, cette histoire de garçonnière n'exploite pas toutes les potentialités qui lui étaient offertes. Le film est trop timoré, il lui manque les éclairs de génie d'un 7 ans de réflexion ou d'un Certains l'aiment chaud, bien plus provocateurs à leur niveau. Je ne sais pas si c'est le cas mais je penserais presque que Wilder s'est auto court-circuité tout seul, passée sa petite jubilation face au postulat. Je me l'imagine bien, avec son scénariste I. A. Diamonds, en train de répéter, penchés sur la mouture du scénario : "Non, non, ça, on ne peut franchement pas le mettre. Trop choquant, la censure va nous bouffer tout crus. On enlève. Ça aussi, on enlève". Résultat, cette satire de la société qu'est La Garçonnière a peut-être fait grincer des dents en 1960, mais apparaît maintenant bien sage selon moi.
Il est indispensable que tu gardes ton dvd et que tu refasses un essai d'ici un an ou deux.
Plus le temps passe, moins j'apprécie ce dont je me régalais avant chez Wilder ("Certains l'aiment chaud", "Sept ans de réflexion", passent moins bien, même si je prend encore plaisir à les revoir) et plus un film comme "La garçonnière" me charme par sa subtilité et son romantisme mélancolique. Ca vaut donc le coup de retenter.
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Jeremy Fox
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Re: Billy Wilder (1906-2002)

Message par Jeremy Fox »

Miss Nobody a écrit : sa subtilité et son romantisme mélancolique.
Parfaitement résumé. Il y a une mélancolie dans ce film qui m'émeut profondément. Il faut dire que le couple Lemmon/McLaine s'avère oh combien touchant !
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Père Jules
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Re: Billy Wilder (1906-2002)

Message par Père Jules »

C'est vraiment dommage ça !
M'est d'avis qu'avec ce film on est face à un des monuments d'un genre que je qualifierais de "comédie douce-amère". Tout a été dit par Watkinssien concernant la critique à peine voilée d'une société quasiment déshumanisée, qui laisse sur le bord de la route des êtres qui ne correspondent pas nécessairement aux codes en vigueur. Il y a même une réflexion sur les rapports de classe qui a l'avantage de ne pas sombrer dans le caricatural à outrance. L'interprétation est au poil, et puis la petit MacLaine :oops:
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Demi-Lune
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Re: Billy Wilder (1906-2002)

Message par Demi-Lune »

Miss Nobody a écrit :Il est indispensable que tu gardes ton dvd et que tu refasses un essai d'ici un an ou deux.
Plus le temps passe, moins j'apprécie ce dont je me régalais avant chez Wilder ("Certains l'aiment chaud", "Sept ans de réflexion", passent moins bien, même si je prend encore plaisir à les revoir) et plus un film comme "La garçonnière" me charme par sa subtilité et son romantisme mélancolique.
Je ne l'ai pas en dvd, je l'ai regardé hier soir sur Arte. Au passage, la voix de Roger Carel pour Lemmon, assez agaçant. :?

Je crois que les comédies de Wilder que j'ai pu voir jusqu'ici - 7 ans de réflexion et Certains l'aiment chaud, un très bon film pour le premier et un grand film pour le second -, en plus d'être soignés au point de vue des répliques, fonctionnaient aussi sur une alchimie complice entre le côté poil à gratter, mais fin, de Wilder, et la facette humouristique de Marilyn Monroe, qui était une actrice très drôle en son genre. Même si La Garçonnière est plus une tragicomédie qu'une franche poilade (quoiqu'on ne se poile pas à gorge déployée non plus sur les 2 autres titres que j'ai cités, mais au moins, l'humour fonctionne), il lui manque de vraies trouvailles de drôlerie "atemporelle", dans le sens où un spectateur de 2011 sera autant réceptif que le spectateur des années 1950-60. Les pâtes sur la raquette de tennis dans La Garçonnière, bof. Le plombier qui veut récupérer sa clé de 12 au fond de la baignoire et Monroe qui dit "bien sûr !" avec son irrésistible air ingénu, ça oui. :D Et ce qui me conforte dans ce constat, c'est que La Vie privée de Sherlock Holmes (tiens, je l'avais oublié celui-là) était lui aussi clairement insatisfaisant, pas drôle du tout. Que le film soit mutilé ne change rien à cette donne. Je crois que Monroe inspirait Wilder à fond.
La tonalité du film aurait été uniformément mélancolique ou dramatique, j'aurais certainement plus adhéré. L'humour de La Garçonnière, en plus de ne me convaincre que très moyennement, est à mon sens une bulle d'air qui comprime le vrai potentiel émotionnel qui aurait pu éclore de cette romance. Pour exprimer clairement ma pensée : le film est mal fagoté, voilà.
Dernière modification par Demi-Lune le 7 févr. 11, 11:20, modifié 1 fois.
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Jeremy Fox
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Re: Billy Wilder (1906-2002)

