Alfred Hitchcock (1899-1980)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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someone1600
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Re: Alfred Hitchcock (1899-1980)

Message par someone1600 »

Il y en a un dans mon village. Les ponts couverts en bois sont maintenant des attraits touristiques au Québec... malheureusement celui d'un village voisin a passé au feu il y a quelques années a cause d'une bande de jeunes qui fumaient en cachette... :(
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Ender
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Re: Alfred Hitchcock (1899-1980)

Message par Ender »

Quelques notes rapides sur la première version de L'Homme qui en savait trop, découverte cette nuit (je n'ai jamais vu la version hollywoodienne).
Peter Lorre est un génie qui s'approprie subtilement le film dès sa première apparition, au bas de la piste de saut à ski... il s'immisce, laisse planer son rire sur les séquences... puis son visage devient le héros du film ; chez Lang ou Hitchcock, il est autant poète que le cinéaste.
Le début un peu brouillon se fait vite oublier quand Lorre devient central, la mise en scène s'aligne sur la fluidité de ses expressions... dure à suivre, la facilité liquide de son jeu, mais Hitchcock s'y emploie à coup de dialogues désinvoltes, d'effets simples et saisissants (très beaux plans d'hypnose), oublie toute vraisemblance pour faire danser les corps ; chez le dentiste, c'est superbe. Autour de Lorre, les autres visages sont plus anonymes mais tous les acteurs réussissent leur numéro d'anglais malicieux... ils assurent la circulation (que de portes qui s'ouvrent et se ferment). Comme dans Les 39 marches, il ne s'agit que de ça, mais ici avec plus de légèreté... c'est encore meilleur parce que le scénario est encore plus bête.
De la musique, que de la musique. En cela, dans une lignée imaginaire, un film qui a Un condamné à mort s'est échappé dans sa descendance (ailleurs j'ai déjà pensé à des affinités entre Hitch et Bresson ; l'art de l'insert, etc.), et Boulevard de la mort.

8/10

Il y a quelques jours, découverte de Spellbound. Ingrid Bergman, le rasoir dans la main de Gregory Peck, un souvenir comme MacGuffin, le rêve, la course à l'abstraction : 9/10.
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nobody smith
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Re: Notez les films naphtas - Janvier 2010

Message par nobody smith »

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Je crois que c’est le premier Hitchcock qui me fait véritablement comprendre l’importance des personnages féminins dans l’œuvre du maître. J’ai l’impression d’être con de ne jamais avoir véritablement percuté sur cet aspect. En même temps, l’intrigue de ces 39 marches est conçu de telle manière qu’il est impossible de ne pas s’en rendre compte. C'est ainsi qu'on assiste au périple d’un pauvre benêt dont le seul mérite est d’être un beau parleur (l'hilarante séquence dans le congrès politique) qui va passer tout le film à se faire mener par le bout du nez d'une manière ou d'une autre par la gente féminine. Cet aspect allié à la toujours aussi formidable maîtrise technique d’Hitchcock (il y a notamment un plan étonnant où on passe de l’intérieur d’une voiture tournée en studio à un vrai extérieur) m’ont fais passé un très bon moment.
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johell
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Re: Notez les films naphtas - Janvier 2010

Message par johell »

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LA MORT AUX TROUSSES (North By Northwest) de Alfred Hitchcock (1959)

Le publiciste Roger Tornhill se retrouve par erreur dans la peau d'un espion. Pris entre une mystérieuse organisation qui cherche à le supprimer et la police qui le poursuit, Tornhill est dans une situation bien inconfortable. Il fuit à travers les Etats-Unis et part à la recherche d'une vérité qui se révèlera très surprenante.

Grand classique du cinéma par le Maître Alfred Hitchcock, LA MORT AUX TROUSSES a déjà plus de 50 ans d'âge et reste un spectacle toujours aussi excitant. Cary Grant est absolument parfait dans le rôle d'un homme que l'on prend pour quelqu'un d'autre... C'est le début d'une grande aventure riche en rebondissements. Hitchcock dévoile avec parcimonie les détails souvent surprenants de son histoire et captive son audience avec des fabuleuses séquences à suspense mais aussi de très belles scènes avec ses comédiens comme cette magnifique rencontre dans un train avec la séduisante Eva Marie Saint. Un spectacle formidable qui regorge également de gros morceaux de bravoure aujourd'hui encore très célèbres comme l'attaque de l'avion sans oublier le final au Mont Rushmore qui clôt brillamment une gigantesque et tonique course poursuite à travers les Etats-Unis. On a beau connaître le film par coeur, c'est toujours un plaisir de le voir et revoir, la maestria d'Hitchcock nous accroche de la première à la dernière image. Un pur régal de cinéma!
Nestor Almendros
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Re: Alfred Hitchcock (1899-1980)

Message par Nestor Almendros »

Revu hier LA MORT AUX TROUSSES (1959).

