William Dieterle (1893-1972)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Profondo Rosso
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Re: Notez les films de mai 2008

Message par Profondo Rosso »

Salomé de William Dieterle (1953)

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Sous le règne de l'empereur Tibère, le prophète galiléen Jean le Baptiste prêche contre le roi Hérode Antipas et son épouse, ex-femme de son frère, la reine Hérodiade. Celle-ci souhaite la mort du prêcheur, mais Hérode craint de lui nuire en raison d'une prophétie. Arrive la belle princesse Salomé, fille d'Hérodiade, bannie de Rome pour avoir eu une liaison avec un Romain.Mais à bord du navire qui l'emporte, elle se trouve face à face avec Ponce Pilate et son second, Claudius... La convoitise naissante du roi pour sa belle-fille et nièce Salomé va être utilisée par Hérodiade pour faire plier le roi à ses désirs.

Un excellent péplum biblique, genre où on attendait pas forcément William Dieterle, plus habitué à des sujets intimistes (sur ce que j'ai vu de lui) comme son très beau "Portrait de Jenny".
Le film sort au moment où le genre (surtout dans sa veine biblique) revient en force à Hollywood avec des films comme "David et Bethsabée" ou "La Tunique". C'est surtout à ce dernier qu'on pense (en nettement plus réussi) en voyant le film, dans la manière de mêler le grand drame hollywoodien avec une relative fidèlité au évangiles (le gros changement est ici de faire de Salomé la responsable involontaire de la mort de Jean Baptiste).
Les moyens sont conséquents mais pas encore démesurés comme dans les grands péplums à venir les années suivante, et le film n'est pas particulièrement spectaculaire. Le tout repose essentiellement sur le scénario brillant de Jesse Lasky Jr. et Harry Kleiner. Le film mêle donc récit religieux (avec l'avènement de la religion chrétienne, les premiers fidèles, l'apparition de Jésus Christ...) et intrigue politique de palais (conséquence du nouveau culte sur le pouvoir en place, cohabitation difficile avec les Romains) où se déchirent des personnages aux objectifs différents. Le début fait d'ailleurs un peu peur à ce niveau avec un Stewart Granger rouleur de mécanique qui semble vouloir refaire "Scaramouche" en toge romaine ou encore Charles Laughton dans un rôle de souverain bouffi et pervers voisin de celui qu'il campait dans le déjanté "Signe de la Croix".
Ca se rééquilibre assez vite puisque hormis l'ambitieuse Herodiade (interprété avec une belle perfidie par Judith Anderson) aucun personnages n'est totalement négatif. Stewart Granger trouve un de ses rôle les plus subtils avec ce romain ouvert et progressivement convaincu par la foi chrétienne, tout comme Rita Hayworth formidable Salomé déchirée l'essentiel du film dans ses contradictions. Même le roi Herode joué par Charles Laughton n'est pas sans ambiguité, tout à la fois pervers voulant coucher avec sa belle fille, ironiquement seul protection de jean Baptiste par peur d'une prophétie et bouleversant le temps d'une scène face à ce dernier où il aspire integrer la foi chrétienne mais ne peut s'y résoudre par peur de perdre son trône. Seul ombre au tableau Alan Badel bien trop théâtral en Jean Baptiste, en gros le cliché du prophète barbu exalté roulant des yeux (Charlton Heston était bien meilleur dans le rôle dans "La plus grande Histoire Jamais Contée).
Une approche fine et psychologique dans la réalisation de Dieterle rend le tout des plus convaincant, avec quelques partis pris intéressant (comme celui de filmer Jesus du point de vu des autres bien avant "Ben Hur), de très belles scène comme la danse des sept voiles finale de Rita Hayworth (presque plus hot que celle de Gilda c'est dire!) chargée de tension et le sermon sur la montagne en conclusion magistrale. 5/6
Dernière modification par Profondo Rosso le 16 mai 08, 12:18, modifié 1 fois.
someone1600
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Re: Notez les films de mai 2008

Message par someone1600 »

Tu me donne envie de voir le film... lol. :D
villag
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Re: Notez les films de mai 2008

Message par villag »

Existe-t-il en dvd ?
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Profondo Rosso
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Re: Notez les films de mai 2008

Message par Profondo Rosso »

Je l'ai chopé en zone 2 anglais, pas de vf ni de sous titre français mais il y a des sous titres anglais. http://www.amazon.co.uk/Salome-Rita-Hay ... 790&sr=1-4
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Re: Notez les films de mai 2008

Message par Miss Nobody »

Profondo Rosso a écrit : la danse des sept voiles finale de Rita Hayworth (presque plus hot que celle de Gilda c'est dire!) chargée de tension.
La scène n'a pas le même impact mais est quand même carrément plus hot (surtout sur la fin) que celle de Gilda.
Pour ceux que ça interesse de voir la tête de Jean-Baptiste sur un plateau.
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Cathy
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Re: Notez les films - juillet 2008

