René Clair (1898-1981)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Cathy
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Message par Cathy »

Dix petits indiens de René Clair

Sorti il y a quelques jours chez Studio Canal, ce film vaut totalement le détour, même si la copie est loin d'être parfaite, manque de définition par moments, pas assez de contraste, mais sans doute ont-ils fait avec les moyens du bord, et le film mérite cette sortie. De plus le son est absolument parfait.

Peu connu dans la carrière de René Clair contrairement à ses autres oeuvres américaines comme Ma Femme est une sorcière ou C'est arrivé demain, elle n'en est pas moins une brillante illustration du livre d'Agatha Christie. Tout le monde connait l'intrigue de ce roman, relecture théâtrale de dix petits nègres, et on se délecte ici par le brio de la mise en scène, comme la scène d'entrée sur le bateau et la présentation successive des acteurs, et par le jeu des acteurs que ce soit Misha Auer excentrique noble russe, Roland Young, et tous les autres, que je n'ai pas forcément reconnus :oops: ! Bref René Clair a bien compris l'humour so british de Lady Agatha, et rend à merveille l'ambiance pesante mais drôle de cette ile isolée :
J'ai découvert avec ce film une merveilleuse version qui se laisse dévorer comme le roman !
bruce randylan
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Message par bruce randylan »

Les grandes manoeuvres
Casting de rêves pour faire rêver dans une histoire archi raconté ( je tombe amoureux de la femme que j'ai fait le pari de séduire ) et donc un peu ennuyante à la longue d'autant qu'aucunes des situations incontournables de ce genre ne nous sont dispensées
Et puis la mise en scène assez académique ne joue pas aussi en sa faveur ( saveur ).

C'est bête sa 1ère heure était trés fraiche et insouciante et livrait de jolies scènes ( le défilé faisaint découvrir les personnages féminin, les figurants racontant les tentatives de séduction ).

Mais qu'est-ce que ça reste glamour quand même :)

Bon, je vous laisse retourner fantasmer sur marilyn :P
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Profondo Rosso
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Message par Profondo Rosso »

Les Grandes Manoeuvres de René Clair (1955)
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La veille des grandes manoeuvres de la guerre 14-18, un jeune officier est pris à son propre piège en tombant amoureux de la femme qu'il a parié de séduire en echange d'un diner avec ses camarades.
Un mélo absolument magnifique, avec un Gerard Philippe excellent passant du seducteur arrogant au début du film à l'amoureux transi et timide à la fin et Michele Morgan magnifique en femme faussement froide puis amoureuse eperdue. Le regard sur l'époque est également très bien vu avec la méchanceté et l'hypocrisie de la bourgeoisie provinciale et l'obsession du paraitre. Un beau technicolor, une belle reconstitution bien mis en valeur par la réalisation de Clair juste ce qu'il faut de théatral. Et la derniere scene pathétique et triste est une merveille de sobriété. 5,5/6
Nestor Almendros
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Message par Nestor Almendros »

DIX PETITS INDIENS de René Clair (France 3)

Une fort sympathique adaptation d'Agatha Christie, non dénuée d'humour, et qui marie le ton léger avec une mécanique du suspense assez efficace et fort plaisante. Le casting est bien intéressant également, avec notamment Judith Anderson (vue dans REBECCA d'Hitchcock) et surtout Barry Fitzgerald que j'ai découvert il y a un mois dans LA CITE SANS VOILES.

Niveau technique la qualité est loin d'être au rendez-vous. C'est certainement le même master édité en dvd par StudioCanal, et je ne peux décemment pas les féliciter. L'image ressemble à une mauvaise édition "Ciné Club Hollywood" vendu sur CDiscount, un noir & blanc flou et transcodé à partir d'une source NTSC. A noter, dans une scène sur la plage vers la fin, que certaines transparences utilisées n'étaient pas super stables, et donc forcément visibles.
La vf est récente et reste assez pénible (même si Fitzgerald est plutôt bien doublé). J'ai eu du mal à m'intéresser totalement au film à cause de cette vf, mais j'avoue aussi que dans les dernières minutes j'étais finalement pris par l'intrigue...

