Elia Kazan (1909-2003)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Julien Léonard
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Re: Elia Kazan (1909-2003)

Message par Julien Léonard »

Je ne partage pas tout à fait ton avis Profondo, mais beau papier encore une fois ! Au moins, tu ne manque pas d'arguments. :wink:
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someone1600
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Re: Elia Kazan (1909-2003)

Message par someone1600 »

En effet, tres beau texte. :wink:
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Rockatansky
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Re: Elia Kazan (1909-2003)

Message par Rockatansky »

Profondo Rosso a écrit :
AtCloseRange a écrit : Non mais sérieux.. avec tous les flms moisis que tu notes 5 sur 6.
Super ce fut une discussion passionnante, sinon oui pas parlé de Kark Malden qui est effectivement très bien. L'impact de la prestation de Brando est indiscutable mais je n'y accroche pas et j'explique bien pourquoi. Franchement les retours à l'emporte pièce comme ça je ne vois pas l'intérêt, on est sur un forum pour échanger discuter ou faire un concours de piques ?
Surtout de la part de quelqu'un qui reproche au forum le fait que l'on aime tous les films comme des bisounours, à moins qu'il faille juste aimer les même films en fait.
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Profondo Rosso
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Re: Elia Kazan (1909-2003)

Message par Profondo Rosso »

Rockatansky a écrit :
Profondo Rosso a écrit :
Super ce fut une discussion passionnante, sinon oui pas parlé de Kark Malden qui est effectivement très bien. L'impact de la prestation de Brando est indiscutable mais je n'y accroche pas et j'explique bien pourquoi. Franchement les retours à l'emporte pièce comme ça je ne vois pas l'intérêt, on est sur un forum pour échanger discuter ou faire un concours de piques ?
Surtout de la part de quelqu'un qui reproche au forum le fait que l'on aime tous les films comme des bisounours, à moins qu'il faille juste aimer les même films en fait.
Oui c'est un peu dommage de couper à tout échange par un retour lapidaire comme ça. Après en survolant le topic je voit que AtcloseRange est plutôt un grand amateur de Kazan je peux comprendre qu'il ne soit pas du tout d'accord ça n'empêche pas une discussion animée mais restant correcte... Sinon merci à Julien et Someone :wink:
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cinephage
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Re: Elia Kazan (1909-2003)

Message par cinephage »

J'avais pour ma part gardé un excellent souvenir de ce film, mais ton texte, solidement argumenté, me donne surtout envie de le revoir, parce que je ne serais pas capable de contre-argumenter précisément sur un film vu il y a déja pas mal d'années.
I love movies from the creation of cinema—from single-shot silent films, to serialized films in the teens, Fritz Lang, and a million others through the twenties—basically, I have a love for cinema through all the decades, from all over the world, from the highbrow to the lowbrow. - David Robert Mitchell
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AtCloseRange
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Re: Elia Kazan (1909-2003)

Message par AtCloseRange »

Profondo Rosso a écrit :
AtCloseRange a écrit : Non mais sérieux.. avec tous les flms moisis que tu notes 5 sur 6.
Super ce fut une discussion passionnante, sinon oui pas parlé de Kark Malden qui est effectivement très bien. L'impact de la prestation de Brando est indiscutable mais je n'y accroche pas et j'explique bien pourquoi. Franchement les retours à l'emporte pièce comme ça je ne vois pas l'intérêt, on est sur un forum pour échanger discuter ou faire un concours de piques ?
Allez, je vais mette les pieds dans le plat.
Tu mets quasiment 5 sur 6 à 80% des films que tu notes (ouais, je fais des stats...) donc on peut dire que tu aimes quasiment tout bien.
Alors quand, très ponctuellement, tu tacles un film comme Un Tramway Nommé Désir, excuse-moi mais ça ne passe tout simplement pas.
Et je n'irais pas faire la liste des films moisis dont je parlais plus haut (dans les 80%, ça ne doit pas manquer), ce serait beaucoup trop fastidieux...
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Profondo Rosso
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Re: Elia Kazan (1909-2003)