Message par Jeremy Fox »

Demi-Lune a écrit : Je ne l'ai pas en dvd, je l'ai regardé hier soir sur Arte. Au passage, la voix de Roger Carel pour Lemmon, assez agaçant. :?

.
Tu l'as vu en VF ? Ceci expliquerait parfaitement celà. S'il y a un genre en particulier qui supporte difficilement le doublage, c'est bien la comédie à mon avis.
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Re: Billy Wilder (1906-2002)

Message par Strum »

Demi-Lune a écrit :La Garçonnière (1960)
Préparez vos cailloux : je n'ai pas trouvé ce film formidable, du moins, à la hauteur de sa réputation prestigieuse. J'aime Wilder pourtant, mais La Garçonnière m'a plus provoqué un gentil ennui qu'une extase de cinéphile. Rien à dire sur la mise en scène, c'est du haut de gamme, un Scope superbe. Rien à dire sur la photographie en NB, c'est très beau. Le minois de Shirley MacLaine assure le spectacle. C'est bien sur le fond que je n'adhère que moyennement. Entre comédie et drame, le film ne sait pas sur quel pied danser et l'alternance de registre m'est plus apparue comme un moyen de dissimuler l'étroitesse du scénario (beaucoup de surplace et de longueurs à mon goût) que comme un véritable parti pris narratif. En outre, je crois - cela n'engage que moi - qu'il n'y a rien qui passe plus mal l'épreuve du temps que l'humour. Et la face drolatique du film, incarnée par Jack Lemmon, me paraît désormais franchement désuète. Reste l'acidité sous-jacente de l'histoire, qui rappelle que Wilder est un petit malin en la matière, et un fin observateur des relations humaines. Il n'en demeure pas moins qu'à mes yeux, cette histoire de garçonnière n'exploite pas toutes les potentialités qui lui étaient offertes. Le film est trop timoré, il lui manque les éclairs de génie d'un 7 ans de réflexion ou d'un Certains l'aiment chaud, bien plus provocateurs à leur niveau. Je ne sais pas si c'est le cas mais je penserais presque que Wilder s'est auto court-circuité tout seul, passée sa petite jubilation face au postulat. Je me l'imagine bien, avec son scénariste I. A. Diamonds, en train de répéter, penchés sur la mouture du scénario : "Non, non, ça, on ne peut franchement pas le mettre. Trop choquant, la censure va nous bouffer tout crus. On enlève. Ça aussi, on enlève". Résultat, cette satire de la société qu'est La Garçonnière a peut-être fait grincer des dents en 1960, mais apparaît maintenant bien sage selon moi.
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Je ne l'ai pas en dvd, je l'ai regardé hier soir sur Arte. Au passage, la voix de Roger Carel pour Lemmon, assez agaçant.
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Re: Billy Wilder (1906-2002)

Message par CC Baxter »

Jeremy Fox a écrit :
Miss Nobody a écrit : sa subtilité et son romantisme mélancolique.
Parfaitement résumé. Il y a une mélancolie dans ce film qui m'émeut profondément. Il faut dire que le couple Lemmon/McLaine s'avère oh combien touchant !
Mon avatar ne permet pas qu'on prenne au serieux aucun de mes commentaires sur ce sujet. Mais je suis totalement d'accord avec Jeremy et Miss Nobody.
Je me permet d'ajouter que Sept Ans et Certains l'aimens chaud (que j'adore) ne sont pas vraiment comparables à La garçonnière: il s'agit de vraies comèdies, avec un rhytme et des situations grotèsque, très differents de la Garçonnière. Je ne discute pas le droit à avoir une opinione nègative, mais je pense qu'on fait peut-être l'erreur de vouloir retrouver dans chaque film le même registre, la même façon de raconter qu'on a tant aimée dasn un certain film d'un metteur en scène.
You... bastard!
Yes, sir... In my case it was an accident of birth.... But you are a self-made man.


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