Michael Curtiz (1886-1962)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Watkinssien
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Re: Michael Curtiz (1886-1962)

Message par Watkinssien »

Julien Léonard a écrit :Arrêtez tous avec Casablanca, sinon il est bon pour que je le visionne ce soir ! :mrgreen:

Et moi aussi, c'est malin !
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allen john
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Re: Michael Curtiz (1886-1962)

Message par allen john »

Julien Léonard a écrit :Alors là, mais fonce ! Michael Curtiz, c'est juste l'un des plus grands cinéastes hollywoodiens des années 30 et 40 à mon sens (allez, l'un des 15 meilleurs, sans problème). Son style, sa manière d'emballer des récits sinueux, et surtout quand il transcende son scénario par des idées visuelles formidables (exemple : Les anges aux figures sales, quand James Cagney quitte l'ombre pour la lumière, dans le couloir de la mort... ça en dit long sur le personnage, mais ce n'était pas contenu dans le script).

Domptant des acteurs tels que Errol Flynn, James Cagney ou encore Humphrey Bogart, il peut réaliser n'importe quel film dans n'importe quel genre. Même la comédie lui a réussi : n'en déplaisent à ceux qui trouvent Four's a crowd inintéressant, perso j'aime beaucoup. Mais il n'est jamais meilleur que dans le drame, le vrai récit noir et obscur, avec ses personnages en souffrance. Le film social made in Warner durant les années 30 lui doit beaucoup (autant qu'à Wellman, l'un des princes d'Hollywood aussi)... Mince, 20 000 ans sous les verrous, Black fury (que j'ai vu il y a peu), Les anges aux figures sales, Jimmy the gent, Kid Galahad, c'est du lourd !

Dans l'aventure, il excelle dans un vrai sentiment de plénitude artistique : L'aigle des mers, Capitaine Blood, deux fleurons du film de pirates qui mettent aisément la honte à tous les Pirates des Caraïbes à la manque. L'aigle des mers, surtout, est un film parfait à tous les niveaux, un film inoubliable. Dans le western, il se renouvelle à chaque fois : Les conquérants (coloré, plein d'action et d'entrain, très léger de façon générale), La piste de Santa Fe (beaucoup plus sombre, plus mature, passionnant dans sa dualité) ou encore Virginia city (un magnifique film, terriblement efficace, à la conclusion touchante et idéaliste du plus bel effet). Dans le film de guerre, il contient ses récits avec rigueur : il n'y a qu'à voir le très imparfait Passage pour Marseille afin de s'en rendre compte. Le film, parfois maladroit, se rattrape constamment grâce à une mise en scène hyper maîtrisée (l'attaque du navire vers la fin) et une enveloppe visuelle au nirvana (lumière, jeux d'ombre, photographie générale... du grand art). Jusque dans le film d'horreur, il apporta quelque-chose d'inédit : Doctor X, Mystery of the wax museum... deux oeuvres magiques, mélange d'horreur, de film social et d'aventures journalistiques hors pair. Des oeuvres dramatiques un peu plus personnelles aussi, comme Le roman de Mildred Pierce, ou The sea wolf.

Quand un réalisateur n'arrivait pas à s'acquitter de son film au cours des années 30, la Warner lui donnait l'oeuvre à terminer : The mayor of hell et Black legion de Archie Mayo, Femmes marquées de Lloyd Bacon, Blackwell's island de William C. McGann, jusqu'à Female de William Wellman (qui n'est pourtant pas en reste au vu de sa filmo)... Il n'y aura que Raoul Walsh à partir de 1939 (début de son contrat à la Warner) pour partager son podium à niveau égal, et finir par le détrôner au début des années 50 (période à laquelle Curtiz continue de signer des oeuvres intéressantes, parfois brillantes, mais en-dessous de ce qu'il a donné par le passé). Mais ça je l'ai déjà dit, je radote... :mrgreen:

C'est un cinéaste dont on parle aujourd'hui assez peu, et pourtant il fut l'un des plus prolifiques (une filmo de stakhanoviste) et surtout l'un des plus grands. Un technicien, un conteur, un auteur. Nul doute que sans lui, les années 30 et 40 à Hollywood n'auraient pas été tout à fait les mêmes.

Franchement, n'hésites pas à continuer, je t'envie presque de découvrir ces films là... :wink:
Oui, en effet, il a l'air bien ce cinéaste. C'est quoi, comme origine, "Curtiz"? mexicain, Esquimeau? :uhuh:

Bon passons: merci de cet enthousiasme communicatif. :mrgreen:
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Re: Michael Curtiz (1886-1962)

Message par someone1600 »

Watkinssien a écrit :
Julien Léonard a écrit :Arrêtez tous avec Casablanca, sinon il est bon pour que je le visionne ce soir ! :mrgreen:

Et moi aussi, c'est malin !
Et alors ca vous éviteras de passer 1h a hésité entre deux films, votre choix est fait. :lol:
bruce randylan
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Re: Michael Curtiz (1886-1962)

Message par bruce randylan »

Un homme pas comme les autres (Trouble along the way - 1953)
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Un entraineur de football américain vit seul avec sa jeune fille après son divorce. Pour échapper au service sociaux, il trouve refuge dans une école catholique qui espère sauver l'établissement de la faillite en se lançant dans un championnat sportif.

