Charles Chaplin (1889-1977)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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someone1600
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Re: Charles Chaplin (1889-1977)

Message par someone1600 »

Shoulder arms est vraiment un excellent film en effet. Vraiment drole meme si le sujet est sérieux. :wink:
allen john
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Re: Charles Chaplin (1889-1977)

Message par allen john »

hansolo a écrit :
someone1600 a écrit : Pour A dog's life, un excellent film de Chaplin, on voit clairement que des l'entrée a la First National, il etait deja pret a entamer une vraie carriere, les premiers films sont deja des petits chef d'oeuvre.
L'evolution des salaires de Chaplin est, a cet égard, simplement hallucinante (mais bien en rapport avec son talent :) )

1908 Il signe un contrat avec la compagnie Fred Karno, 3 livres et 10 shillings par semaine la première année, 4 livres par semaine la seconde.
1910 Second contrat de Charlie Chaplin avec Fred Karno, trois années, à 6, 8 et 10 livres par semaine. Charlie Chaplin part en tournée aux Etats-Unis.
1913 Charlie Chaplin quitte Karno pour rejoindre la Keystone Film Company, il signe un contrat d''un an avec un salaire de 150 dollars par semaine.
1914 Charlie Chaplin joue dans trente-cinq films produits par la Keystone.
1915 Charlie Chaplin signe un contrat avec la compagnie Essanay aux termes duquel il doit réaliser quatorze films en 1915, pour un salaire de 1 250 dollars par semaine.
1916 Charlie Chaplin signe un contrat avec la Mutual Film Corporation, pour un salaire de 10 000 dollars par semaine, assorti d'une prime de 150 000 dollars à la signature.
1917 Charlie Chaplin signe le fameux "contrat d'un million de dollars" avec la First National, salaire de 1 075 000 dollars par an.

Source : http://www.angelfire.com/biz2/yop/charlot.html

Il faut lire My Autobiography a ce propos; un pur bonheur! :D
Excellente preuve d'une fulgurante ascension...
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Re: Charles Chaplin (1889-1977)

Message par someone1600 »

C'est fou en effet... et apres la fondation de la United Artist ? :?
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Re: Charles Chaplin (1889-1977)

Message par someone1600 »

The Star Boarder (1914)

Encore un autre film sans rien d'extraordinaire alors que Charlie courtise ouvertement la femme d'un autre, alors que celui-ci fait justement la meme chose, ils sont tous pris sur le vif par un jeune garcon qui prend des diapositives... et le tout se termine... sur une bagarre bien sur... lol

Mabel at the Wheel (1914)

Charlie a une moto, et son rival une voiture... les deux convoitent une jeune femme, qui apres avoir eu un petit accident avec Charlie, repart avec le rival... Charlie de jalousie sabote la voiture et une violente :roll: guerre de caillou s'ensuit entre Charlie, la jeune femme, son rival et le pere de celui-ci... lol Apres avoir kidnapper son rival qui devait prendre part a une course, Charlie est pris au depourvu car la jeune femme a pris sa place dans la course alors Charlie tente avec des complices de mettre fin a la course de la jeune femme avec des bombes et de l'huile sur la piste, sans succes... plutot amusant... :uhuh:
Spoiler (cliquez pour afficher)
Finalement c'est pas le bon film... merci youtube de bien les nommer... :roll:

Amusant que ce film alors que deux hommes tentent d'assister aux courses sans payer, apres s'etre taper le derriere a coup de pied joyeusement, ils parviennent a se faufiler par la cloture, et Charlie entreprend de seduire une jeune femme dont le mari (enfin j'imagine) est occupé a faire de la drague a une autre... avant de s'envoyer quelques coups de poings a la figure... :roll:
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Re: Charles Chaplin (1889-1977)

Message par someone1600 »

Twenty Minutes of Love (1914)

Premiere réalisation pour Chaplin, ca commence plutot dans le type des films de la Keystone, mais j'ai tout de meme trouvé le film bien amusant. Charlot, dans un parc rempli d'amoureux, un peu jaloux sans doute, s'amuse a embetter un couple qui fini par le chasser mais voyant une jeune femme demandé a son amoureux une preuve d'amour et que celui-ci subtilise la montre a un homme, Charlot vole la montre a nouveau, l'offre a la jeune femme... et le tout fini par une bagarre homérique entre tout ce petit monde, ainsi qu'un policier et tout le monde finit dans le lac sauf Charlot et la jeune femme... :lol:

Caught in a Cabaret (1914)

Charlot est serveur dans un bar, alors qu'il se promene dans un parc, il donne une correction a un homme brutalisant une jeune femme, sous les yeux du fiancé de celle-ci qui n'a rien tenté. Se faisant passer pour l'ambassadeur de Grece, Charlot est invité chez la jeune femme , alors que le fiancé, en colere de se faire prendre sa fiancée, découvre que Charlot travaille dans un bar et apres la réception ou Charlot s'es un peu saoulé, amene toute la famille dans le bar ou travaille Charlot et s'ensuit une belle bagarre comme d'habitude... lol...
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Re: Charles Chaplin (1889-1977)

Message par someone1600 »

Caught in the Rain (1914)

On a souvent l'impression de revoir le meme film, celui-ci ne sort pas du lot, dans un parc, Chaplin coursise une femme qui est en fait marié, de retour a l'hotel, completement saoul, Chaplin a peine a monter l'escalier, se trompe de chambre, prend quelques coups de pied de l'homme dont il a courtisé la femme, fini par atteindre sa chambre... pendant ce temps-la, l'homme se dispute avec sa femme et sort prendre l'air, sa femme, somnambule se leve durant la nuit et entre dans la chambre de Chaplin... malentendu bien sur, s'ensuit une autre bagarre avec le mari et une tonne de policier qui passait par la...
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Message par allen john »

The professor (Charles Chaplin, 1919)

Pourquoi s'intéresser à The professor, aujourd'hui, film inachevé de Chaplin car abandonné? Après tout, on a déja fort à faire avec les films qu'il a finis, avant de s'intéresser à ceux qu'il a lui-même mis de côté... seulement voilà, le décidément indispensable documentaire Unknown Chaplin a mis un coup de projecteur sur ce film, qu'on a donc découvert dès 1983, et qui s'est mêlé de façon indissociable aux nombreux souvenirs liés à la vision des films de Chaplin. Et puis en regardant bien le film, on s'aperçoit qu'il est plein d'intérêts...

Pour commencer, le film est situé dans un asile de nuit, ou le héros se rend. Ce décor ne quitte pas Chaplin depuis Life, lui qui y retourne encore et encore... il s'en souviendra pour The Kid.

Ensuite, The professor présente un Chaplin inattendu, au maquillage différent, au caractère différent, avec une identification forte: le "Professeur" Bosco est montreur de puces savantes. Son allure se rapproche de celle du vagabond, avec des vêtments qui ont connu de meilleurs jours, des grosses godasses, et la tignasse proverbiale de l'acteur, mais la moustache est plus vaste, le regard vide, et un chapeau très démodé, façon Dickens, achève de parfaire l'illusion. On note aussi la présence d'une de ces petites pipes en bois sensées compléter l'attirail de son personnage lorsqu'il est doté d'un emploi stable. Chaplin, qui n'allait pas tarder à laisser de côté son pesronnage le temps d'un long métrage, avait déja envie de se débarrasser de lui 4 ans auparavant... La transgression n'a pas abouti, et on peut comprendre pourquoi. Ce professeur se comporte d'une façon différente. Son visage trahit une lassitude, un dégout presque, qui fait froid dans le dos. Lorsque les puces s'échappent de sa boîte, il fait usage d'une surprenante autorité, usant de son fouet. Une assurance qui étonne...

Les puces reviendront, dans une séquence rêvée de Limelight, le clown Calvero se voie dans un numéro assez similaire à celui du Professeur Bosco, sauf que les puces seront, là, imaginaires. Ici, elles sont réelles, ce qui entraine une épidémie de gratouille chez les pensionnaires, par ailleurs très passifs, de l'asile. Un mot, d'ailleurs, au passage, pour parler de cette étonnante tendance au grossier et à la vulgarité assumée, chez Chaplin, qui va de pair avec une pudeur paradoxale. Ici, il s'agit d'utiliser la crasse, le manque d'hygiène associés à la présence de puces à des fins de pantomime...