Excellent exemple (peut-être le meilleur?) d'un scénario qui dynamise son récit par ses propres scènes, qui rebondit sur leurs contenus pour rajouter de la tension dans les suivantes, laissant la logique de côté pour se concentrer principalement sur la manipulation du spectateur (chère à Hitchcock) et le flot ininterrompu de séquences d'anthologie. Rarement on aura été aussi conquis par une histoire aux enjeux si obscurs mais aux mécanismes si implacables et efficaces. Hitchcock trouve peut-être ici la meilleure illustration de sa thématique préférée sur l'individu qui se retrouve seul dans un monde hostile, l'innoncent accusé à tort, le quidam pris pour un autre.
C'est aussi l'occasion pour Cary Grant de cabotiner comme il sait si bien le faire dans le registre de la comédie, le film est souvent très amusant, ajoutant des qualités à une histoire à suspense déjà réussie. Pour Eva Marie Saint, si l'on regrette d'abord que ce ne soit pas une Grace Kelly ou consors, plus glamour, ce choix de casting est finalement plutôt bien vu: c'est un personnage au sex-appeal évident mais qui reste froid, distant, pendant tout le film. Son physique un peu dur, moins lisse, apporte une certaine noirceur qui aurait certainement manqué à d'autres actrices plus attirantes.

Ce n'est pas mon Hitchcock préféré probablement parce que je le connais trop (trop souvent visionné) et que j'y suis moins surpris. (C'est pour cela que je dose drastiquement les visionnages de VERTIGO que je connais assez mal et dont je savoure chaque redécouverte). Mais LA MORT AUX TROUSSES reste un spectacle si parfait qu'on ne peut que l'admirer malgré tout. Et le master HD du blu-ray Warner renforce cet impact: image absolument parfaite, peu de grain, définition très bonne, belles couleurs (la robe rouge d'Eva Marie Saint). Pourvu que la future édition HD de VERTIGO soit de cet accabit.
Concernant les bonus (sans stf, bravo :? ) j'ai plutôt apprecié les 2 docs récents sur les analyses du film et du cinéma d'Hitchcock (bien qu'on ne parle que de la dizaine de films édités par Warner et pas des autres). Je déplore surtout un zoom des images 4/3 originales pour tenir dans un cadre 16/9: et qui dit zoom dit image floue, c'est assez désagréable sur la durée...
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Demi-Lune
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Re: Alfred Hitchcock (1899-1980)

Message par Demi-Lune »

L'Etau (Topaz, 1969)
J'ai été très agréablement surpris par ce Topaz, thriller politique de Guerre froide qui traîne souvent la réputation d'être un des plus mauvais films d'Hitchcock. Loin d'y voir un opus majeur et incontournable du Maître, je lui trouve quand même de nombreuses qualités, à commencer par une construction pointilleuse et un scénario d'espionnage à consonnance historique jouant, en dépit de deux ou trois détails marginaux, la carte de la crédibilité et du réalisme (à l'heure où la franchise James Bond, pas mal tributaire d'Hitchcock à ses débuts, commençait justement de son côté à s'en affranchir). La mise en scène d'Hitchcock est d'une discrète efficacité ; point de séquences d'anthologie comme dans ses précédents films, mais des plans particulièrement soignés, voire comptant parmi les plus marquants qu'il ait mis en boîte (le couple torturé, la mort de Karin Dor). Seule la toute fin donne un sentiment d'inachevé. Certains pourront peut-être trouver le film lent et ennuyeux, et Frederick Stafford, peu charismatique, mais j'ai pris un grand plaisir et en vérité, je trouve personnellement L'Etau bien plus réussi que Le Rideau Déchiré, dont l'aspect factice tout du long était pénible. Par contre, partition décevante de Maurice Jarre.
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Demi-Lune
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Re: Alfred Hitchcock (1899-1980)

Message par Demi-Lune »