Message par Cathy »

Kismet - William Dieterle (1944)

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Onze ans avant le remake musical réalisé par Vincente Minnelli, William Dieterle avait adapté sa version de Kismet. Si l'histoire est quasiment la même, force est de constater que ce kitsch là semble bien plus daté que celui créé par Minnelli, les décors sentent le carton pate de mauvaise qualité. De plus le personnage principal joué par Ronald Colman ne suscite aucunement la sympathie, je dirai même qu'il m'a énervé au plus haut point, cynique sans doute comme le veut le personnage, mais je ne sais pas quelque chose de déplaisant contrairement au côté débonnaire et bon enfant d'Howard Keel dans sa version musicale. Marlène Dietrich sert d'attraction musicale sans plus. Joy Page n'a aucunement le physique requis pour la jeune première idéale, même s'il se dégage quand même un certain charme. Seuls James Craig et Edward Arnold tirent leur épingle du jeu. Peut-être le sujet est-il maudit ? Mais franchement je me suis ennuyée devant cette version de Kismet !
Dernière modification par Cathy le 2 juil. 08, 17:43, modifié 1 fois.
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Re: William Dieterle

Message par Ducdame »

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Nestor Almendros
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Message par Nestor Almendros »

JUAREZ ET MAXIMILIEN -1939 (Cinéma de Minuit)
Je me souviens encore du cycle consacré au réalisateur dans le Cinéma de Minuit il y a une bonne dizaine d'années. J'y avais vu quelques fameux biopics avec Paul Muni, dont ce JUAREZ faisait probablement partie. Je ne l'ai découvert qu'hier et j'en sors moyennement convaincu (je garde de meilleurs souvenirs - lointains - des bios de Pasteur ou Emile Zola).

Si le film reste intéressant historiquement, le récit ne m'a pas vraiment passionné, j'ai eu beaucoup de mal à m'y intéresser, malgré le style enlevé. Il faut y voir une double lecture illustrant l'influence progressive de l'Allemagne nazie en Europe pour trouver une raison valable à l'existence de ce film, outre une probable machine à Oscar pour Paul Muni.
Ce qui m'a gêné, c'est peut-être le trait insistant qui dessine cette histoire. Malgré la volonté d'exactitude dans la retranscription des faits (dixit Brion), j'ai surtout vu une simplification à l'extrême des situations et des personnages. Le summum allant aux nombreuses allusions à Abraham Lincoln: Juarez semble y vouer un petit culte, ce qui n'est pas pour déplaire (comme par hasard) au peuple américain. Ainsi on se met le spectateur yankee dans la poche en nourissant la légende et en faisant s'approprier les mêmes valeurs au personnage de Juarez. Subtilité quand tu nous tient.

Dieterle semble très inspiré, donne du ryhtme à son récit, propose quelques imageries pertinentes. Du beau boulot. Il est aidé par un casting hétéroclite où l'on croise une trop rare Bette Davis (mais à chaque fois marquante) et un John Garfield surprenant en rebelle mexicain.

Je reposte ici quelques avis du forum:
Eusebio Cafarelli (le 1er août 2008) a écrit :Grosse distribution (Paul Muni, Brian Aherne, Bette Davis, Claude Rains, John Garfield, Donald Crisp) pour un film qui aurait pu s'intituler plutôt Maximilien von Habsburg, tant ce personne (Brian Aherne, brillante composition) est au coeur du film, en souverain naïf, tolérant (pendant un temps) et amoureux, face à un Paul Muni (Juarez) assez rigide, engoncé dans sa redingote et son maquillage, jouant à peine (ou jouant le calme à la puissance 10). Claude Rains est un excellent Napoléon III (grosse allusion à Hitler dans sa volonté de dominer le monde), Bette Davis joue remarquablement l'impératrice mélancolique car stérile, puis folle. Garfield détonne un peu en Porfirio Diaz, Crisp est très bon en Bazaine.
Le film se suit sans déplaisir, alternant les scènes de cour et les batailles (un peu brouillon), avec des moments de propagande pro Juarez en Amérindien résistant à la volonté de suprématie géopolitique et raciale des Européens (sur le modèle de Lincoln affranchissant les Noirs). Trois très beaux passage : la critique par Maximilien de la république et la défense de la monarchie et la réponse à distance de Juarez expliquant le mot "démocratie" à Diaz; une exécution de peons directement inspirée du Tres de Mayo de Goya; Bette Davis plongeant dans le noir et la folie (puis assoupie devant une fenêtre, dans les rayons du soleil).
Cathy (le 1er août 2008) a écrit :D'ailleurs le titre français n'est pas Juarez, mais Juarez et Maximilien, ce qui prouve l'importance de Maximilien de Habsbourg dans l'histoire !
frédéric (le 12 août 2008) a écrit :Un film à grand spectacle, mais moins prenant que PASTEUR ou d'autres bio de la Warner, c'est par moment un peu pesant et Bette Davis a un rôle un peu effacée je trouve. Le film reste cependant tout à fait passionnant à suivre notamment dans sa deuxième partie et on s'attache plus à Maximilien qu'à Juarez je trouve.
francesco (le 12 août 2008) a écrit :C'est fou : moi j'ai trouvé que si Bette Davis a peu de temps à l'écran elle faisait une composition mémorable. Sa scène avec Claude Rains m'avait donné plein de frissons. Idem pour son simple "Maxim" hurlé à la fin. Et elle est particulièrement flattée par le chef op et le costumier (qui l'habille d'abord en blanc, lui fait s'obscurcir ses robes progressivement avant de la faire terminer en ombre noire).
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Re:

Message par bruce randylan »

Nestor Almendros a écrit :JUAREZ ET MAXIMILIEN -1939 (Cinéma de Minuit)
Ce fut un immense sommet d'ennui pour ma part.

C'est surtout paul Muni qui est insupportable. C'est simple dès qu'il était à l'image, j'avais envie de lui faire avaler des litres de jus de pruneau :mrgreen:
Mais bon, excepté la courte scène où Bette Davis sombre dans la folie, je n'ai rien trouvé à sauver dans ce biopic édifiant qui brosse les américains dans le sens du poil comme jamais à grand coup de raccourcis honteux ( le portrait de Lincoln :lol: :shock: ) et de dialogues édifiant.

bon, j'ai appris quelques trucs scolaires sur l'histoire du Mexique mais je suis même pas sur que ça me fasse gagner un camenbert au trivial pousuite. :|
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Re: Notez les films naphtas - Mai 2009

Message par julien »

Le Portrait de Jennie (William Dieterle)

Superbes prises de vues aériennes de la ville de New-York ainsi que de Central Park sous la neige.
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L’envoûtante étrangeté de ce décor new-yorkais abordé comme une toile immense nous permet en effet de croire sans faute à cet univers fantasmagorique placé hors de la vie et du temps.
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Et puis à part ça, pas grand chose d'autre. L'histoire est un peu cul-cul et louche un peu trop sur The Ghost and Mrs Muir sans en retrouver réellement la substance poétique. Et le tableau, qui est quand même l'élément central du film est assez moche.
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"Toutes les raisons évoquées qui t'ont paru peu convaincantes sont, pour ma part, les parties d'une remarquable richesse." Watki.
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Re: Notez les films naphtas - Mai 2009

Message par Gounou »

Ces images sont étonnantes...
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julien
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Re: Notez les films naphtas - Mai 2009

Message par julien »

On les voit surtout durant la première demi-heure qui est plastiquement, le moment du film le mieux inspiré. Il y a aussi une séquence filmée en travelling arrière où Jennifer Jones marche dans Central Park sous la neige en interprétant une très belle chanson de Bernard Herrmann jouée au theremin.

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Re: Notez les films naphtas - Mai 2009

Message par someone1600 »

En effet, certains plans de ce film sont assez fantastique. J'ai plutot aimé pour ma part. :wink:
Wagner
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Re: Notez les films naphtas - Mai 2009

Message par Wagner »

julien a écrit :Le Portrait de Jennie (William Dieterle)

Superbes prises de vues aériennes de la ville de New-York ainsi que de Central Park sous la neige.
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Curieux, ayant l'occasion de travailler un peu sur ce film, je ne peux me rendre compte que ce plan n'apparaît tel quel à aucun moment de ce dernier. Certaines images du prologue ne font que s'en approcher.
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Ego sum qui sum
pierrick
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Re: William Dieterle

Message par pierrick »

The crash (1932) [Cinéma de Minuit] : film de la période américaine de Dieterle (après la série de versions allemandes de films américains), le film interesse d'abord par ce qu'il pourrait refléter de l'actualité économique transposée à chaud dans la fiction (a fortiori dans le contexte actuel - il y aurait à faire une étude sur cette crise de 1929 vue par le cinéma contemporain de la crise).

Malheureusement, est-ce dû au scénario ? ou au format relativement court (à peine plus d'une heure) ? la vraisemblance psychologique des personnages et de l'enchainement des péripéties est vraiment mise à mal : le personnage principal interprété par Ruth Chatterton effectue plusieurs virages à 180° dans ses rapports à l'argent, à son mari, à une ancienne amie connu dans sa jeunesse très pauvre ...

Le film ne sublime donc jamais le côté schématique et assez figé du scénario.
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