Intolérance (D.W. Griffith - 1916)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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frédéric
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Intolérance (D.W. Griffith - 1916)

Message par frédéric »

Je mets un topic pour vos réactions face à la diffusion du film sur ARTE. Le tout est assez monumental en effet, notamment la partie Babylone. C'est la partie "contemporaine" qui m'a le plus plût pour ma part avec une dernière partie très intense, remplie de suspense. Bref, 3 heures que l'on ne voit pas passer.
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"And Now Mr Serling"
miam
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Message par miam »

Il y a d'autant plus de suspense à la fin qu'on se demande reellement si l'histoires contemporaine va se terminer aussi mal que les autres histoires....
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-Kaonashi-
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Message par -Kaonashi- »

Zut, j'avais oublié que c'était hier la diffusion. :(
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julien
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Message par julien »

Pour l'instant je n'ai vu qu'1/2 du film...

C'est un film très impressionnant par l'ampleur de sa mise en scéne et surtout des cadrages qui sont assez sophistiqués pour l'époque. Il y a aussi pas mal de travellings. Je pense que la réalisation anticipe largement sur le cinéma de Cecil B de Mille et sur celui d' Eisenstein. (Les valeurs de cadres rapellent à certains moment ceux d'Ivan le Terrible). Très intéressant également les cartons qui sont par moment remplacés par des écritures gravées sur du marbre. (lors des séquences antiques). A cela vient s'ajouter la partition dynamique et formidablement inspirée de Pierre Jansen et Antoine Duhamel qui rappelle beaucoup l'écriture Néo-Classique de Stravinski. J'espère d'ailleurs qu'un enregistrement sur cd sera prévu car la musique vient récemment d'être réenregistrée par l'orchestre national d''île de France. J'ai vu aussi qu'il existait une musique écrite par Carl Davis en 1990, un compositeur spécialisé dans la musique de films muets. Je me demande ce qu'elle vaut...

Je suis assez surpris par contre de la présence des filtres colorés. Je pensais que tout le film était en noir et blanc. Etait-ce à l'origine prévu par le metteur en scéne où est-ce un effet qui a été rajouté ultérieurement ?

J'ai hâte de voir la suite. :P
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-Kaonashi-
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Message par -Kaonashi- »

julien a écrit :Je suis assez surpris par contre de la présence des filtres colorés. Je pensais que tout le film était en noir et blanc. Etait-ce à l'origine prévu par le metteur en scéne où est-ce un effet qui a été rajouté ultérieurement ?
C'était, il me semble, très fréquent à l'époque du muet. Si ça c'est perdu ensuite, c'était d'usage pour pas mal de films. Le bleu pour les extérieurs nuits, le rouge pour les intérieurs nuits, etc, avec des variations bien entendu.
Par exemple, pour Nosferatu, la véritable version est non seulement en 18 img/s (et fait donc 90 minutes) avec des cartons d'origine supplémentaires, mais en plus il y a un usage appuyé de ces "filtres" couleur. Sur le DVD français, il y a d'ailleurs cette version, et une version française de 60 minutes et en n&b.
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frédéric
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Message par frédéric »

miam a écrit :Il y a d'autant plus de suspense à la fin qu'on se demande reellement si l'histoires contemporaine va se terminer aussi mal que les autres histoires....

+1
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Message par allen john »

-Kaonashi Yupa- a écrit :
julien a écrit :Je suis assez surpris par contre de la présence des filtres colorés. Je pensais que tout le film était en noir et blanc. Etait-ce à l'origine prévu par le metteur en scéne où est-ce un effet qui a été rajouté ultérieurement ?
C'était, il me semble, très fréquent à l'époque du muet. Si ça c'est perdu ensuite, c'était d'usage pour pas mal de films. Le bleu pour les extérieurs nuits, le rouge pour les intérieurs nuits, etc, avec des variations bien entendu.
Il te semble bien, et dans le cas de Griffith, il avait très bien integré le teintage, au point de ne faire aucun effort pour faire passer des images tournées le jour pour des séquences de nuit: c'est flagrant dans Orphans of the storm: il s'en remettait au montage pour unifier les séquences de nuit. D'ou un problême -contemporain- de compréhension lorsque ses films sont présentés en N/B. Pour ma part, je me contrefiche de la musique, pour moi totalement accessoire(je sais qu'elle est nécessaire à certains sur un film muet), mais les teintes sur ce genre de cas sont bien sur indispensables.
julien
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Message par julien »

C'est vrai que ces teintes sont intéressantes. Et sur le site d'Arte, j'ai vu que c'était la première fois que ce film était présenté à la télévision avec les teintes d'origine, (bleu nuit, rouge sang, sépia) telles qu'on ne les avait plus vues depuis la première européenne à Londres il y a quatre-vingt-dix ans.
allen john a écrit :Pour ma part, je me contrefiche de la musique, pour moi totalement accessoire
Sur la plupart des films muets c'est vrai que la musique a une fonction purement subalterne mais là je trouve que la partition de Jansen et Duhamel rehausse considérablement l'impact artistique du film.
ergoproxad
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Message par ergoproxad »

tout sur cette nouvelle restauration chez zzproductions
dossier de presse maousse
http://www.zzproductions.fr/pdf/dp_intolerance.pdf

