Rivière sans retour (Otto Preminger - 1954)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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ed
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Re: Rivière sans retour (Otto Preminger - 1954)

Message par ed »

Je l'ai revu récemment également, et je te rejoins sur le travail formel ; j'ai également été embarrassé par les relations très sommaires entre des personnages comme tu dis assez monolithiques, avec surtout sous-jacent un discours sur la filiation plutôt équivoque pour ne pas dire plus. Heureusement, il y a Marilyn, qui a en effet rarement été aussi émouvante au naturel.
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cinephage
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Re: Rivière sans retour (Otto Preminger - 1954)

Message par cinephage »

Enfin, tout de même, le petit gars est tout de même drolement moins agaçant que celui de Shane, dont la diction trainante de Shaaaâne déclenche chez moi une féroce envie de claquer tout ce qui bouge...
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AtCloseRange
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Re: Rivière sans retour (Otto Preminger - 1954)

Message par AtCloseRange »

cinephage a écrit :Enfin, tout de même, le petit gars est tout de même drolement moins agaçant que celui de Shane, dont la diction trainante de Shaaaâne déclenche chez moi une féroce envie de claquer tout ce qui bouge...
Oh que oui, le châtiment corporel a du bon parfois...
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Re: Rivière sans retour (Otto Preminger - 1954)

Message par Wagner »

Je serais sévère à tous les niveaux, même au plan formel que je ne goûte pas vraiment: ces images manquent de vie.
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Re: Rivière sans retour (Otto Preminger - 1954)

Message par Strum »

Je vous trouve durs. Les chansons sont sublimes (c'est par la musique, que le souvenir de ce film m'est resté) et les personnages émouvants. C'est le meilleur rôle de Marylin Monroe. Je garde un souvenir ébloui de son passage à la dernière séance, et cela reste pour moi un beau western.
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Jeremy Fox
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Re: Rivière sans retour (Otto Preminger - 1954)

Message par Jeremy Fox »

cinephage a écrit :Enfin, tout de même, le petit gars est tout de même drolement moins agaçant que celui de Shane
Il s'agit d'ailleurs du jeune garçon qui jouait dans les 5000 doigts du Dr T. Mais d'autres enfants-acteurs auraient eu ma préférence comme à l'époque l'excellent Dean Stockwell. J'adore également la musique du film.
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Re: Rivière sans retour (Otto Preminger - 1954)

Message par Wagner »

Jeremy Fox a écrit :
cinephage a écrit :Enfin, tout de même, le petit gars est tout de même drolement moins agaçant que celui de Shane
Il s'agit d'ailleurs du jeune garçon qui jouait dans les 5000 doigts du Dr T.
Et un peu plus vieux l'ado qui prend Widmarck en affection dans un de tes westerns favoris, La Dernière caravane...
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Sybille
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Re: Rivière sans retour (Otto Preminger - 1954)

Message par Sybille »

Le jeune garçon (celui de Rivière sans retour), joue aussi le fils de Richard Widmark dans Panique dans la rue de Kazan, et je sais qu'il tient le même rôle dans La toile d'araignée de Minnelli, encore avec Widmark donc. C'est un acteur-enfant que je trouve mignon, sympathique, ni crispant, ni agaçant.
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Major Tom
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Re: Rivière sans retour (Otto Preminger - 1954)

Message par Major Tom »

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Rivière sans retour
(River of No Return, 1954)

http://romaindesbiens.over-blog.com/art ... 30021.html
Matt Calder se rend dans un campement de chercheurs d'or pour retrouver son jeune fils, Mark, qu'il a dû laisser quelques années plus tôt. Avant de suivre son père, Mark va faire ses adieux à Kay, une chanteuse de saloon qui a pris soin de lui après la mort de sa mère. Kay est fiancée avec Harry, jeune joueur de poker qui a gagné (en trichant) une mine d'or située dans une ville voisine. Le père et le fils s'installent dans une ferme près de la Rivière sans retour, un fleuve tumultueux, dans une région sauvage...
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La première et dernière fois que je l'ai vu, j'étais haut comme trois pommes et quelque chose clochait. Ça n'avait pas de rapport avec cette production en elle-même, finalement aussi séduisante que Monroe en jean moulant. De ce spectacle splendide se dégageait une bande sonore désastreuse. Peut-être qu'avec le temps mon imagination a exagéré mon souvenir, d'un autre côté on est plus attentif et plus sévère lorsqu'on est enfant. Je ne peux pas le confirmer car je n'ai pas revu la version française, toujours est-il qu'à l'époque, la voix de Claire Guibert ne collait pas avec Marilyn. Ni elle ni aucun autre personnage (le petit garçon choqué à la fin, aïe). À l'inverse, les séquences chantées, où Marilyn blague avec un public riant de temps à autre, étaient en anglais... et rendues incompréhensibles par l'absence de sous-titres. Depuis, mon goût pour les versions originales (sous-titrées) s'est largement imposé. Partagé entre la jouissance de me retrouver face à des images que mon cerveau a conservé, et le souvenir que je n'avais pas vraiment aimé ce film, j'ai pu découvrir Rivière sans retour dans de bonnes conditions et me faire une vraie opinion.

