Luigi Comencini (1916-2007)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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joe-ernst
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Message par joe-ernst »

Mariti in città (1957).

C'est l'été, les femmes et les enfants sont partis au bord de la mer pendant que les maris restent en ville pour travailler. Etant momentanément célibataires, la tentation est grande pour certains d'en profiter...

Comédie de moeurs mettant en scène divers types de mâles (tous assez lâches) et balançant quelques coups de griffes assez doux contre l'institution du mariage, mais dont le scénario manque hélas de crocs pour devenir une véritable satire et retenir notre attention. Tout est relativement gentillet, et du coup, ce n'est guère passionnant. Les comédiens sont bons, Giorgia Moll est un joli petit animal naïf et Renato Salvatori dégage une fort belle présence.
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Message par Nestor Almendros »

joe-ernst a écrit :Mariti in città (1957).
Comédie de moeurs mettant en scène divers types de mâles (tous assez lâches) et balançant quelques coups de griffes assez doux contre l'institution du mariage, mais dont le scénario manque hélas de crocs pour devenir une véritable satire et retenir notre attention. Tout est relativement gentillet, et du coup, ce n'est guère passionnant. Les comédiens sont bons, Giorgia Moll est un joli petit animal naïf et Renato Salvatori dégage une fort belle présence.
Assez d'accord avec Joe-Ernst, même si j'ai passé un bon moment. Le scénario se moque gentiment des mâles obsédés par la séduction estivale (saison propice) et l'adultère potentiel. Le plus amusant ici c'est la fiasco de tous les personnages: aucun ne réussira à consommer son fantasme à part, peut-être, l'un d'eux avec une prostituée...avec l'aide d'un chien! Les piques, pas forcément originales mais amusantes, sont bien vues. Notamment sur ce mari volage qui est pourtant maladivement jaloux dès qu'il n'a pas sa femme sous les yeux. Ou cet homme vieillissant qui ne sait plus comment réagir face à une pulpeuse bonne à tout faire.
Tous ces hommes subissent effectivement leurs pulsions, mais se retrouvent d'une lâcheté irrésistible quand ils sont confondus par leurs conjoints (le plus jeune ressemble à un enfant qui voudrait bien se cacher).

Très bon master, ce qui montre que l'Italie s'est véritablement lancée dans la restauration de qualité (j'espère :fiou: ).
Dernière modification par Nestor Almendros le 2 juin 08, 12:34, modifié 1 fois.
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Message par Wall of Voodoo Fan »

joe-ernst a écrit :Mariti in città (1957).
Giorgia Moll est un joli petit animal naïf et Renato Salvatori dégage une fort belle présence.
Traiter Giorgia Moll d'animal, il y a des coups de peinture qui se perdent! :P
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Message par joe-ernst »

Wall of Voodoo Fan a écrit :
joe-ernst a écrit :Mariti in città (1957).
Giorgia Moll est un joli petit animal naïf et Renato Salvatori dégage une fort belle présence.
Traiter Giorgia Moll d'animal, il y a des coups de peinture qui se perdent! :P
N'a-t-on pas dit d'Ava Gardner qu'elle était le plus bel animal du monde ?
:P :P :P :P :P :P :P :P :P :P :P :P :P :P :P :P :P :P :P :P :P
L'hyperréalisme à la Kechiche, ce n'est pas du tout mon truc. Alain Guiraudie
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Message par Wall of Voodoo Fan »

joe-ernst a écrit :
Wall of Voodoo Fan a écrit :
Traiter Giorgia Moll d'animal, il y a des coups de peinture qui se perdent! :P
N'a-t-on pas dit d'Ava Gardner qu'elle était le plus bel animal du monde ?
:P :P :P :P :P :P :P :P :P :P :P :P :P :P :P :P :P :P :P :P :P
C'est vrai, tu marques un point, là! :)
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Message par Nestor Almendros »

A CHEVAL SUR LE TIGRE (1961)