"bonus" avec quelques jolis scans entre autres
http://www.zzproductions.fr/bonus.htm

pour ma part, je recherche quelqu'un qui l'aurait capturé via tnt (carte tuner sur pc ou decodeur tnt freebox eventuellement), histoire de recuperer le flux .ts (ou .mpg) brut. (je sais pas comment ça se passe du coté canalsat, s'il y a aussi possiblité d'enregistrer le flux, ça m'interesse aussi :uhuh: )

je l'ai fait via le decodeur tnt freebox, et meme si c'est globalement impressionnant, j'ai quand meme droit à 3-4 glitches bien enervants, plus
quelques chti artifacts lors de certains changements de scene ...

allez, pour le plaisir :

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frédéric
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Message par frédéric »

Perso, j'ai trouvé l'histoire de la Saint-Barthélémy la moins intéressante...
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O'Malley
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Message par O'Malley »

Une oeuvre monumentale tant sur le propos, la volonté d'embrasser plusieurs périodes de l'humanité en parallèle (abolissant la notion de passé) que sur le faste des moyens mis en oeuvre et l'incroyable invention et brio de la mise en scène de Griffith. Sur ce dernier point, tout y passe: pano, travelling avant et arrière, travelling aérien (à la grue), gros plan, iserts, jeu sur la profondeur de champ (à la courte focale bien avant Eisenstein et à la longue), flash-back, écran large (oui oui avec une vue d'ensemble de Babylone assiége) réalisée sûrement avec un cache, mélange de formats du cadre (préfigurant Oliver Stone)... Et puis une science du montage et du rythme magistral: après un début plan plan ou les cartons sont plus importants que les images, ces dernières s'enchaînent à un rythme de plus en plus soutenu jusquà un final frénétique, ou le présent et le passé se mêlent pour ne faire plus qu'un (le film n'annonce plus la période par le biais d'un carton), avec un sens du suspense indéniable.
au total, on se s'ennuit pas du tout. C'est inventif, dynamique et totalement nicroyable par la démesure des décors (Babylone :shock: )
Tout le cinéma hollywoodien est là: science du récit et du suspense, rigueur du scénario, jeu naturel des comédiens (qui s'affranchissent de l'expression théatrale...), images bigger than life, efficacité et ingéniosité de la mise en scène.

CHEF D'OEUVRE

Ceci dit: l'épisode de la Sainte Barthélémy est un peu accessoire, surtout que Griffith n'y accorde qu'une place secondaire, concentrant tout son film sur Babylone et la période contemporaine... Les passages sur le Christ, bien que secondaires aussi, se justifient par leur portée allégorique et religieuse (et contrebalancent les actions des Moralistes dans la période contemporaine).
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Mama Grande!
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Message par Mama Grande! »

Je me souviens d'une oeuvre impressionnante par sa modernité. Absolument tout le cinéma grand public hollywoodien, autant par ses ficelles scénaristiques que par ses tics de mise en scène, s'y trouvait déjà. J'en étais sorti admiratif, mais aussi un peu gavé. Difficile de critiquer une oeuvre aussi révolutionnaire, mais j'avais trouvé le ton un rien pompeux et la densité narrative fatigante, ce qui paradoxalement était aussi une innovation.
En tout cas un film à voir.
julien
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Message par julien »

O'Malley a écrit :après un début plan plan ou les cartons sont plus importants que les images, ces dernières s'enchaînent à un rythme de plus en plus soutenu jusquà un final frénétique, ou le présent et le passé se mêlent pour ne faire plus qu'un
Moi justement ce sont les cartons qui m'ont le plus intéressés dans ce film. Griffith les utilise comme une structure pour bien différencier chaque époques. En cela ça m'a beaucoup fait songer à l'opéra où l'action est clairement divisée en plusieurs scénes (ou tableaux). D'ailleurs comme à l'opéra, le film est présenté en 2 actes. Griffith utilise ingénieusement des cartons différents selon les époques. Livre, Tables de la lois, gravures, enluminures... Parfois le texte est même incrusté au coeur de l'action. Le film se donne donc à voir mais aussi à lire. Un procédé qui s'est carrément perdu de nos jours avec l'apparition du cinéma parlant. Je trouve ça assez dommage parce que sur le plan graphique c'est vraiment passionnant.
ergoproxad a écrit :"bonus" avec quelques jolis scans entre autres
http://www.zzproductions.fr/bonus.htm
Ah ça c'est chouette alors ! On peut télécharger de longs extraits de la suite symphonique composée par Jansen et Duhamel. :P
O'Malley
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Message par O'Malley »

julien a écrit :
O'Malley a écrit :après un début plan plan ou les cartons sont plus importants que les images, ces dernières s'enchaînent à un rythme de plus en plus soutenu jusquà un final frénétique, ou le présent et le passé se mêlent pour ne faire plus qu'un
Moi justement ce sont les cartons qui m'ont le plus intéressés dans ce film. Griffith les utilise comme une structure pour bien différencier chaque époques. En cela ça m'a beaucoup fait songer à l'opéra où l'action est clairement divisée en plusieurs scénes (ou tableaux). D'ailleurs comme à l'opéra, le film est présenté en 2 actes.
Oui en effet, présentation en deux parties qui sera repris par ailleurs pour toute superproduction hollywoodienne d'une durée importante par la suite. La aussi, j'ai été surpris que Griffith initie ce procédé...
julien
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Message par julien »

Dans le lien mis par ergoproxad, on apprend aussi que le film dans l'esprit de Griffith devait à l'origine durait 8h. Pour des raisons commerciales, le réalisateur a dut ramener son film a une durée plus raisonnable et a donc procéder à de nombreuses coupes. Ce qui explique à mon avis le fait que certains épisodes, comme La Saint Barthélémy ou Les passages sur le Christ soient sous-traités.
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