Mélanger une fois de plus le pathos et le comique, noir, c'est devenu une habitude chez Chaplin. mais peut-être avait-il besoin de motivation? Peut-être ne sentait-il plus son personnage, en passe de rentrer dans le rang (il en fait un homme au costume de ville soigné dans The bond, un homme à tout faire dans Sunnyside, donc employé, un soldat dans Shoulder arms...), peut-être avait-il besoin de redéfinir de nouveaux contours afin de repartir à zéro avec le public. l'échec de la tentative le mènera de toute façon à The kid. Sans odute avait-il besoin d'un angle d'approche différent... ce film le lui a peut-être fourni: il n'est donc pas si anodin.



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Re: Charles Chaplin (1889-1977)

Message par allen john »

Sunnyside (Charles Chaplin, 1919)

Sunnyside est, dans la continuation de A dog's life et Shoulder arms, un film de trois bobines. Ce serait le dernier, puisque après ce film Chaplin allait consacrer du temps à un court métrage (deux bobines) puis une année à un long métrage, un vrai. Mais ce que trahit ce film, dont le titre est à peine ironique, c'est le bonheur dans lequel Chaplin libre se trouve, à une époque décidément apparement libre de soucis. Le film est d'ailleurs contemporain du tournage des séquences documentaires de How to make movies, qui voient un chaplin facétieux se laisser aller à la joie d'avoir son propre studio. cet esprit de parfait bonheur tranquille a envahi le film.

Non que le personnage qu'il incarne ait une vie facile: dans ce village rural, situé comme il se doit en pleine vallée Californienne, Chaplin est l'homme à tout faire: garçon de ferme, barbier, réceptionniste de l'hôtel... l'homme qui l'exploite est interprété avec autorité par Tom wilson. La première bobine plante le décor, et montre l'exploitation du héros, ainsi que son fatalisme tranquille, avec un petit passage onirique durant lequel Chaplin interprète en rêve un ballet avec quatre bacchantes à peine vêtues. Puis, nous dit un titre, il est temps de passer à la romance: Chaplin aime en effet une jeune femme locale, interprétée par Edna Purviance, et celle-ci le lui rend bien. La séquence durant laquelle Charlie rend visite à sa bien-aimée est gentille comme tout mais aussi très drôle. Puis un homme de la ville apparait, et là, les choses se gâtent...

Si Chaplin imagine un suicide ici, il ne faut pas y voir pour autant une qualconque noirceur, le film reste une parenthèse bucolique dans l'oeuvre de Chaplin. C'est, bien sur, beaucoup plus soigné que Work, et d'ailleurs le film profite bien d'avoir été tourné pour une large part en plein air. Les acteurs jouent à fond la gentille moquerie, et on n'est pas loin avec ce film du cycle de comédies rurales de Griffith. il y a un peu, mais pas trop, d'opposition entre la ville corruptrice et la campagne saine, à travers ce personnage, principalement rêvé, d'étranger, mais il est frappant de constater que celui-ci est à peu près aussi élégant que Chaplin dans la vraie vie, lui ressemble un peu, et semble même porter ses vêtements. N'y cherchons pas de message, Sunnyside est un film qui ne porte pas à conséquence, qui nous permet de rire avec tendresse. Une scène coupée de ce film circule généralement, celle durant laquelle le garçon de ferme improvisé barbier improvise une coupe à ce pauvre Albert Austin. une fois de plus, la scène est longue, minutieuse, et il a sans doute fallu du courage pour la couper... Elle anticipe, mais juste un peu, sur The great dictator, ce qui confirme le cheminement des idées chez Chaplin, qui engrange, préserve, et finalement ressort ses idées au moment oppoortun, 20 ou 25 ans plus tard.

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Re: Charles Chaplin (1889-1977)

Message par allen john »

A day's pleasure (Charles Chaplin, 1919)

Retour au court métrage de deux bobines, retour à la farce, retour à la case départ? Pas tout à fait: l'observation à la base de ce film, des us et coutumes de la vie courante, a bien évolué depuis les années Keystone. Mais le fait est que dans ce film, Chaplin et Edna sont mariés, ont des enfants, une maison et une voiture. Un rappel, s'il en était besoin, que si le maquillage ne varie pas (A l'exception de tentatives comme The professor, qui sont de toute façon sans lendemain), les personnages eux sont multiples. et pour la troisième fois consécutive, Chaplin quitte la défroque du vagabond, auquel il reviendra comme chacun sait de façon spectaculaire avec The Kid.