Après un début très beau, qui installe une atmosphère sereine et contemplative, ce western doublé d'un itinéraire moral navigue peu à peu en eaux troubles, sur un radeau où on pourra s'amuser des seaux d'eau jeté à la figure ou des transparents foireux, point de vue de contemporain oblige. Robert Mitchum a beau en faire le minimum, il est impérial en béotien macho, taciturne et monolithique, figure masculine inconcevable aujourd'hui mais qui dégage un fort sex-appeal. Monroe exerce un charme aphrodisiaque sur tout spectateur normalement constitué, en s'avérant plutôt bonne actrice, ou du moins, pas mauvaise. Toutefois, le CinémaScope (que j'évoquerai de nouveau plus tard) permet de la voir se tenir à l'écart, immobile, pendant que Mitchum se débat tout seul dans les confrontations avec des bandits. Un peu dérangeant quand même. À l'inverse, les passages chantés sont subtilement amenés et ancrés dans la trame de façon à ne pas égarer le spectateur.
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C'est le seul western tourné par Otto Preminger, ici en service commandé pour Darryl F. Zanuck et la 20th Century Fox. Marilyn chante allongée sur un piano, se fait frictionner nue sous une couverture dans une grotte après une crise d'hypothermie, ou encore se débat pendant que Robert Mitchum la transporte sur son épaule hors d'un saloon. Ces scènes mythiques figurent parmi les plus belles de l'extraordinaire carrière de Preminger, à ce détail près qu'il ne les a jamais tournées. En effet, suite à des projections-tests désastreuses, Zanuck a décidé de retourner quelques scènes. Rivière sans retour est un bon western, mais sans romance ni sens de l'érotisme. Un comble lorsque les têtes d'affiches sont les deux sex-symbols en vogue! Son contrat venant d'expirer, Preminger refuse de tourner ces scènes supplémentaires. Confirmé dans un ou deux interviews de Mitchum et Jean Negulesco, il s'est avéré que Zanuck s'en est remis à ce dernier, réalisateur à succès de Comment épouser un millionnaire (1953) avec déjà Monroe, pour mettre en scène les passages les plus "érotiques". La pire crainte maintenant est celle des censeurs. Le principal argument pour leur faire avaler ces scènes (surtout celle de la grotte) est qu'il n'y a, à aucun moment, d'attraction entre les deux acteurs. C'est la pitié d'un être humain envers un autre qui conduit Mitchum à "réchauffer" Monroe... L'argument passe, même la scène du viol manqué ne suscite aucune objection. Le film sort et rencontre beaucoup de succès. Negulesco n'est pas crédité au générique.
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Je ne peux m'abstenir encore longtemps d'évoquer mon grand plaisir de cinéphile lié au CinémaScope, c'est-à-dire à l'image nettement rectangulaire (ratio de 2.35 : 1) qui apporte quelque chose d'indéniablement "cinématographique", surtout lorsqu'il est bien utilisé. C'est largement le cas avec ce film. Ce format de prises de vue a d'ailleurs été inventé l'année précédant le tournage, pour concurrencer le succès grandissant de la télévision. C'est généralement mutilé par le "pan and scan" lors de passages télévisuels, chose pourtant inimaginable sur un tel film qui joue avec toute la surface offerte... Contrastant avec les décors studios et les transparents des scènes sur le torrent tumultueux, l'immensité des parcs nationaux canadiens, sublimée par la photographie de Joseph LaShelle et un Technicolor de toute beauté, offre une merveilleuse toile de fond.

Au final, Rivière sans retour est un film fort agréable, partagé entre fulgurances esthétiques, magnétisme sexuel et, en contrepartie, scènes de raftings étirées, longueurs ailleurs dans le récit et un manque de rebondissements. Tout de même, on se laisse emporter par le duo de stars mythiques, subjuguer par la voix de Monroe entonnant les chansons de Lionel Newman, et séduire par la mise en scène impeccable d'un génie du septième Art...
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fargo
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Message par fargo »

Jeremy Fox a écrit :Vide d'enjeu, c'est possible et je comprend qu'on puisse être déçu sachant que le film a été réalisé par Preminger. Mais pourquoi ce cinéaste n'aurait il pas voulu faire un film d'aventure pur et simple, ce qu'est ce film à l'intrigue basée avant tout sur l'action et les sentiments.

Reconnaissons tout de même un sens de l'espace assez prodigieux, une mise en scène vraiment pleine de souffle et un Mitchum qui joue sur son monolithisme. Ce n'est pas non plus mon western préféré (les transparences ont bien mal vieillies ici) mais quel pied quand même et puis Marylin a rarement été aussi belle.

