Mario Monicelli (1915-2010)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Cosmo Vitelli
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Re: Mario Monicelli

Message par Cosmo Vitelli »

Fatalitas a écrit :
Ann Harding a écrit : Comme le dit, Cosmo, il ne semble pas que cette rétro attire les foules -du moins sur DVDClassik????
et puis, il y a Johnnie To en meme temps :mrgreen:
C'est pas incompatible ! :o
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bruce randylan
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Re: Mario Monicelli

Message par bruce randylan »

Si on rajoute le boulot, la copine et la famille qui vient sur Paris, ca commence à être un peu chaud mais j'ai prévu d'y aller.
Dimanche déjà avec mes chers amis puis surement une grande partie de la semaine prochaine puisque apparement je ne bosse pas ( et que la rétro To sera finit :fiou: )
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bruce randylan
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Re: Mario Monicelli

Message par bruce randylan »

j'ai donc découvert ce soir Mes chers amis et c'est encore une délicieuse comédie pas si éloigné que ça d'un éléphant ça trompe énormément.
On suit donc les virées "tziganes" de 4 quinquagénaires ( bientôt 5 ) qui s'enfuient du quotidien ennuyeux pour se réfugier dans les blagues potaches et régressifs.
Immédiatement attachant et truffé de saynètes irrésistibles qui sont autant de scènes cultes à se tordre de rire ( la scène de la gare, l'hôpital, les toilettes de la soirée mondaines, les géomètres dans l'arrière village, tout le passage avec Blier... ), Monicelli réserve aussi quelques changement de style où la gravité et le désespoir ne sont jamais bien loin mais le rire revient toujours sur le devant de la scène à l'image du finale qui pourrait presque s'apparenter à un manifeste philosophique "rien ne sert de prendre la vie au sérieux, personne n'en sort vivant de toute façon".
La capitale sympathie doit aussi beaucoup de l'alchimie des acteurs ( même si ne pas entendre Noiret dans sa vraie voit passe difficilement ) qui ont du bien s'éclater sur le tournage ( ah la scène des baffes :lol: )

les 111 minutes ont bien droit à de de maigres ralentissements, ces chers amis sont en tout cas devenus les miens et si la suite est encore mieux, les retrouvailles font être dantesque :D
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Alligator
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Re: Mario Monicelli

Message par Alligator »

Un borghese piccolo piccolo (Un bourgeois tout petit, petit) (Mario Monicelli, 1977) :

Image
_______________

Deux films en un. La première heure constitue une sorte d'étude de moeurs qui se focalise sur un personnage central, ce fameux petit bourgeois, un Sordi vieillissant, morne et servile fonctionnaire dont l'axe de vie unique est son fils, première merveille du monde. Sa femme, au foyer, une ronde et tout aussi morne Shelley Winters est une esclave consentante, pieuse, la mamma incarnée. Pendant cette heure on suit les efforts obsessionnels du père pour que son supérieur, le génial Romolo Valli, trouve un emploi à son fils. Zèle et servilité allant jusqu'à l'admission drôlatique parmi les francs-maçons sont les outils de la corruption que Sordi use pour connaître les sujets de l'épreuve d'admission.
On est là dans la comédie italienne, à l'humour féroce, cinglant. Ici aussi,les personnages mûs par un profond amour (filial en l'occurrence) se démènent dans leurs petitesses quotidiennes, prisonniers, sans révolte. Surtout acceptant leur état, faisant "avec"... un petit bourgeois. Voilà pour le premier "piccolo" du titre.
Cette comédie touche par instants au burlesque : le portrait du travail de bureau avec ces collègues qu'on ne voit jamais, cachés par les liasses de dossiers est hilarant ; Valli qui passe son temps à recueillir ses pellicules, etc.

Le second "piccolo" pour la dernière heure bouleverse le film. La comédie fait place à la tragédie. On bascule dans un autre monde. Vengeance, horreur, deuil. Fait divers. Crime. Difficile d'en parler sans trop déflorer.

Parlons plutôt de la performance hallucinante de Sordi qui m'a totalement ébloui. J'avoue que je ne connaissais pas énormément cet acteur. Je l'avais vu dans trois ou quatre films tout au plus.
Ici il prend le film sur ses épaules et l'amène avec une facilité étonnante là où l'histoire et la mise en scène doivent le mener. Impressionnant. J'ai le sentiment de le découvrir, là, maintenant.

