Otto Preminger (1905-1986)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Cosmo Vitelli
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Message par Cosmo Vitelli »

Revenons à notre sujet principal. C'est vrai quoi, un peu d'Otto discipline que diable !!!!!!

:oops: Quelle Otto suffisance de ma part (sous prétexte que je suis l'instigateur du sujet)
Johnny Doe
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Message par Johnny Doe »

Laura

Après avoir vu Anatomy of a Murder je ne peut m'empêcher de trouver ce film plat. Certe Gene Tierney irradie l'écran, mais cette enquête menée sans souffle est particulièrement laborieuse. Je n'y vois pas grand chose de transcendant, on s'ennuie pas et le film en lui même est plutôt réussi (notamment le travail du chef op, donnant lieu à quelques très belles scènes de nuit ou sous la pluie), mais je m'envoie désolé de devoir ajouté, sans plus. Bref je suis un peu étonné de lui voir attribuer tant de louange, on est bien loin du Preminger su-cité. :?
- Errm. Do you want to put another meeting in?
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Philip Marlowe
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Message par Philip Marlowe »

johndoe_df a écrit :Laura

Après avoir vu Anatomy of a Murder je ne peut m'empêcher de trouver ce film plat. Certe Gene Tierney irradie l'écran, mais cette enquête menée sans souffle est particulièrement laborieuse. Je n'y vois pas grand chose de transcendant, on s'ennuie pas et le film en lui même est plutôt réussi (notamment le travail du chef op, donnant lieu à quelques très belles scènes de nuit ou sous la pluie), mais je m'envoie désolé de devoir ajouté, sans plus. Bref je suis un peu étonné de lui voir attribuer tant de louange, on est bien loin du Preminger su-cité. :?
Il faut laisser le film murir avant de lui porter un jugement
Johnny Doe
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Message par Johnny Doe »

Philip Marlowe a écrit :
johndoe_df a écrit :Laura

Après avoir vu Anatomy of a Murder je ne peut m'empêcher de trouver ce film plat. Certe Gene Tierney irradie l'écran, mais cette enquête menée sans souffle est particulièrement laborieuse. Je n'y vois pas grand chose de transcendant, on s'ennuie pas et le film en lui même est plutôt réussi (notamment le travail du chef op, donnant lieu à quelques très belles scènes de nuit ou sous la pluie), mais je m'envoie désolé de devoir ajouté, sans plus. Bref je suis un peu étonné de lui voir attribuer tant de louange, on est bien loin du Preminger su-cité. :?
Il faut laisser le film murir avant de lui porter un jugement
et si je te dis que je l'ai déjà, presque, oublié ? :?
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Philip Marlowe
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Message par Philip Marlowe »

johndoe_df a écrit :
Philip Marlowe a écrit : Il faut laisser le film murir avant de lui porter un jugement
et si je te dis que je l'ai déjà, presque, oublié ? :?
Je te dis d'aller lire le post de Beule dans le topic "classique fox" :wink:
NUTELLA

Message par NUTELLA »

Première victoire:assez décevant,j'attendais mieux de la part d'un réalisateur de la trempe d'Otto Preminger,il se contente de relater platement les faits(Pearl Harbor et ce qui en découle).
le film est beaucoup trop académique tant dans la mise en scéne que dans la narration décousue,et réserve peu d'émotions.néanmoins le casting prodigieux:avec en tete Henry Fonda,Kirk Douglas et John Wayne(qui a d'ailleurs un superbe role)nous permet de passer une fois la déception digérer,un agréable moment.pas un mauvais film,mais avec un tel casting,et avec Preminger à la baguette,forcément on attends quelquechose de plus fort,et surtout de moins impersonnel...

6/10
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Jeremy Fox
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Message par Jeremy Fox »

phylute a écrit : - Tempête à Washington. Une passionnante plongée dans les arcanes de la politique américaine. Intrigues multiples, domination, chantage... Otto Preminger s'attache à montrer que la démocratie peut surmonter les instincts de pouvoir inhérents à tout homme politique. Le réalisateur s'attache entre autre à questionner les rapports de ses protagonistes à leurs passé et à leurs convictions. Servi par des acteurs admirables (Charles Laughton en tête) le réalisateur scrute les visages et les mouvements, met à nu les doutes et les fêlures. Superbe.
Et une nouvelle fois d'accord avec toi : d'autant plus passionnant que le sujet de départ aurait pu donner lieu à un pensum très ennuyeux. Mon Preminger préféré tout simplement :)
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Message par phylute »

