Le Corps et le Fouet (Mario Bava - 1963)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Jordan White
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Message par Jordan White »

Je le trouve vraiment pas mal La Baie Sanglante. C'est pas un film immense mais il est assez intéressant quoique inégal sur la longueur.
J'aime aussi Six femmes pour l'assassin qui a inspiré de nombreux films de tueurs et le très pictural le Corps et le fouet qui est l'un des premiers films à montrer le masochisme sous un angle audacieux.

En cela, Dario Argento lui doit énormément rien qu'en regardant Les Frissons de l'angoisse, qui est pour moi son meilleur film. Les gants noirs, l'atmosphère, la mise en scène des crimes, une partie du sadisme sontune grosse influence piochée dans la filmographie de Bava. Même dans le Sang des innocents ont retrouve une part de ce sadisme jusqu'au boutiste qui hante la première pellicule du film ( qui s'effrite beaucoup trop vite par la suite hormis le meurtre contre l'entrée de l'immeuble).

En ce qui concerne Michele Soavi, j'admets que son Bloody Bird a quelques qualités ( dont un ou deux meurtres assez tordus) mais le film manque d'originalité et m'ennuie assez vite ( en plus d'une interprétation plus que moyenne). Je n'ai pas vu Sanctuaire apparemment supérieur.

Enfin pour le fils de Mario Bava, je considère Demons 1 et 2 comme des films cultes en ce sens que s'ils sont mauvais ils m'ont assez marqué ( surtout le 2 d'ailleurs la fameuse séquence du gâteau d'anniversaire). Ces films doivent aujourd'hui paraître d'un kitsch absolu. Il faudrait que je les revoie.
NUTELLA

Message par NUTELLA »

Jordan White a écrit :Je le trouve vraiment pas mal La Baie Sanglante. C'est pas un film immense mais il est assez intéressant quoique inégal sur la longueur.
J'aime aussi Six femmes pour l'assassin qui a inspiré de nombreux films de tueurs et le très pictural le Corps et le fouet qui est l'un des premiers films à montrer le masochisme sous un angle audacieux.

En cela, Dario Argento lui doit énormément rien qu'en regardant Les Frissons de l'angoisse, qui est pour moi son meilleur film. Les gants noirs, l'atmosphère, la mise en scène des crimes, une partie du sadisme sontune grosse influence piochée dans la filmographie de Bava. Même dans le Sang des innocents ont retrouve une part de ce sadisme jusqu'au boutiste qui hante la première pellicule du film ( qui s'effrite beaucoup trop vite par la suite hormis le meurtre contre l'entrée de l'immeuble).

En ce qui concerne Michele Soavi, j'admets que son Bloody Bird a quelques qualités ( dont un ou deux meurtres assez tordus) mais le film manque d'originalité et m'ennuie assez vite ( en plus d'une interprétation plus que moyenne). Je n'ai pas vu Sanctuaire apparemment supérieur.

Enfin pour le fils de Mario Bava, je considère Demons 1 et 2 comme des films cultes en ce sens que s'ils sont mauvais ils m'ont assez marqué ( surtout le 2 d'ailleurs la fameuse séquence du gâteau d'anniversaire). Ces films doivent aujourd'hui paraître d'un kitsch absolu. Il faudrait que je les revoie.
le mot culte est très inadequat pour demons 1 et 2 :lol: ils sont très très mauvais,mais je suis d'accord avec toi,ils procurent quand meme un petit plaisir,notamment par quelques scénes chocs,dommage quand meme que le fils Bava soit un si piétre réalisateur.
Cinetudes
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Message par Cinetudes »