Message par Profondo Rosso »

AtCloseRange a écrit :
Profondo Rosso a écrit :
Super ce fut une discussion passionnante, sinon oui pas parlé de Kark Malden qui est effectivement très bien. L'impact de la prestation de Brando est indiscutable mais je n'y accroche pas et j'explique bien pourquoi. Franchement les retours à l'emporte pièce comme ça je ne vois pas l'intérêt, on est sur un forum pour échanger discuter ou faire un concours de piques ?
Allez, je vais mette les pieds dans le plat.
Tu mets quasiment 5 sur 6 à 80% des films que tu notes (ouais, je fais des stats...) donc on peut dire que tu aimes quasiment tout bien.
Alors quand, très ponctuellement, tu tacles un film comme Un Tramway Nommé Désir, excuse-moi mais ça ne passe tout simplement pas.
Et je n'irais pas faire la liste des films moisis dont je parlais plus haut (dans les 80%, ça ne doit pas manquer), ce serait beaucoup trop fastidieux...
Sauf que là on parle pas des 80% des autres mais de Un tramway nommé désir sur le topic Elia Kazan tu n'as vraiment rien de mieux à dire pour défendre le film que mon éventuel mauvais goût, qu'est ce que ça a à voir concrètement ?
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Watkinssien
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Re: Elia Kazan (1909-2003)

Message par Watkinssien »

L'avis de Profondo Rosso est contraire au mien. Je pense, en effet, que A Streetcar Named Desire est une oeuvre majeure de Kazan, drame psychologique bouleversant de passion brute, de lyrisme et de pathétique...

Maintenant, il a le mérite de l'intérêt car il développe ses opinions. Et c'est tout à fait respectable.

Je peux rebondir sur les défauts cités. Je pense que l'interprétation de certains moments me semblent erronés. Sur l'interprétation et la caractérisation de Blanche DuBois et du "Polac", je pense qu'elle est impeccable, et de cohérence et de symbolisme.

Le vieillissement du film est au contraire ce qui lui apporte une puissance encore formidable aujourd'hui. Si les émotions que l'on ressent dans notre actualité sont évidemment différentes, car évoluées, je ne peux décidément pas le prendre en compte comme un défaut. Sa puissance émotionnelle et tragique vient de la lente désagrégation d'une personne déjà déséquilibrée. La mise en scène de Kazan est toujours moderne, serrée sans être trop théâtrale, au cordeau mais jouant superbement sur les contrastes des lumières, sur l'élaboration des cadres, les symboles visuels autant que psychologiques. L'érotisation du film fonctionne également, la séquence de Stella, emblématique, peut être pris comme l'attirance-répulsion de la Bête, du loup fascinant sa proie, demandant aux cieux ce qui lui manque pour vivre...

Bref, un très grand film...
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Rockatansky
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Re: Elia Kazan (1909-2003)

Message par Rockatansky »

AtCloseRange a écrit :Allez, je vais mette les pieds dans le plat.
Tu mets quasiment 5 sur 6 à 80% des films que tu notes (ouais, je fais des stats...) donc on peut dire que tu aimes quasiment tout bien.
Alors quand, très ponctuellement, tu tacles un film comme Un Tramway Nommé Désir, excuse-moi mais ça ne passe tout simplement pas.
Et je n'irais pas faire la liste des films moisis dont je parlais plus haut (dans les 80%, ça ne doit pas manquer), ce serait beaucoup trop fastidieux...
C'est donc ça que tu appelles un débat sur un avis négatif d'un film ? Tu transforme une critique argumentée en attaque personnelle ?
Tu as là l'occasion d'argumenter pour démontrer les qualités d'un film et tu ne le fais pas, j'avoue que je ne comprends pas surtout venant de la part de quelqu'un si attentif à la qualité des débats sur le forum...
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Re: Elia Kazan (1909-2003)

Message par O'Malley »

