Profession : Reporter (Michelangelo Antonioni - 1975)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Flol
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Message par Flol »

Enfin découvert hier soir. Alors une fois le générique de fin terminé, je ne savais trop quoi en penser......puis petit à petit, le film a pris de plus en plus d'ampleur et de résonnance dans mon esprit. Je n'ai pas arrêté d'y repenser.
Et aujourd'hui, je pense pouvoir dire que j'ai définitivement vu un grand film, mon film du mois pour l'instant, une oeuvre froide comme la mort (thème présent durant la totalité du film), distancière, quasiment désincarnée, interprétée avec une classe folle par un immense Nicholson (sa filmo des 70's est vraiment hallucinante).
La mise en scène d'Antonioni est d'une précision à tomber par terre. Outre ce fameux plan séquence quasi-final, d'autres séquences m'ont sidéré : celui où David Locke écoute sa discussion avec Robertson enregistrée au magnéto, avec la caméra passant de l'action passée à l'action présente dans un seul et même plan ; tout le début, quasiment sans paroles, au pouvoir hypnotique indéniable (encore faut-il rentrer dedans...perso, j'y suis rentré direct)...

Bref la dernière fois que je ne savais pas trop quoi penser d'un film, avant de le porter en très haute estime...c'était avec A History of Violence. Et avant celui-là, c'était avec Zabriskie Point : un autre Antonioni complètement fascinant et que j'adorerais revoir en dvd.
Il me tarde maintenant de découvrir ses autres films (hormis ce dernier, Blow Up et le film dont il est question ici, je n'ai rien vu de ce réalisateur).

PS pour David Locke (le forumeur, hein) : je n'avais pas noté la filiation entre ce film et Bring me the Head of Alfredo Garcia...bien vu !
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Colqhoun
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Message par Colqhoun »

Je suis entré dans le cinéma de Michelangelo Antonioni avec Zabriskie Point qui m'avait à la fois perturbé et fasciné. Un peu plus tard j'ai découvert Blow Up où, là aussi, on assistait à cette sorte de destructuration progressive du réel, où récit et images tendaient à l'abstraction, au non-palpable, à l'éphémère.

The Passenger reste dans cette même logique. On part d'un pitch simple (un homme prend l'identité d'un autre, décédé) pour gentiment défaire toute structure, tout suivi où le héros n'est plus qu'une feuille qui se fait baloter au grè du vent alors qu'elle tente de choisir où est-ce qu'elle veut aller. Le problème, c'est que dès le début, David Locke est mort. Dès le moment où il intervertit les photos, où il endosse la chemise bleue de Robertson, il meurt. Il sera inlassablement poursuivi par son passé, mais ayant passé l'arme à gauche dès le début, ce ne sera que lors de la magistrale scène finale (ce plan-séquence m'a cloué) que l'on assistera au décès physique. Tout le film se déroule entre deux mondes, où l'action des vivants n'a comme seule influence de promener Locke un peu partout sans qu'il se prenne vraiment en main. Il est aussi accompagné de cet étrange personnage qu'interpréte la sublime Maria Schneider. Un être éthéré qui, elle non plus, n'existe pas vraiment (puisqu'elle ne soucie strictement de rien) si ce n'est au travers du prisme de cette nouvelle rencontre (la dernière scène le prouve puisque dès le moment où Locke est définitivement mort, elle aussi cesse d'"exister", sa réaction étant à peu près inexistante durant ces dernières minutes).

Ici, comme dans Blow Up, Antonioni questionne sur ce qui est, semble être et n'est pas. Locke, pour lui, est toujours Locke, pour d'autres il est mort tandis que pour d'autres encore il est Robertson. L'identité n'existe qu'au travers du monde qui nous entoure et nous côtoie et personne n'est vraiment maître de son moi extérieur, de l'image qu'il offre au monde. De cette observation naîtra un sentiment de désespoir immense qui parcourera tout le film. Une sorte de mélancolie anticipée du décès physique et irrémédiable du héros.

J'ai pu comprendre que le film avait aussi une certaine portée politique, mais, pour le coup, je n'y ai pas prêté énormément attention, si ce n'est durant ces images d'archives d'hommes abattus, d'interviews et de cette fameuse image de la caméra qui se retourne pour interroger l'interrogateur. Un court moment qui résume plus ou moins bien le film et ses réflexions sur le "qui suis-je" qui le parcourt de bout en bout.