salut jordan et nutella

Jordan, je partage ton point de vue quand à l'immense influence de Bava sur l'oeuvre d'Argento.
On peut vraiment parler de fils spirituel et leurs carrières repsectives ont suivi le même tracé alternant chef d'oeuvres et films moyens ou ininteressants voire carrément mauvais. Cela est trés Italien comme attitude et il faut bien reconnaitre qu'Argento connut plus de ratés que son maitre.
Mais leurs oeuvres majeures souvent déconsidérées injustement du fait de leur appartenance à un genre populaire et considéré comme peu sérieux ont durablement marqué les productions fantastiques et érotico-policiéres qui les suivirent.
Quand au fils Bava ses tentatives de faire du cinéma sont tellement pitoyables qu'il n'est même pas la peine de revenir dessus et prouve bien que le talent et l'inspiration sont loin d'être héréditaire.
Michele Soavi que je ne connais pas plus que ça parassait pouvoir reprendre le flambeau de ses deux illustres ainés (sur un mode plus mineur tout de même) mais à curieusement et malheureusement disparu de la circulation. Dommage car je garde un souvenir trés fort du bien dérangé et attachant Dellamorte dellamore.
Il est quand même dommage de voir Argento tenter désespérement de retrouver sont inspiration flamboyante des années 70 et de s'autoparodier dans des films qui ne sont plus que l'ombre de leur géniaux prédécesseurs.
J'espère qu'un jour cet homme pourtant trés intelligent et cultivé réussira à retrouver l'alchimie magique qui fait la valeur de Suspiria , Profondo Rosso, Inferno ou même plus simplement de L'oiseau au plumage de Cristal.
Quand à l'oeuvre de Bava, malgré ses scories, je lutte pour qu'elle soit réevaluée à sa juste valeur (pour ses meilleures oeuvres) et que l'on reconnaisse enfin son véritable génie créatif (créateur de formes cinématographiques nouvelles, utilisateur précurseur de bien des spécificités du cinéma), son talent de metteur en scène (qui a influencé directement ou indirectement nombre de grands réalisateurs qui l'ont suivi), et sa thématique troublée et troublante qui font de lui un cinéaste qui utilise comme peu les capacités de ce médium en même temps qu'un auteur complet.

Stef :D
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Cinetudes
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Message par Cinetudes »

alors, vous me laissez tout seul? :cry:

Je sais je n'ai toujours pas pris le temps de regarder Les trois visages de la peur et je n'ai donc pas grand chose de plus à ajouter (mais euh c'est pas ma faute c'est une k7 vidéo et donc c'est la tv 70 cm au lieu de l'écran de 280 cm, ceci expliquant cela).

Plus sérieusement, je m'accroche et fait encore remonter ce post au cas ou l'un d'entre vous ai vu Le corps et le Fouet depuis son début et souhaite en discuter avec son défenseur le plus acharné.

Donc faites une bonne action venez discuter avec Stef sinon vous avez vu il ira se foutre la tronche directement dans la TV :wink:

Stef :D
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NUTELLA

Message par NUTELLA »

petite precision qui me semble importante(je l'ai appris il y a peu)c'est le grand Sergio Martino qui été assistant de production sur Le corps et le fouet 8)
son frere etait d'ailleurs co-scénariste sur ce film!
Cinetudes
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Message par Cinetudes »

merci pour ta précision Nutella je le note dans mes petits papiers!!

Je viens de finir les trois visages de la peur et encore un excellent film.
Le sketche du téléphone préfigure le génial six femmes pour l'assassin.
Il affine les bases du giallo entamées dans la fille qui en savait et fabuleusement développé dans 6 femme pour l'assassin même si son style visuel est le plus sobre des trois. La caméra mobile et instiguatrice, l'excellent score jazzy et la tension qui monte, qui monte!! Egalement le même quasi mépris pour le scénario qui n'est la que comme prétexte à la mise en scène et à l'ambiance. Du pur cinéma!!

Les Wurdalaks est également un sommet du gothique et rappelle furieusement Le Masque du Démon(la crypte, l'inconnu qui tombe amoureux) mais peut être en moins abouti même si visuellement c'est une véritable splendeur.
Il est moins interessant que le masque du démon car beaucoup plus classique (la présence de Karloff?) mais présente les vampires sous un jour différent et que dire de l'image finale qui est l'une des plus macabrement magnifique de l'oeuvre de Bava. A souligner aussi la facilité de notre homme a truffer ses films d'actes dont la plupart serait effrayé à la simple évocation ( enfanticide, paricide raté, enfant conduisant ses parents à la mort) en se cachant derrière l'aspect fantastique et totalement déréalisant de ses films.