Correspondant 17 (Foreign Correspondant, 1940)
Globalement, je suis quand même déçu. Pourtant, l'histoire était pleine de promesses : un journaliste américain intronisé correspondant à l'étranger est envoyé pour couvrir les évènements qui font monter la tension dans une Europe au bord de la guerre. Contemporain des évènements, cette oeuvre d'Hitchcock n'en est que plus fascinante : c'est une sorte d'instantané du contexte explosif dans lequel baigne le continent européen volé par un cinéaste britannique écartelé entre sa patrie (qui occupe une place considérable dans l'intrigue), et son attachement pour les Etats-Unis où il tourne alors. Cet écartèlement est perceptible : je rejoins complètement Nestor Almendros dans l'autre topic lorsqu'il dit que "c'est un film US dans lequel Hitchcock adopte le style de ses films anglais, avec un gros mélange de suspense et de comédie". Bien que le héros et que le film soient américains, c'est une oeuvre à la sensibilité très européenne, engagée, comme en témoigne la célèbre et magnifique scène finale, très poignante, où Jones lance un vibrant appel en direction des Etats-Unis alors que Londres est bombardé. L'incertitude qui marque la fin de cette scène, qui s'achève dans un fondu noir, confère à Correspondant 17 un intérêt historique considérable (5 jours après le tournage de cette scène, Londres commençait effectivement à essuyer les premiers bombardements allemands). Le film, en outre, compile un certain nombre d'éléments hitchcockiens qui annoncent des chefs-d'oeuvre futurs : l'avion de La Mort aux trousses, le clocher de Vertigo, le père traître des Enchaînés, les oiseaux... et renferme deux ou trois grandes séquences marquantes, dont la plus réussie est à mon avis celle du moulin. Mais, malgré toutes ces qualités, Hitchcock passe selon moi à côté de sa cible. Sa mise en scène n'est pas à mettre en cause : la patte Hitchcock est bien là. Mais le rythme est très lent, la mise en place interminable, les dialogues parfois bavards, l'intrigue d'espionnage - finalement très simple - constamment alourdie par la love-story qui ne compte pas parmi les plus inspirées du cinéaste. Le montage manque de pêche, et le suspense, bien que présent (là encore, le moulin !), est assez indolent. Vingt bonnes minutes de coupées auraient peut-être rendu le film plus palpitant qu'il ne l'est sur le papier (assassinat public, poursuites, évasion par le toit, trahisons, enlèvements, séquence de crash maritime bien réalisée avec les moyens de l'époque). En définitive, je trouve Correspondant 17 plus passionnant pour ce qu'il représente historiquement que pour ce qu'il raconte.
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Profondo Rosso
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Re: Notez les films naphtas - Mars 2010

Message par Profondo Rosso »

Les 39 Marches de Alfred Hitchcock (1935)

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Sorte de mètre étalon du thriller Hitchcockien que le maître revisitera tout au long de sa carrière soit pour l'égaler (Jeune et Innocent), en donner des relecture moins brillantes mais efficace (La Cinquièmme colonne) ou carrément le transcender (La Mort au trousses évidemment). Donc ici on trouve pour la première fois la figure de l'accusé à tort avec Un Robert Donat fuyant à travers les autorités l'Ecosse et L'Angleterre suite au meurtre d'une jeune femme l'impliquant dans une étrange affaire d'espionnage. Le Mcguffin si cher à Hitchcock serait des informations secrètes destiné à être transmises à l'étranger dont on ne connaîtra jamais les tenants et les aboutissants, si ce n'est les ennemis à la mine patibulaire traquant le héros. On n'y prêtera d'ailleurs guère attention si ce n'est dans la toute dernière partie tant on se trouve emporté par la course effrénée de Donat. Sacrifiant tout au rythme et au péripéties, Hitchcock nous entraîne dans un tourbillons de rebondissements improbable où tout réalisme est sacrifié au profit d'une efficacité narrative maximale. Les idées visuelles géniales pleuvent (tel le cri de la femme de ménage découvrant le cadavre se confondant dans le montage avec le bruit de la locomotive sortant du tunnel lors de la séquence suivante) et le scénario (adapté d'un roman de John Buchan dont Hitch n'a gardé que les temps forts) multiplie les temps forts improbables et variés sans baisse de régime. La rencontre avec une jeune femme mariée à un fermier bourru et grenouille de bénitier offre un aparté poignant et palpitant, Donat qui s'enhardit lors d'un discours politique afin d'échapper à ses poursuivants et surtout les irrésistible moment de screwball comedy entre lui et la revêche et charmante Madeleine Caroll ça ne s'arrête jamais. Conclusion en apothéose dans une salle de spectacle (une figure à être répétée aussi dans L'homme qui en savait trop entre autre) où Hitch ose une résolution aussi grotesque dans l'idée que géniale dans l'exécution sacré tour de force. Robert Donat en héros traqué mais flegmatique et décontracté est génial et forme avec Madeleine Caroll un des couples les plus emblématiques de la filmographie de Hitchcock. Le canon Hitchcockien dans toute sa splendeur à l'influence considérable pour tout les futurs thriller de l'histoire du cinéma. Tout ça en 80 minutes. 6/6
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Sybille
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Re: Alfred Hitchcock (1899-1980)