Jeremy Fox a écrit :
phylute a écrit : - Tempête à Washington. Une passionnante plongée dans les arcanes de la politique américaine. Intrigues multiples, domination, chantage... Otto Preminger s'attache à montrer que la démocratie peut surmonter les instincts de pouvoir inhérents à tout homme politique. Le réalisateur s'attache entre autre à questionner les rapports de ses protagonistes à leurs passé et à leurs convictions. Servi par des acteurs admirables (Charles Laughton en tête) le réalisateur scrute les visages et les mouvements, met à nu les doutes et les fêlures. Superbe.
Et une nouvelle fois d'accord avec toi : d'autant plus passionnant que le sujet de départ aurait pu donner lieu à un pensum très ennuyeux. Mon Preminger préféré tout simplement :)
2h20 sans baisse de ryhtme, menées de main de maître !
Je continue cependant à préférer son Exodus même si Tempête à Washington se place directement tout en haut du top !
Les films sont à notre civilisation ce que les rêves sont à nos vies individuelles : ils en expriment le mystère et aident à définir la nature de ce que nous sommes et de ce que nous devenons. (Frank Pierson)
bogart
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Message par bogart »

In Harm'S Way (Première victoire, 1964), Otto Preminger DVD Paramount.

7,5/10

Mon avis. Film de guerre au patriotisme américain comportant des scènes de bataille navale filmée de manière magistrale par Otto.
Première collaboration entre John Wayne et Kirk Douglas qui se retrouveront par la suite dans deux autres films dont un western "La caravane de feu"de Burt Kennedy, outre ces deux acteurs, on trouve au générique, Patricia Neal <15 ans après, elle retrouvait son partenaire de Opération Pacifique>; Tom Tryon, George Kennedy, Franchot Tone, Dana Andrews et Henry Fonda.
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Beule
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Message par Beule »

bogart a écrit :In Harm'S Way (Première victoire, 1964), Otto Preminger DVD Paramount.

7,5/10

Mon avis. Film de guerre au patriotisme américain comportant des scènes de bataille navale filmée de manière magistrale par Otto.
Première collaboration entre John Wayne et Kirk Douglas qui se retrouveront par la suite dans deux autres films dont un western "La caravane de feu"de Burt Kennedy, outre ces deux acteurs, on trouve au générique, Patricia Neal <15 ans après, elle retrouvait son partenaire de Opération Pacifique>; Tom Tryon, George Kennedy, Franchot Tone, Dana Andrews et Henry Fonda.
Mouais :? A ce jour le seul film de Preminger auquel je n'accroche vraiment pas. Aucun point de vue personnel ne me semble transparaître de cette appréhension chorale du conflit, et même la mise en scène me semble pour une fois plombée par l'illustration la plus vaine, proche d'un académisme dont m'avait toujours semblé exemptes les vraies réussites du maître. Une ou deux belles séquences intimistes à sauver, toutefois.
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Eusebio Cafarelli
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Message par Eusebio Cafarelli »

Advise and consent (Tempête à Washington)

Le film est excellent, grands acteurs (Charles Laughton en particulier, mais il faudrait citer W. Pidgeon, H. Fonda, D. Murray, B. Meredith et les appartitions radieuses de Gene Tierney :oops: :oops: ), grande mise en scène qui fait d' un sujet purement politique (la nomination d'un secrétaire d'État) d'intrigues de couloirs et de coups bas, un suspens et un drame passionnants, ainsi qu'une remarquable leçon d'éducation civique, tout en maniant une soixantaine de personnages sans qu'on s'y perde jamais.
Le dvd est de bonne qualité pour l'image (NB un peu sombre, mais beaucoup de scènes nocturnes ou dans l'ombre, peut-être une volonté de Preminger, ou un mauvais réglage de ma tv), un court mais net changement de qualité de son dans la VOST, mais je ne regrette ni mon achat ni ma K7.

10/10
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Eusebio Cafarelli
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Message par Eusebio Cafarelli »

Mark Dixon détective

Excellent. Scénario un peu bancal pour ce qui est de l'intrigue policière, intéressant pour ce qui est du conflit intérieur du héros, très bien interprété par Dana Andrews. Tout à fait objectivement, Gene Tierney est magnifique :wink: Grande qualité des seconds rôles. Plus une tragédie qu'un film noir, d'une certaine façon.

Dans le dvd, bonus lumineux sur la lumière justement et le travail en studio et ses contraintes. Remarquable analyse de Jean Douchet, qui met bien en valeur tout le travail de caméra et de montage de Preminger

8/10
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Beule
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Message par Beule »

Sainte Jeanne

Décidément, et à l'exception peut-être de Condamné au silence, chaque redécouverte d'un Preminger me conduit à le réévaluer illico, même si je le tenais déjà en haute estime.

Son adaptation signée Graham Greene de la pièce de Shaw ne fait pas exception: une puissante réflexion sur la foi et la raison d'état. Le portrait de la pucelle et de sa destinée mythique offrent surtout au Viennois l'occasion d'embrasser les thèmes familier du civisme, du politique et de son inévitable compromission avec le dogme religieux. Cet exercice culmine, ce n'est pas une surprise, dans l'admirable séquence du procès proprement dit; séquences touchant au dépouillement le plus absolu, laissant libre cours à l'expression de la science rhétorique de l'auteur, et qui offrent un témoignage d'une impressionnante lucidité sur l'inquisition, ici dépossédée de tous ses clichés didactiques, jusque dans ses calculs les plus politiques.