Je ne suis vraiment pas spécialiste (et amateur systématique) des comédies italiennes mais ce film est une très agréable surprise.
J'ai d'abord été séduit par l'humour. La première moitié du film, en gros, propose une suite rythmée de gags parfois irrésistibles. L'un des premiers du film
Spoiler (cliquez pour afficher)
(Manfredi qui cache son magot et simule un hold up + le témoignage du pêcheur)
m'a fait hurler de rire, le reste est d'un assez haut niveau.
L'histoire suit les mésaventures d'un pied nickelé assez looser et un peu stupide, mais sincère et gentil (donc attachant), un personnage "au grand coeur" qui va subir injustices, méprises et malchance. Il va ainsi atterrir en prison et faire la connaissance de prisonniers aux profils assez noirs, eux: de vraies brutes (emprisonnées pour assassinat, notamment). Le contraste de ces personnalités va faire des étincelles, le scénario utilisant assez bien les manipulations des uns contre la naiveté de l'autre. Il y aura d'abord de la méfiance, un certain rejet, puis une humanité, une relation, qui va se nouer entre eux.
Je pense que la partie en prison est celle qui me laissera le meilleur souvenir car c'est celle qui use le plus de l'humour.

Car, après l'évasion, les aspects sombres qui parsemaient discrètement le film jusque-là vont se faire plus présents au détriment de l'humour (qui deviendra moins systématique, mais pas absent). La dernière demi-heure montre ainsi des personnalités plus tordues, une humanité assez désoeuvrée et presque amorale (la femme de Manfredi). Le film passe peu à peu de la comédie cynique et drôle à quelque chose d'assez différent et de plus noir. L'humanité est là où on ne l'attend pas forcément, et inversement. Le changement est un peu déstabilisant mais c'est aussi ce mélange des genres qui fait la marque de fabrique des classiques de la comédie italienne. Et le scénario est suffisamment bien écrit pour ajuster convenablement les manèges de tous ces personnages dans une histoire qui tienne la route. Dans le style, malgré une volonté comique irréprochable, on note surtout un ton résolument réaliste (voire néo-réaliste comme le défend le scénariste Scarpelli dans le bonus). Très agréable à suivre en tout cas.
Le casting est également très réussi: Nino Manfredi en tête. On retrouve, pour l'anecdote, le français Raymond Bussières en compagnon de cellule.

Le film est sorti en dvd l'an passé chez Opening. Dommage que le master ne soit pas équivalent à la réputation (et la réussite) du film car c'est un master juste correct: pas restauré récemment et surtout en 1.85- 4/3...
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Message par bruce randylan »

Nestor Almendros a écrit :A CHEVAL SUR LE TIGRE (1961)
Je le note dans la wish list ( malgré le letterbox ) :D


Et y-a quelques temps, j'avais vu.
La grande pagaille ( 1960)

Seconde guerre mondiale, L'italie vient de signer l'armistice mais son ancien allié l'Allemagne ne l'entends pas de cette oreille et traque les militaires tandis que les nouveaux fascistes embrigues de forces les civiles. Au milieu de cette grande pagaille se trouve un bataillon dirigé par un lieutenant trouillard et incapble de penser par lui-même.

Alors qu'on pouvait s'attendre à une grosse farce dans le genre de la Marche sur Rome de Risi, ce film ci est beaucoup plus désabusé et dramatique qu'humoristisque. On rit bien-sur de temps en temps du comportement odieux d'Alberto Sordi ( génial, celà va sans dire ) mais la plupart du temps on est surtout surpris devant le pessimisme de l'histoire. Il y a donc de nombreux passages très forts : Le camion de farine que s'arrache une population affamée, l'épisode tragique d'une jeune femme juive, le soldat américain ( avec un très bel échange autour d'une cigarette ) et l'arrivée des nouveaux fascistes...
Comme souvent dans le cinéma italien de ce genre, la narration s'assimile à une succession de passages indépendantes les unes des autres et de qualité inégale. La bonne chose c'est dans la Grande pagaille, tout est bon, parfaitement écrit et joué.
Seul peut-être la fin manque de cette finesse dans les situations avec une évolution de Sordi un peu trop hâtive bien que logique.

Malgré un budget réduit ( les chars font très cartons pâtes ), Comencini livre une comédie italienne bien plus grave que la pochade attendue. C'est aussi la qualité du genre, briser à coup sur les shémas classiques avec un art des ruptures bien dosés.
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Re: Luigi Comencini (1916-2007)

Message par Best »

Entre découvrir Pinocchio dans sa version Française de 2h, et les 5 épisodes TV en Italien sous titré espagnol, je pense opter pour la seconde solution. Heureusement que ce sont des langues latines, ça facilitera certaines choses pour la compréhension :mrgreen:
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Re: Luigi Comencini (1916-2007)

Message par Profondo Rosso »

Tiens je n'avais pas vu ce topic j'en profite pour recaser mes avis de découvertes récente, nettement moins enthousiaste que Nestor pour "A Cheval Sur le tigre"...