Enfin bref, je pourrais encore en parler un bon moment, mais je pense que plusieurs choses, plusieurs significations m'ont échappées et que je dois probablement un peu affabulé sur les tenants et abouttissants de ce film fascinant (pour rester dans la rime facile). Il serait injuste de ne pas parler du jeu magnifique de Nicholson et de Schneider, qui portent le film avec une grâce et une classe folles. Tout ce pan 70's de la filmographie du futur joker m'est encore plus ou moins inconnu, mais si le reste de ses films tournés à cette période lui ont donnés la possibilité d'être autant bon, il va falloir que je me dépêche de les découvrir. Sinon, une fois de plus (la 3ème fois en fait), le réalisateur italien aura su démontrer toute la puissance de son talent de metteur en images, avec ses compositions de cadres, de découpage, d'inventivité de réalisation tout en sachant garder une sobriété nécessaire et fascinante (les plans dans le désert au début, le sud de l'Espagne, l'avant-dernier plan, etc..). Il y a aussi cette étrange tension qui parcourt tout le film où, bien que le rythme reste plutôt lent, reste constamment captivé par les moindres faits et gestes des personnages.

Je vais m'arrêter là. J'ai découvert un immense film, qui mérite d'être revu à plusieurs reprises pour en apprécier toutes les qualités. Et j'ai aussi hâte de me lancer dans la filmographie italienne du réalisasteur, notamment par le biais du coffret de 3 films sortis chez Carlotta tout récemment.
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David Locke
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Message par David Locke »

Jack Griffin a écrit :
odelay a écrit : Antonioni a fait construire spécialement la maison pour pouvoir faire ce plan. Elle était faite en deux parties démontables dont une pouvait être soulevée par une grue. Donc quand la caméra zoome (et avance) et que l'objectif se retrouve entre les barreaux, la façade est soulevée par la grue, la caméra passe avec l'équipe et ensuite, derrière, cette même façade est rabaissée dos à la caméra.
Bon, c'est ce que j'ai compris en gros quand il expliquait, faut visionner dans sa tête... mais ça devait ressembler à ça à un ou deux détails près.
Eh ben...
J'imaginais un truc plus modeste. Je pensais qu'il avait seulement démonter la fenêtre...
Ayant lu plusieurs livres sur Antonioni, et d'après les photos de tournage, je peux décrire précisément la technique utilisée pour le fameux plan-séquence (obtenu après plusieurs prises ratées...) :

La caméra avance lentement vers la fenêtre dont on fait coulisser les barreaux lorsque la caméra est suffisamment proche, ce qui lui permet de passer "au travers". Dans le même temps, une grue placée à l'extérieur de l'hötel récupère par le haut la caméra qui était simplement posée sur la plate-forme de travelling. Pendant que la grue fait faire un grand demi-tour à la caméra, les barreaux sont remis en place et on retrouve donc la fenêtre intacte vue de l'extérieur à la fin du plan séquence.
La caméra était montée sur gyroscopes afin d'atténuer les inévitables oscillations.

La solution technique trouvée était relativement simple et permettait intelligemment que les éléments techniques n'entrent pas dans le champ.

En revanche, la réalisation du plan avec les déplacements des nombreux personnages à cadrer, les mouvements de caméra à faire sans à-coups, les éléments de décors à escamoter et remettre en place pendant le plan, a du être un moment d'une intensité incroyable!
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Major Tom
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Message par Major Tom »

A la deuxième vision du film, l'autre jour, j'ai remarqué un détail toujours dans le fameux plan séquence:
Spoiler (cliquez pour afficher)
[Big spoiler hein...]

Comme on sait donc, durant ce plan, Nicholson y trouve la mort.

Lorsque l'assassin arrive pour tuer Nicholson, leur voiture passe devant la fenêtre, s'arrête, il en sort, et regarde à travers les barreaux. jusque là, la caméra s'avance tout droit, face aux barreaux.

Image

Puis, l'assassin sort du cadre pour entrer dans l'hôtel, et en fond sonore on comprend qu'il rentre dans la chambre (bruit de porte qui se referme) pendant que Nicholson est assoupi...