Avec C'EST ARRIVE... DEMAIN que j'ai vu la semaine dernière, je constate tristement que ces deux films américains de René Clair sont tout bonnement bâclés techniquement et que les éditions ultimes sont encore attendues.
bruce randylan a écrit :Passée la mauvaise surprise de la VF récente et assez ratée, j'ai suivi ça avec un leger ennui poli la faute tout de même à une mise en scène qui manque de truculance. Mais ne connaissant pas le livre ( :oops: ), je me suis tout de même bien pris d'autant que l'ambiance marche malgré tout et que les jeu et les acteurs sont plutot à l'aise.
joe-ernst
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René Clair (1898-1981)

Message par joe-ernst »

Fantôme à vendre (The Ghost Goes West, 1935).

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Premier film de la période anglophone de René Clair, c'est à une véritable confrontation entre le Vieux Continent et le Nouveau Monde, ainsi qu'entre vieilles dynasties et nouveaux riches que l'on assiste. Donald Glourie (Robert Donat), dernier rejeton d'un clan écossais, est obligé de vendre le vieux château familial à un nouveau riche américain, Joe Martin (Eugene Pallette). Ledit château, hanté par un ancêtre ayant été maudit suite à sa lâcheté, est démonté pierre par pierre pour être acheminé et remonté en Floride. Cela nous donne droit à de belles scènes mordantes dénonçant le mauvais goût de l'Américain, le château ressemblant désormais à un dessin de Walt Disney, éclairages compris, avec en bonus une gondole vénitienne voguant sur ses douves...

Le côté fantastique du film avec les apparitions du fantôme est bien maîtrisé, grâce notamment à un très bon scénario. Robert Donat, dans un double rôle, est très bon, tout comme Eugene Pallette. Une agréable comédie.
L'hyperréalisme à la Kechiche, ce n'est pas du tout mon truc. Alain Guiraudie
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Major Dundee
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Message par Major Dundee »

Le silence est d'or est programmé sur Arte, le jeudi 14 février à 14h55 8)
Charles Boyer (faisant la cour) à Michèle Morgan dans Maxime.

- Ah, si j'avais trente ans de moins !
- J'aurais cinq ans... Ce serait du joli !


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rosebud
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Message par rosebud »

Le seul film qui me vient à l'esprit au sujet de R.Clair et de sa période Holywoodienne est C'est arrivé demain(1943) , un des premiers longs que j'ai vu dans le cadre de projections données mensuellement dans mon collège , il y a quelques années.......
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Message par Jactari »

Très bien, C'est arrivé demain.
Et j'avais trouvé sympathique également Dix petits indiens, son adaptation du roman d'Agatha Christie.
Si j'ai le temps et que je les visionne à nouveau, je développerai, c'est un réalisateur qui vaut le détour.
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Message par santiago »

Ne pas négliger les René Clair du muet et en particulier son court métrage Paris qui dort. C'est un cinéaste inégal mais sa période anglo/américaine est intéressante. Je cherche depuis longtemps à voir Fausses Nouvelles mais aucun DVD n'existe.
Une alimentation saine dirige l'énergie sexuelle dans les parties concernées
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Karras
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Re: Notez les films naphtalinés de Novembre 2008

Message par Karras »

Le silence est d'or (René Clair) (1947)
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Le premier film de René Clair après la libération. Une comédie gentillette avec Maurice Chevalier et François Perier qui ne brille pas vraiment par sa mise en scène et dont le scénario est tout aussi prévisible. L'interêt du film est plutôt dans cet hommage au cinéma muet et dans l'interprétation, en particulier de la jeune Marcelle Derrien, assez bluffante, qui est décédée il y a quelques jours.
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Re: René Clair (1898-1981)

Message par Alligator »

Porte des Lilas (René Clair, 1957) :

moult captures + video

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_______________

Que du beau monde pour ce film, devant et derrière la caméra. Cela faisait longtemps que j'avais envie de revenir à René Clair. La médiathèque Fellini de Montpellier m'en a donné l'occasion. Je lui fais un gros poutou.

Sans être un film génial, cette "porte des lilas" regorge de petites pépites comme j'aime à en mirer de temps en temps. Ca fait du bien.