Message par Sybille »

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The trouble with Harry / Mais qui a tué Harry ?
Alfred Hitchcock (1955) :

Fantaisie policière à l'énigme délicieusement incongrue, "Mais qui a tué Harry ?" recèle et dévoile une poignée de personnages tous imbriqués par le plus grand hasard dans la plus improbable des situations, ou comment se débarrasser d'un cadavre particulièrement encombrant ? Sur cette trame apparemment modeste, Hitchcock tisse un film plein d'une légèreté macabre, où la gravité devient sans importance, l'absurde comique, et dans lequel chaque personnage finit par se révèler d'une tendresse attachante. Parant le film de ses couleurs automnales, le Vermont nimbe l'oeuvre entière d'une douceur paisible, dessinant avec une simplicité virtuose un contraste fort réussi avec ce qui reste malgré tout la relative horreur de la situation. Une tranquillité empoisonnée, des méthodes "pratique" pour retourner à un état de vie normal, et un final qui tourne en rond, voilà en vérité un film étrange mais plutôt agréable. 7/10
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Re: Alfred Hitchcock (1899-1980)

Message par Abronsius »

Downhill (La pente) / 1927

Hitchcock s'apprête à quitter Gainsborough Pictures, son contrat l'oblige à tourner encore deux films. L'époque veut que les sujets soient issus directement de pièces venant du théâtre, l'inconvénient est l'inadéquation d'un objet conçu pour un univers différent, l'avantage est l'obligation de le penser en termes cinématographiques, le subvertir en somme.
Hitchcock n'aime pas ce film et n'en dit pratiquement rien à Truffaut, seul le début est évoqué comme étant une réussite. Ce qui est étonnant vu la qualité du film. Universal l'offre en supplément de l'édition dvd du Chant du Danube dans une copie correcte si nous considérons l'ancienneté du matériel.
Le propos est celui d'un jeune homme de très bonne famille qui se laisse avoir par une femme aux moeurs douteuses. Il est innocent mais un pacte d'amitié l'empêche de dénoncer le coupable, c'est alors une descente aux enfers qui commence. Exclu de son collège il partira à travers le monde, comme d'autres héros hitchcockiens, pour y affronter les périls de la nature humaine. La pente que désigne le titre est la mauvaise, soulignée métaphoriquement par les escaliers et ascenseur qui mèneront le personnage vers les profondeurs de la déchéance.
L'on sourit d'abord en voyant les premières scènes, c'est l'univers potache des études, Hitchcock lui-même n'était pas en reste pour ce qui était de faire des coups en douce, c'est cette ambiance, naïve et puérile, qui est assez bien restituée et qu'aime beaucoup Truffaut. Puis vient la femme. L'exil la suit de près.
Ivor Novello joue Roddy, auteur de la pièce originale il dresse un portrait féroce du théâtre dans lequel le héros se retrouve loin de sa famille. Cupidité et hypocrisie règnent, Hitchcock pose quelques miroirs et un guignol dans la loge de la vedette. C'est une séquence de vaudeville, le triangle amoureux est en place, l'argent de l'héritage dilapidé, le jeune homme devient le dindon de la farce. Ian Hunter y impose sa solide carrure et répand admirablement sa décontraction perfide.
La séquence suivante, Hitchcock aime transporter ses personnages dans des lieux très différents où ils sont testés comme des rats dans un laboratoire, nous amène à Paris. Cette fois Roddy est un gigolo qui fait danser des veuves désoeuvrées. Ce passage est baigné dans une ambiance fin de bal, de ceux où l'on se met à converser avec des créatures intéressantes qui se révèlent être des âmes perdues s'accrochant dangereusement à vous une fois l'aube venue. Il règne dans ce passage une désolation macabre qui me plaît beaucoup. La différence de tonalité apporte un grand intérêt au film, Roddy passant d'une chambre de l'enfer à une autre mais toujours différente.
Marseille est la station suivante de son calvaire. Traitement expressionniste, c'est, il me semble, le plus beau passage du film. Moribond il garde un mot avec lui, ses dernières pensées, adressé à son ami, lui disant qu'à la lecture de ce billet il sera mort mais digne. Ultime saillie juvénile qui écrase le pathos en le remplaçant par un rire féroce. Roddy est isolé sur son lit, nous pensons à Rimbaud ramené mourant à Marseille. Ses délires sont l'occasion pour Hitchcock d'expérimenter à tout va avec une jubilation qu'il nous fait partager. Des lumières et décors expressionnistes allemands, des surimpressions à la Murnau diluées dans un montage dosé à l'image près, des images de mouvements purs proche du cinéma cinétique de Dulac, c'est un tapis virtuose offert au délire du héros. Apparition, hallucination de l'image du père, en flou/net et ralenti, Hitchcock nous comble.
Le héros, ramené à Londres par des marins espérant une récompense, déambule tel un zombie dans les rues londoniennes et arrive jusqu'à chez lui. Le domestique le reçoit, ses parents sont sortis, il regarde son intérieur familier avec l'impression de vivre un rêve éveillé, se love dans un fauteuil, tend les bras vers la cheminée, il est à bout de forces et nous rêvons que ses parents le trouvent sans vie, le visage apaisé et tranquille. Evidemment c'est un happy end qui est filmé, tant pis. Downhill est une belle découverte, riche du talent fou d'un réalisateur qui a encore tant à faire...
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Demi-Lune
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Re: Alfred Hitchcock (1899-1980)