Formellement, l'oeuvre est toute aussi admirable. Elle épouse au plus près les conventions de la narration théâtrale (ellipse de toutes les séquences de bataille, respect du découpage dramatique en actes distincts, etc.) mais se permet le luxe d'en gommer tous les artifices de construction, pour livrer un récit au crescendo d'une fluidité inexorable.

Seul petit regret, cet épilogue qui convoque les fantômes du mythe autour de la figure du dauphin pour s'évertuer à conférer à l'oeuvre une porté intemporelle et universelle. Démarche inutile au regard de la justesse et de puissance de l'exposé qui l'avait précédée.
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Beule
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Message par Beule »

The human factor

Le film date de 79, donc je ne sais pas trop s'il a sa place en section naphtalinée. Mais comme c'est un Preminger, je poste ici.

D'abord, un petit choc. J'étais tout d'abord convaincu de ne l'avoir jamais vu. Puis ayant jeté un coup d'oeil sur le pitch et le casting, je m'étais dit que si, je l'avais manifestement déjà vu. Mais n'en gardant aucun souvenir précis, je m'étais persuadé que je l'avais sûrement pris en cours sans trop savoir de quoi il s'agissait. Et puis le générique de Saul Bass défile, le barbouze bureaucrate Nicol Williamson croise son subalterne Derek Jacobi, est convoqué chez son supérieur John Gielgud pour y subir un contrôle de routine pernicieux du responsable de la sécurité. Et là je dois me rendre à l'évidence: ce Preminger-là je l'avais déjà vu en intégralité il n'y a pas si longtemps, mais je l'avais complètement occulté. Et m'est avis que d'ici cinq ans il en sera de même! :cry:

Non que ce soit tout à fait mauvais. Loin de là. Preminger dépasse même Huston, Ritt ou Furie par l'acuité de sa description d'un morne univers quotidien confiné, qui cloisonne ses protagonistes dans leurs tâches et ne leur permet jamais d'acquérir une compréhension globale de leur métier. Jusqu'au malaise et l'étouffement. Mais le très beau titre du roman de Greene traite d'autre chose: des émotions et des sentiments susceptibles de faire dérailler les consciences. Et lorsque vient le moment de convoquer le passé pour matérialiser ce surgissement humain, le vieux maître semble incapable de varier le ton et les émotions.

L'inertie dramatique d'Iman, réfugiée de l'Apartheid pour qui s'est dévoyé le anti-héros, incapable d'exprimer quelque émotion du moins jusqu'à son étonnant volte-face final face à la morgue d'un Robert Morley libidineux à souhait, est probablement en cause. Mais pas seulement. Car Preminger qui embrassait les thèmes de l'engagement politique ou social dans Le cardinal ou Tempête à Washington avec une fougue telle qu'on lui reprochait des tendances pharisaîstes, se contente d'illustrer la cause anti-apartheid avec une timidité qui ne saurait même s'apparenter à un point de vue strictement objectif. La passion semble l'avoir fui. Et lorsque vient le moment crucial de magnifier la suprématie du coeur sur la loyauté politique, il n'a d'autre recours que celui, combien superficiel et indigne de sa part, de suggérer la fébrilité par un filmage vacillant à l'épaule.

Peut-être pour animer le dilemne aurait-il fallu opter pour une narration linéaire, plus susceptible d'illustrer la perte d'identité progressive du personnage de Nicol Williamson, son désarroi et sa paranoïa masquée mais grandissante. Tel quel en tout cas, ce dernier opus du Viennois reste privé de cette opacité géniale qui enserrait le spectateur dans les émotions les plus poignantes. Comme si la grisaille du quotidien de l'univers étudié en venait à contaminer l'ensemble du récit et à en gommer toutes les aspérités romanesques.

Restent de très beaux moments, mettant à nus des personnalités plus complexes qu'elles ne le semblaient. Comme ce dernier face à face sous forme de jeu du chat et de la souris qui oppose Williamson et le rubicond responsable de la sécurité, apparemment lourdaud, malmené et manipulé comme lui, mais fin limier humain et compatissant sachant lire entre les lignes, sans pour autant se laisser dévoyer, lui, par le facteur humain.

Insuffisant pour en faire un film digne du réalisateur d'Exodus et du Cardinal. Le projet semblait pourtant largement dans ses cordes.
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Bartlebooth
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Message par Bartlebooth »

Beule a écrit :Peut-être pour animer le dilemne aurait-il fallu opter pour une narration linéaire, plus susceptible d'illustrer la perte d'identité progressive du personnage de Nicol Williamson, son désarroi et sa paranoïa masquée mais grandissante.
C'était le cas dans le roman, où l'évolution du personnage était suggérée avec un art consommé de l'understatement.

Tu me donnes en tout cas envie de voir le film, même si je n'en attends pas davantage que ce que tu en dis.
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