Alors par contre quel dernier sketche!!! ouf!! la goutte d'eau est effectivement un pur moment d'expérimentation visuelle et sonore sur un canevas on ne peut plus simple. Bava y est encore plus macabre et surtout glauque qu'a son habitude. Les trois lignes de scénario sont un prétexte à une étude sur les moyens de provoquer la peur avec des procédés uniquement audio-visuels sans le suspense, le scénario ou les dialogues.
Les décors et la photographie sont parmis ce que Bava à fait de mieux et anticipent le génial Lisa et le Diable (sans l'humour et l'absurde). Le travail sur les couleurs est formidable aussi abouti que dans le corps et le fouet ou 6 femmes pour l'assassin qui sont trés proches dans le temps.
L'ambiance est sinistre et le maquillage qui peut paraitre grand guignol est diablement efficace. La bande-son est à nouveau trés travaillé et redoutablement efficace.
Il est dommage que ce segment soit d'ailleurs si court car Bava aurait pu sans doute continuer à faire monter la tension chez ses spectateurs. (ah le bruit de la mouche et des gouttes d'eau et leur stylisation incroyablement efficace qui rappelle celle des coups de fouet de Kurt!!)

Néanmoins je persiste et signe, le Corps et le Fouet est plus abouti que Opération Peur ou Les Trois Visages de la Peur, au niveau visuel, sonore, mise en scène et complexité des différents niveaux de sens présents.

Son aspect hybride lui permet d'être plus complexe car il est non seulement expérimental mais fonctionne aussi sur un mode classique (même si c'est sa côté le moins interessant). C'est cette dualité qui le rend plus profond et plus sophistiqué alors qu'Opération Peur qui malgré toutes ses qualités apparait beaucoup plus éthéré et moins concis et Les Trois visages de la peur est un film à sketches (trés réussi) et donc plus disparate.

J'attends vos avis pour faire repartir le débat!!
En tout cas je suis bougrement ravi d'avoir redécouvert deux oeuvres essentielles du grand Mario grâce à vous.

Stef :D
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La mouche savante
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Message par La mouche savante »

Le corps et le fouet

2ème découverte d'un film de Bava, après "Le masque du démon".
Pouquoi ai-je mis autant de temps avant de me décider à le visionner ?
Une ambiance gothic envoutante, un soupçon d'erotisme, une magnifique demoiselle aux penchants SM, une photographie très belle.
Bref, excepté les 10 dernières minutes, que j'ai trouvé baclées et peu inspirées, le reste du film est très bon, et certainement culotté pour l'époque.
J'ai adoré.
Vous connaissez quelqu'un qui peut prétendre avoir eu la vie sauve, grâce à "Gorge profonde"?
héni
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Message par héni »

La mouche savante a écrit :Le corps et le fouet

2ème découverte d'un film de Bava, après "Le masque du démon".
Pouquoi ai-je mis autant de temps avant de me décider à le visionner ?
Une ambiance gothic envoutante, un soupçon d'erotisme, une magnifique demoiselle aux penchants SM, une photographie très belle.
Bref, excepté les 10 dernières minutes, que j'ai trouvé baclées et peu inspirées, le reste du film est très bon, et certainement culotté pour l'époque.
J'ai adoré.
j'ai vu il n'y a pas très longtemps mon premier film de Bava La fille qui en savait trop et ce fut un régal je te conseille vivement de le voir.
Quant à moi j'aimerais bien voir Le corps et le fouet.
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Federico
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Re: Le Corps et le Fouet (Mario Bava, 1963)

Message par Federico »

Le Corps et le Fouet repasse cette nuit sur Arte, à 0h15.

