Ingmar Bergman (1918-2007)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Tancrède
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Message par Tancrède »

Helward a écrit :
O'Malley a écrit :La source (1959)
Après Les fraises sauvages, Le septième sceau, Le visage et Sonates d'automne, le cinquième Bergman que je découvre et le premier que je qualifierai de chef d'oeuvre. Car on a ici affaire à un film (quasi) parfait: un rythme maîtrisé, d'une austérité implacable, une mise en scène fulgurante une interprétation exceptionnelle, un scènario d'une grande richesse narrative et thématique, des plans à couper le souffle. A ce titre, la scène centrale est l'une des plus éprouvante qui m'ai été de voir et d'une crudité incroyable pour un film de 59 (bon on est en Scandinavie mais quand même!!!). Surtout la séquence de l'arbre est d'une beauté visuelle et d'une puissance dramatique et métaphysique proprement stupéfiante. Je la classe illico parmi les 10 plus belles séquences qui m'ait été de voir jusqu'alors.
La source est un film à superlatifs. Une oeuvre qui va, en tous cas, me hanter longtemps...
A mon avis c'est ce que j'écrirai lorsque je l'aurai revu :)
Seule déception, la fin du film.
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Dans ce plan où on voit le père de dos, à distance et là où je m'attendais à un cri phénoménal, un hurlement d'incompréhension ou du moins un silence accablé, Bergman choisi la voie religieuse apaisée "je construirai en ce lieu une église..." (en gros), ce qui, de mon point de vue, constitue un frein à l'empathie. Mais paraît-il que ce choix scénaristique n'est pas du fait bergman (?).
cet profession de foi est logique puisque Dieu vient de ""pardonner"" en faisant apparaître une source.
Helward
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Message par Helward »

Tancrède a écrit :cet profession de foi est logique puisque Dieu vient de ""pardonner"" en faisant apparaître une source.
Ah mais pour la logique interprétative, je ne suis on ne peut plus d'accord. C'est juste que d'un point de vue personnel, l'émotion qu'aurait pu susciter le film à ce moment là est réfrénée par le fait religieux, qui prend le pas sur le drame humain. Cela reste bien évidemment une appréciation toute subjective.
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Sybille
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Message par Sybille »

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Cris et chuchotements
Ingmar Bergman(1972) :

"Cris et chuchotements" est une oeuvre crispante, souvent agressive, qui illustre avec profondeur mais peut-être aussi un brin d'exagération, l'étouffement tant moral que physique ressenti par les personnages principaux. Ce ne sont pas les cris de souffrance d'Agnes ou les pleurs de Karin et Maria qui impressionnent le plus, mais au contraire le silence, qui devient alors comme une marque distinctive. Une économie de paroles et plus encore de sons, qui offrent un dépouillement et une sensation de vide très déstabilisants. L'oeuvre est esthétiquement très belle, on est automatiquement frappé par la vaste maison aux murs et aux parquets entièrement rouges, sur lesquelles se détachent les longues robes blanches des femmes, mais aussi par ces contrepoints visuels où les visages des trois soeurs et d'Anna sont progressivement inondés de rouge encore une fois. Le propos du film est particulièrement amer, et n'offre aucune illusion optimiste sur la maladie, les relations familiales (entre soeurs, dans un couple...), ou encore la religion. Tout ne semble qu'injustice et cruauté avec des personnages égoïstes et frustrés, qui préférent s'enfermer dans les carcans de la discipline et de la respectabilité plutôt que de faire preuve de leurs émotions et d'exprimer leurs désirs. Les réponses à cette attitude sont alors toujours brutales, et les personnages en payent durement le prix, même s'ils n'en sont en apparence que légèrement affectés. La fin, en tout point admirable, réunit les soeurs et la domestique dans un magnifique jardin et apporte une touche de réconfort. Un sentiment de sérénité jusqu'alors presque totalements absents surgissent dans les dernières minutes : les personnages paraissent même heureux d'être ensemble, à bavarder et à rire. C'est la femme interprétée par Harriett Andersson qui s'exprime en dernier. Elle n'est cette fois plus effrayante comme elle peut l'être au plus fort de la maladie ou après sa mort, mais extraordinaire dans sa volonté de goûter pleinement chaque derniers instants de bonheur que lui offre la vie. Ses paroles sont alors empruntes d'une justesse, d'un courage et d'un sens de l'abnégation que j'ai trouvé formidables. On y ressent toute la fragilité, toute la précarité d'une existence que la maladie a obligé à prendre compte, et le ton étrangement apaisé qui s'en dégage en fait un des meilleurs moment d'un film qui en réunit par ailleurs beaucoup. Une découverte à faire, et en tout cas un indispensable du réalisateur suèdois. 8/10

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Les fraises sauvages
Ingmar Bergman (1957) :