Un film des années 50 de Curtiz avec un John Wayne, j'avoue que je partais avec un apriori négatif.
Et bien c'est une excellente surprise. :D

Comme souvent avec les films de Curtiz qui traite de la religion (les anges aux figures sales, mon père et nous, je trouve qu'il s'en sort avec les honneurs en ne tombant jamais dans les pièges du préchi-prêcha.
Ici John Wayne joue un homme athée, se moquant des institutions et pas très moral. Ce qui ne l'empêche pas d'être un père affectueux et un homme généreux. Contre tout attente, sa relation avec le prêtre qui tient son école ne le convertira pas au catholicisme et John Wayne restera en dehors de la religion. De la même manière, la fin qui demeure assez ouverte n'a rien d'un happy-end.
Le traitement du scénario est vraiment une très agréable surprise. Il est à la fois simple, chaleureuse, tendre et humaine tout en évitant la mièvrerie et le manichéisme.
Le film conserve bien-sûr quelques stéréotypes comme la mère riche et égoïste mais on trouve toujours une scène pour venir nuancer et enrichir la vision qu'on a d'un personnage. Personne n'a tort et personne n'a raison. Chacun défend seulement ce qu'il estime juste avec les problèmes que ça amène (y compris dans la manière dont Wayne éduque sa fille). C'est

Ca fait vraiment plaisir de voir un film honnête et intelligent qui ne prend pas le spectateur en otage et qui ne cherche jamais à le manipuler.
Même si donc certains passages demeurent prévisible, le scénario est toujours surprenant et original et préfère les rapports entre les personnages que le contexte sportif qui est très en retrait (et qui n'est pas spécialement bien filmé ni stimulant).

Alors bien-sûr Michael Curtiz a livré des réalisations plus solides et inspirées mais c'est un film qui a du cœur et une âme et ça, ça rattrape tout. En plus tous les acteurs sont merveilleux, John Wayne en tête. En fait, je l'ai rarement trouvé aussi bon que dans ce film.
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Re: Michael Curtiz (1886-1962)

Message par allen john »

bruce randylan a écrit :Un homme pas comme les autres (Trouble along the way - 1953)
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Un entraineur de football américain vit seul avec sa jeune fille après son divorce. Pour échapper au service sociaux, il trouve refuge dans une école catholique qui espère sauver l'établissement de la faillite en se lançant dans un championnat sportif.

Un film des années 50 de Curtiz avec un John Wayne, j'avoue que je partais avec un apriori négatif.
Et bien c'est une excellente surprise. :D

Comme souvent avec les films de Curtiz qui traite de la religion (les anges aux figures sales, mon père et nous, je trouve qu'il s'en sort avec les honneurs en ne tombant jamais dans les pièges du préchi-prêcha.
Ici John Wayne joue un homme athée, se moquant des institutions et pas très moral. Ce qui ne l'empêche pas d'être un père affectueux et un homme généreux. Contre tout attente, sa relation avec le prêtre qui tient son école ne le convertira pas au catholicisme et John Wayne restera en dehors de la religion. De la même manière, la fin qui demeure assez ouverte n'a rien d'un happy-end.
Le traitement du scénario est vraiment une très agréable surprise. Il est à la fois simple, chaleureuse, tendre et humaine tout en évitant la mièvrerie et le manichéisme.
Le film conserve bien-sûr quelques stéréotypes comme la mère riche et égoïste mais on trouve toujours une scène pour venir nuancer et enrichir la vision qu'on a d'un personnage. Personne n'a tort et personne n'a raison. Chacun défend seulement ce qu'il estime juste avec les problèmes que ça amène (y compris dans la manière dont Wayne éduque sa fille). C'est

Ca fait vraiment plaisir de voir un film honnête et intelligent qui ne prend pas le spectateur en otage et qui ne cherche jamais à le manipuler.
Même si donc certains passages demeurent prévisible, le scénario est toujours surprenant et original et préfère les rapports entre les personnages que le contexte sportif qui est très en retrait (et qui n'est pas spécialement bien filmé ni stimulant).

