Wagner wrote:Peut-être parce que Kubrick ne voulait pas un transfert 16/9 alors que les normes HD refusent le 4/3 aux films en écran large?
La volonté de Kubrick sur les transferts vidéo de ses films date quand même de l'époque où il n'y avait que des télés 4/3 ! Et peut-être le but était que ses films ne subissent pas le charcutage du pan & scan ?
Je viens de revoir à l'instant le monumental Barry Lyndon. Que dire sans tomber dans le superlatif ? Je n'ai pas de mot pour qualifier l'état dans lequel je suis à l'issue de ce divin et suprême chef-d'oeuvre, que dis-je, de ce miracle d'une terrifiante perfection couché sur pellicule.
Peut-être l'oeuvre la plus aboutie de Kubrick, à la fois sommet artistique et écrin duquel jaillit plus que jamais la discrète fibre sentimentale du réalisateur. Un film essentiel, comptant parmi les plus beaux jamais offerts par le cinéma.
Last edited by Demi-Lune on 7 Mar 10, 10:53, edited 2 times in total.
La grande force du film provient de l'harmonisation subtile du fond et de la forme. Kubrick met en scène le destin d'un arriviste, dans un monde décadent.
Le zoom comme outil langagier est la vision conforme à un monde qui stagne. Les zooms partent d'un point de départ où les gestes sont visibles même si discrets et lorsque l'image devient plus vaste le cadre montre alors une immobilité terrifiante.
Barry Lyndon est donc un film équilibré où le fond et la forme s'allient alors qu'on a l'impression que l'un prédomine l'autre. C'est tout le génie de Kubrick d'avoir construit ce film où se situent toutes ses thématiques et dans laquelle Kubrick a reporté pas mal d'idées qu'il aurait voulu mettre dans son projet de "Napoléon".
makaveli wrote:je suis peut être hors sujet mais tout le monde trouve que niveau visuel barry lyndon n'a pas d'equivalent.
moi j'en ai trouve 1
RAN de AKIRA KUROSAWA
les deux œuvres sont d'un niveau moyen élevé, mais Kubrick parvient encore à aller encore au delà un certain nombre de fois
makaveli wrote:peut être mais moi je préfère le kurosawa .
Ce n'était pas vraiment le sens de mon mot; par ailleurs, en y réfléchissant ne serait-ce qu'un instant, des films aussi achevés que Barry Lyndon formellement, il y en a un bon nombre.
Un film sous la beauté glacée et figée duquel se cachent pour moi peu de charmes à part celui du picaresque, peu d'émotion (étouffée par l'ironie) et finalement peu d'épaisseur (un seul niveau de lecture, déjà vu, sur l'arriviste vaincu par un monde décadent).
Strum wrote:Un film sous la beauté glacé et figé duquel se cachent pour moi peu de charmes à part celui du picaresque, peu d'émotion (étouffée par l'ironie) et finalement peu d'épaisseur (un seul niveau de lecture, déjà vu, sur l'arriviste vaincu par un monde décadent).
Pareil, ça doit être le Kubrick que j'aime le moins ; je reconnais sa beauté formelle (peut-être la plus belle photo vue dans un film), mais tout le reste me laisse de marbre.
Mais je lui redonnerais bien une chance, via une projection au cinéma (ce qui devrait arriver d'ici quelques semaines, via une rétro Kubrick prévue près de chez moi ).
Heu... Quand même, là, je ne souscrit à rien de ce qui a été dit récemment : au delà de son extraordinaire beauté formelle, je trouve que Barry Lyndon résonne d'une profonde émotion. L'arrivisme de Lyndon ne se fait pas sans renoncement (j'aurais d'ailleurs tendance à penser que c'est un thème très Kubrickien, que celui de personnages qui doivent perdre une partie de leur âme pour parvenir à ce l'objectif qu'ils s'étaient fixé, entre Lolita et Full Metal Jacket, en passant par les singes de 2001, la "réussite" a toujours un prix en pesée d'âme).
Notamment ici, la séquence du duel m'apparait comme extrêmement troublante sur le plan émotif, et a le mérite de mettre Barry devant ses prises de parti.
Bref, je n'ai pas le temps ici de développer, mais je suis loin de trouver le cinéma de Kubrick aussi "froid" qu'on a tendance à l'affirmer.