William Dieterle (1893-1972)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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pierrick
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Message par pierrick »

Le film qui m'intrigue le plus et que malheureusement je n'ai pas est The devil and Daniel Webster, une variation autour de Faust. Et je n'ai pas non plus le Portrait of Jenny.

mais je ne suis pas complétement d'accord sur ton appréciation des biopics. Si le Pasteur est effectivement assez lourd, je garde un souvenir assez fort du Juarez avec le personnage de l'Empereur Maximilien, assez complexe et touchant. Et le Zola est assez important d'un point de vue politique (dénonciation de l'antisémitisme). C'est vrai en revanche que le schéma des films est souvent le même.

je vais essayer de les revoir de toute façon pour conforter ou m'infirmer ce souvenir.

le prochain que je regarde est Songe d'une nuit d'été.
Lylah Clare
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Message par Lylah Clare »

J'ai un assez vague souvenir de Blockade (Blocus), film de 1938, qui relate les aventures d'un jeune fermier obligé de prendre les armes pour défendre sa ferme des assauts de soldats pendant la guerre d'Espagne, qui tombe amoureux d'une jeune fille, et il y a une sombre histoire d'espionnage ainsi qu'un blocus des denrées alimentaires... Tout ça est un peu confus dans ma tête.
En fait, c'est un film qui a comme contexte la guerre d'Espagne (et ce doit être l'un des premiers au monde, sinon le premier), mais il faut le savoir, parce que je crois que dans le film ce n'est pas explicite, ni même prononcé, sans doute afin de ne pas risquer de mettre le feu aux poudres dans une Europe qui était alors pour le moins instable.

Le portrait de Jennie a un charme suranné, et Jennifer Jones y est radieuse, mais je me souviens d'un sentiment de déception à la vision du film, quand même moins sublime que d'autres films hollywoodiens "surnaturels" comme L'aventure de Mme Muir.

D'accord avec Ann Harding sur Kismet, pâtisserie bariolée et indigeste franchement mauvaise.

Et puis un film très kitsh mais plein de charme, à condition d'ouvrir son esprit au merveilleux : Songe d'une nuit d'été, d'après Shakespeare, est un enchantement pour les yeux, une vraie féerie (au sens propre comme au sens figuré). J'espère que tu aimeras.

Image

.... Mais oui, c'est Mickey Rooney dans le rôle de Puck !
pierrick
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Message par pierrick »

Pour Blockade, tu as raison : rien ne dit qu'il s'agisse de la guerre civile contemporaine, à part un carton au début qui situe bien le film en Espagne. Ce n'est pas le premier film à parler de la guerre (avant il y avait eu The Last train from Madrid et puis Love under fire) mais le premier vraiment du côté Républicain. Pour l'anedocte (et puis pour se mettre dans l'ambiance du double téléfilm de Goretta avec Polalydès de demain soir sur France 2 - ok ce n'est pas naphta), Sartre a vu le film à sa sortie et l'a trouvé "emmerdant comme la pluie" ! ce qui est un peu réducteur, quoique pas entièrement faux...
Lylah Clare
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Message par Lylah Clare »

pierrick a écrit :Pour Blockade, tu as raison : rien ne dit qu'il s'agisse de la guerre civile contemporaine, à part un carton au début qui situe bien le film en Espagne. Ce n'est pas le premier film à parler de la guerre (avant il y avait eu The Last train from Madrid et puis Love under fire) mais le premier vraiment du côté Républicain. Pour l'anedocte (et puis pour se mettre dans l'ambiance du double téléfilm de Goretta avec Polalydès de demain soir sur France 2 - ok ce n'est pas naphta), Sartre a vu le film à sa sortie et l'a trouvé "emmerdant comme la pluie" ! ce qui est un peu réducteur, quoique pas entièrement faux...
:wink: eh oui, on ne fait pas forcément de bons films avec de bons sentiments (sauf Capra).
Je ne connaissais pas du tout les deux autres films que tu mentionnes. Qui en sont les réalisateurs ? Pour le compte de quels studios ont-ils été tournés ? Je suppose que l'approche de la guerre d'Espagne en était neutre ?
francesco
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Message par francesco »