... et il y a un léger pano vers la droite qui sert probablement à montrer la silhouette de l'assassin dans le carreau de la fenêtre ouverte. Il est dans la pièce.

Image
Image

Son complice arrive, le voit puis se tourne et voit le personnage de Maria Schneider. Il la rejoint, pendant que dans le reflet du carreau on peut remarquer l'assassin mettre sa main dans la poche intérieure de sa veste (pour probablement sortir son pistolet).

Image

Il reste un moment dans cette position, et le mouvement de caméra empêche de le revoir ensuite. Mais tandis que résonne le bruit d'un scooter au dehors, on entend un bruit sec et sourd (un coup de feu?) qui attire l'attention de son complice à l'extérieur...

Image

Comme dans Blow Up, le meurtre se trouve sur pellicule, il faut bien observer l'image...
Il a poussé le vice jusqu'à calculer l'intervention d'une silhouette quasi invisible à la première vision dans le mouvement de la caméra... Et c'est d'une précision chirurgicale.

La suite on connaît.
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Zelda Zonk
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Message par Zelda Zonk »

Major Tom a écrit :A la deuxième vision du film, l'autre jour, j'ai remarqué un détail toujours dans le fameux plan séquence:
Spoiler (cliquez pour afficher)
[Big spoiler hein...]

Comme on sait donc, durant ce plan, Nicholson y trouve la mort.

Lorsque l'assassin arrive pour tuer Nicholson, leur voiture passe devant la fenêtre, s'arrête, il en sort, et regarde à travers les barreaux. jusque là, la caméra s'avance tout droit, face aux barreaux.

Image

Puis, l'assassin sort du cadre pour entrer dans l'hôtel, et en fond sonore on comprend qu'il rentre dans la chambre (bruit de porte qui se referme) pendant que Nicholson est assoupi...

... et il y a un léger pano vers la droite qui sert probablement à montrer la silhouette de l'assassin dans le carreau de la fenêtre ouverte. Il est dans la pièce.

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Son complice arrive, le voit puis se tourne et voit le personnage de Maria Schneider. Il la rejoint, pendant que dans le reflet du carreau on peut remarquer l'assassin mettre sa main dans la poche intérieure de sa veste (pour probablement sortir son pistolet).

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Il reste un moment dans cette position, et le mouvement de caméra empêche de le revoir ensuite. Mais tandis que résonne le bruit d'un scooter au dehors, on entend un bruit sec et sourd (un coup de feu?) qui attire l'attention de son complice à l'extérieur...

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Comme dans Blow Up, le meurtre se trouve sur pellicule, il faut bien observer l'image...
Il a poussé le vice jusqu'à calculer l'intervention d'une silhouette quasi invisible à la première vision dans le mouvement de la caméra... Et c'est d'une précision chirurgicale.

La suite on connaît.
Très intéressant. Merci ! :)
Je n'avais pas remarqué le reflet du tueur dans le carreau, obnubilé que j'étais par observer ce qui se passait derrière les barreaux.
Ce plan est d'une richesse inouïe de toute façon, tant sur le plan technique que artistique.
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Major Tom
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Message par Major Tom »

Un plan exceptionnel.

Sinon j'aime énormément tout le reste aussi bien sûr. Je vais revoir le film pour la troisième fois ce soir.

Colqhoun a très bien parlé du film, comme d'autres aussi. C'est un film qui m'a donc cloué moi aussi, et auquel je n'ai pas encore fait tellement attention au message politique non plus (sauf pendant les scènes de documentaire bien sûr), je me suis juste laissé porté par une fiction qui regorge d'inventivité au niveau visuel (je peux en citer plein, mais parmis ceux-là le plan de Maria Schneider debout dans la voiture, ou celui en plongée de Nicholson au-dessus de l'océan dans la télécabine en Espagne...). Et Antonioni filme magistralement des décors, que ce soit à Munich ou dans les architectures de Gaudi à Barcelone. Et puis dès que ça voyage, moi j'adore. Une grande découverte.

Merci de m'avoir poussé à l'acheter.
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Message par David Locke »

Major Tom a écrit :Un plan exceptionnel.

Sinon j'aime énormément tout le reste aussi bien sûr. Je vais revoir le film pour la troisième fois ce soir.