A Cheval sur le tigre de Luigi Comencini (1961)

Image

Ciacinto, pas vraiment délinquant ni très méchant, se fait pincer alors qu'il simulait le vol de sa camionnette. En prison, il est entrainé malgré lui dans une évasion par de redoutables tueurs...

Suite au gros succès du "Pigeon", Monicelli et Comencini s'associent avec le duo de scénariste Age/Scarpelli (responsable du Bon La Brute et Le Truand entre autres) pour créer leurs propre société de production et "A Cheval sur le tigre" sera leurs premier film. Pas totalement convaincant car voulant reproduire de manière trop visible le mix comédie/néoréalisme du Pigeon, et cela au détriment de l'intrigue et du genre dans lequel le film s'inscrit au départ, la comédie policière.
La première partie est pourtant géniale, plongeant le héros Nino Manfredi trouillard et pas très fûté au milieu de bandits de grands chemin aux mine patibulaire. On rit de bon coeur plus d'une fois à le voir se faire intimider et se prendre régulièrement des raclées à chaque gaffe commise. Nino Manfredi est génial comme à son habitude et la présentation des truands l'entourant est des plus inventive, entre la brute épaisse Tagliabue, le fourbe La Souris et le fantasque Paliateo (joué par Gian Maria Volonte). La scène d'ouverture qui voit le héros mettre en scène de manière lamentable sa fausse agression est des plus tordante aussi.
Passé l'évasion (beaucoup trop tarabiscotée), ça s'écroule un peu. Alors qu'on s'attend à voir Giacinto embarqué contre son gré dans le banditisme de grand chemin, le film perd de vue peu à peu tout les personnages géniaux introduit au début et s'attarde plus que de raison sur la cavale erratique des évadés. Malgré quelques moments amusant (la petite fille kidnappée pour rien) c'est assez ennuyeux avec de longues description de la misère paysanne qui ralentissent l'intrigue. Le film souffre surtout de la période de sa conception où il fallait introduire du social et du néoréalisme à tout prix, réalisé quelque années plus tard on aurait un bijou de comédie policière. L'ultime retournement de situation et le misérabilisme bien poussé qui le précède confirme cette voie et c'est bien dommage, ça commençait si bien. Heureusement j'ai "L'argent de la vieille de Comencini sous la main, j'imagine que ça doit être autrement plus fun. 3/6


Mais bien jublié devant celui ci

L'argent de la vieille de Luigi Comencini (1972)


Image

Une vieille milliardaire américaine (Bette Davis) sillonne le monde au gré de sa fantaisie et, dans chaque pays, elle se plaît à affronter les gens des bidonvilles dans de grandes parties de cartes pour prouver qu'elle est riche parce qu'elle est plus astucieuse.

En quelque sorte, sa fortune serait méritée.

Son jeu préféré est la scopa, jeu de mémoire et de réflexion.

Mais la donne est faussée, précisément parce qu'elle est très riche. Comme il s'agit d'un jeu d'argent et qu'à chaque fois elle double la mise, elle est certaine au final de pouvoir poursuivre indéfiniment, et donc de gagner de manière écrasante.

Peppino (Alberto Sordi) et Antonietta (Silvana Mangano) sont ses adversaires, mais également serviteurs, amis, dans une interminable partie à épisodes où tout un bidonville de Rome se cotise pour défier la vieille.