D'abord j'aimerais m'acheter un chapeau pour le tirer devant le poète René Fallet. Ce film est une adaptation d'un de ses romans. Cet écrivain a un je-ne-sais-quoi de merveilleux. Il appartient à une famille de poètes que j'admire, d'artistes riches et vrais, de Prévert à Siné en passant par Brassens, ces gens-là aiment le mot, la musique comme la peinture et le dessin, bref l'art et la vie. Et l'univers de Fallet ne se refuse pas le douillet de la liberté, jamais, ni la caresse de l'amitié, ni encore moins la fraîcheur de l'isolement, cette sorte de "merde aux cons" qui permet de se regarder dans la glace. Comprenne qui pourra. Il y a de l'anarchie chez Fallet, matinée d'humanisme comme de misanthropie, un goût du vin et du foie gras qui ne manque pas de me séduire. A travers cette porte des lilas, c'est un peu de sa maison, de son univers que René Clair (en producteur, scénariste et réalisateur) essaie de nous faire découvrir avec une délicatesse désarmante.

Clair porte si bien son nom. Son cinéma est souvent très doux, net et précis pourtant. Si je donne là l'impression de décréter ne vous y fiez pas, je ne fais que supposer, du haut de mes cinq ou six films de Clair que j'ai vus.
Cette sensation de douceur, on l'a retrouve un peu dans tous les aspects du film. Dans les idées de mise en scène, par exemple quand Raymond Bussières raconte le hold-up raté d'Henri Vidal. Il lit le journal, pendant qu'à l'écran et devant les yeux de Pierre Brasseur, la bande de gavroches du quartier nous fait la reconstitution des évènements (voir video). Simple et fûté à la fois, cette métaphore scénique ne baigne-t-elle pas dans une sorte de poésie sensible et naturaliste, concrète mais portant à la rêverie des souvenirs d'enfance?

Clair décore son film d'un voile tout aussi délicat grâce à la photographie satinée de Robert Le Febvre. Le quartier reconstitué en studio par Léon Barsacq et surtout Maurice Barnathan (selon imdb) est embrumé mais ne s'en échappe aucun fantôme, si ce n'est ceux d'un passé de plus en plus révolu. Ce Paris-là, des faubourgs fauchés, où les maisons brinquebalantes n'abritent que les classes sociales les plus basses, ce quartier est encore celui du XIXe siècle. Les grandes tours de banlieue finiront par accueillir cette populace. Le quartier délabré est encore à visage humain. Une petite cahute tient lieu de salle de bal où l'on guinche tous les soirs, l'épicier tient ses rayons, le stylo sur l'oreille, le bistrot où l'artiste vient chanter et gratter sa guitare est le lieu social central. Faute de télé ou de Wii, les mômes se construisent des voitures en bois et envahissent les rues. Loin de moi que c'était mieux avant et autres foutaises du "bon vieux temps". C'était différent, c'est tout. Et cette différence, Clair, grâce à tout ce petit grand monde derrière la caméra nous la restitue. Magie du cinéma.

Concernant les comédiens, il y aurait beaucoup à dire mais dans le flot de commentaires, il s'agit de commencer par le commencement. Or, nous devons saluer l'énormissime prestation de Pierre Brasseur. Je ne crois pas l'avoir vu dans ce genre de composition. Je l'ai vu en lâche, en grande gueule, en fanfaron, mais jamais dans ce type de rôle. Il joue ici une sorte d'imbécile du quartier. "Juju" est un personnage familier, que tout le monde aime bien mais méprise un peu (sauf quelques bonnes âmes comme Carrel et Brassens), une cloche qui chaparde à l'occasion quelques boites de conserve à l'épicier et quelques rasades de pinard au bistrot quand le cafetier a le dos tourné. Brasseur se paie le luxe d'un personnage complexe. Il lui donne mille petites facettes. Sa composition est remarquable : elle n'outrepasse jamais les clichés d'un tel personnage, bien au contraire par petites touches il lui donne soit la juste lueur d'intelligence pour qu'il ne soit pas juste l'idiot du village, soit la pincée de colère pour qu'il puisse se révolter de temps en temps et en faire un homme, un vrai personnage. J'avais beaucoup d'admiration pour cet acteur. Après avoir vu ce film, mon degré de (baba)ttitude atteint des sommets qui peuvent aller jusqu'à me faire dire des grossieretés. Quel putain d'acteur tout de meme!