Il ne se passe pas grand chose dans ce film par ailleurs très court, puisqu'à 25 images par secondes, on arrive à 17 minutes. Il est tentant de parler de panne d'inspiration, avec ce petit tour sur l'eau, suivi d'un détour par la ville, les deux parties n'étant liées entre elles que par la présence de la famille en voiture. Le père emmêne toute la petite famille en vadrouille, mais ni Edna ni les enfants (Dont un tout petit Jackie Coogan) n'ont quoi que ce soit à faire dans ce film, à l'exception de la toute première scène, durant laquelle tout le monde fait manifestement bouger la voiture, pour en suggérer le hoquetage.

La dernière partie reste la meilleure du film, qui montre un Chaplin vindicatif aux prises avec un policier et des passants qui empêchent sa voiture d'avancer. C'est, bien sur, troublant: il est ici un bourgeois immobilisé par les autres et leur manque totale de réalisation de sa présence. Cette inversion des rôles cesse lorsqu'un peu de goudron permet à la comédie physique de s'installer. Un petit ballet comique se joue entre la voiture et ses occupants, le goudron frait qui retient les pieds des uns et des autres prisonniers, les policiers, uneplaque d'égout, le tout sous les yeux de passants qui sont authentiques, la scène éyant été tournée en pleine rue.

Cette fois, c'est clair: Chaplin était heureux à la First National, au début. Puis les ennuis ont comencé, et la compagnie n'a en particulier pas voulu que Chaplin brise son contrat pour aller réaliser des films pour la United Artists, qu'il vient de créer, il lui faut en effet terminer le nombre de films dans ses obligations. Avec A day's pleasure, il a un film de plus à son actif

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Re: Charles Chaplin (1889-1977)

Message par allen john »

The kid (Charles Chaplin, 1921)

Le premier long métrage (6 bobines) de Chaplin est l'un de ses plus célèbres films, un joyau souvent vu, fêté, célébré, indéboulonnable, et c'est tant mieux. A l'époque, le film avait frappé par son sentimentalisme. En France, les surréalistes qui admiraient Chaplin s'en sont d'ailleurs plaint. La vision de la version intégrale, rare, renforce cette impression, sans qu'on songe à s'en plaindre... L'histoire est connue, je vais donc éviter de m'étaler: un vitrier qui vit dans un taudis recueille un bébé, l'élève, mais doit se battre littéralement pour empêcher les services sociaux de venir founier dans son histoire. Parallèlement, la mère du petit qui l'a abandonné dans un geste qu'elle a ensuite regretté croise leur route, sans pour autant savoir qui est ce petit jeune homme de 5 ans.

Les lieux renvoient autant à l'Amérique qu'à l'Angleterre Dickensienne, et le fait que la plupart des scènes aient lieu dans la zone permet à chaplin de maintenir un certain flou, mais il faut pour cela faire un voyage en voiture: le film commence en effet dans un autre monde, à la porte d'un hôpital dont Edna Purviance sort, un bébé dans les bras. Un intertitre (The woman whose sin was motherhood), une vision d'un chemin de croix, on est en plein mélodrame. Puis, on voit le père, réttrappé par son indifférence, et on retourne à la misère de la mère, qui dans un premier temps dépose son bébé dans une belle voiture, on est dans les beaux quartier, puis va se suicider; mais elle est empêchée de se jeter du haut d'un pont, par la vision d'un eenfant. elle comprend l'erreur qu'elle a fait, veut retourner en arrière, mais la voiture a disparu. En larmes, elle est recueillie par une famille riche. La voiture, pendant ce temps, a été volée par des malfrats qui abandonnent le bébé dans les quartiers mal famés, c'est là qu'à 6mn 30, intervient le héros. La suite est connue, inévitable.