Alors bien-sûr Michael Curtiz a livré des réalisations plus solides et inspirées mais c'est un film qui a du cœur et une âme et ça, ça rattrape tout. En plus tous les acteurs sont merveilleux, John Wayne en tête. En fait, je l'ai rarement trouvé aussi bon que dans ce film.
Oui, c'est vrai, il est juste. je pense que cette histoire a du plaire à son coeur d'Irlandais, tout en lui offrant un rôle étonamment adulte... et travailler avec un metteur en scène qui vous fiche une aix royale, ça devait lui plaire aussi, je pense qu'il a été déterminant dans le fait d'engager Curtiz pour les Comancheros.... Sinon, d'accord avec toi, c'est un bon curtiz "familial", une branche de son oeuvre qui est mineure, mais pas indigne.
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Jeremy Fox
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Re: Michael Curtiz (1886-1962)

Message par Jeremy Fox »

Je ne connaissais pas et je crois ne plus attendre longtemps avant de le commander :)
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Re: Michael Curtiz (1886-1962)

Message par Jack Carter »

il me semble qu'il repasse sur TCM ces prochains jours, j'y jetterai un oeil, je l'avais raté lors de l'integrale Wayne.
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Re: Michael Curtiz (1886-1962)

Message par Julien Léonard »

Content de voir un avis positif supplémentaire ! Hautement recommandable, un John Wayne méconnu et très fin. Michael Curtiz est encore en haut quand il signe ce très joli film. :wink:

Un anti-Big Jim McLain salvateur et efficace !
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bruce randylan
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Re: Michael Curtiz (1886-1962)

Message par bruce randylan »

Jeremy Fox a écrit :Je ne connaissais pas et je crois ne plus attendre longtemps avant de le commander :)
Le dvd ne vaut pas grand chose en ce moment sur amazon.com :D

http://www.amazon.com/Trouble-Along-Way ... 884&sr=8-5
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Re: Michael Curtiz (1886-1962)

Message par feb »

Vu lors de son passage sur TCM, j'en avais parlé dans une des pages précédentes avec M. Léonard et comme vous j'avais vraiment apprécié le film et surtout la très bonne prestation de John Wayne....et puis Donna Reed quoi :oops:
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Re: Michael Curtiz (1886-1962)

Message par villag »

Tiens, je me suis refait hier soir VIRGINIA CITY ; quelle elegance dans la mise en scène! la séquence du cabaret,projetant face à face les deux ennemis ( Scott et Flynn ) est d'une virtuosité confondante.....!
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Jeremy Fox
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Re: Michael Curtiz (1886-1962)

Message par Jeremy Fox »

villag a écrit :Tiens, je me suis refait hier soir VIRGINIA CITY ; quelle elegance dans la mise en scène! la séquence du cabaret,projetant face à face les deux ennemis ( Scott et Flynn ) est d'une virtuosité confondante.....!
Oui ainsi que les séquences d'action de la dernière demi-heure
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Père Jules
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Re: Michael Curtiz (1886-1962)

Message par Père Jules »

bruce randylan a écrit :
Jeremy Fox a écrit :Je ne connaissais pas et je crois ne plus attendre longtemps avant de le commander :)
Le dvd ne vaut pas grand chose en ce moment sur amazon.com :D

http://www.amazon.com/Trouble-Along-Way ... 884&sr=8-5
Il ne m'en faut pas plus pour commander un dvd ;)
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Cathy
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Re: Michael Curtiz (1886-1962)

Message par Cathy »

Père Jules a écrit :
bruce randylan a écrit : Le dvd ne vaut pas grand chose en ce moment sur amazon.com :D

http://www.amazon.com/Trouble-Along-Way ... 884&sr=8-5
Il ne m'en faut pas plus pour commander un dvd ;)
Le coffret est assez sympa et pas très cher avec ALLEGHENY UPRISING, BIG JIM MCLAIN, REUNION IN FRANCE, TROUBLE ALONG THE WAY, TYCOON, and WITHOUT RESERVATIONS. En plus hormis Tycoon, tous les films auraient des stf ! Je déteste ce site, je déteste ce site, je déteste ce siteje déteste ce site :fiou:

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Jeremy Fox
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Re: Michael Curtiz (1886-1962)

Message par Jeremy Fox »

Cathy a écrit :
Père Jules a écrit :
Il ne m'en faut pas plus pour commander un dvd ;)
Le coffret est assez sympa et pas très cher avec ALLEGHENY UPRISING, BIG JIM MCLAIN, REUNION IN FRANCE, TROUBLE ALONG THE WAY, TYCOON, and WITHOUT RESERVATIONS. En plus hormis Tycoon, tous les films auraient des stf ! Je déteste ce site, je déteste ce site, je déteste ce siteje déteste ce site :fiou:
Oui mais Allegheny Uprising est plutôt raté et Big Jim McLain très mauvais :| Seul Tycoon est un film que j'aime énormément peut-être pas pour de bonnes raisons d'ailleurs (la couleur, Larraine Day... :mrgreen: )
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