J'ajoute juste que Juarez est l'occasion pour Davis de donner une de ses plus belles performances en impératrice Charlotte.
Moi j'aimerais voir aussi Le Poids du Mensonge et puis Les Amants de Capri (les deux avec Cotten et le deuxième avec Fontaine qui joue une pianiste)
pierrick
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Message par pierrick »

Une réponse (tardive) à Lylah Clare, en précisant que je connais ces films que d'après le livre de Marcel Oms : La Guerre d’Espagne au cinéma (Editions du Cerf) et le travail de Michel Antony présent sur le web : http://artic.ac-besancon.fr/histoire_ge ... neespa.doc

The last train from Madrid est de James Hogan et Love under fire de George Marshall. Les deux films ne prennent, apparemment, la guerre que comme une toile de fond, mais, dixit Oms, avec de manière plus ou moins voilée une prise de partie contre les républicains (à travers le portrait négatif, par exemple de combattants civils).

J'en profite pour apporter mon point de vue sur A midsummer night's dream. Je suis mitigé, partagé entre l'admiration pour le côté plastique du film (auquel, probablement, mon enregistrement TCM ne rend pas justice), le côté assez rejouissant des compositions de Mickey Rooney (bon, il en fait des tonnes), de James Cagney et de toute la troupe de comédiens amateurs (on y croise Joe E. Brown ... celui qui conclut d'un tellement magnifique "Nobody's perfect" Some like it hot, et même, dixit Dumont, Kenneth Anger dans le rôle d'un petit garçon, prince indien objet de la convoitise d'Obérion), mais d'un autre côté, le film a vieilli (les scènes du palais avec leurs décors et les costumes, certains ballets). C'est plus un témoignage de ce que pouvait être l'idée de spectacle pour Max Reinhardt (même si le film doit beaucoup à Dieterle) qu'une réussite complète.
Lylah Clare
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Message par Lylah Clare »

Pierrick, merci pour le lien, on a déjà un aperçu d'un pan de cinéma assez peu étudié et commenté. Zou sur mon disque dur !

En ce qui concerne A midsummer night's dream, il est vrai que j'ai dévantage été touchée par les scènes de la forêt, avec les elfes et les fées (je suis un peu démodée et j'avoue préférer ces elfes-là aux Minimoys). Je ne me souvenais plus de Joe E Brown :oops: (et pourtant, quand on l'a vu dans Certains l'aiment chaud, on ne peut plus l'oublier). Enfin, Kenneth Anger, déjà un peu sulfureux à l'époque ? Quelle précocité...
Ernst Preston Wilder
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Message par Ernst Preston Wilder »

Oulà, cela fait pas mal de temps que je n'ai pas revu de film de Dieterle.

Je confirme le choix des Classivores, à savoir le Portrait de Jennie, avec une magnifique musique inspirée de Debussy (je crois). Je me souviens d'un vrai sens onirique, et je l'avais vu au ciné, d'ou une immersion plus grande qui ne peut que bénéficier à ce genre de film. De bons acteurs (Cotten, Jones, Gish).

J'avais vu également Midsummer.. mais bon, c'est le genre de truc poussif de prestige de l'époque, en plus l'avoir visionné sans sous titres m'avait laissé un arrière gout bof bof !! :D

Il me semble avoir vu the Last Flight au ciné-club, un film sur la génération désenchantée de l'après WWI, vraiment très interessant.

Quant à Juarez, ben c'est comme le Kougloff, on a plaisir à le voir, mais ça pèse un tantinet sur l'estomac.