La complicité avec Jackie Coogan est bien sur la première des qualités de ce film, et on ne se lasse pas de voir d'une part le stratagème du vitrier, qui demande à Jackie de casser les vitres du quartier, puis arrive innocemment avec son matériel sur les lieux du crime. L'ajout du policier joué à la perfection (Sans aucune exagération comique, ce qui est un atout supplémentaire) par Tom Wilson achève de donner à ces scènes leur hilarante saveur, tout en prolongeant admirablement le thème de la pauvreté et de la débrouille. Parce que si on cherche du pathos dans le film, on le trouvera, mais pas dans la façon dont ces deux là vivent: ils sont, de fait, parfaitement satisfaits de leur sort, et se débrouillent, de toute évidence...

la version intérgale renforce cette impression de deux mondes, en proposant d'abord dès la première bobine deux séquences de plus qui montrent le destion tragique d'Edna, et en montrant que le temps va lui permettre d'atteindre au succès en tant que chanteuse, mais que la blessure est toujours là, incarnée par une conversation entre les anciens amants (Edna et carl Miller, le futur héros de A woman of Paris), tous deux devenus riches et célèbres, mais rongés par la blessure du passé: lui a du remords, elle ne se remet pas d'avoir abandonné son enfant. Chaplin et Jackie, eux, s'en sortent finalement bien, et le contraste entre la party dans une vaste demeure ou les deux parents se retrouivent, et gardent leur distance, et la masure délabrée dans laquelle les deux héros mangent une quantité impressionnante de crêpes, en dit long sur une certaine idée du bonheur. Donc, on est bien loin d'un apitoiement quelconque... Par ailleurs, la peinture des quartier pauvres, renforce l'idée que c'est, pour le personnage principal, le centre du monde. après tout, s'il est peu logique qu'il vienne, après ses mésaventures avec la loi et les services sociaux, se réfugier dans un asile de nuit de son quartier (On en voit distinctement l'enseigne dans la scène de la bagarre avec le "grand frère" brutal), cela renforce 'idée de cohésion pour le personnage, qui ne souhaite pas quitter ce qui est après tout son univers.

La tentation du mélodrame est la plus forte dans certaines scènes; l'une d'entre elles a été mise de côté: la june femme et son bébé passent prsè d'un mériage, et elle assite à une scène tragique: la mariée a l'air daller à l'exécution, et le marié est un vieux barbu, qui en partant écrase une rose blanche qui vient de tomber du bouquet de la mariée. en assistant à la scène, on remarque autour de la tête d'Edna ce qui ressemble à une auréole, c'est en fait sur un vitrail un motif circulaire, autour d'une croix. Plus tard, une jolie scène montre la chanteuse, venue dispenser la charité, qui s'assoit mélancolique sur le perron d'un immeuble dans le quartier ou habitent les deux héros. Son regard dans le vide nous renseigne qu'elle se laisse aller à sa grande tristesse, et pense à son enfant. La porte s'ouvre, et Jakie Coogan apparait, et s'assoit, à bonne distance d'elle, mais sans pour autant la quitter des yeux...

Une autre scène montre Edna devenue si riche qu'elle en fait profiter tout le quartier pauvre, et elle va aussi prêcher la bonne parole. Ca sert bien l'histoire, mais Chaplin qui n'aimait pas les réformateurs et autres prêcheurs, va équilibrer son film en la montrant tentant de raisonner Chaplin et une grosse brute, jouant autour de la notion dure à avaler de "tendre l'autre joue". Le plus vindicatif reste Chaplin, qui assène à Charles Reisner une raclée mémorable. D'ailleurs, dans ce film, Chaplin frappe par son volontarisme: la scène la plus frappante commence par une visite des services sociaux, auxquels un docteur a laché le morceau: c'est un enfant trouvé, il faut donc le récupérer. La façon dont Chaplin se bat, dans une scène ou l'utilisation de gros plans de Jackie Coogan en pleurs, est très impressionnante. c'est principalement de drame qu'il s'agit, mais à aucun moment le vitrier ne siort de son personnage, et c'est un grand moment de cioménam physique, qui rappelle s'il en était besoin à quel point le cinéaste et l'acteur sont grands.