Contrairement au déchets de l'humanité d'un "Affreux, sales et méchants", Comencini porte un vrai regard amusé et attachant sur son couple de héros, leurs famille et la communauté du bidonville. La première partie du film décrit les difficultés de toutes sorte auxquelles doivent faire face les héros et qui pourrait être résolus par une victoire au carte face à la vieille. La misère ambiante est montrée sans complaisance, mais de manière bien réelle avec une bonne touche d'humour pour alléger le tout, en opposition au luxe opulent dans lequel vit la vieille. Alberto Sordi en mari simplet et gaffeur est excellentissime comme d'habitude et forme un duo parfait avec une Silvana Mangano au rôle plus ambivalent. Après plusieurs parties où le couple est ridiculisé, gros tournant en milieu de film où ils se trouvent en position d'arracher une vraie fortune à la vieille. Intervient alors plus précisément un des grand thèmes du film, où se jouent les rapports de classe. Le couple grisé par la fortune qui lui sourit enfin poursuit le jeu selon le bon désir de la vieille, qui de dame affable et souriante montre son vrai visage de mégère cruelle incapable d'accepter la défaite et usant de tout son pouvoir pour l'éviter. Bette Davis (qui a quand même dû être vieillie pour le rôle elle pouvait quand même pas déjà être dans cet état en 72) excelle en vieille peau manipulatrice et faussement amicale joue pour beaucoup dans la tension extrême dégagée par les partie de scopa (pas besoin de comprendre les règle pour apprécier).
Comencini montre comme la fortune peut monter à la tête des gens de modeste condition à travers le personnage de Silviana Mangano, grisée par l'enjeu et incapable de s'arrêter même lorsque la vieille est mourante, le rapport dominant/dominé s'exprimant dans leurs incapacité à stopper la partie de leurs propre fait. Le rapport entre la vieille et le couple de héros est ainsi très ambigu et loin d'être manichéen, chacun faisant preuve d'un comportement détestable à un moment donné et révélant ainsi les travers de chaque classe, bien humain au final.
Très drôle et palpitant de bout en bout, truffé de personnage haut en couleur comme Le professeur ou Richetto le joueur professionnel, le film déçoit uniquement dans sa conclusion qui laisse un poil sur sa faim comparé au niveau du reste. En tout cas d'office dans mes comédies italienne favorites. 5,5/6
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Profondo Rosso
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Re: Notez les films naphtas - Avril 2009

Message par Profondo Rosso »

Pain, Amour et Fantaisie de Luigi Comencini (1953)

Image

L'histoire se passe à Sagliena, un village de montagne imaginaire dans une région perdue d'Italie. Vittorio De Sica interprète un maréchal de logis des carabiniers, Antonio Carotenuto. Entre deux âges il pense qu'il serait grand temps de se marier, et jette son dévolu sur la jeune Maria De Rittis (Gina Lollobrigida), surnommée la Bersagliera, dont il voudrait faire sa fiancée, mais elle est déjà amoureuse du subordonné timide de Carotenuto, Pietro Stelluti (Roberto Risso).

Avant la déferlante des comédies italienne méchantes amorcées par "Le Pigeon" de Comencini, il y eut toute une vague de comédie populaire durant les années cinquante qui annoncèrent le mouvement. Ce "Pain, Amour et Fantaisie" est sans doute un de ces plus beaux spécimen en plus de constituer le premier film majeur de Luigi Comencini. Une vision truculente, touchante et ensoleillée de l'Italie qui constituera presque l'idéal de l'imagerie du pays pour les spectateurs du monde tant elle est réussie. Le film est surtout le fruit d'un formidable travail collectif tant Vittorio De Sica aura vampirisé le film à travers son interprétation chaleureuse du carabinier, Comencini ayant imaginé un personnage plus antipathique et un film plus incisif et moins tendre. Il aura bien le temps d'apposer sa griffe sur ses films suivants et on ne regrette pas la tournure qu'à pris le projet*.
Plongée dans l'Italie rurale des années 50, où le poids du commérage et de la piété à l'église fait loi, le tout brossé avec humour. De Sica se retrouve ainsi transféré dans ce coin perdu sinistre pour un célibataire où les coutumes et les non dit entraîne une série de quiproquos qui vont mener à un marivaudage charmant. De Sica passe ainsi de la pulpeuse Gina Lollobrigida à la douce Maria Merlini au fil de l'histoire sous le regard curieux des villageois adorant colporter les rumeurs. Les soupçons de néo réalisme sont toujours l'humour ayant remplacé la tragédie, comme la misère dans laquelle vit la famille de Gina Lollobrigida, la réaction en chaîne que provoque la trouvaille d'un billet de 5000 lires :mrgreen: où tout le village priant la mort du riche propriétaire de la région quand il vient à se trouver mal.
Le tout s'englobe parfaitement dans le tourbillon amoureux du film et notamment la charmante amourette parallèle entre Gina Lollobrigida et un jeune carabinier timide. Lollobrida en paysanne rustre débordant de sexe appeal crève l'écran, le côté gueularde très italien et terre à terre cotoyant le charme et la beauté du personnage que dont Comencini se plait à mettre les forme en valeur, la future diva n'est pas loin. Quelques scène remarquable comme De Sica qui conte fleurette à Merlini entre deux accouchements, les remerciements exaltés à Saint Antoine et une très jolie fin qui met à mal un certains tabous de l'époque en parlant d'une fille mère. Un énorme succès qui entraînera 2 suites, difficile à imaginer tant celui ci se termine idéalement mais l'ambiance bucolique est tellement agréable qu'on a effectivement envie d'y revenir. 5/6