De même le travail de contraste entre les deux parties construit par Monicelli montre une superbe maitrise du récit. Le film m'a rappelé le même renversement narratif que dans "La grande guerre". Quand le drame s'abat avec fracas et casse l'existence d'un individu, révélant des failles et des êtres insoupçonnés.

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Dernière modification par Alligator le 9 avr. 08, 09:55, modifié 1 fois.
Cosmo Vitelli
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Re: Mario Monicelli

Message par Cosmo Vitelli »

Alligator a écrit :Parlons plutôt de la performance hallucinante de Sordi qui m'a totalement ébloui. J'avoue que je ne connaissais pas énormément cet acteur. Je l'avais vu dans trois ou quatre films tout au plus.
Ici il prend le film sur ses épaules et l'amène avec une facilité étonnante là où l'histoire et la mise en scène doivent le mener. Impressionnant. J'ai le sentiment de le découvrir, là, maintenant.
Acteur immense par le talent que les parisiens pourront (re)découvrir ce soir au sommet de sa forme, puisque la Cinémathèque projette Les Nouveaux Monstres. Roy avait écrit un très beau texte sur ce film dans le cadre des conseils télé. Je crois savoir que le DVD français ne possède qu'une piste VF (quelle horreur !). Une bonne occasion donc de savourer en V.O. ce sommet de méchanceté que constitue le film (il est sorti la même année qu'un Bourgeois tout petit, petit...en 1977, marquant la fin d'un âge d'or pour la Comédie Italienne)
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Re: Mario Monicelli

Message par Strum »

Acteur sensationnel que Sordi en effet. Il donne aussi toute la mesure de son talent dans Une Vie Difficile de Risi, où l'on finit par prendre en pitié son personnage si pathétique, si médiocre, grâce à la figure de clown triste de Sordi.
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Re: Mario Monicelli

Message par Cosmo Vitelli »

Un topic lui a d'ailleurs été consacré :
http://www.dvdclassik.com/forum/viewtop ... i#p1268580
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Re: Mario Monicelli

Message par bruce randylan »

Caro Michele ( 1976 )
J'ai pas accroché tant que ça a celui-là.
L'histoire et surtout la narration sont originales mais le procédé est aussi une faiblesse avec des parties assez moyennes et presque inutiles qui déséquilibrent beaucoup le film. On croise une gallérie de personnages qui sont tous liés à un Michele qu'on ne vera jamais du film mais à qui les protagonistes écrivent des lettres ( sa famille et son Ex ). Monicelli s'attarde beaucoup sur son Ex. mais hésite à en faire le personnage central et bâcle les autres parties.
Les scènes sur celle-ci et de son bébé au père inconnu sont donc les plus intéressantes mêmes si j'ai eut beaucoup de mal à accepter son caractère, véritable tête à claque qui donne mal à la tête avec son bla-bla gonflant. C'est bien entendu le but de la rendre insupportable et une fois que Monicelli recentre l'intrigue sur elle, on savoure un peu plus les situations et les comportements et on parvient à décrocher quelques sourires. La conclusion est même excellente pour le coup.
J'en suis sorti avec un assez bon sentiment au final parce que les meilleurs scènes sont les dernières mais ça reste décevant et longuet dans sa première heure.

Romances et confidences ( 1974 )
La j'ai beaucoup aimé en revanche. Sur la trame simple du mari-femme-amant, Monicelli brode un vaudeville drôle, touchant et ironique où la narration décalée ajoute beaucoup de plaisir : a de nombreuse reprise, Ugo Tognazzi demande de mettre le film en pause ou de le rembobiner pour montrer un moment clé qui conduira au tragicomique à grands coups de dialogues pleins d'auto-dérision ( "non, mais regardez-donc cette tête d'ahuri qui voulez jouer au bon père de famille sur de lui. Vous parlez !" )
De plus les situations sont vraiment très bien écrites, à la fois très humaines et trés drôles avec un tempo impeccables dans les dialogues, les réactions ou la gestion des flash-backs. Le passage où Ornalli Muti ( que j'ai eut du mal à tout le temps regarder dans les yeux - pourtant magnifiques :oops: ) raconte à son mari comment elle l'a trompé est une merveille. Tognazzi est magistral dans son jeu entre consternation et tendresse. Le plan où il est effaré de savoir que l'amant de sa femme l'a embrasser "plus que partout" est hilarant.
Il y a beaucoup de scènes comme ça où l'émotion, la justesse et la mélancolie sont contre-balancé par la distanciation ironique et l'humour.
Trés bon et trés fort !