Colqhoun a très bien parlé du film, comme d'autres aussi. C'est un film qui m'a donc cloué moi aussi, et auquel je n'ai pas encore fait tellement attention au message politique non plus (sauf pendant les scènes de documentaire bien sûr), je me suis juste laissé porté par une fiction qui regorge d'inventivité au niveau visuel (je peux en citer plein, mais parmis ceux-là le plan de Maria Schneider debout dans la voiture, ou celui en plongée de Nicholson au-dessus de l'océan dans la télécabine en Espagne...). Et Antonioni filme magistralement des décors, que ce soit en Yougoslavie ou dans les architectures de Gaudi à Barcelone. Et puis dès que ça voyage, moi j'adore. Une grande découverte.

Merci de m'avoir poussé à l'acheter.
Ah pardon, je n'ai jamais mis les pieds en Yougoslavie!
Tu dois vouloir faire une allusion à mon court séjour - plutôt énigmatique - à Munich... :wink:
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Major Tom
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Message par Major Tom »

David Locke a écrit :Ah pardon, je n'ai jamais mis les pieds en Yougoslavie!
Tu dois vouloir faire une allusion à mon court séjour - plutôt énigmatique - à Munich... :wink:
Exact!! Pardon.
J'ai édité.
Simone Choule
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Message par Simone Choule »

Major Tom a écrit :A la deuxième vision du film, l'autre jour, j'ai remarqué un détail toujours dans le fameux plan séquence:
Spoiler (cliquez pour afficher)
[Big spoiler hein...]

Comme on sait donc, durant ce plan, Nicholson y trouve la mort.

Lorsque l'assassin arrive pour tuer Nicholson, leur voiture passe devant la fenêtre, s'arrête, il en sort, et regarde à travers les barreaux. jusque là, la caméra s'avance tout droit, face aux barreaux.

Image

Puis, l'assassin sort du cadre pour entrer dans l'hôtel, et en fond sonore on comprend qu'il rentre dans la chambre (bruit de porte qui se referme) pendant que Nicholson est assoupi...

... et il y a un léger pano vers la droite qui sert probablement à montrer la silhouette de l'assassin dans le carreau de la fenêtre ouverte. Il est dans la pièce.

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Son complice arrive, le voit puis se tourne et voit le personnage de Maria Schneider. Il la rejoint, pendant que dans le reflet du carreau on peut remarquer l'assassin mettre sa main dans la poche intérieure de sa veste (pour probablement sortir son pistolet).

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Il reste un moment dans cette position, et le mouvement de caméra empêche de le revoir ensuite. Mais tandis que résonne le bruit d'un scooter au dehors, on entend un bruit sec et sourd (un coup de feu?) qui attire l'attention de son complice à l'extérieur...

Image

Comme dans Blow Up, le meurtre se trouve sur pellicule, il faut bien observer l'image...
Il a poussé le vice jusqu'à calculer l'intervention d'une silhouette quasi invisible à la première vision dans le mouvement de la caméra... Et c'est d'une précision chirurgicale.

La suite on connaît.
Putain oui, j'ai réécouté la bande-son.
A n'en pas douter il s'agit bien d'un coup de feu ! :shock:

Tu as découvert ça en revoyant (en écoutant) Blow Out ? :mrgreen: :wink:
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Zelda Zonk
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Message par Zelda Zonk »

Simone Choule a écrit :
Major Tom a écrit :A la deuxième vision du film, l'autre jour, j'ai remarqué un détail toujours dans le fameux plan séquence:
Spoiler (cliquez pour afficher)
[Big spoiler hein...]

Comme on sait donc, durant ce plan, Nicholson y trouve la mort.

Lorsque l'assassin arrive pour tuer Nicholson, leur voiture passe devant la fenêtre, s'arrête, il en sort, et regarde à travers les barreaux. jusque là, la caméra s'avance tout droit, face aux barreaux.

Image

Puis, l'assassin sort du cadre pour entrer dans l'hôtel, et en fond sonore on comprend qu'il rentre dans la chambre (bruit de porte qui se referme) pendant que Nicholson est assoupi...

... et il y a un léger pano vers la droite qui sert probablement à montrer la silhouette de l'assassin dans le carreau de la fenêtre ouverte. Il est dans la pièce.