Kismet bof, même Marlène en Or massif ne vaut pas forcément le détour, et puis faut reconnaitre que si elle a des gambettes de rêve, c'est pas Charisse et elle chante mieux qu'elle ne danse/
JT : Son époux est le grand grand acteur polonais Josef Tura. Vous avez déjà entendu parler de lui?
CE : Oh oui. D'ailleurs je l'avais vu en scène avant la guerre à Varsovie
JT : Vraiment ?
CE Ce qu'il faisait à Shakespeare, nous le faisons maintenant à la Pologne.
pierrick
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Message par pierrick »

En ce qui me concerne, je continue mes (re)visions tout en lisant le Dumont.

Ce week-end, j'ai revu le Pasteur. Je continue de trouver ce film assez bien, le début notamment, finalement osé, à la thriller, avec le meurtre du médecin. Il y a de vraies idées de mise en scène (les plans où Pasteur/Muni se décide à aller chercher le vaccin expérimental pour sauver le petit Meister, images n/b très tranchées, Pasteur presque en ombres chinoises...) et le propos est tout de même courageux (même si, faire de Pasteur une sorte d'opposant à Napoléon III, c'est historiquement osé. Bien sûr, il y a aussi un côté bien pensant, mais qui se défend pour l'époque.

D'ailleurs, je vais en profiter pour voir le film sur Robert Koch que Steinhoff a tourné pour les nazis et répondre à Dieterle, lui même ayant répondu avec Doctor Erlich's magic bullet.

Et puis ensuite, pour continuer l'ordre chronologique du livre de Dumont, je regarderai Satan met a lady, que TCM a eu la bonne idée de diffuser lundi.
Nestor Almendros
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Message par Nestor Almendros »

LA PISTE DES ELEPHANTS (1953)

Je m'attendais à un énième erszatz de MOGAMBO, une romance matinée de safari, et en fait ce n'est pas du tout ça. D'où ma surprise, et probablement, mon avis final plutôt positif.

La première demi-heure m'a fait penser à REBECCA d'Hitchcock. Un REBECCA sous le soleil de Ceylan. On y trouve les mêmes ingrédients: une jeune femme fraichement mariée débarque dans une grande demeure, avec un majordome mystérieux, et où plane le souvenir encore très fort de de l'ancien propriétaire décédé, le père de son mari aux attitude de roi. Elle va se confronter à une monde hermétique à toute femme, aux traditions datant de ce père, traditions masculines d'ailleurs. La comparaison s'arrête à peu près là puisque la suite du film propose un début de romance avec un employé du mari, et qu'ensuite l'intrigue s'arrête sur une épidémie de choléra et une compétition indirecte entre les deux hommes et la jeune femme.
On ajoute quelques éléments exotiques pour parfaire ce film d'aventures plutôt plaisant, aux somptueux décors (beaucoup de soins sont apportés aux intérieurs du grand bungalow) et à l'ambiance plus dramatique que réellement romanesque. Je n'oublie pas le final, spectaculaire, avec les éléphants.

Une bonne surprise, finalement, où l'on retrouve Elisabeth Taylor, Peter Finch et Dana Andrews.
Beau master (récent) de Paramount. Assez propre, belles couleurs et bonne définition.
pierrick
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Message par pierrick »

Une vraie bonne surprise en voyant Satan met a lady pendant les fêtes. H. Dumont signale aussi le film comme une réussite, mineure certes mais très réjouissante. Il s'agit en fait d'une version du Faucon Maltais sous forme de comédie assez déjanté.

On ne peut pas en dire autant de Another Dawn, drame colonialo-conjugual (si je puis me permettre), auquel Bette Davis a réussi à échapper (elle est dans Satan met a lady en revanche, et semble en avoir gardé un mauvais souvenir). Tout est faux dans Another Dawn : l'intrigue, le jeu des acteurs (même Errol Flynn), le montage assez approximatif... Série B en roue libre.