I Picari ( 1988 )
Trés sympathique que cette comédie moyen-ageuse où 2 Picari ( aventuriers - ici plutot des escrocs à la petite semaine ) se retrouvent mêler à plein de personnages et événements. On est plus proche du film à sketch que d'une intrigue construite d'un long-métrage, ce qui conduit aux défauts récurrents du genre. Rythme en dent de scie, qualité inégale, casting pas forcement judicieux etc...
Mais ça en a aussi les avantages : guest-stars, pas trop de longueurs et quelques séquences mémorables.
Je citerai ainsi l'assistant pédagogique, le saut du fossé, toute la séquence avec Gassman ( les hosties :lol: ), la pendaison à la fin, l'arnaque chez le bijoutier, l'apparition de Don Quichotte etc...
En contrepartie, on se tape donc des segments plus dispensables comme celui bien ratée de la prostituée.

Dans l'ensemble, ça reste suffisamment amusant pour qu'on prenne du plaisir sans trouver le temps long.
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Re: Mario Monicelli

Message par Cosmo Vitelli »

bruce randylan a écrit :Caro Michele ( 1976 )
J'ai une certaine affection pour ce film malgré les défauts que tu soulignes avec justesse. Au début on pense se diriger vers un portrait de famille intimiste, un Woody Allen dramatique (Intérieurs, September), alors que le film ménage des moments de pure comédie comme Monicelli sait si bien le faire. Peut être cette oeuvre est-elle un peu trop dispersée pour être un grand cru monicellien, mais la petite musique qu'elle distille reste bien agréable.
bruce randylan a écrit :[Romances et confidences ( 1974 )
On peut voir ce film comme une variation monicellienne sur Drame de la jalousie . Le début souffre un peu de la comparaison avec le film de Scola. Mais Tognazzi est effectivement grandiose (à la fois drôle et émouvant) et les dialogues concoctés par la dream team scénarique (Monicelli-Age-Scarpelli) font une nouvelle fois mouche. Ce film coquasse, mélancolique, mutin et très bien écrit mérite mieux que son titre français assez nase (l'original étant Romanzo Popolare)

bruce randylan a écrit :[I Picari (1988 )
Pas revu récemment, mais le souvenir reste encore vivace de même que le leitmotiv musical très entraînant. Le picaresque réussit décidemment bien à Monicelli (cf. les deux Brancaleone). Les caméos de Manfredi et Gassman valent leur pesant d'or et le trop rare Giancarlo Giannini est convaincant en premier rôle. Etonnant qu'un tel film avec un tel sujet ait été produit à la fin des années 80. Il détonne un peu au milieu des productions italiennes de l'époque.
Dernière modification par Cosmo Vitelli le 15 avr. 08, 20:20, modifié 2 fois.
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Re: Mario Monicelli

Message par Cosmo Vitelli »

Une Famille Formidable (1991)
Très belle surprise que ce film tardif du mestro. La chronique familliale est esquissée avec beaucoup de finesse... puis le film bifurque vers une direction innatendue, révélant l'hypocrisie des rapports familiaux et poussant sa logique jusqu'à un final totalement cynique, d'une méchanceté assez jubilatoire. Outre Monicelli on retrouve ses vieux complices Suso Cecchi d'Amico et Piero De Bernardi (pour une fois sans son acolyte Léo Benvenutti) à l'écriture du scénario. Et leur présence se fait sentir tant les dialogues que dans les dialogues que dans la virulence de la critique.

Les Deux Vies de Mathias Pascal (1985)
Cette variation sur Feu Mathias Pascal de Pirandello démarre par une exposition assez laborieuse. Mais le film, porté par un Mastroianni encore une fois parfait, gagne en intérêt au fil des minutes grâce au climat quasi-fantastique instauré par Monicelli (cette ville constamment balayée par les vents) et au aux changements de rythme que ménage le récit. A l'instar de Caro Michelle le film, assez dense, souffre parfois d'un "trop plein". Mais c'est ce qui fait aussi son charme et, encore une fois, Mastroianni, très à l'aise dans son personnage, démontre toute l'étendue de son talent.

