Jack Sullivan a écrit :Là où tu parles de cruauté, je dirais plutôt qu'il n'a pas de complaisance (comme tu dis, ça vaut pour lui-même comme pour ses personnages). C'est terriblement luthérien tout ça, la complaisance vécue comme un excès de graisse moral.
En toute logique, si l'on admet que
Bergman est sans complaisance avec ses personnages, cela voudrait dire que le regard moins sévère, plus indulgent, d'autres cinéastes, serait complaisant. Ce serait inexact. Il faut donc trouver à mon avis un autre terme, une sorte de compromis entre "cruel" et "sans complaisance". Le prisme par lequel
Bergman observe la condition humaine est un prisme négatif, souvent tourné vers les zones d'ombres, les trous béants. Car
Bergman, cinéaste génial, n'en demeure pas moins un juge terrible de la condition humaine. Un "juge pénitent" comme disait Camus, donc, puisque
Bergman est aussi un juge terrible envers lui-même.