Endormi à la porte de chez lui, le vitrier seul rêve qu'il arrive au paradis, ou jackie en angelot l'accueille: La scène du rêve est célèbre, et aporte deux chose: d'une part, un peu d'onirisme comique(On se rappelle le rêve de Sunnyside), et des gags plus légers, axés autour de la redistribution des rôles dans le "paradis" qui est montré. Mais aussi, Chaplin enfonce le clou: même au paradis, tout finit mal, et d'une part il se représente en ange mort alors que tout semblait aller au mieux, et ensuite, il donne au policier de Tom Wilson le mauvais rôle: c'est lui qui le tue. Tué en rêve par les forces de l'ordre, mais aussi réveillé par les forces de l'ordre, dans un final ambigu, c'est le même Tom Wilson, en policier bourru, qui le ramène chez edna, ou il est accueili sur une fin ouverte. le film se termine bien, on sait que Chaplin aura sans doute le droit de voir "son" john, qu'il a très bien élevé du reste. Pour le reste, le public ne verra rien de ces retrouvailles, le cinéaste ayant l'élégance de les laisser hors champ. Mais le rêve l'a montré abandonner l'enfant en mourant symboliquement, ne l'oublions pas.

On mentionnera au passge Lita Grey, qui joue ici les tentatrices (Satan étant interprété par John Coogan, tout comme le pickpocket de la scène d'asile de nuit, et un invité de la party dans la dernière des scènes coupées). on sait que Chaplin a fricoté durant le tournage avec cette (Très) jeune femme, qu'il y a eu des suites, légales notamment. dans l'affaire craouleuse qui a suivi, Chaplin a failli perdre The Kid, dont le montage a été effectué dans la crainte que des avocats ne débarquent, ou que des bandits viennent lui voler son film, afin de faire presion sur lui. Je ne mentionne cette anecdote que parce que je crois, si on se réfère à ce qui est arrivé quelques années plus tard à The seagull, film de Josef Von Sternberg produit par Chaplin et détruit sur une décision de justice, qu'on l'a échappé belle...

Pourquoi couper? C'est la question qu'on se pose devant tous ces film que chaplin a charcuté lui-même: A woman of Paris, The gold rush, ou encore Modern times. Ici, il souhaitait en 1971 enlever les scènes de mélo, afin de rendre le film plus proche de l'impression que le public moderne se faisait de son cinéma. Même s'il est moins percutant, plus long, c'est rappelons-le un crime de revenir sur un film, à plus forte raison 50 ans plus tard. le fait que ce soit SON film n'excuse rien.

Pour finir, je m'en voudrais de ne pas le mentionner: il y a un acteur de génie dans ce film, il s'appelle jackie Coogan.

Il y a un avant et un après The Kid, aussi bien pour Chaplin que pour les autres... C'est un film surprenant, dans une industrie burlesque dominée par le film court, et il va faire des petits. Mais on le sait moins, il y a des précédents à cette histoire d'enfant trouvé et de héros dans la misère: Harold Lloyd a sorti le court de deux bobines From hand to mouth en 1919. Le film est sympathique, et repose sur la complicité de lloyd avec une petite fille de la rue. Laurel et Hardy se retrouveront dans Pack up your troubles (1932) flanqués d'une autre petite fille, et bien sur Langdon tournera en 1927 un long métrage inspiré de The kid, mais en plus noir: Three's a crowd. Plus près de nous, un film muet, en noir et blanc, aujourd'hui introuvable, est sorti en 1989: Sidewalk stories, du cinéaste Afro-Américain Charles lane. L'influence de The Kid y était évidente... Une autre trace du legs intemporel de ce chef d'oeuve.
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Message par someone1600 »

Un chef d'oeuvre indiscutablement.

La version longue dont tu parles, elle est sur le dvd de MK2 ? :?
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Re: Charles Chaplin (1889-1977)

Message par allen john »

someone1600 a écrit :Un chef d'oeuvre indiscutablement.

La version longue dont tu parles, elle est sur le dvd de MK2 ? :?
Si seulement! Ele a été disponible sur une VHS, puis je crois sur un DVD Image entertainment. On la trouve ici:
http://video.google.com/videoplay?docid ... 9326646750#

On peut sinon l'imaginer à partir du DVD Mk2, et des trois scènes coupées disponibles en supplément.
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Re: Charles Chaplin (1889-1977)

Message par someone1600 »

ARF... bon je verrai lorsque j'y serai rendu... il me reste encore pas mal de courts avant d y arriver... lol...
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Re: Charles Chaplin (1889-1977)

Message par someone1600 »

A Busy Day (1914)

Un autre film totalement ridicule... lol... cette fois-ci Chaplin joue la jeune femme jalouse que son mari drague une autre femme... et a grand coup de taloche et de coup de pied, femme, mari et policier en prenne une tonne... :uhuh:

The Fatal Mallet (1914)

On s'enfonce encore... en fait tous ces films sont bien droles, mais non rien d'original... ici, 3 hommes se disputent une jeune femme, a coup de maillet sur la tete... celle-ci ne semble pas s'offusquer de la chose, puisque chacun leur tour, elle laisse les hommes s'asseoir avec elle meme si elle les voit se taper dessus...