George Brassens n'est pas un acteur, mais son rôle ne demande pas de grand ouvrage. Le peu qu'il a montré est convenable.
J'ai beaucoup aimé Dany Carrel. Elle est belle, ce qui ne gâte rien, mais il se dégage surtout de son personnage quelque chose de très émouvant. On a envie de la progéger. Une sorte d'innocence nécessaire pour faire "grandir" le personnage de Brasseur nous est offert par un jeu tout en réserve et fragilité. Dans les scènes un peu plus "dures", notamment quand elle découvre Vidal et se fait un peu bousculer, j'ai été agréablement surpris par son habileté. Je ne m'y attendais pas vraiment, la connaissant mal, conservant des préjugés dont l'origine se dérobe à ma compréhension. Vidal par contre m'a semblé caricatural au possible, toujours sur les mêmes tonalités et pas original pour deux sous. Je n'ai rien contre le bonhomme mais il alourdit le propos du film. Mauvais choix.

Malgré cette petite anicroche, je peux me remercier (merci, de rien) d'avoit fait le bon choix à la médiathèque. Très bon moment. Frais. Je crois que je vais finir par emprunter tous les Clairs qui me tomberont sous la main dorénavant.
Lord Henry
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Re: Notez les films naphtas - Novembre 2009

Message par Lord Henry »

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Grâce aux bons soins d'un fantôme, un journaliste (Dick Powell) reçoit la veille les nouvelles du lendemain. Mais à trop connaître l'avenir, on ne maîtrise plus le présent.

It Happened Tomorrow (1943) présente sous leur meilleur jour les qualités et les limites du cinéma de René Clair. La fable y est dénuée de réelle profondeur, la méticulosité tient lieu d'inspiration et l'œuvre est charmante plus qu'elle n'a de charme. Tout ici respire le bon goût et porte le sceau d'un esprit cultivé, mais le Fantastique s'accommode mal d'un excès de pondération.
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Profondo Rosso
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Re: Notez les films naphtas - Mai 2010

Message par Profondo Rosso »

Les Grandes Manoeuvres de René Clair (1955)

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Au début du siècle dans une petite ville de garnison, Armand de la Verne, lieutenant des dragons fait le pari de séduire une femme désignée par le hasard. Marie-Louise Rivière se trouve être l'innocente victime du pari, mais Armand en tombe malgré lui éperdument amoureux.

Un beau drame sentimental, parmi ce qui a pu se faire de mieux dans la veine romanesque au sein du cinéma français. Gérard Philippe de nouveau dans une grande figure de séducteur, qui campe ici un lieutenant au charme dévastateur et à la goujaterie étincelante comme le montre une mémorable entrée en matière où quittant une amante, il en trouve une autre dont il avait oublié la présence en rentrant chez lui. Sur un pari, il se lance dans une cours éfrennée de Michelle Morgan, un repas étant l'enjeu s'il la fait sienne. Cependant, loin des jeunes provinciales naïves ou des femmes mariées esseulée auquel il a affaire d'ordinaire, Mari Louise Rivière est une femme distinguée venue de Paris qui voit clair dans son jeu. C'est cette distinction et cette opposition qui va prendre en défaut le séducteur pris à son propre jeu, car c'est en tombant réellement amoureux et se dévoilant qu'il finit par progressivement gagner le coeur de Michelle Morgan. Sous l'aspect sentimental, le film s'avère d'une terrible cruauté dans sa description du mode de vie provincial bourgeois. Toutes les femmes se montrent défiantes et distante envers Michelle Morgan, jalouses de son allure et de sa beauté. Chaque faits et geste est épié, étudié et commenté par la communauté pour faire circuler la calomnie, notamment lors d'une belle séquence de ballade romantique totalement détournée car constamment perturbée par les voix des harpies observatrices en voix off. Si la solitude entraînée aboutit au rapprochement du couple de héros, il sera aussi la cause de la rupture définitive car impossible de reparaître à la face du monde après avoir vu son nom bafoué. Michelle Morgan est magnifique d'assurance et de distinction, ce qui rend les moments où elle cède d'autant plus fort face un un Gérard Phillippe parfait qui montre bien l'impasse de son personnage prisonnier e sa réputation et ses mécanisme hypocrite. Visuellement c'est vraiment un des plus beaux films français de l'époque, couleurs chatoyantes, intérieur studios de tout beautés et filmage élégants de cette ville bourgeoise de province. Une dernière scène poignante qui montre toute l'impasse ayant parcouru le film, les sentiments des personnages sont intact mais le poids des regards (les rires des camarades de régiment en fond sonore uand Gérard Philippe tente de s'expliquer durant l'avant dernière scène sont terriblement cruels) et la fierté à afficher empêche tout retour en arrière. 5/6
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cinephage
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Re: Notez les films naphtas - Octobre 2010

