Sacha Guitry (1885-1957)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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joe-ernst
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Re: Sacha Guitry (1885-1957)

Message par joe-ernst »

Dans ce très beau coffret figure également Les perles de la couronne, qui reste un de mes Guitry préférés, où le comique de l'absurdité fait merveille. Certaines scènes sont mémorables et notamment celles de Soutanton (comprenne qui pourra... :wink: ) entre Raimu et Pauline Carton, ou encore celle où la Santita n'en finit pas de s'éteindre... :lol: Et je ne parlerai même pas de l'éblouissante distribution !
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Re: Sacha Guitry (1885-1957)

Message par Strum »

Je confirme tout cela. Le coffret contient plusieurs perles. Désiré, par exemple, qui n'a pas été cité, est un sommet du style Guitry, avec des monologues extraordinaires du bonhomme.
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Père Jules
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Re: Sacha Guitry (1885-1957)

Message par Père Jules »

Un très beau coffret (hormis les dimensions un peu chiantes pour le ranger) comprenant des merveilles en effet.
Seule déception, Le mot de Cambronne. Pour le reste, du gâteau 8)
Anorya
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Re: Sacha Guitry (1885-1957)

Message par Anorya »

Vous m'avez convaincus (c'était pas difficile non plus). Je prendrais peut-être l'objet à Noyel ou pour mon anniv'... :wink:
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Re: Sacha Guitry (1885-1957)

Message par Federico »

ed a écrit :Le diable boîteux est une merveille ; le début comporte d'ailleurs ma réplique préférée de l'année :
A ses majordomes qui médisent de lui en attendant son retour, Talleyrand lâche négligemment : "soyez heureux, j'ai décidé de vous augmenter. Vous étiez trois, vous serez quatre désormais"
Ce trait d'esprit (fort) est grandiose. Ce film est extraordinaire tout du long et pas seulement pour ses multiples saillies de haut vol avec Guitry qui s'est mis dans le costume d'un personnage qui lui va comme un bas de soie sur un pied-bot. Il prouva une fois de plus sa maîtrise visionnaire du cinéma avec des interludes enchanteurs et un jeu permanent de caméra. La grande classe.
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Re: Sacha Guitry (1885-1957)

Message par Père Jules »

Federico a écrit :
ed a écrit :Le diable boîteux est une merveille ; le début comporte d'ailleurs ma réplique préférée de l'année :
A ses majordomes qui médisent de lui en attendant son retour, Talleyrand lâche négligemment : "soyez heureux, j'ai décidé de vous augmenter. Vous étiez trois, vous serez quatre désormais"
Ce trait d'esprit (fort) est grandiose. Ce film est extraordinaire tout du long et pas seulement pour ses multiples saillies de haut vol avec Guitry qui s'est mis dans le costume d'un personnage qui lui va comme un bas de soie sur un pied-bot. Il prouva une fois de plus sa maîtrise visionnaire du cinéma avec des interludes enchanteurs et un jeu permanent de caméra. La grande classe.
C'est d'ailleurs avec ce film que j'avais commencé mon itinéraire au sein de la filmographie de Guitry. Jamais l'expression "théâtre filmé" ne m'avait paru plus injuste.
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Re: Sacha Guitry (1885-1957)

Message par villag »

Toujours dans ce coffret, EN REMONTANT LES CHAMPS ELYSEES, et dans ce dernier, une petite scène fantastique, surrealiste même, ou Napoleon croise Bonaparte....! Pas le meilleur film de Guitry, mais, un petit bijou, cette scène......
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Re: Sacha Guitry (1885-1957)

Message par Père Jules »



Pour le plaisir cette scène tirée du Roman d'un tricheur. Succulent au possible, du pur Guitry.
Strum
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Re: Sacha Guitry (1885-1957)

Message par Strum »

joe-ernst a écrit :Dans ce très beau coffret figure également Les perles de la couronne, qui reste un de mes Guitry préférés, où le comique de l'absurdité fait merveille. Certaines scènes sont mémorables et notamment celles de Soutanton (comprenne qui pourra... :wink: ) entre Raimu et Pauline Carton, ou encore celle où la Santita n'en finit pas de s'éteindre... :lol: Et je ne parlerai même pas de l'éblouissante distribution !
Découvert il y a deux jours. Et c'est effectivement assez fabuleux. Une espèce d'énorme farce historique où Guitry se permet à peu près tout. On est très loin d'un quelconque théâtre filmé, mais bien dans un film qui explore par ses voyages temporels et géographiques, ses changements incessants de décors, ses montages parallèles, et sa mise en abyme (Guitry tel qu'en lui-même dans son bureau) toutes les possibilités du cinéma. Et que tout cela va vite en termes de transitions entre les scènes. J'ai préféré cela d'assez loin au Diable Boiteux pour ma part (pour parler du film historique généralement considéré comme de référence de Guitry), que je trouve un peu lent finalement par rapport aux meilleurs Guitry.
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Re: Sacha Guitry (1885-1957)