Her Friend the Bandit (1914)

Le film etant perdu, on ne voit que des fragments, donc une succession de scenes sans liens, mais pourtant le film semble deja legerement supérieur aux derniers... pour commencer peut de baffes dans les scenes vu... en fait, une scene est vraiment tres drole, car justement, Chaplin est devant un type, vient pour lui mettre une taloche, et hop, le fait un bisou sur front... avant de lui mettre une baffe... lol... sinon, une petite scene de barbier plutot drole pressent le personnage du Dictateur...
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Re: Charles Chaplin (1889-1977)

Message par allen john »

The idle class (Charles Chaplin, 1921)

Dur de succéder à The kid, à plus forte raison lorsqu'un film a la réputation de n'être qu'une honnnête tâche visant à remplir les obligations vis-à-vis d'un studio avant de filer à l'Anglaise. Et pourtant, je m'en voudrais d'expédier ainsi un film qui vait mieux que ce coté accessoire, et je reste persuadé que Chaplin a lui-même réévalué ce film, qu'il a choisi pour accompagner The Kid dans sa ressortie en salles dans les années 70, les deux étant souvent seléctionnés ensemble pour des sorties en vidéo dans les années 80, et pour des soirées à la télévision. Cette réévaluation ne tient pas qu'à un facteur chronologique, il y a une continuité de thème entre les deux. Le film est un autre fragment du grand puzzle de Chaplin, qui recycle l'idée du golf tentée pour un court inachevé et re-éssayée dans How to make movies...

Un vagabond arrive dans une petite ville riche pour y passer des vacances à pratiquer son sport favori, le golf. Il va croiser la route d'une jeune femme riche et malheureuse, mariée à un homme riche et alcoolique qui n'est autre que son sosie. A la faveur d'un bal masqué, le quirpoquo atteint des proportions impressionantes, et bien sur le vagabond est pris pour le mari déguisé...

L'ouverture de ce film est virtuose, pleine de signes adroitement utilisés: d'une part, c'est l'été, et les premiers plans nous montrent des chauffeurs attendant un train. L'un d'entre eux baille. Est-on chez Chaplin? Oui: le train s'arrête et laisse descendre des riches golfeurs, dont Loyal Underwood, puis une dame élégante, mais au visage sombre: Edna Purviance, vue d'abord par ses jambes. Enfin, un vagabond sort de sous le train, et porte lui aussi des affaires de golf. Dès le départ, Chaplin joue à la fois sur la dichotomie et sur la paradoxale appartenance de ce vagabond à un même monde que es autres. Il va de fait dans la même ville, faire le même sport, et possède un certain nombre de petites manies singées des gens de la bourgeoisie: un geste avec sa montre, notamment.

On quitte ensuite le vagabond pour s'intéresser au mari, également interprété par Chaplin. C'ets la première fois qu'il joue deux rôles. il avait maladroitement inséré dans The floorwalker l'idée d'une ressemblance entre lui et Lloyd Bacon, mais là, il utlilse les grands moyens. Un intertitre nous renseigne sur le fait que l'homme est marié, et distrait: an absent-minded husband. On ne comrend qu'à la fin de la séquence, qui détaille le personnage dans un certain nombre de rituels: il est dans sa chambre d'hôtel, se prépare à sortir, se parfume, prépare son chapeau haut-de-forme, et lit un télégramme de son épouse (Signé "Edna", bien sur), qui se réjouit d'apprendre qu'il a arrêté de boire. Puis il sort... en caleçon. Chaplin a défini en quelques traits les contours de la bourgeoisie, sa richesse, ses rites, et oppose les allées et venues tout autant codées mais franchement burlesques de son vagabond. L'avantage du montage parallèle est de rendre lisible la ressemblance entre les deux et d'empêcher toute confusion, parfois même trop, comme on le verra tout à l'heure... Quant au ballet du caleçon, il est fort bien réglé, très drôle, mais c'est sans doute ce qui vaudra au film d'être souvent mal vu par les historiens. De son côté, Keaton jouera une anecdote comparable, dans un piscine, pour The cameraman, en 1928. la scène selon Chaplin est intéressante par la façon qu'il a d'amener le mari au-delà de l'embarras, avec un déchainement du gag, lorsque Chaplin quitte un cabine téléphonique accroupi et caché derrière un journal.