Je trouve aussi la note de Profondo Rosso sévère mais son analyse est très bien argumenté. Je peux comprendre que l'on puisse trouver le jeu de Brando trop outré dans la scène où il crie Stella par exemple sauf que chez moi, ça marche: j'appelle ça un jeu fiévreux, dense, lyrique. Pourtant, je suis le premier à crier à la grandiloquence lorsque Paul Newman joue Le gaucher, par exemple, où lorsque certains comédiens se livrent à des prestations qui passent la limite du cabotinage, selon moi, comme le couple Burton-Taylor dans la séquence du bar de Qui a peur de Virginia Woolf? que je trouve insupportable. Alors pourquoi ça marche dans Un tramway... ou j où je reconnaît qu'il y a quand même surjeu dans certaines scènes? C'est là où se joue toute la sensibilité d'un (télé)spectateur mais aussi une certaine adéquation entre l'univers d'un metteur en scène, l'atmosphère et le rythme d'un film en particulier et sa propre sensibilité, qui permet de faire passer la pilule pour un film et pas pour un autre... Je dirais par exemple que je trouve Un tramway nommé Désir bien plus réussi que le Soudain l'été dernier de Mankiewicz dont le traitement (mais cela doit aussi venir de la pièce de Williams aussi) est d'un symbolisme appuyé, d'une lourdeur psychanalytique, là où finalement Un tramway nommé désir reste quand même dans une certaine ambiguïté dans les rapports entre les personnages...
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Profondo Rosso
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Re: Elia Kazan (1909-2003)

Message par Profondo Rosso »

Watkinssien a écrit : L'érotisation du film fonctionne également, la séquence de Stella, emblématique, peut être pris comme l'attirance-répulsion de la Bête, du loup fascinant sa proie, demandant aux cieux ce qui lui manque pour vivre...
Et c'est plutôt bien vu et justifie l'outrance de la scène effectivement après c'est clair que je n'ai pas adhéré à cette l'emphase et excès mais ça se tient dans le parti pris voulu. Je décrochais vraiment dès que ça partait dans ce côté outrancier y compris pour le jeu de Vivien Leigh alors que lorsque ça revient à plus de retenue (comme la seconde scène que je citais où Brando revient couvert de cambouis ce n'est pas spécialement subtil mais plus direct dans l'idée et ça passe mieux pour moi pour exprimer la même chose) je trouve ça bien plus prenant.
O'Malley a écrit : Alors pourquoi ça marche dans Un tramway... ou j où je reconnaît qu'il y a quand même surjeu dans certaines scènes? C'est là où se joue toute la sensibilité d'un (télé)spectateur mais aussi une certaine adéquation entre l'univers d'un metteur en scène, l'atmosphère et le rythme d'un film en particulier et sa propre sensibilité, qui permet de faire passer la pilule pour un film et pas pour un autre...
Voilà exactement et rien ne dis qu'à une future revoyure ça me parlera peut être plus. Comme quoi on peut discuter sans s'énerver ni monter sur ses grands chevaux, en plus je ne me suis pas payé le film non plus je lui ai mis la moyenne quand même :mrgreen:
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Demi-Lune
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Re: Elia Kazan (1909-2003)

Message par Demi-Lune »

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Sur les quais (1954)

Je comprends pourquoi Scorsese fut marqué par ce film, tant il touche intimement les thématiques qu'il développera durant toute sa carrière. Il n'est pas difficile de s'imaginer qu'il a dû voir en Sur les quais et dans le personnage de Brando une sorte de miroir de sa propre situation, lui le jeune asthmatique vivant dans un quartier new-yorkais difficile et traînant avec des affranchis qui le fascinent, mais dont il ne fera jamais partie. On peut bien entendu apprécier le film de Kazan pour ce qu'il est, mais le mettre en parallèle de la trajectoire de Scorsese se révèle vraiment intéressant. La religion catholique comme bastion de la moralité, les tourments d'un personnage en proie à un sentiment de culpabilité et cherchant sa rédemption, les quartiers new-yorkais pauvres et prolos, la jeune femme blonde comme bouée de secours... ce sont notamment des éléments qui trouveront dans l’œuvre scorsésienne bien des résonances.