Message par Rick Blaine »

Strum a écrit :
joe-ernst a écrit :Dans ce très beau coffret figure également Les perles de la couronne, qui reste un de mes Guitry préférés, où le comique de l'absurdité fait merveille. Certaines scènes sont mémorables et notamment celles de Soutanton (comprenne qui pourra... :wink: ) entre Raimu et Pauline Carton, ou encore celle où la Santita n'en finit pas de s'éteindre... :lol: Et je ne parlerai même pas de l'éblouissante distribution !
Découvert il y a deux jours. Et c'est effectivement assez fabuleux. Une espèce d'énorme farce historique où Guitry se permet à peu près tout. On est très loin d'un quelconque théâtre filmé, mais bien dans un film qui explore par ses voyages temporels et géographiques, ses changements incessants de décors, ses montages parallèles, et sa mise en abyme (Guitry tel qu'en lui-même dans son bureau) toutes les possibilités du cinéma. Et que tout cela va vite en termes de transitions entre les scènes. J'ai préféré cela d'assez loin au Diable Boiteux pour ma part (pour parler du film historique généralement considéré comme de référence de Guitry), que je trouve un peu lent finalement par rapport aux meilleurs Guitry.
L'immense qualité de ce film, c'est de réunir l'approche d'historien de Guitry au rythme de ses films plus "théâtraux". Du coup effectivement, c'est plus vivant que le diable boiteux ou encore les Si.... Ce film est une belle synthèse, je trouve, du talent de Guitry.
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Re: Sacha Guitry (1885-1957)

Message par homerwell »

Strum a écrit :Je confirme tout cela. Le coffret contient plusieurs perles. Désiré, par exemple, qui n'a pas été cité, est un sommet du style Guitry, avec des monologues extraordinaires du bonhomme.
Pas que les monologues d'ailleurs, Désiré comporte une réplique qui est pratiquement du même tonneau que la citation que Ed nous a fait connaître :
ed a écrit :* ... mais Le diable boîteux est une merveille ; le début comporte d'ailleurs ma réplique préférée de l'année :
A ses majordomes qui médisent de lui en attendant son retour, Talleyrand lâche négligemment : "soyez heureux, j'ai décidé de vous augmenter. Vous étiez trois, vous serez quatre désormais")...
"- Combien qu'on est ?
- De domestiques ?
- Oui
- Ben y a moi, le femme de chambre et puis vous...
- Et puis le chauffeur.
- Bon bon bon bon. Très bien. Et eux, ils sont combien ?
- Ben une. Ils sont une."
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Re: Sacha Guitry (1885-1957)

Message par Nestor Almendros »

TU M'AS SAUVE LA VIE (1951) - Cinécinéma Classic

Je ne savais pas que Guitry et Fernandel s'étaient croisés professionnellement. Je soupçonne fortement ce TU M'AS SAUVE LA VIE d'avoir été d'abord joué sur les planches avant d'être retranscrit au cinéma. Je n'ai pas dit "adapté" car la transposition est plutôt paresseuse et ressemble vraiment à une quasi-captation. L'unité de lieu joue énormément dans cette impression, d'autant plus que Guitry-metteur en scène joue plutôt de paresse. Même le générique n'a pas la magie de ceux de ses autres films. C'est plutôt en profil bas que nous apparait le travail du cinéaste, peut-être en communion avec un matériau moins reluisant qu'à l'habitude. Ce n'est pas la première fois que Guitry adapte une de ses pièces mais celle-ci ne vole pas très haut. On est dans le vaudeville boulevardier assez classique qui ne mériterait certainement pas le coup d'oeil s'il n'était dialogué et interprété par Guitry. C'est plutôt amusant, parfois croustillant: le fameux "mot de Cambronne" est ainsi prononcé, il y a également quelques clins d'oeil potentiels à ses récents déboires passés et de très nombreuses allusions au sexe (Fernandel: "je me suis envoyé la comtesse!"). Tout n'est donc pas du meilleur goût, pas étonnant que ce film ne soit pas à ranger parmi les réussites incontestées de son auteur. C'est toutefois l'occasion de retrouver Fernandel (qui fait du Fernandel) qui, comme avec Pagnol, trouve ici un texte suffisamment sympathique à jouer...