Une autre scène présente le mari seul: un mot de son épouse nous mobntre qu'elle en sait plus sur lui, et souhaite, à nouveau, qu'il arrête de boire. Il se retourne, et joue de son dos: il semble sangloter en regardant le portrait dEdna, mais en fait son tremblement est du au fait qu'il est tranquillement en train de secouer un cocktail. Boire: habituellement, Chaplin nous en montre surtout les conséquences (A night at the show, One A.M., The cure), mais ici il met l'activité elle-même à contribution: il ne joue plus sur un stérotype, il construit un personnage.

Le choix du golf est parfait pour ce film qui joue sur la notion de classes, afin d'intégrer de force, le temps d'un film, son vagabond à un monde qui ne peut que l'exclure, et il permet des ballets méthodiques : avec John Rand, il reprend les échanges de balles déja définis pour le fameux court métrage inachevé, et ajoute à l'étrange rite physique du golfeur les gestes Chaplinens, exagégés juste ce qu'il faut, un peu comme Tati réinventera le tennis dans Les vacances de M. Hulot. Mack swain, qu'on n'a pas vu chez Chaplin depuis les années Keystone, apporte sa rotondité à la scène, et les scènes de golf se vautrent avec plaisir dans le burlesque, voir à ce sujet Henry Bergman, endormi par terre, et qui a avalé cinq ou six balles de golf...les scènes sur le green permettent aussi la rencontre avec Edna, sise dans un sous-bois ou ele se promène avec son cheval. L'idéal onirique de Chaplin, son choix de se représenter en ver de terre amoureux d'une étoile s'accompagne ici d'un rêve ironique, il se voit la sauver, puis se marier avec elle. Ca n'arrivera pas. Chaplin, en tout cas, s'approprie le sentimentalisme, de façon de plus en plus marquée.

La fin, avec le bal masqué, est conventionnelle, et un peu courte; tout se met en place, les gens se retrouvent tous au même endroit, et un temps, Chaplin croit au père noël: la femme de ses rêves lui donne sa main, et il est pour deux minutes au paradis. L'autre homme est joué par un autre, en armure, pas le meilleur choix pour danser dans un bal masqué, mais idéal pour le metteur en scène qui est aussi un acteur jouant deux personnages. Mais il se passe quelque chose; on est persuadé, finalement, que le vagabond et Edna sont faits l'un pour l'autre, même si la jeune femme semble préférer dans ces scènes boulevardières la solution de convenances. Mais l'autre l'emporte, et pourtant il ne nous est pas sympathique du tout. a tel point, je crois, qu'on l'identifie malgré tout les efforts de l'acteur comme quelqu'un qui ne serait pas Chaplin: désormais, dans notre esprit, Chaplin, c'est le vagabond. ici, les efforts pour les différencier ont été si fructueux que le moustachu riche, finalement, est quelqu'un d'autre... Un problème qui sera évité dans The great Dictator, seule autre tentative pour Chaplin d'un rôle double.

Les deux mondes ne peuvent pas se mélanger, et pourtant, ce sont les mêmes gens, nous dit en substance Chaplin. Ici, il va jusqu'à jouer lui-même les deux extrêmes, en brouillant convenablement les pistes, mais le message, finalement, est le même que pour The Kid, en plus noir dependant: s'il s'efface avec élégance, le vagabond à la fin est condamné à quitter cette illusion. Il choisit de le faire comme Chaplin sait faire, en donnant un coup de pied au fondement du pauvre Mack Swain, représentant à son corps défendant de la bourgeoisie. Cette tendance à choisir son camp est désormais bien ancrée chez Chaplin, et elle ne le quitttera plus. Autant de facteurs qui font de ce court métrage de deux bobines bien plus qu'un simple remplissage pour contrat à finir...

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