Et n'oublions pas le superbe thème musical et les différentes chansons.

Bref, un must malgré tout
J'approuve à cent pour cent. Un must !Les qualités l'emportent de loin sur les quelques faiblesses.Il faut le revoir et réécouter le superbe thème musical dont parlait Jeremy Fox (chanté par Mitchum lui-même).Ce film, c'est une bouffée d'air pur...Le film a été partiellement tourné au Canada, dans les montagnes rocheuses de la province canadienne de l'Alberta, vers la frontière américaine.
Le cinémascope utilisé dans le film met merveilleusement en valeur la beauté des Rocheuses
Et Marylin qui chante est magnifique: songeuse dans One silver dollar, provocante dans I'm gonna file my claim, maternelle dans Down in the meadow ou nostalgique dans la reprise finale de River of no return
Preminger n'avait pas du tout aimé diriger Marylin.Le tournage avait été pénible.Preminger alla jusqu'à déclarer:"Diriger <marylin, c'est comme diriger <lassie; il faut faire 14 prises pour obtenir l'aboiement adéquat".Evoquant ces incidents dans son autobiographie, il précise que c'est surtout Natasha Lytess, la répétitrice de Marylin, qui amenait celle-ci à perdre tout naturel.
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Re: Rivière sans retour (Otto Preminger - 1954)

Message par villag »

Je garde un souvenir ému de ce film; c'est le 1er film en scope que j'ai vu; c'est aussi la 1ère fois que je voyais Marylin Monroe !!.....et en plus la musique........
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Jihl
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Re: Rivière sans retour (Otto Preminger - 1954)

Message par Jihl »

Je suis en train de me faire un petit cycle Preminger et je trouve que c'est un film mineur pour lui, un de ceux que j'apprécie le moins.
On retrouve comme souvent un joli travelling d'ouverture, mais ensuite la mise en place est laborieuse, le scénario bancal et les acteurs fades. Contrairement à beaucoup, je ne trouve pas que l'exploitation du scope soit particulièrement remarquable non plus ; au contraire je trouvais LaShelle beaucoup plus à l'aise avec le noir et blanc, et le 4/3. Avec les transparences, les mannequins et les maquettes, on est très loin de la totale maîtrise du cinéma de studio de la trilogie avec Tierney par exemple.
Le film, la relation entre les personnages s'améliorent au fur et à mesure (la scène du massage notamment) et la fin du film est bonne, mais je trouve que les scènes d'action, répétitives et sans intérêt, casse le rythme du film. Le film pour moi ne vaut vraiment que pour quelques chansons et quelques scènes intimistes devenues mythiques grâce à Marilyn, dont je trouve le jeu parfois tantôt figé (sans parlé du playback sur les chansons qui n'aide pas non plus) et tantôt bon.
Au final un film inégal avec quelques moments de grâce, un certain charme, mais un Preminger mineur pour moi. 5.5/10
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Demi-Lune
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Re: Rivière sans retour (Otto Preminger - 1954)

Message par Demi-Lune »

Cela fait plusieurs années que je ne l'ai pas revu, mais pour ma part, cette Rivière sans retour est un western décevant et plutôt moyen. Je préfère largement Preminger dans le registre du polar, car comme l'indique Jihl avec lequel je suis pour une fois d'accord ( :mrgreen: ), je n'avais pas forcément senti le cinéaste très à l'aise sur ce film. Le rythme est largement pataud, le scénario n'est guère palpitant et malgré l’irradiation de Marilyn Monroe, l'interprétation, dans mes souvenirs, brillait par une certaine théâtralité. Et il est difficile de passer sous silence l'extrême artificialité des transparences, qui confèrent bien malgré elles un cachet daté à l'ensemble.
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Re: Rivière sans retour (Otto Preminger - 1954)

Message par daniel gregg »

Demi-Lune a écrit :Cela fait plusieurs années que je ne l'ai pas revu, mais pour ma part, cette Rivière sans retour est un western décevant et plutôt moyen. Je préfère largement Preminger dans le registre du polar, car comme l'indique Jihl avec lequel je suis pour une fois d'accord ( :mrgreen: ), je n'avais pas forcément senti le cinéaste très à l'aise sur ce film. Le rythme est largement pataud, le scénario n'est guère palpitant et malgré l’irradiation de Marilyn Monroe, l'interprétation, dans mes souvenirs, brillait par une certaine théâtralité. Et il est difficile de passer sous silence l'extrême artificialité des transparences, qui confèrent bien malgré elles un cachet daté à l'ensemble.

Qu'est ce que tu entends par là ? :?
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Demi-Lune
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Re: Rivière sans retour (Otto Preminger - 1954)

Message par Demi-Lune »

daniel gregg a écrit :Qu'est ce que tu entends par là ? :?
Que les transparences sur la rivière sont très laides et absolument pas convaincantes.
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