Sinon, vu également Robert Koch, conçu comme la réponse nazie au Pasteur et dont on voit bien qu'il est effectivement très inspiré de ce premier biopic, en le tirant evidemment du côté nationaliste quand le film sur Pasteur promeut des valeurs plus libérales et internationalistes (l'amitié Lister/Pasteur). Le film est assez interessant, avec une petite curiosité (un plan en couleur, au sein d'un film n/b de 1939, au moment où Koch découvre les microbes), et un jeu d'acteurs puissant (Emil Jannings, Werner Krauss).
Lylah Clare
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Message par Lylah Clare »

pierrick a écrit :Le film qui m'intrigue le plus et que malheureusement je n'ai pas est The devil and Daniel Webster, une variation autour de Faust.
A défaut du film (que je n'ai pas vu non plus), on trouve ici la bande annonce d'époque du film :

http://www.archive.org/details/devil_and_daniel_webster
pierrick
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Message par pierrick »

Merci à Lylah pour cette trouvaille.

J'avais laissé tomber mon post pour cause de migration avec femme, enfants, bibliothèques appelée aussi déménagement. Non sans avoir vu auparavant :

* The life of Emile Zola (1937) : qui reste un assez bon film, âvec un schéma assez traditionnel dans cette série de biopics qui a rendu Dieterle célèbre. Le début (Zola et Cézanne dans la dèche à Paris) est assez conventionnel mais la prise de conscience de Zola (Muni), son discours devant le jury, les scènes de Dreyfus à Cayenne sont assez poignantes. On sait que, l'espace d'un plan sur un registre militaire où la religion de Dreyfus est inscrite, c'est un très rare film où la question de l'antisémitisme est abordée.

* Doctor'Erlich magic bullet (1939) : poursuit la série de films "scientifiques" et de combat avec les nazis (réponse au Robert Koch). Là encore, filmtrès audacieux dans la thématique pour l'époque, mise en scène efficace, interprétation de Robinson impressionnante

* A dispatch from Reuter (1940) : la formule se fait un peu éculée, d'autant que la thématique (l'invention du télégraphe) n'est pas à la hauteur des envolées et de l'émotion que pouvait dégager les films médicaux et leurs enjeux moraux.

* Tenessee Johnson (1942) : film interessant en revanche, avec un personnage de président par défaut (il succède à Lincoln assassiné), ancien prisonnier, et qui ne sent pas à la hauteur... Film mineur mais dans non négligeable dans cette tradition américaine des films de présidents

* Vulcano (1949) : la réponse de Magnani/Dieterle au film de Rossellini/Bergman : toujours se méfier des imitations, même si le tournage dans les îles réservent de belles prises de vue. L'histoire en revanche...

* The turning point (1951) : pas grand chose à signaler sur ce polar assez moyen, vu en V.F. qui plus est ... Le portrait d'une ville gangrénée par la corruption, pas crédible dans la plupart des séquences.
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AtCloseRange
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Message par AtCloseRange »

La Vie de Louis Pasteur
Excellente surprise et Paul Muni y est exceptionnel (un Oscar bien mérité). Le film n'a pas pris une ride (la réalisation m'a semblé plutôt moderne pour l'époque) et, pour un biopic, a le bon goût de ne pas s'écarter de son sujet passionnant (les démêlés de Pasteur avec ses contemporains).
Voilà qui me donne envie de découvrir les autres biopics que Muni a fait avec Dieterle (Zola et Juarez).
pierrick
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Message par pierrick »

Pour ceux qui ont Cine Classic, Blocus, le film de Dieterle sur la guerre d'Espagne est en train de passer (au moins une diff encore).

Film mineur sur la forme, l'intrigue sentimalo-espionnage laissant à désirer, mais important pour ceux qui s'interessent à la guerre d'Espagne et/ou à l'engagement politique d'Hollywood. Le film échoue d'ailleurs de part la volonté de jouer sur les 2 tableaux de l'engagement et du divertissement, volonté plus du producteur poussé par l'Administration et les distributeurs.

Le film est scénarisé par un des futurs "10 d'Hollywood" (John Howard Lawson).
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