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Nestor Almendros
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Re: Sacha Guitry (1885-1957)

Message par Nestor Almendros »

LA MALIBRAN (1944) - Cinécinéma Classic

Souvent tourné vers le passé (LE MOT DE CAMBRONNE par exemple) ou les récits de l'Histoire (REMONTONS LES CHAMPS-ELYSEES, SI VERSAILLES M'ETAIT CONTE, etc.), Guitry s'est également attelé à des biopics - ou assimilés - de personnages célèbres (LE DIABLE BOITEUX, PASTEUR, LE DIABLE BOITEUX, NAPOLEON, etc.). En parcourant ses oeuvres, il semble s'être beaucoup intéressé à l'homme politique mais on note quelques exceptions dont la plus notable reste sans doute LE COMEDIEN dans lequel il rendait un double hommage, à son propre père et au métier d'acteur. Guitry témoigne de nouveau de son amour pour la scène en choisissant avec LA MALIBRAN d'élargir son spectre d'art scénique, de s'éloigner du théâtre pour aborder une autre discipline, le chant, et raconter la vie d'une cantatrice superstar des années 1830, une femme de spectacle qui aura marqué son époque.
Pour l'auteur, ce sujet est l'occasion d'avouer son admiration pour cet art en même temps qu'il lui permet d'y inclure ses propres réflexions sur le monde du spectacle ou sur le public. Ainsi LA MALIBRAN laisse beaucoup de place à la musique et aux chants. Mais d'une façon plus générale, Guitry n'est pas très intéressé par les tourments intérieurs ou la vie privée de l'héroïne: seuls apparaissent les moments importants de sa vie (naissance, mort, mariage) en privilégiant ceux en rapport avec le milieu artistique, les grands moments de sa carrière, ceux qui ont façonné la légende.

On retient dans les répliques de la Malibran l'impression d'une représentation très respectueuse et presque iconisée de l'Artiste. Guitry la porte aux nues et souhaite la montrer comme une figure de perfection, autant technique qu'artistique (son malaise sur scène quasiment mise en scène, quelques temps avant sa mort).
On retrouve un effet de style très habituel chez Guitry mais qui m'a encore plus frappé ici: c'est l'auteur lui-même qui parle à travers ses personnages, développant des pensées ou des bons mots. Le meilleur exemple reste peut-être la leçon d'applaudissement au Roi

L'ensemble est intéressant mais reste globalement sans surprises et ne m'aura pas spécialement passionné. Si le style de Guitry nous évite l'évocation plate et classique, l'intérêt reste pour moi limité. On remarque malgré tout un savoir-faire intact dans la narration. Pour une fois, Guitry n'abuse pas de la voix off: seule l'introduction l'utilise, le reste étant raconté lors d'une discussion entrecoupée de flashbacks. C'est le début du film qui m'a paru plus inventif: c'est là qu'on trouve les moments a priori les plus originaux. Je retiendrai surtout l'introduction, les premières minutes: l'histoire commence juste après la mort de la Malibran, ses amis et célébrités parlent d'elle en termes élogieux. Musset par exemple lui écrira un hommage sincère et délicat que Guitry reprend dans le film, avec Jean Cocteau dans le rôle de l'écrivain. Dans un salon, le compositeur Rossini, de ses amis, se met à jouer au piano. S'ajoutant à la mélodie, la voix de la cantatrice apparait. L'effet est appréciable et d'autant plus marquant: par ce flashback détourné c'est en fait la première apparition (sonore) du personnage.

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Re: Sacha Guitry (1885-1957)

Message par »

Nestor Almendros a écrit :TU M'AS SAUVE LA VIE (1951) - Cinécinéma Classic

Je ne savais pas que Guitry et Fernandel s'étaient croisés professionnellement. Je soupçonne fortement ce TU M'AS SAUVE LA VIE d'avoir été d'abord joué sur les planches avant d'être retranscrit au cinéma. Je n'ai pas dit "adapté" car la transposition est plutôt paresseuse et ressemble vraiment à une quasi-captation. L'unité de lieu joue énormément dans cette impression, d'autant plus que Guitry-metteur en scène joue plutôt de paresse. Même le générique n'a pas la magie de ceux de ses autres films. C'est plutôt en profil bas que nous apparait le travail du cinéaste, peut-être en communion avec un matériau moins reluisant qu'à l'habitude. Ce n'est pas la première fois que Guitry adapte une de ses pièces mais celle-ci ne vole pas très haut. On est dans le vaudeville boulevardier assez classique qui ne mériterait certainement pas le coup d'oeil s'il n'était dialogué et interprété par Guitry. C'est plutôt amusant, parfois croustillant: le fameux "mot de Cambronne" est ainsi prononcé, il y a également quelques clins d'oeil potentiels à ses récents déboires passés et de très nombreuses allusions au sexe (Fernandel: "je me suis envoyé la comtesse!"). Tout n'est donc pas du meilleur goût, pas étonnant que ce film ne soit pas à ranger parmi les réussites incontestées de son auteur. C'est toutefois l'occasion de retrouver Fernandel (qui fait du Fernandel) qui, comme avec Pagnol, trouve ici un texte suffisamment sympathique à jouer...