Sinon, hier soir, revu l'indispensable Mes Chers Amis 2 film doté d'un rythme exceptionnel. Les situations comiques s'enchaînent deux heures durant quasiment sans temps mort. Piero De Bernardi, Léo Benvenutti et Monicelli ont signé des dialogues mémorables et imaginé des situations extrèmes ou la méchanceté le dispute au burlesque.

Plus le temps passe et plus l'absence de Mes Chers amis 1 et 2 dans le catalogue des éditeurs DVD français me semble préjudiciable. Outre la présence de Noiret (et Blier dans le premier opus) on est quand même face à deux des plus grands succès du box-office italien (le permier opus à battu Les Dents de la Mer). En Italie le souvenir de ces films est encore vivace (pas seulement à Florence d'ailleurs). Les dialogues sont passés dans le langage commun - comme "La Supercazolla" de Tognazzi :lol: et hier une petite communauté d'italiens a pris place dans la salle pour revoir ce grand classique d'humour féroce, politiquement incorrect.
Dernière modification par Cosmo Vitelli le 18 avr. 08, 11:56, modifié 2 fois.
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Re: Mario Monicelli

Message par Ann Harding »

Merci Cosmo, pour ta critique de Les Deux Vies de Mathias Pascal. Voilà un film qui m'intrigue pas mal! En effet, il existe une première adaptation à l'écran par Marcel l'Herbier de 1925 avec Ivan Mosjoukine qui a l'air tout à fait passionnante. Puis, récemment, Brion a diffusé la version de 1936 de Pierre Chenal, L'homme de Nulle Part, une petite merveille! :)
Cosmo Vitelli
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Re: Mario Monicelli

Message par Cosmo Vitelli »

Nous Voulons Les Colonels (1973)
Au scénario le trio Monicelli-Age-Scarpelli imagine une histoire à priori farfelue : un député d'extrême droite fomente un coup d'état en débauchant des officiers nostalgiques du fascisme. Commencons par le défaut principal du film. La farce ne fait pas dans la dentelle et Monicelli n'évite par le surlignage abusif. J'y vois là une raison assez simple. Comme leurs collègues les plus illustres de la comédie italienne, Monicelli et ses scénaristes sont des hommes vraiment à gauche. Pour ce film ils ont décidé de suivre les agissements d'une bande de fascistes. Très difficile pour eux, donc, de rendre sympathiques leurs personnages. La caricature est donc appuyée et l'humanisme qui caractérise 80% de leurs scénarii est laissée au vestiaire, comme dans Mesdames et Messieurs Bonsoir film collectif assez hallucinant et parfaitement jubilatoire pour moi- auquel participe Monicelli, mais aussi Scola, Comencini, Mastroianni, Manfredi, Tognazzi..., produit en partie avec les deniers du Parti Communiste Italien.

La première partie de Nous Voulons Les Colonels a donc les qualités de ses défauts. Farce efficacace, mais farce quand même avec tout ce que cela implique en terme de subtilité.

Et puis il y a cette deuxième partie qui touche au sublime. Au moment où Tognazzi lance l'opération (qui doit voir une faction s'emparer du président de la république, une autre investir la télé d'état, etc.) les zygomatiques travaillent sans relâche, et nous voilà dans le haut du panier du burlesque qui nous conduit à un final hilarant et corrosif.

Maintenant un peu d'Histoire avec un H majuscule. Contrairement à ce que j'indiquais à un sympathique forumeur hier le film n'est pas contemporain des événements auquels je vais faire référence :oops: , mais ils sont révélés peu de temps avant. En décembre 1969 une bombe éclate à Piazza Fontana à Milan. Elle fait 16 morts et plus de cent blessés. Présenté par la police au départ comme un attentat « anarchiste » (ce qui coûtera la vie à un cheminot anarchiste, Giuseppe Pinelli, jeté par la fenêtre lors d’un interrogatoire), la bombe avait été déposée par des militants proches d'une faction d'extrême droite. Un an plus tard, dans ce contexte trouble, le prince Junio Valerio Borghese prend la tête de plusieurs centaines d’hommes, structurés dans une organisation dénommée “Fronte Nazionale”, pour tenter un coup d’Etat qui échoue lamentablement. L'affaire est révélée 3 ans plus tard et c'est une comédie, en l'occurence Nous Voulons Les Colonels, qui s'empare des faits pour en livrer une version ubuesque à souhait, preuve supplémentaire de la volonté des cinéastes et scénaristes de la comédie italienne de se frotter à l'actualité brulante.
Dernière modification par Cosmo Vitelli le 20 avr. 08, 15:35, modifié 6 fois.
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Re: Mario Monicelli