* Dans les bonus on raconte même que dans les images d'un documentaire de Orson Welles venu rencontrer Gina Lollobrigida en Italie, une séquence montrait De Sica devant une table de montage où on voyait des images de "Pain, Amour et Fantaisie", confirmant son emprise sur le film.


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Re: Notez les films naphtas - Avril 2009

Message par Profondo Rosso »

Pain, Amour et Jalousie de Luigi Comencini (1954)

Image

La conclusion parfaite du premier permettait d'en rester là mais cette suite très réussie prolonge parfaitement le charme et appronfondi bien les thèmes de "Pain, Amour et Fantaisie". Le film démarre pile là où s'arrêtait le premier film et bouleverse des situations qu'on pensait bien installée. On retrouve ce portrait de la société italienne rurale puritaine et ancrée dans la tradition avec la révélation de la fin du premier film sur le personnage de Maria Merlini qui est une mère célibataire ce qui entraîne foule de ragots et de contrainte lorsque le père de son enfat réapparait au détriment du maréchal. La conclusion forçant le couple à rentrer dans le rang montre bien le poids des apparences comme encore dominant au point de renoncer au bonheur pour donner une bonne image.
La meilleure trouvaille est d'appuyer sur les déboires de la paysanne jouée par Gina Lollobrigida dont le charme provocant suscite une mauvaise réputation injustifiée, cette dernière livrant une prestation encore plus survoltée et émouvante que dans le premier film. Le couple avec le carabinier timide fonctionne un poil moins bien ceci dit.
Ca n'en oublie pas d'être très drôle notamment avec des relecture des moments cultes du premier. Le double accouchement du premier volet se voit remplacé par un double baptême où le Maréchal est obligé de s'empiffrer et de boire chez l'uns et l'autre de ses hôte pour ne pas les vexer. Le côté très outré et truculents typiquement italien de tout le casting (la bonne Caramella est irrésistible) donne une une énergie débordante au film et on ne voit pas le temps passer. Dommage que la conclusion soit un peu brouillonne (malgré de jolie scène comme la mort de l'âne ou les adieux avec la sage femme) et du coup rende le film moinsbon que son prédécesseur. Une dernière scène très sympa qui annonce de nouvelle aventure amoureuse pour le Maréchal, cette fois sans Gina Lollobrigida et Comencini vite la suite ! 4,5/6
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Re: Luigi Comencini (1916-2007)

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Diffusion cette semaine de Cuore / les Belles Années sur France 2

Petit tambour sarde

* Prochaine diffusion : mardi 26 mai à 04h40 sur France 2
* Durée : 1h

Petit copiste florentin

* Prochaine diffusion : mercredi 27 mai à 04h45 sur France 2
* Durée : 50 mn

Des Apennins aux Andes

* Prochaine diffusion : jeudi 28 mai à 02h25 sur France 2
* Durée : 1h
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Re: Notez les films naphtas - Juin 2009

Message par Profondo Rosso »

Maritti un Citta de Luigi Comencini (1957)

Image

Les épouses parties en vacances, plusieurs maris décident de profiter pleinement de ce célibat provisoire...