Il faut dire que cette inspiration est bien compréhensible car le film de Kazan est une éclatante réussite. Je ne connais guère la vie et l’œuvre du cinéaste, si ce n'est que Sur les quais est souvent considéré comme un film expiatoire de la part d'un Kazan dénonciateur de collègues communistes lors de la chasse aux sorcières. Avoir en tête cette donnée permet effectivement de percevoir en Sur les quais une dimension très personnelle, très investie, qui contribue plus encore à sa richesse ; cela dit, je crois que le film fonctionne déjà très bien sans ce volet intime. Pas besoin de savoir que Kazan fait ici une repentance pour prendre la mesure du niveau du film, tant celui-ci s'impose de lui-même comme une évidence tout du long. Drame social fortement teinté de film noir, Sur les quais fascine par la volonté de réalisme qui guide sa destinée. Kazan filme dans les rues, dans les appartements et dans les ports, sans grand fard, appuyant au contraire la pauvreté d'un quotidien laborieux et soumis à la domination du syndicat mafieux des dockers. Cette démarche formelle d'authenticité, comme si la caméra "volait" des instants d'intimité, participe d'une certaine tendance de l'époque qui déglamourise le film noir en s'éloignant des tournages en studio, et s'attache plutôt à ancrer l'action dans des contextes crédibles, quotidiens (Le Port de la drogue, les films de Jules Dassin). Dans cet univers urbain dans lequel les immeubles se ressemblent tous et les toits sont des refuges de solitude, Kazan déroule avec fluidité le fil de son solide scénario, percutant et bien troussé. Le film ne va certes pas aussi loin que des Lumet comme Serpico et plus encore Le Prince de New-York sur le thème de la "balance", mais c'est quand même bien travaillé et cela a rétrospectivement valeur de témoignage sur la corruption d'une partie du prolétariat américain. Sa mise en scène témoigne d'un sens du cadrage très soigné ainsi que d'une recherche formelle héritée des canons esthétiques du film noir, et se permet quelques intéressantes idées, comme cette scène de révélation anti-dramatique de Malloy à Edie, au loin, et couverte par les bruits industriels environnants. Mais surtout, il est impossible d'évoquer Sur les quais sans louer ses acteurs. Brando confirme qu'il était bien le plus grand acteur de sa génération dans cette nouvelle partition tourmentée, passant de la séduction gauche à l'intensité préoccupée. Je le trouve ici plus impressionnant (car plus mesuré) encore que dans Un tramway nommé désir du même sieur Kazan, film qui personnellement, m'avait il y a quelques temps laissé perplexe, moins à cause du traitement que du style originellement très exacerbé de Tennessee Williams. Aux côtés de Brando, la toute jeune Eva Marie Saint, Karl Malden et Lee J. Cobb ne sont pas en reste et ne sont pas éclipsés par le charisme de l'acteur principal. Sur les quais a pour moi tout du chef-d’œuvre.

P.S. : c'est fou comme le thème principal du film ressemble à celui composé par Jerry Goldsmith pour L.A. Confidential.
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Re: Elia Kazan (1909-2003)

Message par Jeremy Fox »

Demi-Lune a écrit : Sur les quais a pour moi tout du chef-d’œuvre.

.
Pour moi aussi ; un film d'une puissance phénoménale.
Tancrède
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Re: Elia Kazan (1909-2003)

Message par Tancrède »

c'est pour moi un film d'une lourdeur...
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Re: Elia Kazan (1909-2003)

Message par Tancrède »

sinon pour ta gouverne Demi-Lune, je viens de terminer les (formidables) mémoires de Fuller et je peux te dire que Le port de la drogue a été tourné en studio, ceux de la Fox.
C'est justement le génie du décorateur que d'avoir restitué un environnement respectant les souvenirs new-yorkais de Fuller.
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