Message par bruce randylan »

Les infidèles ( 1953 - Co-réalisé avec Steno )

Le début laisse augurer un vaudeville enlevé quand un mari volage demande à un détective privé de suivre sa femme en espérant que celle-ci le trompe pour avoir une raison de divorcer. Faute de résultat, le détective privé est contraint de la séduire mais tombe par hasard sur un amour de jeunesse.
Le hic, c'est que c'est pas excessivement drôle voire très peu et que le nombre de personnage devient vite trop nombreux et qu'aucun n'attire l'attention. La curiosité se fait donc attente. L'attente devient ennui, L'ennui se transforme même en torpeur au fur et à mesure de scènes qui s'enchainent sans rythme, passion et surtout sans grandes lignes narratives. On ne sait jamais qui sert à quoi, où l'intrigue conduit et l'on se désolidarise rapidement des marivaudages d'acteurs agaçant.

Le puzzle se compose finalement à 20 minutes de la fin pour un charge incroyable contre l'hypocrisie des mœurs italiens pour un drame à la noirceur d'une rare violence psychologique.
Spoiler (cliquez pour afficher)
Une femme s'immole ne pouvant prouver son innocence et une autre est obligée d'abattre son amant pour lancer l'enquête qui forcera les langues à se délier.
Cette fin pessimiste parvient à sauver in-extrémis le film mais ne justifie pas les longs égarements qui précèdent.
Vraiment dommage, il y a avait de quoi obtenir un terrible film vénéneux.
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Re: Mario Monicelli

Message par Cosmo Vitelli »

Concernant, Les Infidèles je suis à peu près d'accord avec toi. J'écris à peu près car, contrairement à toi, je ne me suis pas ennuyé. Je n'aime pas quand le cinéma italien emprunte les chemins balisés du cinéma hollywoodien. Or la partie la plus faiblarde du film prend des accents de "screwball" assez classique (d'ailleurs j'ai entendu un fan du cinéma hollywoodien, très peu porté sur les "excès" du cinéma trasalpin, déclaré que Les Infidèles était le seul véritable bon film de Monicelli :mrgreen: ) avant que la mécanique ne s'enraye dans cet étonnant final très glaçant que tu décris et qui, pour le coup, sonne très cinéma italien des sixties (alors que nous sommes en 1953). L'effet de cet fin abrupte est d'autant plus fort que rien dans la partie "screwball" ne nous préparait à un tel déchainement.
Dernière modification par Cosmo Vitelli le 21 avr. 08, 16:26, modifié 3 fois.
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Re: Mario Monicelli

Message par bruce randylan »

Je dois en effet avouer que j'étais assez crevé en arrivant à la séance.
Spoiler (cliquez pour afficher)
Pour la petite histoire qui pourrait presque trouver sa place chez du réalisateur.
Je devais rentrer de Nancy sur Paris samedi soir mais le site de la SNCF plantant ces derniers temps, je n'ai pas fait gaffe qu'il m'avait inverser les villes de départ et d'arrivée. En sortant du boulot bien vidé ( et pour cause, j'ai fait le boulot de 2 personnes suite à un malade ), J'apprends que non seulement que le billet n'est pas valable mais surtout qu'il n'y plus de train avant le lendemain 8h15. Retour à l'hôtel ( :| ) et j'en profite pour aller montrer Croix de Fer fer de Peckinpah à un pote. S'en suit un débat un peu surréaliste qui finit à 1h30 du mat' ( le type - suivant une psychanalyse qui a tendance a exacerbé ses problèmes déjà bien corsés - a trouvé ça bien mais préfère le convoi qu'il trouve plus personnel et efficace :shock: ). Couché donc à 2h00 avant d'être réveillé à 06h15 par le couple d'à coté qui décide qu'il s'agit d'une bonne heure ( c'est le terme ) pour s'envoyer en l'air à grand coup de cris et autres suppliques qui laisse peu de place à mon imagination ( "oh non, pas là, ça fait mal" )
Donc, oui, arrivé à la séance de 21h45, j'avoue que la fatigue est venue me dire bonjour d'autant que la chaleur ambiante accentuait la torpeur )
Après, j'ai du mal à considérer même en partie le film en screwball comedy tant l'humour est absent ( ou ne fonctionne pas )
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