Message par Demi-Lune »

Sybille a écrit :un final qui tourne en rond
En ce qui me concerne, c'est tout le film qui tourne en rond (et à vide). Rien à faire, je ne parviens pas à adhérer - et Dieu sait si je vénère Hitchcock.
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Jeremy Fox
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Re: Alfred Hitchcock (1899-1980)

Message par Jeremy Fox »

Demi-Lune a écrit :
Sybille a écrit :un final qui tourne en rond
En ce qui me concerne, c'est tout le film qui tourne en rond (et à vide). Rien à faire, je ne parviens pas à adhérer - et Dieu sait si je vénère Hitchcock.
Décidément, les membres du club des adorateurs de ce film doivent se compter sur les doigts d'une main :(
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Sybille
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Re: Alfred Hitchcock (1899-1980)

Message par Sybille »

J'ai parlé de "tourner en rond", mais ce n'est pas vraiment à prendre au sens négatif. J'ai plutôt bien aimé ce film, je ne l'adore pas, mais je le trouve pas mal. :)
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Sybille
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Re: Alfred Hitchcock (1899-1980)

Message par Sybille »

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Stage fright / Le grand alibi
Alfred Hitchcock (1950) :

"Le grand alibi" compte sans doute parmi les films les plus méconnus d'Hitchcock, surtout si l'on considère que le réalisateur était déjà extrêmement célèbre à cette époque. Tombé dans un relatif oubli, le film ne mérite pourtant pas d'être complètement dédaigné. En mettant de côté la controverse qui existe quant à sa soi-disant "tricherie" (que je trouve pour ma part être une relative bonne idée), le film se laisse voir sans ennui. Marlene Dietrich et Jane Wyman jouent toutes les deux correctement, même s'il est vrai que l'effacement, voire la fadeur de leur rôle respectif ne leur donne pas l'occasion de rentrer au panthéon des grandes actrices hitchcokiennes. Un manque de consistance en partie rattrapé par une poignée de seconds rôles haut en couleurs, à la présence parfois plus ou moins inutile, mais néanmoins amusante. Quelques effets de mise en scène originaux comme le prologue en caméra subjective viennent rappeller qui est l'auteur du film, ce dernier parvenant de plus à composer une fin au suspens d'autant plus angoissant qu'on n'en attendait plus tant. Film de peu d'importance de la part du grand Hitchcock, "Le grand alibi" demeure malgré tout une énigme policière à la simplicité distrayante. 6/10
beb
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Re: Alfred Hitchcock (1899-1980)

Message par beb »

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