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La pièce de théâtre "Tu m'as sauvé la vie a été créée en 1950 aux Variétés à Paris. Le film s'est tourné dans la foulée, en 3 - 4 jours dans les décors de la pièce et toujours au théâtre des Variétés.
Nestor Almendros
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Re: Sacha Guitry (1885-1957)

Message par Nestor Almendros »

DEBURAU (1951)

Autre biopic à la sauce Guitry et autre adaptation théâtrale. A ceci près que l'aspect captation que j'ai pu ressentir dans TU M'AS SAUVE LA VIE par exemple et ici beaucoup moins visible. Le film est ainsi mieux découpé et trouve un équilibre cinématographique satisfaisant. Pourtant cette fois, Guitry ne cache pas la structure théâtrale (découpage en 4 actes) et opte pour un style parfois bien proche de la comédie boulevardière. Dans le premier acte surtout, le rythme des dialogues reste soutenu, les mots déclamés s'enchaînant d'un personnage à l'autre. Cette référence très nette aux représentations scéniques est renforcée par une trouvaille originale: le texte est écrit en rimes. Mais ici pas de poésie ici ou de tournures romantico-stylisées en alexandrins car les dialogues sont parlés simplement, de façon normale et naturelle. Ceci-dit, on reconnait la patte du maître (qui n'hésite pas non plus à se dédoubler en donnant à Lana Marconi textes et jeu très Guitry-esques) et c'est avec beaucoup d'attention que j'ai retrouvé un plaisir de l'écoute que je n'avais pas ressenti chez Guitry depuis bien longtemps.
Acte après acte, Guitry semble se détacher de l'esprit virevoltant du début, délaissant subtilement l'esprit chantant de ces jeux de rime pour des réflexions plus personnelles. On retiendra ce monologue poignant que le mime énumère en grimant son fils, juste avant la montée sur scène. Le flambeau se transmet sur les confidences admiratives de Guitry pour son métier. Car de nouveau, comme pour LA MALIBRAN, Guitry raconte la vie d'un artiste illustre, un célèbre mime du 19e siècle, le créateur de Pierrot, et parle à travers ce destin voué au spectacle, de sa propre personne, de son propre dévouement à cet art du vivant.

La vie de Deburau est le point de départ d'un récit où l'auteur abordera des sujets aussi divers que le métier de comédien, le public, la vocation, l'Amour ou encore la solitude. Il se dégage parfois de ce personnage une certaine tristesse, ce que j'avais rarement décelé dans ceux interprétés par Guitry (mais c'est peut-être ma faute). On y sent notamment le temps qui passe et des regrets de plus en plus persistants sur un passé glorieux mais derrière lui et une santé jadis solide qui se dégrade avec les années (dans le dernier acte: le retour du mime longtemps après son départ de scène, où il oublie des détails de son rôle, ce que ne manque pas de remarquer le public qui le siffle). Guitry a alors 64 ans et je suis prêt à parier que ce parallèle n'est pas un hasard. Dans ce troisième acte, Guitry semble profiter de certaines failles plus sentimentales, délaissant ponctuellement une habituelle pudeur pour laisser sortir un "je t'aime" très émouvant, par exemple. Je crois avoir rarement vu Guitry aussi personnel dans son jeu, lui qui se cache souvent derrière des habitudes scéniques, des gestuelles. Si l'auteur se raconte très souvent derrière ses personnages, cette interprétation-là pourrait être l'une de ses plus troublantes, les plus sincères.
Guitry en profite également pour parler du public et de sa courte mémoire, au soutien bien présent dans le succès mais amnésique pour peu que l'artiste soit à peine perdu de vue. Un rapport avec la période difficile qu'il a vécu après la Guerre?

J'attendais traditionnellement le générique du film. Guitry arrive une fois de plus à surprendre: c'est filmé comme un ancêtre de making-of, présentant l'équipe sur le plateau de tournage, non en train de poser (comme dans LA POISON) mais pris sur le vif, en plein travail. Un résultat intéressant mais trop court.

Très agréable.

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