Message par cinephage »

La beauté du Diable, de René Clair (1950)

Une nouvelle variation sur Faust, servie ici par un duo de comédiens d'une formidable énergie. L'un est merveilleux en bellâtre hanté, l'autre en diablotin machiavélique (encore que méphistophélique serait plus adapté ici). Les deux larrons jouent l'un contre l'autre, avec en guise d'enjeu une âme. Certes, la chose n'est pas nouvelle, mais les stratégies de l'un et de l'autre, le texte enlevé, souvent drole et spirituel, toujours servi avec gourmandise et truculence par un Michel Simon merveilleux ou un Gérard Philippe plus brillant que jamais, se dénouent pour le plus grand plaisir du spectateur, dans un cadre médiéval somptueux et ample (tout se déroule ici dans un luxurieux décor de studio, aussi élégant que remplissant parfaitement son devoir).
Puis, progressivement, on constate le véritable enjeu : Faust ne vit pas seul... En se damnant, il entraine d'autres hommes et femmes dans sa chute, notamment celle qu'il aime, la comédie tourne au drame, l'émotion jaillit, et le film se révèle encore meilleur.

Indéniablement, à mes yeux, une très grande réussite, tout à fait au niveau des films de Clair des années 30 (j'aurais même tendance à le préférer, mais je laisserai un peu de temps avant d'être aussi affirmatif)...
I love movies from the creation of cinema—from single-shot silent films, to serialized films in the teens, Fritz Lang, and a million others through the twenties—basically, I have a love for cinema through all the decades, from all over the world, from the highbrow to the lowbrow. - David Robert Mitchell
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Re: Notez les films naphtas - Octobre 2010

Message par wontolla »

cinephage a écrit :La beauté du Diable, de René Clair (1950)

(...) la comédie tourne au drame, l'émotion jaillit, et le film se révèle encore meilleur.

Indéniablement, à mes yeux, une très grande réussite, tout à fait au niveau des films de Clair des années 30 (j'aurais même tendance à le préférer, mais je laisserai un peu de temps avant d'être aussi affirmatif)...
J'avais vu le film, il y a bien bien longtemps.
Cinéphage avait attiré mon attention hier sur ce film, dans un autre topic.
J'ai donc revu La beauté du diable cette après-midi. Michel Simon et Gérard Philippe, admirables.
Pendant le film, dont le déroulement me revenait peu à peu à la mémoire, je lui donnais une cote de 8 qui est passée à 8,5 dans les dernières minutes.
Qu'est-ce qui m'a empêché de le mettre sur le podium pour devenir mon film du mois ? Peut-être bien à cause du décalage avec le Faust de jeunesse de Goethe. Il y a bien longtemps j'avais travaillé sur ce texte; j'ai écrit une petite étude sur l'exaucement de la prière par 'Satan' et son inexaucement par 'Dieu'. De cette étude il reste une trace sur un site mort depuis plusieurs années. La responsable m'avait demandé de pouvoir le publier mais elle ne gère plus ce site qui a perdu sa feuille de style... mais le texte est encore lisible.

Mais ce décalage est affaire de coeur, de sensibilité personnelle et je conviens que nous avons là un grand film de René Clair.
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