Pour ceux qui veulent vérifier pourquoi Godard avait dit que "Lavi est belle"... :wink:

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The Eye Of Doom
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Re: Le Corps et le Fouet (Mario Bava - 1963)

Message par The Eye Of Doom »

J’avoue ne pas avoir été emballé par Le corps et le fouet.
Il y a des plans tres chouettes comme ceux avec la chateau au loin (la mer et le ressac flou au premier plan, la silhouette noire sur fond noir du chateau au fond avec un point de lumiere net)
Le travail sur la profondeur des plans au sein du cadre est tres interessant. Il y a un coté Melies/Animation/trucage a l’ancienne qui fait le charme de ce travail.
Mais l’unique objet de film semble etre de filmer le visage et les yeux de l’actrice sous une collection d’eclairage et couleur differentes.
Le vrai probleme est quevm l’histoire a peu d’interet, on s’ennuie ferme, tout cela est tres poussif et terriblement fauché.
Alors oui on peut voir le film pour la belle démonstration du savoir faire et de l’inventivité. Mais ce n’est pas suffisant.
Dans La planète des vampires, c’etait pas forcement mieux mais le film est vecu comme un trip onirique, la photo incroyable, accentue l’etrangeté, on est immergé. Ici j’ai pas reussi a rentrer dedans. C’est la difference avec les meilleurs films de Fisher pour la Hammer : d’une part, on accepte le voyage esthétique proposé d’autre part, il y a des originalités de thematiques (les deux visages du docteur Jekyll).
Ici la thématique sado maso ne suffit pas à masquer un scénario lineaire.

J’ai emprunté Hercule et les vampires. A suivre donc
Invité1
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Re: Le Corps et le Fouet (Mario Bava - 1963)

Message par Invité1 »

Je me permets de poster mon petit avis...



- LE CORPS ET LE FOUET -

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Produit entre l'un des summums des films à sketches horrifiques intitulé Les Trois Visages De La Peur et Six Femmes Pour L'assassin, brillant métrage qui imposera la mode du giallo en Italie, Le Corps Et Le Fouet reste incontestablement l'une des œuvres maîtresses de Mario Bava, signant ici pour la première fois la réalisation sous le pseudonyme de John M. Old.

Nous sommes au cœur du XIXème siècle. Après une longue absence, le baron Kurt Menliff (Christopher Lee) revient à la demeure familiale malgré la dénégation de son père (Gustavo De Nardo), suite à un drame dont on lui attribue la responsabilité. Là, il retrouve la jolie Nevenka (Daliah Lavi), son ancienne promise devenue sa belle-sœur, avec laquelle il entretenait une intense relation amoureuse et sadomasochiste. Brusquement assassiné dans sa chambre par une main inconnue, Kurt semble maintenant hanter le domaine pour se venger...

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Doté d'un suspense haletant basé sur un whodunit dont on ignore tout tenant et aboutissant durant l'intégralité du métrage (sommes-nous face à une œuvre fantastique ou face à un thriller gothique ou encore face à un fantasme concrétisé par les frustrations sexuelles de la protagoniste ?...), Le Corps Et Le Fouet ballade allègrement son spectateur dans les méandres de divers sujets sulfureux rarement abordés au cinéma à cette époque : la perversion et le sadomasochisme.
Dans le rôle de la "victime" consentante, Daliah Lavi tient quasiment tout le film sur ses frêles épaules flagellées, instinctivement animale quant aux orgasmes qu'elle éprouve sous les coups de son sadique amant magnifiquement interprété par un Christopher Lee au sommet de sa gloire.

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Pour illustrer les brillantes idées de mise en scène, la direction photo, opérée ici par le génial Ubaldo Terzano sous le pseudonyme de David Hamilton ( :shock: ), sublime littéralement chaque comédien, chaque décor, chaque costume, chaque cadrage. Au son, un certain Peter Jakson ( :shock: again) expérimente quant à lui un souffle de vent perpétuel, ligne conductrice déjà esquissée dans l'un des sketches des Trois Visages De La Peur et préfigurant amplement le sordide climat sonore du blizzard de The Thing (John Carpenter - 1982) ou celui du foehn de Phenomena (Dario Argento - 1984).

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Jugé politiquement incorrect lors de sa sortie en 1963 et malheureusement censuré dans de nombreux pays, Le Corps Et Le Fouet reste assurément une pépite de chaque instant dans sa version intégrale.

Ma note : 8/10
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