Variation italienne du "Sept ans de réflexion" de Billy Wilder, qui rajoute la petite touche truculente latine mais qui dans le fond reste tout aussi sage (aucun réel adultère à signaler au final), le film s'inscrivant dans la comédie italienne populaire des années 50 pas encore transgressive. Par rapport au film de Wilder, Comencini multiplie les maris ici au nombre de quatre, variant ainsi les situations et les formes de tentations. C'est très inégal même si toutes sont bien amorcées. La plus intéressante étant l'histoire du jeune marié Renato Salvatori avec une jeune peintre étrangère, le charme de Giorgia Moll dans le rôle y étant pour beaucoup. Dommage que ça se conclu dans le vaudeville assez basique car c'est vraiment la colonne vertebrale du film, la seule histoire qui se suit avec un réel intérêt dramatique contrairement aux autres versant plus dans la grosse farce. On peut citer l'histoire du professeur hypnotisé par sa jeune voisine fortement poumonée ou encore l'homme profitant de l'absence de sa femme pour adopter brièvement un chien, ce qu'elle lui a toujours refusé, amusant mais anecdotique. Le faux séducteur fidèle à sa fiancé qu'il garde chez lui et se refuse à épouser est assez intéressant aussi, comme ce mari brocanteur jaloux maladif, mais comme les autres c'est traité de manière trop relâchée pour maintenir l'intérêt. Cependant Comencini filme divinement bien le charme et la langueur de la Rome estival (ça donne définitivement envie d'y aller) et cette relative légèreté du traitement est finalement autant un défaut qu'un atout, on passe un vrai bon moment même si c'est assez inoffensif et qu'on est aux antipode de la chaleur d'un "Pain, amour et fantaisie" ou de la férocité de "L'Argent de la vieille". 4/6
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Re: Luigi Comencini (1916-2007)

Message par Profondo Rosso »

Casanova, un adolescent à Venise (1969)

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L'enfance du jeune Vénitien Giacomo Casanova auprès de sa grand-mère, puis la redécouverte de ses parents, dont une mère plusieurs fois infidèle. Ceux-ci l'envoient, ensuite, étudier dans une misérable école à Padoue, où il finit, néanmoins, par être remarqué par un prêtre, Don Gozzi, qui l'incitera à embrasser la carrière ecclésiastique. En 1742, Casanova retournera donc à Venise sous l'uniforme religieux. Mais la rencontre avec le vieux marquis Malipiero, devenu son protecteur, influera, désormais, sur le cours de son évolution.

Situé entre L'Incompris et Les Aventures de Pinocchio dans l'oeuvre de Comencini, cette relecture de la figure de Casanova s'inscrit dans la thématique sur l'enfance, l'adolescence et la perte de l'innocence de ces films. La version filmée la plus célèbre aujourd'hui des aventures du mythique séducteur reste celle de Fellini qui brassait la grandeur et la décadence de cette existence tumultueuse dans un tourbillon d'inventivité. La démarche de Comencini est bien différente puisqu'il n'adapte là que les cinq premier chapitre des mémoires de Casanova, celle consacrée à son enfance et adolescence dans les villes de Venise et Padoue.

On constatera pourtant assez vite que la destinée de Casanova, plus que le centre du film est une entrée pour ce qui intéresse vraiment Comencini à savoir la description des moeurs de cette société Vénitienne du XVIIIe siècle. L'histoire s'applique ainsi à démontrer comment progressivement un esprit innocent et vertueux va se laisser contaminer par le vice. Souvent très inspiré pour dépeindre la misère, Comencini atteint ici des sommets dans la premières partie du film où la cruauté ordinaire se dispute à l'humour noir et la dérision. On découvre d'abord ainsi lors des brillants générique hommage au muet les épisodes familiaux scabreux ayant amenés à la naissance de Giacomo Casanova qui nous apparaît alors comme un gamin chétif et à la santé fragile. La luxure et l'attrait pour le clinquant de sa mère (jouée par une plantureuse et cabotine Maria Grazia Bucella) l'en sépare rapidement tandis qu'une médecine irresponsable le prive de son père lors d'une traumatisante scène d'opération de trépanation de l'oreille. Comencini complète le tableaux en montrant ensuite la profonde insalubrité des établissements où est confié le jeune Giacomo avant de narrer la première déconvenue amoureuse de l'enfant où l'hypocrisie de la piété éclate au grand jour.