Film grave néanmoins sous-tendu d'une légèreté presque euphorisante (de nombreux passages m'ont en effet fait sourire), "Les fraises sauvages" dessine le portrait d'un vieil homme parvenu au crépuscule de sa vie. Des séquences oniriques pleine de grâce tant sur le plan stylistique qu'émotionnel sont l'occasion pour Isak Borg de se remémorer certains moments de sa propre existence, tandis qu'on a peine à croire qu'il fut l'être froid et insensible décrié par ses proches. Tout au long de leur voyage au contraire, son attitude envers sa belle-fille et le groupe de jeunes gens fait preuve d'un mélange déchirant de retenue et d'ironie distanciée, mais également d'une empathie dont la sincérité semble indéniable. Le thème de la vieillesse ainsi que la solitude qui en découle est abordé avec une justesse et une intelligence rare. Le tout est dénué de pathos, mais reste suffisamment clair pour nous faire prendre conscience du drame d'Isak, qui accepte sa situation avec une fatalité lucide tout juste nuancé d'un zeste de reproche à l'encontre de sa famille. Le film apparaît comme la réconciliation tardive d'un homme âgé avec son passé, son présent, et des êtres qui en firent ou font parti. Le souhait de n'en conserver que les bons souvenirs est contrebalancé par une étonnante noirceur à la forme souvent inattendue et presque effrayante (l'examen médical par exemple), qui vient régulièrement assombrir et remettre en cause cette vision un peu trop lisse et idéalisée, car vue à travers le prisme de la vieillesse. L'interprétation de Victor Sjöström est à ce titre exemplaire. Son visage de "bon vieillard" et sa voix aux inflexions douces et hésitantes nous attachent irrémédiablement à cet homme pour lequel on peut éprouver de la pitié, mais jamais de la condescandance, ce qui en fait un des personnages de films parmi les plus réussis que je connaisse. Portrait qui se teinte d'une critique de la famille aux accents souvent douloureux (Bergman n'épargne pas du tout les couples, presque toujours en crise), ce film demeure une merveille. Sa délicatesse, son apparente simplicité recelant pourtant de multiples richesses thématiques, ainsi que la pudeur extrême qu'il témoigne vis-à-vis de ses personnages me sont allés droit au coeur. 10/10
O'Malley
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Message par O'Malley »

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La profession de foi vient, il me semble, avant l'apparition de la source...

En effet, le personnage de Von Sydow se retourne vers Dieu pour éviter la souffrance et l'idée que la Nature est injuste et, surtout, absurde...
La source en est la réponse...

Il me semble que cette oeuvre est le dernier film religieux de Bergman, même si le doute est bel et bien là depuis quelques années (Le septième sceau, Le visage..
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Ouf Je Respire
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Message par Ouf Je Respire »

L'heure du Loup, d'Ingmar Bergman: houlà! :shock: Quels plans! Quelles images! Quelle maîtrise! Quelle noirceur! Quelle folie! :shock:
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Message par Ouf Je Respire »

Ouf, j'ai dit oui a écrit :L'heure du Loup, d'Ingmar Bergman: houlà! :shock: Quels plans! Quelles images! Quelle maîtrise! Quelle noirceur! Quelle folie! :shock:
J'oubliais: quelle lumière! :shock: Nykvist est Dieu.
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Message par Ouf Je Respire »

putain les spoilers merde!!!!!!!!!!! Je me préparais à voir ce film d'ici quelques jours, et vous me pourrissez le final de ce film!

Merci de respecter ceux qui n'ont pas encore vus les films!

Rhâââââ putain!!!!!!!!!
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Message par Roy Neary »

Ben mon Ouf... :?

C'est vrai qu'il a raison, vous auriez pu utiliser la balise "spoiler".
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O'Malley
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Message par O'Malley »

C'est vrai... Désolé :oops:

Erreur rectifié pour les futurs lecteurs...
Ethan
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Message par Ethan »

Pour ceux qui ne l'ont pas vu: Sarabande.
Film absolument sublime de cet octogénaire! Contrairement à ce qui est évoqué plus haut, aucun besoin d'etre agrégé pour être bouleversé par les personnages de ce film! Regardez cette scène où l'homme âgé entre dans la chambre de son ancienne femme parce qu'il est étranglé par l'angoisse... inoubliable!
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Message par Ouf Je Respire »

bon, je me suis calmé. Je suis quand même vert.
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Message par Flol »

Ouf, j'ai dit oui a écrit :bon, je me suis calmé. Je suis quand même vert.
Mais regarde La Source quand même. Perso, je l'ai vu il y a 3 jours...et je me rends compte que depuis, il me hante quelque peu : j'y repense super souvent ! :shock:
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Message par Gounou »

Ratatouille a écrit :
Ouf, j'ai dit oui a écrit :bon, je me suis calmé. Je suis quand même vert.
Mais regarde La Source quand même. Perso, je l'ai vu il y a 3 jours...et je me rends compte que depuis, il me hante quelque peu : j'y repense super souvent ! :shock:
http://www.dvdclassik.com/forum/viewtop ... 49#1478349 ... :?:
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Message par Flol »

Gounou a écrit :
Ratatouille a écrit : Mais regarde La Source quand même. Perso, je l'ai vu il y a 3 jours...et je me rends compte que depuis, il me hante quelque peu : j'y repense super souvent ! :shock:
Pourtant, tu dis ne pas avoir de "film du mois" ... :?:
Oui je sais. Mais je suis un garçon très complexe. Bref, je ne suis pas un garçon facile.

PS : non mais sérieux, le film a beau avoir marqué mon inconscient, il lui manque encore un petit quelque chose pour devenir mon film du mois.
O'Malley
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Message par O'Malley »

Ouf, j'ai dit oui a écrit :bon, je me suis calmé. Je suis quand même vert.

bon c'est vrai que les spoilers s'imposaient... Cependant, le film ne se limite vraiment pas aux quelques élements qui ont été énoncés un peu plus haut... Ah la rigueur, il s'agit plus de la philosophie générale de l'oeuvre que l'on a dévoilé que le final en tant que tel. Et puis le film comporte tellement de scènes fulgurantes, est d'une telle densité dramatique et émotionnelle que le film restera une belle claque...si tu y est sensible bien sûr...

Pour ma part, le film du mois, de loin... et ma révélation Bergman.
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