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Son complice arrive, le voit puis se tourne et voit le personnage de Maria Schneider. Il la rejoint, pendant que dans le reflet du carreau on peut remarquer l'assassin mettre sa main dans la poche intérieure de sa veste (pour probablement sortir son pistolet).

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Il reste un moment dans cette position, et le mouvement de caméra empêche de le revoir ensuite. Mais tandis que résonne le bruit d'un scooter au dehors, on entend un bruit sec et sourd (un coup de feu?) qui attire l'attention de son complice à l'extérieur...

Image

Comme dans Blow Up, le meurtre se trouve sur pellicule, il faut bien observer l'image...
Il a poussé le vice jusqu'à calculer l'intervention d'une silhouette quasi invisible à la première vision dans le mouvement de la caméra... Et c'est d'une précision chirurgicale.

La suite on connaît.
Putain oui, j'ai réécouté la bande-son.
A n'en pas douter il s'agit bien d'un coup de feu ! :shock:

Tu as découvert ça en revoyant (en écoutant) Blow Out ? :mrgreen: :wink:
Ah par contre, le bruit sourd (sans doute un coup de feu ettoufé), j'avais entendu à la première vision.

En marge de ce plan et de la maestria visuelle du cinéaste, il faut noter comme Antonioni maîtrise le son, le manipule littéralement, notamment au début du film dans la séquence d'enregistrement sur magnétophone et du jeux voix-off/voix directe/flash back/présent. Très fort.
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Colqhoun
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Message par Colqhoun »

Memento a écrit :notamment au début du film dans la séquence d'enregistrement sur magnétophone et du jeux voix-off/voix directe/flash back/présent. Très fort.
Ma scène préférée, avec la dernière.
Déjà dans Zabriskie Point, c'étaient les premières et dernières scènes qui m'avaient vraiment marquées.
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Message par Major Tom »

Simone Choule a écrit :Putain oui, j'ai réécouté la bande-son.
A n'en pas douter il s'agit bien d'un coup de feu ! :shock:

Tu as découvert ça en revoyant (en écoutant) Blow Out ? :mrgreen: :wink:
On dirait effectivement que les films de De Palma me poussent à faire un "second regard" à tous les films!

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MJ
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Message par MJ »

Antonioni EST un cinéste du "second regard". :)
"Personne ici ne prend MJ ou GTO par exemple pour des spectateurs de blockbusters moyennement cultivés." Strum
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Message par Anorya »

Je me suis vu le film cet après midi et je suis à 100% d'accord avec les propos de Colghoun et Ratatouille.
Un film qui m'a fait déprimer tout le restant de la soirée mais un immense film avec une interprétation des 2 personnages principaux tout simplement extraordinaires et des plans qui clouent littéralement (aaahh le plan où Nicholson "vole"... :wink: ). Bref un chef d'oeuvre. :D
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Major Tom
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Message par Major Tom »

Au sujet du plan final, Nicholson dans son commentaire audio disait n'importe quoi. :D La version de David Locke (bin tiens) est à retenir ;)
David Locke a écrit :Ayant lu plusieurs livres sur Antonioni, et d'après les photos de tournage, je peux décrire précisément la technique utilisée pour le fameux plan-séquence (obtenu après plusieurs prises ratées...) :

La caméra avance lentement vers la fenêtre dont on fait coulisser les barreaux lorsque la caméra est suffisamment proche, ce qui lui permet de passer "au travers". Dans le même temps, une grue placée à l'extérieur de l'hötel récupère par le haut la caméra qui était simplement posée sur la plate-forme de travelling. Pendant que la grue fait faire un grand demi-tour à la caméra, les barreaux sont remis en place et on retrouve donc la fenêtre intacte vue de l'extérieur à la fin du plan séquence.
La caméra était montée sur gyroscopes afin d'atténuer les inévitables oscillations.

La solution technique trouvée était relativement simple et permettait intelligemment que les éléments techniques n'entrent pas dans le champ.

En revanche, la réalisation du plan avec les déplacements des nombreux personnages à cadrer, les mouvements de caméra à faire sans à-coups, les éléments de décors à escamoter et remettre en place pendant le plan, a du être un moment d'une intensité incroyable!
J'ai trouvé les photos du tournage de ce plan dans le livre sur Antonioni paru chez Taschen :

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