Ces éléments brillamment esquissés, le réalisateur les approfondi dans la seconde partie où la carrière d'aspirant ecclésiastique de Casanova va tourner court. Leonard Whiting prête parfaitement ses traits fins et angélique au jeune Casanova (le petit Claudio De Kunert est tout aussi bon pour la partie de l'enfance) avec de belles idées pour traduire sa dépravation progressive tel sa tenue de prêtre de plus en plus apprêtés d'atours superflus témoignant de la conscience qu'il prend de son apparence. Encore ingénu, la concupiscence outrancière de toutes les figures féminines du film à son égard, quel que soit leur âge et leur origines sociales (nonne, courtisanes entretenue...) achève de rendre inéluctable le chemin du libertinage pour le héros. Comencini confère un parfum de stupre et de vice palpable dans la profonde vulgarité de l'expression de l'érotisme, que ce soit par les corsets prêts à éclater, des décolletés aux profondeurs vertigineuses où les attitudes lascives et provocatrices de toute les figures féminines. Les couches les plus nobles ou honorables de la société que luxure comme le montrera un couvent plus proche de la plaque tournante d'entremetteuse que du lieu de culte. D'une irrésistible drôlerie et d'une ironie féroce, le film regorge de moments hilarant. L'un des plus fameux (et sensuel) reste sûrement lorsque Senta Berger fait abandonner au propre comme au figuré ses habits religieux à Giacomo, tout comme celui qui suit où on le voit aller célébrer la messe débraillé et mal rasé après une nuit de débauche. Après l'avoir montré comme pantin du monde qui l'entoure dans son escalade dans le libertinage, Comencini (qui semble mépriser ce bellâtre sans personnalité) laisse enfin son héros devenir le Casanova tel que nous le connaissons dans une conclusion mémorable. En voulant dans un effort désespéré échapper au piège de la luxure (plus par peur que par dégoût) Giacomo atteint paradoxalement le point de non retour et effectue sa première (et sûrement pas dernière) grande trahison sentimentale envers Angela (jouée par la propre fille de Comencini).

L'autre point fort du film est son esthétique particulièrement réfléchie pour faire résonance à la thématique du récit. Alors que le Casanova de Fellini justement laissera éclater de mille feux l'imagerie fantasmée du Venise de l'époque, Comencini emprunte le chemin inverse. Piero Gherardi (collaborateur fameux de Fellini aux décors et costumes) évite tout les lieux connus et attractifs rattachée à une magnificence passée de la ville et quand il doit s'y plier c'est de manière détournée tel la Place Saint Marc filmée de nuit lors de la sordide scène où Giacomo enfant doit reconnaître un cadavre de noyé comme étant celui de son père. Comencini aura ajouté au clinquant des écrits de Casanova une inspiration picturale réaliste de Pietro Longhi mais aussi documentaire de mémorialiste de l'époque comme Molmenti ou De Brosses. Pour raconter la déchéance morale d'un être à travers celle d'une société entière, la forme ne pouvait adopter le clinquant facile d'un film en costume classique. Une des grande réussite du réalisateur. 5,5/6
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Re: Luigi Comencini (1916-2007)

Message par Arca1943 »

Un énorme succès qui entraînera 2 suites
Mais non mais non mais non : TROIS suites. J'ai le coffret ici - que j'ai dû faire venir de France à grands frais, comme d'habitude, vu qu'ici en Amérique du Nord les seuls films italiens qu'on trouve sont toujours du cinéma d'auteur intellectuel à la Antonioni - et voilà que patatras ! oh là, là, quelle déconvenue alors : où est donc passé Pain, amour et Andalousie ?

Je ne l'ai jamais vu, évidemment. C'est de 1959, réalisé par un certain Javier Seto. Vittorio de Sica rempile et - allez savoir comment - se retrouve dans l'arrière-pays espagnol (je crois qu'il y a accompagne la fanfare de son village italien) où il tombe sur la sémillante Carmen Sevilla. Parmi les interprètes de soutien, Lea Padovani, Mario Carotenuto et le grand Pepino de Filippo sont apparemment du voyage. Moi qui suit un completist du genre hagard, me voilà bien marri ! Surtout qu'on ne voit pas par quel autre moyen qu'un coffret Pain, amour... ce petit film aurait pu sortir des boîtes pour se rendre jusqu'à nous avec du français dessus. Ah, soupir...

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« Les films d'une seule couleur ne sont pas bons. » - Dino Risi, entertainer
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